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christianisme

  • Chrétien à l'insu de son plein gré ?

    Peut-on être chrétien sans même savoir qu'on l'est ? A priori, l'affirmation de l'Apôtre Paul selon laquelle "Seule la Foi sauve" s'y oppose. Comment pourrait-on être chrétien sans connaître la Foi ?

    Il faut tout de même remettre l'affirmation de Paul de Tarse dans son contexte anticlérical pour mieux la comprendre : le clergé juif avait étouffé la Foi sous un tas de rituels ecclésiastiques. "Seule la Foi sauve" veut dire : la Parole de Dieu, et non les sacrements et les rituels des prêtres, qui peuvent se tromper au point de ne pas reconnaître dans Jésus-Christ le fils de Dieu, et le condamner à mort.

    Si les évangiles ne condamnent pas absolument le besoin social de rituels, ils soulignent que ce besoin s'ancre dans la Terre et non dans le Ciel ("Laissez les morts enterrer leurs morts !" Lc 9-60). Féminin ô combien, le goût des rituels : ne dit-on pas d'un homme qui manque de simplicité qu'il est une sorte de femme ?

    (Le rituel catholique du mariage est un tout autre problème, largement traité par Shakespeare, car il porte directement atteinte à la Foi.)

    La Foi protège donc le chrétien des errements humains terrestres. Mais Augustin d'Hippone propose cette métaphore limpide pour décrire l'état du chrétien qui possède la Foi "sèche" sans la Charité : il dit que le chrétien qui n'a que la Foi est "comme un homme assis dans le bon chemin, qui n'avance pas dans ce chemin."

    Il y a déjà un chrétien qui ignore qu'il est chrétien dans les évangiles, c'est le bon Samaritain, dont Jésus-Christ explique qu'il se comporte comme un Juif devrait, alors même qu'il ignore les commandements de Iahvé.

  • La misogynie comme péché

    Traiter le thème de "la misogynie comme péché" est une manière de décoder la culture contemporaine, que la sociologie et les sociologues s'emploient au contraire à chiffrer. Précisons que mon propos n'a pas grand-chose à voir avec celui d'E. Zemmour, qui ne prend pas en compte le bouleversement des moeurs résultant de l'économie capitaliste, ce qui revient à ignorer l'élément liquide quand on écrit un traité sur la navigation en mer.

    L'éthique occidentale est désormais structurée autour de l'inculpation de la virilité. Cela ne veut pas dire, en pratique, que tous les hommes l'admettent - certains mêmes se rebiffent -, mais cela veut dire que l'argument féministe est un concentré de l'éthique occidentale : "Je suis féministe, donc je suis Occidental." La misogynie est devenue un péché.

    C'est pourquoi le féminisme a autant d'écho, bien que les militants féministes ne représentent qu'une petite minorité de femmes et d'hommes ; le féminisme a, par ailleurs, perdu toute signification univoque. Je lisais récemment le témoignage d'une jeune femme, militante d'une organisation féministe luttant contre la prostitution, expliquant qu'elle avait été agressée physiquement par d'autres féministes, luttant au contraire pour faciliter la prostitution (on retrouve là les deux formes d'anarcho-capitalisme "de gauche" et "de droite").

    L'Occident impérialiste ne s'avance plus "au nom du christianisme", mais "au nom du féminisme", c'est-à-dire d'un christianisme sécularisé. Cet aspect de la propagande est d'autant plus évident en cas d'invasion d'une nation ou d'une région où la paysannerie n'a pas encore dit son dernier mot. Dans le cas de l'affrontement médiatique de deux hommes, V. Poutine et V. Zélenski, la propagande occidentale n'a pas manqué de caricaturer V. Poutine en despote viril, bien que l'Ukraine soit moins moderne sur le plan économique que la Russie.

    Ainsi l'on voit que le christianisme, s'il peut paraître avoir régressé sur le plan religieux en Occident, reste largement dominant, de fait, sous la forme d'une culture féministe qui conserve sa fonction de diabolisation. Autrement dit, les anarcho-capitalistes de droite comme de gauche sont des chrétiens qui s'ignorent, et cela pour une raison simple : l'anarchie est inconcevable en dehors du contexte chrétien (F. Nietzsche en a fait la démonstration, tout en occultant que l'anarchie vient des élites chrétiennes, tentant de persuader qu'elle est une "morale des faibles".)

    Le féminisme s'impose d'autant plus comme un argument impérialiste que les Etats-Unis sont devenus la première puissance mondiale au cours de la seconde moitié du XXe siècle ; la France républicaine n'a jamais eu besoin de cet argument-là (la misogynie républicaine 1790-1940 est anticatholique).

    Le cas Donald Trump mérite qu'on s'y attarde, car c'est un objet politique difficilement identifiable vu de France.

    Il faut dire d'emblée que la propagande de D. Trump vise un électorat isolationniste : le féminisme n'a donc, sur le plan rhétorique, aucun intérêt pour le candidat républicain, qui sait parfaitement que la majorité des femmes ne sont pas des militantes radicales. Trump ne drague pas comme son adversaire des minorités ethniques et religieuses éparses, mais l'Américain "moyen". Le parti républicain ne se targue pas d'exporter la civilisation, comme le parti démocrate. La civilisation, pour D. Trump, se résume à l'argent et au ruissellement de celui-ci. Du point de vue européen, l'idéologie politique trumpiste est proche du néant.

    Contrairement au catholicisme et au protestantisme en Europe, pratiquement dissouts dans la démocratie-chrétienne, le protestantisme américain demeure religieusement vivace sous la forme de sectes évangéliques, parfois substantiellement différentes les unes des autres, mais qui ont en commun une organisation ecclésiastique où le père de famille et le prêtre ne font pratiquement qu'un. Le débat fait rage aux Etats-Unis pour cette raison entre Républicains et Démocrates sur le changement sociétal - un débat parfaitement stérile dans le contexte capitaliste, mais qui mobilise deux camps manipulés par leurs leaders respectifs, prêts à en découdre.

    D. Trump a entrepris habilement de fédérer cet électorat contre le changement sociétal qui, c'est là la contradiction profonde de son discours, est une évolution des moeurs qui porte la marque du capitalisme. Il n'est pas impossible que cette contradiction soit perçue comme une ruse diabolique par certains fondamentalistes évangéliques illuminés de son propre camp.

    Hannah Arendt s'est trompée en disculpant le christianisme et en accusant les seuls régimes communiste et nazi d'être des régimes totalitaires. La notion de "monde libre" appliquée au Etats-Unis, si on pouvait encore l'admettre quelques années après la fin de la Seconde guerre mondiale et du choc titanesque entre l'Allemagne et l'Union soviétique, a perdu très vite son sens au cours de la Guerre froide, qui a suscité deux nouveaux monstres badigeonnés en hâte d'arguments humanistes, répétant les méthodes de l'Allemagne nazie. A. Huxley, en revanche, ne s'y est pas trompé, incluant les "valeurs judéo-chrétiennes" dans sa satire d'un monde sans pitié pour les plus faibles et en désignant la technologie comme le culte commun aux trois totalitarismes nazi, communiste et démocrate-chrétien.

    H. Arendt s'appuie pour sa démonstration sur l'analyse de "La Cité de Dieu" (d'Augustin d'Hippone). Mais cette doctrine qui tend à désacraliser le pouvoir politique romain est très peu représentative du pouvoir chrétien tel qu'il a été exercé au cours du dernier millénaire, que ce pouvoir soit catholique ou même protestant. Si la théocratie est facile à déceler dans la vieille monarchie catholique défunte, elle perdure dans la démocratie-chrétienne où la monnaie, le dollar, a une valeur et une fonction eucharistiques. Comme le droit divin monarchique renforçait la puissance publique monarchique, le dollar soutient la démocratie-chrétienne américaine.

