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Misère de la science - Page 4

  • Art et Peuple

    - Le peuple s'interroge sur l'art abstrait et se demande s'il n'y aurait pas là quelque ruse religieuse ? En effet.

    - Le clergé répond que l'art abstrait est l'art de s'interroger toujours, sans chercher de réponse. A juste titre.

    - Il faut entendre par "abstrait" l'art le plus spéculatif : la photographie, le cinéma ou l'argent. Dans le domaine des choses virtuelles, le clergé se meut à son aise, comme l'araignée sur sa toile.


  • Deus ex Machina

    Le hasard est le dieu des imbéciles, dont l'ancienne formule est la grâce ou la providence des anciens catholiques romains.

    Depuis la nuit des temps, la science combat le providentialisme, et le providentialisme combat la science. Autrement dit le but élucidateur de la science s'oppose au but organisateur de la religion. Le monde, au bout du compte totalitaire, n'est pas complexe, non, ce qui est complexe c'est la foule d'informations contradictoires, de nature religieuse, sur le monde. 

    Le refus de certains biologistes évolutionnistes bornés d'entendre parler d'histoire de la science, par exemple, témoigne de leur ignorance que la science a toujours été un enjeu religieux, c'est-à-dire moral, ou politique majeur, et que la science pèse beaucoup moins sur la morale ou la politique que ces dernières contraintes ne pèsent sur la science. En somme l'influence de l'inconscient collectif est presque reconnue partout, sauf dans la communauté scientifique.

    Les scientifiques ne s'étonnent pas d'un cadre scientifique qui est devenu, depuis le XIXe siècle, une méthodologie pure, ni que le méthodisme soit un principe moral avant tout. Ils ne comprennent pas qu'il est inutile de convoquer l'éthique dans une société technocratique, puisque la technocratie est essentiellement un ordre moral, postulant un "deus ex machina", c'est-à-dire l'équivalent de la formule providentielle. Etat-hasard-"Française des jeux" revient au même que Dieu-grâce-kermesse. Dieu devient inutile peu à peu au XIXe siècle en raison du machinisme. Le paysan ne pouvait manquer de rendre grâce au dieu providentiel pour le fruit de son travail, tandis que pour l'ouvrier ou le citadin moderne "qui vit avec son temps", c'est-à-dire le plus persuadé des mérites de la civilisation dans laquelle il évolue, les machines sont autant de témoignages de l'existence d'un tel dieu, les médiateurs de la puissance de l'Etat et de ses institutions. L'encombrement des machines et leur intrusion jusque dans les détails les plus intimes de la vie dispense d'une idole supplémentaire, d'un dieu du foyer ou du comice agricole tel que Nitche l'aurait souhaité. Ce qui importe aux élites, et Nitche s'avère de ce point de vue impuissant, c'est le maintien de la main-d'oeuvre à un certain niveau d'inconscience ou de folie religieuse, dont dépend la légitimité des faiseurs d'opinion. On a vu maints vieux singes impies (dernièrement G. Steiner) déplorer à la suite de Napoléon la "mort de dieu" et la perte pour leur caste des brahmanes de ce moyen de coercition. Ce type de négationniste occulte que la bourgeoisie industrielle a troqué son dieu contre la paix sociale, et qu'elle ne peut pas payer deux fois la même monnaie de singe. Enrichi, l'homme moderne n'a plus de compte à rendre à son banquier en matière de foi, mais il doit lui prouver désormais seulement qu'il fait son devoir en consommant, digérant, chiant, et travaillant pour consommer de nouveau, suivant un cycle qui tend à prouver que l'homme a bien une parenté avec l'amibe, et qu'il peut de temps en temps faire le singe en vacances.

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    La tentative de Francis Bacon de refonder la science en la purgeant de ses préjugés philosophiques médiévaux, où la méthode prenait justement toute la place, n'a rien de "baroque", comme les moins malhonnêtes historiens de la science le relèvent (ils sont peu nombreux, et j'indique toujours Karl Popper comme le comble de la malhonnêté ou de l'imbécillité) ; cette tentative est caractéristique de l'humanisme de la Renaissance, dont l'art fut aussi le moins soucieux d'éthique - c'est-à-dire le plus réaliste et le moins fondé sur l'illusion de la perspective. Dans l'architecture somptuaire, Bacon voit d'ailleurs un signe de dégradation de l'esprit chrétien, sachant parfaitement pour l'avoir démontré par ailleurs, que le confort et l'orgueuil, l'ivresse du pouvoir, sont les deux mamelles de l'athéisme ou de l'anthropologie. Il est assez étonnant d'entendre Bacon fréquemment cité en référence aux Etats-Unis, alors même que la science polytechnique prométhéenne en vigueur aux Etats-Unis contredit tous les avertissements de Bacon contre "la science sans conscience".

  • Modern Religion

    -The reason why both US-candidates do not say 'SATAN' but 'GOD BLESS AMERICA!': this is the modern religion, which is made of this trick (as Shakespeare does explain it too true Christian people who want to follow Jesus).

    -The reason why Hitler was defeated so quickly was because he was praising SATAN too obviously.

  • Apophtegme

    Lorsque Shakespeare-Bacon était en vie, la Nature redoutait d'être vaincue.

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    When Bacon-Shakespeare was alive, the Nature was afraid to be defeated. 


  • Science et Inconscient

    Le mariage de la science et de l'inconscient, c'est-à-dire le mariage que des mages égyptiens tels que Sigmund Freud ou Carl Jung nous incitent à accepter, correspond à ce que Rabelais appelle, lui, "la science sans conscience".

    - Demandez-vous quelle est la part de l'inconscient dans la science, et ce que cela signifie d'accepter dans la science une part d'inconscient, au lieu de lutter contre sans trêve. On peut passer par l'art, un peu plus familier que les hypothèses confuses de la science moderne. Car l'art, quand il est religieux, j'insiste bien sur cet aspect de religiosité, présente une symétrie avec la science, qui d'un point de vue critique chrétien ou matérialiste est inacceptable, car il mène à placer la culture scientifique au niveau de la science, et la culture artistique au niveau de l'art, et qui baigne dans la culture, baigne dans le confort, et usurpe le titre de savant comme celui d'artiste.

    - Je prends souvent l'exemple de Pierre Soulages, car ce type a poussé l'art à un niveau d'égoïsme et de bêtise rarement atteint en France. La part d'inconscient qu'il avoue dans son art est maximale : il ne sait ni le sens, ni la "valeur" de ce qu'il peint et, pour cela, il veut non seulement être pardonné, mais payé. Bon, on devine facilement le sens de l'art de Soulages, dont la signification est presque contenue dans le patronyme : c'est à peu près un exercice de yoga, une idée de moine.

    La République française, si fière de sa science, porte au pinacle un art plus religieux encore que l'art de la monarchie de droit divin. La République française, si fière de sa liberté d'expression, se prosterne devant la réputation d'artistes qui n'aurait jamais été sans une intense propagande, et l'organisation de la spéculation par des fonctionnaires.

    Plus grave que la République française, qui de toutes façons fera "pschittt" un jour ou l'autre : la science ; que dirait-on d'un prétendu savant qui, comme le patouilleur Soulages, avouerait la même part d'inconscient, et dirait : "J'ignore le sens de ce que je fais, et je ne sais pas l'usage de ma science." ? On dirait que c'est un fou dangereux ; au minimum, on ne lui accorderait aucun crédit.

    Pourtant, c'est très largement le niveau où se situe la science aujourd'hui et le rôle qu'elle joue : entièrement technique comme l'art de Soulages, c'est-à-dire un exercice de style religieux, destiné à rassurer les esprits.

    La seule chose que les Français pouvaient reprocher à l'Allemagne dans les années 30, c'est d'être un peuple d'ingénieurs, situant la science et l'art au niveau de l'ingéniérie ou de la musique, avec tout ce que ça implique de confort intellectuel. Les Français pouvaient reprocher aux Allemands d'être un peuple de fainéants à la recherche du temps perdu. Aujourd'hui, ce reproche, les milieux populaires français peuvent les adresser à leurs propres élites. Il n'y a là-dedans aucun motif de révolte ou de populisme, moyen au contraire pour l'élite d'encadrer le peuple et de reprendre le contrôle quand elle l'a perdu, moyen qui situe les élites bourgeoises républicaines, étant donné leur aptitude extraordinaire à ce jeu, et le sang que cette manigance a fait couler, au niveau de la chiennerie.

    Rien ne prouve scientifiquement que le mouvement des sociétés vers leur déclin et leur chute peut-être enrayé. Il y a là en revanche un motif de rejet du culte identitaire national-socialiste et de reconquête de l'individualité. La science, individuelle, ne se renforce que CONTRE la religion et l'hypocrisie sociale. Contre le peuple, les élites peuvent tout ; contre l'individu, tous les clergés sont impuissants.

  • Matérialisme ou animisme

    Le débat entre matérialisme et animisme est au coeur de la quête spirituelle de La Bruyère, à quoi on peut résumer son oeuvre, plutôt qu'à un enseignement moral. Cela prête d'ailleurs à sourire d'entendre des commentateurs modernes parler du "matérialisme de Nitche", car Dionysos est une divinité qui repose entièrement sur le principe de l'âme et tient peu compte de la matière, d'où le rang inférieur accordé à cette divinité de l'opium et de la religion dans le panthéon des philosophes grecs matérialistes, qui excluent dans leur métaphysique, non pas dieu mais l'âme. Le matérialisme ne va jamais sans une critique des mathématiques et de la musique. On la retrouve chez Marx, le moins "dionysiaque" des penseurs du XIXe siècle, pour qui les mathématiques sont une façon de caractériser les choses par ce qu'elles ont de moins essentiel. Le matérialisme est donc une caractéristique depuis des millénaires, non pas de l'athéisme, mais de l'anarchie et de l'irréligion.

