Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jacques ellul

  • Subversion du christianisme

    L'essayiste Jacques Ellul impute la subversion du christianisme depuis le moyen-âge à l'Eglise catholique et sa doctrine imitant l'islam, ou complètement sous son influence. On peut noter comme une curiosité que Thomas d'Aquin, symboliquement décrété docteur majeur dans l'Eglise catholique, est plus "islamiste" qu'Averroès, dans la mesure où ce dernier traduit mieux Aristote, en particulier la méfiance de ce dernier vis-à-vis des matières spéculatives telles que l'algèbre ou le droit.

    La critique d'Ellul, doublement dirigée contre l'Eglise romaine et l'islam, était prédestinée à faire florès aux Etats-Unis où les catholiques sont peu représentés dans les élites, et les préjugés raciaux importants, comme dans toutes les nations où la science juridique tient les foules en respect, non comme en France où l'on a mieux conscience que le jugement d'autrui implique une forme d'aliénation mentale, et que la conscience scientifique s'érige contre le lien social.

    C'est ce qui fait de Moïse une des premières consciences scientifiques de l'humanité : le fait qu'il discrédite le lien social où Satan se tient tapi. Les Juifs ont restauré le lien social contre leurs prophètes ; c'est ce que leur reproche Jésus-Christ. La méthode des prêtres juifs a été reprise ensuite par l'Eglise catholique.

    La critique de Jacques Ellul n'est pas fausse, dans la mesure où l'islam fait place au droit naturel, que le Messie, anarchiste, ne cesse de remettre en cause en raison de la justification du péché et de la mort à laquelle les païens procèdent en indexant leur conscience au droit naturel.

    Où le jugement d'Ellul est faux, c'est qu'il est psychologique et non historique. Comme un musulman, comme un catholique romain, il se situe sur le plan psychologique ; celui-là même que le point de vue authentiquement chrétien de Shakespeare s'efforce de faire voler en éclat, au profit de l'histoire. L'Eglise romaine a toujours comploté pour empêcher l'histoire : c'est la marque de fabrique de la doctrine catholique romaine.

    C'est ce qui permet à Ellul, après avoir démontré la subversion catholique romaine, par imprégnation de l'islam, de blanchir subitement l'Occident, comme si l'Eglise romaine n'en était pas la matrice, et que l'Occident ne continuait pas de se conduire exactement selon son faux pas.

    Sur le plan individuel seul, la responsabilité est pleine et entière. Le monde seul oblige Thomas d'Aquin à subvertir le message évangélique pour y ajouter ce qu'il juge opportun. Tout mensonge est une concession au monde, et il importe de ne jamais le traduire comme un souhait de dieu.

    On peut se passer d'inculper l'islam pour examiner le procédé de la subversion. L'obligation de travailler est la principale cause pourquoi les foules se détournent de dieu dans les temps modernes. La consécration du travail est donc là où les esprits sataniques ont agi principalement, contre l'Esprit et la lettre des évangiles. La bourgeoisie libérale chrétienne est décrite comme une puissance infernale déterminante par les meilleurs théologiens pour cette raison ; parce qu'elle a rétabli l'esclavage de l'homme, son attachement viscéral à la terre, contre le Messie.

    Pourquoi les philosophes antiques sont beaucoup plus misogynes que les nôtres : parce qu'ils n'ont pas du travail ou du labeur une très haute idée, c'est mathématique. Pour Aristote ou Démocrite, par exemple, le travail est bon pour les animaux, et non pour les personnes humaines. Le travail est un mal nécessaire, et donc le philosophe doit s'efforcer d'échapper à ce mal nécessaire pour pouvoir penser autrement que selon lui, qui ne serait pas penser, mais vouloir en vain ; sinon, tant qu'à faire, autant travailler comme boulanger ou cordonnier. Voilà ce que pensaient Aristote et bon nombre de philosophes antiques du travail. Le libéralisme consiste à l'aide de quelques sophismes évolutionnistes à enchaîner le travail à la pensée. Le nazisme ne se dégage pas de l'influence libérale. Pratiquement le nazisme est une manière de vouloir pratiquer le libéralisme avec honnêteté.

    Pour que vous sachiez, enfants, entre les mains de qui vous êtes, et qui a l'odeur immonde du Danemark.

  • Le Christ anarchiste

    L'expression "éthique de la liberté" est la plus malencontreuse employée par l'essayiste protestant Jacques Ellul, à la suite de sa démonstration du caractère subversif de la morale catholique romaine.

    En effet, l'éthique de la liberté est l'argument typique du totalitarisme. Contrairement aux vieilles tyrannies de droit divin, qui prétendaient régler la société selon l'ordre pyramidal naturel, le totalitarisme prétend libérer les peuples : il se justifie à l'aide de cette éthique de la liberté. L'aspect convulsionnaire du droit moderne, si bien élucidé par Shakespeare, vient de là : de l'amalgame de l'éthique, nécessairement antichrétienne, c'est-à-dire étrangère à la spiritualité évangélique (comme Ellul le rappelle !), avec la liberté, que le droit païen ne connaît pas, puisqu'il est déterminé par la mort et la culture de vie.

    La décadence ne vient pas, comme le prétend l'antichrist Nitche, de la lâcheté ou du manque de virilité de Jésus-Christ, des chrétiens et des anarchistes : elle vient de la corruption irrémédiable des choses organiques, que les mauvais poètes intellectuels ne se résolvent jamais à admettre, car cet art est le leur ; et cette corruption prend une dimension de terreur mondiale en raison de l'amalgame de l'éthique et de la liberté, prônée par les pharisiens de la synagogue de Satan, trafiquants du sacrifice de l'homme le plus vain, afin de servir leur propre justification.

