Il faut l’aveuglement d’un philosophe pour ne pas voir que si Jean-Jacques Rousseau, Diderot, Voltaire, n’ont pas sombré dans l’oubli, c’est à leur poésie qu’ils le doivent et non à leurs idées, qui ne résistent pas à la critique scientifique, et ne sont pas très originales.
Un philosophe comme Philippe Val, ou comme BHL, sans la poésie de Rousseau ou de Voltaire, ça n’est rien, rien qu’un prurit idéologique.
Au fond racisme et antiracisme ne sont que les deux versants d’une même idée, qui pue le XIXe siècle évolutionniste à plein nez. Quand je vois BHL à la télé, c’est plus fort que moi, je pense aussitôt à un nazi, Goebbels par exemple. Le débraillé soigneusement entretenu de BHL dissimule mal l’arrogance du personnage, fondée sur des dogmes à faire sourire un historien.
Il est bien sûr inutile de chercher une vraie cohérence dans la propagande nazie ou dans la propagande démocratique de BHL. La seule cohérence de ces propagandes, c’est qu’elles remplissent leur usage religieux, cependant, il n’est pas bien difficile de voir que l’idéologie de BHL comme celle des nazis emprunte à la fois aux Grecs - Nitche côté nazi et les “Lumières”, Goethe, côté BHL -, et au bas Moyen-âge - Heidegger côté nazi et Lévinas côté BHL.
Dans leur rejet du marxisme et du christianisme, les nazis et BHL se rejoignent aussi.
On objectera que dans mon schéma on retrouve les Grecs partout puisqu’ils sont aussi à la racine du christianisme et du marxisme. Mais ce ne sont pas exactement les mêmes Grecs. Encore une fois, entrer dans les détails n’a pas d’intérêt, une thèse sur le sujet serait vaine, c’est juste histoire de voir qu’il n’y a pas de réelle opposition de principes entre BHL et les nazis. Derrière le rideau de fumée des idées, il y a des capitalistes plus ou moins cyniques.
Un historien ne peut s’empêcher de noter ici que le socialisme théorique de BHL, les nazis l’ont réalisé entre 1933 et 1940. Les banlieues françaises, elles, ne ressemblent pas franchement à la cité socialiste idéale.
Racisme et antiracisme, versants d’une même idéologie, donc, avec pour but deux objectifs, dont il est difficile de savoir lequel est le plus niais : la pureté de la race ou le métissage absolu.
Plus intéressantes car plus humaines, la doctrine de la lutte des classes et celle de la hiérarchie des classes sont aussi les deux versants d’une même idée. Toutes les deux soulignent l’importance des classes sociales, bien sûr, même si dans le marxisme il y a une volonté de dépasser l’affrontement des classes que l’économie capitaliste porte jusqu’à son point de tension et de haine ultime.
Le dandy réactionnaire, Baudelaire ou Barbey d’Aurevilly, hait le bourgeois capitaliste et Zola, le journaliste à sa solde, dans la mesure où ce bourgeois est un aristocrate qui refuse d’assumer ses responsabilités, de remplir son rôle social.
Quoi de plus logique que le vif intérêt que Marx porte à la littérature de Balzac ? Dommage qu’il n’ait pas eu accès à celle de Barbey, plus dense encore, difficile à comprendre pour un démocrate, mais pas pour un marxiste. Très logique aussi le mépris de Marx pour Chateaubriand. Chateaubriand qui se détériore en Tocqueville, qui se détériore lui-même en BHL.
Même si ce n'est pas de façon explicite, Marx nous parle de la décadence de l’aristocratie.
Dans le triomphe des idées de BHL, malgré leur faiblesse, on voit la preuve de la justesse de la raison marxiste. Pour un catholique contemporain, c’est-à-dire un catholique appelé à la dissidence, Marx est un nouvel Aristote. Et pour Platon il y a Baudelaire, Barbey ou Evelyn Waugh. Claudel aussi est un grand docteur de l’Église.
Voilà pour saint Paul. On aimerait voir Benoît XVI jouer son rôle politique, de dalle.
La question de la dissidence des chrétiens, soulevée par le pape, est liée au rôle politique du pape, qui doit être, au moins, subversif. La décadence de la liturgie est secondaire, ce n’est qu’un symptôme.