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Lapinos - Page 56

  • La Foi

    Pour un chrétien, le socialisme se confond avec ce truc ridicule qu'est la "foi" ou "l'espérance" ; et le doute, par conséquent, avec le pressentiment du socialiste d'avoir été berné par la nature -la sienne, sa mère, les femmes, toutes les choses naturelles.

    - Passant par la station Guy Môquet, je lis sur une méchante petite plaque d'acier un bout de la lettre-testament du jeune Guy : "(...) ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose." Je ne vais pas jeter la pierre au petit Guy : à son âge j'étais aussi con et socialiste que lui. Il y a la foi et le doute dans ce testament improvisé, car Guy se demande bien A QUELLE CHOSE sa mort pourra bien servir, comme l'agneau dont le loup s'est approché tout près, à l'aide d'arguments socialistes.

    Et je me demande bien aussi, moi qui suis chrétien et donc anarchiste, à quoi peut servir la mort des petits agneaux socialistes, qui se sacrifient ainsi pour l'art abstrait ?

    Guy Môquet, si tu avais pu voir à quoi ta mort a servi - des marchands d'arme cyniques se décernant le prix Nobel de la paix -, tu aurais sans doute beaucoup souffert. Sur ce point, Brassens a tort : mieux vaut mourir pour l'art abstrait brutalement, dans la fleur de l'âge, en croyant que ça va servir à quelque chose.

  • Théorie du plaisir

    On trouvera le maximum de plaisir sur cette terre dans des choses peu coûteuses.

    Ce peu de plaisir sera largement gâché par la douleur du plus grand nombre, malmenés par le destin, vieux salopard allié des curés jusqu'à la fin des temps. Même se sentir lâche est douloureux, et les hommes politiques évitent cette douleur en ne pensant à rien.

  • L'Europe négationniste

    C'est le sacre de Napoléon par lui-même que l'auto-satisfecit des technocrates européens, se remettant le prix Nobel, rappelle. Sans doute Napoléon était-il plus conscient de la portée anthropologique de son geste ; moins irresponsable, bien que, déjà, massivement meurtrier.

    La seule paix dont la technocratie européenne peut se prévaloir, c'est celle qui règne après les grands massacres humains : la paix des cimetières. De tels discours, propres aux benêts, sont faits pour entretenir l'espoir ; la politique se situe désormais au niveau du pantomime.

    Ne vous y fiez pas : Anders Breivik est l'Européen véritable de la fin des temps, le fils de l'Europe prédatrice et sournoise.

  • Requiem

    Il paraît que faire écouter le requiem de Mozart à des boeufs ou des veaux facilite leur abattage. Ils partent l'esprit tranquille. Ils ne sont pas les seuls à qui la musique fait cet effet.

  • Fils du Ciel

    "Pourquoi nul ne m'a enseigné à reconnaître les constellations et à me familiariser avec le ciel étoilé, qui surplombe ma tête et dont je ne connais cependant pas la moitié à ce jour ?"

    Thomas Carlyle

    - Etrange divertissement de la science, en effet.

  • Oublier le temps

    Un mathématicien franco-italien, Carlo Rovelli, vient de publier : "Il faut oublier le temps." J'ai eu l'occasion naguère lors d'un colloque scientifique d'exprimer mon doute à ce fonctionnaire de la science, quant au sérieux de la science universitaire contemporaine. Mon initiative venait de ce qu'il paraissait lui-même fort empêtré dans la théorie d'Einstein sur la relativité du temps, affectée par lui à travers la notion floue d'espace à la matière elle-même.

    - Dialogue impossible avec le représentant d'une science technocratique, qui ne conçoit pas, ou mal, la convergence de la science, de l'art et de la théologie, de sorte qu'ils se reflètent toujours à travers les âges, d'une manière plus ou moins aisée à distinguer. L'art, la science et la théologie de l'Egypte antique, civilisation la plus pure, se répondent ainsi parfaitement.

    L'esprit français quant à lui, moins religieux et plus concret que celui des autres peuples, conçoit mal qu'une science qui repose sur le langage et des concepts mathématiques absents dans la nature, se proclame "expérimentale". On voit d'ailleurs que la haute définition du langage algébrique s'accommode du flou le plus complet sur des notions telles que l'espace ou l'infini, vocables sous lesquels chacun peut pratiquement placer ce qu'il entend.

    La science est un enjeu théologique majeur, et vice-versa. Y compris aujourd'hui, dans la mesure où la technocratie sous l'empire desquelles nous évoluons, se doublent d'une sorte de culte ou de religion qu'on peut qualifier de prométhéenne. En quelque sorte le feu nucléaire inspire un respect analogue à celui que le fleuve amazone a pu inspirer à telle ou telle tribu riveraine. Etc.

    Comme l'art égyptien reflète la géométrie et la science égyptienne, je fais remarquer que les mathématiques modernes trouvent un écho dans l'art du divertissement où la culture nord-américaine brille. Seul un ignorant pourra contester le rapport étroit entre la religion et le divertissement. Toutes les religions païennes l'ont soigneusement prévu et organisé comme soupape à la contrainte de l'ordre social. Il est parfaitement juste de la part de l'historien Marx, relayé par Orwell dans le même sens, d'indiquer le caractère éminement religieux du monde moderne technocratique, c'est-à-dire son inclination pour la vertu et le mode de raisonnement virtuel.

