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Lapinos - Page 13

  • Le Juif Shylock

    Une fois n'est pas coutume, avant de rédiger ce billet j'ai consulté la notice Wikipédia consacrée au personnage de Shylock dans "Le Marchand de Venise". C'est un concentré de remarques stupides, comme chaque fois que cette encyclopédie ne se contente pas de mentionner les faits et détails.

    En deux mots, disons pourquoi Wikipédia est scientifiquement nul : parce que Wikipédia, ses "modérateurs", tentent de donner, sur tel ou tel sujet, un avis balancé ; or, la moyenne ou la médiocrité, qui du point de vue politique représente le point de vue raisonnable, ne vaut rien en matière de science. Cette contamination de l'esprit critique scientifique par la raison politique est typique des temps modernes... depuis le moyen-âge.

    Refermons cette parenthèse, qui n'en est pas tout à fait une, car Shakespeare, en faisant table rase de la culture médiévale, fournit le remède à la culture moderne, qui accorde une très large part à la spéculation dans tous les domaines : religieux, scientifique et politique.

    *

    Pourquoi l'odieux usurier Shylock est-il Juif ? Cela traduit-il le préjugé antisémite de Shakespeare ? On peut répondre catégoriquement non, car les fables de Shakespeare n'ont pas d'abord une valeur éthique ou une signification politique (contrairement à "La Divine Comédie" de Dante par exemple). Or l'antisémitisme, qu'il soit populiste (Hitler), ou plus raffiné (Nietzsche, Maurras, S. Freud), a une fonction éthique et politique. Il en va de même de l'antiracisme, antidote supposé de l'antisémitisme ; il est tout aussi vain de chercher à faire de Shakespeare un tragédien humaniste antiraciste.

    Le but de Shakespeare, après Homère ou Moïse, est de fournir une explication du monde, en particulier du monde moderne qui semble en proie à une aliénation excessive. Ce diagnostic de la folie moderne par Shakespeare pourquoi il a eu des lecteurs aussi différents que Marx et Nietzsche : sur la bêtise et la férocité propres aux temps modernes, Shakespeare semble en effet en savoir plus long que quiconque.

    Il fallait que Shylock soit Juif à cause de l'argent et du veau d'or. Exactement comme est catholique ce cardinal, fils de boucher, Th. Wolsey, cardinal-conseiller du roi Henri VIII, alors même que Jésus-Christ maudit quiconque servira un autre maître que dieu, son père, tout en se disant "chrétien".

    D'antisémitisme il n'y a pas, sauf chez le lecteur qui ne voit pas que le "traitement" réservé par Shakespeare à certains soi-disant chrétiens est le même que le traitement réservé au Juif Shylock : ils sont peints comme des monstres ou des possédés.

    Ce que Shakespeare met en scène, c'est la contradiction radicale incarnée par le Juif usurier, ou bien par le catholique-conseiller d'un prince de ce monde. Ce que Shakespeare nous montre, contrairement à beaucoup d'artistes qui s'emploient à le dissimuler, c'est le faciès satanique de Richelieu, pour prendre un exemple français.

    Ces types parfaitement contradictoires sont la clef pour comprendre le monde moderne et de la domination occidentale sur le reste du monde. On note que ces "types" sont nombreux chez Shakespeare, non seulement Shylock ou Th. Wolsey, mais aussi Th. More, Ophélie, Polonius, etc.

    L'antisémitisme de S. Freud est facile à comprendre : c'est un bourgeois allemand qui vitupère Moïse et les Hébreux, représentatifs à ses yeux du désordre et de l'anarchie (menace pour la propriété). Quant à Nietzsche, sa thèse antisémite et antichrétienne selon laquelle judaïsme et christianisme ont engendré une société de sous-hommes, n'est pas corroborée par Shakespeare, mais seulement par une lecture superficielle de Shakespeare, lui ôtant arbitrairement sa dimension métaphysique.

    L'aliénation excessive des temps modernes, leur éloignement tragique de la vérité, incarnés par des personnages tel que Shylock, n'est autre que la manifestation de l'Antéchrist, prophétisée par les apôtres.

    La mythologie de Shakespeare épouse les explications de l'apôtre Paul de Tarse à propos de l'Antéchrist de la fin des temps.

     

     

  • Blasphèmes

    Pour certains, le blasphème ne doit pas être sanctionné, car la liberté d'expression est illimitée ; d'autres, au contraire, plaident le respect des convictions d'autrui, en public, et jugent les paroles blasphématoires blâmables.

    Le blasphème contre dieu est devenu, dans les pays occidentaux, une chose assez banale. D'une certaine façon, on peut dire que la "liberté d'expression" est devenue plus sacrée que dieu. Cette liberté d'expression est d'ailleurs une notion assez indéfinissable, comme souvent les choses sacrées. Cependant, les insultes visant l'Etat et ses représentants légaux demeurent en principe répréhensibles, et c'est là une forme de censure du blasphème contre l'ordre et l'autorité.

