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Mon Journal de guerre - Page 38

  • Nietzsche et la modernité

    On sait que Nitche est l'adversaire le plus radical de la modernité ; au nom de l'art, et, ce qui est plus intéressant dans mesure où la culture de masse lucrative et le cinéma font peu illusion, au nom de la science rationaliste, à laquelle l'appareil d'Etat et ses fonctionnaires continuent de fournir une caution plus sérieuse.

    Au contact de Nitche, la culture laïque moderne volerait en éclats. C'est le rôle de Michel Onfray, par exemple, de fournir une présentation de Nitche moralement correcte à l'attention des milieux populaires, méthode où l'élitisme culturel républicain est reconnaissable. Nitche méprise ouvertement le peuple, et le seul profit que celui-ci pourrait tirer de la lecture de la doctrine de Nitche est sa dénonciation de la démocratie comme une ruse sinistre et probablement catastrophique, ce qui a été confirmé maintes fois depuis le décès de cet antichrist. On ne peut plus prôner l'antichrist Maurras depuis que celui-ci s'est compromis avec une bande de politiciens mafieux, alors on prône Nitche. Ce dernier a oublié de mentionner l'extraordinaire capacité de censure du monde moderne, contrairement à G. Orwell.

    Ce n'est pas seulement le christianisme qui est moribond, comme le remarque Nitche pour s'en réjouir : l'antichristianisme a lui-même été édulcoré par les disciples de Nitche, suivant la même méthode subversive anthropologique, qui consiste à faire passer pour scientifique ou rationnel un discours essentiellement d'ordre religieux. Un chrétien ne doit surtout pas laisser se développer le discours anthropologique au nom du christianisme: c'est la méthode d'infiltration de base du pharisaïsme: la clef du cléricalisme catholique afin de détruire la vérité universelle. On peut d'ailleurs faire du purgatoire la matrice juridique de la modernité, ce qui permet de démentir l'amalgame de Nitche. Le purgatoire résulte en effet de la double négation de dieu et de Satan, caractéristique de la modernité ; intellectuels néo-païens et démocrates-chrétiens en sont d'ailleurs à peu près au même degré d'abrutissement : la merde cinématographique, du point de vue de l'art païen, est sans doute l'eau de boudin la plus fade. Très peu de cinéastes ont conscience du plan de Satan. L'anthropologie est la doctrine d'Ubu.

    Nitche ment pour le compte de Zarathoustra lorsqu'il prétend qu'un chrétien ne peut pas discerner l'action de l'anthropologue dans le cannibalisme moderne, parce que le christianisme est la racine de ce cléricalisme qui ne dit pas son nom.

    La preuve qu'il ment, c'est que Shakespeare a tranché la gorge de l'anthropologie chrétienne avant lui : celle-ci ne continue plus de se mouvoir que comme les canards après qu'on leur a coupé la tête. Et Shakespeare n'a pas agi "au nom de Satan", mais de l'apocalypse chrétienne.


  • Oradour-sur-Glane

    La brute s'appuie sur une force physique supérieure pour violenter le faible.

    L'Etat moderne totalitaire, lui, assassine au nom d'une éthique et de valeurs supérieures. Il ne faut pas des hommes courageux pour faire de la politique, il faut des hommes qui ont le courage d'affronter dieu.

  • Espèces

    On peut dire de l'espèce humaine qu'elle a le don de s'abaisser en-deçà des autres espèces animales, ainsi que le monde moderne en fournit l'illustration, tout comme elle a le don de s'élever au-dessus.

    Certains physiciens de l'Antiquité en déduisent l'insuffisance de la science naturelle pour expliquer l'homme, sans pour autant passer par l'hypothèse religieuse de l'âme, de l'identité ou de la personnalité juridique, qui ne sont que des explications de l'homme par lui-même.

    On peut dire de l'homme par rapport à la femme la même chose que de l'espèce humaine en particulier et des autres espèces animales en général, à moins que cet homme n'ait été élevé contre-nature. L'homme est pire ou meilleur que la femme, mais rarement en accord avec elle.

    Cela est nié par ceux qui attribuent, suivant une explication religieuse abstraite, une volonté propre à l'espèce animale, détachée de la nature.

    "La femme est l'avenir de l'homme." est une pensée mystique évolutionniste. A priori la femme est au-dessus de l'homme ; cela se conçoit sur le plan de la médiocrité. A priori, dans la science évolutionniste spéculative, l'espèce humaine se situe au-dessus des autres espèces animales ; cela se conçoit du point de vue social, dans lequel la médiocrité coïncide avec la vertu.