  • La faute à Bacon ?

    L'indice NASDAQ est l'indice vedette de la Bourse de New York car c'est l'indice des valeurs technologiques. Elles ont pris, au stade de sa désindustrialisation, une importance prépondérante dans l'économie américaine. Il est trop tôt pour dire si le développement de l'intelligence artificielle sera la poule aux oeufs d'or que les médias annoncent, mais d'ores et déjà les investisseurs inondent de leurs milliards les entreprises spécialisées dans le développement de cette technologie.

    Il n'est donc pas tout à fait exact de dire que la technologie a, au cours du XXe siècle, entièrement colonisé la notion de Progrès, transformant celui-ci peu à peu en une sorte de religion animiste du gadget technologique, religion qui a englouti l'Art au passage.

    Le développement technologique débridé, au point de doter le foyer bourgeois moyen de deux ou trois voitures, n'est pas un développement technologique : il obéit à une logique d'investissement capitaliste, ce qui explique que le bilan ne soit jamais fait de tel ou tel "progrès technologique".

    Bien que les preuves abondent a posteriori de l'inefficacité de la nouvelle technologie vaccinale ARN pour lutter contre l'épidémie de coronavirus, aucun bilan médical sérieux n'est fait : non seulement cela entamerait définitivement la crédibilité des politiciens qui en ont fait la panacée universelle, mais encore cela risquerait de brider les futurs investissements dans l'industrie pharmaceutique. Qui a le plus à gagner à la confusion de la science et de la science-fiction ? Les banques d'investissement, qui jouent nos vies aux dés.

    L'étouffement de l'Art, son ensevelissement sous la production industrielle et la culture de masse, a suscité en France, dès la fin du XIXe siècle, des réactions dans les milieux culturels et artistiques. Le destin de l'Allemagne industrielle et son culte de la technologie a donné raison à ceux qui voyaient dans la bourgeoisie industrielle un retour de la barbarie. Est-ce qu'une nation s'est plus enivrée de progrès technologique que l'Allemagne nazie ?

    Quelques penseurs réactionnaires néo-païens, à commencer par Nietzsche, ont essayé de mettre la barbarie moderne, le "règne de la quantité", sur le compte de la culture chrétienne prométhéenne. On peut soupçonner la mauvaise foi de la part de Nietzsche, ou au moins le dilettantisme, car il prétendait avoir lu F. Bacon.

    Or Bacon démontre doublement que le christianisme est une religion prométhéenne (qui ne s'oppose pas à l'élucidation des processus physiques, à la dissection de la Nature) ET que les découvertes technologiques ne sont qu'un fruit, secondaire, de la philosophie naturelle (la science).

    Mieux que cela, Bacon a pris soin de prévenir ses disciples du danger de la cupidité humaine, qui sur le terrain de la science peut avoir des effets catastrophiques aussi.

    Bacon aurait-il vu dans le catastrophique et barbare XXe siècle une ère prométhéenne ? Certainement pas, puisque la technologie a échappé à l'homme au cours de ce siècle, comme la créature du Dr Frankenstein lui échappe ; loin de maîtriser la technologie, l'Allemagne nazie s'est retrouvée sous un déluge de feu mortel. Qui sait si la Chine, en usant et abusant de l'eugénisme, ne s'est pas suicidée sans le savoir ?

    "Le pouvoir n'est pas corrompu en soi, c'est l'homme qui l'est.", dit Bacon ; il en va de même du pouvoir technologique.

    Notre époque paraît bien plutôt "épiméthéenne", non seulement à cause de la résurgence de l'islam, mais en raison de la passivité extrême des masses, rassemblées sous le nom de "grandes démocraties", et qui cultivent le progrès sous la forme du gadget et de la performance. Rien de plus épiméthéen que le confort intellectuel.

  • Autour du nombre 666 (2)

    Billet en réponse à une objection faite à l'interprétation du "nombre de la bête" comme un nombre désignant le "calcul humain" et non un homme en particulier (Hérode, Néron, l'évêque de Rome, Hitler...).

    Pour replacer l'objection dans son contexte, on peut lire la note contestée, ainsi que l'interprétation attribuée à Tresmontant.

    - Le débat a lieu depuis les premiers temps du christianisme de savoir si la vision apocalyptique de Jean a une valeur limitée aux premières années de l'Eglise ou si elle a une portée plus large, eschatologique.
    Je penche pour la deuxième interprétation, pour plusieurs raisons : la principale est que les avertissements contenus dans l'apocalypse de Jean coïncident avec ceux contenus dans l'apocalypse de l'Apôtre (Paul) et les avertissements du Messie lui-même.

    Les chrétiens qui négligent l'apocalypse de Jean, négligent en général aussi l'enseignement de Paul (qui dissuade de croire que l'on peut obtenir le Salut en accomplissant de "bonnes oeuvres").

    - Une raison complémentaire est le caractère symbolique ou mythologique de l'apocalypse de Jean, qui est une formule littéraire "conservatoire", faite pour durer.

    On ne voit pas bien pourquoi la vision de Jean annoncerait un événement proche d'une manière symbolique, difficile à comprendre ("bête de la mer", "bête de la terre", "cavaliers de l'apocalypse"...). La vision du prophète Daniel décrit aussi des événements très lointains à l'échelle humaine, vision qui présente de nombreuses analogies avec la vision de Jean.

    Pour ces raisons (et d'autres encore expliquées dans ce blog), je ne crois pas que le nombre 666 désigne un homme en particulier, satan,apocalypse,jean,666,christianisme,tresmontant,paul,shakespearebien qu'il soit tentant comme cela a été fait pendant des siècles de démasquer tel ou tel : Hérode, Néron, Hitler...

    Je penche du côté des interprètes qui voient dans le nombre 666 l'indication d'un "déterminisme" ou d'une volonté humaine. Comme je l'explique dans un petit essai, l'oeuvre à caractère mythologique de Shakespeare dévoile la signification du nombre 666, "qui est un nombre d'homme", tout spécialement "Roméo & Juliette".

  • Satan dans l'Eglise

    - Je ne suis pas croyant, mais je suis très attaché à la culture catholique… je me pose des questions…

    Il ne se passe pas une semaine sans que je lise ou entende ce propos dans la bouche d’un journaliste ou d’un essayiste. L’incendie récent de vieilles cathédrales gothiques stimule ces professions de foi identitaire.

    L’approfondissement de la Foi, exigé par le Messie de ses apôtres, permet de reconnaître dans cette sorte de discours le satanisme le plus répandu et le plus actif, notamment en France et en Italie, dans tous les pays de « culture catholique » - étiquette absolument dénuée de sens spirituel.

    Ajoutons que la « culture catholique » et l’islam sont deux phénomènes identiques, très proches du nationalisme laïc.

    Ladite « culture catholique » ou « culture chrétienne » est en réalité un produit dérivé de la philosophie animiste de Platon.

    La religion des Pharisiens, ennemis de Jésus-Christ du temps de sa vie publique, peut elle-même être définie comme un judaïsme identitaire, c’est-à-dire un judaïsme coupé de la Foi des prophètes juifs, un judaïsme institutionnel.

    Comme l’homme se nourrit de pain et de vin, le chrétien se nourrit de la Parole divine. Il est donc le plus éloigné de l’idée de pain mystique ou de vin mystique, d’art mystique, de culture mystique.

    Le satanisme identitaire a un équivalent aux Etats-Unis, une formule encore plus grossière, qui tient compte de la culture particulière de cette nation "ultime" ; connue sous le nom d’« évangile de prospérité » et propagée par les fameux « télévangélistes » ; après le sacerdoce, le mariage, voici la martingale élevée au rang de sacrement.

