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Mon Journal de guerre - Page 40

  • Nietzsche antisémite

    Si L.-F. Céline est généralement inculpé pour ses propos antisémites, Frédéric Nitche en est lui, disculpé - récemment par ces fabricants de moraline à l'usage des gogos que sont M. Onfray et P.A. Taguieff.

    - Rassurez-vous, disent-ils à leurs ouailles, le porte-parole de Satan apprécie les Juifs à leur juste valeur.

    Bien qu'assez foutraque, la doctrine de Céline est, il est vrai, plus menaçante pour le veau d'or.

    En deux mots, pourquoi Hitler s'en prend aux Juifs, tandis que Nitche réserve ses diatribes au judaïsme et aux prophètes juifs ? Le nazisme est un mouvement révolutionnaire, tandis que la doctrine de Nitche ne l'est pas. Comme tout mouvement révolutionnaire, il est populiste, et requiert de désigner à la vindicte populaire une minorité intérieure, et un ennemi extérieur. Nitche escompte qu'il éradiquera le christianisme, qu'il juge moribond, à l'aide de sa doctrine, mettant ainsi en place une "paix mondiale" (sic).

    "(...) Comme il s'agit d'un coup destiné à anéantir le christianisme, il tombe sous le sens que la seule puissance internationale qui ait d'instinct intérêt à l'anéantissement du christianisme - ce sont les Juifs. Il y a là une hostilité instinctive, rien d'"imaginé" comme chez le premier "libre penseur" ou socialiste venu - je n'ai que faire de libres penseurs. En conséquence, il faut que nous nous assurions de toutes les forces de cette race en Europe et en Amérique -, et, de plus, un tel mouvement a besoin de l'appui du grand capital. C'est là le seul terrain naturellement préparé pour la plus grande guerre de l'histoire, et la plus décisive : quant au reste des partisans, ils n'entreront en ligne de compte qu'après, une fois ce coup porté. Cette nouvelle puissance qui se formera pourrait en un clin d'oeil devenir la première puissance mondiale (...)"

    F. Nitche

    Du point de vue chrétien, ce ne sont pas les Juifs les pires ennemis du christianisme, mais le monde et les doctrines sociales censées le pacifier. La "synagogue de Satan", ennemie du christianisme, ne désigne pas une institution juive, mais une institution ecclésiastique. Le "fils de perdition" dit saint Paul, s'élèvera au-dessus de tout ce qu'on appelle dieu, ou qu'on adore, jusqu'à s'asseoir comme un dieu dans le temple de dieu, voulant passer pour un dieu. Et la fin des temps n'adviendra avant que le fils de perdition ne soit advenu.

  • Amor fati

    "Amor fati" ou l'amour du destin. Cette devise résume tous les blasons de toutes les aristocraties du monde, et pourrait être peinte en lettres d'or sur chacun d'eux. L'aristocrate chrétien est frappé d'une aliénation mentale particulière, qui le pousse à se mettre au service des causes les plus absurdes. Shakespeare a bien vu ça (Richard II).

    L'antichristianisme est une voie pour Nietzsche, "aristocrate de sang pur polonais" (sic), afin d'éviter de sombrer dans la folie.

    Dans la version élitiste de l'histoire selon Nitche, il est nécessaire que le Messie ne soit pas ressuscité. D'où il invente cette idée de vengeance des apôtres, dirigée contre les princes de ce monde, qui ont assassiné le Messie. Shakespeare tient compte en revanche pour écrire son histoire de la révélation.

    Nietzsche invente une histoire de l'art et de la Renaissance, reprise par les conservateurs de musée, notamment français, les plus incompétents. Invention de Shakespeare baroque ou pré-romantique. L'art baroque est plus païen que l'art de la Renaissance. La contre-réforme soi-disant catholique convoque tous les effets fascinants de l'art, afin de contrer Luther. Elle mène tout droit au Grand Siècle satanique. Inconséquence de Nietzsche, qui ne reconnaît pas dans l'art baroque et la musique une tentative plus sournoise, mais similaire à la sienne, de reléguer le christianisme dans le décors. Au moins on ne trouve pas chez Nietzsche cette plaisanterie de "l'invention de la perspective par la Renaissance". Nietzsche est conscient que le perspectivisme est le contraire du réalisme. Il réclame pour la politique la perspective minimum. Les grandes perspectives sont celles des peuples masochistes.

    Encore une erreur de Nitche, l'art "dionysiaque" ; il ne voit pas que c'est l'art le plus décadent. Les Romains sont dionysiaques, remettent la psyché au goût du jour. Les Grecs sont beaucoup plus matérialistes.