    Ce slogan illustre donc le préjugé social de la science évolutionniste, ainsi que sa tendance à abolir le sexe et les différences biologiques. L'homme moderne rit volontiers de la monarchie de droit divin des pharaons ; il ne se doute pas que le lien entre la démocratie et le darwinisme est encore plus risible, s'il est permis de rire d'une philosophie naturelle particulièrement désastreuse.

    Si la science et l'art modernes sont aussi désespérément nuls, cela s'explique par l'amalgame au moyen-âge de deux logiques radicalement opposées. La logique païenne, conservée par exemple à travers la philosophie de Platon, et la logique chrétienne. Les moines inventent ainsi une philosophie chrétienne de toutes pièces, contre l'esprit et la lettre des évangiles. En principe, sans cette trahison de l'esprit, la philosophie naturelle n'aurait jamais dû évoluer, car il n'y a pas de nécessité ni de volonté dans le christianisme d'établir une correspondance entre les croyances scientifiques communes (darwinisme) et l'ordre légal et éthique en vigueur (monarchie de droit divin/nazisme/démocratie...). Pour le dire autrement, l'exercice des arts libéraux est démoniaque aux yeux des chrétiens ; c'est ce qui explique que le peintre A. Dürer a placé aux pieds de Lucifer les instruments symboliques des arts libéraux ("Melencolia").

    Le christianisme n'est pas une foi "pure", comme la foi mathématique, sans cosmologie. Mais la cosmologie chrétienne, indiquée par exemple par l'épiphanie de la naissance de Jésus, diffère de la cosmologie platonicienne ou pythagoricienne, inspirée de la cosmologie solaire des Egyptiens, dont le nombre 666 est représentatif dans le christianisme. Si ce nombre est dit "un nombre d'homme", c'est précisément parce que le système du zodiaque fournit une "philosophie naturelle" satanique où la foi et la raison sont parfaitement imbriquées, d'une manière que le néo-paganisme moderne ne parvient pas à égaler, et d'une manière que le christianisme ne devrait surtout pas chercher à concurrencer. Il subsiste une part de foi dans le rapport entre le savant païen (que Nitche a cherché à imiter) et la Nature. Celui-ci s'incline devant la Nature, et les arts libéraux païens également - c'est ce qui permet leur retenue. Tandis que la foi ne cohabite pas avec la raison dans le christianisme : dieu assure une unité parfaite de la vérité, tandis que la division de la foi et de la raison, essentiellement païenne ou allemande, s'explique par le rapport du savant païen avec la nature, qui est aussi un fossé infranchissable. Sur ce rapport sont fondés les rapports sociaux subalternes. Tandis que le christianisme ne permet de consolider aucun ordre humain. C'est là son avantage sur le plan scientifique. Car la philosophie naturelle est la cause de très nombreux anthropomorphismes. La philosophie naturelle "gèle" la science. Pas question de métaphysique dans le culte satanique égyptien ou brahmanique repris par Nitche (Zarathoustra = Satan = Prométhée) : non pas parce que la métaphysique n'est pas scientifique, mais parce qu'elle est "trop peu humaine" en quelque sorte, et risquerait de faire voler en éclat la philosophie naturelle sur laquelle s'appuie le système des lois civiles et politiques.

    La philosophie naturelle est donc la clef de la tyrannie. De tous temps. Elle définit les limites d'un inconscient qu'il est interdit de dépasser. La tyrannie prend dans l'ère chrétienne la tournure d'un totalitarisme, en raison d'une philosophie naturelle démentielle, du salut de l'homme par l'homme à l'aide de la démocratie. La clef du totalitarisme se situe dans l'institution catholique romaine. On peut théoriser que dans une institution chrétienne, quelle qu'elle soit, les pires éléments - c'est-à-dire les moins chrétiens - prendront rapidement l'ascendant sur les plus fidèles à la parole divine. La caractéristique du totalitarisme est bien celle du double discours et de la ruse, à quoi la tyrannie n'était pas auparavant obligée.

  • L'Esprit Moderne

    "L'esprit moderne est indécis, il ne sait s'il est chrétien ou païen. Il regarde le monde de deux yeux différents, celui de la foi et celui de la raison. C'est pourquoi sa vision est nécessairement floue, comparée à la pensée grecque ou chrétienne."

