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Mon Journal de guerre - Page 36

  • Le Dieu hasard

    "Nécessairement, le hasard a beaucoup de pouvoir sur nous, puisque c'est par hasard que nous vivons." Sénèque

    "Le hasard est le dieu des imbéciles." Bernanos ; celui-ci aurait pu ajouter aux imbéciles, les foetus, les statisticiens et les vieillards.

    Le monde moderne insinue une idée de la liberté proche du hasard, admettant ainsi l'ignorance au rang du savoir, et la barbarie au rang de l'humanisme.

  • Jésus contre Socrate

    La référence à Socrate ou Platon est un des éléments de la subversion païenne à l'intérieur du christianisme. Détournant le christianisme à leur profit, les élites occidentales, notamment au moyen-âge, ont théorisé à l'aide de clercs renégats la convergence du christianisme et de la philosophie de Platon.

    Si cet office est le plus sinistre du point de vue chrétien, déclenchant la colère du Christ Jésus contre les pharisiens et la synagogue, c'est parce qu'il revient à abolir progressivement la notion juive essentielle du péché originel. Un blogueur catholique romain, Yves Daoudal, impute cette négation du péché originel au "socialisme" : le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il fait preuve de très courte vue ; dans la mesure où les évangiles ne permettent de fonder aucune doctrine sociale - aucun parti, aucune magistrature, aucune nation ne peut revendiquer la caution de la parole divine -, dans cette mesure ce blogueur catholique romain a raison : le socialisme ne peut s'enorgueillir du point de vue chrétien que de la bêtise d'Adam et Eve. Mais ce blogueur est totalement aveugle en ce qui concerne une dimension historique essentielle : la doctrine catholique romaine est la matrice de toutes les doctrines sociales modernes, y compris dans leur formulation laïque ou athée.

    Qu'est-ce qu'un athée qui se prosterne devant les "droits de l'homme" et la démocratie, si ce n'est un imbécile, ignorant qu'il n'y a là que le produit dérivé des valeurs dites "judéo-chrétiennes" occidentales ; c'est-à-dire que le mouvement d'abstraction éthique ou esthétique moderne n'aurait pu avoir lieu sans le préalable de la doctrine catholique romaine.

    J'ai coutume de le dire, et je le répète, que le totalitarisme est une formule de la tyrannie, adaptée au fait nouveau de la révélation chrétienne. Cette dernière permet aux hommes de bonne volonté de s'affranchir de leur condition naturelle d'esclave, d'une manière plus radicale encore que le judaïsme. Pour les élites politiques et morales, dès lors, le christianisme se présente comme un obstacle insurmontable afin de bâtir un monde reflétant l'architecture du système solaire (résumée par le nombre 666).

    Pour prendre l'exemple le plus contemporain : l'objectif de la paix mondiale, fondée sur des valeurs (judéo-chrétiennes) modernes, cet argument qui sert d'étendard aux puissances occidentales, s'accompagne du mensonge, au sein de ces nations, selon lequel ces valeurs éthiques les plus abstraites, et à vrai dire recevable d'un seul point de vue animiste, résultent de l'accomplissement des valeurs anthropologiques judéo-chrétiennes ou de "l'esprit des Lumières". Cela même alors que le christianisme est le moins susceptible de fonder un jugement de valeur quelconque, et que le christianisme est la moins anthropologique des religions, puisqu'elle fournit d'emblée une réponse mythologique aux questionnements psycho-sociaux : le péché originel. A la vertu platonicienne, qui a valeur d'absolu sur le plan social, le christianisme n'accorde qu'une importance relative.

    *

    La question des philosophies, des arts ou des sciences "pré-chrétiens" est une question critique. En principe, la philosophie antique est démoniaque du point de vue chrétien, c'est-à-dire qu'elle véhicule une philosophie naturelle où la mort prend place. Tandis qu'il n'y a pas de bonne mort ou de mort honorable du point de vue chrétien.

    Il reste que quelques philosophes ou poètes antiques ont conçu qu'il n'était pas impossible pour l'homme de surmonter sa condition d'être mortel et sa bêtise naturelle ou héréditaire, à force de sagesse, contrairement aux autres espèces.

    Sans indiquer malheureusement une direction, le poète Baudelaire est un des derniers poètes occidentaux à avoir exprimé la raison profonde qui empêche les chrétiens d'adhérer à l'hypothèse de l'évolution, ainsi : "Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan."

    Il faut préciser que la postulation vers le bien moral représente la postulation vers Satan. Satan est le bienfaiteur de l'humanité, ou se pose comme tel. Il guide naturellement l'homme d'élite, ou celui qui, issu de la plèbe, est animé par la volonté de s'élever. On voit de la première ligne à la dernière des évangiles, le Christ Jésus manifester son désintérêt absolu pour tout ce qui est éthique ou ne l'est pas du point de vue social. C'est toujours vis-à-vis de Satan qu'un criminel de droit commun s'endette en perpétrant son crime, tandis qu'il n'y a du point de vue chrétien d'attentat véritable que contre la vérité. Autrement dit, l'amour chrétien se présente comme une transgression sociale et une menace pour les élites.


  • Culture de masse

    La culture de masse - en l'occurrence la coupe du monde de football - et le totalitarisme sont indissociables. Autrement dit, je suis conscient de vivre dans une époque totalitaire, du fait de l'omniprésence de la culture de masse. Je suis également conscient qu'entre un régime tyrannique "oedipien" classique ou pyramidal et ce qu'il convient de qualifier de "totalitarisme", s'insère l'événement essentiel de la révélation par le Christ Jésus.