  • No Future

    Comme les troupes de Pharaon furent englouties par la Mer Rouge, les chars et les missiles de la modernité sont happés par l'avenir, comme par un étang de feu.

    Nitche, au nom de Satan, ordonne le repli en vain. 

  • L'évêque de Rome et Lucifer

    L'actuel évêque de Rome tente dans sa dernière encyclique (Lumen fidei) d'opposer à la lumière solaire des cultes païens sataniques (et de nombreux tyrans modernes, faisant valoir au service d'un culte de la personnalité cet ordre naturel), la lumière chrétienne. Il prétend renverser ici le discours de l'antichrist Nitche, qui dit en substance : l'ordre naturel, et en particulier le soleil, c'est tout : la culture de vie, la création, l'art, la source du savoir ; et la lumière chrétienne, elle, n'est rien qu'une théorie.

    Le prophète Job fit remontrance à Iavhé de demeurer invisible et de ne pas se manifester, tandis que les dieux païens, eux, occupaient en quelque sorte "tout le terrain".

    - L'évêque de Rome répond que la lumière est divine, et l'assimile à la foi. Première remarque : même s'il indique que la foi n'est pas à l'intérieur de l'homme (comme peut l'être parfois une conviction religieuse intime), mais à l'extérieur, le pape traduit ici la lumière par un vocable humain abstrait, la "foi" ou "l'amour". Chacun conçoit en revanche aisément ce qu'il y a derrière le mot soleil et en quoi consistent ses effets, notamment en termes de vitalité. On ne peut pas dire que l'objection de Nitche soit combattue autrement que par des mots. D'ailleurs Nitche reproche au christianisme de se retrancher derrière des abstractions et des idéaux qui n'ont, pas plus que les postulats mathématiques, de réalité physique.

    - Suit cette tentative d'élucidation du pape : "D'une part, elle [la lumière] procède du passé, elle est la lumière d'une mémoire de fondation, celle de la vie de Jésus, où s'est manifesté son amour pleinement fiable, capable de vaincre la mort. En même temps, cependant, puisque le Christ est ressuscité et nous attire au-delà de la mort, la foi est lumière qui vient de l'avenir, qui entrouvre devant nous de grands horizons et nous conduit au-delà de notre "moi" isolé vers l'ampleur de la communion." Deuxième remarque : la lumière-foi, selon le pape, semble fonction du temps : on ne voit pas en quoi elle diffère du rayonnement solaire, sur lequel les théories physiques modernes s'appuient ? D'ailleurs l'histoire chrétienne, selon l'apocalypse, n'est pas un continuum de temps, mais l'affrontement des forces spirituelles et des puissances sataniques appuyées sur la puissance naturelle. Vaincre la mort, c'est d'ailleurs triompher du temps et de la nature. C'est le b.a.-ba du christianisme : ce n'est pas un message temporel. L'évêque de Rome ne fait que rééditer le coup de la vieille rhétorique hégélienne et son postulat d'une lumière chrétienne providentielle qui anime l'histoire de l'Occident.

    Ou bien la morale et les institutions politiques se réfèrent directement à l'ordre solaire, comme ce fut le cas dans l'Egypte antique, ou bien elles n'ont d'appui que dans la pure rhétorique humaine, c'est-à-dire qu'elles n'ont aucun appui. Il convient de le rappeler, puisque la stratégie de Hegel consiste à légitimer à l'aide de grandes phrases un ordre institutionnel judéo-chrétien allemand. La lumière divine est "extérieure" à l'homme dit le pape, avant de s'empresser d'en donner une explication la plus subjective et indéfinie possible.

    - Par ailleurs l'évêque de Rome cherche à démontrer le principe du monopole de l'Eglise romaine sur la foi, c'est-à-dire que la lumière passe nécessairement par son intermédiaire. Cependant, non seulement l'Eglise romaine est la matrice des nations occidentales modernes, dont la puissance est largement technocratique, mais elle encore actuellement sous la tutelle de ces nations. Quant à l'unité de l'institution ecclésiastique, dont l'histoire montre qu'elle n'a existé que le temps de l'usage par cette institution de moyens juridiques coercitifs, cette unité est celle de la Jérusalem céleste. Il n'y a aucun moyen de fonder une citoyenneté chrétienne sur les évangiles. Seul un imbécile peut avoir oublié l'effrontement sanglant des nations chrétiennes, ou tout miser sur la démocratie pour y remédier. Le pape ferait mieux ici de chercher à l'élucider le sens apocalyptique de ces affrontements entre judéo-chrétiens. Au monopole institutionnel, on peut opposer le sacerdoce selon saint Paul, et : "Car un seul est dieu ; un seul aussi est médiateur entre dieu et les hommes, le Christ Jésus homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous : le témoignage en est rendu au temps voulu, et c'est à cette fin que moi j'ai été établi prédicateur et apôtre, - je dis la vérité, je ne mens pas, - docteur des gentils dans la foi et la vérité." (1re épître à Thimothée, II, 5). L'unité de l'Eglise ou du camp des saints résulte donc de la médiation directe du Christ Jésus.