    Karl Löwith

  • La Femme et le Serpent

    Le féminisme revient à dire que la femme est supérieure à Satan, la culture de mort à la culture de vie, le miroir qui reflète la nature à la nature elle-même.

    C'est pourquoi, en dehors des cercles libéraux et de quelques poètes modernes sous l'emprise de leurs mères, de députés démocrates-chrétiens qui se font fouetter dans des cabinets privés, nul esprit un tant soit peu ordonné n'a jamais été féministe.

    Tout au plus Satan peut-il persuader une femme de son importance, et qu'elle a en tant que femme un rôle primordial à jouer dans l'histoire.

    Le point faible de Satan, c'est son alliance avec la femme pour tendre un piège à l'homme. C'est la raison pour laquelle Shakespeare frappe ce point de son épée de toute sa force.

  • Nietzsche nazi

    Le bourgeois moderne préférera se ranger du côté de la Fortune ou de Satan, plutôt que du côté d'Adolf Hitler. Vivre dangereusement n'est pas son fort. Le bourgeois moderne aime bien déléguer la prise de risque, comme le soudard moderne délègue à un missile le soin d'éclater la cervelle d'autrui. D'ailleurs ce n'est pas un soudard, mais l'accessoire indispensable de l'humanisme.

    Donc, par principe, non, Nietzsche n'est pas nazi ; ça fait un peu désordre de dire ça. On pense à Marguerite Duras : - A bas les nazis ! sauf si le nazi est un beau SS blond et musclé. Car il est vrai que Nietzsche fut beaucoup plus habile poète que le führer des Allemands.

    Notez qu'il n'est pas certain que les bourgeois fassent le bon choix. Allez savoir si Satan préfère les lâches ? Rien n'est moins sûr.

    Il y a dans l'idéologie fachiste contradictoire, un principe actif nitchéen et un principe passif moderne ou hégélien. Ils se font la guerre, comme les sexes se font la guerre, mais en réalité ils ne peuvent se passer l'un de l'autre. Nier le principe passif serait comme oublier que, pendant que les poilus tenaient le front en 14-18, leurs bonnes femmes turbinaient comme des malades dans les usines Citroën pour fabriquer des obus.

    De même on peut dire dans l'après-guerre le philosophe hégélien passif ou féminin (le type du curé - Sartre, Beauvoir, etc.), et le type du philosophe nitchéen actif ou masculin (le type du poète - G. Bataille, etc.). Comme Adam, les Nitchéens sont systématiquement les cocus de l'histoire moderne. Mais ça n'empêche qu'ils sont utiles. Les Hégéliens en ont besoin pour essuyer les plâtres, pour toutes les opérations qui exigent d'aller au contact. Entre deux opérations sanglantes, mieux vaut faire taire les Nitchéens. Car le Nitchéen est un peu trop fort en gueule.

    On ne peut donc pas plus accuser la philosophie de Nitche de connivence avec le totalitarisme nazi que la philosophie de l'histoire de Hegel, propice à maquiller le génocide en progrès (progrès moral de nos élites par rapport aux élites fachistes) ; ce serait comme accuser l'étincelle et la mèche plutôt que le baril de poudre des dégâts commis par l'explosion.

    Marx n'a pas tort de souligner que l'instinct de prédation, favorisé à l'échelle mondiale par les élites libérales, joue un rôle majeur dans l'évolution de la politique et des moeurs. Mais encore faut-il briser dans les consciences tout ce qui peut s'opposer à l'instinct de prédation ; et à cet égard l'idéalisme hégélien est le plus propice, en raison de son prétexte chrétien apparent. Aussi violente et argumentée soit l'attaque de Nitche contre le christianisme, elle ne pèse pas grand-chose comparée à la subversion interne au christianisme. La "modernité" s'avère un négationnisme de l'histoire beaucoup plus efficace que le "niet" de Nitche au progrès.

  • Produits stupéfiants

    L'Etat totalitaire moderne est le prescripteur silencieux de tous les produits stupéfiants consommés par les gosses nés dans son ombre froide - légalement ou pas ; la répression du trafic de drogue une plaisanterie de flic cynique.

    Petits connards laïcs drogués qui se croient "sans religion".

    Larmes versées par les édiles sur les victimes de tueries "inexplicables" en Norvège ou aux Etats-Unis : larmes de crocodiles.

