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Mon Journal de guerre - Page 46

  • Marx contre Freud

    Bien que la psychanalyse soit désormais en usage dans de nombreuses institutions chrétiennes, elle heurte l'esprit scientifique chrétien. Les Français, du moins ceux qui connaissent un peu la littérature française, le savent bien : l'hostilité de Molière à la médecine et aux médecins, très loin d'être un simple effet comique, repose sur la conscience chrétienne. Quelle conscience ? Celle que la médecine et les médecins jouent un rôle religieux crucial dans les religions païennes ; le symbole du caducée en est le témoignage persistant, qui traduit la "culture de vie".

    Le médecin de campagne autrefois était plus qu'un simple guérisseur ou vétérinaire ; la psychanalyse joue un rôle qui s'étend indéniablement bien au-delà du soin et de la médecine. C'est bien la "métaphysique thérapeutique" qui heurte le chrétien en général, non pas les soins plus ou moins efficaces prodigués par les médecins (il reste que la médecine est une profession de vantards, qui ont tendance à s'attribuer facilement les mérites de la nature et à abuser de la crédulité naturelle des femmes).

    On peut désigner par le terme générique de "cultures de vie" les religions païennes, ce que la spiritualité juive ou chrétienne ne sont pas. Le souffle de l'Esprit de dieu est un souffle de vie éternelle, et non un souffle vital biologique.

    Sigmund Freud ne cache pas son hostilité à la conscience juive selon la loi et la mythologie de Moïse. Mondain, Freud a foi dans le monde et non dans l'inspiration divine de Moïse ; il reste que la description par Freud du renversement du droit naturel égyptien opéré par la loi de Moïse est exact ; autrement dit, la spiritualité juive s'oppose à la culture de vie païenne. Je le précise, parce que de nombreux rabbins aujourd'hui tentent de subvertir la loi de Moïse, en inventant une "éthique juive", ce qui est impossible à moins de transformer le judaïsme en culture de vie satanique, ainsi que le sont toutes les cultures païennes selon Moïse.

    - Les détracteurs de Marx lui attribuent la paternité du bolchevisme, avec lequel il a aussi peu de rapport que les évangiles avec la monarchie de droit divin. Ecartons ce type de mensonge grossier pour entrer dans le vif du sujet : tandis que Freud propose des moyens de lutter contre l'aliénation dont sont victimes parfois les membres de l'aristocratie ou de la grande bourgeoisie, K. Marx propose de lutter contre l'aliénation du peuple, du fait du cadre que les élites imposent aux classes populaires. Autant dire que l'intention de Marx est proche de celle des philosophes des Lumières français - qui n'ont jamais prôné l'usage de la guillotine ; il reste que, si l'intention est similaire, Marx a tiré les leçons du passé et renoncé au rêve de monarchie constitutionnelle de Voltaire. Il est témoin avec Engels du pire esclavage que l'élite occidentale a fait subir au peuple, à savoir l'esclavage industriel.

    Nier le rapport de Freud avec l'élite bourgeoise, c'est ignorer le freudisme lui-même, et que ce thérapeute autrichien ne s'est jamais intéressé à une autre classe que l'élite. C'est un point déterminant, car il explique largement le rejet par Freud des prophètes juifs, dont la caractéristique est de mépriser l'élite et son mode de réflexion, pour s'adresser au peuple directement. Or Freud serait un imbécile s'il n'avait conscience que la détermination de l'homme d'élite est très différente de celle du l'homme du peuple, du paysan ou de l'ouvrier. Oedipe est un homme d'élite ; et très certainement l'inceste est la mieux dissimulée dans les castes aristocratiques, qui ne peuvent quasiment pas s'en passer. Le conteur grec du mythe d'Oedipe n'hésite pas à dévoiler dans ce mythe une formule aristocratique ou monarchique, beaucoup plus inconsciente du point de vue juridique égyptien.

    - On ne peut d'ailleurs négliger, en parlant de Freud, cet aspect particulier de la "famille chrétienne allemande", qui repose sur le mélange impossible des valeurs familiales "romaines" avec l'incitation du message évangélique à ne pas accorder la moindre valeur spirituelle aux liens familiaux - c'est-à-dire à rendre au complot de pharisiens et de veuves ce qui lui revient. Martin Luther n'a pas manqué de rappeler ce point à ses compatriotes, quoi qu'il ait échoué, contrairement à Shakespeare, à relier cet élément de rejet de la généalogie par le Messie au sens de l'histoire chrétien, c'est-à-dire à l'apocalypse.

    En effet, cette contradiction radicale des valeurs familiales et de la vérité évangélique est une cause spécifique d'aliénation mentale dans la bourgeoisie dite "judéo-chrétienne", dont Freud et Jung étaient issus et qu'ils eurent à traiter. 

    On peut donc traduire la psychanalyse freudienne, aujourd'hui, comme l'enseignement aux classes moyennes ou populaires des valeurs de l'élite bourgeoise ; bel et bien une courroie de transmission religieuse. Prompts à condamner l'ingérence des autorités religieuses dans les affaires publiques par le passé, les médias s'accommodent parfaitement d'une ingérence de la médecine psychanalytique de nature équivalente. En vertu de la présence de psychiatres dans les tribunaux, ceux-ci revêtent une forme inquisitoriale typique des tribunaux ecclésiastiques imposteurs (dont l'imposture est de se substituer au jugement divin) ; précisons que, dans le christianisme, cette forme de magistrature est assimilable à la puissance satanique, symbolisée dans la mythologie chrétienne par un cavalier, monté sur un cheval noir et tenant une balance. On ne peut pas lire Balzac en ignorant cela, de même qu'on ne peut pas lire Marx en ignorant la conception du droit naturel dans le christianisme, comme l'argument de la bestialité et de la barbarie.