    Le caractère sacré de l'argent s'impose assez naturellement en Occident, plus facilement que le culte de l'Etat (dont la puissance dépend largement). Rares sont les athées qui ne croient pas dans l'Argent.

    On note que la concurrence entre dieu et l'argent dans le coeur des hommes est un vieux thème biblique, repris dans les temps modernes par Shakespeare ou Karl Marx.

    Mais le blasphème le plus banal dans l'Occident moderne me semble le blasphème contre l'amour. C'est pratiquement comme si la survie du monde moderne dépendait de ce blasphème.

    En effet il y a bien pire que nier l'amour, comme font les savants biologistes qui n'en décèlent pas la moindre trace dans leurs éprouvettes ; invoquer l'amour en toutes circonstances est sans doute bien pire que nier son existence, ce qui relève d'une observation générale assez exacte, puisque l'amour est l'exception et non la norme.

    Est-il exagéré de dire que la culture occidentale moderne, plus qu'aucune autre, est un complot contre l'amour ? Un phénomène propre à l'Occident comme la société de consommation, qui est aussi une manière politique d'asservir les masses, me paraît explicable du seul point de vue du blasphème contre l'amour.

  • Satan dans l'Eglise

    La démocratie-chrétienne, dans la mesure où le christianisme est spirituellement pur de tout idéal politique (c'est notamment cet aspect de la parole divine que Judas et les pharisiens ne voulurent pas entendre), se présente comme la subversion du christianisme la plus subtile aux yeux des chrétiens instruits des vérités divines. Ce qui est visiblement satanique également, c'est la façon dont les représentants de la démocratie-chrétienne ont assumé au nom de Jésus-Christ les entreprises sociales les plus criminelles au cours des temps modernes.

    On peut traduire la démocratie-chrétienne, qui déborde les limites de sa matrice catholique romaine, comme le triomphe des mythes politiques platoniciens sur le message évangélique au sein de l'Eglise institutionnelle. Le démocrate-chrétien, le catholique ordinaire, raisonne suivant les idées de Platon, bien que la lecture de la parole divine, même parcellaire, soit un danger permanent pour ses convictions platoniciennes, en particulier dans le domaine de la morale, car Jésus ne tient aucun compte de la vertu dans son enseignement. C'est en cela que le message chrétien est universel, et en cela qu'il est un bouleversement majeur et définitif : parce qu'il met fin au bonheur comme but ultime, il se situe par-delà la jouissance.

    Comment ne pas croire que l'histoire a un sens, quand on constate à quel point la bourgeoisie démocrate-chrétienne contredit le message évangélique, s'interpose entre l'homme et le salut, affirmant par exemple les droits de la mort sur l'homme quand les évangiles et l'apôtre Paul combattent la mort ?

    De l'évêque de Rome on comprend qu'il contribue à cet antichristianisme en raison de son effort pour affirmer ou réaffirmer sa position de chef de la démocratie-chrétienne, réajustant ainsi le discours catholique romain au niveau de propagande et de démagogie qui convient.

    "Politiquement, la conséquence la plus décisive de l'amalgame des institutions politiques romaines et de la philosophie grecque fut qu'il permit à l'Eglise d'interpréter les notions plutôt vagues et contradictoires du premier christianisme sur la vie dans l'au-delà à la lumière des mythes politiques platoniciens, et d'élever ainsi au rang d'une certitude dogmatique un système élaboré de récompenses et de châtiments pour les faits et les méfaits qui n'ont pas trouvé leur juste rétribution sur terre. (...) cela coïncida avec la chute de Rome, la disparition d'un ordre séculier assuré, la prise en charge des affaires séculières par l'Eglise, et l'émergence de la papauté comme puissance temporelle."

    (Hannah Arendt, "La crise de la culture").


    H. Arendt dissipe ici utilement le préjugé selon lequel l'"au-delà" serait une "invention des religions monothéistes" ; c'est en effet une conception qui découle des mythes politiques platoniciens, c'est-à-dire d'une philosophie païenne.
    H. Arendt donne la raison de cet emprunt parfaitement illégitime à la philosophie de Platon. Le message évangélique ne permet pas de fonder une éthique, ni d'endosser une quelconque politique.
    Le caractère temporel de l'idéologie platonicienne explique d'ailleurs que les cultures athées ou laïques proposent des substituts ou des équivalents au paradis et à l'enfer, comme la démocratie, promesse de récompense future faite au(x) peuple(s) par les élites politiques.

  • Dans la Matrice

    Le totalitarisme trouve sa justification dans la philosophie moderniste. Celle-ci ne fournit pas forcément une caution positive à l'économie capitaliste, mais elle constitue la moindre entrave à son développement.

