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religion

  • La Religion des Jeux olympiques

    Décortiquons, démystifions un peu la religion des Jeux olympiques, dont les rituels se déroulent à Paris tandis que la Guerre froide fait rage entre le bloc russe et le bloc OTAN.

    - Le sport n'est plus, dans les JO modernes, qu'un prétexte. Le spectacle l'emporte largement sur le sport, et ce spectacle n'est pas spécialement sportif ou physique. On est plus près des jeux du cirque romains que de la pratique sociale du sport par les élites grecques. La santé physique et mentale des compétiteurs eux-mêmes importe peu.

    - La performance est le noyau central du sport de compétition : la religion des JO est donc une religion technologique ; il y a entre le sport moderne et le sport antique à peu près la même différence qu'il y a entre l'industrie et l'artisanat. La part non-pragmatique de l'artisanat, c'est l'art ; la part non-pragmatique de la production industrielle, c'est la théorie mécanique.

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  • Le Football ou la Religion

    Le socialisme est la religion à l'état pur. J'entends par là la religion sans frein, dont on ne peut pas dire qu'elle est "au service de l'homme", car elle conduit rapidement comme les drogues dures, après quelques instants de plaisir, à la mort ou la "solution finale".

    Le football peut être qualifié de "religion socialiste", dans la mesure où un quelconque Dieu n'est pas mis en avant, mais l'Homme ou l'Humanité, notions plus incertaines encore que Dieu. Il est très difficile de postuler ou de démontrer rationnellement l'unité du genre humain, perclus de divisions, aussi l'effort des religions socialistes (nazie, communiste, démocrate-chrétienne...) consiste tout spécialement à donner l'illusion de cette unité, à travers de grands rassemblements hystériques, qui consolident la foi socialiste aux yeux de ses divers sectateurs.

    Il est intéressant d'observer le fanatisme autour du football ; en effet, en même temps que le football fait l'objet d'un consensus au sein des élites politiques et religieuses occidentales, il constitue l'un des démentis les plus palpables à l'idéal démocratique mis en avant par ces mêmes élites. Qui peut sérieusement adhérer à l'idéal démocratique dès lors qu'il voit dans le football et les mises en scènes qui l'accompagnent un phénomène typiquement démocratique ?

    Tout est artificiel dans le football ; c'est ce qui le rend ubuesque, comme toutes les religions artificielles. Le plus grand danger tient dans ce discours éthique complètement truqué, où les "valeurs démocratiques" servent à masquer la concurrence sans frein entre les joueurs et les équipes, c'est-à-dire la vraie règle du jeu tacite, qui à termes condamne même le simple respect d'autrui.

    - Pourquoi le football, m'a-t-on récemment questionné ? Pourquoi le football fascine-t-il plus qu'une autre pratique ?

    D'abord il faut dire que cette fascination reflète l'aspiration de l'homme au néant, c'est-à-dire pour le traduire en termes chrétiens, l'aspiration de l'homme à céder au péché ; allez vérifier en Allemagne ou au Brésil, "terres de football", si la Mort n'a pas le statut de divinité consolatrice.

    Je répondrais que, dans le football, la part du hasard est plus grande que dans d'autres disciplines. D'abord il y a plus de hasard dans les sports collectifs qu'il n'y en a dans les sports individuels prônés autrefois par les Grecs ; de plus les règles propres au football contribuent à l'arbitraire ; il y a au football comme en amour beaucoup d'incertitude.

    D'une certaine façon, la corruption et la tricherie qui règnent dans le football ont tendance à diminuer l'aléa qui serait peut-être plus grand encore sans ces biais.

    Le hasard, synonyme d'ignorance du point de vue scientifique authentique, est un élément distinctif d'une culture de mort, correspondant au nombre de la bête 666, "qui est un nombre d'homme", c'est-à-dire un calcul humain (quand l'homme est calculateur, c'est toujours à partir de l'heure de sa mort qu'il calcule).

     

  • Hazarou akbar !

    Le sentiment religieux est particulièrement développé dans les régimes technocratiques, d'où l'expression judicieuse utilisée par certains critiques de "nouveau tribalisme" pour désigner la culture ultra-moderne.

    Le téléphone portable fait partie des outils qui illustrent le mieux cet extrémisme religieux, et l'on ne peut pas s'empêcher de sourire en voyant de soi-disant "esprits laïcs" consulter fébrilement leur messagerie, comme un moine bouddhiste tripote son chapelet à longueur de journée.

    Si l'utilisateur en question se déclare "rationaliste", on éclatera de rire car l'usage du téléphone portable est tout sauf "rationnel". A la réflexion, j'ai beaucoup trop de doigts sur la main pour compter les personnes dans mon entourage qui font du téléphone un usage rationnel. Le plus souvent cet usage est sentimental, c'est-à-dire religieux.