    "L'âme voit la couleur par l'organe de l'oeil, et entend les sons par l'organe de l'oreille ; mais elle peut cesser de voir ou d'entendre, quand ces sens ou ces objets lui manquent, sans que pour cela elle cesse d'être, parce que l'âme n'est point précisément ce qui voit la couleur, ou ce qui entend les sons : elle n'est que ce qui pense.

    Or comment peut-elle cesser d'être telle ? Ce n'est point par le défaut d'organe, puisqu'il est prouvé qu'elle n'est point matière ; ni par le défaut d'objet, tant qu'il y aura un dieu et d'éternelles vérités : elle est donc incorruptible."

    La Bruyère

    - Il n'est pas prouvé que l'âme ou la pensée persiste lorsque l'homme est, plongé dans le noir ou le silence durablement, coupé de ces informations que sont la couleur et le son. Des expériences ont même montré que, privé de ces repères physiques élémentaires, l'homme bascule rapidement dans une folie morbide.

    - Pour La Bruyère, l'âme est un principe passif, c'est-à-dire le réceptacle d'informations. Il assimile la pensée à la réflexion et aux réflexes, dont on peut penser que l'homme n'a pas le privilège exclusif, mais qu'il est partagé par les espèces animales. A tel point que dans l'ordre éthique ou politique, où l'animal est placé sur un piédestal, c'est aussi la réflexion qui est, comme chez La Bruyère, le mode de pensée binaire privilégié. On peut penser que l'ordinateur est un animal-machine, ou une âme, et que lorsqu'on l'éteint, il décède.

    - C'est par un syllogisme que La Bruyère démontre que dieu est une âme, ou un objectif, et on peut comprendre qu'il n'est ainsi que le produit d'une réflexion ou d'un calcul. C'est une caractéristique de la philosophie animiste et non chrétienne, comme le pensait La Bruyère, de faire la preuve de dieu à partir de celle de l'âme ou de la pensée humaine. Dans le christianisme, dieu est impensable par le moyen de la pensée humaine ordinaire ; il est bien plutôt expérimental ou expérimentable. C'est la raison de la grande suspiscion de la part des chrétiens des formulations religieuses hypothétiques ou mathématiques, qui ont pour effet en théologie de démontrer que dieu existe, sous prétexte que l'homme vit. Suivant un raisonnement parallèle, on peut démontrer que, puisque l'homme meurt, ainsi que les civilisations qu'il a construites afin d'affirmer son âme, dieu n'est pas. Nitche déplore d'ailleurs la mort de dieu, en même temps que celle de la civilisation, qui sont effectivement deux notions liées dans les régimes théocratiques. Dieu ne justifie pas l'homme dans le christianisme, mais Satan.

    - Sur le plan historique, on peut remarquer qu'il n'y a entre le dieu du chrétien La Bruyère et celui du déiste Voltaire, qu'une différence d'étiquette.


  • Crise de l'évolution

    La crise de la société ou de la civilisation moderne peut-elle entraîner une crise de la théorie du transformisme darwinien ? Je le pense, ayant très souvent entendu des savants évolutionnistes évoquer l'avenir de l'humanité en des termes flatteurs et typiquement religieux, c'est-à-dire prenant leurs désirs ou leurs hypothèses pour la réalité. Le fait que l'homme, sur le plan physique terrestre, domine toutes les autres espèces, débouche sur l'idée un peu facile que cet animal parviendra nécessairement à s'adapter à toute nouvelle circonstance, y compris sous la forme d'un suicide collectif de l'humanité, qui mettrait un peu de sel à mon goût, ou de variété, dans le fastidieux et lent processus de l'évolution des espèces vivantes.

    La modernité elle-même, idéologie négationniste récusée par tous les historiens sérieux, c'est-à-dire dégagés de l'obligation de démontrer que nous vivons dans le meilleur des mondes possible, où l'on n'élimine ses ennemis avant d'avoir souhaité avant qu'ils connaissent un jour la démocratie, la modernité se nourrit largement de la foi évolutionniste dans le bonheur : les animaux ne sont-ils pas toujours, invariablement... heureux de vivre, surtout quand ils ne servent pas le dessein intelligent de l'homme ?

    Un lecteur attentif m'a fait remarquer que, contrairement à mon allégation, Nitche était "moderne", mais non "darwinien". En effet, mais Nitche n'était pas démocrate non plus le moins du monde, sachant que le pinard de Dionysos est mieux fait pour maintenir le peuple dans un état d'hébétude que d'évolution. Hitler l'était beaucoup plus - démocrate -, ainsi qu'évolutionniste, "tirant des conclusions hâtives d'une science beaucoup trop bien fondée pour lui trouver des applications dans le domaine de l'anthropologie", dira-t-on pour rester "éthiquement pur".

    Mais là, moi qui ne suis pas évolutionniste, je m'interroge, je me mets à la place des nazis, comme on est un peu obligé de se mettre à la place des bêtes pour comprendre leur volonté : c'est tout de même un peu ballot, si l'ingéniosité humaine qui ne fait jamais que recopier celle de la nature, transposer son architecture ou sa structure dans le domaine de la technologie, ne trouve aucune application dans le domaine social du merveilleux mécanisme qui a permis aux animaux d'évoluer jusqu'à nous ? C'est ballot, non ? Ah ! A moins que les robots ne soient le terme suivant de l'évolution humaine ? Mais non, ce sont les femmes, ça ne colle pas.

    Deuxième question : pourquoi les tenants de l'évolution, surtout ceux qu'on entend le plus, à savoir les médias et leurs experts attitrés, ayant posé le principe que le darwinisme social de Hitler n'a rien à voir avec Darwin et ses augustes héritiers, plutôt que de faire obstacle systématique à ceux qui constestent l'évolutionnisme, ne censurent-ils pas plutôt le "darwinisme social" dans les médias et son millénarisme économique adjacent. Les énergumènes qui nous expliquent, par exemple, que les cartels industriels et bancaires sortiront renforcés de la crise économique qui secoue actuellement la modernité, faisant douter de plus en plus de monde que cette idéologie a un sens. Je sais bien que la confiance fait presque tout dans le domaine économique, mais on n'est pas des animaux tout de même : nous ne sommes pas dotés de la même culture de vie ou de la même foi et raison qu'eux ; ce que l'animal ne fait jamais - douter de la politique et des institutions de son espèce - cela nous est encore permis.

    Ainsi les adversaires de l'évolutionnisme ne seront pas tentés de se dire que c'est le préjugé anthropologique qui est au coeur de l'évolutionnisme, à savoir que cette science n'aboutit pas au darwinisme social, mais qu'elle part du préjugé commun des anthropologues d'un progrès de l'espèce humaine.

    Pour conclure j'aimerais protester contre un thème récurrent agaçant, qui pollue le débat scientifique inutilement, et le situe le plus souvent au niveau d'un procès. Dieu n'a rien à voir là-dedans. Depuis l'antiquité, la théorie de l'évolution ou du transformisme existe, et elle s'accommode très bien de l'idée de dieu, dont il existe pratiquement autant de variétés que d'espèces animales. L'introduction de l'histoire de la science dans le débat serait beaucoup plus utile, en tout premier lieu parce qu'elle met en lumière l'usage du discours scientifique, vrai ou faux, sur le plan éthique et politique, bien au-delà du seul cas de l'Allemagne nazie. Que signifie la participation d'un soi-disant savant, par exemple, à un comité d'éthique, chargé de dire la morale (certainement la discipline la plus évolutive et adaptée aux circonstances) ?

    La logique de l'hostilité des chrétiens au transformisme biologique est bien réelle, mais les chrétiens qui, aux Etats-Unis, croient que dieu est un grand architecte qui a créé le monde vivant suivant un "dessein intelligent" sont des chrétiens d'un genre un peu particulier et pas très crédible. Parce qu'il croit la même chose, Voltaire en France évite au contraire de se dire chrétien. La logique chrétienne est historique ; il n'y a pas d'anthropologie chrétienne, à moins de faire passer les inventions pour exploiter les paysans au moyen âge, puis les ouvriers aux XIXe siècle, pour une idée de Jésus-Christ et de ses apôtres.

    Tandis que l'anthropologie, et de ce point de vue il faut bien dire que l'anthrophologie nationale-socialiste est la plus sophistiquée (G.W.F. Hegel) pose l'hypothèse d'une succession d'événements ou d'états politiques prédéterminée ou hasardeuse (le nazisme est largement une idéologie statistique), la vision historique s'oppose à ce processus, que Marx qualifie d'ésotérique. Au contraire de l'anthropologue, l'historien chrétien pense que c'est la liberté qui est la plus certaine, et non le hasard. L'histoire chrétienne, dont la fin est déjà écrite, n'est pas chronologique mais s'achève sur le salut de quelques hommes, non pas de l'humanité ou de quelques surhommes prédestinés. Il n'y a pas de progrès social dans le christianisme où chaque chrétien est invité à considérer l'apocalypse sur le plan individuel. L'idée que la spécialisation de la science ou sa ramification constitue un quelconque progrès, cette idée elle-même heurte la conscience chrétienne, tant l'observation est aisée que cette ramification a un sens organique et répond au besoin social ou anthropologique, bien plus qu'à la recherche de la vérité. Un univers réduit à une théorie de l'information, répond à un besoin temporel ou politique bien plus qu'il ne contribue à élucider cet univers, sans compter qu'en devenant de plus en plus virtuelle et inexpérimentale, cette rhétorique dissout la matière, qui n'est restituée que dans des explications paradoxales et pratiquement incommunicables au dehors des chapelles qui les ont émises.

  • Science sans conscience

    ... n'est que spéculation.

    Je propose d'inverser la proposition des frangins Bogdanov pour qui dieu est probablement une particule élémentaire. Et si c'était l'homme qui n'était qu'un quantité négligeable dans l'univers ?

