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Mon Journal de guerre - Page 89

  • Philologie, ma haine

    La philologie est le divertissement le moins sérieux du monde, et si Dante revenait il flanquerait sûrement "Philippe Sollers et les Quarante Voleurs" au tréfonds de son "Enfer" glacé, avec tous les carreurs de cercle et de corne "in secula seculorum".

    - "Société du spectacle" : l'expression ne convient pas, car elle oblige comme l'abruti pédérastique Frédéric Nitche à qualifier la tragédie grecque d'art "dionysiaque", à répéter l'attentat permanent de la culture bourgeoise germanique contre l'art. Sophocle confondu avec un toréador ou "Oedipe-tyran" avec "Intervilles".

    - "Société de consommation" : ici c'est l'aspect de l'épargne et du vol qui est dissimulé, primordial dans le capitalisme, avant le gaspillage et le poker menteur de la "Société Générale". Indissociable l'épargne de la consommation, comme l'anorexie de la boulimie, ou le puritanisme de la pornographie, qui ne paraissent raisonnables que dans un mouvement de descendance (comme la raison du droit ou de l'idéologie romaine, c'est l'héritage, fondateur de la "société").

    - "Dissociété" : c'est le plus nul -du branleur puritain Jacques Ellul, me semble-t-il-, puisque la zizanie est politique, et que lorsqu'on ne parle plus de "cité" ou de "politique", mais de "société", c'est que le cadavre est en état de décomposition avancé, et Marcellus la tête si profondément enfoncée dans les détritus -et depuis si longtemps-, qu'il ne sent plus la puanteur du Danemark.

    Ajoutons que l'esprit de dissimulation de la sociologie et des sociologues est analogue à celui des philologues ou autres linguistes. On peut poser que tout art, dans une société totalitaire, est "sociologique" ; quand il ne l'est pas, comme la doctrine marxiste, les sociologue se mettent en quatre pour le transformer en une telle daube : c'est exactement le travail auquel se sont livrés les philologues Balibar ou Althusser, ou encore le sociologue -à moins qu'il ne soit sociophile- Derrida : tanner la peau de Marx jusqu'en faire une descente de lit socialiste. Le sociologue fait le boulot que se coltinait le dominicain au XIVe siècle : faire coïncider par tous les moyens la jurisprudence et le code avec le Testament chrétien.

     

  • L'Art et les cochons

    Rien n'est plus libre de droits et de devoirs que l'art, même si le Code pénal rêve d'en faire un divertissement de bon père de famille. "Royalty" dit tout (voilà pourquoi Shakespeare n'aime guère Virgile).

    On peut ironiser sur ce que François n'aurait osé imaginer que Frédéric s'empresse d'inventer. Le mieux est de s'en tenir au rejet messianique par l'art de la politique et de sa mécanique.

  • Hamlet & Ben Laden

    - Why is Bacon-Shakespeare so interesting? Because he is the perfect contradiction to US-theocracy. I mean: more than Ben Laden does.

    - Sex is statistics for Bacon, and statistics is Death. Einstein's mathematics are about his own sexual obsession. No body is concerned by this trick except those who want to run faster to Death.

    - After betraying his own master Francis Bacon, whoreson T. Hobbes wrote this (that does regard everyone who is living in a Theocracy as a monkey in Noah's Ark: 'Hell is truth seen from the back.'

  • Eternel retard

    Dans le brouhaha médiatique, une partie du discours de Dakar rédigé par H. Guaino pour Sarkozy m'a échappé : la partie théoriquement valable dans laquelle Guaino à travers Sarkozy oppose l'histoire au mythe de l'éternel retour. Rien que pour ça, je me sens obligé de rendre un hommage discret à Sarkozy & Guaino, tant ce type de discours critique est rare de la part d'un chef religieux (si Sarkozy est plus "naturel", Guaino a tout à fait la dégaine d'un "monsignore" en tenue pourpre ou écarlate).

    Combien de curés démocrates-chrétiens ou nationalistes n'ai-je pas moi-même maudits à voix basse ou à voix haute à cause de leur apologie de la morale païenne et pédérastique de Nitche ? Cette apologie insane de F. Nitche permet néanmoins de comprendre indirectement pourquoi toute Eglise ou secte a tendance à se garder de la science historique comme d'une peste, jusqu'à finir par tomber comme ce fut le cas avec cette grenouille de bénitier idolâtre de Jean Guitton, dans la chronologie - pour ne pas dire la chronolâtrie.

    *

    La théologie marxiste de la Libération est de fait porteuse à la fois de la mort du clergé et des compromis théologiques avec les architectures païennes diverses, dont la métempsycose, qui ressurgit dans la "Phénoménologie de l'esprit" de Hegel. La conception esthétique de Hegel est typiquement une conception anti-historique qu'on peut qualifier de "statique". Au mépris de l'observation historique que différentes formes d'art coexistent - et se combattent les unes les autres -, dans la conception nationale-socialiste de Hegel différents "états" artistiques se succèdent. Hegel se garde bien d'expliquer autrement que par l'emploi d'une phraséologie germanique "claire-obscure", qui parfois n'a rien à envier à la philosophie médiévale remâchée de Kant, COMMENT s'opèrent les mutations d'un état de l'art à un autre, de l'architecture à la peinture par exemple. Hegel dissimule mal que son schéma de progression est un schéma algébrique. Toute l'algèbre étant enfermée dans une cercle, le philosophe évite d'ailleurs de conclure pour ne pas laisser voir le retour au "statu quo ante".

