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Mon Journal de guerre - Page 31

  • Preuve de dieu (2)

    Causons un peu de ce dieu moderne qui éclipse les anciens et que l'on appelle "la science". C'est bien d'un rapport religieux à la science dont il s'agit dans le monde moderne, et qui rappelle par conséquent le propos de Rabelais sur la "science sans conscience", dont les universitaires spécialistes de Rabelais omettent souvent de rappeler qu'il vise la science scolastique.

    Ce rapport religieux est traduit par la notion de "culture scientifique", qui ne choquera pas un homme de foi, mais fera sursauter un scientifique. Il est traduit aussi par l'idée d'une science "tournée vers l'avenir", c'est-à-dire ayant rompu avec la matière, ce qui est le propre d'une conscience religieuse primitive ou infantile.

    Cette dimension religieuse est perceptible également dans la censure par les pouvoirs publics des critiques de la science officielle. Je citerais ici le cas de Michel Onfray, dans la mesure où la portée scientifique de sa critique est très limitée, mais néanmoins rencontre l'hostilité des représentants de l'Inquisition.

    Et, comme la contestation du monopole scientifique de l'Eglise catholique romaine est un des axes de la philosophie des Lumières, s'appuyant parfois sur les évangiles pour contester ce monopole (Diderot), on est très étonné qu'aucun historien "public" ne nous dise que la philosophie des Lumières n'a eu aucun effet en France ; vraiment très étonné qu'aucun historien ne nous dise que les institutions républicaines prolongent les dogmes et idéologies, comportements de l'Eglise catholique romaine, et que la laïcité, le principe de neutralité religieuse de l'Etat républicain est une vaste blague : en ce qui concerne les chrétiens qui cautionnent la laïcité, on peut même démontrer assez facilement que ce sont de sinistres bouffons, dont l'argent est le seul mobile. La laïcité est une vaste blague puisque l'Etat, à coups de milliards d'euros, s'efforce d'imposer l'idée de la science moderne comme un dieu nouveau, et d'autre part sanctionne la contestation de la science officielle. La laïcité témoigne d'une métamorphose du cléricalisme, mais non de l'abandon des méthodes cléricales de l'Ancien régime. La laïcité obéit au principe de la ruse, et typiquement de la ruse de caste. Il est de notoriété publique que Judas Iscariote a rendu l'argent qui lui avait été versé en échange de sa trahison - des démocrates-chrétiens il ne faut pas s'attendre à la même restitution.

    Pour revenir à la preuve de dieu, d'autant plus exigible qu'il s'agit d'un dieu inventé par les hommes : qu'est-ce qui nous prouve que, derrière le gadget moderne, il y a vraiment la Science pure avec un grand S, et que tout ça ne cache pas un vaste système d'exploitation clérical ? D'autre part on aimerait comprendre comment il se fait que la science la plus laïque, et donc la plus neutre en principe, prolonge la science des savants catholiques romains ou protestants du XVIIe siècle, les plus confessionnels de tous les temps, mélangeant de façon indistincte hypothèses scientifiques et convictions religieuses plus ou moins conformes à la Bible ? On aimerait savoir pourquoi les tenants des mathématiques modernes présentent aussi souvent des signes d'aliénation mentale ?

     

     

  • Preuve de dieu

    Pour le chrétien, la preuve de dieu importe peu, puisque ce qui compte c'est de voir dieu enfin en face, comme l'énonce l'apôtre Paul.

    De soi-disant esprits rationnels diront que ce n'est pas sérieux de se diriger vers quelque chose qui résiste au prélèvement d'ADN ou aux moyens de preuve les plus modernes ; mais cet argument revient à dissuader un enfant de vivre, sous prétexte que la probabilité qu'il finisse par mourir est de 100%. La science existe-t-elle parce que l'homme est omniscient, ou au contraire parce qu'il ignore presque tout du cosmos, de l'intelligence humaine, ou encore des maladies futures auxquelles son inconscience l'expose ?

    Il convient d'ajouter qu'un authentique suppôt de Satan n'a pas besoin non plus de la preuve que son dieu existe bien. On peut croire l'inspiration satanique de Nitche sincère, et non un effet de style. La démonstration de Nitche est que seul Satan existe.

    *

    La formule de la preuve de dieu est d'ailleurs réutilisable afin de prouver que dieu n'existe pas. Cela permet de comprendre que l'athéisme moderne est un culte rhétorique, produit dérivé de la preuve que dieu existe. La rhétorique supplée au manque d'expérience - c'est ce qui explique la méfiance des savants vis-à-vis des intellectuels.

