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Mon Journal de guerre - Page 29

  • Satan dans l'Eglise

    "Il est opportun que les générations d'aujourd'hui expriment leur entière reconnaissance à tous ceux qui ont accepté un sacrifice aussi lourd." J. M. Bergoglio, évêque de Rome

    "Le Figaro" du jour rapporte ces propos du pontife romain à propos de l'anniversaire du débarquement des troupes alliées en Normandie, cérémonie qui relève de la mascarade hypocrite, non seulement du point de vue chrétien, mais simplement d'un point de vue rationnel.

    Tandis que le successeur de Staline, V. Poutine, est vilipendé un peu partout dans la presse selon une stratégie et des moyens qui relèvent de la propagande totalitaire au service du camp adverse, la "Libération" de la France, qui sans le boucher Staline n'aurait pu avoir lieu, est célébrée en grandes pompes. On reconnaît le pharisaïsme au procédé du blanchiment, et en l'occurrence, le moins qu'on puisse dire, c'est que la couche de chaux est épaisse. Les massacres perpétrés en Normandie par les troupes américaines furent d'ailleurs tels que la population locale redoutait les soudards américains plus encore que les soudards allemands. Le moins suspect de compromission avec le nazisme, l'évêque catholique de Munster Von Galen, face aux mêmes bombardements américains aveugles et meurtriers, reconnut qu'il n'y avait pas de différence entre les nazis et leurs cousins d'Outre-Atlantique. 

    Contrairement aux propos mensongers du chef de la secte romaine qui a modelé l'étrange civilisation occidentale, le Messie et les apôtres SONT PARFAITEMENT DISSUASIFS DE SE SACRIFIER POUR UN QUELCONQUE PLAN MONDAIN.

    Le Messie fit comprendre à son apôtre qu'il était inutile de tirer son épée pour le défendre. Mais il serait souhaitable de le faire pour défendre tel ou tel pacte militaro-bancaire ? Et des prêtres chrétiens pourraient légitimement bénir ça ? De qui les catholiques romains se moquent-ils ? Ils se moquent d'abord de leurs propres gosses. Même à un soudard un peu expérimenté, ce type de procédé pourra sembler abject : non seulement de la gnôle, un prime, un uniforme, des putes, tout l'attirail du parfait connard, mais par-dessus le marché des prières de salopes catholiques pour encourager au vice. Les bonnes femmes mènent les hommes à la guerre, et rien d'autre.

    Ceux de la génération d'aujourd'hui feraient mieux d'écraser du talon les vieilles vipères qui prônent le Christ d'une part, et sont revêtus par ailleurs des ornements sacerdotaux du culte de Mithra.

     

  • Doute et religion

    Le doute est la religion moderne, à la fois la plus humaine et la plus religieuse de toutes, un opium circulant dans les veines de l'humanité à toute vitesse. Sans oublier ce sentiment de culpabilité, caractéristique des alcooliques et des drogués. Le courage manque pour se suicider, comme pour chercher un but, alors on danse, on valse-hésite.

     

    Je ne parle pas du doute comme un scepticisme, mais comme une certitude, une certitude qu'il n'y a pas de vérité, où que le hasard est la vérité. Je parle du doute comme la seule certitude proprement humaine, car il n'y aucune certitude véritable qui ne soit fondée dans l'homme. Quand on se tourne vers l'homme, on ne voit que le néant ou les gagdets technocratiques. Les mathématiciens modernes sont des derviches tourneurs qui donnent la nausée.

    Et je parle du doute comme d'une religion, car il vient d'en haut, il vient des élites ; de façon caractéristique des imposteurs qui, dans l'art ou la science prônent qu'ils est plus important de chercher que de trouver, d'errer que de ne pas errer. Qu'y a-t-il là de rationnel ?

  • Catholicisme et pédérastie

    Quelques précisions en préambule : il ne s'agit pas dans cette note d'incriminer quiconque en particulier pour des actes sexuels contraires aux lois pénales, dont il convient de remarquer qu'elles sont évolutives, sanctionnant aujourd'hui ce qu'elles ne sanctionnaient pas autrefois (l'abus sexuel des mineurs), et autrefois ce qu'elles ne sanctionnent plus dorénavant (les pratiques sodomites publiques).

    Il s'agit en revanche d'inculper l'institution catholique romaine en tant qu'institution incapable de soigner un mal qui la ronge ; et de condamner la "mystique de la chair" qui sévit en son sein comme étant caractéristique du péché de fornication décrit par les évangiles, c'est-à-dire non pas une faute morale contre l'homme, mais une faute contre l'Esprit de dieu lui-même et la parole divine.

    Contrairement aux mensonges réitérés de Joseph Ratzinger : le message évangélique n'est pas "anthropologique" et il ne peut pas l'être. Il ne faut absolument pas céder sur ce point à la propagande romaine, comme ont cédé les Eglises dites "protestantes" ou "réformées".

    On se souvient peut-être de la réaction de ce même évêque romain, face au scandale qui a secoué son Eglise à la suite de nombreuses affaires de moeurs données en pâture au public, comportant l'abus sexuel sur des mineurs. Il a pris la décision, conforme à l'esprit du temps et de la presse, de faire appel à l'expertise de psychanalystes pour "évaluer" les séminaristes et futurs prêtres catholiques romains. Il s'agit-là d'une décision parfaitement ubuesque : - d'abord parce que la psychanalyse et les psychanalystes ont oeuvré pour que les pratiques sodomites soient admises dans la société comme des pratiques normales (S. Freud a pris soin de se démarquer de la religion juive de ses ancêtres), et que seule l'hostilité populaire à de telles mesures a empêché que les rapports sexuels entre adultes et mineurs bénéficient du même retour en grâce (les partisans de la légalisation de telles pratiques sexuelles avancent tous des arguments d'ordre psychanalytique).

    En outre la décision du pape n'a aucun fondement évangélique. Le sacerdoce, ainsi que l'explique l'apôtre Paul, est universel, c'est-à-dire que nul ne peut l'interdire à quiconque, et qu'aucun chrétien ne peut s'en dispenser. Le Messie ajoute que celui qui n'est pas avec lui est contre lui. Le principe de la hiérarchie ecclésiastique est rendu impossible par le refus du christ Jésus lui-même de prendre la tête de son Eglise, dans lequel l'évangile invite à discerner le principe du libre consentement.

    La logique de l'évêque de Rome n'est pas spirituelle, elle est institutionnelle. Et comme son raisonnement est ubuesque, on peut douter de son efficacité. En effet, tous les prêtres romains qui transgressent leurs voeux de chasteté, quelle que soit leur préférence sexuelle, sont justifiés par le raisonnement psychanalytique de le faire, consciemment ou pas.

    - Schématiquement, on peut décrire le piège dans lequel se retrouvent les séminaristes catholiques ainsi : en lieu et place du sacerdoce chrétien et de la spiritualité évangélique, ils baignent dans un culte platonicien ou néo-platonicien. Amenés à étudier les écritures saintes chrétiennes, ils les étudient largement à la lumière d'une philosophie platonicienne, bien plus qu'ils ne suivent l'enseignement de Paul de Tarse ou de théologiens avisés du sens caché des textes. On peut constater que Satan n'a plus aucune consistance dans l'enseignement du clergé romain - la raison en est simple : Satan, pour Platon, n'est autre que dieu ou le principe divin. Ainsi l'Eglise romaine est-elle complètement infectée par une idée du beau et du bien empruntée à Platon, complètement étrangère à l'esprit et à la lettre des évangiles.

    Or, contrairement au sacerdoce chrétien qui n'a pas de fondement érotique ou sexuel, le sacerdoce moral, politique ou philosophique de Platon comporte bien une dimension sexuelle. L'homosexualité est, selon Platon, propice pour se consacrer à l'étude de la philosophie et de la politique, contrairement à la charge de famille, tenue par Platon pour un office subalterne en comparaison du premier. C'est un trait assez courant chez les sages grecs que celui qui consiste à souligner la faiblesse des hommes mariés ou des pères de famille.

    Sans parenté directe avec le mouvement américain de "fierté homosexuelle" que l'on connaît aujourd'hui, qui consiste dans l'instrumentalisation à des fins bassement politiciennes de jeunes gens réduits à consommer et être consommés, la culture des élites grecques antiques ne connaît pas pour autant le tabou de l'homosexualité. On sait même que les Spartiates l'encouragèrent à des fins militaires.

    Un tel tabou n'a pas de sens dans la philosophie païenne de Platon, qui comporte un aspect de mysticisme sexuel, tandis que l'amour chrétien exclut absolument cette dimension. On pourrait même dire que l'amour homosexuel selon Platon est l'expression d'une mystique sexuelle, telle que celle dénoncée comme catastrophique par Shakespeare dans "Roméo et Juliette" ; c'est précisément le caractère stérile sur le plan naturel des amours homosexuelles qui leur confère une dimension d'amour mystique.