    Avant d’être confirmés dans la Foi par l’Esprit, les premiers apôtres eux-mêmes ont fait le pari de suivre Jésus, aveuglément, comme des enfants suivent leurs parents. La Foi donne la vue aux aveugles, qui ne se laissent pas abuser par le faux-semblant satanique de la "culture chrétienne", du "génie du christianisme", de "l'évangile de prospérité", de la "démocratie chrétienne"...

  • Education chrétienne

    Pas plus qu'il n'y a de politique chrétienne à proprement parler, il n'y a d'éducation chrétienne à proprement parler, c'est-à-dire de programme éducatif qui puisse s'appuyer sur la parole de Dieu.

    Prenons un exemple: les jeunes gens vivant aujourd'hui dans une grande ville occidentale sont particulièrement exposés au vice, compte tenu de l'extraordinaire richesse actuelle, parfois mal acquise, de l'Occident.

    Vivre dans un pays au train de vie plus modeste expose moins au vice. Par "vice" j'entends ici surtout de "divertissement", caractéristique des moeurs occidentales contemporaines.

    Il n'est bien sûr aucun besoin d'être chrétien pour remarquer ce péril et en tirer les conséquences dans le domaine éducatif. Depuis des millénaires, les conséquences funestes de l'excès de richesse ont été soulignées par maints philosophes ou moralistes. - Malheur à une civilisation qui repose sur l'argent ! a dit un moraliste à la fin du XIXe siècle, et celui-ci n'était pas chrétien mais seulement un bon observateur de l'âme humaine.

    Prétendre qu'il y a une "éducation chrétienne" implique de définir la "morale chrétienne" ; si elle ne repose pas sur la nature, comme l'éthique des païens, sur quoi repose-t-elle donc ? Sur la Loi juive ? Celle-ci procure la connaissance du péché, dit l'Apôtre, mais ne mène pas au Salut. On doit comprendre ici que le Salut, priorité chrétienne absolue, ne consiste pas dans l'exercice de la vertu, en quoi de nombreuses religions païennes peuvent être bonnes.

    - Aimez-vous les uns les uns autres, commandement de Jésus à ses disciples qui résume tout, n'est pas un précepte éducatif. On n'enseigne pas à aimer comme on enseigne à être sobre ou à respecter ses voisins. On peut être un homme ou même une femme vertueuse, respectueuse de soi et d'autrui, tout en ignorant l'amour de Dieu.

    Comme l'interdiction de fonder le royaume de Dieu sur la terre interdit de mélanger les questions politiques et la parole de Dieu sous peine d'être damné, le salut accordé par le Christ à un criminel condamné à mort est dissuasif de prôner une quelconque "morale chrétienne", de même que la plupart des paraboles de Jésus.

    Gare, donc, à l'espèce des pédagogues ou des psychologues chrétiens : ils ne savent pas ce qu'ils disent.

  • Darwin et le christianisme

    Commentaire d'un ouvrage de François Euvé, jésuite diplômé en physique et théologie, intitulé "Darwin et le christianisme" et sous-titré : "Vrais et faux débats" (2009, Buchet-Chastel).

    Comme je l'ai déjà exposé auparavant sur ce blog, l'idée que la science athée darwinienne renverse des convictions religieuses chrétiennes est un point de vue superficiel qui relève de la propagande ; l'instrumentalisation de la science, tout autant que l'instrumentalisation de la religion sont deux phénomènes (politiques) qui gênent l'examen de la foi chrétienne autant qu'elles perturbent le progrès de la science.

    Contemporain de Darwin, Alfred Russel Wallace formula ainsi la même hypothèse transformiste que son confrère naturaliste ; il s'en est fallu de peu, disent certains historiens de la science, pour que l'on parle de "wallacisme" afin de désigner la science naturelle transformiste. Or, pour Wallace, le schéma transformiste n'exclut pas l'intervention de Dieu. Par ailleurs les rapports de Darwin avec son éducation chrétienne, et plus encore sa formation scientifique imprégnée de "théologie naturelle", sont pour le moins compliqués.

    L'auteur de l'essai dont nous allons dire quelques mots prouve par sa personne qu'il est abusif d'opposer systématiquement le darwinisme au christianisme (comme on fait souvent en France) ; François Euvé est en effet jésuite (catholique) et convaincu par l'hypothèse transformiste darwinienne. Je dirais qu'il a "foi en elle", afin de souligner l'ambiguïté des rapports entre les questions scientifique et religieuse, ambiguïté sur lequel le principal mérite de son essai est d'attirer l'attention.

    Sur le plan scientifique à proprement parler, l'auteur est moins convaincant, en particulier quand il s'efforce de démontrer que le statut hypothétique de la théorie darwiniste ou post-darwiniste n'altère en rien son crédit scientifique.

    Il faut dire (plus nettement que F. Euvé) que la foi est très présente dans le domaine de la science moderne, ne serait-ce que parce que beaucoup font confiance aux manuels de science et enseignants qui dispensent des cours, se contentant en quelque sorte de dogmes et d'axiomes, sans pousser plus loin les vérifications ni l'étude. Au cours de l'ère industrielle, dont on peut croire la science darwinienne typique, la science est largement un substitut de la religion. Ne voit-on pas la science invoquée en toutes circonstances, y compris les moins sérieusement scientifiques, d'une façon qui évoque la superstition religieuse ? La théorie darwinienne n'est-elle pas le lieu du glissement de dieu à la science ? La structure hypothétique de la science transformiste peut le faire soupçonner. 

    - De façon utile, l'auteur souligne le rapport étroit entre l'hypothèse darwinienne et l'idée de "progrès social" ; il est en effet beaucoup plus juste de dire qu'une telle utopie politique, sous diverses bannières ou étiquettes, se trouve appuyée par l'hypothèse transformiste darwinienne, plutôt que l'athéisme proprement dit.

    L'idée de progrès social ne séduit pas particulièrement Darwin lui-même, mais incontestablement le succès public de son hypothèse, fulgurant, vient donc de ce qu'il fournit un arrière-plan scientifique à l'utopie du progrès (hypothèse morale et/ou politique).

    J'ajoute ici en disant qu'un philosophe tel que F. Nietzsche (célèbre en raison de son antichristianisme), doctrinaire le plus résistant à l'idée qu'un quelconque "progrès social", stigmatisée par lui comme une illusion chrétienne, ce philosophe est également sceptique devant l'hypothèse darwinienne ; il se demande si elle ne consiste pas à plaquer sur la nature une idée (fausse) de progrès social.

    - F. Euvé indique que les anti-darwinistes, chrétiens ou non, se sont beaucoup appuyés sur le principe "hypothétique" du transformisme darwinien pour le combattre, insistant sur l'inachèvement de la science darwinienne. L'auteur combat cet argument, mais sans grande efficacité ; il nous faudrait en effet admettre, selon lui, que l'hypothèse est la meilleure formulation de la science, désormais, de sorte qu'il serait rationnel de penser que la science "évolue" comme son objet. Un tel raisonnement est plus proche de la science-fiction que de la science ; que faire des certitudes scientifiques acquises (sphéricité de la terre) dans ce nouveau cadre épistémologique évolutif, qu'il nous est demandé d'entériner sans émettre la critique qu'il est plutôt le signe d'une crise de la méthode scientifique ?

    - De même, François Euvé est conscient que la place accordée au hasard par la science évolutionniste heurte la méthode voire l'esprit scientifique. Le hasard a été rapproché par les plus éminents savants naturalistes, de l'Antiquité comme des temps modernes, de l'ignorance. Etudier la physique (nature), aux yeux d'Aristote, c'est combattre le hasard, explication marquée par la superstition.

    Le hasard représente donc une sorte de "trou noir" au milieu de l'hypothèse transformiste. F. Euvé s'emploie à le combattre en décomposant ce hasard à son tour dans plusieurs "définitions" qu'il donne de ce mot complexe, selon lui : "chance", "aléa", "contingence", de sorte à faire émerger, à côté du "mauvais hasard" un "bon hasard" compatible avec la méthode scientifique. Ce "bon hasard" est avant tout compatible avec les lois de la mécanique moderne (géométrie algébrique).

