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Mon Journal de guerre - Page 48

  • Oecuménisme

    Je poursuis mon dialogue oecuménique avec mon pote musulman berbère. Le point d'accord, c'est que les riches sont représentatifs de l'enfer. C'est d'ailleurs pourquoi l'enfer a pratiquement disparu dans la religion démocrate-chrétienne. Le diocèse de Nancy vient d'inaugurer une campagne de propagande basée sur les paroles des chansons de Johnny Hallyday.

    Mais, comme je suis chrétien, l'enfer est à mes yeux ici et maintenant. Tandis que, pour mon pote musulman, il est par-delà la mort. Tant bien que mal (je ne parle pas la langue berbère), je tente de lui expliquer que cet "au-delà" est typique du paganisme égyptien, puis romain. L'organisation sociale implique une telle croyance. Les apôtres chrétiens, eux, ne se préoccupent pas d'organisation sociale, mais seulement du salut, de connaître dieu, pour le voir face à face comme dit Paul de Tarse, qui ne porte pas la mitre et la crosse fallacieuses des prêtres païens.

    L'au-delà est aussi improbable pour un chrétien que l'existence d'une âme séparée; aussi improbable que le cosmos est probable et partiellement visible. Homère, déjà, fonde sa mythologie contre la science-fiction. Il a bien compris que la foi dans l'au-delà, la notion mécanique d'espace-temps, est une religion de fourmi superstitieuse. Au stade de la barbarie identitaire où nous sommes, on pourrait d'ailleurs mesurer que chaque citoyen-robot se fait de l'au-delà une idée relative à sa propre vitalité. En raison de leur moindre vitalité, l'idéologie des femmes est assez différente.

    - J'insiste sur ce point : en aucun cas la mort n'est sacrée dans le christianisme, contrairement à l'islam. Et mon pote est surpris par cette parole du Messie : "Laissez les morts enterrer les morts." Les musulmans ignorent-ils la Genèse de Moïse ? La mort n'est pas plus sacrée que la vie dans le christianisme ; elle est maudite, puisqu'elle porte la marque du péché. Dieu n'est pas l'auteur de la condition humaine, mais Satan, selon les prophètes juifs ou chrétiens. Il y a ici une clef, et elle ouvre les portes de l'enfer où les suppôts de Satan sont précipités. L'ignorance de Satan coïncide avec la considération typiquement païenne de la mort comme un passage, voire carrément un voyage initiatique.

    - A propos des femmes, nous divergeons radicalement. Mon pote considère la plupart des Françaises comme des prostituées ou des personnes superficielles, et préfère ne pas trop s'en approcher. Il n'est pas difficile de comprendre que cette idée lui vient d'une idée enjolivée de sa propre mère. Pour moi, c'est le contraire. Je n'ai jamais connu de femme qui ne soit pas animée par le principe familial ou généalogique, y compris les femmes soi-disant modernes ou féministes. De sorte que, parlant à une femme, on a toujours l'impression de s'adresser, non à un individu, mais à un réseau social.

    Chez les femmes allemandes ou hyperboréennes, le géniteur occupe quasiment la place de Zeus dans le panthéon grec. Ce qui explique souvent leur difficulté à se satisfaire du premier venu. Il y a là un rapport d'encouragement mutuel, plus ou moins incestueux et parfaitement vain, constitutif de la lâcheté bourgeoise moderne. Les hommes qui vivent dans le culte de leur mère méritent, plus encore, des coups de pied au cul.

  • L'Art chrétien

    A la question : y a-t-il un empêchement pour le chrétien de s'adonner à l'art, comme le juif fidèle aux commandements de dieu ? La réponse est : oui, le plan de la culture, c'est-à-dire de l'idolâtrie, est signalé au chrétien comme étant incliné vers la mort, parallèle au plan de la chute.

    On distinguera ainsi facilement les vrais témoins de Jésus, de ceux qui, feignant de le suivre, parlent au nom de la bête.

    L'art chrétien fait nécessairement table rase de la culture. Et nul n'a réduit en cendres la culture occidentale comme Shakespeare. Plus vous lisez Shakespeare, mieux vous le comprenez, plus vous saisissez que la civilisation occidentale repose sur le néant, et qu'elle est ainsi inférieure à toutes les civilisations précédentes : elle est sans clef de voûte. Sa clef de voûte consiste dans un mensonge qu'il est nécessaire de renouveler en permanence. En effet, la bête a été frappée une première fois ("bête de la mer") ; sous la forme de la "bête de la terre", elle subsiste et semble avoir recouvré des forces, triompher, même, dans le libéralisme ou la démocratie-chrétienne: en réalité, la bête convulse.

    Pour se défendre contre la vérité, épée dont le tranchant s'est accru de la révélation du Messie et de ses apôtres que la vie, en soi, ne vaut rien, les élites morales et politiques sont contraintes d'ourdir une culture dont le mensonge excède la foi, mêlée de raison, des régimes païens antiques. Autrement dit: la part d'inconscience, dans l'Occident moderne, est accrue ; par conséquent la part d'irresponsabilité. Cela se voit particulièrement dans son art. L'Occident verse donc de plus en plus dans la folie, d'une manière irrémédiable, et dont la forme la plus banale est le gâtisme.

    La fuite en avant de la civilisation occidentale s'explique, comme toute fuite, par la peur. Dans la fuite, l'instinct ou la volonté sont privilégiés sur la pensée. Contrairement à la culture païenne traditionnelle, animée par une crainte raisonnable de la mort, la culture occidentale moderne est plus effrayée encore par la vérité. La société moderne est plus totalitaire et moins démocratique encore que les sociétés païennes, dans la mesure où même le domaine culturel est régenté par les élites. Il n'y a pratiquement plus de culture populaire dans l'Etat totalitaire. Rien dans la culture des Etats-Unis ou presque qui relève de l'initiative populaire et ne soit pas appuyé sur les banques.