    C'est donc une culture platonicienne "explosive" sur laquelle s'appuie l'Eglise romaine, c'est-à-dire d'excitation sexuelle privée d'objet, incitative à une sexualité qui ne peut trouver d'accomplissement que sous la forme d'une transgression. Une culture dans laquelle la chasteté et la pureté chrétiennes, entièrement dépourvues de vocation sociale, font office de verrou. La théologie du corps de Jean-Paul II est foutaise. Une nonne telle que Thérèse d'Avila, ses écrits en témoignent, est en proie à l'aliénation mentale et au sacrifice de soi le plus vain, à un délire sexuel proche de l'anorexie. Ce genre d'auto-immolation a d'ailleurs le don de fasciner les sadiques. Molière ne s'est pas trompé dans son tableau du libertin et de la nonne qui lui court après.

     

     

     

  • S. Weil ou H. Arendt ?

    J'ai une prévention particulière contre les femmes juives ou chrétiennes "identitaires", c'est-à-dire qui propagent une doctrine païenne sous couvert de la foi juive ou chrétienne.

    Elles constituent un danger d'autant plus grand pour l'esprit que, comme chacun peut l'observer, les femmes bénéficient sur le terrain social d'une position dominante (99% d'hommes peuplent les prisons, tandis que 200.000 crimes ou délits d'avortement demeurent impunis, les miséreux sans-logis sont surtout des hommes, la modernité est un féminisme, etc. ; bien sûr, les hommes qui bénéficient de meilleurs revenus sont principalement mus par la volonté de plaire ainsi aux femmes).

    - Un Américain, mais non aliéné mental/patriote comme les Américains de souche sont ordinairement me disait récemment : - Lapinos, comment peux-tu être misogyne ? Ne vois-tu pas que les femmes sont beaucoup plus fortes que les hommes ? Et moi de répliquer : - C'est précisément à cause de cette force néfaste que je suis misogyne. Les Juifs et les chrétiens sont misogynes contre la puissance matricielle du monde. Les Américains sont efféminés ou mondains parce qu'ils sont soumis à la puissance matricielle du monde. Le totalitarisme est un féminisme, car le totalitarisme est un prolongement du monde au-delà de ses limites raisonnables, à l'exemple d'un vieillard qui s'accroche à la vie sans aucune raison de s'y accrocher, alors même qu'il ne tire plus la moindre joie de sa vie."

    La philosophie nazie de Heidegger, amant et maître de Hannah Arendt est confuse et contradictoire, comme l'est nécessairement le néo-paganisme. En effet, la doctrine païenne de l'identité et de l'enracinement se heurte à la réalité politique de l'enracinement de l'homme moderne dans l'argent et non plus dans la terre et un territoire donné, ce qui fait de l'homme moderne en citoyen du monde, en raison de la circulation de l'argent à cette échelle, qu'il le veuille ou non. Que Heidegger, Arendt, ou même Hitler ne le veuillent pas n'y change rien, puisqu'ils sont incapables d'imposer à l'échelle politique ou morale une nouvelle donne ; et c'est exactement sur ce terrain-là aussi que le marxisme-léninisme a échoué. Autrement dit, les régimes nazi et fachiste sont des régimes bourgeois libéraux ordinaires - leur mystique païenne est superficielle. Elle est confuse comme la mystique d'un néo-païen qui tenterait de concilier le paganisme avec le cinéma, alors que ce dernier est un art enraciné dans l'argent. Si Nietzsche est beaucoup plus français et beaucoup plus clair, c'est parce qu'il pousse le raisonnement néo-païen jusqu'au bout, jusqu'à l'autodafé de tout ce qui représente à ses yeux la modernité, comme on tranche des membres gangrenés. On discerne chez Heidegger le bourgeois, à sa manière de tergiverser.

    Cependant Hannah Arendt a tenté de comprendre le totalitarisme, rejoignant ainsi Simone Weil, auteur d'une même tentative "Des Causes de l'oppression", qu'elle a dit à juste titre son meilleur ouvrage. On ne peut manquer de voir derrière ces efforts une façon d'interroger la féminité, puisque le totalitarisme se présente comme un régime d'oppression occidental et féminin - que l'on peut ainsi opposer au modèle égyptien de la tyrannie antique, orientale et virile.

    Hannah Arendt pose de bonnes bases pour un essai de compréhension du monde moderne, mettant ainsi en cause la culture de masse et l'extraordinaire instrument d'aliénation qu'elle représente, dissimulé derrière l'argument culturel et l'office public sinistre du ministère de la Culture ; de même H. Arendt pointe du doigt l'envahissement par le mobile politique de toutes les autres déterminations humaines, d'une manière plus radicale que ce fut le cas dans l'antiquité. Alexandre a beau être un tyran, il n'envisage pas d'exercer sa tyrannie dans le domaine de la poésie, de la science physique ou métaphysique. Alexandre envisage les limites de la tyrannie, bien plus que l'homme moderne n'envisage les limites de l'Etat moderne, notamment en termes de liberté.

    Pour tout défenseur chrétien de la vérité, la tournée des popotes parlementaires, allemandes, françaises, belges, etc., par l'évêque de Rome Benoît XVI est un véritable scandale. Absolument rien de chrétien ne justifie un tel activisme politique ou diplomatique, et toutes les ignominies justement imputées aux Eglises chrétiennes ont pour cause cet activisme politique et diplomatique.

    La limite de la critique du totalitarisme proposée par Hannah Arendt est d'ignorer, voire d'occulter la dimension intellectuelle ou rhétorique du mouvement totalitaire. Ainsi le débordement des considérations politiques et morales sur des considérations étrangères à la politique et à la morale n'est pas tant imputable aux politiciens. Ainsi que le souligne Arendt, la vérité ne peut pas entrer en ligne de compte politique. Par conséquent c'est aux savants, aux philosophes ou aux penseurs de ne pas se soumettre aux calculs politiques.

    Simone Weil a indiqué de façon plus concise et plus radicale, dans ce qui est son meilleur bouquin ("Causes de l'oppression"), l'évolution d'une oppression primitive naturelle vers une oppression finalement culturelle, le moyen de défense imaginé par l'homme pour se défendre contre la nature, c'est-à-dire la culture ou la religion, devenant à son tour un instrument d'oppression. Le totalitarisme ou la démocratie est donc un situation d'oppression à caractère anthropologique, de l'homme par l'homme, tandis que la tyrannie ancienne, la monarchie de droit divin égyptienne ou "oedipienne", était un principe de soumission au droit naturel.

    Simone Weil n'a pas non plus clairement indiqué le rôle actif subversif du catholicisme romain dans cette transition vers le socialisme moderne, le rôle de matrice du droit moderne totalitaire de l'Eglise romaine, mais tout en admirant le christ Jésus, et voulant l'imiter, elle a refusé de se convertir au catholicisme romain comme on refuse de boire une eau trouble que l'on devine infectée.

     

     

     

  • Le pape et la morale

    Un magazine mondain consacrait récemment une enquête au pape François. Quelques journalistes mondains y donnent leur avis sur le catholicisme et le dernier pape.

    Le catholicisme romain n'est "la foi du charbonnier" qu'en vertu des cartels dévolus à l'extraction de ce minerai précieux et des curés/journalistes/publicitaires/communicants qu'ils embauchent. Ne doutons pas que l'Esprit de dieu puisse aider les fidèles apôtres de la parole divine à triompher de cette fourberie. Hannah Arendt n'est pas chrétienne, cependant elle dit justement que, si la politique peut étouffer la vérité, pendant un laps de temps plus ou moins long, c'est-à-dire y mettre une vérité institutionnelle à la place, et faire passer cette vérité institutionnelle pour une vérité universelle, la politique est impuissante à remplacer la vérité. C'est cela même qui, selon les chrétiens, condamne le monde. Malgré tous les efforts de celui-ci pour éviter le jugement dernier, il ne l'évitera pas. Et l'évidence est, sous nos yeux, que le monde est en train de crever de ses propres apories, comme un serpent qui se mord la queue.

    Il est évident aussi que le pape François, comme ces prédécesseurs, donne dans l'activisme politique, activité où l'on ne surprend jamais le Messie et ses apôtres.

    En lisant la prose des derniers évêques de Rome, on comprend vite pourquoi Karl Marx parle de déphilosopher. La philosophie chrétienne est, en effet, la plus mauvaise du monde.

    - Ainsi le pape François déclare vouloir se montrer dur pour le péché, mais tendre pour le pécheur. Sur un tel propos, on ne peut fonder aucune vertu véritable, au sens profond et univoque de la vertu et de la culture de vie païenne à laquelle la vertu est liée. La véritable vertu implique le principe inverse de sévérité vis-à-vis du pécheur, et de tolérance à l'égard du péché et de sa cause naturelle. La saine anthropologie païenne vise le bien social, tout en s'inclinant devant le principe de l'éternel retour et de la mort.