    Quelques-uns de ces usagers plaident pour un usage moins compulsif et masturbatoire, s'en déclarant des exemples- ce sont sans doute les pires, car lorsque l'alcoolisme ravage un peuple, ceux qui savent boire raisonnablement devraient s'abstenir de le faire publiquement, ainsi qu'un adulte s'abstient devant un enfant de montrer l'exemple d'un comportement qu'un enfant ne pourrait imiter sans s'exposer à un grave danger.

    Hannah Arendt aborde cette question du sentimentalisme religieux excessif qui règne dans les régimes totalitaires technocratiques sous un autre angle. Elle note la disparition progressive des préoccupations pragmatiques, ce qui revient à indiquer le progrès du mysticisme religieux. Un auteur mystique, dans le mauvais sens du terme, cultive le néant, s'adonne à la quadrature du cercle.

    Plus une personne est pragmatique, plus elle résistera à l'usage du téléphone portable, y discernant plus facilement qu'une femme ou un enfant un gaspillage.

    On peut aussi qualifier de littérature mystico-religieuse la "science-fiction", définissable au sens strict comme un produit de la technocratie, visant principalement le divertissement ; cette définition englobe de nombreux travaux et formules mathématiques récents dont l'utilité est plus que discutable.

     

  • Voeux pieux

    Comme une dizaine de millions de Français, j'ai regardé les voeux du président E. Macron pour l'année 2018. Ils témoignent selon moi de l'importance de la religion dans la culture contemporaine. En effet le discours du président est un discours entièrement mystique.

    Ayant l'habitude des sermons "démocrates-chrétiens" (habitude prise pendant l'enfance), je discerne dans le sermon présidentiel un avatar des sermons démocrates-chrétiens. Emboîtant comme ses prédécesseurs le pas des Etats-Unis en matière économique et politique, il n'y a rien d'étonnant à ce que le président adopte aussi la rhétorique démocrate-chrétienne cauteleuse.

    Cette rhétorique vise notamment à dissimuler que l'Etat est un monstre froid. C'est en quoi la démocratie-chrétienne s'oppose nettement à la parole de Dieu ; nulle part on ne trouve dans les évangiles de tentative pour faire passer l'organisation politique pour ce qu'elle ne peut pas être. La "solidarité" existe au sein de l'espèce des loups, dont l'organisation clanique ou familiale n'est pas moins "froide et monstrueuse" pour autant.

    Les personnes sentimentales sont les premières victimes d'une organisation froide et monstrueuse, portant le masque de la fraternité ou de la solidarité: aussi les chrétiens fidèles à la parole de Dieu ne doivent-ils pas tremper dans l'hypocrisie démocrate-chrétienne, qui a d'abord pour effet d'affaiblir les faibles.

    Le mysticisme démocrate-chrétien s'organise autour de la notion d'Avenir. Tandis que les peuples païens connaissaient la Nature et le Destin, les peuples modernes connaissent l'Avenir et le Hasard, perspective aussi tronquée et courte qu'elle paraît infinie - perspective macabre.

    Qu'est-ce que cet Avenir insondable ? C'est un ersatz de la notion de Salut chrétien : une transposition sociale impossible du message évangélique - impossible car proscrite par la parole de Dieu, qui interdit de se soumettre à l'esprit du Temps.

    Les chrétiens sont les mieux placés pour s'opposer à l'abus de confiance que représentent les sermons démocrates-chrétiens, car ils peuvent les confronter aux vérités évangéliques. Les "oeuvres ne sauvent pas" dit Paul de Tarse, et cela condamne ABSOLUMENT l'entreprise démocrate-chrétienne. Et cela explique encore l'effort des prêtres démocrates-chrétiens pour trahir Paul ou le diffamer autant que possible.

  • Religion de Voltaire

    Cloué au lit par une grippe, je relis les "Lettres philosophiques" de Voltaire.

    Son propos est assez actuel ; sans doute le style clair et net de Voltaire n'est-il pas étranger à cette impression, tandis que la plupart des auteurs contemporains ne parviennent pas à donner vie à leur style.

    La religion catholique honnie par Voltaire a fondu en France comme neige au soleil, réduite désormais à une petite secte condamnée à rêver de la grandeur catholique d'autrefois (ou du futur).

    Cependant le culte de l'Etat perdure en France, le respect de l'autorité incarnée par les fonctionnaires chargés de la police, de l'enseignement et de la défense du pays ; dans ce goût de l'uniforme et de la censure, on reconnaît le service rendu autrefois par le clergé catholique aux représentants de la puissance publique.