    L'application la plus courante qu'on puisse rencontrer du voyage dans le temps est le cinéma, qui fait éprouver à ses adeptes un tel phénomène virtuel. "Il faut oublier le temps." : une telle proposition, dans le domaine artistique, entraîne l'artiste à reléguer le cinéma au niveau de la musique, c'est-à-dire du divertissement religieux ou culturel, sans grand intérêt par conséquent pour élever l'humanité au-dessus de la bêtise animale qui est son penchant alternatif. Autant dire que pour un savant/théologien/artiste juif ou chrétien, le mélange de cinéma et d'humanisme passe nécessairement pour une grossière plaisanterie. Autant laisser faire l'art par des ordinateurs, si vous voyez ce que je veux dire, et s'en remettre à eux pour libérer l'homme de la condition humaine. Il faut dire ici à quel point l'éthique moderne est propice à la fainéantise, et j'ai toujours vu depuis ma plus tendre enfance le cinéma fréquenté par des branleurs à la recherche du temps perdu. A partir de là, ça détermine forcément une économie fondée sur l'exploitation d'autrui : je veux dire lorsque pour le profit de divertissements assez médiocres, il faut dépenser des millions, conséquemment des esclaves doivent turbiner en parallèle toute la journée avec la devise : "Le travail rend libre." placardée au-dessus de leur tête. Des concepts frauduleux et perturbateurs de l'intelligence humaine, comme la "propriété intellectuelle", en découlent aussi.

    Très nombreux sont les artistes dans l'histoire qui, contrairement aux prêtres fainéants, se proposent par conséquent de ne pas tenir compte du temps et de ses effets dans leur art. Pensez que, sans ça, on n'aurait que des artistes académiques ou modernes (l'académisme est toujours ce qui paraît le plus moderne sur le moment). Shakespeare, qui tient compte du temps suivant l'observation que celui-ci exerce une contrainte majeure sur le progrès et l'imagination ("L'art est long, la vie est courte"), ne voyage pas dans le temps jusqu'à nous. La réalité est autre : Shakespeare se maintient en relation avec nous du fait de son propos universel, par conséquent hors du temps et des dogmes religieux. Shakespeare n'est pas menacé par la ruine, et dévalue ainsi les civilisations les plus orgueilleuses, dont la jalousie viscérale fait d'ailleurs qu'elles ont tenté d'effacer ses oeuvres.

    Sur le plan scientifique, "oublier le temps" revient à extraire la science de la fonction technocratique et religieuse qui lui est assignée. La science ne peut être "consciente", et non irresponsable comme la polytechnique, disculpée par la propagande et l'éducation civique scientifique de tous ses crimes abominables, "consciente" selon le voeu des humanistes, que sur le plan individuel. Il n'y a aucun dommage à rejeter le mobile technocratique, et à mépriser des tocards arrogants qui, à coups de milliards, ne parviennent même pas à atteindre le but limité que les arts libéraux ne peuvent dépasser : la jouissance paisible du plus grand nombre, et un équilibre relatif, point de départ et non terminus de la science véritable. Toute la difficulté est de ramener à une moindre lâcheté l'Occident, qui s'est exposé lui-même par la gabegie de ses élites à un mauvais film terrifiant : le reflet de sa bêtise, l'insondable connerie qui consiste à se rassurer à l'aide de systèmes providentiels, qui sont la première cause de la tragédie humaine. 

  • L'Hypothèse

    Si j'avais été Pascal, les grands espaces sidéraux ne m'auraient pas inquiété, mais bien plutôt ce cloaque que fut le XVIIe siècle des chrétiens esclavagistes. Je me serais demandé comment m'extirper d'une telle merde ? Par comparaison, La Bruyère est un logicien brillant (bien que faux sur le point de l'âme).

    Si Blaise Pascal plaît tant aux demoiselles et aux banquiers, c'est parce qu'il divague à 200%, comme toute la clique janséniste. En dehors des mathématiques modernes, je ne connais pas de discours plus débile que le jansénisme. Les deux sont sans doute liés, c'est-à-dire l'altération de la géométrie sérieuse des Egyptiens, jusqu'à donner l'architecture moderne, qui craque à la moindre secousse. Si la valeur d'une civilisation se mesure au niveau de ses architectes, je ne donne pas cher des gratte-ciel de New York.

    Surtout n'écoutez pas le genre d'abruti, dont les universités sont pleines, qui dit aimer Pascal ET Molière, Descartes ET Bacon, Montesquieu ET la démocratie : ils les ignorent et méprisent tous.

     

  • Au stade totalitaire

    Les peuples heureux n'ont pas d'histoire. Quant aux régimes totalitaires socialistes, ils ne peuvent poser l'axe ou le décret du bonheur, sans étouffer par ailleurs l'histoire. La foi dans la démocratie traduit exactement le même négationnisme de l'histoire et la même crédulité que la croyance dans la monarchie de droit divin auparavant.

    Le droit monarchique, essentiellement égyptien et déjà battu en brèche plusieurs siècles avant l'ère chrétienne par la philosophie grecque ou juive, est au demeurant plus rationnel que la foi dans la démocratie. On peut dire de la doctrine satanique de Joseph de Maistre, à la fois qu'elle a été rendue caduque par le mode d'organisation bourgeois, et en même temps qu'elle sacrifie moins la science sur l'autel de la piété religieuse.