    L'inconvénient de la médecine freudienne est en outre de focaliser l'attention sur le déterminisme familial, quand la famille a cédé, au stade totalitaire où nous sommes, de confort intellectuel ou d'inconscience maximale, la plupart de ses prérogatives à l'Etat et à la fonction publique, qui désormais déterminent largement la sexualité dans les nations occidentales. La vague de masochisme sexuel dans les jeunes générations est un crime d'Etat couvert par la psychanalyse, dont très peu de psychanalystes s'émeuvent publiquement, car cela reviendrait à admettre l'inanité de la psychanalyse.

    Quoi que ce ne soit pas la volonté de Freud lui-même ici, son propos sert à faire passer pour scientifiques les valeurs républicaines technocratiques ; autrement dit, à masquer la dimension religieuse du totalitarisme.

    Etant donné que le freudisme permet aux élites la surveillance morale et le contrôle des désirs des milieux populaires, on peut dire que le freudisme s'oppose radicalement au marxisme, qui se donne pour mission au contraire d'éclairer les consciences populaires, en dépit de la nécessité "atavique" pour l'élite de maintenir celles-ci au-dessous d'un certain niveau de conscience.

    NB : Comme le fantaisiste M. Onfray le suggère, il serait parfaitement inepte de substituer Nitche à Freud, dans la mesure où Nitche est tout aussi élitiste que Freud. Tandis que Freud est attaché à la bourgeoisie industrielle, Nitche l'est à l'aristocratie paysanne.


  • Etat est mort !

    La décomposition des organes de l'Etat à laquelle on assiste est dans le prolongement de la mort de dieu, déplorée par Napoléon ou Nitche.

    L'Etat providentiel ne pouvait en effet se passer du préalable d'un dieu providentiel, distribuant fortune et  biens "au hasard", c'est-à-dire selon une méthode dont un esprit scientifique et qui cherche à élucider l'enchevêtrement des causes naturelles, ne peut prendre comme le fruit du savoir, mais comme celui de l'ignorance ; une ignorance consolidée par les mathématiques modernes des allemands Descartes ou Einstein.

    Clairvoyant, Bernanos l'est quand il fustige le hasard comme "le dieu des imbéciles": effectivement, si le dieu des chrétiens est "inexploitable", il ne se refuse pas à être connu de l'homme selon l'apôtre Paul ; mais Bernanos manque de discernement en oubliant de mentionner l'important effort du clergé romain pour ramener dieu à une force providentielle fondamentalement inique. Dont l'iniquité a passé dans l'Etat, et que l'idéal démocratique ne fait qu'agraver en la dissimulant.

    Le hasard est la limite traditionnellement assignée par le clergé ou les élites à la science, comme une frontière au-delà de laquelle le clergé perd sa fonction de direction de conscience. Le hasard est aussi le dieu des cinéastes, c'est-à-dire des artisans de l'architecture la plus superflue, où la culture se confond avec le voeu pieu. 

    En même temps qu'elles la déplorent, les élites font fi de leur importante contribution à cette ruine pour chercher des boucs émissaires et fuir leur responsabilité : juifs, chrétiens, anarchistes, etc. La volonté humaine la plus faible cherche à éliminer tout ce qui la contredit, pour tenter de se raffermir.

    La décomposition de l'Etat et de sa matrice romaine doit laisser le chrétien impassible, ainsi que Hamlet dans le Danemark. Sachant que l'Etat, comme n'importe quel corps physique, est prédestiné à s'étioler et à pourrir. L'Etat et ses actionnaires ne connaissent d'ailleurs pas d'autre remède ultime que la guerre ou la conquête pour prévenir le pourrissement de leurs organes, car l'Etat n'est, comme la nature qu'il imite, qu'un buveur de sang. La sueur des plus désintéressés ou des plus fous dans les périodes dites "de paix", le sang quand la sueur ne suffit plus.

    L'homme, dit le Messie, n'est victime que de lui-même et de sa propre bêtise, et la mort sacrée seulement parce qu'il s'y plie à l'avance tout au long de son existence.

  • Pitié pour l'Occident

    Ceux qui sont convaincus que le train de l'Occident va en enfer devraient s'abstenir, comme certains anarchistes, de vouloir le faire dérailler, ou, bien plus encore, de manifester une quelconque jalousie vis-à-vis d'une civilisation qui ne parvient même pas à l'équilibre ou à se tenir debout sur ses deux jambes. Dont l'art et la science ne savent que faire l'éloge du mouvement qui les détruit. Ainsi sont les Etats-Unis, produit ultime de la civilisation occidentale : solidaires dans la fuite en avant et déterminés à éliminer tout ce qui constituera un obstacle sur le chemin de leur avenir, n'ayant pas d'autre dieu.

    Savoir se tenir debout contre une civilisation de vieillards qui vous incite à ramper pour toucher les dividendes de l'avenir est un effort vital suffisant. Ces vieillards se gardent bien d'appliquer eux-mêmes les principes de la concurrence qu'ils prônent aux jeunes générations. Les farouches défenseurs de la concurrence se montrent encore plus tenaces conservateurs de leur patrimoine - et même du patrimoine qui ne leur appartient pas puisqu'ils se sont endettés jusqu'au cou, et qu'ils continuent de définir les règles de l'avenir, comme s'il était leur propriété. Ce n'est pas tant le fait de la femme-objet qu'on peut observer (le capitalisme ne répond pas spécifiquement au désir masculin), mais celui de l'enfant-objet, manipulé par des idéologues qui ont renoncé pratiquement à toute forme d'autocritique, ainsi que font les vieillards habituellement au seuil de la mort, afin de jouir mieux des quelques instants qui leur reste.