    C'est cet événement qui détermine le changement de nature de la tyrannie, qui ne peut plus procéder depuis la résurrection du Messie des chrétiens du droit ou d'une philosophie naturelle classique, mais qui est contrainte de s'y adapter. Pour prendre une métaphore parlante, un transatlantique ne navigue pas de la même manière avec une voie d'eau sous la ligne de flottaison. 

    Quand la métaphysique rend mieux compte de l'histoire et de la science que la géométrie, il faut être un forcené et non un homme rationnel pour persister dans des explications qui, au demeurant, relèvent plus aujourd'hui de la pataphysique (voyage dans le temps, Boson de Higgs, mondes multiples, matière noire théorique) que de la science physique véritable.

    La littérature de Shakespeare-Bacon est la révélation de cette révélation. Shakespeare a mis le pied dans la porte étroite qui mène au salut, en vérité, afin qu'elle ne puisse être refermée par les actionnaires du monde.

    Un phénomène observable à propos de la culture de masse, c'est qu'elle n'est justifiée par personne, nul ne la revendique, en même temps qu'elle joue un rôle de sidération massif à l'échelle mondiale. Par "personne", je veux dire personne, hormis les tocards en état d'ébriété sous son charme, et une poignée d'intellectuels-journalistes incapables d'émettre autre chose que des truismes, dans le genre de Stendhal. Stendhal fait en effet l'éloge de l'opéra, qui contient la recette de la culture de masse telle qu'on la connaît aujourd'hui. Pour une raison aristocratique et artistique, Nitche a quant à lui fait machine arrière et modéré son enthousiasme primitif à propos de Wagner et de son art d'adjudant boche. On retrouve plusieurs caractéristiques de la culture de masse dans l'opéra, dont l'emprunt à la culture populaire de thèmes, vidés de leur sens la plupart du temps, et réduits au stimulus. Vue sous un autre angle, la culture de masse est la transmission du goût bourgeois au peuple, faute morale majeure que l'aristocrate s'interdit (Nitche), voyant bien la conséquence d'empoisonnement qui en résulte.

    Mais, à l'exception de Stendhal et de quelques cas isolés, la critique est la réaction la plus courante, que le point de vue soit moral, politique, philosophique ou artistique. Cependant la culture de masse continue d'opérer, et les critiques demeurent, elles, inefficaces à endiguer la culture de masse, sur le plan moral ou politique ; y compris la critique radicale de Nitche, relativement cohérente, qui consiste à prôner l'éradication pure et simple du judaïsme et du christianisme afin de restaurer la civilisation et l'ordre naturel dont celle-ci découle. "Relativement cohérent", car aucune ligne du nouveau testament, ni aucune ligne de Shakespeare, d'ailleurs, ne permet de fonder une "culture chrétienne". Par conséquent Nitche, tel Don Quichotte, affronte un phénomène qui n'est qu'un leurre, dont il situe l'origine dans le témoignage des apôtres, alors que ce n'est pas son origine. Erreur volontaire de la part de Nitche ? C'est probable, en raison de contradictions majeures dans son étude du christianisme.

    Une critique plus récente et plus cynique (j'y reviendrai), typique de l'intellectuel "post-moderne", consiste à assimiler la culture de masse à la culture populaire, c'est-à-dire à faire croire que la culture de masse répond à un besoin ou à une volonté populaire. On se situe là au stade ultime de la chiennerie libérale. La culture de masse n'est pas moins fastueuse et somptuaire que les jardins suspendus de Babylone ou le château de Versailles, ce qui est parfaitement dissuasif d'attribuer l'organisation de la culture de masse aux classes laborieuses.




  • Athéisme

    Ce que les femmes aiment, ce ne sont pas les hommes mais leur capacité à faire la guerre. Ce que les hommes aiment, ce ne sont pas les femmes, mais leur incapacité à faire la guerre bien qu'elles soient douées pour la provoquer "par amour", disent-elles.

    Si l'on s'en tient à cet examen objectif des faits, l'Amour n'est pas, mais seulement la Nature, recouverte d'une couche de confiture sociologique.

    Il y a donc une sorte de science qui mène à l'athéisme. Mais le Christ Jésus lui aussi manifeste le plus profond mépris de la société, ses contrats, ses taxes, ses fêtes, son architecture... et pourtant il n'est pas athée.

  • Connerie la guerre

    La guerre répond à un besoin naturel et l'armistice correspond à l'épuisement des forces physiques. Malgré tout il y a encore des connards à être écologistes.

  • Le hasard, dieu, la science

    A propos d'une interview du philosophe de plateau télé Luc Ferry, en duo avec les savants de plateau télé Igor et Grichka Bogdanov sur le hasard, dieu et la science (Figaro magazine, 25 oct. 2013).

    Je qualifie Luc Ferry de "philosophe de plateau télé" puisqu'il pratique une discipline proche du yoga ou du sermon du curé en chaire le dimanche : les philosophes sont hors du jeu technocratique et n'ont qu'une influence marginale désormais ; tout au plus ils lui fournissent une caution intellectuelle, en parfaits irresponsables, jouant ainsi le rôle de bouffons du souverain peuple, dépourvus d'effet comique. Appelé aux fonctions de ministre de l'Education naguère, L. Ferry y a joué son rôle de ministre d'une grande nation technocratique : il a prononcé des discours.

    Si j'estime juste de réagir, c'est parce que ce digne représentant de l'ordre public, athée comme il se doit (ou c'est préférable), répand un certain nombre de mensonges sur le christianisme, avec la caution de prélats catholiques romains. "Le Figaro magazine" est d'ailleurs depuis une quarantaine d'années un repaire d'occultistes, portant différents masques, tantôt ouvertement satanistes comme feu Louis Pauwels, tantôt démocrates-chrétiens, se servant du christianisme comme d'une propagande au service des élites capitalistes françaises.