    Lorsqu'un gosse découvre les règles de la compétition féroce dans laquelle il est engagée, derrière le stuc de l'amour, et que ses parents lui ont dissimulé ces règles, dans ce cas il peut égorger ou mitrailler ses tuteurs avec le sentiment de justice. Il n'y a de justice et d'égalité entre hommes que dans les cimetières.

  • Identité, piège à moules

    Qu'est-ce que l'identité ? Diviser pour mieux régner. L'identité est une définition de l'individualisme fournie par les fonctionnaires de l'Etat.

    Le culte identitaire est la religion donnée aux masses prolétariennes par ses maîtres. C'est une religion de berger allemand.

  • Hegel = SS

    Le sens de l'histoire n'est pas la décadence indiquée par Nitche. Pas exactement. Non pas parce que la décadence n'est pas, mais parce que Nitche ne donne pas la clef de cette décadence, contrairement à Shakespeare.

    Le sens de l'histoire est encore moins le progrès social ou spirituel selon Hegel, emblématique de l'imposture universitaire moderne. On peut pronostiquer que les élites occidentales périront de la ruse qu'elles ont tirée de l'hégélianisme.

    Bien sûr la politique et l'histoire ne peuvent s'accorder ensemble - à aucune époque ils ne l'ont pu. L'Egypte contre les Juifs, c'est la politique contre l'histoire ; idem pour les Romains contre les chrétiens. La haine d'un homme d'élite républicain vis-à-vis de l'histoire, un chrétien est capable de la deviner à travers toutes ses ruses pour l'étouffer sans avoir l'air d'y toucher.

    La dernière ruse en date consiste pour les élites à remettre l'histoire entre les mains du peuple, à en faire le dépositaire, en espérant qu'il l'écrase sous son poids.

    Ce que Nitche n'a pas compris, c'est que la trahison définit le sens de la politique moderne, irrémédiablement. La vertu fait définitivement partie du passé.

  • Dieu est mort

    Si dieu est mort, alors l'art l'est fatalement aussi ; il ne subsiste plus qu'à l'état de quadrature du cercle, aussi vaine qu'ennuyeuse, qui a le don d'épater le bourgeois et lui seul.

    Entendez par dieu "Satan", le dieu des artistes - Dionysos pour les gastronomes, Apollon pour les architectes musclés.

    Amen.

  • Le Capital

    Le Capital est-il puissance ou impuissance ?

    On peut donner une définition nitchéenne de l'économie moderne, comme un démantèlement de l'art, de telle façon qu'il ne restera plus pierre sur pierre.

    Ou bien on peut donner une définition marxiste de l'économie moderne, comme une ultime tentative pharaonique de mettre fin à l'histoire.

    Quoi qu'il en soit, Satan est aussi difficile à reconnaître dans le monde moderne que la vertu dans un bordel. Pourtant, il est bien là.


  • Du Populisme

    Le comble du populisme est d'organiser des meetings politiques pour lutter contre le populisme.

    La culture démocratique moderne est essentiellement une culture populiste, c'est-à-dire destinée à la mobilisation des masses en cas de menace sur la propriété des élites. La culture démocratique populiste, en tant qu'arme de destination entre les mains des élites, s'efforcera donc autant que possible de censurer l'art populaire.

    La caractéristique du leader fachiste ou apparenté, est de ne jamais faire face à la critique, mais toujours à la foule.

    On n'écoutera pas un quelconque leader d'expression démocratique s'exprimer sur le populisme, tant qu'il n'aura pas trouvé auparavant une justification raisonnable à l'instrumentalisation des masses à l'aide de la culture démocratique, justification qui seule pourrait constituer un début de preuve que ce leader n'est pas un actionnaire cynique du populisme.

  • Déphilosopher

    Ce qu'un marxiste peut reprocher à l'institution républicaine, c'est d'avoir remis au goût du jour la philosophie. La zizanie qui règne au sein des élites intellectuelles, et qui nous est présentée comme la liberté de débattre à la télévision de tout et de rien, cette liberté repose sur le préjugé philosophique moderne en faveur de l'éthique, alors même que l'éthique la plus sûre, c'est-à-dire la moins subjective, eut pour cadre les régimes les plus despotiques.

    En ce sens la critique marxiste est pratiquement aussi pure de tout projet de réforme sociale que la doctrine réactionnaire du surhomme proposée par Nitche. L'historien véritable est aussi éloigné du constat erroné de l'éternel retour du même, suivant une détermination naturelle, qu'il est éloigné de penser que les sociétés humaines peuvent être perfectionnées.