    Est-il nécessaire d'être chrétien pour le comprendre ? Est-ce qu'il ne suffit pas d'un minimum de conscience pour comprendre que la "culture scientifique" dissimule une grossière imposture, car la science combat forcément ce qui est de l'ordre de la culture. En somme qu'il n'y a pas de science "collective", mais que l'individu, seul, peut être savant. Le plan collectif n'autorise que le partage des convictions, c'est-à-dire la culture ou la religion. Le savant méprisera nécessairement l'homme d'élite, en raison de l'appui de celui-ci sur la masse et les choses quantitatives. Toutes les paraboles de Jésus-Christ, pratiquement incompréhensibles du point de vue élitiste ou politique (le point de vue platonicien, qui est celui de Judas Iscariote d'après son évangile), en revanche sont acceptables du point de vue scientifique, au regard duquel l'ordre humain est seulement nécessaire, ce qui ne signifie pas fondé sur l'expérience ou vrai.

    Si l'Occident moderne est dépourvu de métaphysique véritable, c'est pour le besoin de son organisation.

    Le régime républicain, non seulement a peu à voir avec les Lumières, mais il prolonge la haine de l'Eglise catholique romaine pour la science dénoncé par les Lumières, suivant la même méthode que les évêques de Rome et pour les mêmes raisons. La science républicaine est au niveau de la culture scientifique, c'est-à-dire de la religion.

  • Comment le Christ

    ...nous ressuscite :

    Le Christ n'incite pas plus à la vertu qu'à la débauche, à la discipline qu'à la révolte, points de vue étroits et plus ou moins sciemment issus de la matière vivante. La morale abstraite la plus futile, ou la plus pernicieuse des catholiques romains, n'est rien à côté de la matière, qui se moque bien des instruments de mesure humains.

    Simplement le Christ dit : mon message n'est pas de cet ordre-là. Je ne suis pas Zarathoustra, ni Prométhée, Platon ou Mahomet. Tant pis pour Judas. Je suis celui qui peut vous délivrer de la condition humaine scellée par le péché, non pas celui qui fournit l'outillage pour supporter cette hypothèque le mieux possible. Le discours de la méthode est constitutif de l'aveuglement des élites, qui parviennent plus facilement à l'équilibre et à la vertu, s'en croient "justifiées", voire prédestinées, et sont prêtes à massacrer pour conserver leur position avantageuse... temporairement.

    Et comme Shakespeare se fait christ à la demande de l'ange, il peint l'histoire et les élites à l'avant-garde de cet enfer qu'elles nomment "civilisation", et qui ressemble aujourd'hui à la prostate du vieux tyran Oedipe.

    Le Christ nous ressuscite maintenant... ou jamais. Ne croyez pas les veuves et les pharisiens, dont la vertu de patience est déduite du point de croix.

  • Dieu est mort !

    "Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux."

    Etienne La Boétie

    Les puissants nous inclinent selon la nature. La sagesse nous élève contre son déterminisme.

  • Homère chrétien

    L'Eglise catholique romaine est la première cause d'éradication de la mythologie et des mythes. Dans le glissement progressif de la foi commune vers des vérités mathématiques ou statistiques, non plus dans des vérités mythologiques, l'Eglise latine a joué un rôle décisif en Occident. Pour une raison facile à comprendre: la mythologie n'est pas d'abord un enseignement moral. Elle a un usage social limité. Un de mes professeurs de dessin enseignait à ses élèves : "Le dieu Mars était déjà un imbécile dans l'antiquité." C'est inexact de dire "déjà" ; en inventant le motif du pacifisme militaire, le monde moderne arme les consciences bien au-delà du monde antique.

    La vérité morale ou mathématique est paradoxale: c'est en cela qu'elle entraîne facilement l'adhésion du bourgeois, aussi subtils soient les énoncés de la statistique. Le bourgeois vit en effet pour mourir, sans se poser la question du but, et se satisfait de ce paradoxe, qu'il saupoudre de tel ou tel folklore.

    Si le port de la croix est autant à la mode dans les diverses sectes sataniques, c'est en tant qu'il signifie l'existentialisme: non pas un humanisme, mais une religion parfaitement compatible avec le nazisme. Les vérités mythologiques, notamment les plus antiques, ont l'inconvénient de ne pas justifier l'homme, et la femme moins encore, et d'inciter à la résolution du paradoxe humain, d'une manière qui n'est pas passive.

    La mythologie des cinq livres attribués à Moïse a d'abord un sens historique et scientifique. La Mer Rouge engloutissant les Egyptiens est, par exemple, une métaphore historique. Les religions institutionnelles comme le catholicisme romain, en dépit de la lettre et de l'esprit du christianisme, sont fondées sur le négationnisme de l'histoire. Par définition, il n'y a pas d'historien catholique romain. Il est stupéfiant de constater le point de négationnisme atteint par le Grand Siècle.

    - En quoi peut-on dire que Homère est "chrétien" ? Dans la mesure où sa métaphysique, contrairement à celle des Egyptiens, de Platon ou de Blaise Pascal, ne contredit pas la métaphysique chrétienne. Dans la mesure où Homère ne fait pas des hypothèses, comme le purgatoire, impossible à fonder sur les saintes écritures, et que l'organisation sociale pyramidale requiert.


  • Dialectique contre Ethique

    Cette note est pour accompagner Fodio dans l'étude des sonnets de Shakespeare, où le grand prophète chrétien de l'Occident met littéralement le feu à la culture chrétienne médiévale afin de faire table rase de la morale catholique romaine, entièrement satanique.

    Les sonnets de Shakespeare sont donc le plus grand poème chrétien illustrant la dialectique chrétienne, opposée à l'éthique païenne binaire.

    Dès qu'un chrétien ou un juif invoque l'éthique, vous pouvez savoir grâce à Shakespeare que vous avez affaire à un imposteur: ce que les chrétiens authentiques nomment un "fornicateur".

    Jamais civilisation n'a porté de masque plus ignoble que celui de la démocratie-chrétienne, dont le rapport avec "l'odeur du Danemark" est très étroit. Shakespeare a-t-il prophétisé le nazisme ? Non, il a prophétisé bien pire encore, conformément à l'apocalypse. Un esprit divisionnaire extrême, qui ressemble à la convulsion de la bête de la terre, et qui laissera les fidèles apôtres du Christ indemnes. 