    - Le mérite des frères Bogdanov, tout d'abord est de rappeler, s'agissant d'Albert Einstein, que celui-ci, lorsqu'il mentionne "dieu", évoque une sorte de "grand architecte de l'univers" ; A. Einstein est allemand et non juif comme certains propagandistes tentent de le faire croire, un descendant de Pangloss-Leibnitz et non un disciple de Moïse.

    Il ne peut d'ailleurs en être autrement, s'agissant d'un mathématicien ou d'un juriste. Et Luc Ferry tente de faire passer pour chrétienne une "idée de dieu" juridique, introduite frauduleusement par les clercs du moyen âge et perpétuée ensuite par le philosophe allemand E. Kant. Du préjugé mathématique ou juridique découle une conception uniforme de l'univers, régi de la particule aux astéroïdes les plus importants par des lois ou une architecture en principe univoque (666). Tandis que pour les juifs et les chrétiens, a contrario, l'antagonisme des forces cosmiques empêche de déduire des lois mathématiques de la nature uniformes ou une philosophie naturelle éternelle, telle que celle des anciens égyptiens, des brahmanes indiens suppôts de Satan (ou bien encore de F. Nitche).

    - "Le hasard se définit par opposition au déterminisme (...)" L. Ferry

    Faux : les lois mathématiques, probabilités ou statistiques, ne peuvent se passer de la notion d'aléa. Or ce sont des lois qui permettent, à l'instar de l'astrologie auxquelles elles se sont substituées dans le registre moral ou politique, de prévoir ou de prédéterminer les événements. Autrement dit l'idée de destin antique (sur lequel s'appuie le culte de Satan), liée à l'astrologie, a pris dans les temps modernes technocratiques l'aspect des statistiques mathématiques modernes. Contrairement à l'affirmation du philosophe kantien, hasard et déterminisme sont liés. Luc Ferry défend ici subrepticement une conception totalitaire de la liberté, comme étant liée au hasard.

    - "Mais le front du hasard recule à mesure que la science progresse. (...)" Grichka Bogdanov

    Plus logiquement, les frères Bogdanov défendent dans un premier temps une conception matérialiste du hasard proche de celle d'Aristote : plus la science progresse, plus la "part de hasard" diminue. Aristote fait en effet valoir que la science naturelle, c'est-à-dire l'observation attentive de la nature, réduit d'autant plus la croyance dans le mécanisme du hasard, tant la nature paraît organisée de façon à ne laisser aucune place à l'indétermination ou au hasard (c'est tout le problème de la science naturelle évolutionniste : la place qu'elle accorde au hasard et à l'idéologie mathématique en fait une parente de l'idéologie kantienne - en principe un savant naturaliste doit se montrer le plus réticent à l'explication du hasard). Le hasard est donc lié à l'imperfection du prisme humain et sa difficulté à ne pas succomber à des mirages.

    Mais cette conception justifie de la part d'Aristote la méfiance vis-à-vis des spéculations algébriques ou mathématiques, nécessairement hasardeuses. L'indétermination n'est pas "une marge de liberté" selon Aristote, comme elle l'est pour L. Ferry, mais le résultat de l'ignorance. Les frères Bogdanov, pour leur part, ne paraissent pas se douter qu'une science qui veut réduire la part de hasard au maximum, doit se baser sur l'induction et non sur l'outil mathématique spéculatif. Expérimentalement, ceci ne veut pas dire grand-chose : "ce que l'on appelle l'espace-temps résulte du big-bang qui s'est produit il y a 13 milliards 820 millions d'années" ; cela n'explique en rien comment la matière peut-être issue de ses conséquences, que sont le temps et l'espace.

    - "Pouvoir choisir entre le bien et le mal implique qu'il y a des possibles dans le monde, la tradition chrétienne arguera donc de la Providence, l'histoire répondant au dessein de Dieu, lequel a eu cette bonté vis-à-vis des humains de leur accorder une marge de liberté (...)." L. Ferry

    Ici Luc Ferry s'exprime de façon lapidaire sur des notions qu'il ne maîtrise ni ne définit, et prête au christianisme un raisonnement qui n'est pas le sien. On pourrait ironiser sur la démocratie de la même manière : la démocratie implique qu'il y a des possibles, c'est ce qui explique que les démocrates s'accommodent d'Etats providentiels totalitaires, dans lequel l'individu n'a même pas le choix des arts ou des sciences qu'il souhaite étudier. La notion de providence est une notion essentiellement païenne et non chrétienne. Ici L. Ferry confond, sans doute intentionnellement, la subversion du christianisme par les élites occidentales, avec le christianisme lui-même. Il est facile de vérifier en lisant le nouveau testament qu'il est pur de toute notion éthique ou providentialiste. L. Ferry fait d'ailleurs référence à une conception hégélienne de l'histoire ("l'histoire répondant au dessein de dieu"), sans aucun rapport avec le nouveau testament, mais beaucoup plus conforme au millénarisme national-socialiste ou démocrate-chrétien. L'ex-évêque de Rome Joseph Ratzinger était imbibé d'une telle philosophie : si elle engendre aussi bien des croyants comme J. Ratzinger, que des athées comme Luc Ferry, c'est avant tout parce que le raisonnement hégélien, comme tout raisonnement providentialiste, a pour effet de cautionner l'élite intellectuelle et politique. 