    Contre l'Etat et ses institutions les plus omnipotents, dont l'omnipotence n'a jamais bénéficié qu'à des élites libérales captieuses, Marx est donc dépourvu de parade politique. En revanche il indique qu'il est inutile de prêcher la régulation de l'économie par l'Etat, dont l'histoire enseigne qu'il n'a jamais eu vocation à défendre l'intérêt général, mais que la seule intention de défendre cet intérêt général lui est attribuée, comme elle fut attribuée à dieu autrefois.

    Les apôtres du libéralisme qui prônent la diminution de l'influence de l'Etat, ont à peu près la même idée de l'économie que les casques bleus ou les amateurs de jeux vidéos virils ont de la guerre.

    L'aliénation individuelle est proportionnelle à la puissance de l'Etat, dont les marchands de rêve, soi-disant "économistes", tirent le meilleur profit pour leurs entreprises personnelles. Le goût des drogues en tous genres est la manifestation de l'aliénation individuelle dans les régimes de droit totalitaire, où le discours laïc fait office de verrou et de garantie d'équité de la loi. La laïcité n'est que le service du dogme catholique rendu à l'Etat républicain.


  • Réflexion intemporelle

    C'est sûrement en souvenir de Judas Iscariote que les intellectuels se nouent un truc autour du cou.

  • Du Sionisme

    Avant de parler plus en détail du sionisme, il convient de préciser que ni le judaïsme, ni le christianisme ne sont des points de vue "modernes" ; si les facteurs d'espace et de temps sont essentiels au calcul du progrès moderne, ils n'ont aucune importance spirituelle ou historique. Les prophètes juifs, chrétiens, les apôtres, pensent à contre-courant du monde et non selon sa détermination : c'est un leitmotiv biblique constant.

    Un juif ou un chrétien, en raison de son caractère "moderne", tiendra donc non seulement le propos sioniste, mais tout propos moderne comme un propos idéologique, c'est-à-dire subjectif. Le socialisme, le sionisme, le nationalisme, le communisme, etc. proposent de se soumettre à un idéal, contrairement au christianisme.

    Secundo, Jérusalem a dans l'apocalypse de Jean un double sens, un peu comme Israël précédemment dans l'ancien testament, tantôt chérie de dieu, tantôt blâmée et sanctionnée durement. Jérusalem symbolise dans le nouveau testament l'accomplissement spirituel, en même temps que son nom est associé à Sodome et à l'Egypte, ou encore à Babylone. L'une sera sauvée, l'autre sera détruite ; à chacun de choisir la bonne... ou pas. Pourquoi ce double sens ? L'apocalypse chrétienne contient la révélation du dévoiement (dit "fornication") de la voie spirituelle indiquée par le Christ Jésus sur le plan politique. Cette subversion est systématique tout au long de l'histoire de l'Occident, et contrairement au propos de l'essayiste luthérien Jacques Ellul, bien loin d'y renoncer, l'art politique occidental le plus récent, loin de renoncer à cette subversion, n'a fait que le perfectionner. Bien que l'exemple de la "monarchie chrétienne de droit divin" soit l'exemple le plus frappant de fornication, cet exemple est très loin d'être isolé. Plus subtile, et en même temps plus utile à déceler, la substitution de la "providence" à la parole divine et à son esprit. En effet la parole divine est "libre de droits", tandis que la providence, elle, ne l'est pas, et permet de détruire le catholicisme à l'intérieur du catholicisme. De plus le providentialisme demeure lié à l'invention et à la justification de l'Etat moderne totalitaire dans l'Occident "judéo-chrétien". 

    - Entrons maintenant dans le vif du sujet : le sionisme moderne, en tant qu'idéologie laïque. Avocat zélé et fameux de l'expression du sionisme en France, Bernard-Henry Lévy reconnaît cette définition d'idéologie laïque, quoi qu'il soit plus habile de présenter les idées politiques comme des "idéaux".

    Dans "Les Aventures de la Liberté", dont le titre traduit une conception laïque de la liberté, si ce n'est personnelle, B.H. Lévy précise : le sionisme est un idéal antitotalitaire, né au coeur de l'Europe (Autriche-Hongrie/Mittel-Europa). Le sionisme représenterait, à l'égal de l'européisme, si ce n'est mieux que lui, l'idéal des Lumières et de la Révolution française de 1789, répandu dans toute l'Europe. L'Etat israélien et ses élites dirigeantes seraient donc porteurs du flambeau de la liberté, allumé au coeur de l'Europe, sous la forme du sionisme ; une liberté dénuée du caractère nationaliste ou racial. Je crois avoir à peu près résumé la définition de B.H. Lévy.