    Un historien juif ou chrétien observera immédiatement que la démocratie n'est pas dans la nature, d'une part, contrairement au système d'oppression pyramidal des pharaons, et d'autre part que l'homme, sur le plan de l'organisation morale et politique, n'a jamais fait mieux qu'imiter la nature. On ne peut donc reprocher à l'élite libérale de ne pas appliquer la démocratie et de se contenter de la faire miroiter, puisqu'elle est physiquement inconséquente. A la violence physique de la tyrannie égyptienne (oedipienne), la bourgeoisie libérale a substitué la manipulation des esprits mieux adaptée, et un onirisme encore plus débridé et irrationnel que celui de la religion géométrique égyptienne.

    Pratiquement, si la foi dans la démocratie ou le socialisme est étrangère à la pensée française, c'est à cause de l'attachement de celle-ci à l'histoire. Le meilleur de la pensée française se résume à une défense de l'histoire, notamment contre la philosophie morale et le culte du droit germanique, très loin de se réduire à l'hitlérisme. Les rares tenants français de la monarchie ou de la démocratie, d'autant plus démoniaques qu'ils ont la prétention d'appuyer leur doctrine sur les évangiles, partagent la caractéristique d'ignorer complètement l'histoire et l'enlisement des civilisations, l'une après l'autre, dans les spéculations juridiques et la quête du bonheur de philosophes-parasites.

    L'épicurisme, dit Marx, est un signe de déclin de la philosophie grecque ; chez un crétin moderne comme Nitche, il relève de l'ignorance que la puissance économique occidentale repose largement sur la frustration des masses ; au stade industriel, c'est évident, mais encore au stade de l'économie des vieillards occidentaux, qui consiste essentiellement à procurer à la production industrielle une plus-value et une dimension mystique ; cela passe par le viol des consciences des générations les plus jeunes ou les moins aptes à résister au réflexe sentimental, inculqué en lieu et place de l'esprit critique.

    Anders Breivik est un artiste contemporain, c'est-à-dire une victime de la société qui l'a façonné tel qu'il est, c'est-à-dire amoureux d'une vieille peau -la civilisation occidentale- ménopausée depuis longtemps.

    J'entendais récemment une brave apôtre de l'éthique républicaine s'apitoyer sur la tendance des jeunes Français à l'autodestruction. Elle résulte d'un calcul des élites de ce pays, qui ont intérêt à une morale sado-masochiste.

  • Le sacrifice de Roméo

    Un lecteur s'inquiète de ma santé mentale. Mais la passion ne me menace guère, et je m'efforce de détourner autant que possible de la passion amoureuse quiconque en est affecté pour son propre malheur.

    L'imbécillité de Roméo et Juliette porte l'estampille de la caste bourgeoise à laquelle nos deux pigeons appartiennent, et Shakespeare a voulu montrer dans cette pièce comme d'autres la mécanique de la bestialité occidentale.

    Derrière les milliards de tonnes de chair incendiées par la bourgeoisie occidentale, on retrouve toujours les mêmes ficelles qui mènent Roméo à l'assassinat et au suicide.

    L'ignominie particulière de l'Occident moderne se rencontre d'abord dans son clergé, dont la fourberie et la corruption excèdent celles de toutes les autres civilisations (le clergé, c'est-à-dire le prêtre, mais aussi le poète ou le philosophe, dernièrement le publicitaire l'emportant sur les autres).

    La folie est d'ailleurs la marque particulière du milieu démocrate-chrétien dans lequel j'ai été élevé, et dont je n'ai cessé de m'éloigner, en raison de sa coïncidence presque parfaite avec le néant et la mort.

  • Des Nouvelles de Satan

    Il faut, pour comprendre Satan, étudier la science physique. Sauf les médiocres moralistes allemands des XIXe et XXe siècles, retournés au byzantinisme médiéval et auxquels les Français réservent le mépris dû aux philosophes régionalistes, tout le monde est conscient que la "science physique", d'une part, et la "métaphysique" de l'autre, définissent deux ordres divins opposés ou contradictoires.

    - Plus simplement : ou bien vous êtes païen, suivant la formule égyptienne probablement la plus pure du droit naturel ou physique, et dans ce cas la métaphysique est dans le prolongement du plan physique, l'"au-delà" pratiquement fait pour stimuler la volonté (cela implique par ailleurs une conception du cosmos teintée de vitalisme : l'univers est, à l'image des espèces vivantes, en perpétuelle mutation). Ou bien vous êtes juif ou chrétien, et dans ce cas la métaphysique est un mode de pensée qui s'élève contre la physique. Le païen se résout à la condition humaine, et cherche dans la culture un baume apaisant contre le caractère inexorable de la condition humaine. Le chrétien, au contraire, se rebelle contre la condition humaine, et n'évite pas par tous les moyens de divertissement de regarder la mort en face.

    - En résumé, les chrétiens (je ne parle pas d'un imposteur comme Benoît XVI, qui se réfère constamment à une philosophie allemande totalement extérieure au christianisme, athée, et qui correspond au plus bas niveau jamais atteint par la philosophie européenne), les chrétiens ne se privent pas d'étudier la détermination macabre de l'existence humaine. Celle-ci l'est au point qu'il n'y a de "personnalité morale" possible, au sens juridique, sans cet effroi de la mort. Qu'il s'agisse du fantôme de l'Etat, où des personnes qui cultivent leur identité ainsi que les fantômes font.