    Ne laissons pas l'éthique du curé germanique pénétrer l'Eglise, qui sous couvert du soin de l'homme organise l'incurie la plus terrible.

  • Against Ellul

    - That Christian Churches betrayed Jesus-Christ was not only observed by J. Ellul or M. Luther, but many other Christian artists such as K. Marx, William Shakespeare or Francis Bacon, Rabelais, Dante, John Wyclif, Molière, Emmanuel Swedenborg, Balzac... careful readers of the Gospels.

    - Critics by Ellul of Karl Marx were surprising for me, because Marx destroyed the hegelian/nazi modern ethics based on legal science, and Marx does condemn Christian clerks who introduced legal science in the Roman Church. What is legal science for Jewish or Christian people but the AEgyptian science?

    - Shakespeare/Bacon did probably make the best critics.

    - Are Christian 'feminists' as Ellul says when Jewish were before the most misogynist? Every society or civilization is living under a female principle. As Christian people do see Society as Hell, they no doubt beware as Jewish before the female principle.

    - Condemning Mohammedan people is rather useless. The pure satanic religion is the AEgyptian one. The Civilization that has got the best rate, 666/666 in Astronomy. Are Mohammedan people from this religion, as Plato for instance, nazi Hegel, Einstein, Freud, Carl Jung? This is the good question. More than every satanic religion, wealth is condemned by Jesus-Christ as a major barrier to spirituality.

  • Against Jacques Ellul

    It is very surprising how French Jacques Ellul is whitening the Western Empire, after he did condemned the Catholic Church because she betrayed the Gospels and the Holly Spirit. How he does create a new Ethics, after his demonstration that Ethics cannot be 'christian' or 'jewish'. History or critics, that was available for the past, is not for today anymore and the mask of Ethics is save for new crimes and lies.

    Therefore, the Catholic Church is always the Mother of this Empire, which you cannot understand without understanding this historical fact. The Catholic Church does continue (especially last two popes) to argue for the Pagan culture and what is called 'fornication' in the Revelation book. She stays as deaf as a Bell.

    Freemasonry and its Egyptian pagan symbolism was not invented by USA or German NSDAP Party, for example, but by the Catholic Church during the Middle age (as nazi Carl Jung does explain it in 'Psychology and Alchemy').

  • L'Antéchrist Benoît XVI

    Comme je ne peux pas revenir sur les cinquante raisons qui, peu à peu, m'ont conduit à reconnaître dans l'Eglise catholique romaine la synagogue de Satan, je me contente de quelques-unes...

    - Mais d'abord je dois dire que je n'ai pas subi de sévices personnels de la part de curés catholiques romains lors de mon éducation au sein de cette secte, en dehors du mensonge qui est, somme toute, le lot de tout un chacun aujourd'hui, tant l'Occident s'appuie désormais pour justifier son appropriation de la majeure partie des richesses du monde sur un humanisme entièrement truqué, une rhétorique juridique si mensongère qu'elle porte en elle les germes de sa propre destruction. En effet, le mensonge est comparable à la maçonnerie ou l'architecture, qui pour durer nécessite un peu de cohérence.

    - Je dirais plutôt des derniers clercs romains qu'ils sont particulièrement efféminés - non pas forcément sodomites -, mais enclins comme les femmes à ratifier l'ordre social en place, quel qu'il soit. Ce n'est pas moi, ce sont des militantes féministes qui, aujourd'hui, osent inciter des jeunes femmes à la prostitution, c'est-à-dire à l'esclavage ; je ne porte aucun jugement moral sur ce féminisme ubuesque, revendiquant pour la femme le statut d'objet, mais il illustre mon propos misogyne : c'est certainement un effet du libéralisme et des prétendues valeurs démocratiques ou républicaines censées lui servir de cadre si la prostitution est entrée dans les moeurs : or, cette violence institutionnelle est couverte par les femmes ou des clercs. Le mercantilisme et le viol des consciences est partout, mais ces chiens apeurés nous disent que la civilisation est menacée par le terrorisme islamiste !? (Je rappelle que plusieurs centaines de milliers d'avortements sont perpétrés chaque année dans l'Occident "judéo-chrétien", dirigé par des banquiers et des industriels "judéo-chrétiens", qui blasphèment à chaque fois qu'ils invoquent le nom de dieu à l'appui de leur cause sinistre.)

    - L'une des raisons de ma prise de conscience vient de mon éducation française. C'est en Allemagne que les femmes sont plus viriles que les hommes, et non en France. Le féminisme est une religion d'Etat aux Etats-Unis, en Allemagne : à l'exception des millieux culturels et l'Eglise catholique romaine, on peut exposer une opinion contraire au féminisme en France et faire usage de sa liberté d'expression ; (ailleurs j'ai exposé en quoi les allégations de l'essayiste protestant Jacques Ellul selon lesquelles le féminisme serait fondé sur les évangiles sont infondées).

    Le respect de l'art ou de la culture, et des autorités qui la représente, est moindre en France qu'à l'étranger ; et, tant mieux, vu que la religion de l'art est un principe national-socialiste ; il se trouve qu'il contient, en outre, la formule de l'athéisme moderne.