    Les actionnaires d'un tel idéal ne peuvent en vouloir à des esprits moins idéalistes de remarquer son côté romantique, et de faire valoir que si l'idéal laïc sioniste est assez neuf et vierge, d'autres idéaux laïcs ont précédemment entraîné au XXe siècle les plus formidables bains de sang que l'humanité avait jamais connus auparavant. C'est donc la philosophie et l'anthropologie qui sont mêlées aux crimes modernes "contre l'humanité" (expression dépourvue de sens chrétien ou juif), non la théologie. Précisons : il faut pour conférer à la théologie chrétienne ou juive un mobile guerrier, la ramener à une culture ou une philosophie.

    Du moins peut-on accorder à B.H. Lévy de ne pas tenter l'accord impossible entre le judaïsme ou le christianisme et l'idéal laïc sioniste, opération de manipulation scandaleuse des esprits menée par certains clercs chrétiens, et à peu près aussi grossièrement chrétienne que le sacre de Napoléon par le pape. En revanche il se moque des faits historiques en attribuant à l'Europe centrale la promotion des valeurs des Lumières. Une telle thèse ne peut que rencontrer l'adhésion d'ignorants. Le nationalisme n'est pas un produit des Lumières françaises ou européennes. C'est une religion mystique qui découle de l'ordre juridique républicain et son appui dans la propriété. Cette religion a été baptisée dans le sang et la guerre, et non par la philosophie des Lumières. Si ce n'était le cas, stalinisme et hitlérisme auraient aussi bien pu se prévaloir de l'héritage des Lumières que l'idéologie sioniste laïque.

    Comme les idéologies sont idéologiques, les idéaux sont idéalistes ; voilà pourquoi il n'y a pas grand-chose à en dire de plus. Un juif ou un chrétien ne sera pas antisioniste, il se contentera d'être juif ou chrétien.

    La difficulté de l'idéal sioniste est à servir de support à une morale s'imposant à tous ; le subterfuge catholique romain qui consistait pour son clergé à dire le droit commun "au nom de Jésus" est difficile à renouveler sous la forme d'une éthique commune "au nom des victimes juives de la choa", ou même des victimes du totalitarisme en général. Le statut de la victime se doit d'être éminent.

    Bien que les victimes juives ne s'opposent pas formellement, comme le nouveau testament, à la fondation d'un ordre royal, laïc, démocratique, ou encore un consortium industriel et bancaire sur leurs reliques, il semble difficile de fonder une morale planétaire sur cet argument, y compris avec des moyens de propagande décuplés par rapport à ceux de l'Eglise romaine jadis. Aucune morale ne s'est jamais imposée dans l'histoire sans l'appui de forces militaires conséquentes. Comme tout romantisme, le sionisme paraît être exposé à un brutal retour à la réalité ; plus que d'autres idéologies laïques, il paraît confus et marqué par l'abstraction.

    (En lien, non pas avec l'idéologie sioniste mais l'histoire du salut chrétien, je propose cette étude de Rodney Sankinka, chrétien congolais sur la grande prostituée de l'apocalypse, dans laquelle celui-ci se demande si elle est une figuration mythologique de Rome ou de Jérusalem ?)


  • Ami, entends-tu ?

    ...le vol noir du corbeaux dans nos villes.

    Il ne s'est pas passé une seule journée depuis la fin du mois de juin sans que l'une de ces bestioles ne vienne faire étalage de style déclamatoire dans mon aire de repos ; chacune d'elle a certes plus d'intelligence économique que tous les experts économiques du pays réunis, mais je ne peux pas néanmoins sacquer cette espèce, comme tout esprit anticlérical. Je ne serais pas plus étonné que ça si l'un de ces freux essayait de me crever les yeux. C'est le principe du curé : obliger ses ouailles à fermer les yeux et à écouter de la musique ; son gouvernement sur les esprits en dépend.

    Certain érudit spécialiste de la Rome antique (non pas le pitre L. Jerphagnon ou le pitre P. Veyne), estime d'ailleurs que ce n'est pas d'aigle romaine dont il faudrait parler, mais de corbeau romain. J'ai oublié pourquoi, mais les magistrats et les ministres ont en effet tendance à se jeter sur tout ce qui brille.