    La preuve de dieu est, comme la rhétorique athée, principalement un moyen de propagande. Lénine a fait l'aveu utile qu'il existe une propagande de la foi athée, conforme à la propagande de la foi catholique romaine, le but étant dans les deux cas de permettre une religion d'Etat. Observez comment l'hypothèse de la laïcité, c'est-à-dire de la neutralité religieuse de l'Etat et ses représentants, scientifiquement absurde, rencontre l'assentiment de catholiques romains & de tenants de "valeurs républicaines" athées. Ajoutons que l'argumentaire laïc est un négationnisme : il occulte la véritable histoire de la République et des institutions républicaines, procédant exactement de la même manière que l'institution catholique romaine par le bourrage de crâne.

    Et maintenant, donnons quelques conseils aux athées afin de prouver que dieu n'existe pas, d'une manière plus sérieuse que : "dieu est un truc pour se rassurer", dans une société régie par le principe de précaution et autres gadgets sécuritaires du même genre omniprésents.

    Bien que l'enseignement de la parole de dieu soit prohibé par les agents de l'instruction publique, au profit de religions plus modernes telle que l'écologie ou l'éducation sexuelle, l'orthophonie et la psychanalyse, il reste qu'on se souvient encore de la prétention du dieu chrétien à être un dieu d'amour. Voilà : dieu est amour ; il suffit de démontrer que l'amour n'est qu'un fantasme pour démontrer que dieu n'existe pas. Or il est un plan où la démonstration est on ne peut plus facile de l'absence d'amour, c'est le plan social, entièrement déterminé par le rapport de force et la compétition. La référence au darwinisme et à l'évolution, ne manquera pas de donner l'apparence la plus scientifique à la preuve que l'amour n'existe pas. Niant ainsi que l'amour existe sur le plan social, autrement que sous la forme de l'aliénation mentale de pauvres imbéciles persuadés du contraire, l'athée fera oeuvre utile, dénonçant ainsi du même coup les efforts pour persuader que la société et l'amour ne se nient pas l'un l'autre, et prouvera que le satanisme est le seul point de vue social honorable.

     

     

     

  • Critique littéraire

    L'écrivain de sexe féminin se soucie du style, l'écrivain de sexe masculin se soucie de sincérité, et l'écrivain asexué se soucie de science.

  • Logique de Nietzsche

    Dans l'opuscule que je prépare sur Nitche, je démontre que ce philosophe allemand francophile (ce qui gêna Hitler pour en faire l'éloge) est une sorte de brahmane occidental ; c'est-à-dire que l'antiquité grecque ne correspond pas à la définition que Nitche en donne, d'âge d'or à l'abri de l'histoire et de la métaphysique.

    Un visiteur de ce blog me demande où je veux en venir à propos de Nitche. Dans le combat sans merci qui oppose Satan aux fidèles du christ Jésus, arrière-plan que la plupart des hommes choisissent d'ignorer au profit d'une existence médiocre plus rassurante et d'une science spéculative, la doctrine de ce chrétien renégat qui se voulut fidèle disciple de Zarathoustra/Satan offre un dévoilement partiel de la stratégie de celui-ci. C'est un peu comme si Judas l'Iscariote fournissait le motif détaillé de sa trahison.

    - Il faut noter que Nitche croyait le triomphe de sa doctrine proche, et l'anéantissement du christianisme en passe d'être accompli. A juste titre, Nitche ne considère pas les nations bourgeoises officiellement chrétiennes comme authentiquement chrétiennes. Mais il sous-estime largement, contrairement à Marx, l'intérêt de la bourgeoisie industrielle à s'avancer masquée derrière l'éthique judéo-chrétienne. On retrouve là la même erreur commise par Hitler.

    - Le monde moderne décadent est le produit de l'anthropologie chrétienne proclame Nitche. Sur ce point, il est incontestable que l'éloge de la faiblesse est le résumé de l'anthropologie chrétienne. Aucune religion ou docrine avant l'ère chrétienne ne prône la faiblesse. Ce que Nitche qualifie d'inversion des valeurs, est le propre de la doctrine sociale chrétienne. L'âme de l'art moderne, y compris et surtout lorsque son propos est athée, est la doctrine sociale chrétienne. On le reconnaît à cette volonté de révolution permanente et de mépris du principe conservateur de l'art, qui devrait en principe jouer le même rôle que la peau joue pour le corps, de barrière protectrice contre les injures et les piqûres du temps. Ce caractère conservateur, Nitche le résume dans sa doctrine brahmanique de l'éternel retour du même, très proche de la notion que le nombre 666 recouvre, et qui contient la promesse d'éternité pour le monde.