    - Ainsi l'histoire révèle, contre les mensonges des professeurs d'éthique allemands, que l'athéisme moderne est le produit dérivé du catholicisme romain, en même temps que l'anticléricalisme, en Occident, est largement inspiré par l'attitude de Jésus-Christ face aux pharisiens juifs. Donc que les étiquettes religieuses, morales ou politiques, aposées aujourd'hui sur tel ou tel groupe confessionnel ou anticonfessionnel, n'ont qu'une valeur pratique dans le meilleur des cas, en aucun cas "spirituelle" ou scientifique ; en effet, le slogan éculé de la "modernité" est un slogan religieux -indissociable de l'organisation technocratique-, et non un projet scientifique. La modernité consiste à asservir la science aux nécessités politiques, ainsi que sous les régimes nazi ou soviétique, mais encore comme ce fut le cas dans l'antiquité la plus reculée, ou chaque fois qu'une théocratie fut instaurée dans l'histoire.

    Autrement dit je prétends que si le régime technocratique actuel fait faillite -et quel chrétien regretterait un tel léviathan, mêlant la confession du crime au crime lui-même ?- s'il fait faillite les croyances actuellement répandues par l'université dans le domaine des sciences seront bouleversées.

    - Bien sûr le pape allemand Ratzinger incarne un type de mensonge très particulier aux yeux d'un chrétien, c'est le mensonge au nom de Jésus-Christ. Or il est assez frappant comme les propos du papes sont dépourvus de rapport avec le message évangélique. La paix ? Elle est le souhait de n'importe quel chef de guerre païen qui veut ménager ses troupes ? La repentance pour les crimes commis autrefois par l'Eglise romaine ? (Quel Français n'y verra la conjonction de la tartuferie chrétienne et du pharisaïsme juif, tant l'acte de juger des morts paraît aussi lâche que vain et puéril, en même temps qu'il bafoue la plus élémentaire recommandation évangélique de s'abstenir de juger autrui, sous peine de se condamner soi-même ?) Les voyages diplomatiques ? En quoi imitent-ils Jésus-Christ, notoirement persécuté par les représentants d'institutions juive et romaine ? La culture de vie ? Elle est si païenne, qu'on ne trouvera quasiment pas de théologien chrétien assez délirant pour oser prêter au christianisme le mouvement qui est celui attribué par Moïse à Eve elle-même. La démocratie-chrétienne ? On ne peut la fonder sans violer le nouveau testament d'une manière similaire à ceux qui, réinventant la monarchie de droit divin des anciens pharaons, le firent au XVIe siècle et que l'Eglise condamne officiellement désormais - autant dire avec une hypocrisie invraisemblable.

    - De tel discours sont caractéristiques de la volonté de leur auteur d'hypnotiser ses fidèles, ou bien de sa propre aliénation mentale, ce qui revient au même. Comme Nitche et les adeptes de sa religion antichrétienne l'ont bien compris, c'est la méthode de s'emparer des foules à l'aide de la folie.

  • Illuminati et subversion du christianisme

    L'essayiste français Jacques Ellul ne parle pas de complot illuminati, mais de "subversion du christianisme" par les Eglises officiellement chrétiennes.

    Un lecteur attentif de Shakespeare constatera que le problème de cette subversion est déjà central dans la mythologie chrétienne de Shakespeare, à la fin du XVIe siècle. Les personnages de traîtres à l'esprit et à la lettre du christianisme abondent en effet dans le théâtre de Shakespeare : Copernic (alias Polonius), Gertrude, Thomas More, Wolsey, et bien sûr tous les rois "de droit divin" (dont même l'Eglise romaine officielle ne nie pas le satanisme désormais, bien qu'il serait plus utile de dénoncer dans la démocratie le même processus théocratique païen, et un stratagème idéologique plus pernicieux que le nazisme).

    Cette subversion est un phénomène décisif, au point qu'il est pratiquement impossible de comprendre l'histoire de l'Occident moderne sans l'intégrer. La contre-culture du complot illuminati peut donc permettre aux jeunes générations de recouvrir la conscience historique à qui elle a été délibérement ôtée pour le besoin de justification de l'éthique ou de la morale républicaine (voire remplacée par le culte identitaire nazi, instrument du fanatisme et du populisme).

    Complément de cette note sur mon nouveau blog parallèle : http://shakingspirit.overblog.com/complot-illuminati-2

    +

    The French essayist Jacques Ellul is not talking about the 'illuminati conspiracy', but about the "subversion of Christianity" by Christian official churches - Roman catholic first of all, then others.

    A careful reader of Shakespeare will find that this subversion is already the main subject of the Christian mythology of W. Shakespeare, at the end of the XVIth century - that there are many traitors to the spirit and the letter of the Gospels in the theater of Shakespeare: Copernicus (aka Polonius), Gertrude, Thomas More, Wolsey, and of course all the kings from "divine right" (which even the Roman Church does not deny Satanism now, though it would be more useful to condemn democracy, which is not less made with same theocratic pagan trick, and is more pernicious than nazism was).

    This betrayal must be understood, because it is major point in modern history of the Western world. What is prohibited as Jesus-Christ says -civilization aka Kingdom of God in this World- should be betrayed by clergymen and official Churches (to better cover up the truth at the source). USA are playing this game now, after Roman catholic Church before, of universal lie in the name of Ethics and Civilization. Between science, truth, and power, you must choose says Christian Revelation and Shakespeare, because they cannot go together.