  • Exit Darwin

    L'observation de l'infériorité de l'espèce humaine sur le plan de l'organisation, comparée à l'espèce animale, est dissuasive de croire dans le transformisme. Le propre de l'homme est de pouvoir rire du paradoxe des institutions humaines.

    Toutes les utopies politiques, qui postulent la possibilité d'un monde parfait, grâce à la découverte par l'homme de la recette de l'harmonie qui règne au sein des espèces animales, toutes ces utopies qui ont permis de justifier les ravages subis par l'espèce humaine au cours des derniers siècles, constituent à la fois un préjugé favorable au transformisme, en même temps qu'un encouragement à la bestialité humaine.

    Non seulement l'utopie nazie, dont l'argument darwinien est le plus évident, mais aussi le stalinisme et, surtout, principalement, le libéralisme. Non seulement parce qu'il est l'idéologie la plus résistante, donc la moins mal adaptée à la gouvernance mondiale, mais encore parce qu'il a postulé d'abord l'idée d'équilibre d'une organisation humaine fondée sur le commerce et ce qu'il y a de plus bas dans l'espèce humaine. La doctrine libérale est la moins idéologique parce qu'elle mise tout sur l'instinct humain.

    L'effondrement des structures libérales, s'il se confirme, traduirait l'échec de l'homme à se soumettre pour le besoin de la collectivité à un sadisme et un masochisme qui n'effraient pas les espèces animales. L'idéologie libérale est le dernier soutien de la démonstration transformiste, qui accorde à l'homme une position avantageuse au sein des espèces, bien qu'il ne la mérite pas selon les critères d'évolution retenus par les biologistes évolutionnistes.

    Parmi les philosophes des Lumières, le seul qui aurait sans doute cru dans l'évolution, c'est Diderot. Autrement dit le seul à ne pas reconnaître que les démonstrations économiques libérales sont pour la plupart d'entre elles de purs sophismes.

  • Aux Captifs

    Prisonnier du Temps, il arrive que l'homme se prosterne néanmoins devant lui, comme il arrive au serf ou à l'esclave devant son maître.

    Peu d'hommes ont, comme Bacon alias Shakespeare, osé s'attaquer au Temps, penser contre la Mort ; en particulier dans les "temps modernes", qui coïncident avec le culte de la vitesse, et une emprise du Temps plus grande encore que dans la religion antique.

    Pour ainsi dire, si les mythes ont été entérinés par les élites, ou réservés aux seuls enfants, c'est au profit du Temps et sa signalétique binaire, dont les infidèles au jour du jugement dernier portent les emblèmes, qui comme la croix des assassins romains du Messie et de ses apôtres sont aussi des instruments de torture et de sacrifice. Jésus-Christ est venu abolir la torture de l'homme par l'homme, son sacrifice sur l'autel de la condition humaine ; mais les chiens romains sont constamment là pour rétablir, dans le peuple, le culte du Temps.

    Le principal reproche que l'on peut faire aux élites occidentales est d'avoir mis la science à la place de dieu, et rabaissé la science au niveau de la technique, asservissant ainsi l'homme au Temps, plus que jamais.

  • Le Gay Savoir

    Dans le fait de prendre le mariage ou le couple au sérieux, on reconnaît le refus de sortir de l'enfance, typique des Allemands.

    J'ai l'impression d'être à Berlin quand j'entends dans Paris l'écho de ces manifestations "pour" ou "contre" le mariage gay, dont l'hystérie est facilement repérable, et le truc "binaire", blanc ou noir.

    Les Français se moquent doublement de ces carnavals sinistres : d'abord parce que le "sinistre" est le dernier genre dans lequel les "gays" devraient éviter de donner - autant faire la "gay-pride" en costume-cravate de fonctionnaire de Bercy. La seule chose qui soit vraiment sérieuse, dans cette... civilisation, c'est l'argent. Les gays auront beau faire grise mine, et enfiler le costard de demi-deuil du mariage, ils ne seront jamais aussi sérieux que l'argent. Le carnaval est fait pour dissimuler ou oublier le côté sinistre de la société, pas pour souligner ses efforts répétitifs et vains en matière d'éducation, de lutte contre le crime, de culture, etc.

    Par ailleurs le Français est pragmatique, et vouloir "sauver la civilisation", c'est comme vouloir redémarrer une bagnole fracassée au fond d'un ravin. Il y a de l'acharnement thérapeutique à vouloir sauver la France. Et cet acharnement thérapeutique est entièrement sentimental.

    De plus les personnes qui pensent en termes de civilisation (toutes les bonnes femmes, plus ou moins) sont extrêmement ennuyeuses, puisque le raisonnement de la civilisation est entièrement dépourvu d'imagination. Les civilisations se font et se défont toutes seules, presque naturellement ; c'est le destin, et il n'y a, pour vouloir apporter leur pierre au destin, que des crétins dont Satan se moque bien. Satan rit jaune de ces connards qui s'agitent en vain, comme des particules élémentaires dans un tube.

  • Ethique

    "Je n'ai jamais rencontré personne qui eût autant d'appétit pour la vertu que pour le sexe."

    Confucius

    C'est un point sur lequel le christianisme n'est pas très éloigné de Confucius : lire "Tartuffe".