    Ce schéma rationaliste de mutations successives vers un progrès plus grand, on le retrouve bien sûr dans le transformisme darwinien, prédestiné lui aussi à susciter l'admiration de penseurs nazis. Le délire darwinien est perceptible dans la littérature fanatique d'un gugusse comme Pascal Picq, pas très loin du cinéma de série Z yanki quand il s'agit d'expliquer à ses ouailles ce que l'homme super-évolué sera.

    Il me semble qu'il faut dire immédiatement pourquoi les régimes nationalistes capitalistes se sont emparés de Hegel (blanchissant Heidegger et Arendt promptement), après le régime nazi, qui constitue bien une forme d'accomplissement du modèle juridique hégélien. La raison de l'emprunt à Darwin, Hegel et même Freud est précisément que ces doctrines, sous l'aspect de sciences véritables, dissimulent des idéologies parfaitement réversibles et malléables (suivant la définition matérialiste d'Aristote de l'idéologie dans sa "Physique") : Hegel, Darwin, Heidegger, Jünger, Nitche, Sartre, etc., sont antihistoriques, ne contiennent même aucune dialectique véritable. La destruction de la dialectique permet de faire place nette à l'idéologie.

    De la même façon que l'Eglise tend à éradiquer l'apocalypse (c'est-à-dire l'histoire), l'Etat totalitaire tend à éradiquer toute forme d'art et de science.

    *

    Il me semble à ce stade avoir expliqué suffisamment pourquoi la théorie valable de Guaino & Sarkozy heurte de plein fouet la réalité historique de régimes nationalistes et capitalistes eux-mêmes "hors de l'histoire", et qui non seulement en sont sortis, mais ont tout fait pour maintenir les pays en voie de développement la tête sous l'eau.

    Seul le représentant d'un régime totalitaire - et il n'est même pas certain qu'un dirigeant nazi aurait osé le faire face à une population allemande qui se souvenait peut-être encore alors des vitupérations de Luther contre les usuriers - seul le représentant d'un régime totalitaire peut poser l'équation suivante : progrès historique = accumulation de richesses. Dans ce sens le progrès est "Highway to Hell".

    N'importe quel Africain peut décider d'entrer dans l'histoire s'il le souhaite ; il n'a qu'à lire "Hamlet" et voir le sort que Shakespeare réserve à Claudius et son conseiller Polonius, ainsi qu'à toutes les petites femelles confites en dévotion/obsédées par le sexe et le mariage (Ophélie).


  • Maçonnerie

    La théorie du complot est au service du cinéma nazi dans sa démagogie contre les Juifs, avant que certains Juifs ne se mettent eux-mêmes à dénoncer, de plus en plus, des complots antisémites venant d'un peu partout (jusqu'à plusieurs par semaine sur la chaîne franco-allemande "Arte"). En espérant que son dessein ne soit pas aussi noir que celui du cinéma nazi, on constate que la revue de Claude Lanzmann "Les Temps modernes", développe un véritable discours religieux irrationnel à base de théorie du complot antisémite (on peut se reporter par exemple à l'autodafé posthume de l'oeuvre de Simone Weil par Francis Kaplan dans "Les Temps modernes" ; l'évolution de l'autodafé en autodafé idéologique n'est pas si étonnant quand on sait le rapport qu'entretient l'idéologie avec les éléments).

    On observe en outre que la théorie de la théorie du complot est elle-même une sorte de théorie du complot. On dira en effet : "Untel croit à la théorie du complot" pour dire que c'est un comploteur. Cette parfaite réversibilité indique qu'on est dans le domaine de la rhétorique partisane, véritable spirale médiatico-politique. De là vient certainement, dès ma génération, une suspicion assez générale et croissante à l'encontre des vérités officielles dispensées dans les médiats et l'Education nationale.

    Plus bête que la théorie du complot, y'a pas, sauf peut-être le "syndrome de Stockholm" qui est assez gratiné lui aussi.

    On devrait dire la théorie DES complots. Le seul complot unique et puissant en effet, c'est celui de l'ignorance, puisque l'histoire marxiste ou chrétienne a vocation à réduire tous les complots à néant.

    *

    Shakespeare en tant que chrétien conçoit même la révélation historique comme un combat contre les comploteurs. Là où il est tout à fait prophétique et prend le contrepied de l'idée commune, c'est qu'il peint le complot comme une arme au service de l'Etat : Polonius, Guildenstern et Rosencrantz au service de Claudius, pour mieux se débarrasser de l'homme de science et des vérités qu'il colporte (une situation que François Bacon a lui-même vécue).

    De fait les preuves sont nombreuses dans les siècles suivants, et même immédiatement après Shakespeare dans LE Siècle, que le mensonge le plus puissant est bien le mensonge d'Etat. Peu de temps après Shakespeare, la "monarchie de droit divin" préparée par Bodin ou Hobbes, véritable insulte au Nouveau Testament dans une Europe pourtant officiellement chrétienne, supercherie qui n'est qu'une première étape vers le régime totalitaire actuel, encore plus anthropologique. Comme Simone Weil l'a aussi courageusement prophétisé, à contre-courant, le raisonnement anthropologique est celui de l'esclave ou du primate.

    Nulle part n'a été mieux transmise que dans les Universités d'Etat la perversion cartésienne de la science, son éclatement qui ressemble à un cancer, puisque le meilleur moyen pour l'Etat de régner sur la science (jusqu'aux chercheurs du CNRS qui ne sont plus aujourd'hui pour la plupart que des larbins serviles, des enculeurs de mouches rêvant de se voir attribuer une chronique sur une chaine de télé quelconque, comme Enthoven Jr) est de la diviser en x cellules, comme une ruche.