    Au milieu de cet exposé lexical, se trouve une assertion fort discutable, à  savoir que "l'une des composantes importantes de la connaissance scientifique est la capacité de prédiction." La capacité de prédiction est une capacité attribuée à l'astrologie, ou à sa petite soeur moderne la science statistique, voire à l'histoire ; mais chacun ou presque s'accorde à dire que ce sont là des sciences inexactes.

    Une remarque importante doit être faite ici à propos du malthusianisme ; les travaux de Malthus sur la démographie humaine, qui ont un caractère prédictif, ont influencé Darwin dans la formulation de son hypothèse transformiste. Or plusieurs historiens ont réfuté avec des arguments sérieux l'exposé théorique de Malthus ("Essai sur le principe de population"), qui n'a qu'une valeur probabiliste et politique relative.

    De surcroît la place du hasard dans la science darwinienne n'a fait que croître au fil du temps, de sorte qu'il n'est pas certain que Darwin lui-même, compte tenu de sa formation scientifique, serait encore darwinien aujourd'hui (c'est sans doute là une hypothèse excessivement audacieuse) ; en effet, au-delà de la ou des définitions du "hasard", celui-ci sert dans la science évolutionniste à accorder des indices non-concordants voire discordants entre eux. Une science dont tous les éléments de preuve expérimentaux se complètement logiquement n'a pas besoin de faire appel au hasard. On parle (depuis Ernst Mayr) de "synthèse évolutionniste" pour qualifier le dernier état de la science post-darwiniste ; c'est une expression inappropriée pour parler d'une théorie qui s'appuie sur de nombreux indices et détails observés, dans des disciplines aussi diverses que la génétique, la botanique, la géologie, la biochimie... qu'il faut de très épais volumes pour compiler ensemble et établir une convergence.

    - Encore à propos de vocabulaire, François Euvé fait observer que l'évêque de Rome, la plus haute autorité de l'Eglise romaine a fini par reconnaître que l'hypothèse transformiste est "plus qu'une hypothèse" (sic) ; on veut montrer ainsi que l'Eglise romaine ne campe pas sur des positions conservatrices. Cependant on se doit d'ajouter immédiatement que cette formulation est dépourvue de sens sur le plan scientifique. Le pape susciterait l'hilarité générale s'il disait estimer que Dieu existe à 99% ou que la terre est très probablement sphérique.

    Le propos de François Euvé touchant à la méthode scientifique fait craindre que la science darwinienne ne reflète une méthode qui accorde une place excessive à la mécanique (statistiques et probabilités), au détriment de la preuve expérimentale. La confusion entre la théorie transformiste de Darwin et les différentes formes de darwinisme social serait ainsi entretenue par le "flou scientifique" de la théorie.

    L'essayiste s'efforce d'ailleurs de laver Darwin du soupçon de compromission avec le "darwinisme social", ou encore l'eugénisme, propos dérivés de l'hypothèse transformiste de Darwin ; étant donné la proche parenté du "darwinisme social" avec le nazisme ou le capitalisme, cette accointance trouble certains savants darwinistes.

    Mais, s'il est exact que Darwin ne pensait pas que l'on puisse améliorer la race humaine par le moyen matérialiste de la biologie, il n'est pas moins vrai que l'hypothèse transformiste ouvre droit à différentes hypothèses "technico-sociales" ou "juridico-sociales" - et c'est bien là tout le problème, d'un point de vue strictement scientifique. Autrement dit, l'éthique et la science répondent-elles aux mêmes buts et motivations ?

    L'aspect prédictif du transformisme darwinien incite à se demander s'il s'agit bien là vraiment d'une science fondamentale, et non de la transposition d'une représentation anthropologique (progressiste) dans l'ordre naturel ? Le nazisme et le libéralisme (capitalisme) sont des idéologies progressistes, quoi que l'on pense de leurs méthodes et résultats.

    Le principe de la transposition d'une loi naturelle dans l'ordre humain est un principe qui relève de la technique (imitation de la nature) et non de la science au sens strict.

    Un élément jette cependant le discrédit sur l'ensemble de l'essai de François Euvé ; il est cette fois d'ordre théologique. L'auteur explique que la théorie transformiste de Darwin, dont nous venons de voir qu'elle a des ramifications d'ordre philosophique chez Darwin lui-même, se heurte notamment à la notion de "péché originel", telle que celle-ci est esquissée de façon imagée dans le récit de la Genèse, puis précisée par Jésus-Christ et les apôtres.

    Dans un chapitre intitulé : "La mort est-elle naturelle ?", F. Euvé écrit : "Les textes de l'Ecriture sont sans équivoque, en particulier saint Paul : "C'est par un homme que le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort."

    F. Euvé fait bien de fournir cette précision : la mort est un phénomène biologique dont l'amour, selon les évangiles chrétiens, peut affranchir l'homme. Il y a bien une idée de "progrès spirituel" dans les évangiles, mais cette idée est absolument étrangère à l'idéologie du progrès social à laquelle le transformisme darwinien conduit (voire d'où il vient).

    Aussitôt après avoir dit cela, l'auteur propose de s'écarter de la théologie de Paul élucidant la mort comme l'effet du péché, en suggérant que l'apôtre, par "mort", ne parle pas de "mort biologique" [?] ; il n'hésite pas à conclure, comme un slogan ou une profession de foi personnelle : "Renoncer à retenir sa vie est le gage de l'accès à la vie authentique."

    On a ici le choix de croire vraie l'opinion d'un jésuite ou celle de Paul et de Jésus-Christ (dont le propos sur la mort et le péché précède celui de l'apôtre).

    Voilà donc un jésuite qui prétend rapporter avec soin l'hypothèse scientifique de Darwin, refuse certaines simplifications abusives, mais se met à broder dès lors qu'il aborde le sujet de la théologie !?

    Ce que le jésuite F. Euvé ne dit pas, c'est que la doctrine catholique, en de nombreux points s'affranchit de la notion évangélique de péché originel. En effet il n'y a pas de "doctrine sociale chrétienne" possible, car les chrétiens sont les mieux prévenus (par les évangiles) contre l'idéologie du progrès social. Or le catholicisme n'a pas le monopole de ce détournement des écritures saintes à des fins politico-sociales : c'est aussi le fait de la "théologie naturelle", cette discipline académique qui servit au jeune Darwin de cadre philosophique à ses études. 

    Cette question théologique paraîtra peut-être au profane éloignée de la question de la théorie darwinienne du transformisme ; qu'il se souvienne, dans ce cas, que Darwin est un disciple de la "théologie naturelle" chrétienne, c'est-à-dire d'une discipline académique qui, d'un point de vue théologique chrétien, comme du point de vue de la science naturelle, est une discipline étrange qui justifie que l'on approfondisse le rapport de Darwin avec ses convictions religieuses.

    (inachevé)

  • Contre Sainte-Beuve

    Ce qui intéresse Sainte-Beuve dans le christianisme n’est pas tant le Christ ou la Révélation, mais l’impact du christianisme sur la littérature, française notamment (cf. « Port-Royal »).

    Bien qu’il soit athée, cela n’empêche pas Sainte-Beuve de délivrer des certificats de christianisme, ou de les refuser à tel ou tel – Molière par exemple ; et, de façon plus étonnante, Bacon. De façon plus étonnante, car Sainte-Beuve lit en général les auteurs qu’il commente, or Bacon est explicitement chrétien, comme Pascal ou La Bruyère ; tout au plus peut-on reprocher à Bacon de prêcher une doctrine chrétienne hérétique, non pas d’être indifférent ou agnostique.