    Pour mémoire, Voltaire s'oppose d'une part au clergé catholique, et plus encore au jansénisme ; d'autre part il combat le matérialisme athée de certains "philosophes", qu'il juge aussi excessif. De fait, le XXe siècle sera le siècle d'une forme de fondamentalisme athée.

    Voltaire est lui-même matérialiste, mais non athée. Cette opinion religieuse n'est pas si originale, car on la retrouve dans l'Antiquité chez certains philosophes, dont Aristote.

    Les convictions religieuses de Voltaire sont difficiles à cerner exactement ; la formule de sa foi dans un dessein supérieur intelligent fluctue au gré de l'influence de tel ou tel savant philosophe - l'admiration de Voltaire pour Newton est bien connue. On pourrait dire que la religion de Voltaire fut celle dont Newton, savant et théologien, fut le prophète.

    Voltaire est partisan d'une religion "moyenne", préservant la France des abus du clergé catholique comme de certains philosophes faisant la promotion d'un athéisme dogmatique.

    Rien d'étonnant à ce que Voltaire s'en prenne à Pascal et ses "Pensées", dans une lettre philosophique (XXV) qui constitue un morceau de bravoure. On constate que Voltaire n'a pas tout renié de sa scolarité chez les jésuites, car c'est un efficace propagandiste. Il joue sur le velours, diront certains, car Pascal ne peut lui répondre.

    On ne peut se ranger complètement du côté de Voltaire ou de Pascal, tant la vérité semble divisée entre les deux. Voltaire convaincra plus facilement un esprit français, car la clarté de l'expression est de son côté, et il n'a pas de mal à souligner les contradictions entre certaines pensées, ou la confusion de telles autres. Voltaire a sans doute raison d'accuser les admirateurs de Pascal de le trahir en admirant ce qui paraît un brouillon, des "Pensées" ébauchées mais non finies.

    Un sujet de discorde entre Voltaire et feu Pascal, c'est l'aptitude de l'homme au bonheur. Pascal affirme l'inaptitude particulière de l'homme au bonheur ; il y décèle la trace d'un manque dont Voltaire ne veut pas entendre parler. Pour Voltaire au contraire, l'homme est particulièrement apte au bonheur, et les Parisiens ou les Londoniens le prouvent bien, qui savent profiter de la vie dans des limites raisonnables.

    Sur ce point, je penche plutôt du côté de Pascal, bien que le moraliste italien J. Léopardi a mieux décrit cette insatisfaction de l'homme, à qui il manque toujours quelque chose, même quand il est le plus heureux des hommes. On ne saurait mieux dire que : "Le suicide prouve dieu." : c'est ce que s'efforce de dire maladroitement Pascal, et que Voltaire contredit, affirmant que l'homme ne pense qu'à vivre.

    La succession d'événements politiques plus catastrophiques les uns que les autres depuis le siècle de Voltaire paraît indiquer la difficulté de l'homme au bonheur, c'est-à-dire à fonder une société, non pas juste mais seulement stable. Voltaire lui-même paraît bien humain quand il déplore le terrible séisme de Lisbonne et son injustice, que rien ne peut justifier.

    Le chancelier Francis Bacon Verulam, auquel Voltaire consacre une brève lettre philosophique (XII), distingue suivant la mythologie grecque les hommes "épiméthéens" des hommes "prométhéens" : les premiers sont plus aptes au bonheur, mais moins perspicaces et intelligents, plus "terre-à-terre" ; les hommes prométhéens veulent en savoir plus et ne se contentent pas de réponses toutes faites sur la condition humaine, tel le mythe de l'éternel retour - questionnement qui peut être cause de désespoir ou de frustration.

    Au crédit de Voltaire et au débit de Pascal en revanche j'inscris tout ce qui relève de l'influence sur Pascal des calculs algébriques en quoi l'auteur des "Pensées" excellait, et dans lequel Voltaire n'a pas de mal à dénoncer une idéologie abstraite et étrangère à l'esprit évangélique.

    Qui est Dieu ? Cette question à laquelle les évangiles répondent partiellement en indiquant qu'il est source d'amour, alors que l'Antiquité ne connaissait presque que la puissance de l'instinct, maîtrisé grâce à l'art, cette question divise les chrétiens, qui souvent pour la résoudre ont appelé à leur secours la philosophie ou la science.

    Francis Bacon recommandait à ce sujet, pour ne pas accroître les divisions entre les chrétiens, de ne pas ériger en dogmes des principes incertains et des hypothèses, de la même manière que l'on ne devrait pas enseigner comme une science certaine ce qui n'est encore qu'une hypothèse.