    - "D'un point de vue épistémologique, la causalité n'est donc qu'une méthode de travail scientifique, et non pas ontologique (...)" L. Ferry

    Ici L. Ferry aborde un sujet qu'il maîtrise un peu mieux ; un sujet primordial sur le plan de l'histoire des sciences. L'ontologie est bien abandonnée au profit de l'étude des causes, mais non pour une raison "scientifique" comme le prétendent Ferry et Karl Popper (exemple type du faux savant ou de l'imposteur faisant foi dans l'université), mais pour des raisons TECHNOCRATIQUES. La science polytechnique ou technocratique n'a d'autres finalité que l'efficacité. L'assimilation de la technique à la science est une ruse des élites occidentales. Par conséquent la scission entre l'ontologie et la science résulte d'un artifice, et non d'une démarche scientifique. Le polytechnicien ou l'ingénieur, au contraire du savant véritable, s'accommode de l'idée d'infini ou d'indéfini.

    (A SUIVRE)

     

  • Athéisme

    Si "dieu est mort", comment se fait-il que la morale antiraciste, féministe, démocratique, "moderne" en un mot, comment se fait-il que cette morale subsiste, alors qu'elle est essentiellement "judéo-chrétienne", c'est-à-dire inconcevable dans le cadre d'une religion païenne ? Cherchez l'erreur.

  • Art et vérité

    De nouveau dans une lettre adressée à son amie d'enfance Simone Saintu (en 1916), L.-F. Céline signale que l'homme est enclin à prendre pour la réalité et proclamer tel ce qui n'est qu'illusion. Les hommes réagissent différemment face à la catharsis qui pourrait leur faire perdre leurs illusions, ajoute Céline, évoquant le cas des artistes et le sien.

    Si la question de la catharsis chrétienne n'est pas abordée par Céline directement, celle de la vérité l'est. Cela revient au même. L'hiatus entre la vérité et l'art existe bien, d'où la prohibition juive de l'art, ou l'entreprise de démolition de la culture occidentale par le tragédien chrétien W. Shakespeare. Le christianisme ôte les illusions, notamment l'illusion païenne ou sociale de "l'au-delà" ; c'est ce qui explique la subversion courante du christianisme. Bien qu'athée, Céline avait compris et le loue pour cette raison, que le christianisme est peu propice au socialisme, moyen pour les élites rusées d'entraîner avec elles le peuple vers le néant. Car les élites sont nécessairement orientées vers le néant, et tout ce qui, en matière de philosophie naturelle, conforte l'hypothèse du néant (comme l'improbable "boson de Higgs").

    Céline est du reste plus juif que de nombreux juifs qui ne se méfient pas de l'art, comme M. Proust ou J.-P. Sartre.

    Céline cite quelques vers d'Alfred de Musset dans sa lettre :

    "Quand j'ai connu la Vérité

    J'ai cru que c'était une amie

    Quand je l'ai comprise et sentie

    J'en étais déjà dégoûté -

    Et pourtant elle est éternelle

    Et ceux qui se sont passés d'elle

    Ici-bas ont tout ignoré -"

    Et Céline ajoute ceci : "Les hommes célèbres n'ont point jugé bon de poursuivre ce dangereux sentier qui fait perdre les illusions nécessaires aux enfantements - artistiques. Les cancres dans mon genre n'ont rien à y perdre, c'est pourquoi je ne saurais vous conseiller ma méthode - à vous qui êtes vierge d'abord, ce que je ne suis plus depuis presque autant que vous l'êtes, qui êtes femmes, ce que je regrette de ne point être, et qui êtes artiste surtout, ce que je ne serai jamais..."

    Il y aurait quelques commentaires à faire sur le féminisme de Céline, et celui des hommes en général, qu'on ne peut guère qualifier autrement que de "galanterie". 

  • Ponce Pilate et la laïcité

    Comme je vais le démontrer ci-dessous, le discours laïc est assimilable à la tartufferie.

    Premier constat : la théorie laïque fait consensus, au-delà des tenants de valeurs républicaines prétendument accordées à un ou des mobiles scientifiques, dans des milieux chrétiens ou juifs renégats. "Renégats" s'entend ici au sens où Moïse comme Jésus-Christ, ont clairement exprimé que ceux qui ne sont pas avec eux, sont contre eux.

    "Renégats" s'entend au sens de la "démocratie-chrétienne", c'est-à-dire d'une doctrine dont on ne trouve pas les premiers linéaments dans les évangiles.

    "Renégats" s'entend encore au sens où ces soi-disant "juifs" et "chrétiens" mènent un combat positif de subversion du judaïsme et du christianisme, à travers diverses publications largement subventionnées.

    Ce constat signifie qu'aucun chrétien ne cautionne le principe de laïcité républicaine, en réalité, mais seulement les tenants d'une vague "culture chrétienne" de leur propre invention. Le chrétien ignore les limites légales, éventuellement totalitaires, au témoignage que le Messie exige de lui.

    Plus étonnant encore, ce type de renégat admet le principe d'un divorce de la théologie et de la science, ce qui traduit de sa part l'ignorance que ce divorce répond au besoin de la science technique, mais non à ceux de la science ou de la théologie.

    La laïcité n'a rien de "neutre" sur le plan historique, puisqu'elle résulte de l'impossibilité de fonder une théocratie sur le christianisme, contrairement à toutes les religions païennes. 

    Ajoutons que l'idéal ou l'utopie démocratique, au point où nous sommes rendus de déni concret et apparent, ne peut plus passer, comme dans le marxisme, pour une émancipation de l'individu de la matrice institutionnelle. La démocratie paraît aujourd'hui ce qu'elle est, à savoir un régime démocratique libéral de compétition, qui pourrait bien avoir à rougir de la comparaison avec le nazisme.

    Si la conscience des Français avait été imperméabilisée contre l'histoire, comme celle de leurs cousins germains, plus "philosophique", les Français seraient au même point d'ignorance que l'éthique n'a jamais permis à l'humanité d'accomplir aucun progrès contre la barbarie.