    Shakespeare témoigne d'une conscience chrétienne aiguë de l'écartèlement de l'homme par deux forces antagonistes. Il les décrit dans ses sonnets, l'une comme un ange, "un homme parfaitement beau" (sonnet 144), l'autre comme "une femme à la couleur maligne" (ibidem). Quelques benêts dans l'Université y ont lu un aveu 

    de bisexualité ; ça tombe bien puisque Shakespeare, après Rabelais, dissuade de prendre le savoir universitaire très au sérieux. Il n'y a pas besoin d'une théorie du complot pour comprendre la raison de la médiocrité de l'enseignement académique : agrégation et panurgisme suffisent à l'expliquer.

     

     

     

    Le "prince charmant" des contes chrétiens occidentaux n'est pas plus "sexué" que la vierge Marie, quoi qu'il soit nécessaire de tout érotiser pour fourguer des indulgences ou le purgatoire. Ce prince symbolise

     l'Esprit divin, combattant l'iniquité. L'histoire, pour les chrétiens, commence par la chute d'Adam et Eve suivant la mythologie de Moïse, et s'achève par la résurrection de Jésus-Christ (anti-Adam), et de son épouse, l'Eglise (anti-Eve). Comme Moïse, inspiré par dieu, a conçu une mythologie de l'origine du monde et de la chute, qui entraîne la mort de l'homme, Shakespeare conçoit une mythologie de la fin des temps. 

    Partout dans l'oeuvre de Shakespeare-Bacon, les sonnets aussi bien que les pièces, on retrouve ce symbolisme historique ou apocalyptique.

     

     

    L'entreprise de Shakespeare peut se comparer à celle de Dante Alighieri, à condition de comprendre que Shakespeare rétablit l'histoire et la science contre l'éthique et la philosophie platoniciennes du poète italien, sans fondement dans les saintes écritures. La Béatrice de Shakespeare est pure, comme l'éternité, de considérations anthropologiques, nécessairement charnelles, portant la couleur maligne, écarlate ou pourpre, du péché.

     

    - Shakespeare sait très bien la tendance de l'homme à tout traduire sur le plan charnel ou érotique. Cette tendance n'épargne pas l'ère chrétienne; elle est représentée sous la forme de la grande prostituée.

    Bacon développe par ailleurs l'idée, opposée à la psychanalyse, que la chair est le principal obstacle à la conscience et à la science. Elle l'est plus encore lorsqu'elle est sublimée dans des théologies puritaines odieuses et qui frisent la démence sado-masochiste (Thérèse d'Avila). L'ivresse de la chair est moins grande chez Sade ou Don Juan qu'elle n'est chez certains religieux dévôts, parfois totalement abstinents mais dévoués à un culte érotique.

    - La dialectique chrétienne, rappelée dernièrement par Karl Marx d'une manière moins imagée, implique contrairement à la foi et à la raison païenne animiste (tous les paganismes ne sont pas des animismes), implique de ne pas considérer l'âme autrement que comme un "principe vital", indistinct du corps. La raison pour laquelle il n'y a ni purgatoire, ni "espace-temps" au-delà de la mort dans le christianisme, que celle-ci n'est pas une étape nécessaire, est liée au fait que l'âme n'a pas dans le christianisme d'existence séparée ou autonome. C'est le sens chrétien de "la résurrection des corps" : la personnalité morale, juridique, n'a pas de fondement chrétien. "Laissez les morts enterrer les morts !" dit Jésus, car le culte des morts est essentiellement païen.

    Pour le chrétien, tout se joue dans l'enfer, ici et maintenant. Satan passe l'humanité au crible.

    Le christianisme n'est pas "binaire", comme sont les religions "anthropologiques" ou "morales". Non seulement le chrétien reconnaît qu'il y a un aspect positif dans Satan, et non seulement négatif, mais il reconnaît que c'est l'aspect de la santé ou de la beauté (au sens platonicien) sur le plan personnel, ou de la politique lorsqu'elle est équilibrée, dans lequel se traduit cet aspect positif.

    C'est bel et bien un sens chrétien qu'il faut donner à la réforme de la science selon Francis Bacon Verulam (alias Shakespeare), et non censurer cet aspect comme font généralement les universitaires qui traduisent Bacon à leur convenance, suivant une tendance équivalente aux méthodes inquisitoriales du moyen âge. Rien n'autorise le droit canonique !!! Il faut le dire et le répéter face aux chiens qui prétendent le contraire, et se mettent délibérément en travers de la voie de l'Esprit.

    Le droit canonique est une insulte à Paul et son épître aux Hébreux. C'est la manifestation d'un pharisaïsme odieux, qui entraînera ceux qui s'y fient dans l'étang de feu.

    La réforme de Francis Bacon vise en effet deux buts concordants, dont les universités européennes n'ont JAMAIS tenu compte (ce que Bacon avait sans doute prévu) : en finir avec la philosophie platonicienne (il met plus ou moins Aristote dans le même sac, sachant qu'Aristote est à moitié platonicien, et qu'il a fini par rompre avec le pythagorisme et la croyance égyptienne dans l'âme séparée du corps) et revenir à la mythologie d'Homère, porteuse de vérités beaucoup plus profondes que l'éthique de Platon. Par Homère, Bacon veut renouer avec un universalisme dont il sait qu'il emprunte tout à Moïse. L'opposition d'Achille le païen et d'Ulysse le juif est déjà une dialectique illustrée.