    Les querelles scientifiques actuelles, que la censure s'efforce d'étouffer en ne laissant paraître dans la presse que le point de vue dominant, sont les petites soeurs des querelles théologiques du passé. La question du salut resurgit sous la forme du questionnement scientifique et historique. Le clergé chrétien a été comme dépossédé d'un questionnement qui, selon l'évangile, n'appartient à personne en particulier.

  • Du Fanatisme

    Contrairement à la rumeur, le fanatisme n'est pas axé autour de la notion de "dieu", mais autour de la notion de "mort".

    Ce qui signifie que pour un former un combattant djihadiste disposé à se sacrifier, ce qui compte n'est pas tant d'exalter Allah ou Mahomet que la mort, en attribuant au sacrifice de la vie le plus grand prix.

    Le fanatisme le plus meurtrier de tous les temps, et qui demeure le plus actif aujourd'hui, quantitativement, à savoir le nationalisme, se passe parfaitement de l'exaltation d'un quelconque dieu. En revanche, pour fabriquer un soldat nationaliste prêt au sacrifice, il faut prêcher la "bonne mort". Dans cette perspective, inculquer la croyance dans la survie de l'âme après la mort est un premier élément de prédication. Certaines utopies politiques totalitaires, telle la démocratie, ne font que transposer dans l'ordre temporel la croyance religieuse dans l'au-delà.

    L'exaltation du travail, dans la culture démocrate-chrétienne/capitaliste, nazie ou soviétique, est un autre élément de la culture de mort fanatique. L'exaltation du travail prolonge le sermon mensonger du clergé sur les oeuvres, qui selon l'apôtre Paul ne contribuent pas au salut.

    Opposés dans le schéma du "choc des cultures", combattants djihadistes et combattants nationalistes au service de telle ou telle nation sont mus par la même impulsion macabre.

  • De l'Athéisme

    "La religion est faite pour rassurer." C'est là la meilleure doctrine athée, qui incite au mépris de la religion, mais aussi de la musique et de toute la culture moderne.

  • Exit la Musique

    "Qui n'aime pas la musique, n'aime pas la vie !" (dicton caribéen)

    Qu'est-ce qu'aimer la vie, si ce n'est le principe de base de la religion ? La raison débusque facilement ce qu'il y a d'absurde à déclarer "aimer la vie".

    L'absurdité n'est guère éloignée de la bestialité, car si les animaux ne peuvent déclarer aimer la vie, sauf quelques volatiles exercés à imiter la parole, les animaux se conforment aux injonctions subliminales de la vie - l'opposition naturelle des sexes, par exemple, n'est guère contestée par les bêtes sauvages.

    On pourrait presque dire que la part de religion dans l'homme est sa part animale ; il n'y a rien d'étonnant à ce que certains éleveurs de bêtes à cornes leur fassent écouter de la "musique classique" pour qu'elles fassent une meilleure viande. Cet usage trivial vaut bien l'usage mystique superstitieux.

    Remplaçons "musique" par "culture", presque synonyme, et l'on aura une idée de la place démesurée que la religion occupe aujourd'hui.

    L'obsession contemporaine de la "culture" ou de la "musique" indique aussi qu'il y a deux sortes d'universalisme radicalement opposées : une conception religieuse, d'une part, et une conception scientifique de l'autre ; cette dernière conception, à l'époque moderne ou totalitaire, est combattue au travers des sciences dites "humaines" ou "sociales", disciplines fluctuantes et non sciences véritables (le darwinisme est issu des sciences sociales, traduisant la contamination de la science physique par les sciences humaines). L'argument, avancé parfois, d'une science en perpétuelle évolution, aussi bien sur le plan des certitudes acquises sur le plan scientifique (qui, paradoxalement, ne seraient donc jamais définitivement acquises) que de la recherche scientifique, cet argument paradoxal n'a rien de scientifique mais porte la marque des raisonnements approximatifs en usage dans le domaine des sciences dites "sociales". 

  • Dans la Matrice

    Je sursaute chaque fois que j'entends ou lis un prêtre opposer la foi chrétienne au rationalisme contemporain !?

    Ce qui est remarquable dans la culture contemporaine c'est son caractère irrationnel ; il faut un sacré manque d'observation pour passer à côté du constat qu'il n'est pas fait grand cas de la raison dans la culture moderne. Ainsi qu'il m'arrive de dire parfois : on ne peut pas être parfaitement sain d'esprit et tout à fait moderne en même temps.