    La prétendue "neutralité laïque" ne se conçoit en réalité que d'un point de vue moral, et ce point du vue moral impartial recoupe celui du curé-tartuffe. La loi républicaine est parfaite parce qu'elle justifie le curé, et celui-ci est parfait parce qu'il fait oeuvre de justification de la loi à l'aide de syllogismes.

    Le point de vue laïc est officiellement neutre... à ce détail près que la loi républicaine évolue d'une façon qui dément l'argument de la neutralité. La loi républicaine évolue en effet en fonction d'un rapport de forces ; cette évolution n'a rien du triomphe d'un point de vue scientifique ou critique supérieur.

    Pratiquement, c'est le régime de consommation, c'est-à-dire le principe religieux le plus actif, dont la position dominante est consolidé par ce sacro-saint principe laïc.

    En résumé :

    - la laïcité ne répond nullement à une exigence scientifique, mais religieuse ;

    - elle est liée au monopole renforcé de l'Education nationale, injustifiable en termes de liberté ;

    - elle est le terme d'une sécularisation des valeurs "judéo-chrétiennes" occidentales, c'est-à-dire une forme de théocratie larvée ;

    - elle repose sur une philosophie naturelle hasardeuse, voire ubuesque ;

    - elle est inefficace à enrayer des phénomènes religieux vivaces tels que l'alcoolisme, l'occultisme, le culte fanatique de la personnalité de vedettes de la télévision, etc.

  • Lettres de Céline

    Pour me délasser, je lis quelques lettres de L.-F. Céline dans le volume de la Pléiade qui m'a été offert. Auprès de G. Gallimard, Céline insiste pour être publié dans la Pléiade, ayant besoin d'argent. En même temps, Céline n'ignore pas, comme J.-J. Rousseau, que la bestialité humaine vient du besoin d'argent. Céline veut "assez d'argent pour pouvoir faire autre chose", dit-il dans une lettre à Simone Saintu, une amie d'enfance, après avoir estimé le rendement de la plantation de cacao en Afrique qui l'a embauché comme contremaître.

    Je n'aime pas le papier bible de cette collection, qui donne au bouquin un air sacré. Plus les bouquins ont l'air sacrés, moins ils sont lus, et plus le clergé prolifère.

    Dans l'ensemble, Céline est le Français-type, c'est-à-dire moyennement patriote. Je pourrais reprendre quelques-unes de ses déclarations à mon compte, comme celle-ci : "Je n'ai jamais voté et je ne voterai jamais ; si je votais, je voterais pour moi-même, car je suis seul à pouvoir me diriger." Le Boche, lui, a besoin de faire corps avec le reste de la meute ou de la fourmilière, et de manifester son adhésion de façon symbolique avec le restant de l'espèce ; voter lui en fournit l'occasion. La démocratie est une religion en Allemagne, et une extraordinaire hypocrisie en France, puisqu'elle gêne le gouvernement des puissants, qui rêvent secrètement de l'abolir, et que le Français moyen s'en soucie peu ; il y a des moyens moins coûteux d'alimenter les conversations. Il est plus difficile d'imposer la monarchie aux députés, comme de Gaulle l'a fait, qu'aux Français. La démocratie a fait la fortune des gratte-papier.

    - Une controverse l'oppose à Simone Saintu : Céline prétend que le courage des soldats n'est pas du courage, mais un défaut d'imagination. Simone n'est pas d'accord. Il n'y a pas et il n'y aura jamais de soldat mâle sans femme pour le pousser au cul. Je compléterais d'ailleurs le propos de Céline en disant que le type de courage attribué aux femmes est le même que celui des soldats, résultant aussi d'un défaut d'imagination.

    Il y a quelques mois, une salope juive m'interpelle sur un blog, sous prétexte que je contribue à un fanzine anarchiste intitulé "Au Trou !?", ce titre constituant selon elle une insulte pour les femmes (!?). Je dis "juive", comme elle prétend être, mais je devrais plutôt dire "freudienne". La véritable raison de cette attaque est que je m'en étais pris aux mères de soldats, qui généralement gravent dans la cervelle friable de leur gosse ce mobile funeste et contraire à l'injonction divine : "Tu ne tueras point."

    Quand les mères juives et les mères catholiques romaines, à peine moins cinglées et avides de sécrétions masculines, commenceront de se convertir au christianisme au lieu de s'efforcer de le tuer dans l'oeuf, c'est sans doute que le triomphe de l'Eglise ne sera plus très loin. Autre scénario possible : elles crèveront toutes avant.

  • Tous saints ?

    "Laissez les morts enterrer les morts !", ordonne le Messie, opposant ici le plus catégorique démenti à l'idée que le christianisme n'est qu'une culture de mort féminine, idée insinuée par l'antéchrist F. Nitche.

    Catégorique, car il n'est pas de culture ni d'ordre moral sans culte des morts. L'antichristianisme a donc deux visages ou deux angles d'attaque. L'un, viril, assumé par Nitche, qui consiste à dire : judaïsme et christianisme sont des religions de sous-hommes, fondées sur l'argument débile et néfaste de la "victimisation".

    L'autre visage de l'antichristianisme est celui de la "culture chrétienne", féminine, et qui se détermine en creux par rapport à la culture de vie païenne. Les tenants de cette culture assument la convergence de l'Occident moderne et de l'éthique dite "judéo-chrétienne", qui actuellement a beaucoup de peine à dissimuler qu'elle n'est autre que l'éthique des élites capitalistes dirigeantes. L'Eglise romaine est la matrice de cette culture essentiellement fondée sur la propagande ; une matrice dépassée par les métamorphoses de la société occidentale, qui trouvent dans l'idéologie hégélienne une démonstration désormais plus convaincante de la supériorité morale de l'Occident.