  • Ellul et l'islam

    - Je poursuis sur mon blog parallèle la critique d'Ellul. Elle s'avère utile pour éviter la récupération d'Ellul par les fondamentalistes républicains. On remarque que la laïcité de ces derniers, sur laquelle ils fondent leur neutralité religieuse, ne les empêche pas de citer la théologie chrétienne, quand ils pensent qu'elle peut servir leurs intérêts (je démontre que ce n'est pas le cas d'Ellul, contrairement aux sophismes du faux juif BHL ou du faux chrétien Alain Besançon, casuistes ignorants que la casuistique est nécessairement païenne ou pharisienne).

    - La neutralité religieuse n'empêche pas non plus la République laïque de pactiser avec les Etats-Unis théocratiques, où la guerre de religion est prêchée sous le vocable sournois du "choc des cultures" ; où une partie de l'opinion publique est trompée par de soi-disant pasteurs chrétiens, à l'aide d'un sionisme qui défie la lettre et l'esprit évangélique, et s'appuie sur des citations grossièrement tronquées des prophètes Isaïe ou Ezéchiel. 

    - Derrière le fondamentalisme républicain laïc et ses thèses confuses, on retrouvera sans peine l'axe essentiel de défense de la propriété, à quoi toute l'argutie laïque républicaine se résout, étant ainsi parfaitement coupée de l'humanisme dont elle se prévaut abusivement, réduisant ainsi la philosophie des Lumières à la religion de la bourgeoisie.

    - Les gosses qu'on veut forcer à l'instruction civique doivent s'interroger :

    - si l'éducation civique républicaine n'est pas "confessionnelle", dans ce cas quel principe sacré incite-t-elle à respecter ? L'homme ? Mais l'histoire nous enseigne que les plus grands charniers humains ont été perpétrés par des régimes républicains.

    - le travail ? Mais il n'y en a plus depuis que l'élite républicaine l'a confié au prolétariat asiatique ?

    - la propriété ? Mais si nous ne sommes pas propriétaires et ne voulons par l'être, puisque Rousseau démontre qu'elle est le ferment de l'esclavage ?

    - et comment se fait-il que le socialisme ne soit pas confessionnel, alors que l'histoire enseigne qu'il a été inventé par des clercs ?

    - et à quoi bon l'éducation civique si l'historien Karl Marx démontre que la concurrence économique prévaut sur le droit, qui s'y adapte ?

    Bref, la littérature française contient tout ce qu'il faut pour prévenir le négationnisme historique nécessaire de l'éducation civique, matière on ne peut plus statique et aussi vaine que le calcul mental.

     

  • Critique d'Ellul

    La subversion du christianisme dont parle Jacques Ellul, est le principal thème du théâtre de Francis Bacon, alias Shakespeare.

    Si la scolastique n'a jamais réussi à déterminer la confession de ce tragédien qui cite continûment les évangiles et les lettres de Paul - anglican ? luthérien ? catholique ? -, c'est notamment parce que Shakespeare n'ignore pas, pas plus qu'Ellul, que le christianisme n'est pas une question d'étiquette ou de confession, contrairement à la société qui ne peut s'en passer pour le besoin de sa police des moeurs.

    La subversion du christianisme fut aussi le propos de Martin Luther ou de Dante Alighieri, dont Shakespeare a tenu compte pour ne pas répéter leurs erreurs (L'astrologue Hamlet est allé étudier à Wittenberg, mais son chemin se sépare de celui de ses ex-condisciples Rosencrantz et Guildenstern) ; Shakespeare ne s'écarte pas de l'eschatologie ou de l'histoire, c'est-à-dire de l'apocalypse ; cela lui évite comme Jacques Ellul de devoir inventer une "éthique de la liberté" débile et en infraction avec l'explication précédente d'Ellul selon laquelle il n'y a aucune connotation juridique dans la liberté chrétienne.

    Une autre expression traduit l'ignorance d'Ellul de l'apocalypse, c'est celle "d'architecture en mouvement" pour la qualifier. Il ne saurait être question d'architecture du point de vue chrétien ou même juif. La doctrine hégélienne nazie mérite en revanche d'être qualifiée "d'architecture en mouvement", puisqu'elle n'est qu'une théorie du progrès juridique ou biologique vers un but abstrait, dont Karl Marx a montré qu'elle n'était qu'une statistique illusoire.

    On voit mal en quoi l'éthique de la liberté peut consister, en dehors de cette chose la plus inconsistante du monde qu'est la "démocratie" ? Et dans ce cas elle est exactement conçue comme le nazisme. On trouve cette vaine foi et ce vain amour chez Dante Alighieri pour une institution virtuelle qui serait vierge et pure, préservée enfin de l'odieuse fornication du clergé catholique romain par la laïcité. Idem pour Ellul, à cette différence que toute les formules éthiques ayant été essayée depuis Dante, et s'étant avérée plus funestes les unes que les autres, Ellul est obligé de sortir un lapin de son chapeau : "l'éthique de la liberté".

    Si Shakespeare évite d'entamer la construction du moindre édifice éthique ou politique, pour se consacrer entièrement au combat de l'esprit, ici et maintenant, c'est parce que l'histoire ne repasse pas les plats, tout se joue ici et maintenant, et il n'y a que de la pommade à concevoir l'avenir ; penser "éthique", c'est déjà manger les pissenlits par la racine, à l'heure noire où Shakespeare vit.

    Ellul hésita au seuil de l'apocalypse.