    Une telle formule du pape justifie les violentes diatribes de l'antichrist Nitche, car il y a bien dans une telle formule le fondement de la moraline et de tous les décrets juridiques qui n'en sont pas, mais des ruses de tartuffe. Cette formule a bien une source évangélique, mais elle n'a pas un sens moral. On ne peut fonder aucune anthropologie ou science humaine dessus. Comme le dit Paul, Dieu ne demande pas à l'homme de se justifier par ses oeuvres morales, mais de s'essayer à l'amour, dont il est humainement incapable.

    On peut vérifier que la colère du Messie est dirigée contre les pharisiens, voire ses apôtres, non pas parce qu'ils portent atteinte à la vertu, mais parce qu'ils s'entêtent dans l'erreur et les doctrines sociales. Ils plaquent un raisonnement éthique sur la logique chrétienne et l'enseignement de leur maître, qui n'est pourtant pas venu comme le bouddha leur enseigner des règles de vie.

  • Vérité et politique

    "L'objet de ces réflexions est un lieu commun. Il n'a jamais fait de doute pour personne que la vérité et la politique sont en assez mauvais termes, et nul, autant que je sache, n'a jamais compté la bonne foi au nombre des vertus politiques. Les mensonges ont toujours été considérés comme des outils nécessaires et légitimes, non seulement du métier de politicien et de démagogue, mais aussi celui d'homme d'Etat. Pourquoi en est-il ainsi ? (...)"

    Hannah Arendt, in "La Crise de la culture", titre original : "Entre passé et futur", trad. française 1972)

    Dans ce chapitre, Hannah Arendt se réfère un peu plus loin à l'adage latin : "Fiat justitia, et pereat mundus", attribué à Ferdinand Ier, qui résume l'impossibilité de concilier politique et vérité. H. Arendt multiplie les exemples de défenseurs de la vérité, persécutés par la puissance publique. Elle mentionne l'idée ancienne de Platon selon laquelle la vérité ne peut être communiquée à une masse de personnes humaines, où transparaît que la République et la démocratie selon Platon n'ont rien de commun avec le système républicain et les démocraties libérales modernes, fondées sur le principe quantitatif inverse.

    Curieusement, dans le chapitre intitulé "Vérité et politique", Hannah Arendt ne mentionne pas directement le judaïsme ou le christianisme, religions que F. Nietzsche a maudites et justement qualifiées d'"anarchistes", précisément parce qu'elles sont "décalées de la vertu" et du rapport que l'institution politique entretient nécessairement avec la nature (physique). Les évangiles prétendent enseigner une vérité incompréhensible du point de vue social. Le néant est pour le chrétien la clef de toutes les doctrines sociales, par conséquent celles-ci contribuent toutes à entretenir l'erreur et le péché ; avec une mention spéciale, ainsi que le souligne Shakespeare, pour les doctrines sociales chrétiennes, qui comportent nécessairement un degré de mensonge supplémentaire. Shakespeare fait de la culture chrétienne, c'est-à-dire la subversion du christianisme, l'élément crucial de la tragédie du monde moderne. Si certains ont pu croire dans l'athéisme de Shakespeare, se fondant sur sa critique radicale de la culture médiévale chrétienne, c'est parce qu'ils ignorent que la religion chrétienne est la moins susceptible, en principe, de fonder une culture, et ne l'a jamais fait, comme une étude approfondie de la culture occidentale permettrait de s'en rendre compte, que par la "christianisation" d'institutions païennes, ce qui du point de vue chrétien authentique est le pire des péchés, qualifié de "fornication". "Roméo et Juliette" est ainsi une pièce dont le thème principal n'est pas la "passion amoureuse", comme certains critiques superficiels ont pu le penser, mais une pièce qui porte, bien plus profondément, sur la christianisation de l'institution païenne du mariage, dont Shakespeare fait voir de la manière la plus moralement incorrecte pour son époque les tenants et aboutissants.

    L'omission d'Hannah Arendt est d'autant plus surprenante que le totalitarisme est son sujet principal d'étude, c'est-à-dire une forme de tyrannie inédite dans l'antiquité, révélatrice du sens de la politique moderne.

    Ce chapitre sur la vérité et la politique aurait dû entraîner rapidement Hannah Arendt à deux conclusions : premièrement à énoncer le rôle-clef des "politiques chrétiennes" dans le totalitarisme (la doctrine satanique ou antichrétienne de F. Nietzsche s'articule autour de cette idée). On voit bien en effet que, dans la démocratie-chrétienne, la perversion est double : elle l'est par rapport à la conscience ancienne, mise en avant par H. Arendt, du mariage entre la politique et la vérité ; et la démocratie-chrétienne est perverse par rapport au christianisme, dont elle renverse la signification, alors même que les chrétiens devraient en principe être les mieux éclairés quant à la nature mondaine ou temporelle de la perspective démocratique.

    Ironiquement, on pourrait dire qu'il n'y a pas de démocratie-chrétienne qui puisse être fondée sur les évangiles et les apôtres, en raison de la défiance exprimée par les apôtres vis-à-vis des banques, qui n'ont jamais eu un poids politique aussi important que dans les nations démocrates-chrétiennes.

    Hannah Arendt cherche dans son essai "Entre passé et futur" à mesurer ce qu'il reste dans le monde moderne de cette ancienne conscience antique de l'opposition entre le plan politique et une vérité moins relative, c'est-à-dire qui ne serait pas conditionnée par les besoins humains temporels, comme l'est la politique.

    Mais, si le jugement porté par Hannah Arendt sur la culture moderne est sans doute juste et aussi sévère que ceux d'Orwell, K. Marx, Nietzsche, ou encore Simone Weil - H. Arendt échoue dans la mission qu'elle s'est fixée d'élucider les raisons de l'inquiétante faiblesse de la culture moderne (pour parler comme Nietzsche). Ses explications sont assez confuses, et on ne peut s'empêcher de voir dans cette confusion la marque, précisément, de la culture moderne.

    Hannah Arendt achoppe notamment sur la notion de science, dont elle est capable de discerner qu'elle a pris, dans les temps modernes, une pluralité de significations incohérentes, parfois contradictoires entre elles. Comme elle ne le dit pas assez radicalement, la science moderne n'est pas pensée, comme fut la science antique par Aristote, ou la science chrétienne humaniste de la Renaissance par Francis Bacon ("Novum Organum") ; elle n'est pas pensée, c'est-à-dire qu'elle n'est pas hiérarchisée. H. Arendt cite même des exemples d'une science évolutive, dont les données présentes contredisent celles qui faisaient foi naguère, et semblent ainsi vouées à se démoder ; cela implique de ne rien prendre pour fondamental et établi dans la science moderne, où le changement fait donc seul office de dogme. C'est ce qui explique que les néo-darwinistes ou les transformistes n'hésitent pas à proclamer "scientifiques" des études portant sur la nature qui comportent de très nombreuses lacunes, quand ces lacunes devraient scientifiquement disposer au scepticisme et à la prudence. On trouve d'ailleurs dans la science évolutionniste cette caractéristique à la fois moderne et religieuse : elle accorde au hasard la valeur de la science. Ainsi la "science économique" peut-elle parallèlement, sans rire, être proclamée une "science". De la même façon, il suffirait de parier sur dieu pour qu'il existe. La conviction que le monde moderne s'appuie sur des vérités scientifiques est une pétition de principe. Pratiquement, c'est le résultat d'une propagande. Mieux que Hannah Arendt, on peut dire que la science moderne fait une très large place à l'hypothèse scientifique, ce qui est le signe d'un mouvement religieux, comme la démocratie l'est sur le plan politique.

    Si Hannah Arendt n'est pas loin de l'intuition de Simone Weil que la science physique moderne n'est qu'un tissu d'inepties, d'équations qui ne veulent rien dire, l'explication qu'elle donne à la révolution scientifique qui s'est produite au XVIIe siècle est largement erronée et pleine de contradictions. On voit ainsi Hannah Arendt souligner la difficulté grandissante de la communauté scientifique à fournir des explications sur ses travaux, difficulté dans laquelle elle n'est n'est pas assez débile pour voir une preuve de progrès scientifique : "Il mériterait d'être noté que, parmi les savants, ce furent principalement des hommes de la vieille génération comme Einstein et Planck, Niels Bohr et Schroedinger qui s'inquiétèrent le plus vivement de cet état de choses AVANT TOUT PROVOQUE PAR LEURS PROPRES TRAVAUX." Je souligne ici la seule partie vraiment intéressante de cette remarque, qui pointe le manque de lucidité ou l'inconscience d'Enstein, Planck, Niels Bohr, etc. - et "a contrario" la lucidité plus grande d'une non-spécialiste, Hannah Arendt, capable de comprendre ou deviner que la science moderne se perd dans des détails, et qu'elle prend la précision de ses instruments pour une avancée scientifique fondamentale.