    - Au petit éloge final de la procréation dans le cadre chrétien, un païen nitchéen opposera sans peine que l'intervention du soleil et de la nature dans le mouvement créatif est scientifiquement la plus certaine, outre l'action de l'homme.

  • L'Ethique du jean-foutre

    Un beau parleur laïc définit ainsi son éthique de jean-foutre : "Non pas une opinion religieuse, mais un principe de protection de toutes les expressions religieuses... à condition qu'elles soient conformes à la loi."

    Les mahométans font plus ou moins confiance à leurs imams, les juifs à leurs rabbins, tandis que les laïcs, eux, se fient à la police. Les lois des Etats totalitaires se présentent comme étant universelles ; d'où les efforts d'un clergé pléthorique pour leur donner une coloration scientifique. Le communautarisme aura beau jeu de faire valoir tel ou tel régime moral contre la démence croissante des autorités étatiques.

  • Hinterwelter

    "Baudelaire n'est pas seulement un décadent, mais aussi un idéaliste, un platonicien chrétien, ce qui le rapproche dangereusement des hinterwelter (amateur d'arrière-mondes)" F. Nitche

    "Platonicien chrétien" : une fois n'est pas coutume, l'accusation de Nitche vise précisément un courant de penseurs chrétiens, qui a tenté d'interpréter les évangiles à la lumière de Platon, lui-même pythagoricien. C'est donc le syncrétisme médiéval à quoi Nitche aurait dû limiter ses attaques, comme Shakespeare-Bacon l'a fait au nom du christianisme et de la pureté de la parole divine.

    Les idéologies modernes totalitaires, qu'elles soient nazie, soviétique ou démocratique sont toutes teintées de ce platonisme chrétien, dans lequel Hegel n'a fait qu'introduire une théorie de l'histoire truquée, destinée à donner le beau rôle aux élites occidentales.

    L'amalgame pratiqué par Nitche le plus souvent entre le "platonisme chrétien" et le christianisme authentique lui permet d'établir un lien entre le populisme ou l'anarchie, et le message évangélique, suivant la vieille tactique des historiens romains en quête de boucs émissaires. Mais, comme le montre Shakespeare-Bacon, le platonisme chrétien est une ruse des élites. Le syncrétisme est opéré par des moines catholiques pour le compte de potentats, badigeonnant le tout d'un prétexte compassionnel totalement étranger à l'esprit du christianisme.

    On retrouve la même ruse que celle, moderne, qui consiste à faire passer le populisme démocratique pour un mouvement populaire, en effaçant soigneusement des tablettes, par exemple, le profit du suffrage universel pour l'empereur Napoléon III, aussi crédible dans le rôle du chef d'Etat chrétien que Ponce Pilate.

    Depuis le moyen-âge, les universités occidentales ont persévéré dans leur rôle de blanchiment systématique des valeurs occidentales.


  • Dialogue avec l'Antéchrist

    - Volonté de Nitche étrangler la philosophie moderne dans les serres de l'art. Ultime tentative de sauver le monde.

    - Le monde prisonnier de Satan = christianisme/Satan prisonnier du monde = Nietzsche.

    - Modernité = victoire du sous-homme sur le surhomme, prélude à la fin du monde. Victoire de la quantité et de la masse indistincte sur l'art et les biens de qualité. Victoire de la physique quantique sur la physique égyptienne. Mais la quantité et la masse sont instrumentalisés par les élites.

    Mon dialogue avec l'antéchrist progresse.

  • Dans la Matrice

    Avant d'être autorisé à publier des poèmes faisant l'éloge de la condition humaine, un stage de quelques mois dans une mine de charbon, un champ de coton ou un bordel africain devrait être obligatoire. On serait alors débarrassés de 99% des curés qui chantent : "Y'a d'la joie, bonjour-bonjour les hirondelles..." Il ne resterait plus qu'1% de masochistes, pas de quoi fonder une Eglise.

  • Très grande bibliothèque

    La littérature est le signe le plus significatif du caractère essentiellement hérétique de l'homme. Si les anthropologues avaient des couilles, ils diraient ce qu'ils sont : les tenants de l'hérésie, qui lui doivent leur fortune et leur position dans le monde.