     

  • Grec contre latin

    "(...) Mais après la Réforme, il fut confirmé que le latin était le langage de l'Eglise catholique, et le grec celui de la culture protestante (sans compter, bien sûr, les langues vernaculaires dans lesquelles la Bible protestante était traduite). Le concile de Trente (1545-1563) interdit aux catholiques la lecture des Bibles grecque et hébraïque, sauf dans le cas de chercheurs spécialement autorisés, et aux yeux de l'Eglise de Rome l'étude du grec devint synonyme d'hérésie. En conséquence, plusieurs savants hellénistes furent condamnés au bûcher en 1546 pour "offense à la foi" par le catholique roi de France François Ier, en dépit de la royale dévotion aux arts et aux lettres. Dans les pays protestants, par contre, l'étude du grec était encouragée assidûment et, jusque dans les colonies protestantes, le grec devint un élément du cursus scolaire ordinaire. En 1778, par exemple, le recteur Hans West ouvrit à Christiansted une école où l'on enseignait aux enfants des planteurs les oeuvres d'Homère et d'autres poètes classiques. Ne pas connaître le grec devint, dans les pays protestant, un signe d'ignorance. Dans Le Vicaire de Wakefield, roman d'Oliver Goldsmith datant de 1766, le recteur de l'Université de Louvain, un sot, s'en vante en ces termes : "Vous me voyez, jeune homme, je n'ai jamais appris le grec, et je ne pense pas qu'il m'ait jamais manqué. J'ai eu la coiffe et la robe de docteur sans le grec ; j'ai dix mille florins par an sans le grec ; je mange de bon appétit sans le grec ; et, bref... ne connaissant point le grec, je ne crois pas qu'on y trouve quelque bien."

    Cette opposition eut des conséquences considérables : à partir du XVIIe siècle, Homère fut étudié avec rigueur dans les universités anglaises, allemandes et scandinaves, alors qu'en Italie, en Espagne et en France on le négligeait au profit de Virgile et de Dante. (...)"

    (Alberto Manguel, L'Iliade et l'Odyssée)

    Avec Shakespeare, le plus grand helléniste britannique, l'orientation de l'Angleterre est nette vers le grec. Sans la traduction et la compréhension d'Homère, l'Occident n'aurait pas connu la tragédie. Elle se serait limitée au drame bourgeois et du carnaval dionysiaque, à l'opéra pour les bonnes femmes et les officiers de cavalerie.

  • Croire le pape ?

    A propos des premières exortations du pape :

    «(...) Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon.»

    Confesser Jésus-Christ n'est pas simplement le fait des apôtres ou des disciples, mais aussi celui des faux prophètes et des magiciens. Qui est le démon ? Comment agit-il ? En quoi consiste sa puissance de sidération des masses ? Voilà un point, sur lequel les fidèles du Romain à la mitre et à la crosse feraient bien de s'interroger.

    «(...) Quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur: nous sommes mondains, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, mais pas des disciples du Seigneur.»

    La croix est un symbole romain. Le Messie a vaincu la croix et n'est pas restée attachée à elle. Qui requiert l'attachement à la croix, le sacrifice d'une partie de l'humanité au profit de l'autre ? Le monde ou bien notre seul père légitime, selon l'évangile de Matthieu ? Pourquoi les avocats de Satan sont-ils de plus en plus nombreux à porter la croix ? Pour qui le soldat d'une nation chrétienne consent-il à se sacrifier ?

    L'esprit de sacrifice des pauvres et des imbéciles (les soldats), est-il naturel, ou leur a-t-il été inculqué par les riches et les puissants ?


  • Le pape français

    Pape et français en même temps, ça ne colle pas ; il faut être tordu aujourd'hui plus que jamais pour être papr, et non français. Ce Bergoglio risque de devenir un imbroglio rapidement si c'est un "honnête homme".

    L'ignorance où une bonne partie du monde se tient des Saintes Ecritures, seule empêche de voir le décalage entre celles-ci et l'ésotérique folklore qui se trame au Vatican. Même l'argument de la tradition atteint la démence, car si l'homme peut ajouter à l'Esprit et à la parole de dieu, certes dans ce cas-là on ne voit pas ce que l'homme a ajouté au cours des siècles à la parole de dieu pour s'approcher de la vérité.

    Tous les chemins mènent à Satan. Un seul permet d'y échapper. Gare au fléau de la démocratie-chrétienne et son esprit divisionnaire.

  • Misogynie chrétienne

    Une manière d'expliquer la "misogynie" chrétienne est celle-ci : la femme est dans le "Nouveau Testament" le symbole de la division du travail. La femme "en travail" symbolise l'humanité souffrante, coupée de Dieu jusqu'à la fin des temps. Mais il y aussi Marthe, soeur de Lazare, qui ne juge pas utile de délaisser sa tâche pour écouter les paroles éternelles du Messie, ou croyant lui faire plaisir par son agitation ou sa vertu.

    Pratiquement, l'anthropologie, on pourrait presque dire la médecine, tant l'anthropologie, dégraissée des utopies millénaristes socialistes, se réduit à la médecine et repose entièrement sur le travail et la mécanique du coït. L'Esprit chrétien jette le discrédit sur l'ordre social et le travail, par conséquent cela entraîne la misogynie de sa part, dans la mesure où la femme incarne le travail, tout en dissimulant le caractère divisionnaire et macabre du travail, le sens de mort lente et vaine que lui prête Moïse dans sa mythologie. La haine de Moïse existe d'ailleurs chez les personnes qui se disent "de race juive", insultant ainsi les prophètes juifs (S. Freud, piètre réinventeur de savoirs que l'antiquité posséda bien mieux que lui) : on peut être certain que cette haine a une origine féminine. Les femmes, comme les Egyptiens, ont bien plus à coeur l'esclavage.

    Je dois dire, même Simone Weil, la seule femme à ma connaissance dont la pensée n'est pas sexiste ou sexuée, et qui est consciente que bâtir en fonction de son désir revient à fabriquer des empires chimériques, Simone Weil a perdu beaucoup de temps à essayer de trouver une solution pour raffermir le travail, et qu'il ne soit plus cet esclavage ou cette prostitution mise en place par la bourgeoisie démocrate-chrétienne. Pour le chrétien, on ne peut pas lutter contre la mort ou l'asservissement du travail de cette façon. Pour le chrétien, l'autodestruction d'une société a un sens naturel. Et pourquoi le chrétien s'inquièterait pour telle ou telle société, puisqu'il ne s'inquiète même pas de la terre, qui passera avant que la parole de dieu ne passe. On comprend pourquoi Jésus-Christ ne dit rien aux propriétaires ou aux femmes mariées.