    Cependant, tout en critiquant la science moderne et interrogeant l'étrange phénomène psychologique au sein de la communauté scientifique (comparable à celui de l'abstraction dans le domaine artistique), Hannah Arendt accorde à celle-ci le penchant naturel pour la vérité, qu'elle refuse aux institutions politiques. En dépit de l'enjeu extraordinaire que la technologie représente en termes de pouvoir et de domination d'une nation sur une autre, H. Arendt ne voit pas de raison de se méfier de la communauté scientifique. De même, H. Arendt rend hommage aux techniciens et ingénieurs, grâce à leurs applications scientifiques, de fournir une preuve du progrès scientifique que les théoriciens purs ne fournissent jamais. Cette manifestation du progrès scientifique sous la seule forme d'avancées techniques doit au contraire conduire à soupçonner la théorie pure qui lui est associée d'être une pataphysique, et non une véritable science fondamentale.

    Le plus grave contresens, Hannah Arendt le commet à propos de la science du XVIIe siècle et des savants qui ont contribué à l'avènement des mathématiques modernes. Elle croit en effet cette science mathématique nouvelle, de Copernic, Newton ou Galilée, "purgée de tout élément anthropomorphique", de sorte que le géocentrisme, précédemment, d'Aristote ou Ptolémée, aurait consisté à projeter sur l'univers des catégories mentales naturelles. C'est le contraire qui est vrai : la métaphysique d'Aristote consiste dans un effort pour penser le cosmos en dehors des catégories naturelles auxquelles l'homme est soumis. Il est assorti d'une critique du langage et des figures de la géométrie algébrique qui incitent à croire vraies des notions comme l'infini, alors que celle-ci a une fonction, elle est "efficace", mais c'est une catégorie mentale dont on ne trouve pas d'équivalent dans la nature. Pour Aristote, l'infini est précisément une catégorie mentale. Le géocentrisme, auquel est lié l'idée d'univers fini, est donc une vision scientifique moins anthropomorphique que les modélisations mathématiques modernes de l'univers, qui évoluent constamment, au gré des caprices de la communauté scientifique. La "théorie des cordes", à la mode il y a dix ans, est désormais désuète. 

    Le propos de Hannah Arendt sur ce point, suivant celui de Max Planck, est saugrenu, car il revient à faire de l'art abstrait l'art le moins humain qui soit. Or c'est exactement l'inverse. Humaines, trop humaines les mathématiques modernes pour servir de base à un discours scientifique conscient. "Comme le dit Erwin Schroedinger, le nouvel univers que nous tentons de "conquérir" n'est pas "inaccessible pratiquement", il n'est même pas pensable, car de quelque manière que nous le pensions, il est faux ; peut-être pas aussi absurde qu'un "cercle triangulaire", mais beaucoup plus qu'un lion ailé."

    Les paradoxes qu'engendrent un tel discours, parfaitement ubuesque, est particulièrement anthropomorphique, l'homme étant sans doute de toutes les espèces la plus paradoxale.

    Suivant un préjugé élitiste, Hannah Arendt absout les intellectuels et les universitaires du processus de décadence de la culture, contre l'évidence que le poisson pourrit par la tête et que la culture de masse est un moyen élitiste de domination. Ainsi il n'y a pas de cinéma "populaire", il n'y a qu'un cinéma bourgeois libéral, ou bien populiste.

     

  • Queue de l'Athéisme

    Depuis une cinquantaine d'années, voire un peu plus, l'athéisme est entré dans une phase religieuse extrêmement inquiétante, qui d'après moi correspond à l'avènement du cinéma et de la culture de masse, c'est-à-dire d'un moyen de sidération massif au service de la bourgeoisie libérale.

    La culture de masse est une raison d'estimer la démocratie libérale ou chrétienne comme un régime plus totalitaire encore que le nazisme ou le communisme soviétique, à l'inverse de ce que certains universitaires spécialisés dans le blanchiment prétendent. La gabegie économique des élites libérales n'est rien à côté de leur gabegie morale. Bien entendu le dérèglement économique n'est que la conséquence de cette dernière. "Marx s'est trompé, le capitalisme lui survit", entend-on répéter des spécialistes autoproclamés de l'économie, c'est-à-dire du néant. Cela revient à déclarer vivace un vieillard en proie à la maladie d'Alzheimer. Tous ces économistes chargés de "missions de réforme" sont aussi ridicules que les médecins de Molière. On a atteint le point, en politique comme en art, où l'aliénation préside à la vocation politique. Cela a toujours été le cas, diront certains, attentifs à la philosophie et sa remarque ancienne selon laquelle les hommes politiques agissent toujours avec une certaine dose d'inconscience. Cela a toujours été le cas, mais autrefois les politiciens ne prêtaient guère l'oreille aux discours confus de leurs médecins.

    Par "phase religieuse" athée, je veux parler d'un athéisme culturel entièrement dépourvu de la dimension critique qui détermina la pensée athée au cours des siècles précédents. La plupart des athées aujourd'hui, à l'inverse de Diderot, d'Holbach, ou encore Feuerbach et Nietzsche plus récemment, s'opposent à un christianisme dont ils ignorent à peu près tout. La volonté de purification de la foi que Simone Weil discerne chez certains athées, c'est-à-dire un mouvement athée plus spirituel que le mouvement religieux, a pratiquement disparu aujourd'hui.

    Ce état actuel de l'athéisme est inquiétant à double titre. Des pans entiers de la culture occidentale sont occultés, c'est-à-dire aperçus presque exclusivement sous l'angle esthétique. L'université moderne mérite les mêmes sarcasmes que ceux adressés par les humanistes de la Renaissance à la culture médiévale. Exprimant des convictions, voire une intuition athée, le citoyen laïc moderne ne s'aperçoit pas que, loin d'hériter de l'esprit critique de l'humanisme ou des Lumières, il prolonge l'ancienne bigoterie dont il se croit émancipé. Il se rend au bureau de vote pour voter, sans se poser plus de question qu'un dévot sur le rituel auquel il assiste.

    Le danger de cet athéisme, nettement dominant dans la société civile, et d'ailleurs complémentaire de la démocratie-chrétienne (de nombreux laïcs français présentent la théocratie américaine comme un modèle du genre "avenir", et sociologiquement ce sont à peu près les mêmes qui vantaient naguère l'URSS officiellement athée) est comparable au danger de la technique confondue avec la science. Le confort de l'esprit est synonyme de fanatisme, et il s'appuie dans cette mouture athée ultime sur la position dominante scolastique et la négation de l'esprit critique. De façon frappante, cette arrogance athée, équivalente de l'arrogance cléricale du XVIIe siècle, est le fait principalement des élites intellectuelles. Elle est d'ailleurs dirigée, non pas tant contre le christianisme que contre tout ce qui n'est pas moderne, en termes de culture. Dans le reste de la population, l'ignorance est à peu près la même, entretenue par l'institution scolaire et sa manie du calcul mental, mais l'arrogance est bien moindre, le dialogue possible.

    Un dernier chapitre sur Michel Onfray, qui s'adresse à des milieux populaires et à qui sa contestation de certaines doctrines officielles a valu les foudres du haut clergé. Malgré un effort critique, Michel Onfray reste assez confus (Diderot l'était aussi), passant de l'apologie de Nitche à celle de Proudhon, presque à l'opposé. Il a fallu également beaucoup de temps à cet érudit populiste pour comprendre que le psychanalyste joue aujourd'hui le même rôle social que le curé jouait autrefois, et que d'une certaine façon les dernier prêtres catholiques romains sont bien plus liés à la psychanalyse qu'à la lettre et à l'esprit de l'évangile. Proposer comme il le fait de substituer une psychologie nitchéenne à la psychologie freudienne revient pratiquement à faire l'éloge du catholicisme romain contre le protestantisme, ou du moins d'une religion plus concrète que la pure rhétorique chère aux Allemands. On pourrait aussi imaginer des thérapeutes nitchéens pour les hommes, et des thérapeutes freudiens pour les femmes ; quoi qu'il en soit, c'est une critique d'une portée très limitée, un amendement venu du bas-clergé à la ligne culturelle définie par les quelques évêques qui disent aux Français ce qu'ils doivent croire.

     

  • Le Christ anarchiste

    Nietzsche s'élucide par Maurras et Hitler, et vice-versa. Ainsi Hitler ne peut se montrer trop nietzschéen, en raison de la germanophobie viscérale de Nietzsche, aux yeux de qui les Allemands sont des femelles chrétiennes (= sa mère, sa soeur et son père). Mais la doctrine politique contre-révolutionnaire nazie, néo-classique en matière d'art, sont sans aucun doute représentatifs de la volonté nietzschéenne de retour à la culture de vie païenne.