    La science égyptienne des Bodganov se ramène peu ou prou à celle de Blaise Pascal, pour qui dieu n'est qu'un point. La paire de jumeaux, en soi, est un système mathématique : l'un existe d'abord relativement à l'autre. J'ai observé à plusieurs reprises la propension des jumeaux à inventer de toutes pièces des univers parallèles et à former un monde séparé.

    Mieux que Pascal, les Bogdanov illustrent d'ailleurs les nombreux paradoxes que la spéculation mathématique fait jaillir, et la théorie du "grand architecte", dont le plus hénaurme est sans doute l'effort continu des mathématiciens pour aboutir à une logique, défaisant et refaisant sans cesse leurs tapisseries comme Pénélope. Les derniers gadgets de la physique quantique en témoignent encore. Encore un paradoxe : tandis que les paradoxes de Pascal sont cause de son inquiétude, le fatras de spéculations algébriques modernes n'empêche pas les chevilles de nos savants d'enfler à chaque nouvelle hypothèse renversante.

    Quant au procès fait par la science laïcarde française, engluée dans le XIXe siècle, aux Bogdanov, il n'a pas lieu d'être et stimule inutilement les ventes des ouvrages de vulgarisation des deux compères. Dans la  science égyptienne, dieu fait office d'hypothèse de travail nécessaire, qui n'empêche absolument pas l'anthropologie et les anthropologues de se multiplier à l'infini. L'hypothèse est le dieu du spéculateur, quel que soit le nom qu'il choisit de lui donner, et la querelle sémantique ne vaut pas le procès. L'effort primordial pour nier dieu fut accompli par les théologiens égyptiens qui lui attribuèrent une existence aussi virtuelle que celle des âmes du purgatoire. La persistance de l'éthique égyptienne dans le monde moderne prouve la persistance de la foi dans un souverain architecte, dont la science moderne, sous diverses bannières, tente de dévoiler le programme.

    A l'interrogation du boucher Napoléon, au soir de quelque génocide : "Et l'hypothèse de dieu dans tout ça ?", son expert scientifique aurait dû répondre plus précisément : "La technocratie s'en passe très bien, avec ses prothèses gigantesques." Pharaon est de tous les oedipes le plus conscient qu'il porte des cornes.

  • Krach de la science

    Sous le titre "Le savoir scientifique peine à s'imposer dans les cerveaux." (sic), un journaliste spécialisé dans la vulgarisation scientifique (P. Barthélémy) s'offusque que 29% des personnes interrogées dans un sondage persistent à croire dans le géocentrisme, c'est-à-dire se fient plutôt à l'observation de la rotation du soleil qu'aux modèles mathématiques sur lesquels certains mathématiciens s'appuient pour prétendre le contraire.

    - La première lacune de ce journaliste est d'omettre de préciser que de nombreux mathématiciens présentent l'héliocentrisme comme une méthode de calcul plus commode que le géocentrisme, non comme un fait nouveau. Copernic est le premier à le faire. Ou, plus récemment, H. Poincaré.

    L'illusion, en calcul, peut être bénéfique. Pas toujours, comme l'indiquent les résultats de l'application de modèles mathématiques dans le monde de la spéculation financière (Personnellement j'attends toujours que les prix Nobel qui ont été à l'origine de ces initiatives renoncent à leurs médailles.)

    - La seconde lacune est d'omettre la réfutation réitérée de la théorie (égyptienne) héliocentrique au cours de l'histoire de la science. Par exemple celle de Francis Bacon Verulam, opposée aux spéculations mathématiques de Galilée.

    - Galilée n'est évoqué par Pierre Barthélémy que pour énoncer une énième fois la légende dorée (républicaine) de Galilée, "martyr de la science". On n'est pas loin du point où la réfutation de la légende dorée sera qualifiée de "révisionnisme" - un point inquisitorial, en quelque sorte. Dans ces conditions, comme dirait cet imposteur de Platon, c'est le premier qui traite l'autre de révisionniste qui marque un point.

    - De façon plus grossière encore, l'article de Pierre Barthélémy est émaillé d'insultes à l'égard de ceux qui, selon les termes du journaliste, ne laissent pas le savoir scientifique s'imposer dans leur cervelle. La localisation du savoir dans le cerveau est une chose assez amusante en soi, qui sent le préjugé mathématique à plein nez. Pourquoi ? Parce que la cervelle est au-dessus de la salle des machines ? Mais passons, ce n'est pas le lieu de contester les travaux de la neuroscience moderne.

    - Le ton arrogant de ce journaliste m'a rappelé une petite phrase, lue il y a un an ou deux dans une gazette de fort tirage à prétention scientifique. Une sorte d'historien de la science improvisé y prétendait que la réticence de l'académie des sciences française à admettre les théories d'Einstein était la conséquence probable de l'antisémitisme invétéré des Français. Là, ce n'est plus de l'arrogance, mais de la connerie en barre vendue sous le label scientifique. D'autant plus que la géométrie d'Einstein est beaucoup plus marquée par l'esprit allemand que par l'esprit israélite (on m'a enseigné dans mon enfance que les prophètes juifs étaient des visionnaires, et non des spéculateurs). Que dirait-on d'un musulman qui refuserait d'admettre l'évolutionnisme, sous prétexte que les Français sont racistes ? Sur un point il n'aurait pas tort : de très mauvaises intentions peuvent présider à la recherche scientifique, et les fausser ; la science est un enjeu moral et politique majeur. C'est aussi une donnée dont on ne peut pas faire abstraction quand on cherche à évaluer le niveau scientifique d'une nation. Un grand savant complet, autant historien que physicien ou métaphysicien, n'a pas inclu par hasard l'honnêté dans la méthode scientifique, sachant la croyance des personnes malhonnêtes dans le hasard.

    - Non seulement la science et l'art sont un enjeu politique majeur, mais dans un régime laïc ou athée, qui prétend substituer la recherche de la vérité scientifique à dieu, pour mieux doter chacun de la raison en lieu et place de la foi ou de la superstition (dans laquelle le hasard joue un rôle majeur). A la religion se substitue la culture dans un régime laïc. A charge pour les acteurs culturels de démontrer que le cinéma vaut mieux que la foi ou la superstition. Idem pour la science : si elle ne progresse pas, et je ne parle pas des divers gadgets du concours Lépine qui sont un peu comme des amulettes (dont les dévots se séparent avec peine), si la science ne progresse pas, alors c'est comme si dieu était passé à la trappe : on tourne en rond. Vu les milliards engagés dans la recherche scientifique, dont une infime partie suffirait à régler le problème de la faim dans le monde, comme dit Claude Allègre, le risque est grand que le public perde confiance dans le personnel chargé de le guider sur les chemins de la vérité. De là l'enquête statistique qui préoccupe notre journaliste. Assez débile sur le plan scientifique, puisqu'elle s'intéresse à "la culture scientifique", qui est une notion religieuse, ce sondage permet surtout de mesurer la confiance du public dans les enseignants. Mais, au fait, qu'est-ce qu'un savoir scientifique dont on est persuadé qu'il est véridique parce qu'on a confiance dans les personnes qui nous l'enseignent ?

    - L'article ci-joint de P. Barthélémy est suivi de très nombreux commentaires, auxquels il ne m'a pas été permis d'ajouter le mien. La cacophonie des commentaires qui suivent répond en partie à la question apparemment scientifique posée par notre expert en communication : pourquoi tout le monde n'est pas convaincu de l'héliocentrisme ? Parce que chaque partisan de l'héliocentrisme a un point de vue et une image du monde différents : les élèves ne sont pas responsables de la confusion des professeurs qui voient chacun midi à leur porte. Si l'univers, objet de la science, est unique, cela n'empêche pas les hommes d'avoir une multiplicité d'avis différents, un peu comme, si dans la nature, c'était l'homme l'erreur. Ah, mais un autre expert m'informe qu'en fait, l'univers ne serait pas unique, mais multiple ! Est-ce que ça ne serait pas un tout petit peu narcissique ?

    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/06/24/le-savoir-scientifique-peine-a-simposer-dans-les-cerveaux/

  • L'esprit de Montesquieu

    Bien que le racisme débridé de Montesquieu soit tout à fait désuet, il a le mérite de nous informer de la parfaite compatibilité entre l'esclavage et la démocratie. Si l'esprit de Voltaire est moins bêtement juridique que celui de Montesquieu, la juste remarque a été faite que l'ironie de Voltaire fléchit devant la compagnie des Indes.

    Sur le plan de la doctrine sociale, on doit faire la remarque que l'esprit de Voltaire est un point culminant, et que tous les papes dans cette discipline peuvent s'incliner devant lui, puisque l'esclavage n'a jamais été aboli, et qu'un sociologue doit impérativement s'abstenir de prôner des choses impossibles. On a tort par ailleurs de situer Rousseau au niveau de la sociologie imbécile ou de l'égalitarisme républicain. Rousseau a parfaitement conscience de l'atrocité de la société, et du rôle central joué par la propriété dans l'ignoble compétition entre les hommes, qui soutient la thèse libérale ou nazie d'une continuité entre le singe et l'homme, et qui permet de qualifier le transformisme évolutionniste de confusion entre la sociologie ou l'anthropologie et la science, à l'instar du racisme de Montesquieu.

    Là où l'esprit de Rousseau faiblit, c'est à propos du moyen de débarrasser l'homme de son instinct viscéral de propriété, c'est-à-dire du singe ou de l'amateur de musique qui sommeille en l'homme. On peut penser que Rousseau s'est laissé abuser par la métamorphose que la propriété a connu à son époque, c'est-à-dire par le truc dont la bourgeoisie libérale se sert depuis le XIXe siècle pour faire croire qu'elle s'inscrit dans le prolongement de l'humanisme ou des Lumières, quand c'est l'abjection qui caractérise les doctrines libérale et républicaine concertées. Les penseurs libéraux modernes n'apprécient pas toujours qu'on les compare à des singes, ni qu'on qualifie la République française de "bananière" : pourtant leur sociologie part d'observations encore plus superficielles.