    Beaucoup de littérateurs (essayistes, philosophes, romanciers) ont fait l'observation de ce mysticisme contemporain, qu'il faut peut-être rapprocher du gâtisme ? Beaucoup de vieillards, manquant de fermeté d'esprit, à l'approche de la mort deviennent en effet "mystiques" et rompent avec les règles raisonnables qui les avaient jusqu'ici guidés ; ils se mettent, par exemple, à avoir foi dans "l'au-delà", comble du mysticisme. Or, s'il y a bien quelque chose qui caractérise les sociétés ou les civilisations, c'est leur manque d'esprit, de sorte qu'il ne peut y avoir de remède social au déclin d'une société (peu importe, dit Augustin d'Hippone, car les chrétiens n'appartiennent pas à ce monde).

    Beaucoup de littérateurs ont fait cette observation, dont Georges Orwell parmi mes préférés, qui a su l'exprimer en termes concis ; on peut aussi citer Jarry, puisque tout politicien moderne ressemble nécessairement au Père Ubu. Cependant trop ont manqué cette observation utile que la science moderne repose sur des données mystiques et irrationnelles. C'est notamment le point faible du propos de Hannah Arendt ou de Nietzsche. On ne remarque pas, par exemple, à quel point la théorie de la relativité d'Einstein est irrationnelle.

    Autrement dit, contrairement à la propagande des régimes technocratiques, ceux-ci ne sont pas gouvernés par des savants, selon le principe de la science, mais par des principes religieux mystiques rebaptisés "culture" ou "philosophie" pour ménager l'idée de progrès, notamment en France où l'on est plus méfiant que dans les pays d'origine germanique à l'égard de la religion et où les pouvoirs publics définissent le progrès comme l'éloignement de la religion, et où certains prêtres maladroits prônent la foi comme le revers de la raison (au mépris le plus complet de l'histoire de la science).

  • Du Mysticisme

    Le mysticisme est le déguisement préféré de la bêtise et de l'ignorance.

    Je ne veux pas restreindre le propos au mysticisme religieux, car nous vivons dans une époque mystique au sens très large, sans doute l'époque la plus mystique de tous les temps.

    Cela fait bien rire d'entendre parler de "cartésianisme" en un temps où la croyance dans la démocratie, ou bien dans le voyage dans le temps, les univers multiples, l'amour, la paix dans le monde, les super-héros (j'en passe et des meilleures), sont répandues dans le peuple et même les élites.

    Le goût généralisé de la musique est le signe d'une culture mystique ; comme la musique est un remède, cela signifie que le mysticisme est une maladie.

    - Le christianisme est-il une religion mystique ? On peut le croire si on se fie à la coïncidence suivante : les nations occidentales, baignant dans cette culture mystique, revendiquent en même temps le plus souvent le christianisme, à l'exemple des Etats-Unis ou de la Russie, revenue aussi vite qu'elle l'avait abandonnée à l'orthodoxie. On peut le croire si on se fie à un ouvrage tel que le "Génie du christianisme" (Chateaubriand), mystique à bien des égards, pour ne pas dire mystificateur.

    Mais si l'on examine les écritures saintes chrétiennes, on verra qu'elles ne sont pas mystiques. D'abord parce que les apôtres éclairent des pans de la religion juive demeurés obscurs jusqu'à l'avènement du Sauveur, de sorte que l'on peut dire que le christianisme est moins mystique que le judaïsme, qui déjà se distinguait des religions païennes par une vision du cosmos plus claire, moins propice à l'hystérie mystico-religieuse.

    On note qu'il y a bien quelques aspects des évangiles qui demeurent mystérieux, comme le nombre de la bête (666) ; saint Paul qualifie aussi de "grand mystère" le mariage du Sauveur et de son Eglise ; l'apocalypse de Jean peut paraître un texte mystérieux : de nombreux passages sont seulement mystérieux du fait de l'ignorance de l'homme moderne du langage des symboles.

    Néanmoins, dans tous les cas, l'encouragement explicite du Sauveur et des apôtres est à élucider les quelques passages mystérieux des Evangiles, non à entretenir le mystère. De même les évangiles ne font pas de la science un péché ; les Français le savent bien puisque les philosophes des Lumières se sont appuyés sur les évangiles pour contester le monopole du clergé catholique sur la vérité scientifique, vérité bien sûr relative compte tenu de l'ignorance persistance de nombreux aspects du cosmos.

  • Religion contre spiritualité

    Rien de plus éloigné de la religion que la spiritualité, ainsi que la vie de Jésus-Christ nous le montre, puisque le mobile de son assassinat est un mobile religieux.

    L'évangile de Jésus-Christ nous enseigne d'ailleurs qu'à la fin des temps, la spiritualité triomphera sur la religion.

    Au coeur de la religion, les questions sexuelles et alimentaires, l'organisation des rapports humains ; de sorte que l'on peut dire qu'il n'y a pas de société possible sans religion - il n'y en a jamais eu, aussi dévastatrice soit-elle, comme le récent nationalisme.