    Ces deux espèces exigent des garanties que les évangiles ne leur fournissent pas. Jésus-Christ parle aux hommes qui n'ont rien à perdre. Toutes les solutions dignes que Simone Weil s'évertue à rechercher pour le bien social, elle aurait dû les rechercher pour elle-même. Simone Weil a la maladie du socialisme sincère : on le comprend à sa façon de se tenir soigneusement à l'écart, comme d'une lèpre, de l'extraordinaire duplicité de la démocratie-chrétienne, encore une fois pire que celle de Judas Iscariote, car Judas a rendu l'argent, tandis que la démocratie-chrétienne, non seulement à vendu le Christ en échange de l'ordre social, mais s'accroche à ses deniers.

    Ce que le Messie révèle aux Juifs qui veulent lapider une femme adultère, c'est qu'il est vain de fonder un ordre patriarcal, misogyne : cela ne comblera pas le "piège de la femme". De même les musulmans, qui reprennent la formule juive patriarcale, ne lutteront pas efficacement de cette manière contre la séduction féminine du libéralisme et la manière qu'il a, sous couvert de féminisme, de se servir des femmes comme d'un appât pour attraper les hommes et les faire rentrer dans le rang social. De les ramener ainsi au travail.

  • Contre les Robots

    Faire la guerre aux robots, c'est faire la guerre aux intellectuels et aux élites, puisque c'est leur intelligence qui est artificielle.

    Les Etats-Unis, nation d'esclaves, est une nation dont les citoyens sont englués dans les lois de la mécanique. Tandis que le Français crache à la gueule des cinéastes, le citoyen américain rend un culte à l'image animée de la bête.

  • No Problem Play

    - Un certain nombre de pièces de W. Shakespeare sont dites "problématiques" ou "énigmatiques". Mais ce n'est pas Shakespeare qui manque de simplicité, ce sont les universitaires qui tentent de l'interpréter qui sont débiles ou tordus, qui sont des "stylistes", tandis que Shakespeare se moque du style.

    - W.S. sait parfaitement que le langage est l'instrument favori des habiles pour étrangler les plus faibles parmi les hommes. A l'aide du langage, des mondes qui n'existent pas, infernaux ou paradisiaques, sont fabriqués par les élites afin de se débarrasser d'une partie du genre humain, selon l'usage des oubliettes dans les châteaux-forts autrefois.

    - W.S. le sait, ainsi que tous les chrétiens : "Ce qui sort de la bouche de l'homme est ce qui souille l'homme." Par conséquent : Shakespeare N'EST PAS UN AUTEUR BAROQUE. L'affirmation contraire, d'un prétendu spécialiste, doit conduire à le déconsidérer complètement. Il y a des édifices élevés par de soi-disant chrétiens, comme les cathédrales, le requiem de Mozart, les thèses juridiques de Thomas More, le théâtre de Claudel, etc., et bien des choses plus subversives encore, qui n'ont aucun fondement dans les saintes écritures, mais dans la religion païenne "anthropologique", c'est-à-dire essentiellement juridique et mathématique : par l'homme, pour l'homme, selon l'homme ; pour être plus précis : SELON l'élite, car c'est elle qui, dans le cadre juridique, impose systématiquement sa définition démoniaque de l'homme au reste des hommes.

    Comprendre Shakespeare, cela commence par comprendre que le christianisme n'est pas une religion anthropologique, et que Shakespeare s'applique de toutes ses forces à réduire à néant cette idée, typique de l'apostasie du clergé romain.

    - La méthode de Shakespeare est empruntée à Homère et aux tragédiens grecs, délibérément. En effet Homère, contrairement à Socrate, Platon ou Aristophane, n'est pas un anthropologue. Shakespeare sait reconnaître dans les religions antiques celles qui dérivent du culte égyptien abhorré des juifs. Non seulement Homère n'est pas anthropologue, mais il combat l'anthropologie.

    - Qui ose mêler la science juridique à la théologie, commet le crime le plus grave contre l'Esprit, puisqu'il commet le péché qualifié de "fornication" dans l'évangile, qui consiste non pas dans le coït ou l'acte de débauche physique du sodomite, mais dans l'exaltation de la chair. L'extrême fermeté de Shakespeare à dénoncer le monachisme s'explique ainsi : il est, dans l'ère chrétienne, une des principales sources, à côté de l'islam, de la subversion du christianisme.

    - La difficulté à saisir et apprécier les pièces de Shakespeare, non pas de l'érudit ou de l'expert cette fois, mais du grand public, vient de l'environnement culturel, et de ce que, pratiquement, depuis le XVIIe siècle, la méthode de Shakespeare n'a plus été employée, de retourner ainsi que le fait Hamlet, le divertissement contre lui-même, d'interpeller le spectateur ou le lecteur, à un moment où il s'adonne à l'activité humaine la plus dégradante, qui fait de lui une sorte de sous-homme. L'habitude s'est perdue depuis des siècles de divertissements qui ne procurent pas le divertissement ou ne visent pas à conforter le spectateur ou le lecteur dans ses préjugés. Il faut comprendre Shakespeare comme le contraire du cinéma.

    En outre, si Shakespeare s'adresse à un public qu'il veut ramener au sens chrétien authentique, très éloigné des billevesées médiévales et de pratiques rituelles païennes sous l'apparence chrétienne, ce public n'est pas tenu dans l'ignorance absolu de la lettre et de l'esprit des évangiles comme il est aujourd'hui, à commencer par les milieux démocrates-chrétiens, véhiculant une idéologie plus trompeuse encore que le nazisme ou le marxisme-léninisme. Une idéologie qui cherche à persuader de ce mensonge hénaurme qu'il y a quelque chose de chrétien ou d'évangélique dans la démocratie. La perfidie de ce milieu est telle, en France, d'ailleurs, qu'il n'y a pratiquement aucun penseur français à chercher à tromper délibérément le peuple en lui faisant croire que la démocratie est autre chose qu'une démagogie. Tel, comme Tocqueville, a pu sincèrement croire qu'il pouvait en être autrement, pour reconnaître s'être trompé ensuite. D'ailleurs, en tant qu'historien, Tocqueville est dès le départ complètement ignorant, et en ce sens plus proche des Allemands ou des Américains dont la conscience exclut quasiment l'histoire, dont le nationalisme est pratiquement un négationnisme.