    La pierre déposée par Marx dans la botte républicaine est celle-ci : la science juridique a le don de pervertir la science, en y introduisant la démonstration, qui finit par avoir force de loi plus vraie que la matière. Autrement dit, la science et son objet finissent à ce compte complètement ensevelis sous le discours de la méthode. Si les savants républicains modernes éprouvent autant de difficulté à instruire leurs ouailles de leur nouvelles inventions pataphysiques et se montrent beaucoup plus efficaces à censurer tous ceux qui les contestent, c'est pour deux raisons conjointes : premièrement, il ne sert à rien d'expliquer une méthode ; seule sa fonction et son efficacité comptent. Donc l'absence de curiosité dans le peuple, en dehors de quelques dévôts, est parfaitement rationnelle. Le secret de l'imbécillité des polytechniciens, stigmatisée autrefois par Auguste Comte, vient de là, de ce qu'ils ont une fonction à accomplir, et la fonction publique requiert l'obscurantisme et non la vérité, comme la religion. C'est une idée de benêt ou de musicien de croire que la religion et dieu sont liés. C'est tout le contraire : si l'on s'abstient de lire les interprétations cléricales grossièrement frauduleuses du message chrétien, on verra que l'amour de Jésus-Christ met fin à toute possibilité pour l'homme d'inventer une religion ou une méthode pour parvenir à Dieu.

    Deuxièmement, les explications de la vulgate scientifique moderne se heurtent à la réalité même, étant donné que la raison pure s'accommode mal des faits. Autrement dit, il est beaucoup plus difficile d'imposer l'autorité de la jurisprudence que celle du code civil. Autrement dit, les ouvrages de la polytechnique sont les meilleures démonstrations possibles de la véracité des spéculations scientifiques modernes. Les vulgarisateurs de la science moderne fabriquent des fusées qui ne décollent pas. Quelle est la place de la méthode dans la nature ? Le chaos est aussi probable que l'ordre, selon le même esprit de déduction, et le hasard qui permet de relier le chaos à l'ordre ne fait que décrire symboliquement le mouvement, comme une svastika, sans en donner le sens, réduisant la science au pur volontarisme religieux ou économique. La grande braderie de la science républicaine est sous le signe du hasard, qui marque bien la rupture entre la philosophie des Lumières et la République.

    De sorte qu'il n'y a aucune justification à produire des démonstrations scientifiques cohérentes. D'une certaine manière, le chaos et la mort l'emportent même sur l'ordre et la vie dans la nature, et la logorrhée scientifique est mieux fondée qu'un discours organisé. Le discours moderne et les fétiches qu'il produit apparaissent ainsi comme une grossière culture de vie obscurantiste. D'où vient que les savants matérialistes voient le langage comme une prothèse qui fait dévier la recherche scientifique. Le langage le plus pur ne signifie rien, et la démonstration est le réceptacle du mensonge religieux. La principale contrainte qui oblige l'homme à raisonner en termes de probabilité est la satisfaction de ses besoins, qui n'a rien d'une quête scientifique ; c'est plutôt une forme d'érotomanie entraînant vers la mort. Le véritable objet de la science républicaine, qu'elle cherche à explorer sans s'en rendre compte, c'est la mort et non l'univers ; ce qui l'entraîne à une biologie ou une culture de vie, une médecine psychanalytique débiles, qui ramènent inexorablement au déterminisme initial.

    La recherche artistique moderne, à quelques exceptions près dont Céline fait partie, contribue à la cataracte. Il n'y a rien à expliquer au peuple dans l'art abstrait, entièrement démonstratif et religieux. Le clergé romain explique-t-il à ses ouailles comment le pain se métamorphose en chair ? Non, il s'en tient au registre dogmatique, comme le cinéma, qui "force" le processus naturel en faisant croire qu'il l'accomplit.

    Mon chemin n'a jamais croisé celui d'un artiste moderne qui s'avise de ramener selon le voeu (impie) de Marx, l'art vers la science. Non, ce que tous veulent, c'est pondre leur petite hostie, et si possible la fourguer comme un talisman à prix d'or. La culture moderne occidentale sort aussi des caves du Vatican.

    +

    Aucun esprit occidental n'a mieux traduit cette vérité que Shakespeare-Bacon, et le combat de Marx contre la religion au service de la vérité prolonge la science de Shakespeare. Derrière tous les ennemis de Shakespeare, je peux garantir qu'on retrouvera le mobile clérical, à cause du formidable coup de pied qu'il a mis dans la pyramide des illusions humaines, que le clergé a pour fonction essentielle d'entretenir. Certains ne comprennent pas bien le propos scientifique convergent de Bacon, ou feignent de ne pas le comprendre, comme aux Etats-Unis, où l'induction a été transformée en une véritable gnose. L'induction convoque tout simplement la charité chrétienne dans la science, et renvoie par conséquent la méthode dans les cordes qu'elle n'aurait jamais dû franchir. Bacon ne dénigre chez Aristote que son platonisme, que la scolastique médiévale au contraire avait exclusivement conservé.

    La vérité scientifique est aussi indépendante des moyens pour y parvenir que le vrai dieu l'est de la religion, voilà ce que veut dire l'induction selon Bacon, qui n'est pas une méthode scientifique nouvelle, mais bien plutôt la synthèse de toutes les erreurs que le méthodisme scientifique fait courir au progrès scientifique. Il faut se garder d'envisager la science à la manière des médecins, dont Bacon se moque en raison des maigres résultats obtenus par ce type de savants, comme une solution aux problèmes de l'homme, faute de quoi la science sera le tombeau de l'humanité, comme elle fut pour les Egyptiens. Or c'est bien ce qui est visé par la méthode scientifique : un résultat. Elle produit sans élucider ; elle accumule les objets selon les mêmes règles fausses.

  • Charcuterie chrétienne

    L'école de philosophie de Francfort, dont Joseph Ratzinger a subi l'influence, est le haut-lieu de la charcuterie chrétienne moderne. Le dernier pape romain est considéré par beaucoup comme un conservateur. Ceux-là ignorent que la modernité est le principe religieux le plus conservateur, c'est-à-dire le plus efficace à empêcher le progrès de l'esprit. 

    "Pour l’autocompréhension normative de la modernité, le christianisme a représenté plus qu’un simple précédent ou canalisateur. L’universalisme égalitaire - dont on découlé les idées de liberté et de solidarité sociale, conduite autonome de la vie et émancipation, conscience morale individuelle, droits de l’homme et démocratie – est un héritier direct de l’éthique juive de la justice et de l’éthique chrétienne de l’amour. Ce legs a fait l’objet d’une appropriation constante et d’une interprétation critique, sans subir de transformations substantielles. À l’heure où nous sommes, il n’existe aucune alternative."

    Jürgen Habermas, Conversation sur Dieu et le Monde, 2006.

    Ne croirait-on pas tous les personnages de Molière réunis dans ce cacouac démocrate-chrétien : Trissotin, le bourgeois gentilhomme, Tartuffe, Sganarelle, Don Juan, etc. ?

    Heureusement l'esprit français prédispose à flairer l'hypocrisie dans le style même du prêcheur. Je me demande quel genre d'imbécile une formule telle que "l'autocompréhension normative de la modernité" est censée impressionner ? Un des usages les mieux attestés de la modernité est de servir l'autojustification du chien de guerre qui assassine son prochain au nom de l'éthique. Si un chrétien vous parle de "modernité", vous pouvez être sûr qu'il s'agit d'un faisan.

    - La modernité est comme la musique. Je veux dire par là, d'abord, que la production musicale obsède les inventeurs de la modernité : l'antichrist Nitche, comme le possédé Baudelaire ; or la musique, pas plus que la norme juridique, n'a pour fonction d'élucider le monde, mais de le conforter. Si bien qu'on peut parler d'"arcanes" de la musique ou du droit.

    La bande de cervelas de Francfort a la prétention de combattre le nazisme, mais comme par hasard elle se soucie peu de souligner l'arrière-plan musical et juridique du nazisme. Il est si flagrant qu'on peut voir dans Hitler l'incarnation parfaite du muscien de Hamelin (le diable), qui débarrassa les bourgeois qui avaient signé un pacte avec lui des rats qui mangeaient leurs biens... avant que le pacte des bourgeois ne se retourne contre eux.

    L'effort le plus certain de l'école de Francfort est donc pour blanchir la bourgeoisie allemande qui a "fait" Hitler.

    - L'universalisme égalitaire : même Lénine ne croit pas à cette hénaurme tartufferie, puisqu'il conçoit le socialisme comme une étape vers l'abolition de l'Etat, principale source moderne du droit. Lénine a de bonnes raisons de ne pas gober l'attrape-couillon égalitaire, puisque Marx en a dénoncé la vocation de subterfuge républicain ou national-socialiste.

    L'égalitarisme occupe en effet dans la théogonie républicaine la place du purgatoire romain. De fait, on peut voir le clergé républicain prêcher l'égalité dans un monde manifestement soumis aux règles de la concurrence sexuelle ou commerciale les plus lourdes. L'arcane juridique consiste ici à dissimuler que le droit ne fait qu'enregistrer des rapports économiques a posteriori : autrement dit, l'égalité est une utopie juridique dont l'économie bourgeoise ou libérale ne peut se passer, pas plus qu'elle ne peut se passer d'un Etat. L'égalité est parfaitement hypothétique, comme l'infini algébrique : c'est un préambule et non un but concret. Compte tenu de l'appui du droit sur la biologie, on peut parler d'aspiration macabre du droit. Plus un régime est proche de la folie ou de la mort, plus il raisonne en termes de droit ; la même monomanie est perceptible chez l'aliéné, marqué des stigmates de la mort.