    Au plan social, l'erreur humaine fait loi, à l'exception des sociétés totalitaires qui, visant la perfection, ont convoqué la bestialité. Il s'agit au contraire, quand on poursuit un but spirituel, de surmonter l'erreur humaine. Le point de vue spirituel rabaisse si nécessaire la religion et la société au niveau de ce qu'elles sont, à savoir un mouvement de prédation de l'homme par l'homme.

    On peut tenir Molière et Balzac pour des auteurs spirituels dans la mesure où ils font voir les ressorts véritables de la société.

    Il est logique qu'un auteur spirituel soit considéré comme un auteur irréligieux. A l'inverse on peut considérer une littérature dépourvue de but spirituel, tel Proust qui s'adresse plus aux sens qu'à l'esprit, comme une littérature religieuse.

  • Laïcité, piège à moules

    Rien de plus ridicule que de combattre le prosélytisme religieux au sein d'un monde où la publicité et les publicitaires font la pluie et le beau temps.

    Prenons le satanisme, par exemple : cette religion d'adolescents mal dégrossis (par opposition à la doctrine satanique de Nietzsche, plus élaborée) est presque entièrement un produit marketing, qui n'offusque pas grand monde dans la mesure où il ne semble pas représenter une menace pour l'ordre bourgeois.

  • Sur la religion

    Quelques maximes sur la religion extraites des "Essais" du très chrétien savant Francis Bacon Verulam (1561-1626) :

    Athéisme

    - Il est exact que peu de philosophie incline les esprits vers l'athéisme, mais la profondeur philosophique ramène à la religion.

    - On lit dans l'Ecriture : "L'insensé a dit dans son coeur : Il n'y a point de Dieu.", et non "L'insensé a pensé dans son coeur" ; si bien qu'il se le répète par coeur en lui-même plutôt comme une chose qu'il souhaite qu'une chose qu'il puisse croire pleinement et dont il soit persuadé ; car nul ne nie l'existence d'un Dieu hors ceux qui ont intérêt qu'il n'y en ait point.

    - On verra même des athées s'évertuer à faire des disciples comme les autres sectes, et, qui plus est, on en verra qui se font supplicier pour leur athéisme sans se rétracter ; alors que s'ils pensaient vraiment qu'il n'y a point de Dieu, pourquoi s'en inquiéteraient-ils ?

    - Ceux qui nient Dieu ruinent la noblesse de l'homme, car sans contredit l'homme s'apparente aux animaux par le corps, et s'il ne s'apparente à Dieu par son esprit, c'est un être vil et misérable.

    Impiété

    - L'impiété n'est pas de nier le dieu du vulgaire, mais de prêter à Dieu les sentiments du vulgaire.

    Schisme

    - Les causes de l'athéisme sont les schismes, s'ils sont nombreux, car un seul schisme important ajoute à l'ardeur des deux partis, mais des schismes multiples introduisent l'athéisme. Une autre cause est le scandale causé par les prêtres. Une troisième cause est l'habitude impie de se gausser des choses saintes, qui viennent petit à petit souiller le respect dû à la religion. Et en dernier lieu la culture, surtout quand elle coïncide avec la paix et la prospérité ; car les troubles et les calamités inclinent davantage les esprits vers la religion.

    Scolastique

    Au concile de Trente, où la doctrine scolastique fut prépondérante, certains prélats eurent une sentence profonde : "Que les scolastiques ressemblaient aux astronomes, qui imaginaient des excentriques et des épicycles et des mécaniques similaires de cercles, pour sauvegarder les phénomènes, tout en sachant fort bien qu'ils n'existaient pas", et que de même pour sauvegarder l'unité de l'Eglise, ils avaient imaginé quantité d'axiomes compliqués et subtils.

    Superstition

    - Mieux vaut n'avoir aucune idée de Dieu qu'une idée indigne de lui ; car si l'une est incroyance, l'autre est insolence ; et la superstition sans nul doute est un blâme à la divinité. Et plus l'insolence est grande à l'égard de Dieu, plus elle est grande à l'égard des hommes.

    - L'athéisme vaut mieux que la superstition, car l'athéisme laisse à l'homme le bon sens, la philosophie, la charité naturelle, les lois et l'honneur, qui peuvent tous, à défaut de religion, lui servir de guides vers une moralité extérieure ; mais la superstition les détrône tous pour ériger dans l'esprit des hommes une monarchie absolue.