    - Jusqu'au point où il juge la culture chrétienne la plus décadente, le raisonnement de Nitche est imparable. Cependant le message évangélique est le moins culturel de tous les temps, absolument dépourvu de toute incitation à se sacrifier pour le "bien commun". Aux pharisiens et aux femmes obsédés par les questions sociales, le Messie oppose le plus souverain mépris de ces questions. Et cette souveraineté est celle de l'Esprit de dieu.

    - Il est sans doute plus exact de parler de stratégie que de doctrine satanique, car il est douteux que Nitche ignore le caractère subversif de l'anthropologie chrétienne, la contradiction radicale de l'esprit évangélique qu'elle véhicule. L'antéchrist Nitche nie que Jésus soit un être immortel et divin, métaphysique, mais il a parfaitement conscience que ce Jésus, qu'il félicite les Romains et les Juifs d'avoir assassiné, n'a rien à voir avec le type du prélat catholique romain. De même, si Nitche n'ignore pas que dieu vomit les tièdes, il sait au contraire à quel point la force d'inertie des médiocres ou des vertueux sert le dessein de Satan.

    - Nous, chrétiens, croyons dans la mêlée des suppôts de Satan, s'entre-tuant pour une parcelle de leur foutue terre, les possédant plus qu'ils ne la possèdent, ainsi que les Egyptiens furent noyés jadis dans la mer de leur propre sang. 

  • Exit la modernité

    Plus on est intransigeant avec soi-même, plus on l'est avec autrui et ce que certains vieillards cuits par les années font passer pour de la tolérance apparaît comme le mépris d'autrui.

    Cette intransigeance, qui contredit l'éthique de l'homme moderne, est l'expression de l'amour de soi. ll peut se traduire comme le refus de vivre pour vivre, le refus de la vie comme un but en soi.

    Ainsi Karl Marx voit-il dans l'épicurisme, et Nitche dans le bouddhisme, des religions décadentes, parce qu'elles incitent l'homme à la tolérance vis-à-vis de lui-même. Marx traduit la quête ou le calcul du bonheur (philosophie nécessairement inégalitaire), comme un désintérêt pour le progrès, c'est-à-dire une aspiration spécifiquement humaine, qu'aucune théorie biologique n'explique. Il n'y a que dans l'esprit d'un technocrate, c'est-à-dire d'un sous-homme acceptant d'être réduit à sa fonction, que bonheur et progrès sont deux notions exactement concordantes. Le progrès est réduit au mouvement, c'est-à-dire au sens mécanique du terme.

    L'anthropologie est le mot sophistiqué pour vanter sournoisement la renonciation de l'homme moderne au progrès au profit de réconfortantes fictions.

    L'intransigeance vis-à-vis de soi fonde l'individualisme. Socialement, il n'y aucune raison d'aller à l'encontre du mouvement général, fût-ce le plus bestial. Ce qui permet de caractériser le raisonnement moderne comme un raisonnement fonctionnel, fondateur d'une éthique totalitaire relativiste.

    D'une manière apparemment stupéfiante, le suppôt de Satan et le chrétien rejettent ensemble l'éthique moderne. Le suppôt de Satan (Nitche) y discerne un mouvement de décadence, un abrutissement sans précédent ; le chrétien (Shakespeare) y discerne un mouvement de décadence nécessaire, c'est-à-dire inéluctable, préalable de la fin des temps. Selon Nitche la modernité est chrétienne ; selon le chrétien, elle n'en a que l'apparence.

  • Armagedon now

    Habitué à combattre le destin, que celui-ci se nomme Allah, Zarathoustra, ou l'antique providence des pythagoriciens, le guerrier chrétien a appris à en reconnaître les armoiries, y compris derrière la feinte de l'homme moderne, son air de ne se fier qu'à lui-même et au hasard. L'homme moderne met sa foi dans des ersatz, qui sans le dieu originel ne seraient rien.

    Que les robots soient des imbéciles ne signifie pas que leur dieu, lui, l'est. Entre la détermination du monde moderne et la civilisation déplorée par tel ou tel suppôt de Satan, il y a la même différence qu'entre Frankenstein et son créateur.

    Il faut choisir son camp, car c'est l'Armagedon, et ceux qui ne l'ont pas choisi c'est parce qu'ils sont déjà morts, comme ces assemblées de sénateurs démocrates-chrétiens aux faciès déformés par l'injure du temps. Ces charniers de personnes vivantes sont la dernière carte de Satan, mais ce rempart ne durera pas.

  • Dans la Matrice

    Se débarrasser de la mentalité moderne allemande, c'est comme se débarrasser non pas d'un gadget somptuaire ou hors d'usage, mais de l'esprit du gadget.

    C'est comprendre que ce qui est aujourd'hui appelé "science fondamentale", les hypothèses improbables qui font la fierté de la "civilisation occidentale", ne sont en réalité que la projection du désir humain sur la matière et le cosmos, des gadgets elles aussi.