     Le cas de Molière est différent, car ce dernier ne prend pas position sur la doctrine. Cependant l’épisode de l’aumône faite au pauvre par Don Juan, dans la pièce éponyme, ne peut avoir été écrit que par un esprit chrétien, car elle met le doigt sur le problème de la charité telle que l’évangile le présente, différente de ce que l’on appelle aujourd’hui « solidarité sociale ». De surcroît, les évangiles présentent le monde, la société, comme l’enfer, et Molière fait de même : son misanthrope, son bourgeois vaniteux, et bien sûr son avare, sont possédés par l’esprit du monde ; Don Juan, quant à lui, est un peu plus libre, car il incarne le diable, c’est-à-dire la liberté de jouir sans entrave dont rêve le commun des mortels. Néanmoins Don Juan est mortel, par conséquent il n’est pas libre selon le point de vue chrétien.

    De façon presque comique, car fantaisiste, Sainte-Beuve distingue les chrétiens « durs » des chrétiens « doux ». Doux ou dur, il ne dit rien du Christ, qui est venu apporter la guerre et non la paix, sachant que face à la force de l’esprit de dieu, cette force que le Christ nomme « amour », le monde ne pouvait que se rétracter et entrer en convulsion.

    Quant à Honoré de Balzac, Sainte-Beuve le juge trop vaniteux pour être un converti sincère. Pour attester du manque d’esprit chrétien de Balzac, il cite un propos tenu dans une lettre : « Vous m’écrivez des merveilles sur le sujet du docteur disgracié [le janséniste Arnauld] pour avoir trop parlé de la Grâce. Ils sont étranges, vos docteurs, de parler des affaires du Ciel, comme s’ils étaient Conseillers d’Etat en ce pays-là, et de débiter les secrets de Jésus-Christ, comme s’ils étaient ses confidents. Ils en pensent dire des nouvelles aussi assurées et les disent aussi affirmativement que s’ils avaient dormi dans son sein avec saint Jean… A votre avis, ne se moque-t-on point là-haut de leur empressement et de leur procès ? ».

    Pourtant Balzac cerne parfaitement ici le défaut du jansénisme : une tournure sophistiquée que l’on ne retrouve pas chez saint Paul (qui discrédita le salut par les œuvres en se fondant sur les évangiles), ni même chez Luther ou Calvin.

    A cette date, Balzac n’est peut-être pas encore officiellement converti, mais il a assez d’oreille pour entendre ce qui, dans la littérature chrétienne janséniste, sonne "étrange", c'est-à-dire faux.

  • Dieu vomit les tièdes

    Il semble que la spiritualité soit l'affaire des personnes extrémistes, comme la politique est l'affaire des médiocres et des centristes.

    Tandis que "dieu vomit les tièdes", la politique exige au contraire de tels hommes, "vertueux", non pas au sens catholique dépourvu de signification, mais au sens romain qui veut dire quelque chose.

    Que peut bien faire l'homme politique de choses comme l'amour, la liberté, la vérité, hormis les graver hypocritement en lettres d'or sur ses billets de banque ou au fronton de ses palais ? La notion d'intérêt général fait oublier celle de liberté, et la notion de liberté éclipse celle d'intérêt général.

    C'est sans doute ce qui explique que les princes chrétiens sont particulièrement exposés à l'aliénation mentale, étant donné que deux courants opposés qui se rencontrent créent un tourbillon.

    Comme les hommes politiques sont ordinairement indifférents aux questions spirituelles, qu'ils croient parfois naïvement "l'affaire de spécialistes", les personnes guidées par la spiritualité regardent le jeu politique avec indifférence. Il n'y à là-dedans que des motivations psychologiques.

     

  • Le piège du monothéisme

    Comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog, la clef de la pensée moderne est le problème dit "de la preuve de dieu" et la réponse binaire à cette question : oui ou non ; de sorte qu'il n'y a pas, au sein de ceux qui assument la culture et la pensée modernes, des "croyants" et des "incroyants", mais des personnes qui, alternativement, croient ou ne croient pas, en fonction des circonstances de leur existence.

    Et si mon propos évoque l'expérience dite du "chat de Schrödinger", n'y voyez aucune coïncidence ou hasard, mais plutôt la preuve de ce que j'énonce en préambule : la pensée moderne est issue d'une forme de théologie spéculative très particulière.

    On comprend aussi pourquoi le pseudo-savant évolutionniste britannique Richard Dawkins a cru opportun de tenter la démonstration scientifique de l'inexistence de dieu il y a quelques années (2006), au lieu de s'efforcer de combler les lacunes de son hypothèse évolutionniste.

    En tentant cette démonstration, R. Dawkins semble dépasser les limites laïques que la "communauté scientifique" s'est elle-même assignée. En réalité, l'outil et la méthode scientifiques de Dawkins sont marqués par la démonstration de la preuve de dieu. Avec le même outil, il est possible de construire deux types d'architectures antithétiques ; la preuve de l'existence de dieu et la preuve de son inexistence ont en commun d'être très largement infondées sur le plan expérimental.

    Une analyse un peu plus poussée des hypothèses scientifiques à la mode aujourd'hui au sein de la "communauté scientifique" permettrait d'établir ceci : que les hypothèses sur l'origine de l'univers tendent à faire la preuve de dieu, tandis que les hypothèses sur la fin du monde ou de l'univers, "tournées vers le futur", tendent à faire la preuve de son inexistence.

    La relation que l'on peut faire entre l'alternance doute/foi et la volonté humaine, plus ou moins affirmée en fonction de l'âge, des circonstances de la vie, laisse deviner que cette théologie est une anthropologie.

    Comme je le fais remarquer sur un blog voisin, seule la culture anthropologique moderne est un "monothéisme". En effet le monothéisme est une manière de parler des religions et de leur évolution, étrangère non seulement au christianisme et au judaïsme, mais aux religions antiques également. Il ne s'agit à travers la définition du monothéisme que d'établir la supériorité du raisonnement anthropologique moderne, c'est-à-dire de la philosophie sur la théologie.

    On comprend sans peine que la définition du monothéisme et le problème de la preuve de dieu sont étroitement liés. En effet, pour croire le christianisme et le judaïsme réductibles à des "monothéismes", il faut croire que le christianisme repose sur la preuve philosophique de dieu, ce qui revient à confondre la philosophie catholique romaine avec le message évangélique.

    Pour les douze (apôtres), à cause de mauvaises raisons, avant d'épouser les meilleures raisons, le problème de la foi et de l'existence de dieu ne s'est jamais posé. D'abord parce que le doute est une notion moderne, ensuite parce que les apôtres ont éprouvé la présence de dieu à travers son fils Jésus-Christ ; les apôtres n'ont pas cru dans une construction intellectuelle ou théorique, un stupide "pari de Pascal" ; les évangiles indiquent même qu'ils ont cru, jusqu'à un certain point, sans même comprendre ce que le Christ leur disait.

    Du point de vue chrétien, la question de la foi en dieu est une question caduque. Elle est rendue caduque par la foi dans le salut. La question ne se pose pas pour le chrétien de savoir si dieu existe, mais de savoir comment le rejoindre. Et ce n'est pas un hasard si les philosophes soi-disant catholiques ou chrétiens font appel à une casuistique plus vieille que la Révélation du salut par le Christ.

    Par conséquent l'anthropologie moderne provient de la philosophie médiévale catholique, de ses différentes constructions et représentations d'un dieu unique, qui n'est pas figuré comme tel dans les écritures saintes, mais bien plutôt comme un dieu supérieur aux autres dieux. En fait de supériorité de la philosophie et de l'anthropologie sur la théologie et la métaphysique, on remarque la substitution par le clergé catholique, à travers des sermons qui sont des démonstrations creuses, de la philosophie ou de la psychologie au contenu du message évangélique lui-même.