    Il n'y a pas de péché ou de faute dans le christianisme contre l'ordre public ou la morale. Il n'y a pas de péché dans le christianisme contre l'homme, il n'y a que des péchés contre l'Esprit de dieu. Le type de péché, seul, qui déclenche la colère du Messie et des fils du tonnerre ses apôtres, puisqu'il contredit directement leur mission de propagation de l'esprit de Dieu, qui est un esprit de vérité et non d'éthique. La seule science accordée à l'éthique, c'est la technique (la science des élites) : c'est, comme le relève Rabelais avec lucidité, la plus inconsciente, la moins responsable, donc la plus dangereuse ; la société moderne revendique et défend avec férocité ce qui est le plus dangereux pour elle-même.

    Le rapprochement de la science et de l'éthique est typique du nazisme, et non pas de l'humanisme.

    La fornication est ainsi un péché contre l'esprit de dieu. On le retrouve à la fois dans le commerce d'offrandes dans les sanctuaires catholiques romains (Lourdes est un cas typique d'enrichissement par la fornication, connu de beaucoup de Français), mais encore dans la mystification de l'art chrétien érotique, charge directe contre l'esprit de dieu. Elle est relativement rare et isolée dans le catholicisme romain, tant sa contradiction avec les saintes écritures est flagrante, mais bien présente néanmoins dans les spéculations religieuses des deux derniers papes, Ratzinger et Wojtyla. Le cas de J. Ratzinger est assez clair, selon moi : il souffre d'un mal typiquement allemand, et contre lequel les Français sont mieux prévenus, à savoir l'élitisme aigu. Jamais ou presque l'Allemand ne suspectera que ce qui sort de l'université et de la bouche des universitaires peut-être profondément débile et inepte ; que la "fonction publique du savoir" ou la "culture scientifique" sont des choses étranges. L'Allemand raisonne comme un bidasse ou un militant : la tête dit forcément vrai et ne peut pas se tromper. Luther, c'est l'exception.

    "Roméo et Juliette" est une pièce sur le thème de la fornication et son sens chrétien. Le mysticisme des théories économiques libérales, qui dans les charniers modernes ont joué un rôle bien plus grand que Hitler, est directement lié au mysticisme de l'union charnelle, dont Shakespeare souligne les conséquences catastrophiques, et qui coïncident en effet avec cette démence propre à l'Occident. Il y a dans Shakespeare une condamnation sans appel de l'Occident moderne ; l'exécution de la sentence est laissée aux soins de cet Occident lui-même, suivant la méthode de Médée.

    (On excusera Shakespeare de laisser le thème de la romance ou du drame bourgeois à un littérateur porcin dans le genre de Stendhal.)



  • Exit l'existentialisme

    Beaucoup de difficultés existentielles viennent d'accorder trop d'importance à l'existence.

  • Dans la Matrice

    Les personnes qui se trouvent, inconscientes, prisonnières dans la matrice, manifestent un état religieux de dépendance à des lois de la nature et de la politique reçues comme des dogmes, dont elles ignorent la cause et le but véritables. Cet état est proche de l'état foetal.

    Ainsi des militants qui revendiquent l'usage de nouvelles drogues comme un "progrès social". Ils sont incapables de se demander d'où leur vient ce poids énorme de culpabilité qui les incite à se droguer.

    Certains théoriciens cyniques et barbares parlent d'excès d'invidualisme, quand l'évidence même est un culte identitaire excédant celui de régimes totalitaires précédents. Un culte identitaire qui témoigne de l'écrasement de l'individu, dans la société moderne, par les institutions, qui n'ont jamais formé un maillage aussi serré, ni par conséquent une religion aussi uniformisée à l'échelle mondiale.

    L'irresponsabilité, qui est le contraire de l'individualisme et traduit la dépendance à des institutions tutélaires, indique la responsabilité criminelle des élites, notamment intellectuelles, composées essentiellement en France depuis la Libération de butors dangereux, occupés à rédiger des manuels d'éducation sexuelle, ou des doctrines sociales improbables, toutes basées sur la négation du rapport de force physique imposé par la nature.

    Il est tout à fait naturel qu'un homme tue celui qui a fait de lui son esclave. On peut croire que le meurtre sera d'autant plus sauvage que le maître avait promis à l'esclave de l'émanciper. Je ne justifie pas le meurtre : j'explique comment les élites enseignent que le meurtre des tyrans d'autrefois par leurs esclaves fut légitime : c'est là que le populisme commence.


  • Néo-paganisme

    Le néo-paganisme doit beaucoup moins à Nitche ou Maurras qu'à l'Eglise catholique ou l'islam. En effet ce sont ces derniers qui ont introduit au moyen âge la philosophie de Platon.

    Si le néo-platonisme ou le néo-pythagorisme sont des idéologies dégradées ou instables en comparaison de celles de Platon ou Pythagore, c'est encore à l'Eglise romaine qu'il faut l'imputer principalement, dans la mesure où il était impossible à son personnel ecclésiastique de remplacer officiellement Jésus-Christ par Socrate. A côté d'une doctrine hégélienne, et de références à la philosophie morale allemande des XIXe et XXe siècle, l'ex-évêque de Rome ne pouvait manquer de citer les apôtres, aussi peu hégéliens soient-ils.

    Les dommages de la démocratie-chrétienne sur les esprits sont considérables, et l'odeur du Danemark est abominable. On en viendrait presque à remercier Hitler ou Nitche pour leur satanisme franc et massif.  