    A Descartes comme aux nullibistes qui le précèdent ou le suivent jusqu'à Sartre, on peut en effet imputer la consécration rituelle du hasard, c'est-à-dire du destin ou de l'ignorance, comme clé de voûte de la connaissance. On peut lui imputer aussi l'assurance du branleur scolastique, assis sur un petit tas de spéculations, et qui contemple avec mépris des millénaires de savoirs antiques. Le chacal janséniste invente la façon de croire en Dieu et de ne croire en rien en se fondant sur les mêmes arguments cauteleux. Et c'est bien pour le compte de l'Etat qu'il accomplit son forfait.

  • Kerviel parl...BIIIIIP

    Sur "France-Télévision", "JEROME KERVIEL PARLE !"... Il parle pour raconter au bon peuple des téléspectateurs des banalités sur le "métier" de "trader", qu'on aurait pu lire aussi bien dans "Le Point" ou "Télépoche".

    Les banques d'Etat vivent dans l'ignorance de ce que le plus débile croupier sait : le casino finit toujours par gagner. En l'occurrence la banque c'est le "marché mondial", non moins fantomatique que les banques, et qui distribue plus de jetons que les joueurs n'ont d'oseille dans leurs porte-monnaie (c'est ici que le métier de "trader" rejoint celui de braqueur de banque). Tel ne s'assoit à une table de poker sans prendre le risque de se faire plumer, tel est le capitalisme, engageant des vies qui ne lui appartiennent pas dans ce jeu satanique. Ce qui saute aux yeux, c'est la caution morale fournie à ce fric-frac par toutes les autorités morales internationales, et les efforts déployés par ces autorités pour détourner l'attention vers des leurres comme la choa, la raréfaction du nombre des pandas, les attentats du 11 Septembre, etc., après avoir détourné l'attention du mobile industriel et bancaire des guerres de l'ère dite "moderne", caché que les principes philosophiques qui sous-tendent le régime nazi sont plus que jamais en vigueur.

    *

    Kerviel cause, cause, et dès qu'il cite les noms de ceux qui l'ont aidé à perpétrer ses coups, et laisser filer le magot au bout du compte, les noms de ses supérieurs hiérarchiques : BIIIIP... Censuré ! Seuls les noms de Daniel Bouton et d'un certain Luc François, probablement déjà cité dans la presse, passent le barrage de la censure.

    Non seulement Kerviel est utilisé comme un leurre par "France-Télévision" (Il n'y a qu'un lecteur du "Point" ou du "Figaro" pour croire encore à la moralilté des règles comptables. Il y a autant de chances de ne pas voir un comptable tomber dans le faux en écritures que de ne pas voir un Etat puritain sombrer dans la pornocratie), mais par-dessus le marché on l'empêche de divulguer la plus petite information compromettante.

  • Le Sexe des médiats

    E. Nolleau est le critique de plateau télé parfait, qui a pigé que si on peut encore se permettre d'y vilipender tel ou tel bouquin, cet art bénéfique qu'est le cinoche, il vaut mieux éviter d'en dire du mal. Comme on dit au PS du mal de la guerre, mais on vote pour, histoire de faire la part de l'utopie et du financement des partis politiques.

    Dans la même veine moyenne, Nolleau est assez clairvoyant pour discerner la tournure pédophile* des bouquins de Yann Moix, en oubliant de dire que le préau de la littérature française est encombré depuis belle lurette de ludions qui jouent à touche-pipi : Proust, Sartre, Robbe-Grillet et Houellebecq en queue de peloton, qui se languissent du con de leur mère comme c'est pas permis (tendance qui a même donné un spécimen au rayon théologie : Jean Guitton).

    Idem pour le cinoche ; il suffit de se poster à la sortie d'une salle et d'observer la bordée de foetus qui en sort après le générique (sic) de fin, les yeux papillonnant devant le monde réel, comme déstabilisés. A tel point qu'on peut dire d'un cinéphile qu'il est "inné".

    Dans cette nouvelle Carthage effrayante qu'est New York, terrorisante pour une âme d'artiste français avec ses grands phallus futuristes et sa musique, où Céline se réfugie-t-il ? Au cinoche. Baudelaire a assez d'esprit pour maudire la photographie, irruption du décret dans l'art, mais il se fait cependant tirer le portrait pour que sa mère ne l'oublie pas.

    *Compte tenu du risque de poursuite judiciaire, E. Nolleau ne parle pas de "pédophilie", c'est moi qui utilise ce terme dans un sens très large, incluant le sentiment d'homosexualité et même la monogamie entêtée qui dissimule le même besoin de protection maternelle (la sexualité, naturelle et marquée par la perversion pour Freud, est artificielle et marquée par l'inceste pour un chrétien, quel que soit son goût particulier.)

  • Foi d'athée

    J'ai très tôt douté de l'athéisme de mes contemporains, dont on devine assez facilement le rôle social qu'il joue dans le capitalisme. Les Etats-Unis procèdent différemment, par une extrême segmentation, encore plus commode visiblement pour le "business". Des athées sincères il doit y en avoir encore en Chine, dans les foules d'opprimés, car il semble que l'oppression engendre aussi bien une foi naïve qu'un athéisme naïf ; ça correspond à ce que Trissotin nomme pompeusement "syndrome de Stockholm" : un réflexe sentimental.

    (Je mets de côté la folie d'intelloïdes comme Nitche ou Gombrovitch, manifestement due à l'abus de mauvaise littérature germanique ; et naturellement les suppôts de Satan, qui se recrutent plus facilement dans les milieux intellectuels anesthésiés.)