    Comme dit Hamlet, pour résumer l'état d'esprit du Danemark/Occident antichrétien : fuyant la mort, il se précipite au-devant d'elle. C'est une définition de l'âme d'un terroriste, ici, que Shakespeare prête à la pensée humaine incapable de s'élever au-dessus de l'éthique.

    Il convient dans l'Egypte antique, comme dans tous les régimes totalitaires qui en reprennent le schéma, d'encourager cette peur, afin de consolider l'architecture sociale et politique. C'est le problème que pose le christianisme authentique de saint Paul ou Shakespeare dans toute société : l'évangile chrétien désacralise la mort - en cela il est fondamentalement antisocial. La société n'a de valeur qu'aux yeux des lâches, dit le christianisme. Dès lors qu'un soi-disant théologien chrétien prétend concilier le christianisme avec une doctrine sociale, vous pouvez être sûr que c'est un menteur et un traître de la pire espèce - la plus dangereuse pour l'humanité. Shakespeare a tout dit sur le "modus operandi" d'un tel type de traître, et que sa fonction est requise par l'élitisme politique. Sans aucun doute c'est à un tel subterfuge démoniaque, sous le masque chrétien, que Molière réagit. Un étranger à l'Occident n'y comprendra jamais rien, tant qu'il ne comprendra pas que l'Occident est le terrain d'une lutte à l'intérieur du christianisme, entre des chrétiens aussi éloignés que Molière l'est de Richelieu.

    Dire que Satan est un personnage de premier plan dans l'art et la littérature française (si l'on ne fait pas cas du roman bourgeois, qui n'a aucune espèce d'intérêt scientifique), cela revient à dire que l'art français adopte une position critique vis-à-vis de la condition humaine. L'absence de discours critique vis-à-vis de la condition humaine n'est que bavardage religieux.

  • Art et peuple

    Le plus dur en art, c'est le réalisme. Personne n'y a intérêt. Personne n'a intérêt comme Marx l'a fait, à s'exposer à la haine de la bourgeoisie industrielle occidentale et son système d'exploitation infernal. Il l'a payé assez cher, et potentiellement il aurait pu le payer encore plus cher. Le désir des nations de s'égorger les unes les autres lui a en partie facilité la vie, et l'Angleterre puisqu'elle est à ce jeu-là passée maîtresse. L'Angleterre tue comme les femmes ou les députés tuent : en ayant l'air de ne pas y toucher. Il y aura toujours un crétin de baderne, un général débile mental, pour endosser la responsabilité.

    Mieux vaut la culture, cette vaseline faite pour se persuader que le monde n'est pas l'enfer. Mieux vaut passer son temps à la quadrature du cercle, comme Blaise Pascal, ou au cinématographe, comme le premier connard venu, qui a un peu d'entregent.

    C'est cette dureté qui explique que le peuple soit plus près de l'art. En haut de la pyramide, on trempe sa biscotte dans le thé, et on plaide pendant des centaines de page pour faire croire que ce n'est pas de la limonade.

  • L'Amour nulle part

    L'amour, il n'y a pas de matière plus rare ; l'amour, il n'y a rien de plus difficile. Tenez, moi, dans ma vie, ai-je été aimé ? Par qui ? Ma mère ? Je ne suis pas sûr que mes paroles aient jamais franchi le pare-brise de ma mère, qui comme toutes les femmes ressemble à une voiture, et demande à être traitée comme elle : avec tout le tact qu'un propriétaire galant doit à ses objets de prédilection. Vous cherchez un pigeon, mademoiselle : observez bien le comportement de votre cible avec les voitures. S'il file des coups de pied dedans aux voitures ou leur pisse dessus la nuit comme moi, passez votre chemin. C'est le b.a.-ba de la relation sentimentale moderne.

    Et, pour ma part, ai-je aimé ? La camaraderie de l'enfance, ça c'était un truc plutôt sympathique - j'ai plein de bons souvenirs, mais... nous étions trop stupides. Je l'étais, vous l'étiez, chers camarades, et ne m'en veuillez pas si je ne suis pas resté le même. Le monde incite à ça, à consolider sa stupidité, de plus en plus, jusqu'au trépas. Les histoires de couple finissent moches en général. Toute la mystique sado-maso n'y change rien : moche ET ridicule, voilà ce que ça donne.

    J'ai plutôt cherché à aimer des hommes, ça se comprend, à cause de mon attrait naturel pour les femmes, qui représente un obstacle supplémentaire ; c'est déjà assez le supermarché comme ça -non ?- pour pas s'enfoncer encore plus dans le commerce. Curé ? Non, ce sont des toubibs. A une clientèle pas très éloignée de graves perturbations mentales (d'où l'extraordinaire besoin de sectes aux Etats-Unis), ils dispensent des conseils plus ou moins avisés, à des femmes qui n'en ont pas besoin, puisqu'elles en ont l'instinct inné. La faiblesse des féministes, par rapport aux autres femmes, c'est de se couper de la nature, puisque c'est de ce lien que les femmes tirent leur force spéciale.

    Je ne pige pas comment je peux avoir un père aussi féministe !? Oui, d'accord, sans les femmes la société se casse la gueule, mais on s'en fout de la société, puisqu'on est des hommes et pas des curés bretons ou auvergnats, complices des femmes.

    Et puis la société d'aujourd'hui, bon... elle n'est pas de toute première fraîcheur ; c'est pas comme si elle sentait la rose. Il faut vraiment être pédé aujourd'hui, je crois, pour avoir du respect pour la société, comme une vieille mère-pute, ou je ne sais trop quoi de vaguement coercitif : le PS ? la femme de de Gaulle ? Les pédés ils ne couchent pas avec les femmes, alors c'est un peu facile leur carnaval.