    Le mouvement erratique de la pensée moderne ou de l'anthropologie est perceptible du point de vue satanique de Nitche, aussi bien que du point de vue chrétien authentique, qui rejette toute forme de philosophie naturelle ou de "science morale". Du point de vue satanique, les mathématiques et le droit modernes sont décadents. Quant au catholicisme, il repose sur la métaphysique et la certitude que celle-ci mettra un terme à l'ordre naturel marqué par le péché et le nombre de la bête 666.

    Le prophète de l'Occident, Shakespeare, a compris et dénonce l'appui fourni par les Eglises chrétiennes et leur clergé à la bête de la terre. Il a compris notamment le rôle de sidération générale joué par la science de Polonius-Copernic.

  • Vive la crise !

    La crise économique est un phénomène favorable à l'émancipation individuelle et à la liberté. Le revers de fortune est une chance sur le plan de la liberté. Pour ma part, je n'aurais pas aimé vivre au cours des "Trente glorieuses", et en tant que chrétien je ne sais pas ce qu'elles peuvent bien signifier, de quelle sorte de gloire les porcs qui affichent leur satisfaction des trente glorieuses se réclament ? Il doit s'agir de la gloire qui fera charcutaille dans l'au-delà les prophètes cyniques de la démocratie-chrétienne darwiniste.

    Avec la crise économique, on est plus près du retour du fils prodigue chez son père spirituel, celui-là même qui proscrit d'appeler quiconque son père en dehors de lui, afin de protéger ses fils contre l'ironie du destin. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées, il n'y a plus de rendement à espérer, et qui dit plus de rendement dit plus d'anthropologie.

    On ne peut définir qu'une psychologie humaine approximative, c'est pourquoi les lois de l'économie ne valent rien, et les économistes sont des idiots comparés aux hommes expérimentés.

    Ce sont les personnes les moins touchées par la crise qui redoutent le plus qu'elle ne dure, et les esclaves qui continuent de faire confiance à des maîtres dont il vaudrait pourtant mieux se prémunir des avis.

     

  • Guerre & Paix

    Contre la guerre et la barbarie, il n'y a pas de moyen plus superficiel que la civilisation, sauf cette espèce nouvelle de civilisation que l'on appelle "démocratie".

  • Peace & Love

    La guerre au nom de la paix ressemble furieusement au sexe au nom de l'amour.

    La formule du satanisme occidental a de quoi dérouter les tenants de l'ancienne culture de vie païenne. Satan comme la nature, se sert du temps pour abuser l'homme.

     

  • Sens de l'histoire chrétien

    Le sens de l'histoire chrétien est une épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête des élites occidentales. Manié par Shakespeare, ce rasoir fait plus de dégâts que tous les couperets révolutionnaires du monde. Nul n'a jugé plus sévèrement la monarchie britannique que Shakespeare, puisqu'il l'a jugée absurde.

    Le danger de l'histoire est si grand pour les élites occidentales, dont les institutions sont formulées contre elle, que la principale tâche assignée aux universités occidentales depuis mille ans est d'occulter l'histoire. N'importe quel universitaire occidental peut se reconnaître dans le portrait de Polonius-Copernic planqué derrière une tenture, rangé du côté du pouvoir contre la vérité.

    Loué soit Shakespeare d'avoir su protéger comme Homère la vérité contre les malversations des intellectuels et des philosophes.

     

  • Evolutionisme et humanisme

    Jean d'Ormesson, critique littéraire au "Figaro", suggérait il y a quelques années que la théorie transformiste darwinienne était en cause dans l'athéisme de la société occidentale moderne.

    C'est inexact. C'est oublier d'abord que le christianisme n'a jamais été et ne sera jamais une religion commune, un culte providentiel, mais que c'est une religion qui compte peu d'élus, tant la puissance du Séducteur est grande.

    C'est oublier ensuite que la thèse du "génie du christianisme" de Chateaubriand est parfaitement satanique, qui fait la théorie d'un christianisme culturel ou mondain. Mahomet fonde une culture, parce qu'il fonde une morale ; le christianisme prévient, lui, au contraire, contre la bête de la terre, et le christianisme oedipien ou pédérastique de Chateaubriand est une religion personnelle, anthropologique et non universelle. Chateaubriand s'émeut sur sa propre enfance, un certain nombre de fêtes païennes "christianisées", et il appelle ce sentiment qui lui réchauffe le coeur "christianisme".