    L'étude des religions antiques prouve, elle, que l'athéisme tel que nous le pratiquons est une croyance assez neuve et isolée. La boutade de Claudel, qui vaut quand même mieux que le pari blasphématoire de Pascal : "Ce n'est quand même pas de ma faute si Dieu existe !" pourrait fort bien avoir été prononcée par d'antiques païens ne "jouant" avec Dieu que dans des limites raisonnables et non à l'infini.

    Ce qu'on observe dans l'Antiquité, c'est bien plutôt une forme de scepticisme savant à l'égard de telle ou telle religion, notamment à l'époque romaine, et qui a dû favoriser grandement la conversion rapide au christianisme. Un scepticisme plutôt comparable à la remise en cause de l'anthropologie judéo-chrétienne par Marx et Engels, dont il n'est pas paradoxal qu'elle ait contribué à allumer une flamme communiste vivace. Lucrèce n'est pas athée ; en revanche on peut dire qu'il se forge sa propre religion, prédestinée pour une raison très précise à plaire aux chrétiens du XVIIe siècle, mais c'est une autre histoire.

    On aboutit au paradoxe (et certainement ce paradoxe a sauté aux yeux de Marx avant moi) que l'athéisme, disons le plus sûr de lui-même, qui tient à peine l'espace de deux siècles sur quelques continents, contre trois mille ans de déisme, cet athéisme est typiquement un athéisme chrétien. Autrement dit, sans le christianisme, Michel Onfray ou Nitche, pour prendre des exemples bien bornés, seraient inconcevables. Sale affaire ! D'autant plus que Onfray ou Nitche ne sont pas responsables. Ils soufflent sur un foyer qu'ils n'ont pas allumé. Ils sont les avatars du piétisme et d'un recentrage -quasi mathématique-, du christianisme sur la foi, véritable vase de Pandora.

    Dans ce cas les insultes de Ben Laden et ses accusations d'impiété sont-elles justifiées ? Oui, elles le sont. D'ailleurs les conversions de jeunes chrétiens à l'islam sont beaucoup plus compréhensibles à l'heure actuelle, étant donné le cynisme presque palpable d'une majorité de peuplades chrétiennes. Reste que les musulmans feraient mieux de comprendre que le piétisme est une voie de garage.

     

     

  • Phénix et Colombe

    Hamlet nomme "Fortune" le destin pour bien montrer qu'il a les pieds trempés dans le sang et l'argent noirs. Providence gonfle les voiles des sbires de Claudius vers la mort.

  • Nid d'hirondelles

    Ce n'est pas Sarkozy qui change le discours sur la croissance et le PIB, mais la croissance et le PIB en berne qui modifient les discours de Sarkozy. Tel est l'homme "sorti de l'histoire" : une hirondelle qui zigzague dans le vent en attendant la tempête.

    Si Claude Allègre défend la notion de croissance industrielle, c'est que l'économie capitaliste est comme la science physique dans laquelle Allègre a foi, entièrement "virtuelle". Peut-on tourner sa veste et inverser la morale cyclique capitaliste, prôner la décroissance ? Théoriquement c'est possible ; vu que la fausse dialectique du progrès scientifique ou économique, indexée sur le temps, est entièrement de l'ordre de la rhétorique binaire, négatif et positif se valent, et en tant que dispositions de l'entendement sont interchangeables. Mais, sur le plan religieux, la perspective de la décroissance risque de n'être pas "porteuse" comme celle de la croissance, même si l'effort des écologistes pour présenter le nouveau capitalisme centripète comme une ascèse puritaine séduit les quelques bobos crétins qui votent Cohn-Bendit.

    *

    Cette affaire de croissance-décroissance fait furieusement penser à ces mondains du XVIIe siècle, Pascal ou Racine, qui endossèrent l'habit de Tartuffe au dernier moment pour tenter de sauver leur peau. Et ce d'autant plus que ces cacouacs ont inventé ce dérivatif à la charité qu'on appelle la grâce, courant alternatif qui circule entre l'oint et sa divinité. Or la grâce n'est autre que l'ancêtre du hasard. Avec la grâce disparaît l'esprit comme le hasard dissout la science. La science-fiction de Dieu engendre la science-fiction tout court. Pascal, Mersenne, Descartes, Gassendi, grenouilles à qui l'eau bénite sert de prisme, réintroduisent le poison du destin et du culte des morts romains dans l'Occident chrétien qui l'avait presque vaincu. Seul le prophète Shakespeare a vu que l'obsession sexuelle fonde aussi bien la putain que le puritain, que la même ferveur les anime ; pornographie et puritanisme sont des états unis.

    Il n'est pas faux de dire que dès le XIIIe siècle le capitalisme est en branle. Le désir de Dante Alighieri, qui possède une longueur historique d'avance sur Thomas d'Aquin, n'est-il pas déjà de préserver l'Eglise, dont la figure est prise entre les astres, de tout commerce avec le temps ? Mais ce n'est que trois siècles plus tard que la mécanique devient cet engrenage infernal et prend le pas sur l'histoire.

  • Bacon as Shakespeare

    I have read somewhere that most of the 'Baconians' are from the USA, refering I guess to Henry James or Mark Twain (I wonder if Ezra Pound was Baconian because James Joyce is 'turning around' and Italian middle-age poetry is both the heart of Pound and one key for understanding some of Shakespeare's plays.):

    - My first remark about that is that a lot of US-writers are feeling in the US-Nation like in a gigantic cell. Those writers are not representing common US-people at all that voted for George Bush because he was wearing a cow-boy's hat or for Barack Obama because he was the cheapest and best means (costed about one milliard $) to give new hymen to a Nation covered of fresh blood and fresh lies (as every Nation: it is in the Constitution of a Nation to make war).