    Contrairement à Nietzsche, l'Autrichien Hitler et le provençal Maurras ont été contraints de composer avec la culture catholique et protestante. La doctrine de Nitche est plus pure, car ce n'est pas un démagogue. Hitler ne peut se passer des crétins bavarois catholiques, et Maurras des crétins français catholiques. On constate d'ailleurs que Hitler sait faire la différence entre les juifs sionistes, convertis aux valeurs nationalistes et au culte identitaire, et les juifs authentiques, fidèles aux prophètes, incarnation de l'anarchie et du bouc émissaire. Il sait la faire comme Freud sait la faire, ou encore Nitche.

    Nécessairement machiavélique, Maurras insulte les apôtres du Christ avec discrétion.

    La raison de l'antichristianisme et de l'antijudaïsme forcenés de Nitche est une cause institutionnelle. D'une part, mieux que les évêques de Rome et la doctrine catholique moderne, Nitche sait le christianisme inconciliable avec quelque doctrine sociale que ce soit. La sympathie de Nitche pour l'Eglise romaine s'explique parce qu'il considère que le clergé romain, comme les pharisiens auparavant assassinèrent Jésus, ont tué le message évangélique "dans l'oeuf", si on peut dire. En cette occasion, Nitche manifeste sa haine de Luther.

    A cela il faut ajouter que le mépris juif ou chrétien des institutions civiles, est la contrepartie selon Nitche de l'allégeance à un maître dont la divinité relève du fantasme. L'éternel retour est la seule explication de l'architecture cosmique selon Nitche, c'est-à-dire dans cette loi que l'Evangile de Jean désigne comme le nombre d'homme 666, régissant toute forme d'art.

    Jésus-Christ n'est, selon Nitche, qu'un doux dingue efféminé dans le meilleur des cas, et certainement une vermine anarchiste à éliminer, ainsi que ses apôtres, par mesure de salut public.

    - Cohérente sur le point de l'incompatibilité du christianisme, selon sa lettre et son esprit, avec une quelconque manifestation culturelle ou identitaire, la doctrine de Nitche "prend l'eau" sur plusieurs points décisifs. De moraline ou d'éloge de la faiblesse, on ne trouve aucune trace dans les évangiles ni chez Paul de Tarse. Le droit moderne absurde a plus de rapport avec l'ancienne tyrannie qu'il n'en a avec le christianisme, pur de toute considération juridique ou anthropologique. Autrement dit, le christianisme est plus éloigné de la culture protestante du père de Nitche que Nitche lui-même, en dépit de ses efforts pour l'anéantir.

    - Le point où Nitche est démenti de la manière la plus éclatante est stratégique. Le moment n'est pas éloigné pense Nitche, comme Hitler et Mussolini, voire Staline, où l'humanité renoncera définitivement à la religion truquée chrétienne et ses symboles macabres. Or il n'en est rien : le Pacte atlantique, les Russes, bref toutes les nations ploutocratiques qui dominent le monde continuent d'arborer des insignes chrétiens. L'éloge de la faiblesse est la morale des puissants - de ceux qui possèdent les armes et les richesses.

    On en revient donc à Shakespeare, car lui seul sait pourquoi les bannières chrétiennes flottent en tête des nations maudites par l'Esprit de Dieu, et que cela est conforme aux prophéties chrétiennes.

     

     

  • Rome et Israël

    On peut observer que l'étrange religion juive moderne, entièrement détachée des prophètes juifs, et dont le mobile politique et moral est primordial, cette religion se présente à la manière du catholicisme romain autrefois comme un droit d'ingérence extérieur. On qualifiait au XIXe siècle d'"ultramontains" (au-delà des montagnes) les catholiques romains exhibant leur fidélité à Rome et heurtant ainsi le sentiment national français ou républicain.

    Les divisions et schismes au sein du christianisme ont toujours une cause politique et morale, quand bien même le message évangélique n'a aucun caractère moral ou politique.

    Les soi-disant juifs aujourd'hui, affiliés à une étrange religion où les victimes juives de la shoah ont pris la place qu'occupait un christ défiguré par le catholicisme romain dans ce culte, ces soi-disant juifs se retrouvent dans la même posture que les catholiques romains autrefois. Cette étrange culture judéo-chrétienne concerne en réalité bien plus que la minorité de quelques centaines de milliers de Français, descendants de la diaspora juive.

    Cette posture est parfaitement ubuesque et caractéristique du culte identitaire moderne. En principe le judaïsme et le christianisme proscrivent toute revendication d'ordre identitaire, tout raisonnement en termes de "racines". Les Juifs et les chrétiens sont des déracinés volontaires. Le pire péché qu'un chrétien puisse commettre est de se mêler de questions temporelles et d'imposer ses vues dans cette matière à des gouvernements nécessairement temporels.

    L'apostasie discrète de la démocratie-chrétienne et des évêques de Rome ne fait que continuer l'apostasie flagrante de la monarchie divine chrétienne, culte solaire à peine dissimulé. La morale judéo-chrétienne, dorénavant, est entièrement une opération de blanchiment des valeurs bourgeoises.

     

  • Athéisme

    L'homme antique est trop peu replié sur lui-même pour douter de dieu, et baigne ainsi dans l'évidence d'une ou de plusieurs forces cosmiques supérieures - évidence qui n'a rien de rassurant, puisqu'elle peut inciter au suicide quand la vertu n'est plus possible.

    Le problème du salut, c'est-à-dire de la part de l'homme à l'éternité, est une question beaucoup plus épineuse et pour ainsi dire le point de départ de la pensée proprement humaine. Beaucoup d'hommes ne se la posent jamais et demeurent pour ainsi dire au stade animal ou politique.

    La pensée antique nous touche directement sur ce point de l'éternité et du salut. Pour le reste, les considérations d'ordre social ou purement humain, comme Virgile et le latin, l'antiquité est morte.

  • Contre Chesterton

    On peut considérer le point de vue de G.K. Chesterton comme radicalement opposé à celui de Shakespeare. Ce dernier s'est en effet employé à discréditer, non pas tant l'Eglise catholique romaine que la théorie de l'institution chrétienne en général, prévoyant l'éclatement de l'Eglise romaine en Eglises nationales, affectées de la même tare anthropologique. On comprend grâce à la formidable démonstration de Shakespeare que l'athéisme occidental moderne est le pur produit d'une morale judéo-chrétienne truquée, substituant au christianisme la philosophie de Platon. Des raisons sociales et uniquement des raisons sociales, montre Shakespeare, ont conduit à une traduction sociale du message évangélique.

    - Le constat de la mort de dieu a donc été tiré par Shakespeare bien avant Nitche, puisque pour le tragédien anglais, la culture médiévale est une culture athée, les édifices architecturaux ou littéraires, philosophiques, du moyen-âge, ayant seulement l'apparence chrétienne.

    Autrement dit, entre Dante Alighieri et la thèse de la possibilité d'un Occident chrétien, d'une part, et de l'autre Shakespeare et sa démonstration de l'impossibilité d'une quelconque doctrine sociale chrétienne, c'est-à-dire de l'accomplissement de la Révélation chrétienne dans le temps, il faut choisir - plus exactement, seules les écritures saintes permettent d'aider le fidèle à trancher entre ces deux propositions opposées.

    Converti au catholicisme romain, G.K. Chesterton s'est curieusement fait l'apologiste de l'Eglise romaine. "Curieusement", car défendre le point de vue catholique romain, ces derniers temps, revient pour un architecte à préférer les ruines à l'architecture. La puissance judiciaire de l'Eglise romaine a peu à peu décliné au cours des derniers siècles, et son droit canonique est devenu langue morte. Cela explique largement l'inflation des procédures de canonisation : quand un droit est dépourvu de portée immédiate, il devient virtuel, comparable au "désir d'avenir" stupide des bonnes femmes allemandes. S'agissant de cette puissance législative perdue, on pense aussi à la métaphore de la peau de chagrin.

    Chesterton a d'ailleurs la réputation d'être paradoxal, ce qui n'est pas bon signe quand on est chrétien ; on peut dire en effet la logique chrétienne dressée contre le paradoxe social. Qui aime la société ne peut en effet aimer la vérité, dans la mesure où celle-ci est le principal dissolvant de la société. L'athée, produit d'une société totalitaire judéo-chrétienne, afin de n'être pas démasqué par une invocation directe du mensonge, se retranchera derrière l'apologie d'une vérité paradoxale. Aucune culture n'est sans doute plus paradoxale que la culture anglaise, et dominante en vertu de ce paradoxe. Quelle nation sait mieux jouer de la tradition et de la modernité en même temps ? Chesterton est donc le pur produit de la culture anglaise - exactement le contraire de Shakespeare, donc, qui défie l'Angleterre comme Hamlet défie le Danemark.