    - Les causes de la superstition sont les rites et cérémonies qui flattent agréablement les sens : l'abus de la piété extérieure est pharisaïque ; le respect excessif des traditions qui ne peuvent qu'accabler l'Eglise ; les manèges des prélats en vue de leurs ambitions et de leurs profits ; l'indulgence aux intentions, qui ouvre la porte aux rêveries et aux nouveautés ; l'accès aux choses divines par l'assimilation aux choses humaines qui engendre forcément des confusions et des fantaisies ; enfin la barbarie des temps, notamment quand les calamités et les désastres viennent s'y ajouter.

  • Religion du Foot

    La religion du foot et le catholicisme sont deux religions de même profondeur.

    Le football n'est même pas du sport, impropre qu'il est à inculquer la vertu ou la maîtrise de soi ; c'est d'abord un spectacle destiné à fasciner le peuple et le maintenir au stade infantile.

    Quant au catholicisme, il a fait du Hasard un dieu, afin que l'humanité ne puisse pas s'approcher de la vérité.

    Pitié pour ceux qui se délectent du football et de toutes les communions factices - ils sont déjà morts et ne le savent pas.

  • Religion et spiritualité

    On parle parfois de "spiritualité", par opposition à "religion" qui a une connotation péjorative ; de même l'on préfère dire "éthique" plutôt que "morale", dans certains milieux. Beaucoup de soi-disant réformateurs ne font que changer le vocabulaire.

    Du point de vue juif ou chrétien, la spiritualité exclut la question du pouvoir et de la politique ; une religion qui se mêle de ces questions n'est pas spirituelle, mais une religion "horizontale". "Rendez à César ce qui est à César !" est très facile à comprendre, mais beaucoup moins à appliquer, car l'instinct est dans chaque homme, comme le péché. Judas avait compris, mais il ne voulut pas suivre.

    Satan précipite les masses dans l'Enfer à l'aide de la fausse spiritualité de l'avenir, c'est-à-dire d'une sorte de mirage de chair.

    On peut s'étonner d'entendre des hommes d'âge mûr déclarer le monde absurde et la vie incompréhensible, comme si l'inclinaison de la chair n'était pas repérable dans la plupart des activités humaines ; ces hommes sont mûrs dans le sens où les fruits sont pourris, et ils serviront de fumier aux générations suivantes.

  • Satan dans l'Eglise

    "ON IRA TOUS AU PARADIS" est la religion du bourgeois, derrière laquelle on devine la perfidie du clergé romain, ouvrant grand les portes des paradis artificiels afin de fourvoyer le plus grand nombre d'enfants, de les tenir à l'écart de l'amour.

    "ON IRA TOUS AU PARADIS" : ce qu'un suppôt de Satan ou un païen prendra comme le plus grand attentat jamais perpétré contre la vertu par le christianisme, n'est en réalité que la stratégie de la terre brûlée mise en oeuvre par Satan, afin de creuser entre l'amour de Dieu et l'homme un "no man's land" infranchissable.

    Mais douze fois le nombre des apôtres peut suffire à vaincre les légions de Satan, vêtues de pourpre et d'écarlate.

  • Religion ou drapeau ?

    Religion ou drapeau, ça revient au même fanatisme. Tous ces athées "laïcs & républicains" n'en sont pas. La foi dans l'Etat leur paraît plus sûre que la foi en Dieu. Les drapeaux laïcs et la devise pompeuse : "Liberté, Egalité, Fraternité", sont faits pour rassurer autant que les clochers des églises et les images pieuses. Le progrès de l'idéal sécuritaire dans les nations occidentales capitalistes est un indicateur du progrès de la religiosité et du recul de l'esprit critique scientifique.

    Combien se soucient vraiment de science, au lieu de s'en gargariser ?

    La science moderne n'est qu'une musique agréable à l'oreille, une démonstration de la puissance de l'homme ; mais ce qui prévaut dans le monde moderne n'est pas la science - c'est la culture.

    Un individu épris de science se sentira aussi isolé dans ce monde qu'il pouvait se sentir au moyen-âge. Si l'histoire a un sens, ce sens n'est pas visible à première vue, car ce qui est visible à première vue c'est le progrès de la religion, l'empiétement croissant du rêve bourgeois sur la réalité.

    Ajoutons ceci : la caractéristique d'un esprit religieux est de s'incliner devant la mort comme le fait de dieu ou de la nature ; la caractéristique d'un esprit scientifique est de voir la mort comme un phénomène, non pas universel, mais relatif à l'homme, ainsi que le hasard.

    Et le nombre 666 a pour signification : pacte de l'homme avec la mort.

  • Dans la Matrice

    Si l'homme est un animal politique, la femme, elle, est un animal religieux.

    Si les temps modernes sont aussi féminins, c'est en raison de l'importance de la fiction ou de la religion pour soumettre les masses, en renfort de la violence physique.