    Il va de soi qu'un dieu psychologique est soumis à la théorie de la relativité. La philosophie catholique est donc un cénacle rempli d'imposteurs. La meilleure preuve en est que le protestantisme et le catholicisme se rejoignent désormais par la philosophie, c'est-à-dire sur la base d'une sorte de PPCM ou de PGCD insignifiant. Ils se rejoignent pour la même raison qu'ils se sont séparés. En réalité, seule la fidélité à la parole de dieu accomplit l'unité de l'Eglise.

    Le chrétien est exactement dans la même position qu'un savant mis en demeure de prouver que la science existe bien, aussi démuni que ce savant de belles démonstrations établissant que la science est bien là, progressant au milieu de la bêtise du monde dont les journaux rapportent chaque jour une nouvelle preuve éclatante. - Où est la science dans tout ça ?

    Montrer les stupéfiantes réalisations du génie humain ne suffit pas, car cela revient à prouver dieu par les cathédrales gothiques ou les pyramides. La science n'existe pas plus que dieu car elle est expérimentale, tandis que la bêtise et l'ignorance résultent d'un manque d'expérience beaucoup plus constant et évident. La seule chose probable, depuis l'origine de l'humanité, c'est la constante détermination de l'homme à essayer de résoudre le problème de l'absurdité de la condition humaine. Ne pas se satisfaire de l'absurdité est ce qui fait l'individu, détaché de la masse.

    Comme l'absurdité, principalement sous la forme d'un discours scientifique paradoxal, règne dans les régimes totalitaires, on peut s'interroger sur la nature de la puissance qui s'oppose constamment depuis l'aube de l'humanité à la libération de l'homme de ses chaînes, puissance dont les évangiles proclament, et c'est sur ce point que porte la foi des chrétiens, qu'elle finira par céder devant dieu, au terme d'un affrontement sans merci, auquel nul ne peut vraiment se soustraire.

     

     

  • Fin du monde

    Les "fêtes de fin d'année", où l'Occident montre son vrai visage de bête vorace, derrière le masque d'une vertu judéo-chrétienne hypocrite, font plus que jamais souhaiter la fin du monde et des tortures que l'humanité pécheresse s'inflige à elle-même.

    Le chrétien fidèle l'est à la parole de Dieu et à son message apocalyptique ; celle-ci seule peut préserver l'homme de sa propre faiblesse ; autrement dit, privé de l'esprit de dieu, l'homme n'est qu'un chien voué à la mort.

    On reconnaîtra les faux prophètes chrétiens, au contraire, à leurs efforts pour prolonger la société des nations et des hommes ; en particulier en ces temps de mensonge ultime, le travail des faux prophètes consiste à faire briller aux yeux des peuples opprimés, avides de paroles de réconfort, des idéaux factices tels que : démocratie, égalité, bonheur pour tous, paix entre les nations, etc.

    La seule paix chrétienne est selon les conditions de dieu, le père du Messie, et non selon les conditions de politiciens judéo-chrétiens cauteleux, dont la force repose sur la plus puissante armée de tous les temps.

    *

    La fin du monde, le chrétien fidèle l'espère, car elle coïncide avec l'apocalypse et l'avènement de la vérité. Le chrétien infidèle qui n'a foi dans le Jugement et le Salut pour lui-même, se raccroche à un espoir terrestre qu'il croit plus solide, et ce faisant il commet le pire péché de fornication, qui consiste à confondre et présenter son rêve personnel comme le Salut universel offert par Jésus-Christ.

    Cela explique que le Messie a surtout combattu Satan parmi ses apôtres, avant qu'ils ne bénéficient de l'appui de l'Esprit, spécialement la fidélité aveugle de Simon-Pierre et la fidélité sous condition de Judas l'Iscariote, excessivement attaché à l'ordre juif ecclésiastique ancien. Il ne paraît pas inutile de le mentionner, car on peut penser que ces deux manières de ne pas faire "un" avec Jésus-Christ et son père divin, celle de Simon-Pierre et celle de Judas l'Iscariote, jusqu'à la fin des temps demeurent caractéristiques. L'apôtre des gentils, Paul de Tarse, combat dans ses épîtres ces deux façons de demeurer à distance de Jésus-Christ : la fidélité aveugle, d'une part ; de l'autre l'incompréhension du message du Christ comme un message apocalyptique définitif, entraînant la fin du monde.

    Si le chrétien ignore le jour et l'heure exacts de la fin du monde et du Jugement, il est cependant averti par Christ et les apôtres de l'apogée de l'Antéchrist, précédant la fin des temps. Le chrétien sait en outre que le jour du Jugement est pour bientôt, ce qui le sépare du reste du monde et de toutes ces existences conditionnées par l'illusion (macabre, comme toutes les illusions), d'un avenir meilleur.

     

  • Pourquoi tant de haine ?

    A cette question, qui peut être lancinante pour le citoyen lambda d'un Etat totalitaire, n'ayant des rouages de l'Etat qu'une connaissance abstraite, les chrétiens ont une réponse.

    Une double réponse : la première est extraite de l'ancien testament et de la mythologie juive ; elle explique la violence en général ; la seconde tirée du nouveau testament, explique la persistance de la haine et de la violence depuis la Révélation pleine et entière de l'amour divin, et le scandale que cette révélation causa parmi les hommes, à commencer par les Juifs. Cette explication secondaire recoupe la notion d'antéchrist.

    L'apôtre Paul définit grosso modo l'antéchrist comme la force qui s'interpose entre les justes et le jugement dernier (que les justes appellent de leurs voeux). Je nomme pour ma part l'antéchrist dans un souci de pédagogie : démocratie-chrétienne. Nous pouvons l'entendre actuellement diffuser son message de haine cauteleux.

    L'antéchrist est donc une notion étroitement liée au sens chrétien de l'histoire, puisque la coïncidence est prophétisée dans le christianisme de l'avènement de l'antéchrist et de la fin des temps.

    Première réponse tirée de l'enseignement de Moïse : le péché, cause de la violence, de la haine et de la mort. Ici il faut se méfier de l'interprétation donnée par le clergé de la Genèse. Elle consiste le plus souvent à trahir le sens de la Genèse en lui prêtant une signification morale que ce texte n'a pas (un lecteur attentif observera que l'arbre symbolisant le péché est l'arbre de la connaissance du bien et du mal). La Genèse stigmatise la bêtise humaine, l'ignorance de l'homme, dont la condition humaine résulte, et que la vertu ne permet pas de surmonter. Dans la mythologie grecque on trouve déjà cette idée que la vertu est insuffisante pour avoir part aux choses divines.

    On peut donc comprendre l'antéchrist comme une bêtise renouvelée, renforcée contre la condamnation chrétienne du monde.

  • Ecologie et christianisme

    Le christianisme commence où l'écologie s'arrête, et l'écologie commence où le christianisme s'arrête. Pour une raison simple : il n'y a aucun geste écologique ou économique qui ne soit désintéressé.

    Que sont donc les porte-parole de l'écologie chrétienne ? Ce sont des propagandistes, c'est-à-dire des pollueurs de la vérité, et il n'est guère difficile de deviner par quelle puissance ils sont mandatés.

    Le Messie dit : "Ecoutez-moi tous, et comprenez. Rien de ce qui est hors de l'homme et qui entre dans l'homme ne peut le souiller; mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende !" (Mc VI,14)

  • Christianisme & Histoire

    Les chrétiens se comportent ordinairement comme s'ils étaient les seuls détenteurs de la vérité historique. J'ai récemment échoué à expliquer pourquoi à l'auteur d'un blog réactionnaire et néo-païen.