    "Faire partie de l'Eglise romaine est encore le meilleur moyen de ne pas faire partie de son temps." énonce Chesterton, ce qui est une affirmation plus contraire à la vérité historique que la thèse de Nitche. L'Eglise romaine a au contraire inventé le truc de la modernité qui consiste à vouloir être de son temps. Les tenants de la modernité sont des catholiques romains qui s'ignorent, et leur conscience est entièrement prisonnière d'une manière de penser médiévale. C'est une erreur d'attribuer au seul protestantisme l'impulsion moderne, comme si le protestantisme était opposé au catholicisme. La meilleure preuve en est que les derniers pontifes romains (K. Wojtyla, J. Ratzinger) ont rallié des positions institutionnelles et philosophiques protestantes sans coup férir (démocratie, laïcité), bien mieux adaptées à l'état du droit moderne. Aussi inexacte et approximative l'idée que le protestantisme est un terrain plus favorable au capitalisme.

    La remarque de Chersterton ne vaut partiellement que pour l'Eglise romaine actuelle, qui semble une nef coulée dans sa rade, ou que l'on peut comparer encore à une femme stérile.

     

  • Doctrine sociale...

    mon cul.

    Rien de grand n'est accompli dans ce monde sans l'aide de Satan, dans le domaine de la politique ou celui de l'art. Aussi les nostalgiques des anciennes civilisations antiques, aussi denses et franches que l'Occident moderne est creux et habile, n'hésitent pas à se prosterner devant Satan, dispensateur de l'authentique vertu.

    De même rien n'est accompli pour l'amour du Christ Jésus dans ce monde, qui ne vise à faire choir Satan.

    Rions avec Shakespeare de la chute en avant de l'homme civilisé dans le purin de la démocratie-chrétienne.

  • Info-secte.org

    Le site www.info-secte.org répertorie diverses sectes ou mouvements sectaires qu'il tente de présenter avec objectivité. Pêle-mêle on retrouve les Témoins de Jéhovah, l'occultisme véhiculé par la série Harry Potter, l'Eglise de la Nouvelle Jérusalem inspirée par les écrits du théologien Emmanuel Swedenborg, etc.

    De façon bizarre, voire ésotérique, les auteurs de ce site se disent chrétiens, mais leur propos n'a pas, disent-ils, de vocation confessionnelle ; ces enquêteurs prétendent n'être pas "affiliés au Vatican", mais invoquent en revanche la caution des parlementaires français et d'une liste de mouvements sectaires dressées par eux. Ce sont donc des chrétiens qui prétendent évaluer des mouvements sectaires chrétiens, voir confronter les assertions de certaines sectes chrétiennes aux saintes écritures chrétiennes, mais qui ignorent qu'il est défendu à un chrétien de servir deux maîtres ; en l'occurrence, aucun chrétien ne peut reconnaître à l'Etat français, personnalité morale anthropologique ou fictive, se métamorphosant au gré des circonstances économiques, une quelconque autorité dans les domaines essentiels de la liberté et de la vérité. L'éducation civique revêt donc nécessairement pour un chrétien le caractère d'un sectarisme ou d'une éducation sectaire.

    On peut facilement faire la démonstration historique que la théorie antichrétienne du "chrétien au service de la Cité" est une des causes majeures, de nature politique et morale des grands schismes au sein du christianisme, ayant entraîné la constitution d'Eglises nationales, répondant d'abord aux besoins de causes relatives. De nombreuses prétendues sectes chrétiennes se trouvent justifiées par les évangiles de lutter contre la récupération par des mouvements nationalistes identitaires des symboles de la foi chrétienne et de souligner la bestialité réelle de ces mobiles chrétiens. Les menaces divines à l'encontre de telles tentatives de récupération de la foi à des fins privées sont nettes et sans appel.

    Bien qu'ils ne sont pas "affiliés" au Vatican, les auteurs de www.info-secte.org ne traitent pas du cas de l'Eglise romaine comme d'une secte, jadis prospère et aujourd'hui plus ou moins ruinée. Il est probable que les auteurs du site ont tenu compte de la relative reconnaissance sociale dont bénéficie le culte catholique romain et ses adeptes, eu égard au rôle essentiel qu'il a joué dans la culture occidentale, et qu'il joue encore à travers des idéologies telles que le culte des "droits de l'homme" ou la démocratie - idéologies opposables moralement aux nations barbares. La reconnaissance sociale ne prouve cependant pas que les "valeurs occidentales" idéales ne sont pas constitutives d'un abus de confiance.

    Bien que de très nombreux enfants en relèvent pour leur éducation et leur avenir, l'Education nationale n'est pas non plus traitée par ce site comme une secte. Pourtant on ne voit pas qu'il soit fait grand cas au sein de cette institution puissante de la détermination individuelle, dont n'importe quel scientifique admettra qu'elle est la meilleure garantie contre l'adhésion aveugle à des principes religieux. Si l'esprit critique avait cours au sein de cette institution, probablement les philosophes, historiens et savants qui font la démonstration que les valeurs républicaines ne contredisent pas les valeurs catholiques romaines mais les prolongent (Marx, Péguy, etc.), ne feraient pas l'objet d'une mise à l'index aussi stricte, mais seraient exposées dans un esprit scientifiques. De même on peut trouver curieux que les philosophes et hommes de lettres complices actifs du stalinisme, c'est-à-dire de la religion truquée du peuple, par les élites et pour les élites, continuent d'être présentés comme des saints laïcs.

    Curieusement, ces ennemis autoproclamés de l'esprit sectaire, et donc pour résumer de l'abus de confiance, ne se donnent pas pour but de lutter contre des formes civiles ou civiques de sectarisme, qui passent par des méthodes similaires de réduction de la liberté individuelle au choix de sa marque préférée de yahourts, ou sa position sexuelle favorite. En effet, les discours des partis politiques peuvent être assimilés à des doctrines sectaires, reposant sur des méthodes d'embrigadement et de propagande même pas honteuses d'elles-mêmes. Combien de policiers et de soldats du rang ne sont pas désillusionnés après avoir fait l'expérience réelle de la mission pour laquelle ils ont été enrôlée ? Mais surtout il faudrait parler de la publicité et de l'abus de confiance permanent qu'elle représente, puisque la publicité consiste à faire miroiter un bonheur et une satisfaction qu'elle ne permet pas d'atteindre ? On pourrait multiplier les exemples de substitution du langage de la séduction et du viol des consciences à l'esprit critique préventif des dérives religieuses sectaires.

    Un mot, pour conclure, sur le chapitre assez original consacré à "Harry Potter" et à la propagation de croyances et rituels occultes au sein de la jeune génération. Le phénomène inquiète les autorités morales de ce pays, à la fois parce qu'il semble spontané et impossible à enrayer. Il se développe d'ailleurs dans le cadre d'une éducation largement déléguée à la fonction publique enseignante, et impliquerait de sa part une autocritique à laquelle elle n'est pas disposée, ce qui est significatif là encore de l'organisation cléricale et sectaire de l'Education nationale. Impossible d'envisager pour les autorités morales que le vase des valeurs républicaines et celui de l'occultisme véhiculé par Harry Potter peuvent être des vases communicants. Pourtant ils le sont ; sans lien direct avec la philosophie des Lumières, les valeurs républicaines peuvent être traduites comme des valeurs technocratiques. Le gadget est le produit de la technocratie, dans tous les domaines y compris juridique, artistique (le cinéma) ou mystico-religieux. Les romans de J.K. Rowling sont des gadgets, conçus comme tels, et ils fascinent les gosses pour la même raison que leurs parents et professeurs sont fascinés par les gadgets dernier cri. Infantile et débile l'occultisme de Harry Potter, si on le compare à l'occultisme de Pythagore ou au satanisme de Nietzsche (très peu occulte ou secret, d'ailleurs), qui peuvent prétendre sérieusement soutenir une certaine forme de rationalisme moral et politique.

    La fascination du gadget correspond au mobile érotico-macabre dit de "la recherche du temps perdu". On voit aussi que cette culture de masse infantile prolonge l'art surréaliste le plus débile, qui attribue à la perte de conscience provoquée par l'art, sous prétexte de favoriser l'extase, un rôle positif similaire à celui de l'injection de drogue.  

     

     

     

     

     

  • Sociologie catholique

    Un sondage récent établit que les catholiques français ont des moeurs semblables au reste de leurs compatriotes. Le seul problème, c'est que des "moeurs catholiques", ça n'existe pas. La défense de la vérité est le seul mobile du chrétien, d'où il tire son mépris des civilisations et des sociétés humaines, nécessairement fondées sur une forme de vérité mensongère. Il se trouve de surcroît que la raison sociale la moins mensongère est la raison sociale satanique.