    Il te faut quoi, dix, douze ans de vie aujourd'hui pour découvrir le noir purin dans lequel on se traîne ? 

    Les trente-six nuances de gris de la boue de Paris, selon Alphonse Allais, correspondent bien au maquillage de la vieille peau de chagrin rétrécie. "La communauté réduite aux caquets", dit l'autre anarchiste.

    Et donc l'amour est si rare aujourd'hui, en dehors de l'amour de dieu ; aussi rare que la liberté. Il faut pratiquement aller la chercher directement dans les étoiles, la liberté, aujourd'hui. Si elle était "air", nous serions tous crevés depuis longtemps. Combien de temps ils vont pouvoir continuer de feindre comme ça ? Leur histoire va très mal se terminer à tous ces cons.

  • Arcturus

    L'histoire de l'humanité s'achève à l'Occident, aussi Hamlet s'adresse-t-il à l'Esprit, son père, en direction d'une région bien précise de la voûte étoilée, comprenant Cassiopée, le Bouvier, les Pléiades, non loin des grande et petite Ourses et de la queue du dragon. La mythologie chrétienne selon Shakespeare est reliée au ciel, comme celle des anciens.

    - Chacun sait que la naissance du Messie coïncide avec l'apparition d'une étoile, qui guida des savants arcturus,hamlet,bouvier,shakespeare,job,saint paul,polonius,copernic,mazzarothétrangers au peuple hébreu jusqu'à Bethléem, en Judée. L'avènement du Christ de la fin des temps est lié lui aussi à un astre. Celui-ci est, dans la prophétie chrétienne, le cavalier monté sur un cheval blanc, revêtu d'un manteau teint de sang, qui dans certains contes chrétiens populaires, vient sauver l'Eglise des saints et martyrs fidèles et justes des griffes d'une mauvaise reine. Cette représentation de l'Esprit  divin et de sa parole comme un cavalier armé d'une épée ("Je suis venu apporter le glaive.", dit Jésus), n'a pas un sens moral ; la justice et la morale des hommes est, quant à elle, figurée par un cavalier noir néfaste. Les calamités de l'humanité, dit l'apocalypse, l'humanité s'y expose en s'éloignant de la vérité.

    De la bouche de ce cavalier, dont personne ne connaît le nom, si ce n'est lui-même, sort une épée pointue pour frapper les nations - les confondre, comme Hamlet confondit tous les protagonistes du royaume de Danemark.

    Avant que Polonius-Copernic ne brouille le ciel avec ses calculs de trajectoires, l'apparition d'une nouvelle étoile était un événement considérable dans la communauté des savants chrétiens. Telle la survenue de l'étoile "supernova", dite de Tycho Brahé, dans la constellation de Cassiopée, que l'astronome danois observa du château où Shakespeare a installé son propre conte, puisque les astres sont comme des dieux ou des messagers.

    La bible est émaillée de référence à l'astrologie - les prophètes en particulier. "Est-ce toi, demande dieu à Job, qui fais lever les constellations (mazzaroth) en leur temps, qui conduit Arcturus et ses fils ? Connais-tu les lois du ciel ?"

    "Il y a une gloire pour le soleil, et une autre pour la lune, et encore une autre pour les étoiles ; chaque étoile diffère en gloire d'une autre.", précise saint Paul.

    A celui qui gardera les oeuvres de dieu intactes, et vaincra, le cavalier blanc, agissant au nom de dieu, donnera "l'étoile du matin". "Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux sept Eglises". La précision est ailleurs d'une ressemblance de l'étoile avec l'astre solaire, vénéré par les anciens Egyptiens. D'autres éléments convergent encore vers Arcturus, "chasseur à l'affût de l'ours", l'étoile la plus brillante du ciel boréal (encore appelée Alpha Boötis) ; on la trouve dans le prolongement du timon de la grande ourse (queue de la grande casserole).arcturus,hamlet,bouvier,shakespeare,job,saint paul,polonius,copernic,mazzaroth

    Et ces événements se produiront, la tribulation des chrétiens fidèles prendra fin, quand l'espoir du salut aura été perdu, et que la plupart des hommes auront été séduits par les nations, puisant dans l'énergie solaire toute leur puissance et leurs miracles trompeurs.

     

     

     

     

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  • Terrorisme

    Si les citoyens d'un Etat totalitaire ne sont pas animés par la peur, alors le caractère sacré de cet Etat est menacé.

    Le regret, de la part de Napoléon ou F. Nitche ou G. Steiner, de la mort du dieu païen qui, selon eux (c'est assez largement inexact car circonscrit à l'empire romain), consolidait les élites dirigeantes et nimbait leur pouvoir politique et moral d'une aura mystique, ce regret traduit leur inconscience du totalitarisme, et ce dans le cas de Napoléon, bien qu'il soit le symbole de cette évolution. Il est vrai que quelques pièces de théâtre de Molière ont suffi à résoudre le XVIIe siècle à un carnaval judéo-chrétien répugnant. Et c'est bien sûr dans le culte solaire de Versailles, bien avant Hitler, qu'il faut voir l'accomplissement de la prophétie de Shakespeare d'un Occident instrumentalisé par Satan.