  • La Femme et l'Histoire

    L'apocalypse chrétienne décrit l'histoire de l'humanité encadrée par deux femmes : Eve, symbole de la chute, et l'Epouse du Christ, dont l'ascension coïncide avec la fin des temps.

    La culture de vie égyptienne ou païenne, symbolisée par un serpent dans la mythologie de Moïse, est source d'un symbolisme religieux que le christianisme renverse, comme on abat des idoles. La vie éternelle est une voie opposée à celle de la vie biologique. C'est certainement l'inspiration chrétienne qui fait dire au philosophe Léopardi que "le suicide prouve dieu", signifiant par là la capacité de l'homme à penser différemment du plan éthique ou social. Léopardi sait aussi que l'objectif du bonheur ne peut satisfaire que des esprits sous-alimentés spirituellement ou scientifiquement.

    A l'inverse, les païens nieront l'aspiration spirituelle pour affirmer le destin ou la providence, c'est-à-dire que la nature vivante est le point de départ et la solution finale de l'existence humaine.

    Il faut signaler ici que la subversion de nombreux clercs du moyen-âge consiste à transformer le christianisme en providentialisme, ce qu'il n'est pas. Il n'est pas difficile de deviner la détermination biologique ou érotique du providentialisme. De même que "l'au-delà" païen antique, c'est-à-dire la vie après la mort, comme l'inconscient moderne, est entièrement spéculatif. Disons que l'au-delà païen antique traduit le prolongement de la volonté politique. Certains poètes païens, d'ailleurs, n'ont pas foi dans cet au-delà, mais seulement dans sa nécessité politique et sociale. Tandis que la théorie de l'inconscient moderne, selon Freud ou Jung, prolonge et renforce la volonté personnelle, au stade de la décomposition politique libérale, suivant le principe identitaire, qui consiste à diviser pour mieux régner sur les consciences.

    Ces symboles féminins sont ceux utilisés par Bacon-Shakespeare dans ses pièces, par conséquent dépourvues de ressort psychologique, et négligeant cet aspect à cause de son peu d'intérêt historique et apocalyptique. Une lecture attentive permet de voir que Shakespeare attribue l'abus de langage et le style, c'est-à-dire l'habileté, aux imbéciles. Polonius, par exemple. Le style traduit souvent la haute estime que l'homme a de lui-même, en dépit de la médiocrité de sa condition.

    La psychologie est une détermination trop hasardeuse pour Shakespeare. Et si l'artiste ou le savant cède ainsi au hasard, il n'a aucune chance de triompher de la nature, ce qui constitue le but de l'art chrétien, et explique la détermination de Bacon contre l'idolâtrie scientifique. Le paganisme, lui, s'accommode parfaitement de l'idolâtrie, c'est-à-dire de la production d'objets d'art. Le progrès de l'homme vers dieu, au contraire, implique la destruction de toutes les flatteries et réconforts que l'homme s'adresse à lui-même à travers le motif de la civilisation ou de la culture.

    L'absence de passion du Messie n'est pas un signe de passivité, ainsi que le traduisent les Romains, ni encore moins de féminité selon le propos de Nitche, qui semble méconnaître totalement les femmes, mais la connaissance du Christ que la nature gouverne toutes les passions, bonnes ou mauvaises.

  • Guerre et prédation

    Où il est facile de distinguer le marxisme du communisme, c'est que le second est un élitisme ; tandis que le propos de Marx est un avertissement contre l'élitisme. Tous les systèmes de pensée critiqués et renversés par Marx sont des modes de pensée élitistes : - la philosophie nationale-socialiste hégélienne, formule nouvelle du culte républicain; - le droit naturel (c'est-à-dire la subversion satanique du judaïsme et du christianisme, d'où dérivent les "nations chrétiennes ou juive") ; - la démocratie libérale, astuce juridique de l'élite bourgeoise pour se dérober à la responsabilité politique.

    L'attaque de Marx, comme celle de Francis Bacon Verulam à la fin du XVIe siècle, avant l'expansion brutale du capitalisme et de la technocratie occidentaux, porte sur le point qui tient le plus à coeur aux élites : l'art et la science.

    Bacon-Shakespeare prend l'exemple des clercs du moyen-âge qu'il brocarde dans ses aphorismes comme ses pièces de théâtre : l'élite est incapable de science ou d'art, elle est seulement capable de spéculer. Comprenez : l'art et la science de l'élite se situent au niveau religieux ou technique. Ils ne dépassent pas la satisfaction des besoins pratiques ; l'esthétique nationale-socialiste hégélienne, gros volume mystificateur, confond en réalité art et artisanat. Quelle est la devinette de l'art abstrait identitaire ou néo-nazi ? Il n'est autre qu'une apologie du travail. A la beauté ou la vertu platonicienne, l'art abstrait des élites nationales-socialistes a substitué une valeur dégradée de la beauté platonicienne, à savoir le travail vertueux (c'est d'ailleurs ce qui explique l'attrait des femmes pour l'art abstrait ou religieux, aussi féminin que Michel-Ange était viril).

    Et la science polytechnique des élites accomplit la tragédie contre laquelle Rabelais écrivit, de la "science sans conscience". On peut constater que les élites blanchissent systématiquement les polytechniciens génocidaires. Elles blanchissent la polytechnique exactement comme les barbares blanchissaient leur dieu.