  • Antiféminisme

    jacques ellul,antiféminisme,subversion du christianisme,blanche-neige

    Si le constat de la subversion du christianisme effectué par Jacques Ellul ne peut qu'être confirmé, à savoir l'athéisme doctrinal latent des institutions dites chrétiennes, en revanche le féminisme de ce théologien ne peut pas être justifié à l'aide des saintes écritures.

    Le féminisme d'Ellul est incohérent avec la mise en cause des institutions et de l'éthique chrétienne.

    Pour confirmer la subversion du christianisme, on peut dire de façon frappante que l'athéisme moderne continue de creuser le même sillon que la morale chrétienne. Bien que rare, cette reconnaissance des philosophes athées existe : pleine et entière chez L. Feuerbach ; plus discrète de la part de M. Onfray, qui adoube à juste titre Montaigne ; sans oublier l'impression de Blaise Pascal par les banquiers sur leur papier-monnaie. Il faut dire aussi que cette subversion n'a jamais cessé d'être combattue au cours des deux mille ans écoulés ; à côté du mensonge institutionnel, la vérité a toujours continué d'être soutenue. C'est un aspect indiscutable du théâtre de Molière, par exemple. On trouve aussi dans les contes populaires une résistance semblable : dans "Blanche-Neige", la mauvaise reine est la fausse Eglise, tandis que Blanche-Neige représente la vraie. Pour ainsi dire, on ne peut pas écrire l'histoire de l'art occidental sans tenir compte de cet affrontement.

    Volontairement, je prends l'exemple de "Blanche-Neige", puisqu'il met en scène une femme pure et exemplaire, et une autre qui est corrompue, de même que l'apocalypse présente l'Eglise sous la forme pure et virginale, d'une part, et la "Prostituée" ou l'Eglise institutionnelle d'autre part. Disons immédiatement ce qui rend la première figure pure et virginale : elle exprime l'amour, purifié ou vierge de l'éthique, contrairement à la prostituée, dont le calice est plein d'immondes blasphèmes, c'est-à-dire de discours et de rituels destinés à promouvoir l'éthique contre la parole de dieu.

    Donc la misogynie chrétienne est bel et bien ; elle n'est pas, bien sûr, l'exclusion des femmes du salut en général, ni bien sûr un motif de relégation "sociale" des femmes, puisque c'est un crime contre l'Esprit d'ourdir une quelconque doctrine sociale. La misogynie chrétienne est, pour la raison que l'éthique est un piège féminin ; physiquement ou génétiquement, la femme est plus marquée par l'éthique et le péché originel. Il ne faut pas oublier que l'esprit chrétien est scientifique : contrairement à l'éthique, il n'abolit pas la différence physique, de façon mathématique ou virtuelle (au cours des dernières années, à 99% suivant un mobile commercial).

    J. Ellul a raison de dire que les théologiens (protestants) qui tentent de faire de l'apôtre Paul un "socialiste" utilisent des arguments grossiers. Si tel était le cas, Paul serait le continuateur du pharisaïsme. Jésus au long de sa vie publique n'a pas cessé de souligner l'hypocrisie de l'éthique, se moquant de son raisonnement cauteleux, et le déjouant. Le figuier qu'il faut couper sur le champ figure la religion prêchée à l'intérieur de la Synagogue de Satan.  

    - Disons quelques mots de la figure virginale et pure de l'apocalypse, à présent, sur laquelle Ellul veut fonder le "féminisme chrétien". Un des éléments essentiels de la subversion du christianisme par les clercs chrétiens (comprenez ici pourquoi Shakespeare vise particulièrement les moines), est la mise à sac du trésor du symbolisme chrétien, dans lequel Jésus puise pour éclairer le monde avec ses paraboles. Jésus ne donne pas un sens différent aux symboles païens : il part toujours du symbole païen le plus éloigné pour illustrer l'esprit chrétien, en le renversant. Le pain et le vin sont ainsi les matières triviales les plus sacrées dans les religions païennes, que la parole ou l'esprit de dieu remplace et abolit. Les poissons sont les animaux les plus déterminés et voués au sacrifice dans la chaîne alimentaire : les apôtres seront des pêcheurs d'hommes.

    L'Eglise des bienheureux, la Jérusalem nouvelle, représentée sous les traits d'une femme, n'a rien d'une femme au sens physique ou moral. C'est un symbole spirituel et eschatologique, qui renvoie à la Genèse. Jésus-Christ est le nouvel Adam, et l'histoire chrétienne s'achève sur le salut de la nouvelle Eve. Cette comparaison n'est pas le fruit du hasard, car, d'une certaine manière, quel homme n'est pas efféminé si on le compare avec Jésus, se persuadant religieusement sans cesse que son âme n'est pas simplement virtuelle ?

    (Ill. de l'apocalypse représentant cette fois la Jérusalem des saints chrétiens, non plus sous l'apparence d'une vierge pure, mais d'une cité sainte aux antipodes des cités dans lesquelles les hommes médiocres placent leur espérance.)

  • Critique d'Ellul

    L'oeuvre théologique de Jacques Ellul est méconnu en France. Sans doute parce qu'il prive le sacerdoce catholique romain de tout fondement spirituel, confirmant ainsi l'enseignement de Martin Luther, non pas en vain car Ellul étend sa critique aux Eglises réformées, explique qu'elle n'ont pas tardé à se conformer à des méthodes identiques à celles de Rome, sacrifiant ainsi à leur tour le message évangélique sur l'autel de la morale, introduisant des considérations sociales que les paraboles du Sauveur sont faites pour empêcher. Chaque fois que la colère du Christ éclate dans l'Evangile, contre les apôtres ou les pharisiens, c'est pour cette raison : parce que les apôtres ou les pharisiens, par ignorance ou par "chiennerie", selon les paroles du Christ, ne peuvent s'empêcher de mêler à l'esprit des considérations éthiques (nécessairement personnelles). Dieu n'a pas de considération pour la dévotion. Celle pour les fétiches, ou bien celle pour les musées, qui ne font que la répéter. Et c'est bien, dans l'art juif, la dévotion qui est proscrite aussi, parce qu'elle n'est qu'un mouvement naturel de l'homme.