    Sont donc traitées dans ces sondages et cette sociologie de questions culturelles "françaises", si l'on veut, qui ne concernent pas la foi chrétienne ou catholique. Quiconque sait lire, pourra lire les évangiles et constater que le christ Jésus, à l'opposé du curé catholique romain, considère les questions de moeurs pour ce qu'elles sont, à savoir des questions entièrement relatives. L'apôtre Paul à la suite de Jésus précise qu'il n'y a pas de salut chrétien par les oeuvres, ce qui peut se traduire dans le vocabulaire moderne par les "oeuvres sociales". C'est ce qui explique la haine des antichrists à l'égard de l'apôtre Paul, en particulier des antichrists qui ont vu dans le catholicisme romain un culte subversif allié - Nitche ou Maurras, par exemple, convaincus que le catholicisme romain exprime une culture de vie païenne.

    Ce qui a largement été cause de la défaite de l'Eglise catholique romaine au cours des derniers siècles, c'est d'ailleurs sa défense du droit et de l'ordre établi contre des partisans de la vérité plus sincères, comme les philosophes des Lumières, et plus encore le marxisme qui remet en cause le principe même de la civilisation. La vision historique donne conscience de ce que la civilisation est un état d'inconscience (de là la volonté de l'Occident de faire taire Shakespeare par tous les moyens, d'une manière que Shakespeare a prophétisée dans "Hamlet" - parce que Shakespeare a mis la civilisation occidentale minable).

    De même la sociologie qui oppose "l'esprit du catholicisme" à "l'esprit du protestantisme" est une science débile, puisque la doctrine sociale chrétienne, qu'elle porte le label catholique ou protestant, n'est qu'un opportunisme. L'opportunisme occidental, les croisades, sont une réalité, mais on ne peut pas les traiter scientifiquement en occultant l'opportunisme qui les détermine, et dont l'opposition entre la doctrine catholique et la doctrine protestante ne permet pas de rendre compte.

    Les sociologues modernes sont d'ailleurs des docteurs catholiques romains qui s'ignorent, puisque la défaillance scientifique qui caractérise la sociologie a été introduite par la doctrine catholique romaine. Le monde païen avait des poètes païens utiles et raisonnables - le monde moderne a des sociologues débiles.

     

     

  • Le syndrome Thoreau

    Une fois n'est pas coutume, je cède à la mode qui consiste à employer des termes médicaux en toutes circonstances, mode qui témoigne de l'extrême irresponsabilité de l'homme moderne, en même temps que de la dissolution de l'individualisme dans l'étatisme.

    Tous ces types avec des téléphones portables ! On ose encore parler d'excès d'individualisme, quand la gent masculine adopte de plus en plus des comportements féminins grégaires (on reconnaît aisément dans le port de la cravate un signe de soumission et d'agrégation, proche de la croix de sectes sataniques ou catholiques).

    Le "syndrome Thoreau" désigne le comportement de certains Américains, subissant le poids de la culture germanique en vigueur aux Etats-Unis, au point d'y renoncer pour faire le choix d'une culture moins masochiste. Henry Thoreau est une sorte de Nitche yankee, c'est-à-dire parfaitement inconscient, contrairement à ce dernier, du rôle décisif du christianisme et du judaïsme dans l'histoire de l'humanité. On ne trouve donc pas chez Thoreau de volonté d'éradiquer le judaïsme et le christianisme de la culture à tout prix afin de restaurer la civilisation, et ramener la paix et le bonheur dans le monde. Thoreau s'attarde plus que le philosophe allemand sur le phénomène des banques et de l'argent, qu'il traduit comme un signe de peur et de corruption sociale avancée. Quelques terroristes arabes ont il est vrai fait trembler dernièrement toute une nation armée jusqu'au cou, confirmant le diagnostic pessimiste de Thoreau. La Bible elle-même indique que c'est la peur qui a détourné le peuple juif de la loi et l'a incité à trahir Moïse pour le veau d'or.

    Mais Thoreau ignore à peu près complètement la Bible. L'intense corruption sociale de la nation dans laquelle il vit, qui n'avait pas encore trouvé le moyen de dissimuler l'esclavage derrière des motifs humanistes, l'incite à se tourner vers la nature et le principe d'incorruptibilité de celle-ci, contenu dans la formule nitchéenne de "l'éternel retour". On trouve de plus en plus d'Américains atteints du syndrome de Thoreau, c'est-à-dire plus ou moins en rupture de ban, tâchant de reconquérir un minimum de conscience individuelle, fuyant la culture totalitaire judéo-chrétienne des élites à défaut de pouvoir l'affronter, tant cette mécanique économique est puissante. Déjà, à l'époque des hippies, du temps du déploiement des forces militaires américaines en Asie, Thoreau faisait figure de guide spirituel. Derrière le mobile du terroriste également, on retrouve l'idéal du bonheur. Ce que le terroriste veut faire sauter, c'est le verrou qui l'empêche de jouir.

    L'impasse dans laquelle le raisonnement de Thoreau jette est à peu près la même que l'impasse du bonheur, qui n'est jamais plus stable que l'eau recueillie dans le creux de la paume. Ce dernier revêt une importance capitale pour les personnes qui subissent l'esclavage des élites judéo-chrétiennes capitalistes et leurs foutues doctrines sociales hypocrites, qui pourraient faire l'objet des mêmes pamphlets marxistes aujourd'hui qu'il y a cent ans. Mais pour l'homme en position de jouir normalement, le bonheur est comme le soleil - non pas un dieu, mais un moyen, de sorte que l'homme en position de penser, pour le meilleur comme pour le pire pensera au-delà de sa condition.

    La même obsession du bonheur de la part de Nitche l'incline à nier dieu - pas n'importe quel dieu - pas Satan, qui donne la vie et la mort et auquel tout savoir éthique remonte, mais le dieu métaphysique des juifs et des chrétiens.  

  • Critique littéraire

    "Qu'auront apporté les écrivains de la fin du XXe siècle ? Peut-être un changement de décor. (...)" dixit Frédéric Beigbeder.

    La littérature de Beigbeder n'est elle-même qu'une resucée de Proust. Il n'y a que les médecins allemands pour s'intéresser vraiment à Proust et à Beigbeder. Ce dernier est d'ailleurs un peu moins nul que Proust, car un peu plus critique.

    L'homme du peuple, qui n'a rien à cirer de la littérature et de la culture, à l'instar des chrétiens, pourra se demander de même : "Qu'ont apporté les savants de la fin du XXe siècle ?"

    En ce qui me concerne, je ne recommanderais pas Shakespeare si Shakespeare ne relevait pas de la science, comme la plupart des mythes.

    F. Beigbeder ajoute : "Je ne pense pas que les centres commerciaux soient la plus grande réussite esthétique du siècle précédent, mais je les considère comme un progrès par rapport aux camps de concentration." Ici Beigbeder retombe au niveau de la doctrine sociale de l'Eglise démocrate-chrétienne, c'est-à-dire de la littérature la plus insane de tous les temps, car il va de soi que les camps de concentration et les centres commerciaux traduisent le même phénomène bestial. On mange en 2014 comme on tue en 2014 : les méthodes d'assassinat nazie sont pasteurisées et hygiéniques. Si les chambres à gaz ont bel et bien été mises en service, c'est ce qu'elles signifient : non pas une cruauté excessive, mais un professionnalisme exemplaire. Les Allemands ont plaidé pour leur défense qu'ils ne s'étaient pas bien rendu compte qu'ils accomplissaient le pire, l'ayant accompli en fonctionnaires plus ou moins zélés. Les centres commerciaux n'ont rien de rabelaisien non plus, mais ils sentent la doctrine sociale démocrate-chrétienne à plein nez. Ils résultent de la germanisation accélérée de la France par ses élites après la dernière guerre, que Bernanos a qualifié de mensonge plus grand que le mensonge de la collaboration lui-même. De fait le parti gaulliste est un des artisans du négationnisme. Conjointement avec le parti communiste, il a fait en sorte qu'on ne puisse tirer aucune leçon de l'histoire.

    Les hommes du XXe siècle appartiendraient-ils au néant ? Tous leurs efforts ne tendraient-il pas secrètement vers la nullité ?

  • Critique littéraire

    En tant qu'apologie du rêve, l'art dit "surréaliste" est le mieux adapté à un régime totalitaire. Le surréalisme est un art infra-médical ; le projet de la psychanalyse n'est pas aussi débile a priori que celui du surréalisme, qui constitue une régression de la conscience en-deçà du mythe, comparable à la régression des mathématiques modernes.

    La culture de masse totalitaire peut être dite "surréaliste" ; cela permet d'en discerner la cause dans les élites occidentales modernes, qui seules justifient le surréalisme ou le cinéma comme un art.