    - L'éthique juive de la justice ? Ici on voit que cet Habermas n'a probablement jamais ouvert une Bible, et que la démocratie "judéo-chrétienne" est entièrement "sui generis" - un vrai formol. Il y a deux illustrations de la justice juive dans les testaments juif et chrétien. La loi de Moïse, qui ne donne lieu à aucune éthique, puisqu'elle est surnaturelle. Le livre de la Genèse illustre que la voie spirituelle ou surnaturelle est à l'opposé de la voie naturelle, dont l'éthique participe. La loi de Moïse NE PEUT PAS SERVIR à justifier le meurtre ou la propriété. L'éthique est, elle, entièrement asservie à cette fonction, dans un but d'équilibre social. L'autre illustration de la justice juive est le procès truqué de Jésus. Celle-ci est exemplaire du mécanisme de l'éthique, puisque c'est au nom de la secte des pharisisiens que le Christ a été condamné, puis au nom de l'état civil romain.

    Nitche est un professeur d'éthique ou de morale bien moins débile que Habermas, puisque parfaitement conscient de la menace que la vérité représente pour l'éthique comme pour l'esthétique, ou bien encore pour ce que le païen moderne nomme "culture de vie". Mon opinion est que Nitche, en revanche, feint de ne pas comprendre Bacon alias Shakespeare, et que le voile derrière lequel Polonius-Copernic se dissimule symbolise l'éthique, que Hamlet transperce de son épée. F. Bacon emprunte cette métaphore au nouveau testament chrétien, qui nous montre le rideau du temple de Jérusalem se déchirant.

    - L'éthique chrétienne de l'amour ??? Si la charité chrétienne est la plus distante de l'éthique, c'est pour la raison que la charité ne répond à aucune nécessité ni obligation humaine ou terrestre, tandis que l'éthique est censée répondre au besoin de l'intérêt général. Pas plus que l'éthique, les sentiments ne sont libres et gratuits. Ceux qui croient se tenir à l'avant-garde de la morale ou de l'esthétique, mouvement similaire, ne s'aperçoivent pas qu'ils ne sont que les cobayes de la société, qui tour à tour prend un cap plus libertin ou plus puritain, en perpétuelle recherche d'équilibre. Si le puritanisme a le vent en poupe actuellement, qu'il soit musulman, écologiste, chrétien-démocrate, républicain, etc., c'est d'abord parce que la parenthèse du gaspillage libéral et du libre-échangisme, qui reflétait la morale de la caste dominante, se referme à cause du scandale, non pas de façon délibérée ou afin de partager des biens dont l'Occident a perdu le profit. L'éthique est donc aussi oscillante que l'esthétique et ne déborde pas le motif de la décoration d'intérieur. La France est redevable à Molière de l'avoir débarrassée de la saloperie éthique.

    L'éthique démocrate-chrétienne est un stratagème afin d'inclure dans l'amour la sexualité, et par conséquent le commerce, quand l'amour chrétien exclut le rapport humain, et ne peut s'expliquer par lui. Le suicide d'Ophélie est celui de l'"éthique chrétienne".

    L'éthique démocrate-chrétienne participe bien comme le nazisme ou le libéralisme à la mise en valeur de l'instinct. Comme le nazisme, l'éthique démocrate-chrétienne mérite la qualification de pornographie.


  • Citoyen global

    "- Globalement, moi je suis plutôt optimiste sur les chances d'une reprise sérieuse de l'activité aux Etats-Unis..." Trucmuche dixit, consultant pour "Radio Sarko n°1", diplômé de HEC section "Journalisme international" (Peu de chances que quelqu'un s'intéresse un jour à sa rubrique nécrologique.)

    Allez savoir pourquoi, l'optimisme est toujours "global", comme le pessimisme, pas très précis non plus ; ce qui fait que les économistes ressemblent à s'y méprendre aux "speakerines" de la météo, en moins affriolants. Prévisions aussi dignes de confiance. On pense aussi à Claude Allègre, qui peut être qualifié globalement de "scientifique".

    Pour initier le bon peuple aux arcanes de la finance internationale, il faudrait comme la météo, présenter ça avec tout un tas de cartes en couleurs et une dinde féministe qui roule du cul pour fixer l'attention du téléspectateur pendant les cinq minutes règlementaires.

    - Arrête de mater son cul !

    - Mais Maman, c'est de la finance internationale, si tu veux savoir si j'ai bien fait d'acheter du "Lagardère-groupe", il faut bien que je regarde !

    Jacques Attali qui connaît le topo par coeur, le coup du verre à moitié plein et à moitié vide, ferait bien l'affaire si son col de pékinois-de-la-République n'arrêtait pas de faire débander la France à chaque coup...

    Et les flux souterrains de liquidités, comment expliquer tout ça aux gens ? Eh bien mais, comme le tremblement de terre à Haïti : on prie beaucoup pour que ça ne se reproduise pas. Et on organise des quêtes pour les retraités lessivés de Neuilly. Amen.



  • Onfray vs Freud

    Michel Onfray accomplit le tour de force d'être encore plus crétin que Sigmund Freud et de l'attaquer sous l'angle où il est le moins attaquable, celui du "politiquement correct", soumis bien sûr aux variations de la démagogie ; ça doit faire à peu près quinze ans maintenant que j'ai parié avec un pote, militant socialiste sensible à l'époque aux propos de Le Pen sur l'immigration, que dès lors que les bourgeois se sentiraient directement menacés par les "jeunes", ils adopteraient sans coup férir les idées du FN réservées alors aux chômeurs et aux ouvriers : pari tenu, sans grand mérite de ma part tellement le bourgeois est prévisible dans ses réactions. Je me suis gouré sur un détail quand même : ne pensant pas les Français aussi féminisés, vieillis et craintifs, je ne pensais pas qu'ils "feraient dans leur froc" aussi tôt.

    Revenons à nos moutons ; la science de Freud n'est pas une science physique mais une science juridique. Elle a bel et bien pour effet, à l'instar de Michel Onfray, lèche-cul de la République sous l'étiquette de l'anarchie et de l'hédonisme, principal argument des publicitaires, de JUSTIFIER la politique. Ce n'est pas par hasard qu'a eu lieu aux Etats-Unis, dans un pays où on pense "politique d'abord", une "révolution sexuelle", et que s'y est développé le cinéma, artifice dont le magnétisme repose essentiellement sur l'érotisme et le narcissicisme.

    Là où Freud se montre un théoricien républicain ou national-socialiste exemplaire, conforme à la tradition allemande dominante, c'est par sa façon de subvertir des penseurs grecs ou de la Renaissance qui ont un discours très critique vis-à-vis de la politique (on a un cas similaire en France avec Maurras, mais que personne ou presque n'a jamais vraiment pris au sérieux, "sarkozyste" avant l'heure puisque se pavanant dans des valeurs patriotiques françaises quasiment toutes étrangères aux traditions françaises/cf. le cas Zemmour qui réduit la France au seul XIXe siècle).

    Freud prétend s'appuyer sur Shakespeare, le mythe d'Oedipe, Aristote, auxquels il n'a manifestement rien compris. Ainsi Aristote relève par exemple le caractère parfaitement tautologique des rêves CONTRE les prétentions de la secte religieuse pythagoricienne de fonder la morale sur les rêves.

    Onfray reproche à Freud d'avoir osé qualifier les femmes de "continent noir" ; de ce qui n'est qu'un aveu d'impuissance intellectuelle de la part du Boche, Onfray fait un motif de condamnation RELIGIEUSE.

    Le succès d'une pensée aussi nulle que celle de Freud provient de ce qu'elle coïncide parfaitement avec la grande foire aux rêves érotiques capitalistes. Ce qui exigeait peut être un examen plus approfondi pour le déceler au stade de la polytechnique industrielle du XIXe siècle et de l'effroyable bain de sang qu'elle a provoqué est au stade tertiaire où nous sommes rendus désormais évident.

    On doit prendre Onfray pour ce qu'il est, à savoir la preuve vivante du diagnostic par Marx de l'émergence d'un clergé laïc socialiste fanatique, au service du Capital, se substituant au clergé protestant ou catholique romain du XIXe siècle dans cette sordide mission de justification.



  • Give the Money Back!

     

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    What is Quantum Physics but the religious language of Industry and Businessmen? Quantum Physics is Everything but a Science.

    Two facts as piece of evidence for laymans in the field of Quantum Physics:

    - Mathematics are almost on top of Physics now: that's the Tool on top of the object of Science;

    - Though Scientists are not supposed to know Economics today, they should have understand that the use of Mathematics in Economy would lead too bankruptcy. Even the boss of a Las Vegas Casino does know that there is no Casino without a boss ruling it. It was an idiotic idea, as idiotic as Master Berkeley is as a Philosopher, a Scientist and a Theologian.

    Inglorious Basterds of Quantum Physics got three or four billion euros a few years ago for a stupid Experiment in Switzerland called 'Large Hadron Collider' with no real Scientific Goal, looking for the 'Higgs Boson'. The name of 'Boson' makes me laugh each Time I am listening to it (A French humorist made a fairy tale with the 'Strawberry Gluon' inspired by this Quantum trick.)

    Four billion Euros is almost the amount of the Greek debt that fucking bankers and lawyers are asking the Greek people to give back in the coming soon years!

  • Marx et Darwin

    La thèse transformiste de Darwin suscita l'intérêt mesuré de Karl Marx parce qu'elle contenait le principe dit "d'hérédité des caractères acquis"; sans cette clause à laquelle les évolutionnistes ont dû renoncer faute de munitions, le caractère religieux et antiscientifique de l'évolutionnisme saute aux yeux ; un mysticisme analogue à celui que l'on retrouve dans le national-socialisme se fait jour. D'un point de vue matérialiste, Darwin est plus scientifique que les "néo-darwiniens".