    On pourrait résumer la distance qui sépare le grand public de Shakespeare, à ceci que le grand public aujourd'hui ignore ce qui sépare le paganisme du christianisme, y compris quand ce public est chrétien. Mais la vérité, pas plus que dieu, n'a besoin d'être comprise par l'homme pour perdurer. Donc Shakespeare demeure, et son message jusqu'à la fin des temps, qu'il s'agit pour Shakespeare de provoquer, contrairement à l'occupation favorite du clergé, en quoi il se fait complice décisif des charniers humains, qui consiste à faire durer le monde : à maintenir la pyramide des désirs humains en place coûte que coûte. Chaque mensonge pour Shakespeare a pour rançon la combustion de tonnes de chair humaine. Ne demandez pas à Shylock ou Polonius de traduire Shakespeare convenablement.

    - Un exemple : "Roméo & Juliette" : par cette pièce Shakespeare illustre comment et pourquoi les clercs catholiques, au moyen-âge, ont introduit la fornication au coeur de l'édifice social. Comment, sous prétexte de christianiser des institutions païennes, le clergé a rendu païen le message évangélique, conduisant en enfer les innocents qui leur font confiance, au lieu de les conduire au paradis, selon leurs belles bannières et slogans. Qui ignore tout des évangiles aujourd'hui, ne pourra reconnaître dans l'amour de Roméo pour Juliette, et vice-versa, sous des prénoms choisis par Shakespeare pour leur connotation païenne, et non comme le fait Claudel par goût des pommes de terre, la traduction de ce qui est dit "fornication" dans le nouveau testament.

    - Le spectateur moderne croit qu'on lui propose une pièce psychologique, alors qu'elle est historique. Shakespeare peint un couple de possédés, dont seule l'imbécillité est typiquement moderne, persistante dans l'ignominie de l'homme moderne, son habileté particulière à assassiner par derrière, - typiquement cléricale ou féminine.

    Aucun historien n'est moderne, et surtout pas Shakespeare, qui domine largement tous les historiens de l'Occident. Ce que dit l'historien n'a de valeur qu'à présent. Dans son histoire prophétique, Shakespeare a aussi prévu la cacophonie de l'université, et que de ce lieu d'aisance sortirait le principe divisionnaire de la race de fer. Hamlet reverra Fortinbras, et ce jour-là leurs positions seront inversées.

  • Lire Shakespeare

    Une énième traduction des sonnets de Shakespeare vient de paraître. Gare aux traducteurs, il y a 90% de traîtres parmi eux.

    Le dernier en date, arrogant connard sortis de l'université, commence par dire que Shakespeare n'est pas chrétien, alors qu'il ne connaît le christianisme que par ouï-dire ou par la démocratie-chrétienne, cette putain de charogne. Ce genre d'abruti ferait bien de laisser Shakespeare en paix et d'écouter du Bach ou du Mozart, je ne sais trop quel acolyte de Satan du même genre.

    A ceux qui veulent lire les sonnets de Shakespeare en français, je conseille la traduction de François-Victor Hugo, inégalée à ce jour, et qui le restera sans doute à jamais, en raison du déclin de l'esprit français.



  • Critique littéraire

    Michel Houellebecq est le plus grand écrivain américain vivant, et non "français" comme a pu le déclarer récemment un de ses admirateurs américains. Un Français qui prend Schopenhauer ou Wolfgang Mozart au sérieux, ça n'existe pas. Dans les familles de banquiers ou de comptables alsaciens, on lit peut-être ce genre de choses, mais ça ne veut pas dire TOUTES les familles.

    Michel Houellebecq is the best American pro-Writer, not 'French' as one of his American fans recently said. French people who do believe Schopenhauer or Wolfgang Mozart are serious do not exist. This is art for German bankers.

  • Larrons

    Un gangster, dans un mauvais roman policier : "Ne cherche pas à comprendre la vie, mon pote ! La vie n'a aucun sens !"

    On a là l'explication du salut accordé à un larron par Jésus : l'ordre social éloigne de cette réalité que la vie n'a pas de sens. L'ordre social éloigne de dieu. Les élites politiques et religieuses chargées de définir cet ordre social représentent l'opposition à la vérité.

    Le point de vue policier est le plus éloigné du christianisme. Le point de vue théorique du policier, faut-il ajouter, du flic qui est persuadé qu'il y a un bien : la propriété, et un mal : le vol. Car, en réalité, le policier fait bien vite l'expérience que le gangster voit juste : la vie n'a aucun sens : ce n'est pas l'enfer qui a la forme d'un entonnoir, mais la vie.

    Napoléon, avant Nitche, a déploré la mort de Satan - que ces antéchrists appellent "dieu". L'ignorance de l'histoire par Napoléon, est extraordinaire -typiquement militaire. On peut être sûr que les historiens qui enseignent l'histoire dans les écoles militaires substituent le mensonge à l'histoire. Il faut dans tous les temps que le soldat soit un cocu, et non un savant. Gober la démocratie, fait que le soldat moderne est le plus jobard.

    L'impossibilité pour le pouvoir politique de légitimer son pouvoir par dieu est un élément essentiel de l'histoire moderne de l'Occident. La raison en est, bien sûr, la révélation chrétienne. Cela ne signifie pas que des élites ne l'ont pas tenté, en dépit de la lettre et de l'esprit du christianisme, mais leurs efforts de subversion se heurtent à l'Esprit de dieu, à sa parole elle-même. Le XVIIe siècle peut bien faire tout ce qu'il peut pour faire passer Satan pour dieu, en quelques pièces tous ces efforts sont anéantis par quelques pièces de Shakespeare ou Molière. Et, la force extraordinaire de Shakespeare, est de déclarer le grand Siècle "nul et non avenu" sur le plan spirituel, avant même qu'il se soit déroulé. Littéralement, on peut dire que Shakespeare expédie le XVIIe siècle en enfer. Et, de fait, puisque l'enfer est ici-bas, l'art baroque peut être considéré comme un des plus beaux hymnes à Satan que l'Occident a inventé, après les cathédrales gothiques.