    Les critiques d'Ellul dirigée contre l'islam sont sans doute assez dissuasives pour les musulmans de s'intéresser à sa théologie, qui manque de clarté, d'ailleurs, sur ce point.

    En ce qui me concerne, j'ai d'abord été dégoûté de m'intéresser à Ellul, à cause de ses diatribes contre Karl Marx, qui m'ont paru, et me paraissent encore infondées. Autant dire qu'Ellul n'a pas lu Marx, mais des universitaires communistes, probablement, ceux-là même qui furent chargés d'éradiquer dans la doctrine de Marx sa critique du droit et de l'Etat républicains, et qui expliquent largement la censure en France des études historiques de Marx, tandis qu'un stalinisme démodé y conserver tous ses droits, de même que les slogans moraux éculés du clergé romain.

    Sans doute si les vieux catholiques romains ou les vieux staliniens conservent droit de cité dans la République laïque moderne, c'est en raison du rôle de bouffons ou de repoussoirs auquel ils se plient avec bonne grâce, ou pour la même raison qu'on conserve dans les musées les vieilles peintures du XVIIe siècle, souvent idolâtres comme ce siècle, gifflé par Molière. Probablement aussi parce que l'Eglise romaine fournit des soldats et des aumôniers fort utiles pour l'accomplissement des basses oeuvres de la République, qui chaque fois que le commerce -local ou international- est en jeu, sait fort bien mettre son sacro-saint principe de laïcité entre parenthèses.

    Cependant la "Subversion du christianisme" (1984) est un ouvrage recommandable, non pas globalement, mais au moins dans sa partie où il met clairement à jour la subversion rapide de l'Eglise chrétienne, avant que son éclatement en diverses Eglises nationales ne signale de manière flagrante sa métamorphose en synagogue de Satan.

    "La question que je voudrais esquisser dans ce livre est une de celles qui me troublent le plus profondément. Elle me paraît dans l'état de mes connaissances insoluble et revêt un caractère grave d'étrangeté historique. Elle peut se dire d'une façon très simple : comment se fait-il que le développement de la société chrétienne et de l'Eglise ait donné naissance à une société, à une civilisation, à une culture en tout inverses de ce que nous lisons dans la Bible, de ce qui est le texte indiscutable à la fois de la Torah, des prophètes, de Jésus et de Paul ?" J. Ellul

    J'ajoute ici que l'histoire vient toujours au secours de l'esprit chrétien, tandis que l'éthique se nourrit du négationnisme. Si l'élite républicaine avait la moindre considération pour l'histoire, il y a longtemps qu'elle aurait banni du territoire de la République française les publicitaires.

    - Au cours de son enquête, Ellul aboutit rapidement à la conclusion que la société, la civilisation ou la culture sont nécessairement païens. Jusqu'ici, Ellul ne diffère pas beaucoup de Marx. La diffusion rapide du marxisme dans les classes opprimées par la société bourgeoise totalitaire du XIXe siècle s'explique en partie par le fait que  Marx a privé de fondement chrétien ou humaniste les "valeurs éthiques" dont les classes dominantes se servaient pour méduser le peuple. Marx a montré que l'iniquité sociale et politique, très loin de se situer seulement au niveau de l'oppression physique, tire sa source dans la culture, qu'elle soit chrétienne, nazie, communiste ou républicaine. Ici, Marx relève même que l'éthique républicaine est un opium plus puissant encore que le catholicisme romain, pour la raison qu'il est assez facile, en confrontant la civilisation chrétienne aux évangiles, de constater que celle-là ne peut pas s'appuyer sur ceux-ci ; tandis que le code civil républicain a lui, la faculté de s'adapter aux métamorphoses de la propriété. La légitimité de l'élite républicaine va chercher ses racines dans le marigot insondable de la morale pure : autant dire le fantasme.

    - La mise en cause de l'islam par Ellul est plus contestable. Son hypothèse est celle de l'influence de l'islam sur l'Eglise catholique romaine, au point d'avoir "islamisé" celle-ci. De telle sorte que, par exemple, les croisades seraient décalqués de la guerre sainte selon le Coran (jihad). Outre que cette thèse est incertaine sur le plan historique, bien d'autres motifs encore moins nobles (économiques) étant suggérés par des historiens spécialistes de cette période, il paraît bien difficile d'expliquer à l'aide de l'islam la guerre civile beaucoup plus récente et meurtrière qui a opposé les nations européennes au long du XXe siècle, à moins de prétendre que ces nations ne seraient pas démocrates-chrétiennes mais... musulmanes. En outre, le droit naturel, sur lequel se fondent les juristes musulmans, existait bien avant eux.