    Tentons donc d'y remédier ici. Il ne s'agit pas de nier l'existence d'historiens païens dans l'Antiquité, capables de relater avec exactitude des événements politiques majeurs. Mais l'apocalypse chrétienne, récit mythologique, indique que le monde a une issue, ce qui fait une différence radicale avec la culture de vie païenne qui postule le sempiternel recommencement du monde, et l'organisation sociale suivant les lois de la biologie (transposées dans l'ordre politique et culturel). La doctrine néo-païenne de Nietzsche proscrit ainsi logiquement l'Histoire. L'Histoire ne peut qu'être une mystification chrétienne selon Nietzsche, qui rejeta son éducation protestante jusqu'à se faire le porte-parole du satanisme.

    Tandis que le but d'un "historien chrétien" sera de mettre à jour et d'élucider le sens de l'histoire, c'est une tout autre fonction que l'historien païen donnait à l'histoire - une fonction essentiellement morale et politique. On reconnaît au contraire l'historien chrétien authentique dans la quête d'une vérité universelle qui dépasse le registre terre-à-terre (anthropologique) de la politique et de l'éthique.

    Cela peut paraître étonnant à ceux qui conçoivent l'Histoire comme une science moderne, fondée sur la précision des faits, mais l'histoire chrétienne se présente sous la forme d'un récit mythologique synthétique. Elle n'est pas une science humaine.

    L'apocalypse et l'eschatologie dérangent les plans de tous les soi-disant chrétiens occupés à tirer parti du message chrétien sur le plan politique, et qui bravent ainsi effrontément la parole divine, probablement incrédule dans le châtiment de dieu.

    L'apocalypse a ceci d'extrêmement dérangeant pour les élites des nations dites "chrétiennes" qu'elle prive ces élites d'une quelconque légitimité. C'est ce qui explique que l'apocalypse, au cours de l'ère chrétienne, ait pu être occultée, minimisée, sabotée, en dépit de sa logique concordante avec les évangiles admis officiellement.

    Bien que le clergé catholique romain soit beaucoup plus suspect de vouloir jeter le voile sur l'apocalypse, en raison de la collusion notoire de ses hauts dignitaires avec telle ou telle élite politique, l'exemple du luthéranisme est beaucoup plus significatif. En effet, la réforme protestante s'est d'abord appuyée sur l'apocalypse afin de dénoncer l'iniquité des papes romains siégeant à Rome dans des pamphlets illustrés restés célèbres. De fait, l'apocalypse insiste particulièrement sur le détournement de la foi chrétienne au cours de l'histoire. Devenu ensuite la religion officielle de nombreux Etats germaniques ou nordiques, le luthéranisme et son clergé se sont peu à peu débarrassés de l'argument eschatologique, obstacle pour ériger le protestantisme à son tour en culte national.

    L'Histoire chrétienne est donc destructrice de l'idée de "civilisation chrétienne" ; à cet égard, la philosophie chrétienne hégélienne est une imposture aisément décelable pour un chrétien, qui ne s'étonnera pas qu'elle ait force de dogme dans l'Occident moderne - de substitut aux anciens dogmes catholiques romains. Le chrétien ne s'attend pas à la manifestation de la vérité ou de la paix sur la terre, mais bien plutôt au triomphe de l'Antéchrist dans le monde.

    On pourrait citer de très nombreux littérateurs ou artistes soi-disant chrétiens hostiles à l'apocalypse. Il est préférable d'indiquer que la croyance dans la survivance de l'âme au-delà de la mort, reliquat de l'ancienne foi païenne, permet de confondre ces littérateurs.

    Il s'agit-là en effet d'un "emprunt" (parfaitement illégitime) à la culture païenne. L'eschatologie chrétienne et le sens apocalyptique de l'histoire sont RADICALEMENT INCOMPATIBLES avec un tel mysticisme, dont on peut constater qu'il a persisté bien au-delà de l'emprise légale du clergé catholique romain. Cette persistance indique la nécessité, sur le plan social, d'une telle foi, au contraire de l'histoire dont l'usage est nul sur le plan social.

    De très nombreux indices permettent de reconnaître en Shakespeare un historien chrétien authentique. A commencer par son entreprise de démolition systématique du "roman national" britannique.

    Peintre habile, peu soucieux du sens de l'Histoire et de la révélation, l'historien tirera au contraire des événements historiques une fresque propice à justifier la culture nationale. Shakespeare invite à voir au-delà de l'apparence trompeuse de "l'Occident chrétien".

  • Anarchie et christianisme

    Dans une gazette, un anarchiste d'aujourd'hui s'étonne : - Comment un chrétien pourrait-il se ranger derrière la devise : "Ni dieu, ni maître !" ?

    Il ne s'est donc pas avisé que le seul dieu qui justifie les maîtres, c'est Satan. C'est sans doute pour éviter tout quiproquo que Jésus-Christ a demandé à ses apôtres qu'ils cessent de lui donner du "maître".

    Quant à ce nouveau maître à la mode, "le peuple souverain", prothèse des puissants de ce monde, cet anarchiste pourra vérifier que les évangiles ne fournissent aucune caution à la démocratie. Si les démocrates-chrétiens ne manquent pas de culot, ils n'ont aucun fondement.

    Et la révolution, dont la démocratie est le fruit ? On peut lire l'anarchiste chrétien Shakespeare qui dit : - La révolution revient au même... et vérifier si Shakespeare a menti.

  • Anarchie et christianisme

    Refuser de s'inscrire dans une perspective d'avenir, c'est refuser de faire partie de la société.

    "Celui qui veut sauver sa vie la perdra." dit l'évangile, afin de préserver l'homme de toute rêverie politique.

    "Laissez les morts enterrer les morts." est de surcroît dissuasif d'avoir foi dans une quelconque doctrine sociale, car il n'y a pas de société sans culte des morts, y compris les sociétés qui se définissent comme étant "irréligieuses" ou laïques.

    C'est pourquoi le philosophe réactionnaire F. Nietzsche définit à juste titre la religion chrétienne comme une religion essentiellement anarchiste. S. Freud vilipende la religion de Moïse à peu près pour la même raison. En revanche Nietzsche est de mauvaise foi quand il accuse les chrétiens d'avoir inventé l'éthique moderne, sans doute catastrophique.

    Face à l'anarchiste Jésus-Christ, Ponce-Pilate ne peut que se moquer : qui est donc ce "roi des rois", dont le royaume n'obéit pas aux lois de la nature ? Pourquoi craindrait-il ce souverain indifférent à la justice des hommes ?

    A mesure que le monstre de la doctrine sociale chrétienne enfle, au gré du temps et suivant l'avidité du monde, les évangiles deviennent de plus en plus énigmatiques et inexplicables par les curés.

    "Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre." dit le Messie. Que vise la doctrine sociale de l'évêque de Rome, si ce n'est la paix sur la terre ?

  • Du culte laïc

    Dans la mesure où elle est étroitement liée à ce qu'il est convenu d'appeler "existentialisme", la laïcité mérite le même épithète "d'onanisme" attribué par Marx à la philosophie boche moderne. "Onanisme", parce que Marx n'ignore pas que tout ce remugle de philosophie remonte au moyen-âge et à un branlement de moines mélancoliques.

    Un article publié dans "Le Monde" fustigeait récemment "l'intégrisme laïc", en raison de l'intolérance de ses adeptes ; le principe de responsabilité incite au contraire à inculper le haut clergé laïc, et non les petits frères prêcheurs de la laïcité les plus radicaux. Le haut clergé laïc est beaucoup plus près de savoir l'ineptie du culte mystique laïc, son absence de fondement historique (la philosophie des Lumières n'est pas une philosophie "laïque"), en même temps qu'il en tire un profit beaucoup plus grand que le bas clergé "intégriste".