    Le progrès (fonctionnel) des espèces devient en quelque sorte "automatique". Or c'est Diderot qui refuse de croire au libre-arbitre de l'homme et non Marx. Diderot dont on observe qu'il ne fait qu'intervertir Dieu et le Néant, l'équation de Pascal, sans renoncer au régime moral janséniste cucul-la praline pour autant ; même si l'encyclopédiste exprime moins ouvertement sa haine de l'art que Pascal (mieux vaut parler dans le cas de Diderot d'amour de la musique que de "haine de l'art" déclarée).

    Si le progrès d'une espèce dépend du hasard, cela revient à dire que le singe était prédestiné à devenir un homme, comme on peut s'en rendre compte "a posteriori". On pourrait aussi dire que "le rire est le propre du macaque", puisque c'est un fait constant chez les moralistes d'effacer les différences entre l'humain et l'animal (Le moraliste est un véritable parasite de la société, de La Bruyère à Cioran, qui passe son temps à critiquer la société pour mieux lui sucer le sang.)

    Marx est du reste de ceux qui ont réfuté la partie du raisonnement de Darwin qui incorporait une part de probabilité, c'est-à-dire de hasard, à savoir la théorie physiocratique de Malthus.

    Ultérieurement les communistes n'ont pas été les derniers à dénoncer le néo-darwininisme comme une idéologie libérale ou néo-libérale (Labriola).

    Qui cherche une bonne définition du libéralisme ne peut faire l'impasse sur son fondement essentiellement physiocratique, bien que la pourriture intellectuelle des libéraux désormais incite plutôt à les classer au niveau de la gastronomie.

    Ce n'est pas seulement le parti nazi mais TOUS les partis libéraux sans exception : yankee, français, de gauche comme de droite, qui recourent à la mystique religieuse néo-darwinienne. La démonstration scientifique et historique que le nazisme est un libéralisme d'exception, cette démonstration-là est impossible !

    Exactement comme Marx raillait les tonnes de ratiocinages de la scolastique médiévale (Duns Scot en particulier), comme si le seul volume pouvait faire loi, on peut se gausser des tonnes de rationacinages du crétin yankee Stephen Gould pour tenter de combler le trou béant du hasard à coup de néologismes pseudo-scientifiques. Il y a de quoi mourir de rire quand on entend dire que la science moderne est une science "expérimentale", alors que de toute évidence c'est une science de ronds-de-cuir rivés à leurs statistiques, d'obscurantistes à grosses lunettes.

    *

    Darwin et le néo-darwinisme sont si peu détachables de la morale libérale que le lobby chrétien libéral qui tente d'imposer la reconnaissance du transformisme darwinien par l'Eglise catholique ne dispose d'AUCUN ARGUMENT CHRETIEN NI SCIENTIFIQUE pour appuyer une démarche qui relève de la plus pure idolatrie (Et ce doublement, puisque pour le grand naturaliste "renaissant" François Bacon, découvreur entre autre de la dérive des continents, l'idolatrie est un phénomène qui n'épargne pas les savants.)

    S'il peut paraître anecdotique de signaler l'opinion d'un petit groupe sectaire en voie de disparition tel que les chrétiens libéraux boutinistes, que Sarkozy lui-même ne parvient pas à prendre au sérieux, en réalité il n'est pas inintéressant de relever que le darwinisme ressuscite une forme de "loi morale naturelle" (guère éloignée de la "loi de la jungle"), de la même nature que celle que les clercs du moyen âge inventèrent, c'est-à-dire complètement artificielle (et diabolique sur le plan chrétien) ; loi naturelle qu'on ne peut absolument pas déduire d'Aristote, qui ne prône nulle part que les hommes doivent se conformer à la loi de la jungle, et qui n'est pas plus naïf par ailleurs que Machiavel ou Marx sur ce qui anime la politique.

     

     

     

  • Sorbonagreries

    Ce n'est pas seulement le sérieux des commentateurs de François Bacon qui est douteux (ainsi lorsque J. Ratzinger ou M. Le Doeuff en font le père fondateur de la science polytechnique moderne pour servir leurs propagandes respectives) ; beaucoup de commentaires touchant Shakespeare sont aussi mensongers ou ridicules. Même si les deux colonnes d'Hercule de la bêtise boche que sont Freud et Nitche paraissent infranchissables, les commentaires pédants et oiseux de René Girard appartiennent à la même catégorie qui consiste à plier Shakespeare aux exigences de la science laïque moderne, qui semble toujours dire en regardant le passé : "Miroir, mon beau miroir, ne suis-je pas la plus belle ?"

    Avant de prendre un exemple précis, l'erreur en général est de qualifier le théâtre de Shakespeare de "baroque" toutes les dix lignes, sans démontrer qu'il en possède les caractéristiques. Le refus de caractériser l'art baroque est lui-même typique du savant baroque, au sens de "bordélique" (Le baroque est bas de plafond dans la mesure où il ne conçoit pas grand-chose en dehors de son architecture grotesque et de ses jeux de miroir.) Le crétin italien Stendhal, colporteur du goût pour l'opérette, Stendhal pas plus ne justifie l'étiquette de "romantique" qu'il colle à Shakespeare et qui lui va si mal.

    L'intention ou le procédé artistique de la "mimésis" que Girard prête à Shakespeare ne fait qu'accroître l'incompréhension puisque c'est un vaste fourre-tout. En admettant que l'art grec "imite la nature", expression floue : Girard feint d'ignorer que pour certains Grecs, non des moindres, la nature est double, éternelle ou corruptible. Encore faut-il préciser à quel courant Shakespeare se rattache, méditatif (disons Pythagore) ou contemplatif (disons Parménide ou Aristote) ? L'imitation conduit beaucoup d'artistes, à commencer par les musiciens, à faire correspondre ce qui, dans la nature offerte aux sens en éveil, coïncide le mieux avec la propre nature animée de l'homme. C'est à peu près ça l'art baroque ou romantique, les paysages de Constable en peinture, et Shakespeare ne correspond guère à cette "mimésis", il est beaucoup plus "sculptural" et donc classique que ça. Du crâne du héros grec Ajax, peint sous les traits d'un possédé par Shakespeare, s'échapperait s'il était brisé... de la musique. Tout laisse croire par ailleurs que Shakespeare ne croit guère au destin ; que Hamlet n'est pas dans la disposition d'esprit de s'en remettre à la Providence. Encore un signe qu'on ne peut faire endosser l'uniforme (de marin) romantique ou pré-romantique à Shakespeare. Delacroix, pourtant du même bordage libéral que Stendhal ou Girard, a mieux vu qu'eux la distance séparant Shakespeare de l'idéal musical et reproche à Shakespeare en somme de n'être pas assez "musicien".

    *

    Jean-Pierre Villquin dans l'édition 2008 de la "Pléiade" commente la pièce "Thomas More" découverte tardivement, en prétendant que l'éphémère ministre catholique d'Henri VIII est présenté sous un jour favorable dans la pièce -de façon "paradoxale" ajoute-t-il, puisque More (1478-1535) était papiste.

    Or plusieurs passages de la pièce sont très loin de présenter More sous un jour favorable :

    - un voyou, Jack Falkner, qui réclame justice à More, est éconduit brutalement (Acte III, sc.1) ;

    - plus grave, More est parjure ; après avoir obtenu la reddition d'une bande d'insurgés grâce à sa promesse de leur obtenir la vie sauve, il se dédit (un "les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent" avant l'heure). Et Doll, l'une des rebelles trahis par More a ces mots sarcastiques :

    "C'est un gentilhomme honnête, avisé et qui cause bien. Pourtant j'aurais loué bien davantage son honnêteté s'il avait tenu sa parole et sauvé nos vies. Les mots ne sont que les mots et ne paient pas ce que les hommes promettent avec." (Acte II, sc. 4)

    Ici on ne peut s'empêcher de penser que c'est Shakespeare qui s'exprime, ce passage dirigé contre la rhétorique et les rhéteurs n'étant pas isolé dans son oeuvre. Plus largement More incarne comme Wolsey son prédécesseur, ou Cranmer (si ce n'est Polonius même), le "pouvoir des évêques" et une forme de politique théocratique à laquelle Shakespeare n'adhère pas, conformément à une tradition chrétienne (ni particulièrement antipapiste, ni anglicane). Les Eglises anglicane, allemande, suisse, n'ont pas modifié substantiellement la pratique théocratique catholique ; elles furent bien plutôt, c'est très net dans le cas de Hobbes (qui fut secrétaire de Bacon mais ne le cite presque jamais) les chevilles ouvrières de l'endossement par l'Etat et ses institutions d'habits religieux empruntés à l'ordre pyramidal catholique (La critique de Marx consiste en partie à le démontrer en ce qui concerne l'Eglise allemande luthérienne ; le fonctionnaire, l'"homme nouveau" de la doctrine nationale-socialiste hégélienne auquel Marx et Engels opposent le prolétaire, emprunte son sacerdoce au curé catholique à travers le pasteur luthérien).