    Il faut prendre l'hypothèse transformiste darwinienne comme une philosophie naturelle moderne. On peut tirer ce constat en observant que les tenants de l'hypothèse évolutionniste postulent simultanément l'hypothèse du progrès social. Il est au moins une chose qui n'a pas évolué depuis l'Egypte antique, c'est la méthode qui consiste à légitimer le pouvoir politique et moral à l'aide de principes scientifiques plus ou moins solides. La théorie transformiste est donc un des éléments qui permettent à l'Occident moderne de prétendre non seulement à une puissance de feu supérieure, mais à la supériorité sur le plan éthique, dans la mesure où le culte du progrès social est devenu la religion commune de l'Occident.

    Donc l'hypothèse de Darwin n'est pas spécifiquement athée, puisque le culte du progrès social a été introduit par le clergé chrétien, véhiculé par une culture chrétienne dans laquelle Charles Darwin a baigné. On fait parfois valoir les sentiments athées de Darwin, contrairement à ceux de son épouse, mais cette culture bourgeoise chrétienne est particulièrement propice au volte-face. Le curé athée Sartre fut ainsi athée tout au long de son existence, avant de manifester une sorte de fidéisme, quelque temps avant sa mort.

    C'est bien la culture chrétienne occidentale qui fait de l'homme un être suprême, une conscience supérieure ; la meilleure preuve en est que la philosophie et la science physique antiques sont incompatibles avec la thèse transformiste, parce qu'au regard du cosmos, l'homme n'est rien ou presque pour un savant de l'antiquité, et l'énigme de l'origine et de la fin de l'humanité, bien plus que dans une détermination instinctive, est à rechercher dans les étoiles. La science naturelle antique fait le constat expérimental de la médiocrité humaine, au contraire de la science biologique moderne qui postule sa supériorité.

    La raison que les chrétiens ont de s'opposer au darwinisme est que cette science mathématique (c'est-à-dire hypothétique, laissant place au hasard), est le fruit de la "culture chrétienne", c'est-à-dire d'une subversion de la parole divine, par et au profit d'élites corrompues.

    En tant que philosophie naturelle propice à favoriser la pseudo-science raciale nazie ou la pseudo-science économique libérale, l'évolutionnisme contredit l'humanisme, particulièrement attaché aux sources antiques.

    J'ai personnellement beaucoup argumenté contre des évolutionnistes, sous l'influence de cultures différentes. Les artistes sont ainsi naturellement sceptiques à l'égard de l'évolutionnisme, dans la mesure où ils font un effort pour se déterminer individuellement et sont donc hostiles à l'idée de progrès collectif ou social (idéologie beaucoup plus germanique que française). Le milieu démocrate-chrétien est à peu près le seul où l'on professe le darwinisme comme un dogme, et il est à peu près certain que les trois-quart des évêques et cardinaux catholiques romains sont convaincus de la validité des thèses de Darwin, sans jamais avoir lu le moindre ouvrage dessus. Si l'on prend la bêtise démocrate-chrétienne pour point de référence, il est certain que l'antécédent du singe est probable.

  • Les Mots

    Les promesses électorales ressemblent comme deux gouttes d'eau aux promesses amoureuses. C'est pourquoi je mets en garde sur ce blog contre l'aspect foncièrement ténébreux de la démocratie-chrétienne, dont la responsabilité dans la bestialité moderne est principale. La démocratie-chrétienne tend à l'humanité un piège d'une redoutable efficacité. La meilleure preuve en est qu'un suppôt de Satan autoproclamé comme F. Nitche MENT MOINS que ces chiens qui font des serments nationalistes sur la bible.

    Une autre analogie possible est entre les moyens légaux d'assassiner -les armes des soldats modernes-, et les méthodes, techniques et discours de l'amour moderne afin d'enjoliver le coït.

    L'anecdote de ce jeune tueur professionnel de 22 ans engagé dans les troupes d'élites françaises en Afghanistan, montré par la télé (afin de le rendre sympathique !) en train d'envoyer les bisous les plus niais à sa dulcinée restée en France, est on peut plus explicite. L'assassinat légal à l'arme blanche, ou les tournois de chevalerie anciens, peuvent être rapprochés de la manière d'aimer ancienne, comportant une certaine dose de responsabilité, tandis que le pilote de bombardier moderne qui anéantit de nuit un quartier sur ordre, inconscient, finira probablement entre les mains d'un de ces enfoirés de psychiatres. Musique et cinéma, dit-on, sont utilisés dans l'armée américaine afin de maintenir le plus possible le trouffion dans un état second. La conscience du meurtre est atténuée. Par ailleurs, comme dit l'autre, désormais on peut coucher des centaines de fois, des milliers de fois avec tel ou telle, sans que cela laisse la moindre trace. La littérature est désormais, comme dit Céline, "au niveau des nerfs", faite par des névrosés pour d'autres névrosés, car l'existence du citoyen lambda est faite de stimuli.