    Or, sur le plan culturel, le christianisme n'a rien à dire : sur ce point, Nitche aurait pu en apporter la preuve évangélique, et dire par exemple : il ne peut pas y avoir d'architecture chrétienne, de musique chrétienne, etc. Il ne le fait pas tout à fait, mais préfère faire comme si le Messie avait bel et bien fondé la pire culture de tous les temps.

    Les deux angles de l'antichristianisme, qui ne sont pas exempts d'une connotation sexuelle, comme toutes les choses naturelles un peu évoluées, en même temps qu'ils sont des angles opposés, appuyés sur des interprétations de l'évolution du monde opposées, malgré tout sont articulés, et se confortent l'un-l'autre, postulant ensemble cette contrevérité selon laquelle les chrétiens sont associés à la marche du monde, que ce soit pour décrier ce mouvement, ou au contraire vanter ses mérites. Peu importe, ici, que le Messie clame de la première à la dernière ligne des évangiles son innocence et celle de ses apôtres, c'est-à-dire qu'il n'y a dans le camp des saints qui figure l'Eglise AUCUN actionnaire du monde.

    - L'Eglise romaine ne pouvait délibérément instaurer un culte des morts, tandis que le Messie en dissuade formellement. Elle a donc institué, en lieu et place du culte des morts païens, suivant sa méthode aussi systématique qu'inefficace, un culte des saints, c'est-à-dire de ceux qui vivent éternellement, purifiés du péché qui tue. Systématiquement l'Eglise a procédé de cette façon, remplaçant les fêtes paysannes sataniques, par des fêtes chrétiennes ; la fête de l'éternel retour du printemps, par la fête de la résurrection du Messie, quand bien même les disciples du Messie ne sont pas incités à fêter sa résurrection, mais à ressusciter eux-mêmes. C'est donc l'aspect du culte, c'est-à-dire de la culture, qui fait de l'Eglise romaine la matrice de la culture de mort antichrétienne, et d'une détermination idéologique que l'on retrouve dans tout l'art et la science modernes : cette détermination consiste à effacer le conditionnement naturel qui fonde la culture de vie païenne, pour lui substituer une détermination aussi vague que peut être le "culte des saints" ou la "culture de la résurrection", dont le chanteur populaire le plus crétin donnera une version idyllique, sous la forme du "On ira tous au paradis !".

  • Dans la Matrice

    Contrairement à la tyrannie qui est l'énoncé d'un satanisme à l'état brut, suivant une structure pyramidale montant jusqu'au ciel, le totalitarisme est une oppression plus subtile, dont George Orwell indique qu'elle est la moins visible par les intellectuels. Il faut ajouter que le totalitarisme traduit l'empreinte du christianisme sur les nations et leurs élites ; non pas la marche en avant de l'histoire, mais au contraire une tentative subtile d'empêcher la fin du monde.

    Lorsqu'il n'y en a que pour la culture dans une société, avec un ministère par-dessus le marché afin d'indiquer le sens des réjouissances, cela signifie que la science est exclue. Qu'il n'y a derrière le rationalisme technocratique qu'une rhétorique creuse. Car la culture est l'ennemie de la science, comme les mauvaises herbes le sont des plantes fructueuses. Qui peut dire à quoi sert la "culture scientifique", si ce n'est à paraître savant ?

     

     

  • Les gaullistes

    Qu'est-ce qu'un gaulliste ? Un Allemand, car il n'y a qu'un Allemand pour suivre un "homme prédestiné".

    Prédestiné à quoi, d'ailleurs, si ce n'est à jouer le rôle de charnière entre des brutes galonnées - de vrais soldats -, et des bureaucrates - de vraies femmes.

    De Gaulle annonce la fin de l'espèce, et c'est tant mieux.

  • Armagedon now

    En même temps que l'homme subit l'avenir, il le fabrique. Ou plutôt vaudrait-il mieux dire "la femme" ou "l'Occident", étant donné leur goût prononcé pour les produits stupéfiants.

  • Aventures de l'Art

    "Nous avons l'Art, afin de ne pas périr de la Vérité." F. Nitche

    Est très honnêtement posé ici par l'antéchrist le problème de la menace que la vérité représente pour le monde, qui s'organise autour d'une vérité relative, constituée d'un mélange de raison et de foi.

    L'idéal moderne, en effet, parfaitement irrationnel car sacrifiant à la fois la raison païenne et la logique chrétienne aux intérêts méprisables d'une petite élite, l'idéal moderne s'efforce de faire paraître le mariage de l'art et de la vérité possible.

    La Vérité est au contraire le seul maître auquel un chrétien obéit, art et monde dussent-ils en périr. Non, le chrétien n'a pas part au monde moderne, pas plus que les juifs ne furent actionnaires de l'ancien, en dépit des racontars de Nitche et des papes romains.

    A l'éternel retour la beauté doit tout, la vérité rien, et c'est pourquoi Shakespeare n'hésite pas à flétrir les roses et l'éternel féminin.


  • NON AUX FASCISTES

    ...DANS MON QUARTIER !

    (Slogan peint au pochoir sur un trottoir de Paris ; la tendance du citoyen lambda à courber de plus en plus l'échine incite sans doute à peindre les slogans sur la chaussée.)

    C'est bien parce que la connerie humaine est à double sens qu'elle est aussi difficile à vaincre.


  • Du Totalitarisme

    Qui veut creuser la question du totalitarisme, afin de savoir si, oui ou non l'état du monde correspond à cette définition qui implique le désir d'être dominé ou tyrannisé de la part du citoyen lambda ; ou encore pour savoir si, oui ou non la culture de masse est un instrument de manipulation des masses par quelques technocrates au prix d'immenses ravages parmi les jeunes gens - celui qui se pose ce genre de questions devra se pencher en particulier sur le rapport des pouvoirs publics avec la science.