    - Probably US-people are able to feel that Francis Bacon's Science is as far away from US-Science based on computing, mixing numbers with metaphysics without any hierarchy -as far away as possible-, and that Shakespeare's fight against theocrazzy is away from US puritanical idea of Nation (Proof is given in 'Measure for measure' that puritan idea and pornography are grounded on the same sexual obsession, representing the perfect example of what materialist scientists as Aristotle or Marx are calling 'idea', includind two symetric directions.)

    Shakespeare and Bacon are attractive for US-people or writers whose Nation-mother never came into History era, 'further Hercule's Columns'... as two exotic islands are. There is the link.

    - Therefore one has to notice that European today scholars cannot make this link unless offending the honour of the whole scholarship (four hundred centuries without seeing anything in Shakespeare except stylistic details!) Same for England itself. Explaining Shakespeare's plays with the help of Baconian Science and Baconian Science with the help of Shakespeare's tragedies would lead to the understanding that English heroe W. Shakespeare is not very... English. In fact Francis Bacon did not imagined England as the Big National Bankruptcy, a no man's land country as it is now, governed by a ridiculous Queen.

  • Physique quantique

    Il faut bien que Sarkozy ressuscite les idées exsangues de gauche, si personne ne s'y colle vraiment ; qu'il remonte une opposition même factice, comme aux Etats-Unis, faute de quoi la droite est condamnée à errer elle-même comme une âme en peine et se perdre. A cet égard je ne crois pas que Cohn-Bendit soit vraiment un cadeau pour le Président. Il fait un peu trop factice.

    Coca-Cola renforce Pepsi et Pepsi renforce Coca-Cola. Dans un pays où de plus en plus font des études de marché, le principe est simple à comprendre : c'est la théorie de la relativité ; sans cette conjugaison, l'absolu de la phraséologie politicienne meurt, et ce sont des dizaines de milliers de journalistes qui se retrouvent au chômedu ; exit Jacques Julliard, Finkielkraut, BHL, JFK, Joffrin, Fottorino, Giesbert, Zemmour, Duhamel, Onfray, etc. Fini, plus d'écho.

  • Poupée russe

    Débat sur le thème du totalitarisme sur "France Télévision". N'y sera pas abordé -bien entendu- le rôle primordial de la télévision ou de la cinématique en général dans la diffusion de la bêtise, de loin la meilleure arme au service d'un Etat totalitaire. Remarquable en effet la servilité accrue du journaliste par rapport à tous les clergés antérieurs, sa dévotion extrême aux mécanismes politiciens, plus grande encore que celle du politicien lui-même. C'est peu de dire que Hegel ou Maurras triomphent, puisque c'est "politique d'abord"... et surtout rien de plus à côté.

    Il suffit de prendre le train ou le métro, d'entendre les gosses y causer des personnages de films ou de séries télé comme de personnes réelles pour comprendre comment l'infantilisation et l'iconoclasme au cours des cinquante dernières années passent par le cinéma. Des adultes (plus de douze ans) lisant "Harry Potter" dans le métro, les soirées Casimir au "Grand Rex", c'est "1984" d'Orwell accompli, avec toujours le trait de caractère pédophile marquant dans la morale capitaliste.

    Le cinéma c'est l'ultime architecture romantique ; elle conclut l'esthétique nationale-socialiste de Hegel en démontrant que l'architecture c'est la ruine. Le cinoche c'est le sommeil éveillé de l'impuissant. Or ce qui distingue la meilleure architecture, la plus gratuite, la moins politisée, du plus médiocre compilateur de cahier des charges urbaines, c'est que ce dernier tend vers un maximum d'âme, au nombre d'or.

    Nul n'est d'ailleurs plus contraint de croire à la survie de l'âme que le citoyen au milieu d'une dictature ou d'une théocratie, perfusé d'information. Le cinéma par ses hologrammes dispose à la mort.

    Un débat à la télévision sur le totalitarisme, voilà le totalitarisme.

  • Le sens du devoir

    Ce serait quasiment une faute professionnelle de la part de Carla Bruni de ne pas donner un nouvel enfant au président de la R., comme je le dis depuis plus d'un an. Peu importe qu'il soit de lui et d'elle ou d'un des deux, voire d'emprunt, d'ailleurs.

    Il ne faut pas surestimer la capacité des journalistes qui suivent pas-à-pas les exploits de Sarkozy à tirer à la ligne. On peut lire sur le visage de Laurent Joffrin qu'il est à bout de souffle et réclame des biscuits.

    Au risque de paraître cynique - mais la politique n'est-elle pas machiavélique ?- je dirais même plus qu'un enfant emporté par la grippe A décuplerait les chances du couple d'être réélu.

    On n'a jamais que de mauvaises raisons d'avoir des gosses ; celle-là n'est pas la pire.

  • Rentrée littéraire

    "La ville - tu vois bien toi-même - n'en peut plus des vagues qui déferlent ; elle n'a plus la force de redresser la tête du fond du déferlement meurtrier.

    Elle meurt, dans le calice des fleurs où la terre porte ses fruits. Elle meurt dans les troupeaux de boeufs au pâturage et dans les couches avortées des femmes : et, là-dessus, le dieu de fièvre et de feu, le pire des ennemis - une peste -, s'est jeté, au fouet, sur la cité : sous ses coups, la maison de Cadmos se vide, et le noir Hadès est de plus en plus riche de sanglots et de lamentations."

    Sophocle, "Oedipe-tyran"

    La littérature a cette propriété qu'elle n'est pas saisonnière et échappe à la grippe du temps. Le primeur a goût de flétri quand des fruits millénaires nous bouleversent. Quel homme ne désire posséder la formule d'Eschyle ou Sophocle pour rester jeune à jamais ?