  • Du mensonge laïc

    Disons d'abord simplement ce que représente la laïcité d'un point de vue scientifique : il s'agit d'un mensonge d'Etat.

    A ce titre, la laïcité est un phénomène banal, car il n'y a aucune institution étatique qui puisse se passer d'une religion d'Etat mensongère.

    Un despote interroge son conseiller : - Et dieu dans tout ça ? Et le conseiller de répondre : - Peu importe dieu, majesté, du moment que nous disposons d'une religion afin de contenir le peuple dans les limites qui sont les siennes.

    Si l'on considère la musique comme la religion la plus commune, ou l'essence de la religion, on peut constater que celle-ci laisse la question de dieu pendante, tout en jouant le rôle trivial de ciment social dont aucune organisation humaine ne peut se passer. Mais, du point de vue scientifique, la musique n'est qu'un divertissement futile. Je le mentionne afin de souligner à quel point spiritualité et science se recoupent, et à quel point l'Etat totalitaire moderne doit se défendre contre ces deux aspirations - science et spiritualité - qui en réalité n'en forment qu'une.

    Prenons maintenant un exemple politique concret, qui en apparence ne semble pas concerner le christianisme : la critique marxiste est dissuasive de tenir quelque culture que ce soit pour autre chose qu'un discours religieux ; Marx met à jour que l'esprit critique a pour effet de dissoudre la culture. Par conséquent la religion d'Etat communiste, soviétique ou stalinienne, est largement fondée sur la censure de la critique marxiste, qui a pour effet de dévaluer complètement le culte mystique de l'Etat, ramenant celui-ci à un instrument de domination des élites bourgeoises.

    Il n'y a pas de chrétien laïc, pour la simple et bonne raison qu'un chrétien ne peut obéir à deux maîtres en même temps, et les théoriciens du "césarisme chrétien" (J. Ratzinger) doivent être regardés comme des serviteurs de l'Antéchrist.

    D'une certaine façon, on peut dire que le chrétien est soumis aux institutions temporelles comme il est soumis au principe vital. Il ne doit pas s'interdire d'être vertueux, sous prétexte que la vertu n'a qu'une valeur anthropologique, et non théologique ; cependant les lois sociales, dans la mesure où elles s'appuient sur un discours mystique étranger au message salutaire de Jésus-Christ, ne doivent pas venir troubler l'esprit des chrétiens. C'est un grave péché pour les soi-disant théologiens chrétiens qui ont osé le faire, de prôner la peine de mort comme son interdiction, ou encore le régicide comme la soumission aux valeurs de l'Etat (démocratie, droits de l'homme, etc.) ; on discerne d'après la diversité d'opinion de ces soi-disant chrétiens l'absence de fondement évangélique. Béni soit au contraire le théologien chrétien Swedenborg qui a mis à jour que la norme juridique est nécessairement satanique, éclairant ainsi deux symboles apocalyptiques majeurs : la "bête de la terre", qui désigne une puissance dont l'effet est analogue à celui de la norme juridique d'assigner à l'homme des considérations terre à terre ou charnelles ; et le cavalier juché sur un cheval noir d'autre part, qui tient dans la main une balance, représentant la justice des hommes, dépourvue d'amour au contraire de celle de dieu.

    Parler d'apocalypse entraîne à parler d'histoire et relever le paradoxe suivant à propos de la culture laïque : aucun chrétien authentique ne peut se soumettre à la "culture laïque", mais il n'est pas moins vrai que la laïcité est un avatar de la "civilisation chrétienne", au même titre que la bourgeoisie, catégorie sociale aux contours indéfinissables.

    On peut définir la culture laïque comme une invention bourgeoise, un cadre juridique défini par et pour la bourgeoisie. Les individus issus du peuple qui défendent la culture laïque ne font que répéter une instruction bourgeoise. Quant à l'aristocratie, sont sort est lié à celui de la théocratie - on peut l'observer à travers Nietzsche, qui désira restaurer l'aristocratie au nom de Satan et de l'art, Nietzsche à qui on peut décerner le titre de "dernier philosophe aristocrate authentique". La franche hostilité de ce dernier à la révolution française est caractéristique. Autrement dit, paganisme et théocratie sont indissociables.

    La culture laïque durera tant que la bourgeoisie durera. Dès que l'idole principale de la bourgeoisie vacille un tant soit peu - je veux parler du veau d'or -, on voit naturellement les prêtres laïcs ressortir leurs vieux sermons poussiéreux et qui ne mangent pas de pain. Toutes les leçons de catéchisme laïc récitées et apprises par coeur ne compenseront pas la mort de crédit s'il celle-ci advient.

  • ...isme

    Le féminisme comme toutes les religions en "isme" est tourné vers l'infini.