    Il est fait allusion à l'ironie "légendaire" de Thomas More à de nombreuses reprises, ironie de More qui lui a aussi valu quelques aphorismes de Bacon ; mais l'ironie ou l'humour n'est guère valorisé dans la tradition chrétienne. Hamlet le manie bien dans son semblant de folie, mais comme une arme pour se défendre contre les saillies de ses ennemis ou de ses soi-disant "amis" Rosencrantz et Guildenstern. Baudelaire remarque à juste titre que "les Evangiles ne rient pas". Encore une fois, More est le dindon de sa propre conception théocratique qui l'entraîne à accepter sa décapitation avec longanimité. Mourir crânement comme More n'épargne que son amour-propre. Ni Shakespeare ni son public n'ignorent qui plus est que la condamnation de More est le résultat d'un imbroglio sentimental et politique peu reluisant qui a déjà eu, lorsque Shakespeare rédige sa pièce, des conséquences tragiques. Pour avoir fait du remariage de son roi un élément-clef de ses intrigues, le cardinal Wolsey a été placé au centre d'une pièce de Shakespeare où celui-ci fait nettement allusion à la pourriture pourpre et écarlate qui colore dans l'apocalypse de saint Jean le pacte entre l'Eglise et le pouvoir temporel.

    *

    Autre exemple de commentaire gratuit voire ubuesque, celui de Pierre Spriet, à propos de "Troïlus et Cresside" : "Shakespeare a moins d'estime pour les Grecs que pour les Troyens.", écrit Spriet dans sa notice.

    Il semble ici que le commentateur prenne encore ses désirs pour la réalité. En effet, les rôles-titres que sont Troïlus et sa fiancée Cresside (et Troïlus est le "Troyen-type") sont brocardés du début à la fin de la pièce, leur idéal d'amour courtois en particulier, rabaissé au niveau de celui d'un cocu petit-bourgeois, qui lorsque sa dulcinée lui est enlevée pour être offerte en cadeau de compensation à Diomède, ne sait que s'incliner en bafouillant quelques stances ridicules.

    Il me semble que l'idée a dû venir à S. Freud (loin d'être le premier à l'avancer) de l'identité de Bacon et Shakespeare à cause de l'usage subtil de la mythologie grecque par ce dernier. Shakespeare n'a de fait pas manqué de remarquer que le dieu qu'adorent les Troyens, Apollon (le "destructeur") est le nom de Lucifer dans le Nouveau Testament.

    Que tel ou tel commentateur s'identifie plutôt à More, Ophélie, voire Claudius (!) n'est pas gênant en soi ; dans le cas de Nitche, qui présente le même tempérament de petite salope puritaine qu'Ophélie, c'est pleinement justifié. Ce qui est malhonnête, c'est le ton d'apparente neutralité universitaire sur lequel ce genre de commentaire est fait. Une pièce flatteuse pour More ? Paradoxe ! Et l'argument de la poésie pour couvrir cette gnose de profs lorsqu'elle est par trop incohérente. Blablabla.

    *

    Et maintenant, voici deux apophtegmes de François Bacon où l'humour de Thomas More est lui aussi évoqué.

    "Sir Thomas More n'eut d'abord que deux filles et sa femme ne cessait de prier pour avoir un garçon. Enfin elle eut un garçon, qui ayant atteint l'âge adulte, s'avéra simple d'esprit. Sir Thomas dit à sa femme :

    - Tu as prié si longtemps pour avoir un garçon qu'il en restera un jusqu'à sa mort."

    "Un barbier fut envoyé à Sir Thomas More le jour de sa décapitation, parce qu'il avait les cheveux longs, ce qui pensait-on risquait d'apitoyer plus encore la foule sur son sort. Le barbier s'approcha et lui demanda comment il lui plaisait d'être coiffé ?

    - Ma foi, mon brave (dit Sir Thomas), le roi et moi réclamons tous les deux ma tête, et tant que le cas ne sera pas tranché, je n'engagerai aucun frais dessus."

    F. Bacon, "Apophtegmes" (1624)

    Et encore ceci :

    "- More : Depuis quand portes-tu ces longs cheveux ?

    - Falkner : Je les porte depuis ma naissance.

    (...)

    - More : Dis-moi à présent canaille depuis combien de temps tu n'es pas allé chez le barbier ? Depuis quand cette chevelure épaisse est-elle sur ton crâne ?"

    "Thomas More" (Acte III, sc. 1) (1594 ?)

    Une scène entière quasiment est consacrée à l'obsession qu'a More de la façon dont Falkner, venu le voir pour réclamer un jugement impartial, est coiffé. Ce qui est loin d'indiquer l'estime de Shakespeare pour l'utopie politique de Thomas More, dont il a été fait utérieurement par Rome le "saint patron des hommes politiques" sans tenir compte de l'avertissement de Jésus-Christ contre la tentation d'édifier le royaume de Dieu sur la terre (Je veux dire par là que Shakespeare ne manque pas d'arguments chrétiens pour contester le point de vue de Thomas More, nécessairement le résultat d'un compromis avec le paganisme.)

    Il semble donc que l'opinion en faveur de More soit surtout celle de M. Villquin, non celle de l'auteur de la pièce lui-même.

  • Bacon our Shakespeare

    I notice this concerning both Francis Bacon Verulam AND Shakespeare: they are translated by scholars as:

    -Shakespeare a Baroque author;

    -Bacon a Baroque scientist;

    Although they are obviously not Baroque at all. From the Holy Scriptures Shakespeare knows that 'time' is one fiendish operation. Roman or latin tradition of Montaigne can be qualified of Baroque style. Not Shakespeare against Roman principles and -first of them- the praise for the politics and the law.

    "Induction" of Bacon is not far away from Aristotle's 'ontology' (see 'Physics', first chapters) that consists in seeing things not throughout the prism of 'time' (Contrarily to Newton or Descartes, for instance).

    Even French Joseph de Maistre was smarter than today scholars are. De Maistre is a Christian Free-mason whose religious idea is very close to today U.S. theocratic idea ('First the State, then God': so can it be summarized). In this perspective de Maistre is the foe of both Shakespeare and Bacon, probably because he read them more acurately and noticed their common intention to pull out the sacred clothes of virtue and politics and show that 'the King is naked'. Due to his short experience in politics, Bacon knew everything about the impossible marriage between politics and science that recalls the impossible marriage of any Church with the Revelation.

    (It is rather funny to observe that Joseph de Maistre -not well loved in France because of his hate of Voltaire and the French Revolution- is praised up by Sarkozy's party again now, friends of the Atlantic Pact, BUT not too much because of de Maistre apology of torture and pain that is frightening those little kids who do prefer soft paederastic bourgeois sado-masochism.)

  • Thibon l'Imposteur

    C'est plus ou moins une saloperie que l'introduction de Simone Weil par le paysan Gustave Thibon ("La Pesanteur et la Grâce"). Pour ne pas trop charger la mule Thibon qui a déjà contre lui de ne pas croire en Dieu (c'est là que mène Pascal et aux pirouettes de Jean Guitton, Nitche ou Sartre), je me contenterai de la formule suivante : la Simone Weil marxiste est plus chrétienne que la Simone Weil "convertie au christianisme".

    Car Simone Weil est l'anti-Nitche ou l'anti-Maurras, et c'est déjà beaucoup. Quand ces nostalgiques de la Rome antique, dans laquelle les chrétiens les plus sérieux ont vu qu'il se tramait quelque chose de babylonien, quand ils sacrifient Dieu à la religion, Simone Weil, elle, a la sagesse de préférer tenir la religion pour beaucoup plus suspecte.

    *

    Dès ses "Causes de l'oppression" Simone fournit en effet la raison générale du paganisme, l'ancien et le nouveau, qui permet de comprendre comment, visant "par-delà bien et mal", Nitche est tombé sous le niveau de la ceinture, bien en-deçà du bien et du mal. Le paganisme est essentiellement politique et moral, démontre Simone Weil. En outre, si Nitche s'était donné la peine de lire les auteurs français au lieu de les piller, il aurait pu voir que même un poète romantique comme Baudelaire souligne l'ambiguïté profonde de la morale. La loi darwinienne de la jungle, mise au service du national-socialisme et du capitalisme (R.P. Bruckberger : "Le capitalisme, c'est la vie."), cette loi n'est que le revers du sophisme chrétien de la "loi naturelle", parfaitement réversible comme toutes les idéologies.

    *

    Que l'idée "d'éternel retour" plane au-dessus de la tête de Darwin, tout comme l'idée du "struggle for life" plane au-dessus de la tête de Nitche, cela se comprend en effet sous l'angle des mathématiques. Le malthusianisme qui fonde le "struggle for life" est statistique, et la statistique (cf. Descartes) pose le principe de l'éternel retour (que le jour se lèvera demain est le "maximum" de la probabilité comme son "minimum" : c'est ce qui rend la statistique inadéquate à la science pour un savant matérialiste comme Aristote ; et explique aussi pourquoi le risque de perturbations climatiques majeures sème la panique dans le sérail des polytechniciens élevés en batterie, héritiers putatifs de Pascal dont Jacques Attali reproduit à merveille les airs de cartomancienne.) Grâce soit rendue à Simone d'avoir fustigé la grande truanderie intellectuelle de la polytechnique en la personne de Max Planck !

    Par ailleurs où Darwin trahit encore sa "raison" puritaine, morale, c'est dans sa conception mécanique de l'homme, en termes de fonctionnalité (le "bipédisme"). Là encore on est très proche de Descartes et de son animal mécanique. On peut aussi bien comme M. Pastoureau sur la foi des organes (et donc de l'âme) rapprocher l'homme du cochon. L'homme ne se résume pas au fait de déambuler. Tiens, à ce propos, comment se fait-il que je pense tout d'un coup à Oedipe, ce tyran qui fascine tant les "judéo-chrétiens" de toutes confessions ?

    *

    Dès lors il faut se demander comment le pape Ratzinger peut trancher en faveur de Darwin contre François Bacon (in : "Spes salvi"), son exact contraire ?

    Quiconque est un tant soit peu familier de la science, sans même être persuadé comme je le suis que François Bacon et Shakespeare ne forment qu'un seul et même dessein, peut voir en effet que la science de Bacon, fondée sur la sagesse des Anciens, sa théorie de la dérive des continents en particulier, mais pas seulement, est RADICALEMENT incompatible avec la science de Darwin, imprégnée de cartésianisme et de science physiocratique (l'éparpillement de la science est opposé au rapprochement que les analogies de l'induction vraie selon Aristote ou Bacon permettent).