    Shakespeare avait prévu que les génocides ou la bestialité modernes, seraient le fait de brutes sentimentales, maintenues dans cet état par leurs élites.

  • Le Christ anarchiste

    C'est parce que le mal est nécessaire à l'équilibre du monde que les évangiles ne s'adressent pas moins aux salauds qu'aux personnes vertueuses.

    Ce qui est intolérable du point chrétien, c'est le blanchiment de la société, vieille méthode pharisienne perpétuée par le clergé chrétien.

  • Dialogue avec l'Antéchrist

    "Je connais mon sort. Un jour se rattachera à mon nom le souvenir d'une crise comme il n'y en eut nulle autre au monde, du choc le plus profond des consciences, d'une décision conjurée à l'encontre de tout ce qui avait été cru, exigé, sanctifié jusqu'alors. Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite.

    (...) Celui qui a découvert la morale découvre aussi la non-valeur de toutes les valeurs auxquelles on a cru ou croit encore ; même dans le type le plus vénéré de l'homme, même dans le saint il ne voit plus rien qui soit digne de respect mais les formes les plus fatales d'avortons, fatales parce qu'elles fascinaient. (...) Le concept de Dieu, inventé comme pour être le contraire du concept de vie - en lui... toute l'hostilité mortelle à la vie se trouve rassemblée en une unité épouvantable." "Ecce Homo", F. Nietzsche

    Dans ce paragraphe, Nitche dévoile, ce qui n'est pas franchement un "scoop", le mépris chrétien de la vie. Le serpent de la Genèse est en effet symbole de vie.

    Le disciple de Zarathoustra, qu'un chrétien tel que moi nomme "suppôt de Satan" pour plus de commodité, s'attend à ce que son annonce faite au monde du mensonge chrétien sous-jacent dans la détermination moderne fasse l'effet d'une bombe, c'est-à-dire qu'elle permette aux élites occidentales que Nitche interpelle de voir l'histoire de l'Occident comme l'histoire d'une décadence, en lieu et place du "progrès social" affiché.

    A cela il faut ajouter le compliment adressé par Nitche à la doctrine catholique romaine, et surtout à l'art catholique romain, d'avoir étouffé le message évangélique, sous prétexte de le propager. Autrement dit, Nitche impute principalement la culture de mort moderne à la culture chrétienne protestante qui lui fut inculquée par ses parents.

    Cependant, là où Nitche prétend rétablir la vérité et mettre fin à -au moins- deux millénaires de mensonges, il ne dit que la moitié de la vérité, ce qui est cause, dans sa doctrine à visée rationaliste, de plusieurs contradictions.

    - Il est vrai que Jésus-Christ et les apôtres méprisent la vie, la culture, l'art, et tout ce qui en découle ; mais c'est au nom de l'immortalité, et non de la mort. Par conséquent, la doctrine de Nitche repose sur la négation de la résurrection, et, d'une manière plus large, de toute métaphysique. Or, sur ce point, Nitche ne révèle pas grand-chose, pour ne pas dire qu'il occulte largement l'importance de la métaphysique dans le monde antique pré-chrétien, suivant une méthode qui sera reprise par les nazis et les sectateurs de la République française, amputant l'antiquité des éléments qui contredisent leur thèse. De façon caractéristique, Nitche fait de Dionysos une divinité majeure, alors qu'il n'était dans la Grèce antique qu'une divinité secondaire.

    - Plus grossièrement encore, Nitche assimile le christianisme à la culture protestante moderne, alors que les Evangiles et le Messie se montrent hostile à toute forme de culture, et en particulier une culture qui se réclamerait de Jésus-Christ, ce qui reviendrait à fonder le christianisme sur le péché, et non sur l'amour et la vérité. Nitche s'attaque violemment à une culture et à une doctrine sociale chrétiennes, alors même qu'il n'y en a pas. Toute forme de mobile temporel est désavoué par la parole divine, et s'exposent par conséquent au néant tous ceux qui trahissent cette parole. La récupération et l'usage du message évangélique à des fins militaires ou éthiques ne fait pas de ce message un message militaire ou éthique pour autant.

    Conclusion : l'antéchrist, sous le prétexte de s'attaquer au christianisme, s'en prend à ce qui est décrit dans l'évangile comme l'antichristianisme, c'est-à-dire une force de subversion majeure, une OPA abusive par les élites occidentales sur les évangiles, similaire aux malversations antiques du clergé juif. De ce fait même, l'antichristianisme de Nitche a, comme celui de Judas, un côté suicidaire, car Nitche dévoile certaines positions et stratagèmes sataniques ; il se comporte comme un soldat romain, voulant torturer et crucifier le Christ et ses apôtres, à l'époque des poisons modernes, fielleusement déversés dans l'oreille des innocents afin de les tuer dans leur sommeil. Nitche n'a rien compris à Shakespeare et à la nuit dans laquelle l'Occident est plongé jusqu'à la fin du monde.