    Comme Ellul, je suis convaincu que l'Eglise romaine n'a jamais eu de doctrine théologique propre, mais que cette institution a résisté grâce à sa faculté à s'adapter à tous les courants de pensée nouveaux, extérieurs à elles, que l'attachement au principe culturel en son sein empêchait de naître, la culture opérant comme un masque de beauté mensonger, ou bien le miroir de la reine illégitime dans le conte fameux. Il n'y a pas d'institution qui ne soit menacée à moyen ou court terme, à cause du principe culturel qui l'anime, par le même effet qui a entraîné l'effondrement de l'architecture chrétienne.

    Mais, même s'il était vrai que l'islam a eu sur le christianisme européen l'influence la plus déterminante, cela ne changerait rien. Les chrétiens n'ont jamais été coupé de l'Esprit, ni la responsabilité à chacun d'agir n'a été ôtée, non pas selon la culture du moment, mais selon ce que la parole de Dieu, qui est son Esprit, commande ; et même, dans ce cas, les personnes les plus démunies intellectuellement le peuvent, puisque la charité est le plus court chemin vers l'Esprit. Shakespeare, de la même façon, à exhibé aux yeux de tout le royaume d'Angleterre son iniquité ; qu'importe s'il n'y a qu'un seul Anglais à l'avoir compris.

    Une cause majeure de subversion qu'Ellul semble vouloir occulter, c'est le rôle des élites, pour qui la vérité et la liberté représentent un danger sur le plan culturel, ou social, majeur. Les élites modernes se plient tout au plus, comme l'Eglise romaine autrefois, à la contre-culture, qui n'est qu'un recyclage.

    - Il s'opère chez Ellul, dans "Subversion", un retournement paradoxal, qui m'évoque celui d'un contempteur beaucoup plus ancien de la papauté romaine, à savoir Dante Alighieri. C'est comme si Ellul, après avoir situé l'Eglise chrétienne temporelle au plus bas niveau, celui de la culture, tentait ensuite la réhabilitation de celle-ci, fournissant une multitude d'excuses à son mépris de l'Esprit, parfaitement incohérentes avec son préambule accusateur. Comme Dante, Ellul va chercher dans l'apocalypse chrétienne la confirmation de l'ignominie du pacte passé entre le clergé et le pouvoir temporel, mais pas trop. Il préfère prôner en lieu et place de l'ancienne éthique chrétienne qu'il relègue, une "éthique de la liberté" on ne peut plus vague, et qui ressemble comme une cousine germaine au providentialisme, c'est-à-dire une formulation juridique ou mathématique de la liberté, typique du jansénisme... ou de l'islam. N'importe quel planton de la démocratie-chrétienne libérale "made in usa" pourra se prévaloir d'une telle "éthique de la liberté", bien que la démocratie soit une science-fiction parfaitement étrangère au christianisme. "Il est impossible d'imiter Jésus.", écrit même Ellul, et on croirait ici entendre Nitche.

    - Deux chapitres en outre sont critiquables dans "Subversion du christianisme". Celui où Ellul tente de faire du féminisme un christianisme, ou de l'antiféminisme une doctrine chrétienne erronée (j'y reviendrai ultérieurement) ; et le chapitre où Ellul rend le christianisme responsable du nihilisme de la société moderne.

    Après avoir démontré que le rejet du christianisme par le clergé engendre un socialisme, Ellul affirme qu'il provoque un nihilisme, en insistant sur la condition irrémédiablement pécheresse et macabre de l'homme, si celui-ci demeure privé du secours de l'Esprit. Bien au contraire, le christianisme, à commencer par le catholicisme romain, a ourdi une culture de vie rassurante, c'est-à-dire un confort intellectuel, certainement plus nihiliste du point de vue chrétien que l'anarchisme de Molière ou Shakespeare, qui peignent la société sous le jour le plus défavorable, précisément parce qu'il n'y a rien à en tirer que le vain espoir de bonheur que les élites distribuent aux imbéciles pour les abuser. La société récapitule toute la puissance d'entraînement du péché, et ce n'est certainement pas le rôle du christianisme d'inciter à se soumettre bêtement au dragon. Adam et Eve sont animés par la "culture de vie", et c'est le plus grand nihilisme du point de vue chrétien. 

    - Un oubli, enfin : contrairement à Luther, Ellul ne dit pas grand-chose du mariage, et de la christianisation de cette institution païenne, dont Shakespeare montre qu'elle est un moment fort de la subversion du christianisme. Shakespeare s'en sert pour illustrer, mieux qu'Ellul encore, le résultat catastrophique de la collusion entre le clergé et l'élite aristocratique, afin de doter l'aristocratie d'une légitimité et de brevets de bonne conduite sous la forme de "valeurs chrétiennes" ineptes. Il fait de Roméo et Juliette les grands cocus de la morale pure occidentale.

  • L'imposture laïque

    La manière dont les préjugés racistes ont muté en préjugés anti-musulmans afin de contourner la censure ne m'étonne pas. A un militant de gauche laïc il y a plus de quinze ans, je me souviens d'avoir pronostiqué la contamination de milieux plus aisés par les slogans du FN, "dès lors que ces milieux sentiraient leurs propres biens ou propriétés en danger". De même l'antisémitisme, en soi, n'a pas posé de problème majeur avant que la crise ne permette de transformer les juifs en boucs émissaires, jouant un rôle équivalent à celui des koulaks en Union soviétique. Le nazisme a excité la propriété, tandis que le régime soviétique a excité le vol. Marx nous dit que ça revient au même.

    Le système démocratique est particulièrement pernicieux, dans la mesure où il fait croire pour des raisons machiavéliques à des minorités qu'elles sont respectées, quand les crises ramènent tooujours à la réalité sociale la plus brutale et véridique.