  • Hegel = SS

    Je replonge un peu pour le besoin de mon "Dialogue avec l'Antéchrist" dans l'entreprise de démolition de l'hégélianisme par Karl Marx, parallèle à celle de Nitche (non pas comme Nitche, au nom de la culture et de l'élite, mais au nom de l'histoire et du peuple).

    L'introduction de l'hégélianisme en France après la 2nde guerre par ses "nouvelles élites", à lui seul suffit à les condamner dans les termes catégoriques de Bernanos. Cette introduction revient en effet à substituer, disons à la variété des idées françaises, la philosophie pangermaniste de Hegel et faire perdurer l'uniformité allemande au-delà de l'Occupation. On comprend ici pourquoi certains passages de Bernanos ou Simone Weil restent confinés à l'enfer des bibliothèques. Et ce sont les élites démocrates-chrétiennes qui, en ce qui concerne Bernanos et S. Weil, effectuent le travail de censure, comme les élites staliniennes ont effectué le travail de translation du marxisme en hégélianisme.

    Le dégât de l'hégélianisme est comparable à une régression de la pensée au moyen-âge : il en est en effet de la "Phénoménologie de l'esprit" comme des sommes théologiques médiévales : personne ne la lit, mais tout le monde se prosterne devant ce Reich de syllogismes. Il est vrai que le curé Sartre en a donné dans "Les Mots" une version sublimée pour les écolières, exprimant dans un français correct ce que Hegel exprime dans un allemand de cuisine. De la même manière il faut reconnaître une plus grande efficacité au curé d'Ars qu'à Maître Eckart ou Thomas d'Aquin.

    Je reviens à Marx et sa dénonciation du subterfuge du droit moderne, sur ce point très proche de Nitche, c'est-à-dire faisant valoir la nature de la règle de droit contre l'abstraction juridique, comme un mathématicien pourrait faire valoir la règle mathématique contre les syllogismes d'Einstein.

    «Constatons avant tout le fait que les «droits de l'homme», distincts des «droits du citoyen», ne sont rien d'autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire de l'homme égoïste.» (Marx, La Question Juive)

    J'avais oublié que la dénonciation des droits de l'homme comme une imposture de la bourgeoisie libérale figurait dans "La Question Juive", où Marx se démarque complètement de Nitche, puisque Marx fait valoir dans cet ouvrage secondaire qu'il ne faut pas confondre Juif et adorateur du veau d'or ; tandis que Nitche lance de temps à autres des compliments aux banquiers juifs ou à la race juive.

    Puisqu'il est question de droit et de loi, soulignons que la critique de Marx est conforme aux prophètes juifs en général, et à Moïse en particulier. La transcendance de la loi que Hegel s'est efforcée de fabriquer, si elle a le don de remettre les clefs de la loi entre les mains d'un nouveau clergé -ici Hegel joue le rôle de la "trappe" des prêtres babyloniens dans le livre du prophète Daniel-, ce deus ex-machina plus totalitaire encore que le culte brahmanique emprunté à Nitche par les nazis, est bien sûr irrecevable pour un Juif fidèle à la loi de Moïse, qui n'a pas le caractère anthropologique des "droits de l'homme". Hegel se défend d'être subjectif, mais sa démonstration revient à démontrer que la démocratie n'est pas une utopie subjective. Pour le chrétien qui ne reconnaît pas d'autre loi que l'amour, c'est-à-dire le perfectionnement de la loi de Moïse dans la matière ou l'esprit le moins subjectif et le plus contraire à la règle juridique, il verra dans le procédé hégélien une extraordinaire sournoiserie en comparaison de la loi égyptienne ou romaine ; il ne s'agit plus en effet seulement d'ignorer l'amour, mais de l'empêcher en le reléguant dans les mots.