    - Le même Francis Bacon invite à considérer le mouvement des sociétés comme un mouvement de prédation. "L'affaire DSK" est bien loin d'avoir un retentissement mondial par hasard, puisqu'elle a fait éclater le vernis humaniste de la bourgeoisie libérale. Bien que véniel, il fallait que le péché de DSK soit unanimement condamné par ses pairs, car comment empêcher la prédation des masses populaires, si elles se rendent compte que l'élite, en général, n'a pas d'autre plan, personnel ou général ?

    Le socialisme et la démocratie libérale ne sont d'ailleurs que des pastiches du système oedipien d'ancien régime. Du droit naturel égyptien découle une idée de la monarchie divine, la plus terre-à-terre : celle-là même que l'apocalypse chrétienne affronte ; la souveraineté populaire ne fait que dériver de cet ordre monarchique, plus physique. Pour filer la métaphore shakespearienne, on peut qualifier la démocratie libérale de "descente d'organes". Shakespeare a d'ailleurs montré l'innocence ou la débilité des monarques de droit divin, incarnations de la puissance physique (Richard II) ; une innocence qui se double dans l'ère chrétienne des pires vices ou de la démence, puisque l'apocalypse proscrit absolument un tel culte; il faut un clergé d'un exceptionnel satanisme pour le justifier, c'est-à-dire pour accorder le droit naturel au christianisme, qui de la première à la dernière ligne des évangiles le stigmatise comme un instrument de fornication païenne.

    - La prédation irrémédiable sur le plan social, à cause de la bêtise -au sens propre-, des élites: on en est toujours là.

  • Education nationale

    Nombre de collèges et lycées parisiens ont l'aspect de véritables prisons. Moi qui ai eu en province, vers treize ou quatorze ans, la sensation d'étouffer dans le cadre scolaire, à cause de sa pédérastie et de sa mélancolie latentes, je ne sais pas comment j'aurais réagi à cet emprisonnement sévère et justifié par les femmes, comme tous les régimes militaires ou disciplinaires.

    Les mères sont avant tout dangereuses pour leurs enfants à cause du masochisme qu'elles leurs inculquent, et qui est décelable au stade identitaire ultime chez les néo-nazis défenseurs de la civilisation comme Breivik, hommes-soldats, c'est-à-dire hommes-femelles.

    Dans la perspective élitiste républicaine, la pédagogie revêt une importance cruciale. Moins dévotement, on observe comme s'élabore au sein des institutions pédagogiques l'éternel retour de la connerie, et à quel point les institutions actuelles, sous couvert d'humanisme, entretiennent le sentimentalisme, et donc la bestialité et la tragédie futures. La tartufferie règne.

    Ce système scolaire disciplinaire carcéral était prédestiné à être facilement vaincu par les promesses mercantiles d'évasion vers des paradis artificiels. L'austère et mélancolique bourgeoisie parisienne a préparé le triomphe des semi-libertins de Mai-68 (semi-libertins, parce qu'ils sont presque tous devenus de gentils papys-gâteau).

    La volonté du ministre de l'Education nationale de rétablir la morale est une plaisanterie de mauvais goût. Ce ministre a écrit il y a quelques années sur la mafia : il ferait bien d'examiner les rapports, non seulement crapuleux, mais aussi éthiques, que la République entretient avec la mafia ; est-ce que la semeuse républicaine n'est pas très proche de la "madone" des truands siciliens ?

    Dans les milieux bourgeois, la plupart des gamins sont aux trousses de leurs mères à travers la première jeune fille en fleur qui passe : quasiment aliénés dès la naissance. D'ailleurs parfaitement serviles et prêts à se soumettre à la discipline masochiste qu'on leur imposera.

    Dans la population moins "proustienne" des gamins de banlieue, on sait parfaitement que l'ordre public le plus sûr est assuré par les gangs les mieux organisés, qui procurent à leurs petites mains le travail que la République ne fournit plus. Sans la riche clientèle parisienne, le trafic ne marcherait pas.

    Concrètement, c'est dans l'incitation au travail que tient le secret et l'effectivité de l'éthique et de la morale, pourquoi elles sont aussi féminines. Justifiant le travail, c'est comme si la femme se justifiait elle-même. La société féministe est donc pénétrée de l'idée de travail, en même temps que cette société est incapable de fournir un travail décent à ses sectateurs.

    L'enseignement de la morale républicaine, à ce stade, ne consiste plus que dans une défense désespérée de la propriété privée ou publique, conçue comme sacrée et mystique dans la République, comme dans les clans mafieux.

  • Culture de Mort

    Le destin de la culture de vie, comme celle-ci est dépourvue de transcendance véritable et maquille en abstraction mathématique cette altération de la conscience, c'est d'évoluer en culture de mort.

    L'Eglise romaine est bel et bien la matrice de l'idéologie totalitaire moderne. Sur le message évangélique qui en est pur, elle a greffé au moyen âge un discours anthropologique. En lieu et place du salut, elle a mis la souveraineté de l'homme, aussi bien ridicule du point de vue du droit naturel païen que de l'aspiration chrétienne vers la liberté, c'est-à-dire vers dieu.

    Le millénarisme totalitaire, qu'il soit hégélien, nazi, socialiste, démocratique, ou bien encore indexé à la plus cynique idéologie évolutionniste, n'est qu'une reformulation de la commercialisation médiévale de l'au-delà par le clergé médiéval. De même la psychanalyse ne fait que pasticher la négation du péché originel par le clergé catholique romain. Il est impossible pour un homme de chair et de sang de parler au nom de l'Esprit, à moins qu'il ne le fasse conformément à la parole. Or on ne voit nulle part le Messie condamner moralement quiconque, pas plus qu'on ne le voit assigner à quiconque un devoir moral.