    En ce qui me concerne, en tant que chrétien, je n'ai pas d'attirance particulière pour l'islam, fondé sur l'éthique, comme la religion catholique romaine ou l'éthique républicaine, métamorphose de l'éthique chrétienne, inventée jadis pour le besoin d'une cause perdue depuis longtemps. L'enjeu de la propriété entre ces différentes religions est trop évident. L'effort pour inventer l'antisémitisme ou le racisme est beaucoup plus important de la part des élites d'après-guerre que de la part de Hitler lui-même. Le but est bien évidemment de dissimuler que la société est principalement divisée entre ceux qui ne possèdent rien et les possédants. Je me fais fort d'instaurer le dialogue inter-religieux entre un juif, un musulman, un chrétien, et un athée laïc -en moins de dix minutes-, à condition que ceux-ci ne possèdent rien et, cas de figure beaucoup plus rare chez les pauvres, ne soient possédés par rien ni personne.

    L'invocation de Jacques Ellul par certains militants de la cause laïque, afin de conforter leur anti-islamisme, est plutôt surprenante. Avant d'examiner si Ellul peut être récupéré pour le besoin de cette cause en principe la moins religieuse, je dois signaler un argument imparable pour les musulmans quand ils sont accusés de pratiques religieuses excessivement violentes : dans le domaine du crime et de l'élimination de masse, les régimes républicains laïcs sont imbattables. Qu'est-ce qui fait la férocité particulière des sectataires de l'éthique laïque ? L'attachement viscéral à la propriété, au point d'avoir mis en place des systèmes où le sentiment de la propriété a plus de valeur que la jouissance elle-même. Secundo, c'est sans doute parce qu'ils sont laïcs, et donc neutres sur le plan religieux, que les tenants de la "riposte laïque" (sic) (ils n'ont même pas été effleurés qu'ils ripostent déjà) se fondent sur l'opinion d'un chrétien pour juger l'islam.

    - Quant à Ellul, intéressé par le fait de savoir comment l'Eglise est devenue la synagogue de Satan dans le sillage des théologiens protestants, il attribue à l'islam une part de responsabilité, de façon assez évasive, sans nier qu'il soit possible à quiconque d'échapper à la synagogue de Satan ou ses succursales. D'une manière générale, et comme je le fais moi-même, Ellul dépeint l'institution ecclésiastique chrétienne comme une masse d'informations, prenant la forme des sociétés et religions par lesquelles cette institution fut environnée au cours de son histoire, en dépit de tout motif spirituel. J'ajoute qu'on peut le vérifier en faisant le constat de l'incohérence parfaite de la théologie catholique romaine, ou par le fait que les sociétés dites "protestantes" tranchent singulièrement avec la théologie de Luther.

    Il y a bien des catholiques romains qui citent Ellul à l'appui de leur cause ; dans ce cas, pourquoi pas des sectateurs de l'éthique laïque, bien qu'il y a tout chez Ellul pour voir dans l'éthique laïque républicaine le mobile le plus cynique ? Mais pour les chrétiens, tandis que l'éthique ne s'accorde pas avec la spiritualité, la logique, elle, n'en diffère pas. Du point de vue éthique, la fin justifie les moyens, et c'est l'optique de Satan.

  • Philologie, ma haine

    La philologie est le divertissement le moins sérieux du monde, et si Dante revenait il flanquerait sûrement "Philippe Sollers et les Quarante Voleurs" au tréfonds de son "Enfer" glacé, avec tous les carreurs de cercle et de corne "in secula seculorum".

    - "Société du spectacle" : l'expression ne convient pas, car elle oblige comme l'abruti pédérastique Frédéric Nitche à qualifier la tragédie grecque d'art "dionysiaque", à répéter l'attentat permanent de la culture bourgeoise germanique contre l'art. Sophocle confondu avec un toréador ou "Oedipe-tyran" avec "Intervilles".

    - "Société de consommation" : ici c'est l'aspect de l'épargne et du vol qui est dissimulé, primordial dans le capitalisme, avant le gaspillage et le poker menteur de la "Société Générale". Indissociable l'épargne de la consommation, comme l'anorexie de la boulimie, ou le puritanisme de la pornographie, qui ne paraissent raisonnables que dans un mouvement de descendance (comme la raison du droit ou de l'idéologie romaine, c'est l'héritage, fondateur de la "société").

    - "Dissociété" : c'est le plus nul -du branleur puritain Jacques Ellul, me semble-t-il-, puisque la zizanie est politique, et que lorsqu'on ne parle plus de "cité" ou de "politique", mais de "société", c'est que le cadavre est en état de décomposition avancé, et Marcellus la tête si profondément enfoncée dans les détritus -et depuis si longtemps-, qu'il ne sent plus la puanteur du Danemark.

    Ajoutons que l'esprit de dissimulation de la sociologie et des sociologues est analogue à celui des philologues ou autres linguistes. On peut poser que tout art, dans une société totalitaire, est "sociologique" ; quand il ne l'est pas, comme la doctrine marxiste, les sociologue se mettent en quatre pour le transformer en une telle daube : c'est exactement le travail auquel se sont livrés les philologues Balibar ou Althusser, ou encore le sociologue -à moins qu'il ne soit sociophile- Derrida : tanner la peau de Marx jusqu'en faire une descente de lit socialiste. Le sociologue fait le boulot que se coltinait le dominicain au XIVe siècle : faire coïncider par tous les moyens la jurisprudence et le code avec le Testament chrétien.