    Prenons un homme en quête de vérité. Mettons que ce soit le cas de Marx, et qu'il soit sincère dans sa démarche. Dans ce cas cet homme devra nécessairement affronter les serpents de l'anthropologie, que la caste infâme des anthropologues enverra contre lui.

    Il y a sans doute encore des jeunes gens qui espèrent que les vastes bibliothèques leur permettront de découvrir une vérité, au moins sous la forme d'un point d'appui, pour pallier les effets écoeurant du mouvement erratique du monde moderne.

    En fait d'expérience, les vieux tocards qui se permettent de donner des leçons de morale à la télé, n'ont appris que l'écoeurement et les méthodes pour se faire vomir afin de pouvoir en croquer encore un peu avant de mourir. Ils demandent le respect, alors qu'ils ne se respectent pas eux-mêmes.

    Les jeunes gens qui espèrent dans les vastes bibliothèques doivent être avertis qu'interroger l'anthropologie, c'est comme de demander son chemin au minotaure dans le labyrinthe. L'anthropologue ne connaît que l'hérésie et le moyen de s'en servir pour son propre usage, qui consiste essentiellement à occuper une position morale dominante, et à la conserver en posant le talon sur le visage de celui qui voudrait l'en déloger.


  • L'imposture chrétienne-libérale

    Mgr Dagens, membre de l'épiscopat français et de l'académie française, a le don de cumuler sur sa tête les plus vaines gloires mondaines qu'on puisse faire. Il ne lui manque plus qu'à présider le Rotary-club de son diocèse pour compléter le déguisement.

    - Sur son blog, il fustige l'attitude du parti catholique intransigeant ou réactionnaire, qu'il caractérise comme une volonté de reconquête d'une position dominante au sein de la société française. La sienne, d'attitude, consiste à lécher le bâton merdeux de l'éthique démocratique-libérale. Opposer la servilité à la rébellion, voilà en quoi consiste la tactique du démocrate-chrétien, sur la base d'un existentialisme que Bouddha inventa bien avant le sieur Dagens.

    - Disons deux mots du parti "intransigeant" ou réactionnaire. D'abord, s'il était réellement aussi intransigeant que ça, il y a belle lurette qu'il serait allé botter le cul de Mgr Dagens, ou qu'il lui aurait rappelé que tout porteur de bicorne exprime par-là son allégeance à Satan. Le christianisme de son prédécesseur Jean Guitton, est d'ailleurs le plus diabolique qui se puisse faire - une sorte de bénédiction de la technocratie et des technocrates.

    - Le christianisme libéral justifie toutes les réactions violentes contre lui, non pas chrétiennes mais politiques, en raison de l'infâmie qui consiste à indexer l'éthique sur les valeurs boursières. Et les Juifs qui se croient sous la protection de la démocratie-chrétienne feraient bien de se méfier, s'il n'y a pas derrière leur adhésion quelque motif du même genre que celui de Shylock.

    - Quant à la reconquête d'une position dominante, si elle n'a évidemment rien de chrétien ou d'évangélique, elle est la plus conforme à la théorie catholique romaine d'un christianisme institutionnel, hiérarchisé et militant. Sans cette position dominante, l'institution n'est plus qu'une ruine, fréquentées par ce qu'on peut qualifier de "touristes spirituels". L'Eglise romaine n'a d'ailleurs plus d'emprise, à l'instar de l'islam, que dans les nations ou sur les continents qui n'ont pas connu de véritable révolution industrielle, celle-ci ayant remis les instruments du pouvoir religieux dans les mains d'un nouveau clergé. Plutôt que dangereuse, il faut dire que la démarche des catholiques réactionnaires est vaine, semblable au combat mené par Don Quichotte, imaginé par Cervantès comme le prototype du chrétien qui se démène en dehors de l'histoire, tout en persistant à ignorer que le christianisme est la plus historique des espérances.

    Si le chrétien se détache des contingences morales et politiques, dont le monde ne peut se passer, pas plus que de conflits armés afin de régénérer sa culture, c'est pour la raison que le chrétien a sans cesse à l'esprit la fin du monde, à l'inverse du démocrate-chrétien, disposé à le prolonger le plus longtemps possible. Car le monde justifie le chrétien libéral et non dieu. Coupé du monde, de son bicorne, de sa mitre, de sa crosse et de son anneau, Mgr Dagens n'est RIEN. Qui voudra encore l'écouter en dehors d'affairistes douteux ? Qui lit encore les académiciens en dehors de rombières ?