    On voit à quel point les idéologies modernes naissent de l'arbitraire humain, c'est-à-dire d'un désir de mort parfaitement identifié par Nitche. En effet, cette idéologie hégélienne, Shakespeare en a parfaitement discerné le mécanisme près de deux siècles avant qu'elle ne germe et pousse sous la forme de la très volumineuse somme de Hegel. On peut constater en effet que pas un des éléments de cette conjuration ne manque dans "Hamlet". Ni la trahison de Luther par Hegel, bien plus subtile que celle de Nitche ; ni le mariage incestueux de l'Eglise et de la loi, à quoi Hegel ne fait qu'apporter un perfectionnement tactique, essentiellement sous la forme du flou juridique (Hobbes, lui, est un traître positif, aussi peu hypocrite qu'un jurisconsulte chrétien peut l'être) ; ni le préalable essentiel de la réduction de la cosmologie à une mécanique céleste ; ni le retour provisoire de l'Aryen Fortinbras au sein d'un complot occidental, dont son faible degré d'initiation le condamne comme Nitche à jouer le second rôle d'inséminateur culturel ; et on pourrait continuer ainsi morceau par morceau, jusqu'au moindre détail : Ophélie comme la pétasse existentialiste kirkegaardienne à son papa. Sans oublier la transposition du prophète Daniel dans le personnage de Hamlet, qui explique que les banquiers juifs ou démocrates-chrétiens ne reconnaissent pas Hamlet, et estiment qu'il s'agit-là d'un personnage énigmatique et peu policé.

     

  • Trente Glorieuses

    Laissez-moi vous raconter l'histoire de trente glorieuses, qui ont mis bas autant de filles avides de reconnaissance, qui ont mis bas autant de fillettes indignées qui réclament des droits.

    Et si vous croisez un philosophe démocrate-chrétien qui vous dit qu'il y a de l'esprit là-dedans, bottez-lui le cul de ma part.

    Comme nul n'est responsable de la débandade, personne ne doit se faire un devoir du redressement. N'écoutez pas tous ces Joffre, ces Foch ou ces Galiéni de la reconquête du taux de croissance. Laissez-les à leur viagra et à leurs donzelles émancipées.

  • KTO est Satan

    Celui qui cause "Urbi et orbi" s'expose à n'être entendu que de quelques actionnaires. Ainsi va le monde jusqu'à n'être plus qu'une vaste propriété (intellectuelle).

  • Eloge de la faiblesse

    A l'éloge de la faiblesse dans le domaine éthique, correspond l'éloge de la laideur dans le domaine esthétique. Pour bien comprendre qu'il ne s'agit pas là seulement d'une affaire de goût, il faut comprendre la beauté comme l'équilibre, et la laideur comme le mouvement.

    Nitche a le tort de croire, ou bien il feint de croire, que l'éloge de la faiblesse est une invention judéo-chrétienne, prédestinée à faire tâche d'huile dans les masses populaires, suivant un mécanisme psychologique qu'il détaille, séduisant mais biaisé ; la vérité est bien plutôt de l'état de faiblesse de Nitche lui-même, gravement malade, et qui s'est soigné par le rejet de la morale et de la culture protestantes bourgeoises qui lui avaient été inculquées par ses parents. On retrouve d'ailleurs là la structure psychologique du fachisme, à qui il faut s'empresser d'ajouter que les cartels industriels et bancaires ont donné toute sa puissance de destruction effective, selon un stratagème qui survit aujourd'hui sous des formes différentes, au sein d'un processus de guerre ou de révolution permanent, que seuls des esprits frappés de léthargie ne reconnaissent pas.

    Le simple trouffion, pas plus n'a conscience de la guerre, tant qu'il n'a pas reçu un éclat d'obus en pleine figure ; et il y a aussi des maréchaux d'empire qui ne connaissent pas les clefs de la partition qu'ils jouent.

    L'éloge de la faiblesse et de la laideur : remontez un peu les canaux qui conduisent à cet éloge, ou bien tirez sur les fils merdeux qui y mènent - ils ne vous mèneront pas au christianisme ; ils ne vous mèneront pas aux prophètes juifs non plus ; ils vous mèneront aux ayants-droits des victimes.

    Pas d'éloge de la faiblesse dans le christianisme, ce qui reviendrait à dire que la crucifixion est une invention chrétienne. Il me semble que le piège s'élabore dans la tête de Satan au moment où les tortionnaires du Messie jouent sa tunique aux dés, car, dès lors, la règle du jeu va un peu changer, et le brouillard tomber sur la bataille, ou ce que Nitche appelle "la modernité".

    Aux yeux du Christ, "l'homme du peuple", "l'anarchiste", le "raté", pas plus que le juif qui a compris l'ignominie accomplie par ses prêtres, n'est plus faible que l'homme d'élite. Il est au contraire plus fort, car il ne se bat pas avec les mains liées, ni la conscience enchaînée. Il possède moins, par conséquent il est moins possédé. En ce sens, c'est un extraordinaire pied de nez au destin que l'oeuvre de Shakespeare, derrière la figure du prince hyperboréen du Danemark. Plût au destin de permettre à Nitche d'endosser une autre armure que celle de Shakespeare.