    NB : dès lors qu'un auteur dit "surréaliste" a de l'humour, manifestant par là une prise de conscience, on peut lui ôter l'étiquette surréaliste. L'humour va en effet à l'encontre de l'instinct, et donc du génie. En principe, les artistes surréalistes sont des artistes belges, allemands ou américains, élevés sous la mère comme des veaux.

  • Apostasie romaine

    Lors de la récente canonisation de deux de ses chefs, l'Eglise romaine est apparue telle qu'elle est, comme une construction juridique athée.

    Il n'est pas difficile aux adversaires du culte catholique romain de démontrer qu'il est purement rhétorique, que l'on se place du point de vue de Satan et du droit naturel (Nietzsche), ou bien encore du point de vue chrétien apocalyptique (la bête de la terre est représentative des puissances qui tirent leur légitimité de la loi), ou bien encore du point de vue athée laïc dérivé du catholicisme romain, majoritaire en Occident - le culte républicain moderne, dans le cadre de l'Etat totalitaire moderne, plagie en effet le culte catholique romain dans ses rituels et célébrations.

    En tant que tel, le culte catholique romain est ultra-minoritaire en France, mais dans sa version technocratique modernisée, il est largement répandu ; c'est ce qui explique la fascination pour un clergé et des cérémonies qui semblent désormais appartenir au folklore - l'Eglise catholique romaine est la matrice de l'appareil judiciaire moderne.

    - L'Eglise romaine apparaît donc comme un leurre parfait, qui d'une part se présente comme une démonstration juridique facile à réfuter. Il est aussi facile de démontrer que le mobile de l'Eglise romaine n'est pas spirituel, mais moral et politique, qu'il est facile de démontrer que la théorie de la relativité d'Einstein n'est pas scientifique mais arbitraire. D'autre part la doctrine romaine fait écran au message évangélique, dont il n'est possible de déduire aucune règle de vie sociale.

    - La transition opérée de la "légende dorée" catholique romaine à une procédure judiciaire stricte n'est qu'une illusion. Il faut des miracles pour faire un saint du culte latin : mais la transformation quotidienne par les prêtres romains du vin en sang du christ et du pain en corps du Christ n'est-elle pas un miracle alchimique suffisant ?

    On sait d'ailleurs la réticence du Messie à opérer des miracles, dont les magiciens sont aussi capables. La capacité de Satan à accomplir des miracles est attestée dans l'Evangile par l'annonce des miracles de l'Antéchrist.

    Les peuples primitifs prennent les technologies occidentales dites "avancées" lorsqu'ils les découvrent pour des miracles. La technologie occidentale est bel et bien miraculeuse au sens naturel, et donc démoniaque. L'univers est lui-même un miracle permanent du point de vue de la science technique et des mathématiques modernes (largement tributaires de la science scolastique catholique), dans la mesure où cette science technique n'explique pas l'univers autrement que par ses effets.

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Je précise dans ma précédente note le cadre général de l'apostasie catholique romaine, c'est-à-dire comment un message universel, sous le prétexte de la tradition ou de l'anthropologie, a été transformé peu à peu en une sorte d'insane théorie de la relativité affublée de l'étiquette chrétienne.

    Cette transposition subversive du message évangélique dans le domaine social s'accompagne du blanchiment de la chair, domaine dans lequel le pape Jean-Paul II se spécialisa, cela même alors que les saintes écritures désignent cette opération de blanchiment comme le péché de fornication. On comprend que l'abstinence sexuelle de Karol Wojtyla n'est pas ici en cause, bien que sa théologie subversive ne soit pas complètement étrangère aux débordements criminels de son clergé et du sacerdoce catholique romain ésotérique. Cette opération évoque aussi irrésistiblement les pharisiens, accusé par le Messie d'être des "sépulcres blanchis", expression significative de la trahison par le clergé juif du sens eschatologique de la loi de la Moïse.

    - Dans le "Figaro" du 27 avril 2014, publication financée comme on le sait par un industriel de l'armement, J.-M. Guénois consacre un article à Yves Semen (!), apologiste de la "théologie du corps" de Jean-Paul II ; la caractéristique essentielle de cette théologie est d'être un tissu de spéculations philosophiques entièrement dépourvu de rapport avec les évangiles. J.-M. Guénois parie apparemment sur l'ignorance complète des lecteurs de son journal subventionné de tout ce qui ne relève pas des mécanismes boursiers. Ceux-ci requièrent d'ailleurs un manuel de la branlette ou du libre-échangisme catholique romain. On peut compter sur le nouveau pape, plus progressiste, pour la rédiger.

    Il faut toute l'extraordinaire mauvaise foi et le pharisaïsme de cet Yves Semen pour prétendre que la charité chrétienne peut être mêlée au coït. C'est une ignominie que de le prétendre, comparable à l'argument capitaliste de la "libération sexuelle". Aucune religion païenne n'est aussi barbare et sournoise.

    "(...) Karol Wojtyla est un philosophe personnaliste avant d'être théologien. Pour lui, la "personne" est vraiment faite pour se donner. En se donnant, elle se "trouve" et se rencontre là dans son bonheur. Voilà sa grande idée." Y. S.

    On flirte ici avec la bêtise absolue. D'abord parce que le christianisme s'oppose radicalement à toute philosophie personnaliste, c'est-à-dire à la théorie de l'accomplissement social de l'individu, ensuite parce que le "don physique sexuel" n'a bien sûr rien de libre et de gratuit - il n'a rien d'un don au sens chrétien.

    "Et voilà que s'écroulent des siècles d'une théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair." ajoute J.-M. Guénois. On peut parler d'un soupçon dans la Genèse vis-à-vis de la femme ; on peut parler de l'avertissement du christ Jésus contre la chair. "La théologie catholique du soupçon vis-à-vis de la chair" est une locution qui ne veut rien dire, entièrement dépourvue de sens historique. Sans doute le journaliste fait-il la confusion avec la distinction opérée entre le corps et l'âme par certains clercs catholiques ; mais cette distinction n'a rien de théologique, ni rien de catholique - elle n'est qu'un écho de la philosophie de Platon.

    "Jean-Paul II professe une réconciliation historique de l'Eglise avec la sexualité." Y.S.

    Le propos est doublement grotesque ; d'abord parce que la spiritualité chrétienne exclut d'envisager la prédation sexuelle comme un mouvement spirituel, ensuite parce que, sur le plan social ou mondain étranger au christianisme, la sexualité dépend des conditions économiques, et non de la volonté de tel ou tel. La doctrine sociale de l'Eglise, c'est-à-dire la trahison du clergé, a donc évolué au cours des siècles depuis le moyen-âge au gré de l'évolution du capitalisme occidental. Le culte de la personnalité des papes, lui-même est typique de l'époque, et non du christianisme.

    A ce compte-là, le protestantisme peut-être présenté comme une théologie, plus moderne, du divorce chrétien, c'est-à-dire uniquement sous l'angle de sa vocation sociale, alors même que le principal intérêt de la théologie de Luther est de dénoncer le mensonge de la vocation sociale du christianisme.

    L'article du "Figaro" ne le mentionne pas, mais Jean-Paul II en osant la comparaison du mariage civil, d'essence païenne, et du mariage du Christ et de l'Eglise, a accompli un véritable attentat contre la parole divine, dont l'apôtre Paul dit qu'elle recèle ici un grand mystère apocalyptique.

  • Apostasie de Jean-Paul II

    Les évangiles excluent tout calcul social. La doctrine de Jean-Paul II est essentiellement sociale.

    En même temps les évangiles ne contraignent personne à faire le choix d'une existence antisociale tournée vers dieu. Au stade ultime, la doctrine catholique romaine de Jean-Paul II, la plus compatible avec les valeurs bourgeoises capitalistes, s'avère une contrainte exercée afin de mener une vie sociale et trouver à cette vie un sens - par conséquent comme une négation du message évangélique. On ne peut donc manquer de juger cette tournure étrange. 

    D'une manière générale, le XXe siècle coïncide avec la substitution de l'anthropologie à la théologie, célébrée d'une part par la philosophie laïque athée comme le triomphe de la raison humaine, et d'autre part vantée par la propagande catholique romaine comme une sociologie chrétienne des plus raffinées. Les évangiles nous parlent de liberté, de vérité, d'amour, c'est-à-dire de dieu ; la doctrine catholique nous parle de l'homme et de l'institution catholique.

    La procédure de canonisation des papes, plus encore qu'une autre puisque l'évêque de Rome est la clef de voûte de l'institution romaine, trahit le caractère de culte providentiel du catholicisme romain, c'est-à-dire une conception de l'au-delà caractéristique du culte païen, imité par la République française lorsqu'elle procède au transfert des cendres de tel ou tel héros national au Panthéon, contredisant ainsi les slogans démocratiques.