     

  • Contre Bernanos

    En réponse à Fodio, qui cite Bernanos sur son blog, sincère royaliste sans doute, mais étrange cependant dans une religion qui ne reconnaît de pouvoir royal que celui de dieu, ou celui du christ, qui a défendu à ses apôtres de l'appeler "maître". Etrange Bernanos, qui semble ignorer que le XVIIe siècle des rois tyranniques est marqué dans son propre pays du sceau de Satan.

    Bernanos citant le curé d'Ars : "Ce que je sais du péché, je l'ai appris de la bouche même des pécheurs."

    Ce que les disciples de Jésus-Christ savent du péché, il ne l'ont pas appris de l'homme, qui n'en sait rien de plus qu'Adam et Eve; ils l'ont appris de Moïse et de Dieu. Le pécheur, moi, vous, tout mortel, ne peut pas regarder le péché en face, car cela reviendrait à regarder la mort en face, et non dans un miroir comme la basse condition humaine l'impose. Sauf peut-être au seuil de se résigner à mourir, nul homme n'est capable sans l'aide de dieu et ses prophètes de voir le péché en face. On a tous besoin de sentir qu'on est quelque chose, et non pas un tas de molécules en combustion. La culture de vie des païens les plus terre-à-terre charrie le péché comme le torrent charrie les gouttes d'eau. Jésus-Christ est assassiné - il est haï par Nitche, pour avoir définitivement rendue caduque la culture de vie, et il ne faut pas beaucoup plus de lucidité que des suppôts de Satan comme Baudelaire ou Nitche pour reconnaître dans l'argent moderne le dernier souffle de vie du monde.

    Donc seule la parole de dieu, qui est son Esprit, permet de voir le péché en face sans être anéanti par cette vision. L'aspiration à la connaissance de la parole divine est l'aspiration à être pur et lavé du péché - avant d'atteindre cette pureté éternelle, à être secouru par une force contraire à celle soutenant l'homme ordinaire, qui est sa foi ou son espoir, plus ou moins puissante suivant la vertu de cette homme ou de cette femme. Les rois sont faibles, nous dit le prophète Shakespeare, car ils sont appuyés eux-mêmes sur une masse mouvante, et prête à les noyer à chaque instant.

    Autrement dit : l'apocalypse ou le péché. C'est tout le crime du clergé romain (que Bernanos ignore obstinément, condamnant l'intellectualisme sans voir la part immense des clercs dans la casuistique, jusqu'à faire du catholicisme une religion de philosophes), le crime du clergé de faire écran à l'apocalypse, et de contraindre ainsi l'humanité au péché; de restaurer la mort dans ses droits en même temps que le péché, dont le Messie des chrétiens a levé l'hypothèque, rendant toutes les choses nécessaires à sa survie, inutiles pour son salut.

    Le péché et la mort confèrent au clergé un pouvoir immense sur les hommes, en particulier les ignorants, exactement celui que la maladie et la mort confèrent aux médecins aujourd'hui, en un sens plus vrai, car plus concret que celui du clergé démodé, qui d'ailleurs s'incline désormais devant la médecine, vaincu sur un terrain où aucune parabole du Nouveau Testament ne l'incitait à s'aventurer, pataugeant dans la plus barboteuse thérapie de l'âme et les syllogismes kantiens de crétins patentés, docteurs de l'Université.

    Ce pouvoir immense sur les foules, il a été ôté au clergé par le Messie, s'affranchissant lui-même de la chair et du péché. Niant que dieu réclame à l'homme des sacrifices, quand il ne lui demande que de l'aimer, ce qui n'est pas un sacrifice mais une libération. Celui qui réclame des sacrifices, et procure en échange certaines récompenses plus ou moins illusoires, maintenant l'homme dans un cercle infernal de douleur et de plaisir, de labeur et de fruit de ce labeur, n'est autre que Satan. Et la confiance en lui est comme naturelle et spontanée. Elle l'est chez le paysan, plus encore que chez l'intellectuel, qui croit pouvoir rivaliser par ses propres oeuvres avec le diable. Satan et le monde vacillent de la concurrence que les intellectuels font à Satan.

    Confronté à la philosophie, le paysan a souvent le pressentiment que la métaphysique est une imposture, une pure casuistique, qui parle moins vrai que la nature. En quoi il n'a pas tort, le plus souvent, car la culture est toujours inférieure à la nature. Plus elle prétend surmonter la nature, plus la culture est amère et médiocre - au bout du compte il ne reste plus dans la vaste porcherie bourgeoise que la gastronomie à l'intérieur, et les missiles en direction des affamés à l'extérieur.

    Mais, de ce que la nature est toujours supérieure à la culture, il ne faut pas déduire que la métaphysique n'est que du vent. Que les intellectuels simiesques en sont les plus éloignés, ne prouve pas que les choses surnaturelles n'existent pas. Homère, Shakespeare qui trucide des intellectuels dans ses pièces, Molière, ou même Balzac, ne sont pas des intellectuels. Molière sait que la charité véritable est toujours une insulte pour les cacouacs.

    Bernanos, lui, est un intellectuel, qui reconnaît la vanité de l'intellectualisme. Mais c'est Shakespeare qui mène la bataille contre la race de fer, la plus vaniteuse de tous les temps.

     
  • Roméo+Juliette

    Le couple répond à des lois mathématiques. C'est ce qui explique l'ennui de cette formule du point de vue du sexe fort, et son succès dans les Républiques de marchands. Le couple gay est mieux adapté à des sociétés de soldats (pour les femmes qui se caressent entre elles, c'est encore l'activité féminine la moins dangereuse). Dans le mathématicien de sexe masculin -le type de l'hystérique-, cherchez la matrice. Dans cette corporation de balourds mal dégrossis, on est simplement incapable d'exprimer clairement ce que certains artistes sont capables de peindre avec dextérité. L'enseignement des mathématiques en France résulte d'une conjuration de bonnes femmes et de pédagogues, qui redoutent que les générations futures perdent de l'argent - eux qui l'ont jeté par les fenêtres ! La République française ne se connaît pas elle-même, cette vieille sorcière, sans quoi elle ferait fouetter en place publique les mathématiciens et les critiques de cinéma.