    Dagens dénigre le don-quichottisme chrétien, mais hélas pour lui il n'est pas Cervantès, mais seulement un de ces nullibistes catholiques comme on ramasse à la pelle dans les coulisses de la culture "judéo-chrétienne".

    Quant à l'éloge par ce prélat des Etats-Unis et de leur simulacre de christianisme - les Yankees les plus honnêtes se réclament de Satan - il est une infâmie. Rien, dans le christianisme, ne justifie la démocratie, millénarisme plus frauduleux encore que la monarchie de droit divin des pharaons. La démocratie est entièrement tributaire de la tyrannie française d'ancien régime. C'est elle qui a opéré la conversion de l'ordre satanique égyptien en apparence d'ordre chrétien. Sans ce tour de passe-passe juridique, il n'y aurait aucun moyen de faire reluire aujourd'hui le mirage de la démocratie. Cracher dans la soupe de cet Hermès trismégiste incarné que fut le cardinal de Richelieu n'empêche pas le sieur Dagens de s'en délecter.

     

  • Gare à aux cyclopes !

    Par tous les canaux de propagande dont elles disposent, les élites libérales ou républicaines s'efforcent de faire passer le panurgisme pour l'individualisme. Il s'agit d'inverser la charge de la responsabilité, et de la transférer du berger incompétent au troupeau passif.

    Mettez une poignée d'intellectuels sur un plateau, de toutes les obédiences complices à la mode : un "judéo-chrétien", un "laïc républicain", un businessman, un agent culturel, un sociologue, et faites les s'exprimer sur le sujet du populisme ; ils disserteront pendant des heures, les mains croisées dans le dos pour planquer leurs sales pognes de mouches à merde.

    La fable du cyclope Polyphème et de ses moutons n'a pas pris une ride. Francis Bacon a raison de dire que le monde moderne est beaucoup plus antique que celui d'Homère. L'homme moderne vit et respire sous des bandelettes.

  • Tocards et horlogers

    Quand j'entends sonner les cloches dans mon quartier, j'ai l'impression d'être en Allemagne. Observez bien une cloche, et vous comprendrez ce que l'Allemand a dans la cervelle.

    Le projet de gouvernement mondial est l'esprit de clocher à l'échelle de la terre.

  • Au total

    Difficile de savoir ce qui est le plus nuisible à l'imagination, des vacances ou du labeur. Le déclin de l'humanité, que celle-ci nomme "progrès" semble fait d'une alternance de ces deux modes de conditionnement à l'imbécillité.

    La représentation désormais la plus courante de dieu, qui désole l'antéchrist tandis qu'elle provoque la colère des apôtres, est celle d'un comptable, d'un assureur ou d'un prêteur sur gages, c'est-à-dire le type que l'Eve moderne rêve d'épouser ; même Satan n'a plus la cote auprès des femmes.

  • La condition humaine

    Les hommes d'élite, qui alourdissent le poids de la condition humaine d'autrui afin d'alléger la leur, naturellement sont les mieux placés pour exalter cette condition, sous la forme de la plus aristocratique énergie du désespoir, ou bien sous la forme la plus cynique des lendemains qui chantent promis à la plèbe.

    La souveraineté du peuple laborieux lui permet de se réjouir de sa condition : il sera bientôt élu, et chacun pourra grimper dans sa tour d'ivoire pour y rédiger des traités de droit constitutionnel.

    A force d'être si bien conditionné, l'homme finit par être esclave de lui-même. La liberté conditionnelle finit par être de plus en plus conditionnelle et de moins en moins libre.

    En fin de compte, les hommes d'élites finissent par s'égorger entre eux, par manque d'imagination. Dans la démocratie, le peuple gagne le droit de jouer au même jeu que son patron.


  • La Garce Beauvoir

    Pourquoi "garce", parce que le féminisme tel que Simone de Beauvoir le prêche est cause de ravages dans les milieux populaires. C'est d'ailleurs un féminisme d'inspiration judéo-chrétienne, véhiculant cette éthique truquée. Le fait est soigneusement dissimulé de l'invention du féminisme occidental par des clercs catholiques romains, c'est-à-dire de l'exaltation du rôle social de la femme. Les métamorphoses de la société ont par la suite transformé ce féminisme ; elles l'ont laïcisé et lui ont fait perdre l'étiquette catholique romaine.

    Le féminisme permet aux bourgeoises de mettre du piment dans leur vie sexuelle. Ayant plus de ressources, elles bénéficient d'une meilleure protection sociale. Leur cas nous intéresse peu.