    Celle-ci sera-t-elle bientôt soumise au régime de la foire ou du concours Lépine, auquel est déjà soumis l'art ? Et si chacun du fait du récit joliment tourné de son existence peut se proclamer artiste, pourquoi n'en serait-il pas de même, bientôt, du discours scientifique ?

    La première découverte qu'un esprit scientifique curieux fera dans cette direction, c'est-à-dire le contraire d'une esprit mathématique plein de certitudes invérifiables, est la quantité invraisemblable de bobards charriée par les "historiens des sciences", dont un des plus fameux est la légende dorée de Galilée, la pomme de Newton, et autres sornettes au niveau de l'instruction civique.

  • De l'Amour

    Le truc de l'amour est bien plus important dans les romans, au cinéma, dans les magazines, que dans la vie. C'est ce qui donne l'impression, aux Etats-Unis, de vivre parmi des personnages de fiction.

    Les grands esprits et les grands hommes dont l'histoire a retenu le nom furent d'ailleurs à peu près insensibles à la passion. Je ne parle pas ici de Napoléon, dont l'action politique et militaire fut aussi catastrophique pour la France que celle de Hitler pour l'Allemagne.

    L'éloge bourgeois de la passion est un éloge indirect de la barbarie. L'aristocrate commet ses crimes au grand jour. C'est par des rouages compliqués que la bourgeoisie entraîne les jeunes niais de sa propre mouture, et le populo en masse, à assassiner pour son compte quand c'est nécessaire.

  • Du Diable

    Le travail atteste pour les pauvres de la présence du diable. Au regard des nantis, l'ennui traduit la même chose, indistincte mais bien réelle.

    Le plus souvent les pauvres ne travaillent que pour permettre aux riches de s'ennuyer. Le satanisme est perceptible dans tous les divertissements : ceux qui permettent aux pauvres de se délasser, tout comme ceux qui permettent aux nantis de vaincre momentanément leur ennui.

    Si les nantis ne savent pas vraiment s'amuser, c'est qu'ils n'en ont pas besoin, et leurs divertissements ressemblent à des cérémonies ennuyeuses ou des actes de barbarie.

    C'est au moment où Dionysos fait ce clin d'oeil à ses supporteurs que Shakespeare en profite pour lui planter son épée dans l'oeil.

  • L'Antéchrist Onfray

    - De F. Nitche à M. Onfray :

    L'emprise des élites intellectuelles staliniennes (Aragon, Sartre, Althusser, etc.) sur la culture française, depuis la fin de la guerre jusqu'à la chute du mur de Berlin, fut telle qu'elle entraîna la mise entre parenthèses de la philosophie ultra-conservatrice de Nitche. D'abord parce que Nitche réduit l'idéal moderne à un slogan religieux judéo-chrétien ; ensuite parce que la référence des intellectuels fachistes ou monarchistes à Nitche avant la guerre en faisait un philosophe diabolique au regard de la doctrine stalinienne populiste.

    - Précisons que la force et la durée de cette emprise, de nature cléricale, s'explique par le relais de l'Education nationale, véritable armée militante, modelant les consciences depuis le plus jeune âge, sans aucune autre légitimité pour ce faire que le droit qu'elle s'efforce de dénier à l'ancien régime de droit catholique.

    - Précisons en outre que cette longue période de censure de l'intelligentsia se double d'un accroissement des profits engrangés par une économie française de plus en plus capitalistique, au cours des "trente glorieuses". Le totalitarisme stalinien et le capitalisme convergent en effet sur le point de l'ultra-nationalisme (ultra-nationalisme européen/empire soviétique) et le point des méthodes dirigistes et centralisées.

    - Précisons encore, ce n'est pas anecdotique, que l'influence de Karl Marx et du marxisme a cessé de se faire sentir en France au cours de la même période ; c'est un marxisme statufié, et donc débile, qui a été institué à la place du marxisme par le parti communiste français. Au point que des journalistes "gauchistes" incompétents peuvent suggérer aujourd'hui dans la presse des solutions économiques dirigistes inspirées de Marx, disent-ils, quand bien même celui-ci dévalue le point de vue de la science économique au profit de la science historique, et définit en outre l'appareil d'Etat comme une privation de liberté de nature religieuse. Pas plus qu'il n'était envisageable de faire valoir le point de vue marxiste à l'école de guerre, il ne l'était au sein de l'Education nationale. L'intelligentsia n'a jamais craint de se compromettre avec les régimes les plus brutaux, pas plus hier qu'aujourd'hui - en revanche elle s'est toujours arrangée pour faire passer à la trappe ce qui la prive de raison d'être. 

    L'intelligentsia française 1950-1990 est donc parvenue à écarter deux penseurs majeurs du XIXe siècle, Nitche et Marx, bien que très différents, au profit de sa propre production d'ouvrages dogmatiques ou psycho-sociologiques serviles. On pourrait ajouter, si elle n'était pas en France une pensée résiduelle ou secondaire, l'abaissement de la pensée chrétienne au niveau de la démocratie-chrétienne. Rares sont en effet les Français à s'intéresser ou à défendre la philosophie casuistique de l'école de Francfort, tartinée par Benoît XVI dans ses dernières encycliques, tant celle-ci est intraduisible en français. Ahuri, ce prélat romain l'était au point de proposer des conférences au gratin de l'oligarchie française, sans paraître se douter qu'un tel comportement a le don de justifier l'antéchrist - ahuri ou cynique au point de se moquer des martyrs qui ont eu à subir les foudres du césarisme.