    Un pote musulman, que je cherche à détourner des lois morales en lui faisant comprendre que l'histoire ne repasse pas les plats, voudrait prendre femme, ce con. Seulement voilà, elles ne sont pas dignes de lui. Les Françaises sont des enfants gâtées, me dit-il, prêtes à emboucher le premier goulot qui passe. Surtout celles qui ont été élevées par les bonnes soeurs, je tiens à préciser, car il ne faut pas exagérer l'avidité des Françaises. Il en trouverait de bien élevées parmi celles qui ont été dressées par leurs pères, plutôt que leurs mères, mais je me garde bien de lui refiler ce tuyau. Les filles font les putains pour se venger du mépris de leurs pères, c'est un classique.

    Elles ne sont pas dignes de lui, signifie : elles ne valent pas sa mère, qui lui a inculqué une haute opinion de ses couilles, un vrai soldat. La solution, pour prévenir non seulement les abus sexuels des prêtres catholiques, mais aussi leur alcoolisme, que j'ai constaté personnellement plus fréquemment, chez des types un peu moins odieux, préférant l'autodestruction à celle d'autrui, n'est pas la psychanalyse (c'est au contraire le truc qui leur permet d'éviter de se faire pincer), mais de leur trancher les couilles au séminaire. Je prétends, moi, que les clercs catholiques se prosternent devant Satan. Si ce n'est pas le cas, qu'ils se tranchent les couilles, pour prouver leur bonne foi. Malheur à celui qui scandalise un enfant : Judas n'est pas allé aussi loin dans l'abomination.

    La confession, auprès d'un autre clerc catholique, forcément complice, ne change rien au scandale. Jésus-Christ ne couvre aucun péché du secret de la confession, qui relève entièrement de la mystification sociale, et correspond exactement au secret médical.

    Ce ne serait pas très français de ma part d'encourager mon pote musulman à prendre femme. Ce serait concourir à son affaiblissement. L'énergie de l'homme, sa vertu, s'épuise dans le mariage ou dans le couple en vain. Les mathématiciens sont des faibles d'esprit, qui croient seulement que deux et deux font quatre. Il ne faut pas plus se fier à leur jugement qu'à celui des aveugles sur ce qui est, dont ils ne connaissent que la surface. Plus encore que par les sens, les mathématiciens sont abusés par leur âme. Ils n'ont qu'un dieu, celui des surfaces réfléchissantes.


  • Le Possédé

    On annonce le décès d'un possédé, Daniel Darc, et on cite la victime : "Je ne fais pas du rock chrétien."

    Certainement le christianisme est le plus dissuasif de voir dans la musique une quelconque spiritualité. Cette idée funeste, révèle Shakespeare, est typique de l'élitisme ou bien des imbéciles (les soldats) qui vivent inconsciemment, sans se douter de rien.

    Je cite encore ce possédé, tatoué d'une croix (l'assimilation de Jésus-Christ à une victime est le fait de théologiens catholiques romains fornicateurs) : "J'irai au paradis, ayant vécu en enfer." Ce culte sado-masochiste de la récompense est, lui aussi, très éloigné du christianisme. La société exige le sacrifice du poète imbécile : Jésus-Christ, lui, exige le sacrifice de la société (il faut rendre à César ce qui est à César) qui, seul, permet l'amour, et d'échapper au destin.

    Le type Rimbaud ou Daniel Darc est aussi utile sur le plan social que le Christ est menaçant. Rimbaud est comme Pinocchio, une marionnette. Probablement le renoncement de Rimbaud à son art vient-il de la conscience du poète que la société a le don de manipuler les hommes, comme les mères leurs enfants.

  • Néant du Bonheur

    Pauvres générations humaines, je ne vois en vous qu'un néant !

    Quel est, quel est donc l'homme qui obtient plus de bonheur pour paraître heureux, puis cette apparence donnée, disparaître de l'horizon ?

    Ayant ton sort pour exemple, ton sort à toi, ô malheureux Oedipe, je ne puis juger heureux qui que ce soit parmi les hommes.

    Il avait été au plus haut. Il s'était rendu maître d'une fortune et d'un bonheur complets.

    Il avait détruit, ô Zeus, la devineresse aux serres aiguës. Il s'était dressé devant notre ville comme un rempart contre la mort.

    Et c'est ainsi, Oedipe, que tu avais été proclamé notre roi, que tu avais reçu les honneurs les plus hauts, que tu régnais sur la puissante Thèbes.

    Et maintenant qui pourrait être dit plus malheureux que toi ? Qui a subi désastres, misères plus atroces, dans un pareil revirement ?

    Sophocle

    L'apôtre du Christ ne s'appuie pas sur l'espoir. Il est seul, et la masse des hommes circule autour de lui, indifférente à ce qui ne traduit pas l'espoir.

  • Pourquoi Newtown ?

    Enfant, n'écoute pas la voix des édiles irresponsables. Ils savent pourquoi Newtown. Ils savent pertinemment, ces faces de singe égyptien, qu'on ne signe pas impunément le pacte national avec Satan, mais qu'il faut sacrifier sur le bûcher des vanités chaque année quelques milliers d'enfants.

    Le meilleur moyen de réduire un peuple en esclavage (plus encore que l'Allemagne nazie fut, les Etats-Unis d'Amérique sont asservis par eux-mêmes), est de le couper de la métaphysique. C'est ce que l'élite bourgeoise républicaine s'efforce de faire en France, assistée par les milices de l'Education nationale, mais avec moins de succès, étant donné l'effort de certains penseurs français pour émanciper spirituellement le peuple, dont les Etats-Unis n'ont jamais bénéficié.

    Couper les enfants ou le peuple de la métaphysique revient à peu près pour les élites à leur faire croire que les mathématiques ont un sens. Ne pas savoir pourquoi il fait les choses, voilà qui réduit l'enfant ou l'homme du peuple à une bête.

    Le seul moyen de se couper des élites qui vont en enfer, des petits enfants de choeur serviles du rockn'roll, est de faire la paix et la vérité. Car le rêve secret des élites est de se faire assassiner.