  • Expert in Paris

    Would be 'Expert in USA-Policy and History' Nicole Bacharan for French State TV (depending from French governement) made me laugh, when she explained about the New Health-care Deal of Barack Obama that: 'US-people cannot tolerate the interference of the US-Government in their own private lives.'

    First of all: about Obama's New Deal, French people do know exactly its reason: guess why a Government must change its policy facing a big rate of unemployment that makes middle and law 'classes' more and more angry and less devoted to 'patriotic' values? French Prime Minister M. Rocard created a special income of 500$/month for jobless people eighteen years ago after the violent destroying of Unemployment State Agencies by rather small groups of unemployed angry people that the police was unable to fight with efficiency; money made the police. What are huge French Universities teaching History, Psychology or Law for free in every City made for?... if they are not waiting-rooms before unemployment? (Slow increasing of the National income and the unemployment rate is the key to understand the French Policy since 1970's until 2008.)

    Why is French society stronger than USA in the middle of the economic crisis? Juste because teachers are better cops than cops are.

    No doubt that the power of the State on US-Citizen life is stronger than Muslim priests interference on Citizen in Iran Republic. US-Government power on private life is so strong that it has even interference on Iran-Citizen or French-Citizen private lives, although the opposite is not true.

    Three facts prove the big interference of the US-Government on US-people:

    - US Hollywood movies or soaps can be summed-up in a big love song to every kind of cops, from the private one to the CIA-spy, the Irak-Robocop; even the US-Superman or Batman is helping cops! How long did it take to Clint Eastwood to understand he was just part of the US-Propaganda-Staffel? A life! My sisters are less naive.

    We can see on French TV channels belonging to the State or Banks that even US-Scientists are devoted to the Police ('The Experts', 'Numbers'...). Miss Bacharan should speak about these US reluctant Citizens to State invasion to... French cops, who do not go in some areas until they are less than hundred with their helmets and shields.

    - Twice: perfect organization in two big Republican and Democrat parties of US Policy, which does represent the 'Big Dream' of French bureaucracy, lawyers and politicians for twenty years ago after the first electoral victory of the independent French politician Le Pen. Shut up the minorities with such a tool is what French politician would like to do but they cannot. TV-Channels made the biggest part in this direction, and they of course are the strongest weapon of State with school to interfere in private life.

    - Last but not least: the first 'sexual revolution' happened in the USA, which is the best proof that nobody wants to change the Policy axis. One can guess in fact that 'Sexual Revolution' is not the kind of revolution that the Chinese military dictatorship is worried about. Not to say that Sex is -opposite to Art- the main obsession of citizens in Modern dictatorship, until the SM-sex which is 'practicing Sex with a law-book' (coming from Japan where liberty is not the more obvious thing).

    My first personal idea on USA when I walked in this 'would be Nation of Liberty' for the first time was that I was walking in Bade-Wurtemberg or Nordrhein-Wesphalen. After a few minutes a Cop asked me for my passport because I had crossed the street out of the stripes 'O my God'. Where the hell is this US private life that US-people are so afraid to lose? US-people have no private lifes, they have TV-shows.

  • Goebbels pas mort

    Il y a quelques années, l'écrivaine Amélie Nothomb osait comparer les "reality shows" télévisés aux camps de concentration, débordant ainsi largement le cadre de ce qu'il est convenu de dénoncer dans les médiats, avant de retomber au niveau de la métaphysique des Beatles, dont mes frangines se sont lassées vers l'âge de douze ans et demi.

    Si la comparaison camps de concentration/téléréalité est pertinente, alors ça signifie que Benjamin Castaldi est une sorte de "gauleiter" grotesque ? Les flics sont toujours plus ou moins grotesque. La parade du 14-Juillet aux Champs-Elysées n'a-t-elle pas un côté clownesque (que les gosses apprécient à sa juste valeur) ?

    Il me semble qu'il faut cependant nuancer la comparaison de Nothomb pour mieux en saisir le sérieux. D'abord il faut bien voir que la guerre économique diffère de la guerre conventionnelle sur quelques points ; de l'état de nécessité que la guerre conventionnelle renforce, tous les gouvernements -anglais, français, russe, allemand, etc.-, se sont servi pour justifier auprès de la majeure part de la population le rapt d'une minorité de civils et leur incarcération dans des camps. On constate qu'il est plus difficile en temps de guerre économique comme aujourd'hui pour le ministère de l'Intérieur de justifier l'incarcération d'immigrés clandestins auprès de l'opinion publique, qui surveille ce genre d'opérations avec plus d'acuité. J'ai reçu le témoignage direct de "Français de souche" (notion moins stupide que celle d'"identité française" ou d'orthographe) ayant caché des enfants juifs pendant l'Occupation :

    1/ ils connaissaient personnellement les gosses concernés ;

    2/ ils n'avaient pas pris la mesure exacte du danger qui les menaçait s'ils se faisaient pincer, danger probablement assez variable en fonction des divers commandants allemands.

    Cela afin de souligner que les nouveaux moyens de télécommunication ont pour effet de nous isoler davantage les uns des autres que des Français de souche pouvaient l'être il y a soixante ans de gamins d'origine juive. La "télécommunication" renforce "l'attentat contre le réel", expression dont Marx se sert déjà pour caractériser la religion laïque et le capitalisme. Et les télécommunications séduisent avant tout les êtres "hypermoraux", ainsi que la musique (le refuge des faibles dans une société totalitaire est dans une "vie intérieure".)