    Shakespeare parle de Satan de façon symbolique, tandis que Francis Bacon Verulam l'aborde sous l'angle "laïc", si on peut dire, de la science physique. Shakespeare fourni d'ailleurs intentionnellement à la Renaissance son trait de caractère : au lieu de craindre Satan et de reculer devant lui comme le moyen âge, l'humanisme de la Renaissance ne craint pas d'affronter Satan. Bien sûr l'Angleterre de Shakespeare est déjà une technocratie, avec tout ce que ça comporte d'assujetissement aux forces naturelles : donc Shakespeare allie, comme Hamlet, la prudence du serpent à la simplicité de la colombe. Mais les rapprochements entre la science technique et Satan, dans l'oeuvre de Shakespeare ou celle de Bacon, sont nombreux. Shakespeare s'abstient lui-même, contrairement à Luther, du jugement moral, sachant celui-ci satanique et fait pour diviser. C'est aussi la raison pour laquelle Shakespeare échappe au drame bourgeois, dans lequel tout est justification ou presque, et reste ainsi au niveau de la culture, c'est-à-dire des pâquerettes.

    L'emprise de la médecine psychanalytique est tel aujourd'hui qu'il permet de maintenir le citoyen dans un état de psychose, sous couvert de lui prodiguer des soins. Ceux qui démentent que la médecine psychanalytique soit d'abord une religion (Carl Jung le suggère lui-même assez nettement), devraient s'efforcer d'abord de démontrer que la religion ne soigne pas elle-même - qu'elle n'est pas un opium bienfaisant pour les lâches, comme disent les athées mal informés de ce que dieu échappe très largement au domaine religieux.

    La psychanalyse n'est pas seule responsable, mais cette religion allemande fait largement obstacle à l'esprit scientifique et à l'humanisme français, plus disposé à se moquer de la médecine qu'à se prosterner devant le sorcier du village et ses formules magiques : à juste titre.

    Les chrétiens et les juifs responsables, non pas comme l'évêque actuel insensé de Rome, possédé par une philosophie qui n'a rien de chrétien, devraient s'interroger sur la pénétration d'une telle médecine, ourdie par un ennemi des prophètes juifs (Freud), et la tentative de fonder un syncrétisme entre le paganisme et le christianisme (C. Jung), sans fondement scientifique, et alors même que ce syncrétisme-là contient la formule de l'extrême violence génocidaire de la technocratie occidentale. A vrai dire il n'est autre qu'un chien, le chrétien qui tente d'adjoindre quelque doctrine romaine élitiste à un christianisme dont le "Seigneur et maître" s'est clairement fait le serviteur des plus faibles, à l'opposé de ce cortège de mitres et de crosses indécent.

    La médecine psychanalytique s'avère incapable, en général, de lutter contre les symptômes de la folie génocidaire d'un type dans le genre d'Anders Breivik, dont le comportement traduit l'effet d'un culte identitaire, c'est-à-dire d'un dévouement extrême à une personnalité morale (des oeuvres d'art abstraits tel que "l'Etat danois", ou encore "L'Occident"). La preuve, c'est que c'est aux Etats-Unis que le  culte identitaire est le plus répandu, en même temps que la considération de la psychanalyse comme une science est la plus grande.

    Bien sûr la psychanalyse dans le clergé romain n'est pas le moyen de réfréner ses abus sexuels ; le décret d'annulation des pouvoirs spirituels du clergé romain serait beaucoup plus efficace, puisque cette notion est mensongère, et que la notion de pouvoir spirituel est empruntée à la magie ou à la médecine, et rend la manipulation plus aisée : l'enseigne. D'avoir fait des clercs romains les médecins de l'âme, c'est cela même qui les a rendus dangereux.

    La peur est l'état d'esprit significatif de l'homme sentimental. Si l'homme moderne est incité à l'impuissance et au sentimentalisme, à l'image de sa congénère, c'est essentiellement pour des raisons économiques et mercantiles. Ce prêche moral revient à tenter de faire de tous les hommes des militaires ou des militants, car c'est à ce niveau de courage que se situe la femme ordinairement, du courage social.

    Contrairement à l'humanisme véritable, qui traduit le penchant érotique de la pensée comme la marque d'une défaillance de celle-ci (tant pis pour les marchands du temple, qui se voient ainsi privés de leur trafic offrandes), la religion psychanalytique rétablit l'érotisme dans ses droits. Jung décrète que la pensée doit être érotique pour être forte, ce qui revient à faire du marquis de Sade un penseur. Shakespeare au contraire montre que l'assimilation de la pensée humaine à la volonté répond seulement au besoin d'un capitaine d'infanterie ou d'un chef de rayon surgelés.

    La médecine moderne contribue ainsi à plonger les citoyens des Etats totalitaires plus profondément dans un état d'inconscience dangereux. Sans "inconscient collectif", il n'y a pas de guerres mondiales, il n'y a pas de charniers. Seul l'individualisme est véritablement pacifique. Le mercantilisme libéral est plus dangereux encore que le nazisme, qui requiert à peine moins les sentiments et la musique.


  • Journée de la Femme

    - Entre le viol et la pornographie, il y a une différence juridique ; en réalité il n'y en a pas (l'abus de pouvoir est dans les deux cas). Bien évidemment, l'intimité sexuelle en général est un domaine où la liberté est presque entièrement théorique, inventée de toutes pièces par la philosophie libérale, d'une manière qui relève, elle, du viol de la conscience. Il n'y pas plus de liberté dans le domaine de la sexualité, qu'il n'y en a en biologie.