     

  • Athéisme

    Au fait, "athéisme" veut-il dire : ne pas croire en dieu, ou bien : croire en l'homme ?

  • Satan et les Romains

    Il a sans doute raison, ce curé catholique romain, de dire aux petits enfants qui l'écoutent de ne pas voir le diable partout. Comme le diable est véritablement partout, on n'apprendra rien d'essentiel en étant attentif à la myriade de manifestations secondaires de la fortune ou de la providence.

    Ne pas voir le diable partout : en revanche ce serait une erreur fatale de ne pas le reconnaître dans l'Eglise catholique romaine, de ne pas comprendre la signification des flèches d'une cathédrale gothique.

    Le divin Nitche est persuadé de l'inspiration satanique de l'art catholique romain : il se trompe, car la tâche dévolue par Satan à l'art catholique romain est bien plutôt de masquer Satan que de l'exalter. Une fois ces écailles soigneusement appliquées sur les yeux de l'humanité par les artistes catholiques romains, n'importe quel motif - athée, laïc, personnel, existentialiste, bouddhiste, chamanique, communiste -, a pu servir de prétexte. Les petites mains de la ruche n'ont pas besoin de savoir ce que mijote la reine, du moment que les contours de sa petite cellule sont bien dessinés. 

  • Anthropologie

    L'absurdité de la condition humaine justifie tous les actes contre nature. Le suicide, doctrine aristocratique, est tabou pour une seule raison : si les ouvriers se suicident, qui servira les bourgeois ?

    - Où lisez-vous, bourgeois, que le Christ a levé le petit doigt pour empêcher ce curé de Judas de se suicider ? Seule la société menace l'homme au-delà de la mort, et ces menaces sont du même calibre que les promesses des politiciens : elles n'engagent que les bonnes femmes, invariablement occupées depuis l'aube de l'humanité à répéter la même erreur qu'Eve.

    Le travail de l'anthropologue moderne, dans le régime totalitaire où nous sommes, consiste à faire passer l'absurdité pour la logique, jusqu'à proscrire l'humour. Aussi à la fin des temps, les partisans de la morale et de Satan, sont-ils aussi écoeurés par la société qu'un chrétien peut l'être.

  • Liberté ou bonheur ?

    Qui poursuis le bonheur renonce nécessairement à la liberté. Le bonheur est relatif, tandis que la liberté, elle, est au contraire universelle.

    S'il y a peu d'élus au royaume libre de dieu, c'est pour la raison que le bonheur se pare de séductions sociales ou mondaines dont la liberté est dépourvue. Quelle femme peut ainsi plaire à l'homme sans se servir d'appâts naturels ? C'est la liberté. Le bonheur est une putain - on le reconnaît à son revers macabre.

    Sur le plan social, la liberté n'est d'aucune utilité. Certains disent même que l'homme est un "animal politique", et seulement tel ; ou encore certains prétendent que l'évolution est une loi fondamentale de la physique. Cela est nécessaire, non pour faire le bonheur, mais pour y faire croire comme le plus grand effet de la bonté de dieu.

    Ainsi le culte de Satan s'entretient-il sous diverses apparences, dont les plus sournoises portent la marque de la sympathie... pour Jésus-Christ. La liberté n'est rien pour les princes de ce monde et leurs clergés factieux, nous dit Shakespeare - la liberté n'est rien, et cependant voyez combien farouchement ils la combattent, avec leurs universités et toutes sortes de moyens techniques extraordinaires. Que ne s'en tiennent-ils à l'apologie de Satan ou de Zarathoustra, comme Nitche ? Non, il semble que l'appui de renégats chrétiens ou de renégats juifs soit une contribution indispensable au mensonge démocratique millénariste. Pourquoi combattre ce qui n'existe pas ?

    Faites le bonheur, au lieu de le promettre, a-t-on envie de dire aux chiens démocrates-chrétiens, à tous ces défenseurs de la "famille chrétienne", tandis que le Messie affirme l'extrême relativité de la famille. Faites le bonheur des peuples, et alors le triomphe de Satan sera total - les princes de ce monde auront fait la preuve que la liberté, ce caillou dans leurs bottes, n'existe pas. Mais non seulement ils ne parviennent pas à faire le bonheur, mais leur main de fer s'alourdit.

    Le bonheur des uns fait le malheur des autres, tandis que la liberté d'untel ne nuit pas à celle d'autrui, si je peux m'exprimer ainsi dans le langage humain médiocre.