    A la question :

    - Niez vous qu'il y a une nature féminine propre ?

    Simone de Beauvoir répond :

    - Oui, bien sûr, nous nions même qu'il y a une nature humaine.

    A ce stade, on peut dire la réponse quasiment chrétienne, puisque la nature est, dans le christianisme, marquée par le péché originel qui précipite Adam et Eve dans la condition humaine. La force de l'esprit de Dieu permet donc dans le christianisme à la femme comme à l'homme de triompher des effets de la nature.

    Mais le christianisme ne nie pas les effets de la nature, et notamment que la volonté humaine est un moteur naturel. A cet égard, devant la nature, l'homme et la femme ne sont pas égaux. Selon les évangiles, il n'est pas possible de s'affranchir de la nature par un simple décret féministe l'abolissant, mais seulement par l'amour chrétien ; faute de quoi, Paul de Tarse ne prônerait pas le célibat seulement aux hommes qui en sont capables, comme lui, mais il prônerait un célibat absolu, pour tous les hommes et pour toutes les femmes.

    Simone de Beauvoir abolit la nature, mais elle met rien à la place qu'une idéologie hégélienne du progrès social, celle-là même qui sous-tend et a servi à blanchir a posteriori toutes les grandes catastrophes laïques et les génocides de l'Occident moderne. Il y a bien là une "culture de mort", selon le propos de l'antéchrist Nietzsche, défenseur de la culture de vie, mais cette "culture de mort" n'a contrairement à son propos aucun lien direct avec le christianisme. Il n'y a pas de doctrine sociale dans le christianisme, et il ne peut pas y en avoir, pour la raison qu'aucune doctrine sociale ne peut se passer d'effacer le péché originel. Toute doctrine sociale prend nécessairement en compte la condition humaine comme une condition insurmontable, ou qui ne peut être abolie que dans un au-delà virtuel et entièrement spéculatif. On voit ainsi le Messie et ses apôtres dénier au plan social tout caractère spirituel. Le féminisme a la tournure d'un mouvement compassionnel des femmes vis-à-vis d'elles-mêmes, qui ne peut être accepté que par des hommes imbéciles, ou des séducteurs sous la forme de propos galants à l'égard des femmes.

    Le féminisme de Beauvoir est une bonne illustration de la culture de mort moderne occidentale et de la tactique de ses agents assermentés. Cette culture emprunte au christianisme des motifs spirituels, dont elle propose une application sociale, éthique ou morale, solution impossible selon le christianisme lui-même. Et les élites occidentales s'efforcent d'imposer cette idéologie totalitaire au reste du monde comme un humanisme. Chassez la nature féminine, et elle revient au galop ; c'est sans doute pourquoi désormais certaines féministes font de la prostitution un féminisme, celle-ci étant plus significative de la détermination sociale réelle de l'Occident aujourd'hui que les grands panneaux publicitaires humanistes qu'il brandit.

  • De Maurras à Brague

    La "voie romaine" trouve son équivalent aux Etats-Unis dans l'"autoroute 66".

    A côté de la tentative burlesque de Michel Onfray d'adapter Nietzsche aux valeurs de gauche, alors que celui-ci aurait vu dans l'alternative gauche-droite une sorte de pas de l'oie de trouffion débile de la modernité, s'est développée une tentative d'adapter Nietzsche au christianisme ; elle comporte cette difficulté majeure de faire du chantre du satanisme et de la culture de vie un penseur "chrétien".

    Essentiellement, le trucage de Michel Onfray et des catholiques romains revient au même. Dans le premier cas, il s'agit de faire passer les valeurs républicaines pour des valeurs populaires, alors même que le régime républicain moderne a mis en miettes la culture populaire pour la remplacer par une culture de masse totalitaire. Jamais régime n'aura fait subir au peuple de plus grandes avanies, ni n'aura inculqué un mensonge aussi grossier que celui de la "souveraineté populaire" et de l'égalité.

    Pour faire passer une telle couleuvre, il est nécessaire de censurer à la fois Nietzsche et Karl Marx. Les valeurs républicaines modernes trouvent appui sur la rhétorique de quelques fonctionnaires assermentés, mais non sur des penseurs indépendants.

    La tentative sous le masque chrétien, elle, consiste à adapter le christianisme aux valeurs élitistes. Pour opérer ce tour de passe-passe, Charles Maurras va s'appuyer sur l'imbécillité extraordinaire du public catholique romain, que Nietzsche a théorisée d'une manière assez précise, bien qu'il n'en identifie pas la cause exacte. On trouve d'ailleurs à l'intérieur de l'Eglise romaine, quelques cas isolés de rebelles à l'imbécillité catholique romaine, tels Léon Bloy ou Bernanos, mais qui n'en reconnaissent pas la cause non plus, moins encore que Nietzsche.