    - La pornographie acquiert le caractère légal que le viol n'a pas, en raison du profit économique de la pornographie. Pour la même raison, pragmatique, l'instinct bestial du soldat est ratifié par les magistrats. La société transforme en courage la lâcheté (c'est ici le problème de l'avilissement des enfants par la société, et pourquoi les anarchistes ne veulent pas s'y mêler, contrairement au nazisme qui incite à "se salir les mains") ; le besoin de soldats et le besoin de prostituées ne sont que deux branches de la même "holding". S'il y a un viol répugnant et scandaleux, c'est celui commis par la société. De sorte que le consentement à la société est un consentement au viol ; nul n'est innocent. Les magistrats sont là pour faire croire au peuple que si. C'est un métier abominable, et on comprend que l'apocalypse chrétienne fasse de la justice des hommes un des trois fléaux majeurs. Probablement le magistrat juif ou le magistrat chrétien, est le plus susceptible d'être frappé d'aliénation ; de l'état d'aliénation décrit dans la littérature apocalyptique de Shakespeare à propos des rois d'Angleterre, et du "droit chrétien", le plus chimérique de tous les temps, auquel leur conscience était enchaînée.

    Je crois, pour peu qu'on prenne l'humanisme un peu au sérieux, et non comme un moyen de se payer la tête du peuple, comme les philosophes-animateurs de télé, qu'on pourra observer que dans les "démocraties libérales", toutes les formes d'esclavage passent par ce genre de tour de passe-passe juridique. Le code civil est d'abord fait pour blanchir un certain type de crimes.

    Le jour où les putes sont devenues des "travailleuses du sexe", les maquereaux sont devenus des humanistes et des poètes.

    L'excécration du libéralisme et des chiens qui le prônent -des chiens juifs et des chiens chrétiens surtout-, n'est pas le puritanisme. C'est au contraire entre les puritains et les libertins qu'existe un pacte. Cette excécration est le refus qu'un homme libre opposera à l'inconscient et à la puissance hypnotique de la société, particulièrement efficace sur les femmes, dont le penchant naturel est d'accorder une valeur mystique au droit ; tandis que plus souvent pour un homme (cf. Karl Marx), le droit n'est qu'un garde-fou qu'il est nécessaire de franchir pour voir les choses telles qu'elles sont, et non telles que le clergé ou les magistrats disent qu'elles sont.

  • Contre la psychanalyse

    Contre la tentative de Carl Jung de concilier psychanalyse et humanisme judéo-chrétien pour fonder une sorte de syncrétisme moderne (essai sur lequel la théologie des derniers évêques de Rome est bêtement recopiée), je voudrais rappeler une évidence chrétienne (à laquelle Jung fait seulement allusion, pour mieux l'enterrer) : la détermination au péché et à la mort est "inconsciente" ou "religieuse" : la Genèse des juifs ne place pas inutilement la force vitale à côté du tentateur, ni les Grecs le feu entre les mains du titan Prométhée.

    Au contraire, selon les apôtres chrétiens véritables, au premier rang desquels saint Paul et Shakespeare, le combat contre la mort et le péché est celui de la "science consciente". Au contraire de ce que prétendent des thaumaturges imbéciles, encore plus néfastes que Freud et Jung : de tout ce que l'homme, sous l'effet de l'inconscience, de la religion ou de l'opium, est capable, l'homme conscient le peut aussi. Simplement comme toute potion ou comme tout remède, tout alcool, au-delà de la dose nécessaire, l'inconscient est un pur poison.

    Ainsi l'inconscient et l'éthique pure, vidés du sens pratique qu'ils possédaient dans les religions païennes, sont d'une valeur spirituelle nulle et non avenue. Heidegger et ses disciples ne sont que de vieilles grenouilles de bénitier qui marmottent des prières pour se rassurer. 

    Damnés seront les hommes qui auront incité leurs semblables à la folie, au seul prétexte de leur propre vanité et faiblesse, et plus encore s'ils se disent chrétiens ou juifs que s'ils avouent, comme Nitche, leur haine de Jésus-Christ ou de ses apôtres. Ils les méprisent encore plus que moi, ceux qui dissimulent que Einstein ou Freud ont renié le dieu des juifs. Ils fabriquent de l'opium pur, et l'injectent directement dans les veines du peuple, ceux-là même qui ont l'audace de se récrier contre la folie du peuple et sa violence sanguinaire, dès lors qu'ils ne sont plus capables de la canaliser. A qui barre la route de l'homme vers la vérité et la sagesse, dieu et ses saints réservent leur colère.

  • Aux captifs...

    ...la libération.

    Encore faut-il éprouver l'enfermement et le poids des chaînes sociales, tel Hamlet au Danemark. Eprouver que dire "le lien social", c'est blanchir l'argent ; éprouver que l'argent est la traduction concrète du "lien social".

    S'il y a un esprit français, divergent de ce que leurs élites ploutocratiques voudraient qu'il soit (allemand), il est bien là, dans le mécontentement de la vie. Les Français sont le peuple le moins existentialiste de la terre, c'est-à-dire le moins socialiste, le moins clérical, puisque la foi est toujours faite pour donner un sens à l'existence, qui en soi en est dépourvue.