    La laïcité cache-t-elle, comme certains le prétendent, un culte maçonnique ? Deux faits indiquent le contraire : - de très nombreux démocrates-chrétiens se revendiquent "laïcs" (contre l'interdiction messianique de servir deux maîtres à la fois) ; la laïcité ne va donc pas nécessairement de pair avec un antichristianisme ostentatoire ; par ailleurs la franc-maçonnerie est très loin d'être incompatible avec un régime théocratique, ainsi que l'illustre l'exemple sinistre de Napoléon Ier ; la franc-maçonnerie est même une philosophie essentiellement théocratique. La France laïque n'est pas plus "maçonnique" que ne le sont les Etats-Unis théocratiques et démocrates-chrétiens. Ajoutons que la franc-maçonnerie n'est pour rien dans l'avènement de l'anthropologie, dont le culte laïc est un produit dérivé. La franc-maçonnerie n'est pas un facteur de "modernité", c'est l'Eglise catholique qui l'est.

    Autrement dit, il y a une feuille de papier à cigarette entre la "démocratie-chrétienne", qui est une sorte de "franc-maçonnerie chrétienne", et le régime de la laïcité française, prétendument neutre sur le plan religieux. On comprend que les mahométans ne soient pas dupes d'une telle casuistique.

    Pour que le régime laïc soit un régime "tolérant", sous-entendu "neutre", il faudrait que l'anthropologie moderne soit neutre. Or elle ne l'est pas ; pas plus que la science-fiction moderne n'est une science "neutre".

    D'un point de vue historique, le régime laïc peut se traduire comme un régime théocratique qui refuse de se reconnaître tel. Un culte mystique qui refuse qu'on le dise tel, mais dont les manifestations, le monopole et l'organisation religieuses ne trompent personne.

    La culture anthropologique moderne, des points de vue critiques de K. Marx ou F. Nietzsche, est décrite comme un phénomène religieux - pire, comme un fanatisme religieux. C'est plus difficile à reconnaître dans le marxisme, à cause de l'emploi malheureux du terme "démocratie" (car ambigu) - mais sans ambiguïté aucune le marxisme prône la destruction de l'Etat comme le réceptacle de l'idolâtrie.

    Au sommet de la pyramide du clergé laïc, on rencontrera nécessairement Tartuffe, celui qui sait que les élites ne peuvent se passer du secours de la religion pour soumettre le peuple à leurs caprices, mais que, comme le peuple français ne veut plus entendre parler de l'ancien clergé catholique qui l'a roulé dans la farine, une autre religion présentant le même caractère coercitif que l'ancienne, mais non le même nom, s'avère utile.

    Du point de vue chrétien, la "démocratie-chrétienne" est le pire ennemi, car l'instrument de subversion de l'amour chrétien le plus efficace.

     

     

     

  • Christianisme et politique

    La démocratie-chrétienne est, dans l'ordre des idéaux politiques, le plus facile à contester. Il l'est suivant le raisonnement politique : "On ne trouve nulle trace de démocratie dans la nature ; une fourmilière n'est pas une démocratie." ; il l'est suivant la logique chrétienne : "Mon Royaume n'est pas de ce monde."

    En dépit de cela, les nations et les élites les plus puissantes de ce monde sont "démocrates-chrétiennes" - puissantes non par le raisonnement, la constitution ou la science, mais par les armes, l'argent et la propagande.

    Méfiez-vous comme de la peste des "chrétiens en politique" : c'est une engeance de fous sincères, dépourvus du sens commun, dominés par des esprits fourbes.

  • Place du chrétien

    La mort de l'art est la rançon de la démocratie. Il n'y a que dans les "grandes démocraties modernes", régimes d'oppression sournoise, que l'expression de l'aliénation est justifiée comme l'art, ou encore l'expression du désir sexuel, de la peur, de l'angoisse.

    Il n'y a qu'en démocratie que l'on ne se pose pas la question : - si l'aliénation a sa part dans l'art, qu'en est-il du domaine de la science ? Est-ce que nous ne subissons pas les conséquences de l'aliénation de certains prétendus savants ? Pour être juste, certains esprits critiques se sont posé la question, tels que Simone Weil, Georges Bernanos, Hannah Arendt, Georges Orwell, de la fiabilité de la science moderne, mais aucun n'y a répondu comme Hamlet, de façon catégorique, en transperçant Polonius.

    La place du chrétien semble introuvable, puisque celui-ci ne se situe ni dans le camp, conservateur, de l'art, ni dans le camp de la démocratie, plus moderne ; ni dans la prison du passé, ni dans celle de l'avenir. Le chrétien voit dans l'art comme dans la démocratie, deux formes de satanisme, non pas opposées mais tributaires l'une de l'autre, opérant ensemble diversion. La première, l'art, plus pure, plus franchement hostile à l'idée de révélation chrétienne, posant le principe des limites de la nature vivante à l'aspiration chrétienne à connaître dieu et l'éternité. Le second antichristianisme, plus sournois, ne serait-ce que parce que portant le plus souvent l'étiquette "judéo-chrétienne", acharné à poser l'équation du temps et de l'éternité, à travers les trois discours de l'art, de la philosophie et de la science modernes.

    Le satanisme de l'art s'oppose au judaïsme et au christianisme sous la forme d'une philosophie naturelle. Le satanisme de la démocratie s'oppose au christianisme sous la forme de l'artifice. Artifice de la démocratie, assez facilement discernable et auquel l'esprit français, moins spéculatif, a le don de s'opposer (même Tocqueville n'est pas assez sot pour avoir une foi aveugle dans la démocratie), mais aussi artifice de l'art, de la philosophie et de la science qui justifient la démocratie, tous trois sous l'empire de la notion d'infini, la plus artificielle qui soit.

    Pourquoi la démocratie est condamnée à échouer ? Parce qu'elle est une perspective exclusivement humaine, par conséquent essentiellement athée, dépourvue de but anthropologique véritable. L'art vise lui, la jouissance, et la démocratie détruit l'art au profit de concepts religieux athées. Si la démocratie selon Marx est moins absurde, c'est à cause du but scientifique que Marx lui assigne, par-delà le motif strictement anthropologique du bonheur. La démocratie selon Marx n'est pas une fin en soi, mais un moyen d'accéder à la vérité. La démocratie selon Marx n'est pas un état de droit égalitaire - elle diffère en cela du principe démocratique totalitaire. Où le raisonnement démocratique de Marx est juste, c'est sur l'aspect de l'anti-élitisme, précisément le point où il a été trahi par la doctrine sociale léniniste. Marx observe justement, bibliquement, qu'une élite politique, quelles que soient les valeurs éthiques qu'elle défend, conservatrices ou modernes, poursuit nécessairement un but institutionnel et n'a pas intérêt à découvrir la vérité, à une vérité qui, si elle est métaphysique, a le don de dévaluer le plan institutionnel et social. Un homme de loi rationnel, désireux de consolider les lois humaines, est contraint de dire : il n'y a pas de vérité métaphysique, il n'y a que des vérités naturelles. Il est une manière, démocratique et moderne, de faire obstacle à la vérité, c'est de simuler un plan métaphysique dans le droit et les institutions, c'est-à-dire de promulguer des lois artificielles, pleines de promesses qui ne seront jamais tenues, des lois qui prétendent inclure l'amour et la liberté, mais ne visent en réalité qu'à les galvauder. 

     

  • Le Christ anarchiste

    Le suppôt de Satan qui clame que le christianisme est une religion anarchiste afin de déconsidérer cette religion aux yeux du plus grand nombre, est moins éloigné de dieu que le soi-disant chrétien qui prétend que le christianisme a une vocation sociale.

    A toute présentation mensongère de son message, Jésus-Christ réagit par la colère, tandis que la violence meurtrière de Ponce Pilate et ses soldats le laisse impassible.

    Il n'y a pas eu, il n'y a pas et il n'y aura pas de cité chrétienne idéale, mais seulement des tentatives de restaurer la chair contre le message évangélique.