    L'implication politique de soi-disant chrétiens est une preuve de la trahison de l'Esprit par les institutions chrétiennes. Car l'avenir du monde est ce qu'il y a de plus vain dans le monde, puisque c'est l'esprit du monde... qui n'en a pas. Les démocrates-chrétiens sont des singes, puisqu'ils sont les mieux adaptés à cet esprit du monde, le plus cauteleux et qui repose entièrement sur la caution des banques.

  • Valeur du rêve

    Le progrès personnel, en art, entraîne à considérer la valeur de l'onirisme ou du rêve comme nulle ; ça m'intéresse moins de savoir comment un cinéaste fabrique son cinéma qu'un pâtissier ses gâteaux. Comme les intellectuels, les cinéastes ne savent rien faire seuls, et tout leur art consiste à se rendre indispensables aux pires entreprises humaines.

    La vie des trafiquants de drogue est sûrement plus palpitante que celle des cinéastes, suppôts de Satan, mais de 3e classe seulement.

    Moins débile que le cinéma, l'art égyptien est fait pour fasciner, donc pour faire rêver. Mais ses planificateurs eux-mêmes font preuve d'un esprit diablement raisonnable et discipliné. Ils font rêver le quidam par leur grande maîtrise, tandis que le cinéma se base le plus souvent sur le bluff et quelques gadgets. Une poignée d'écrivains, au XIXe siècle, a déjà épuisé toute la matière que le cinéma mâche et remâche. Ces écrivains mettaient plus d'humour, et n'éprouvaient pas le besoin de se pavaner comme des paons.

    Aux Etats-Unis, on arrête parfois la circulation des voitures et des piétons pour tourner des scènes de cinéma. Peut-on faire plus barbare ? Mon pote américain, sans doute l'Américain le moins prêt à assassiner son voisin pour quelque problème de libido sous-jacent, éprouvait d'ailleurs une certaine honte de ce cirque indécent : emmerder les gens pour un film.

    Les animaux domestiques rêvent. Ils rêvent qu'ils sont des animaux sauvages.

  • Le Nouvel Ordre Ethique

    Pourquoi le nouvel ordre moral est-il "de gauche" ? Parce que l'argent est une valeur droite. Pas de zig-zag entre celui qui possède l'argent et celui qui n'en a pas. Inutile de se tordre le cou pour savoir lequel a le pouvoir.

    Le président Hollande a parfaitement compris le sens de son sacerdoce en plaidant contre l'argent devant ses fidèles. La détermination au gain est un mobile carnassier beaucoup trop transparent pour que ceux qui n'ont pas de biens puissent avoir foi dans l'éthique de ceux qui les gouvernent. L'usage du mot grec est pour ne pas trop faire voir la filiation avec la morale d'ancien régime.

    La gauche est donc là pour faire tampon entre les élites et ceux qui turbinent ou attendent impatiemment un nouvel emploi ou une nouvelle donne.

     Toutes les ruses modernes pour méduser le peuple et l'inciter au devoir vaille que vaille, peuvent être dites "de gauche".

    Marx, qui n'est ni de gauche, ni de droite, sans quoi il ne serait pas historien, savait parfaitement que les docteurs de la nouvelle Eglise socialiste seraient ses pires ennemis, la droite ayant tout simplement perdu prise sur les nouvelles réalités industrielles, et donc politiques. La doctrine réactionnaire antilibérale, anticommuniste et antidémocratique de Nitche ne fait, sur le terrain politique, qu'exprimer la nostalgie d'un ordre social révolu.

    Les ruses de la gauche coïncident à peu près avec ce qu'on appelle l'intellectualisme. C'est ce qui explique que les Français penchent très peu à gauche, et qu'il faut tout un arsenal médiatique à la gauche pour se faire élire, depuis qu'il n'y a plus ni parti communiste, ni ouvrier en France ; à l'exception des femmes, persuadées que les intellectuels sont des savants, alors que ce sont surtout des bêtes à concours d'une grande servilité. Les intellectuels de droite en sont réduits à écrire des petits romans parfaitement lisibles et tout à fait simplets, qui les conduisent à l'Académie française et poser en costumes de polichinelles, sans se douter de rien.

    Si 100% des intellectuels français s'exilaient aux Etats-Unis, où ce type d'individu trouve plus facilement du crédit, notamment parce que les Américains savent à peine lire et écrire, personne ne ferait la différence. On serait débarrassé, faute de spécialistes, de tas de sciences inutiles. Tandis que si vous divisez le nombre des éboueurs de Paris par deux, là ça fait une différence.

  • Quitter la terre

    Sans Molière et quelques autres types valeureux de son espèce, je crois qu'il me faudrait rayer la France de mon vocabulaire.

  • Exit la culture

    Entre la culture et le peuple, Marx interpose la critique. Plus largement, aucun détracteur de la propriété et de l'argent ne cautionne la culture, dans la mesure où celle-ci comporte la justification de la propriété et de l'argent.

    Marx a du reste anticipé la métamorphose du culte néo-païen catholique romain en culture républicaine, et fait du motif de se plonger dans la culture moderne un motif semblable à celui de plonger dans l'opium.

    Il ne faut pas chercher plus loin l'extraordinaire gaspillage de ressources humaines pratiqués par les élites républicaines, plaçant ainsi une cloche à fromage étanche sur les gosses de ce pays, sous le couvert d'un cartésianisme si étriqué que Descartes lui-même ne le reconnaîtrait pas.

    L'appétit spirituel des gosses a été coupé à l'aide du néant de l'existentialisme, au point que le satanisme ou l'écologie peuvent passer légitimement pour des axes plus sûrs que la foi dans l'argent.