    L'antichrist Charles Maurras, sorte de résurgence de Richelieu au niveau du journalisme, ne se contente pas de faire du christianisme le complice servile et commode des crimes des nations occidentales, il échaffaude par ailleurs une idéologie qui vise à faire passer l'empire romain pour une civilisation saine et équilibrée. Même la philosophie allemande n'est pas restée figée à un niveau critique aussi bas. Pour admettre que l'empire romain est une civilisation équilibrée, il faut admettre que le totalitarisme est un humanisme, ou bien la culture des Etats-Unis autre chose qu'une métastase. Quand on nie absolument l'histoire comme Maurras, on ne peut qu'en être le cocu, une sorte de voyageur dans le temps dépourvu de lien avec la pensée française.

    Ce cocufiage et l'infâmie de Maurras ont conduit à lui coller l'étiquette de chef de file d'un groupe folklorique vaguement indécent. Le besoin d'un discours subversif de l'histoire a cependant subsisté. L'évêque de Rome ne peut pas tout faire. Il est déjà assez occupé à combattre la mafia à l'intérieur de son parti, ainsi qu'à rédiger des encycliques suggérant que la lumière créatrice n'est pas celle de Satan : il a besoin de faussaires en histoire pour l'assister dans l'entreprise qui consiste à démontrer que le christianisme est compatible avec les visées de l'élite.

    Rémi Brague a pris le relais de Maurras il y a quelques années, avec un bouquin visant à démontrer que Rome est la matrice de l'Europe, c'est-à-dire du rêve nationaliste partagé par une série de bouchers sanguinaires fameux et un conglomérat de banquiers cyniques, et qui a choisi pour le symboliser une nymphe violée par un taureau, sans doute pour signifier la barbarie ultime de ce nationalisme.

    Ce que Brague et les braguets veulent éviter, ce n'est pas tant qu'on les rapproche de Satan, auxquels ils ne croient pas et qui leur semble pure abstraction en comparaison des missiles à longue portée du pacte atlantique. Ils ne veulent pas qu'on fasse le rapprochement avec Maurras, car ce dernier n'est pas assez bcbg.

    Malgré sa compromission avec le culte solaire de Louis XIV, qui oblige à le prendre "avec des pincettes", car ce genre de compromission sert à Nietzsche pour faire la démonstration d'un christianisme entièrement animé par des faux-jetons, le théologien catholique Bossuet signale quand même que, sur la piste de Satan et du nombre de la bête (666), tous les chemins mènent à Rome.

  • Lettres mortes

    Je ne vois pas quel homme de lettres peut disputer à François-René de Chateaubriand la couronne d'écrivain français le plus putassier de tous les temps ? Pas même Sartre, qui tenta de lui disputer un bout de trottoir. Les augustes académiciens, rentiers du Satan-trismégiste Richelieu ? Aucun ne sait rouler du cul comme Chateaubriand. Le branlement du bicorne fait tout au plus suinter quelques jeunes filles prépubères, clientes de Michel Déon ou Jean d'Ormesson.

    La littérature de Chateaubriand est la mieux faite pour les hommes privés de bordel, parce qu'ils n'en ont pas les moyens physiques, ou bien parce qu'une épouse vigilante, afin de ne pas se retrouver expropriée, leur tient la bride. Stendhal pourrait jouer le même rôle, avec son antichristianisme de sous-préfet, n'était son physique porcin, qui le relègue derrière Rimbaud sur le macadam.

    "Tout est sexuel" dit Freud, sans doute pour se venger d'être incapable d'écrire une seul phrase avec style, et de devoir se contenter d'un amour télépathique avec sa fille. Encore faut-il préciser que, dans la culture moderne, seuls la guerre et les charniers, les bordels d'antan où les putains crevaient massivement, traduisent une sexualité bourgeoise assumée ; le reste du temps, le sexe est "rentré", comme le dard de certains insectes. La manière de tuer du bourgeois trouve son pendant exact dans sa manière d'aimer. Tuer, pour le bourgeois, ne relève plus de l'art mais du jeu. On pense aux manières du chat, cette bestiole identifiable aux moeurs modernes.

  • Eloge de la faiblesse

    Contrairement à l'affirmation de Nitche, il n'y a pas d'éloge de la faiblesse dans le christianisme, faute de quoi le dieu des chrétiens serait effectivement un calcul irrationnel, comme la démocratie.