    Et non seulement commettre une telle erreur, mais la préfacer du mensonge historique éhonté selon lequel la foi et la science seraient deux savoirs bien distincts, quand la science mathématique dominante est, a été, et ne peut être que la science la plus religieuse qui soit ? Quand par exemple Leibnitz et les acolytes de Newton se perdent en ratiocinages interminables pour savoir lequel des deux est le plus conforme à la Genèse ? (mensonge de la neutralité propagé aussi par Claude Allègre et qui suffit à le discréditer en tant que savant, et sans doute avec l'aplomb le plus formidable par le britannique R. Dawkins, équivalent des frères Bogdanoff dans le domaine du transformisme, sans que cela excuse en rien le(s) pape(s) - Jean-Paul II a trempé dans les mêmes balivernes).

    Mensonge doublé de l'hypocrisie qui consiste à poser un verdict dans le domaine scientifique juste après avoir exclu -chose impossible en réalité- la science du domaine de l'espérance, de la foi et de la charité.

  • Tulard le Barbare (2)

    (...) Je pourrais citer cinquante exemples frappants montrant que l'histoire aujourd'hui, telle qu'on l'enseigne dans les collèges, les lycées et l'université français, a moins à voir avec l'histoire qu'avec ce que les laïcs appellent pudiquement "l'éducation civique", pour éviter le mot "religion" ; on a pu ainsi dans cette veine voir successivement Eric Zemmour puis Caroline Fourest s'en prendre récemment à la télévision à Tariq Ramadan, au nom de la "laïcité", divinité étrange, avec un fanatisme qui a déstabilisé le Ramadan lui-même, pourtant habitué à négocier avec les plus théocratiques recteurs saoudiens. En ça Ramadan tombe dans le piège de l'oecuménisme, dont les chrétiens ont pourtant démontré auparavant qu'il est ou bien niais, ou bien pure hypocrisie (cf. l'oecuménisme d'A. Besançon, entièrement déterminé par sa haine latente de l'islam) ; pour être précis : un dialogue entre religions réduites à des partis politiques. Jamais une religion en position de force écrasante comme c'est le cas de la religion de l'Etat aujourd'hui, n'a concédé aux autres religions autre chose que des niches (Aux Etats-Unis règne une idée de la religion proche de l'"esprit d'entreprise", c'est-à-dire de la "simonie", et les Yankis ne cessent de répéter "Jesus-Christ ! Jesus-Christ" comme pour essayer de faire oublier qu'ils envoient des missiles en travers de la gueule de civils innocents chaque jour que Dieu fait.)

    - Le cas du mercenaire Zemmour (tout salarié du "Figaro" est implicitement un "mercenaire", du fait de l'aspect médiatique de la guerre moderne), est d'autant plus absurde qu'il pare son lepénisme "light" le plus souvent de l'adjectif "historique", juste avant de se compromettre dans l'apologie des crimes de guerre napoléoniens et d'un régime qui a eu pour effet d'éteindre la puissance française définitivement et aussi sûrement que Hitler a entraîné son pays dans le chaos. Autrement dit, Zemmour ne fait que démontrer que le nationalisme ou la laïcité n'atteint sa pleine apogée que dans la guerre, c'est-à-dire poser un acte de foi étranger à la critique historique.

    On devine d'ailleurs vu le gabarit de Zemmour que son idée des guerres napoléoniennes est d'une bataille de petits soldats de plomb contre Jacques Chirac, grand rétameur de casseroles gaullistes lui aussi, avec son aide de camp Villepin tombé contre cinquante gosses à la bataille du CPE. A peu près de ce niveau d'histoire.

    - Du moins Mlle Fourest n'est pas bête au point de mettre en avant l'histoire comme Zemmour, mais plutôt une éthique républicaine seulement, très circonscrite dans le temps et l'espace du Marais, quoi qu'elle ait reçu l'appui de Jean-Louis Debré à son "libéralisme" sexuel (Marx n'est pas le moindre des historiens qui démontre que le progrès de l'histoire va à l'encontre de l'éthique sexuelle quelle quelle soit, étiquettée chrétienne ou républicaine.)

    Je dois me restreindre à quelques exemples de mensonges historiques au cours de cette semaine. Le premier, c'est ce qu'il convient d'appeler "le mythe de la Révolution française".

    *

    Le mythe de la "Révolution française de 1789" est intéressant dans la mesure où partisans (ultra-majoritaires) comme détracteurs de la Révolution française cautionnent le mensonge selon lequel la Révolution française serait LE grand virage de l'histoire moderne, alors que la révolution anglaise de 1688 est plus importante, d'une part (la plupart des penseurs des Lumières sont d'ores et déjà attachés à tenter de comprendre le sens du progrès politique et scientifique Outre-Manche), et d'autre part que la fracture qui s'est produite vers la fin du XVIe siècle, le basculement de l'Europe dans la théocratie puis le nationalisme, alors même que la théocratie était perçue auparavant comme une caractéristique de la religion ottomane ou mahométane. Les meilleurs humanistes inculquaient la défiance vis-à-vis du pouvoir politique en se fondant sur une exégèse plus moderne du Nouveau Testament (Shakespeare est le meilleur exemple, pilier de l'histoire moderne, mais on peut aussi citer Dante, charnière entre le Moyen âge et la Renaissance, Boccace, Erasme...) ; la rupture entre l'humanisme de la Renaissance (Bacon, Erasme) et la théocratie baroque (Hobbes, Descartes) est bien plus important qu'une "révolution" française qui n'empêchera que quelques années en France la bourgeoisie de prendre les rênes et d'obtenir ainsi le pouvoir renforcé qu'elle guignait en France comme en Angleterre depuis plusieurs siècles.

    Ce que l'esprit critique historique invite à remarquer plutôt, jusque dans les Lumières françaises disparates, c'est à quel point, bien que dirigées contre le XVIIe siècle et l'arriération janséniste (au moins autant que les jésuites), les Lumières françaises demeurent imprégnées par ce jansénisme (notamment Diderot, qui tenta de jouer un rôle de curé laïc auprès de l'Impératrice Catherine II et qui continue de prôner un art... moralisateur (!), ce qui vaut tout de même mieux que la haine de l'art exprimée par le sinistre Pascal mais qu'on peut juger moins moderne que Molière), ce qui atteste encore une fois de la profondeur de l'ornière baroque.

  • Tulard le Barbare

    Jean Tulard volant au secours de l'Histoire menacée par le gouvernement Sarkozy, cette blague ! Si Tulard est historien, alors moi je suis carmélite et Max Gallo c'est Karl Marx.

    D'une part l'histoire recèle beaucoup trop de vérités dérangeantes pour avoir jamais été enseignée sérieusement dans l'Université française. Les Etats sont aussi hostiles à l'Histoire que les Eglises furent à la théologie apocalyptique. L'art historique n'est pas moins "maudit" que les autres arts visionnaires, recouvert de flots de musique (comme le montre le mythe de la nymphe Echo, l'art musical -ô combien mimétique- est narcissique : l'art des fous).

    D'autre part, J. Tulard est le représentant d'une abjection historique française qui consiste à honnir Hitler et le vouer aux gémonies tout en célébrant la mémoire d'un dictateur non moins sanglant qu'Hitler, à savoir Napoléon Ier, qui n'hésita pas comme son cousin germain à recourir à l'assassinat politique pour parvenir à ses fins, ni à terroriser les populations civiles.

    *

    Il n'est guère difficile de prouver que le régime nazi est très fortement apparenté au régime napoléonien sur le plan idéologique, qu'il y a là deux sécularismes similaires. C'est même plus facile encore que de démontrer que le nazisme n'est qu'une variation du capitalisme. La nostalgie du paganisme romain fut même affichée officiellement à la fois par le régime nazi et par le régime de Napoléon Ier (Au centre de la civilisation romaine et qui pousse les chrétiens comme les communistes à la haïr : le culte du destin, symbolisé par la svastika aryenne.)

    Un Français qui possède un minimum de dignité ne peut critiquer cette religion de la bourgeoisie allemande que fut le nazisme, la philosophie d'Heidegger ou de Jünger, cette parodie d'humanisme, sans balayer aussi devant sa porte. Faute de quoi ce n'est qu'un vil opportuniste façon BHL ou Tulard.

    Si Dominique Venner actuellement est le seul (à ma connaissance) à être l'auteur d'études historiques soulignant la ressemblance entre les politiques d'Hitler, Napoléon Ier voire Louis XIV, et non à bâtir une fantasmagorie du régime nazi (que les jeunes Français sont de moins en moins disposés à gober malgré les heures de propagandes télévisées hebdomadaires dispensées sans qu'aucun historien proteste contre ces méthodes, profitant plutôt des plateaux télé pour fourguer leur camelote prétendument historique), ce n'est sûrement pas étranger au fait que D. Venner se tient à l'écart de l'Université qui propage une gnose RE-LI-GIEUSE. Quid des études d'historiens allemands démontrant que la politique nazie est la seule politique socialiste (keynésienne) véritable au XXe siècle ?

    Les progrès considérables que Marx et Engels ont fait faire aux études historiques sont une avancée CONTRE la religion bourgeoise et n'auraient pu être enseignées au sein de l'Université allemande d'où est sortie au contraire la religion nationale-socialiste de Hegel.

    *

    Je pourrais citer cinquante exemples frappants montrant que l'histoire aujourd'hui, dans les collèges, les lycées et l'université a moins à voir avec l'histoire qu'avec ce que les laïcs appellent pudiquement "l'éducation civique", pour éviter de parler de religion ; je dois me restreindre à quelques exemples au cours de cette semaine. (A SUIVRE)