    - L'antichristianisme nitchéen de Michel Onfray s'insère dans un contexte de dissolution du monopole stalinien. Il lui permet de ressortir Nitche des tiroirs, toutefois à condition d'en donner une version présentable. Un peu comme Marine Le Pen doit abjurer les calembours provocateurs de son père, la dernière version du satanisme à la sauce Onfray s'efforce de respecter les dernières prescriptions de la moraline en vigueur que sont le philosémitisme, le féminisme, la souveraineté populaire, la démocratie, l'écologisme... bref toutes les prétendues "valeurs éthiques modernes" dont Nitche s'efforce de démontrer la dangereuse inconsistance.

    Outre la malversation scientifique d'un procédé qui consiste à "gauchiser" le moins gauchisable des philosophes, on ne peut s'empêcher de remarquer que l'antichristianisme de M. Onfray se situe à peu près au niveau de la doctrine sociale satanique d'un curé de campagne catholique, ou de celle d'un prêtre-ouvrier. Nitche demeure le pape de l'antichristianisme, et sa philosophie a au moins le mérite d'éclairer ses lecteurs sur le caractère ultra-conservateur de l'antichristianisme, tout comme le faste artistique des papes de la Renaissance avait le mérite d'indiquer l'antichristianisme à l'oeuvre au sein de l'Eglise romaine.

    Conservateur, Nitche l'est au point de louer les pharisiens pour avoir annihilé la loi de Moïse en se l'appropriant, et il vitupère l'apôtre Paul pour l'avoir au contraire rendue universelle.

    - M. Onfray contre Paul de Tarse

    Si Michel Onfray jouait franc-jeu, au lieu de remplir le baptistère athée de sa bave de saint curé laïc républicain, il mènerait plutôt ses disciples à des combats plus risqués que ceux qu'il mène contre le vaisseau fantôme catholique romain. Il s'en prendrait à des religions et des cultes dominants en Occident, et non à une culture chrétienne dont Nitche lui-même a cru pouvoir prononcer l'arrêt de mort par usure.

    Mais il ne le peut pas, largement parce qu'il est plus "moderne" que nitchéen, c'est-à-dire davantage déterminé par la moraline judéo-chrétienne que par la philosophie ultra-conservatrice de Nitche. L'antéchrist Charles Maurras, ce Nitche français du compromis avec l'Eglise romaine paganisée, ne berne pour ainsi dire que des catholiques qui ne demandent qu'à l'être et n'ont jamais fourré le nez dans les écritures saintes - qui se moquent littéralement du Messie. Mais pour le reste, pour ce qui est du culte païen, Maurras se paie moins la tête de ses clients que M. Onfray avec son "Nitche de gauche", adapté au militantisme efféminé le plus passif.

    Pour son attaque de Paul de Tarse (les clercs catholiques romains ont déjà fait les 3/4 du travail de sape), M. Onfray se contente de reprendre l'argumentaire psychologique de Nitche, en y ajoutant une légère touche personnelle. L'argumentaire de Nitche est simple : Paul de Tarse était cinglé et il a tout inventé. Nitche ne va pas jusqu'à nier l'existence de Jésus de Nazareth. Il affirme qu'il était un brave type, un illuminé, un anarchiste en somme que les pouvoirs publics ont bien fait d'exécuter, et que les pharisiens ont bien fait de dénoncer. Paul de Tarse a tout inventé, de la religion qui s'ensuit. La touche personnelle d'Onfray consiste à nier carrément l'existence du Messie, et à en faire une pure fiction. Pour ce qui est de l'approbation de l'arbitraire des pouvoirs publics, M. Onfray ne diffère de son maître-à-penser. Dure est la loi républicaine pour ceux à qui elle ne profite d'abord, mais c'est la loi. M. Onfray fait partie de ces amis du peuple "du côté du manche".

    L'histoire de l'Occident et des peuples hyperboréens selon Nitche part donc d'une formidable tromperie. A cette formidable erreur, l'Europe devrait aux papes catholiques romains de la Renaissance d'avoir presque mis un terme en étouffant l'évangile à l'aide de "culture chrétienne", moyen discret de réintroduire les cultes d'Apollon et de Dionysos. Ils y seraient pratiquement parvenus, si le "moine Luther" n'était pas venu tout flanquer en l'air.

    Bien sûr l'argument psychologique contre Paul est facilement réversible et peut être opposé à Nitche comme à Michel Onfray, ainsi que cela a déjà été fait. Ce d'autant plus que Nitche a fait l'aveu de sa maladie, et exprimé la fierté de l'avoir surmontée grâce au satanisme, justement assimilé à une doctrine artistique.

    Quant à la manière psychologique d'expliquer l'histoire, pratiquement comme un non-sens, on voit qu'elle oblige Nitche à sortir des gonds de l'art où la psychologie joue à plein, qu'il s'agisse de la culture de vie païenne ou de la culture de mort moderne (hégélienne). On voit bien que Nitche s'aventure sur un terrain, celui de l'histoire, où il est mal à l'aise, contrairement à l'art, et qui l'oblige à se contredire : le christianisme est une doctrine à l'usage d'esprits faibles et efféminés, cependant après des millénaires, cette mauvaise herbe continue de pousser entre les dalles de la civilisation.

    Pour les chrétiens, et Paul notamment, l'antéchrist joue bien un rôle dans l'histoire, mais il ne coïncide pas exactement avec celui que Nitche s'est attribué. Il est probable que tel sera cheval, ou fou, roi ou reine dans la partie que joue Satan, sans qu'aucun n'ait une vision d'ensemble de sa stratégie, pas même les brahmanes de l'Inde les plus réputés.