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    Pour éviter de charger Castaldi, dont on voit bien qu'il ne fait "que faire son métier" (Il n'y a pas de sottes gens, il n'y a que des sots métiers), disons plutôt qu'on constate de la part des sociétés de production qui livrent des gamins en pâture aux spots publicitaires le "modus operandi" habituel de la part d'une administration pénitentiaire. Systématiquement lorsque les "candidats" d'une telle émission s'organisent pour parer les effets pénibles de leur réclusion par une forme de solidarité, de "contrat social" improvisé, ceux qui tirent les ficelles se démènent pour réintroduire le vice et la trahison dans les petits groupes qu'elle manipule, et ce précisément afin de les mieux manipuler. Le système du "kapo" dans un camp de concentration vise "grosso modo" au même but : éviter une trop grande solidarité entre détenus pour ne pas perdre le contrôle de la situation.

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    Je ne peux m'empêcher de remarquer que ce n'est pas là seulement le témoignage que les organisateurs de tels "divertissements" sournois sont moralement tarés (l'exploitation d'affaires pénales privées par les chaînes d'Etat relève du même genre immonde) ; ça prouve aussi leur manque d'imagination et leur bêtise. Baudelaire a raison de dire que le commerçant le plus avisé est, contrairement à une opinion répandue, le commerçant honnête et non l'escroc, qui finit toujours par se faire rattraper par sa bêtise comme on a pu voir avec Madoff ou Daniel Bouton. Autrement dit, miser sur le goût pour la perversité et le vice du public n'est pas un calcul intelligent à long terme (Le propos de Baudelaire sur l'ambiguïté de la vertu rappelle Sophocle ou Shakespeare et dépasse le niveau de raisonnement de la plupart des curés contemporains de tous bords. Il rejoint aussi Marx sur le point que le capitalisme, en tant que procès systématiquement frauduleux, visant un bénéfice illégal, est condamné par avance à la mort par entropie.)

    Le volontariat des postulants à ce type d'émission n'est bien sûr pas une preuve de liberté. Jusqu'à un certain point, les esclaves chinois au service des cartels industriels chinois sont "volontaires" pour travailler. Le principe du totalitarisme implique même ce sentiment d'être libre de dire et de faire ce qu'on veut qui règne en France aujourd'hui, bien que l'opinion publique aujourd'hui se caractérise par son uniformité si on la compare ne serait-ce qu'à la diversité du XIXe siècle. On peut même dire que les moyens de l'oppression physique sont plus limités que ceux de l'oppression rationnelle.

    Il est tout aussi naïf de croire que, sous prétexte qu'on rémunère ses victimes, on n'est pas un esclavagiste. Le maquereau lui-même ne manque pas de payer ses victimes, et parfois grassement s'agissant de putes de luxe. Ce type de justification par la rémunération a en outre l'inconvénient de conférer de la noblesse au slogan païen ou puritain "Arbeit macht frei", et de le faire paraître moins cynique. C'est la peur qui excite d'ailleurs le désir d'argent comme le désir sexuel et non pas du tout le goût de la liberté. Les Yankis dont le niveau de vie excède d'un tiers celui des Français ont-ils l'air d'être affranchis ? Non, ils ont des airs de porcs qu'on mène à l'abattoir.

    Evidemment si on tient les camps de concentration pour une folie, un mouvement irrationnel, on trouvera la comparaison injuste avec la téléréalité qui a un mobile lucratif déclaré. Il faut pour établir un parallèle entre la téléréalité et son mobile industriel et les camps de concentration penser le totalitarisme dans la formule parfaite énoncée par Hegel au XIXe siècle, c'est-à-dire comme un système reposant sur la foi et sur la raison.

  • Les Experts Paris

    Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis pour la télévision publique m'a fait bien rire en commentant la réception du projet de réforme de l'aide sociale d'Obama par la tirade suivante :

    "Les Américains ne supportent pas que l'Etat s'immisce dans leurs affaires privées..."

    D'abord il faut dire que pour ce qui est de la réforme d'Obama, les Français qui l'ont accomplie il y a plus de cinquante ans savent très bien à quoi s'en tenir. Ils n'ont pas besoin d'une spécialiste des Etats-Unis pour leur expliquer la manoeuvre. Elle consiste, dans un Etat où le chômage explose, à protéger les institutions publiques ou privées du mécontement populaire. On appelle ça "lâcher du lest". Si Obama est aussi malin qu'on le dit, il doit aussi ouvrir dans chaque Etat une grande faculté de psychologie, de sociologie ou de droit pour divertir les gosses en attendant que jeunesse se passe, au risque d'en voir sortir un ou deux crétins dans le genre de Cohn-Bendit ou Finkielkraut encombrant la scène publique de leurs gesticulations.

    Quant à l'emprise de l'Etat sur la vie privée des citoyens yankis, probablement beaucoup plus forte que l'emprise des imams sur la société iranienne, elle est repérable à trois phénomènes :

    - Le cinéma yanki, qui se résume presque à un hommage-fleuve à toutes les variétés de flics possibles et imaginables, de l'agent de la CIA en passant par le flic municipal jusqu'aux espèces d'armureries sur pattes expédiés au Moyen-Orient pour s'assurer que le raffinage du pétrole saoudien ou koweïtien s'effectue dans de bonnes conditions, sans oublier le bon vieux shérif destiné à émouvoir la ménagère new-yorkaise de moins de cinquante ans. La Bacharan ferait bien de parler de sa théorie de la résistance des Yankis à la pénétration policière de l'Etat... à des flics français.

    - Deuxio : la parfaite bipolarisation du système électoral yanki, qui fait baver d'envie tous les technocrates français depuis trente ans, c'est-à-dire les premiers succès électoraux de Le Pen.