    Tous les penseurs existentialistes ont trempé ou trempent dans le crime de l'humanité contre elle-même, et c'est un scandale qu'ils continuent d'être enseignés en France, comparable aux méthodes de séduction des pédophiles. L'Education nationale, humaniste ? C'est un repaire de pharisiens, occupés à araser le plus possible l'esprit de résistance humaniste, dissuasif du civisme, qui n'a jamais engendré que les pires catastrophes.

    Vous voulez des noms ? Rabelais, Molière, Balzac, Bloy, Allais, Céline, Bernanos, Simone Weil... la liste est longue des artistes français dissuasifs de caresser la monstrueuse mécanique sociale dans le sens du poil. Tous empruntent la voie ouverte au milieu des factieux par l'épée de Shakespeare, et le malheur des derniers cités de cette liste vient de ne pas avoir reconnu assez l'appui que Shakespeare fournit à la pensée. Sauver Shakespeare des griffes du Grand Siècle satanique est la meilleure action que les Lumières françaises ont accompli, mais l'effort du clergé n'a pas cessé depuis pour faire en sorte de priver Shakespeare de son sens véritable. 

    Entendu que l'esprit du paganisme le plus terre-à-terre est celui de la médecine, on comprend que les thaumaturges ou les utopistes réformateurs de la société ne comprennent rien à Hamlet ou le vilipendent. Hamlet a la pointe de son épée posée fermement sur le garrot du destin. Il ne reste plus qu'à appuyer.

  • Sagesse et immortalité

    Toute pensée s'élève contre la mort, tout désir s'y plie ; voici ce que dit le grand roi Salomon, que Francis Bacon, alias Shakespeare, prit en exemple :

    "Méditant ces pensées en moi-même, et réfléchissant en mon coeur que l'immortalité est le fruit de l'union avec la sagesse, qu'il y a dans son amitié une noble jouissance, et dans les oeuvres de ses mains des richesses inépuisables, qu'on acquiert la prudence avec elle, et la gloire à prendre part à sa conversation : j'allai de tous côtés, cherchant le moyen de l'avoir avec moi."

    Sagesse, chap. IX, 17.

  • Art et Peuple

    - L'homme du peuple doit se demander en quoi l'argent lui-même n'est pas un art abstrait, comme le cinéma ou la photographie ? Et, de fait, l'argent est pure fiction, provoquant l'émotion et les sentiments. Mme Bovary n'est pas une bourgeoise sentimentale : elle est sentimentale parce qu'elle est bourgeoise.

    L'argent est parfaitement classique sur le plan artistique. C'est la même recette. Brûler un billet de banque ou un Rothko, c'est la même chose : même pisser sur un Duchamp est interdit par le régime nazi, qui se sert de l'art et de son culte comme un moyen d'oppression.

    - On peut poser le principe que, plus un régime est totalitaire, plus l'art y est sacré (aussi vil soit-il), plus le sentiment religieux est développé, plus l'art populaire est étouffé. Typiquement, il n'y a pratiquement pas d'art populaire aux Etats-Unis, mais exclusivement de l'art baroque - la suite de Versailles. Un Français, à cause du réalisme de l'art français, méprisant des gadgets chamaniques allemands et du satanisme à la petite semaine, traduira : les Etats-Unis ne sont jamais entrés dans l'histoire.

    - Bernanos a raison : la Libération fut un mensonge plus grand encore que la collaboration (Marx aurait dit la même chose, ou Balzac : n'importe quel historien digne de ce nom) ; en se soumettant à l'art des Etats-Unis, les élites françaises ont soumis le peuple à un art plus néfaste pour lui encore que l'art nazi. L'avertissement est à prendre au sérieux, car tôt ou tard l'imposture d'une élite finit par être dévoilée.

    La bonne nouvelle, c'est qu'en matière d'élites françaises, il n'y aura plus bientôt que des vieux schnocks débiles. Il n'y aura plus alors qu'à les pousser un peu, et flanquer leur culture au rebut. Sang froid et patience, comme Hamlet dans Elseneur.

     

  • Temps et Argent

    Si "le temps, c'est de l'argent", l'argent, lui, se traduit sur le plan existentiel par "la recherche du temps perdu". Voici à peu près résumée la "phénoménologie de l'esprit" égyptien, persistante jusque dans les nations modernes barbares, comme pour prouver qu'il ne s'accomplit dans le temps aucun progrès.

    - Francis Bacon n'a pas tort : l'intelligence humaine fait du surplace. L'homme n'est pratiquement doté par la nature que d'une volonté absurde, ce qui explique que la folie est la chose du monde la mieux partagée. Non seulement les tocards nazis, empêtrés dans la biologie et la science juridique, mais les tocards libéraux, plus dangereux encore que les nazis, ont quasiment accompli la mutation de l'homme en insecte.

    - Le plus dissuasif pour les gens de condition modeste de s'enrichir plus, c'est que les riches ne savent pas trop comment dépenser leur argent : la manière la plus joyeuse qu'ils trouvent, c'est de le gaspiller, quand ils ne s'achètent pas des armes, pour les retourner contre eux. Cela se passe généralement en deux générations d'imbéciles : la première est continente et avare, la seconde sème ce que la première a amassé.

    - L'enrichissement ne permet même pas d'atteindre l'objectif de la jouissance, quand il est excessif. La compagnie des gens très riches est pratiquement aussi pénible et ennuyeuse que celle des moralistes allemands.

    Du point de vue artistique, la mélancolie des riches est logique : l'enrichissement entraîne une déperdition de l'imagination. Les riches sont comme les drogués : non pas des jouisseurs, mais des peine-à-jouir.