  • L'Occident et la Mort

    Une erreur de jugement commune, c'est de croire que l'Occident néo-païen ne veut pas entendre parler de la mort, contrairement à l'Orient païen, où la mort possède les droits d'une divinité majeure, devant laquelle on se prosterne - la pyramide des Egyptiens est un hymne funèbre inégalable selon moi. Et si l'on avait placé des officiers de la SS à côté de ces pyramides, on les aurait vu s'incliner avec respect. Par principe, les nazis s'inclinent devant tout ce qui est architectural, même les cathédrales gothiques mal foutues, ou les cubes de Picasso, tellement le Boche craint que le ciel ne lui tombe sur la tête, ce qui finit par lui arriver, en raison de sa frayeur atavique d'homme de caserne.

    C'est la fragilité de l'art moderne occidental qui explique l'attitude de la race de fer vis-à-vis de la mort. Cette "fuite en avant", qu'il nomme "progrès" ou "modernité", et que son activité économique traduit le mieux, assimilable à la plus vaine "recherche du temps perdu", est caractéristique de l'homme occidental, privé d'un art assez solide pour se défendre, efféminé comme pas deux. Oui, vraiment, Satan a du souci à se faire.

    L'affolement de l'homme moderne signifie bien que la mort est là, omniprésente. Dans sa fuite, il ne peut pas se retourner. Affolement et fuite devant la mort sont bien la clef des génocides modernes particulièrement vastes commis par les Occidentaux, gestionnaires du monde. Si l'économie occidentale est aussi chaotique, par exemple, c'est parce qu'elle est infectée de psychologie : son fétichisme dépasse tout ce qui a été inventé avant.

    L'excès de puissance de l'Occident sur le reste du monde lui vient principalement de son effroi constant. Comme s'il ne portait pas des vêtements assez chauds. C'est cette panique qui détermine l'Occident à une activité aussi intense, et qui le fait ressembler à un insecte, son art à des pattes de mouches.

  • Du Gay savoir

    L'essayiste français Pascal Bruckner impute dans l'un de ses essais le sentimentalisme débordant de la société occidentale au christianisme. C'est un truc récurrent chez les philosophes républicains modernes, et non seulement Nitche, d'imputer au christianisme la décadence des institutions.

    Un peu plus d'honnêteté intellectuelle ou de professionalisme obligerait à accuser l'Eglise catholique, et non le christianisme, de ce mysticisme sexuel débordant et dangereux, dont la demande d'institutionnalisation des relations lesbiennes ou sodomites dérive. Si le mariage gay est bien égal au mariage catholique romain, c'est sur un point : celui des sentiments, exclu des rituels d'union païens. Les militants gays n'ont pas introduit le débordement sentimental, mais l'Eglise romaine elle-même précédemment.

    Pourquoi l'Eglise romaine, et non le christianisme ? Parce que les évangiles ne permettent de fonder AUCUNE DOCTRINE SOCIALE. Le Messie traite les juifs pharisiens de "chiens", parce qu'ils ont commis cette faute contre l'Esprit de dieu.

    Les démocrates-chrétiens commettent une imposture et un blasphème majeur : en effet, rien ne leur permet de décréter à la place de Jésus-Christ dans un domaine où celui-ci n'a jamais cru bon de décréter.

    Si cette nuance majeure entre la docrine sociale catholique romaine d'une part, et la parole de dieu d'autre part, doit être faite, c'est parce qu'elle permet de comprendre la fragilité particulière du néo-paganisme catholique romain. On pourrait quasiment parler de néo-paganisme "schizophrène". Quelques érudits seulement en ont conscience ; il est difficile de croire, par exemple, que Galilée ou Joseph de Maistre ignorent qu'ils proposent des doctrines antichrétiennes, tellement elles sont inspirées par des principes "maçonniques" ou platoniciens contraires au christianisme (l'évangile de Judas Iscariote révèle qu'il était adepte de la philosophie morale de Platon).

    La divagation juridique est donc une marque particulière de l'Occident, qui trouve son origine dans la doctrine sociale de l'Eglise catholique. L'imprécision des philosophes voltairiens, la raison pour laquelle ils ne veulent pas ou ne peuvent pas viser juste, est assez facile à comprendre : les institutions républicaines dérivent des institutions catholiques romaines. La principale différence entre les institutions monarchiques catholiques romaines et les institutions républicaines modernes est d'ordre économique, non pas juridique. La théorie nationale-socialiste ou hégélienne du progrès serait mise à mal si la solution de continuité était mise à jour entre tradition catholique romaine et modernité technocratique républicaine.

    Pour le combat contre la subversion de l'Esprit, il n'est pas inutile de comprendre que Shakespeare, avant même qu'elle ne prenne l'aspect tentaculaire et métastatique qu'on lui connaît, a tranché la gorge à la doctrine sociale de l'Eglise romaine. C'est le sens sans équivoque de la mythologie de Shakespeare. Sous l'apparence païenne ou séculière, Shakespeare met le feu au Capharnaüm catholique romain, véritable paganisme recouvert des oripeaux de la foi chrétienne. Si les universitaires voulaient bien se donner la peine d'être intelligents, ils comprendraient que Shakespeare le fait d'une manière plus complète et qui excède largement en force la manière de Luther. Shakespeare est le découvreur du globe, de sa lâche médiocrité, et il ne faut pas s'attendre à l'éternel retour de Fortinbras. Si les meilleures choses ont une fin, les pires aussi, par bonheur.