    - Enfin, les Etats-Unis furent le théâtre de la première révolution dite "sexuelle", c'est-à-dire de la première forme de révolution pratiquement entièrement produite et contrôlée par l'Etat, la moins susceptible de bousculer l'oligarchie en place et qu'on peut presque traiter de "non-révolution". Seul un imbécile comme de Gaulle en France a pu confondre des branleurs avec des révolutionnaires, ce qui lui vaut aujourd'hui les hommages respectueux desdits branleurs parvenus au faîte de leur gloire.

    Si Nicole Bacharan est une spécialiste des Etats-Unis, alors il faut croire que BHL est un agent-double palestinien.

    Ma première impression en foulant le sol de la nation yankie a été de me sentir comme dans le Bade-Wurtemberg, en Westphalie ou en Suisse. Au bout de quelques minutes un agent de police me priait de lui montrer son passeport parce que j'avais traversé la chaussée en dehors des lignes, comme un vilain petit garçon. L'Etat ne peut pas s'immiscer dans la vie privée des Yankis parce qu'ils n'en ont pas ; ils ont des postes de télé. Quand ils sont "gays" on les autorise à se marier et ils trouvent le moyen de s'en sentir plus... libres. Il n'est même pas certain qu'un type comme Sarkozy pourrait s'acclimater aux Etats-Unis.

  • Physique quantique

    Quelque six cent nouveaux romans sur les étals de septembre. En les additionnant les producteurs comptent que ça va faire une somme.

  • La Bataille finale

    L'érudit Georges Dumézil, expert ès religions païennes - surtout de la romaine -, distribue les mythes antiques en trois, voire quatre fonctions de l'homme qu'il note F1, F2, F3 et F4, de la plus noble à la plus basse : F1 : fonction scientifique ; F2 : fonction de commandement ; F3 : fonction morale, sentimentale ; F4 : fonction "noire", regroupant les activités troubles ou malhonnêtes de l'homme (je reprends de mémoire une classification qui ne prétend pas être d'une grande rigueur, même si Dumézil va jusqu'à rattacher tel ou tel clan et province irlandais à telle ou telle fonction humaine ainsi délimitée.)

    Etonnement de Dumézil car, alors même que le dernier côté du carré - la fonction dite F4 -, semble ne recouvrir qu'un aspect marginal des activités humaines, le "côté sombre de la force" comme disent les gosses aujourd'hui, lors de la "bataille finale" qu'on retrouve dans presque tous les récits mythologiques (le cinéma yanki entretient les rêves dans la religion laïque depuis quelques lustres), la fonction F4 a pris le dessus en quelque sorte sur les trois autres, l'issue de la bataille étant donc plus qu'indécise.

    Dumézil aurait pu rapprocher ce "phénomène" dont le sens lui échappe du : "Il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus", du Testament chrétien, qui ne doit pas être compris comme une "menace" prononcée par une autorité morale, mais comme un constat "historique" (eschatologique).

    Si on prend la guerre de Troie pour un récit de bataille finale et qu'on y prête bien attention, on peut observer, et c'est même ce qui fait la difficulté pour le lecteur de se positionner derrière les Troyens ou derrière les Achéens sans hésiter, que cette guerre de dix ans n'oppose pas F1 ou F2 à F4, mais bien plutôt F1-Athéna à F2-Apollon, Zeus et Poséidon semblant adopter une attitude plus ou moins neutres. L'énigme de Dumézil paraît donc quasiment résolue par Homère. Le problème de Dumézil vient de ce qu'il applique une grille de lecture anthropologique à des fables qui ne le sont que peu, voire pas du tout. Chez Lévi-Strauss, l'effet de mirage est encore plus grand, qui l'entraîne à intégrer aux mythes laïcs, qui composent une véritable "mythomanie" laïque, des aspects d'une mythologie laïque extrapolée, l'idée idiote selon laquelle la société se construit contre l'inceste, quand l'inceste est d'abord un tabou capitaliste/laïc (qui trahit l'obsession morale).

    On est bien sûr encouragé à lire l'"Iliade" comme un récit apocalyptique par le fait que ce récit a fait couler beaucoup de théologie, à commencer par celles d'Eschyle, Sophocle ou Shakespeare, pour ne citer que des auteurs écrivant dans le marbre et possédant le sens supérieur de la prose. On opposera à juste titre que la prise d'Ilion n'est pas "finale", puisque Enée s'échappe, d'une part, et va fonder Rome, la mère des nations chrétiennes ; pour Ulysse d'autre part le plus dur reste à faire, puisque ayant acquis la gloire, il lui faut encore retourner à Ithaque auprès de Pénélope à qui il semble presque aussi attaché que Dante Alighieri à sa Béatrice.

    Mais la dialectique de l'histoire chrétienne elle-même, rassemblée dans la vision de Jean à Patmos, ne se ramène au seul aspect d'une bataille finale entre des combattants cuirassés.

    Ce qui rapproche en outre l'imaginaire des fables grecques de l'imaginaire chrétien, outre le simple fait que la Bible traite une partie de la mythologie grecque comme un pan de l'histoire, tandis que les autres mythologies, celtiques ou germaniques paraissent moins subtiles (tout en l'étant beaucoup plus que le cinéma hollywoodien avec ses grotesques voyages dans le temps et son décorum de supermarché), c'est le peu d'importance accordée à des astres tels que la lune ou le soleil, qui dans les mythes païens barbares correspondent souvent à des divinités majeures. Athéné et Apollon qui s'opposent en outre représentent deux sortes de beauté et de lumière différentes telles que les Evangiles les présentent aussi, antagonistes.