    Nitche lit les évangiles sans jamais se départir de son élitisme. Effectivement, dans l'ordre naturel et le droit qui en découle, l'homme d'élite est plus puissant. Aussi démocratique soit le monde moderne officiellement, le culte de la personnalité n'a pas fléchi d'un iota. Mais le christianisme ne tient aucun compte de l'ordre naturel et du droit qui en découle. Du point de vue de l'élite et de ce qui la justifie, nécessairement le Christ ne peut qu'être un homme faible ou suicidaire, entêté à mourir plutôt qu'à vivre pleinement.

    Ici, Nitche a sans doute tort de mettre dans le même sac les Romains et les Juifs, et de les féliciter pour leur assassinat dans les règles, au bénéfice de l'ordre public. En effet, si les Juifs avaient pris le Messie pour un homme faible et suicidaire, on peut penser qu'ils n'auraient pas réclamé son exécution.

    La faiblesse est représentée dans les évangiles par le jeune homme riche, qui au contraire occupe la position la plus enviée sur le plan de l'espèce. C'est-à-dire par l'attachement à la nature et au monde qui la reflète avec plus ou moins d'intelligence. Le jeune homme riche ne peut pas briser le cercle de ses usages. Le pauvre, que Nitche appelle faible, est plus près de la porte étroite de sortie du monde, en quelque sorte. C'est pourquoi Molière nous montre l'antéchrist Don Juan s'efforcer de retenir le pauvre à l'intérieur du cercle.

    L'effort surhumain accompli par Nitche est pour sortir d'un monde moderne sur le point de s'écrouler. Mais le chrétien n'a que faire de l'écroulement du monde - là encore, contrairement à ce que prétend Nitche, il n'en est pas actionnaire.

  • Surhomme et évolution

    "... Car il ne faut pas sous-estimer le chrétien : le chrétien, faux jusqu'à l'innocence, surpasse le singe, et de loin - eu égard au chrétien, une fameuse théorie des origines de l'humanité devient pure amabilité..." F. Nitche

    En vertu de sa théorie du sous-homme chrétien, hypocrite et efféminé, et de sa théorie du surhomme nitchéen, le porte-parole de Satan ne gobe pas la théorie de l'évolution. Le surhomme nitchéen agit bien en vertu de la nature, mais d'une manière consciente, dont seul l'homme se montre parfois capable, lorsqu'il est capable de prendre du recul par rapport à la société.

    Le transformisme est un préjugé socialiste. On trouve en outre chez Nitche la même observation scientifique que chez Alphonse Allais : les hommes les mieux adaptés à la société moderne sont les escrocs.

    Il conviendrait d'ailleurs de dire que les anti-évolutionnistes, sous l'étiquette du "créationnisme" ne sont pas "chrétiens" mais "nitchéens" : ils conçoivent dieu comme un démiurge. Sur le plan de la science physique, Nitche se réfère en partie à Aristote. C'est la métaphysique, c'est-à-dire l'indication dans la Genèse qu'il y a une forme de connaissance supérieure au savoir éthique et à la vertu sataniques qui empêche les juifs et les chrétiens de croire dans le darwinisme. La philosophie de Nitche n'est pas totalitaire comme les philosophies milléranistes à l'arrière-plan de l'évolutionnisme, qui se servent de la biologie afin d'ouvrir le plan de l'avenir à l'infini.

    Plus généralement il faut dire que l'histoire de la science moderne est une grossière propagande, exactement comme l'est l'histoire de l'art moderne. L'ouvrage de fonctionnaires payés pour démontrer le progrès social. 

  • Modernité

    Le truc de la modernité a le don de séduire d'abord les peuples arriérés. Je prends toujours l'exemple du Japon dans ce cas-là, tant cette nation a conservé le sens de l'honneur. Il semble qu'aucun apôtre français n'est jamais allé au Japon enseigner à ces butors que l'honneur est l'apanage des cocus. N'était le besoin des Japonaises de se reproduire, elles auraient transformé depuis longtemps les Japonais en eunuques serviables. Le soleil passe pour le dieu japonais, mais on dirait que c'est plutôt la lune rousse.

    La modernité est la pacotille que le colon offre au peuple qu'il colonise, l'alcool qui permet aux fermiers yankees d'exterminer les Indiens, l'opium des gentlemen britanniques pour endormir les Chinois. Le retard des Allemands et des Italiens sur le terrain de la modernité les a privés d'empire colonial.

    Nitche a théorisé la domination du sous-homme dans le monde moderne. Marx non plus n'est pas "moderne", car cela suppose d'être un ayant-droit de l'impérialisme.