    Gare, le chemin de la liberté n'est pas celui de la souffrance ; c'est encore le bonheur que les masochistes imbéciles recherchent inconsciemment. La complicité des idiotes puritaines et des sadiques jouisseurs est indispensable pour la défense du monde. Comme les sexes opposés se font la guerre, il faut quand même qu'ils s'unissent pour la perpétuation du monde. Ainsi l'anthropologie, c'est-à-dire la pensée moderne, est toujours à double face, et le labyrinthe paraît ainsi d'autant plus inextricable.

    L'humanité oppose à dieu ses arcanes et cherche comme un ventre jaloux à retenir ses fils d'être libres.

  • Ulysse contre Achille

    En réponse au commentaire de Fodio ("Les femmes gémissaient ; mais sous prétexte de gémir sur Patrocle, c'était chacune sur son propre malheur". Pour l'aspect misogyne d'Homère. Zeus soutient les Grecs effectivement contre la majorité des autres dieux, il me semble. Pourtant c'est par amour pour Achille ; tu me diras que ce dernier meurt assez pitoyablement, mais comment expliquer cette préférence de Zeus pour Achille ?) :

    Il faut comprendre l'Iliade et l'Odyssée comme un ensemble, un diptyque. La religion d'Ulysse est une alternative à celle d'Achille.

    A cet égard "l'Enéide" de Virgile est une régression. L'Enéide fonde un culte national assez creux, une anthropologie et non une théologie. Cette précision est utile, s'agissant du rapport entre Homère et Shakespeare, dans la mesure où ce dernier fait table rase de la culture latine occidentale, qui repose sur la filiation entre les nations modernes et Troie ou Rome.

    Autrement dit, si Achille est bien le héros de l'Iliade et le chéri de Zeus, c'est Ulysse le héros de Homère et son favori. Achille témoigne d'une religion radicalement différente de celle d'Ulysse. Homère indique que Achille est en proie au déterminisme religieux, son ressort est psychologique, tandis que Ulysse, lui, au contraire, est libre ; autrement dit, Homère indique que la voie de la sagesse n'est pas un chemin naturel. Cela est probable en raison de la déception d'Achille aux enfers, qui serait disposé à échanger toute sa gloire, en définitive, contre la vie, c'est-à-dire la possibilité d'un meilleur choix.

    On pense d'ailleurs ici à la diatribe de Francis Bacon contre les soldats, aux yeux desquels ne comptent rien que le vin, les femmes et la musique. Bacon sait d'ailleurs parfaitement que, sans leurs soldats, les nations ne sont rien, ce qui implique du point de vue culturel d'encourager systématiquement le militarisme ou le militantisme (l'intellectuel moderne "engagé" n'est que le masque du prêcheur nationaliste, c'est-à-dire du pourvoyeur de charnier).

    L'expression d'une sagesse ou d'une spiritualité contre-nature de la part d'Homère, outre la misogynie, permet de discerner en lui un "tragédien juif". Homère ouvre une brèche dans la philosophie naturelle, c'est-à-dire le culte égyptien ou oedipien.

    Ce qui déclenche la colère de Platon, c'est la promotion par Homère de la conscience religieuse individuelle à travers Ulysse, incompatible avec le culte providentiel païen archaïque. Platon est plus moderne que Homère, parce qu'il est plus archaïque. Homère, lui, énonce une théologie qui n'est en principe pas tributaire du temps, et qui a le défaut, du point de vue élitiste ou platonicien, de n'être d'aucun usage sur le plan politique ou éthique.

    - De la même manière, on pourrait dire que dans le théâtre de Shakespeare, du moins pour les tragédies situées dans l'ère chrétienne, tous les personnages de Shakespeare confessent la foi chrétienne. Comme il se doit, selon la doctrine catholique romaine, les rois et les princes d'Occident sont, comme Achille est le chéri de Zeus, les favoris de dieu, portant sur eux les insignes de la foi chrétienne. Il n'est pas moins vrai qu'aux yeux de Shakespeare, ce type de culte providentiel est nécessairement païen et satanique. "Mon royaume pour un cheval !" : Shakespeare révèle en l'occurrence la véritable nature du culte des potentats occidentaux, et pourquoi ils sont les moins bien placés pour comprendre le sens spirituel de l'histoire.

    Autrement dit, Homère part d'un poème religieux ou d'un thème nationaliste classique, comparable à l'Enéide ou à "Star Wars", dans lequel il introduit la critique, c'est-à-dire l'ingrédient qui a le don de faire voler en éclats la culture. Shakespeare se comporte de la même façon par rapport à la culture médiévale, mélange de paganisme et de christianisme.