    - Prenons quelques exemples : l'idéologie communiste ne s'oppose pas au capitalisme ; on peut même penser, à la suite de Lénine, que le communisme a contribué involontairement au progrès du capitalisme, à la manière des despotes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles ; en ce qui concerne l'idéologie nazie, il n'est pas difficile de discerner derrière l'argument néo-païen ou écologiste (darwiniste) un régime bourgeois capitaliste comme les autres, moderne avant tout. Quant à l'idéologie démocrate-chrétienne, la moins opposée au capitalisme, quand elle paraît s'y opposer en telle ou telle circonstance où l'exploitation (coloniale, par exemple) paraît au grand jour, ce n'est que par de vains discours et sermons populistes.

    Par conséquent il n'est pas étonnant que certains penseurs contre le totalitarisme viennent du courant réactionnaire ou aient été inspirés par lui. Plusieurs essayistes réactionnaires ont ainsi fait remarquer l'irrationalité de la pensée moderniste, ou encore son intellectualisme.

    Parmi ces essayistes, Hannah Arendt, dont la remarque la plus utile est pour indiquer que la nécessité politique diverge de l'exigence de vérité. H. Arendt ajoute que cette divergence a toujours passé pour une évidence, que nul penseur ou philosophe n'a jamais songé à nier avant l'avènement des temps modernes. Ainsi, on peut concevoir l'argument scientifique comme une caractéristique du totalitarisme, et préciser ainsi la définition du régime totalitaire : c'est un régime qui paraît se soumettre à l'exigence scientifique. En pratique, c'est la technologie qui est présentée comme le fruit de la science, et non la vérité ou la connaissance, la résolution de l'énigme de la condition humaine.

    On constate ainsi que le régime communiste a vidé Marx de sa substance, pour n'en retenir que le leitmotiv scientifique et le très maigre apport politique, que l'on peut presque résumer à l'emploi de la terminologie moderniste. 

     

  • Sur la chute de Rome

    Le sermon d'Augustin d'Hippone est célèbre, dans lequel il exprime son indifférence chrétienne à la chute de l'Empire romain en même temps que sa confiance en Dieu.

    Des pans entiers de la théologie d'Augustin d'Hippone sont sujets à caution, car le résultat d'une spéculation philosophique. Augustin s'interroge à propos de certains aspects mystérieux de la parole divine, et formule quelques hypothèses.

    Mais le dédain de la politique et de la civilisation d'Augustin s'appuie sur l'évangile, qui énonce de façon claire, univoque et répétée que "le royaume de dieu n'est pas de ce monde".

    Il ne saurait y avoir par conséquent de royaume, d'empire ou de nation chrétienne que selon la ruse de Satan, afin d'empêcher l'accomplissement de la vérité. La démocratie-chrétienne n'est autre que la dénomination courante de l'antichristianisme, dans la mesure où la démocratie-chrétienne assume l'asservissement de la vérité chrétienne à la cause de la bourgeoisie.

    Il arrive au clergé catholique romain de citer Augustin d'Hippone, mais en réalité le césarisme catholique romain et la doctrine sociale de l'évêque de Rome contredisent la démonstration d'Augustin qu'il n'y a rien à attendre de la civilisation, du point de vue chrétien ; la civilisation est un pacte scellé entre Satan et l'homme selon la Genèse.

  • Vertu et Vérité

    L'homme vertueux n'est qu'un outil bien graissé et bien aiguisé déposé sur un établi s'il ne se met pas au service de la Vérité.

    Comme dans la culture totalitaire moderne, la hiérarchie entre la politique et la science n'est pas respectée, la culture totalitaire engendre des sous-hommes qui se rapprochent moralement de plus en plus du singe. L'éthique, synonyme de vertu, et la science, synonyme de vérité, sont idolâtrées dans la culture totalitaire, c'est-à-dire exaltées en pure perte.

  • Religion et spiritualité

    On parle parfois de "spiritualité", par opposition à "religion" qui a une connotation péjorative ; de même l'on préfère dire "éthique" plutôt que "morale", dans certains milieux. Beaucoup de soi-disant réformateurs ne font que changer le vocabulaire.

    Du point de vue juif ou chrétien, la spiritualité exclut la question du pouvoir et de la politique ; une religion qui se mêle de ces questions n'est pas spirituelle, mais une religion "horizontale". "Rendez à César ce qui est à César !" est très facile à comprendre, mais beaucoup moins à appliquer, car l'instinct est dans chaque homme, comme le péché. Judas avait compris, mais il ne voulut pas suivre.

    Satan précipite les masses dans l'Enfer à l'aide de la fausse spiritualité de l'avenir, c'est-à-dire d'une sorte de mirage de chair.

    On peut s'étonner d'entendre des hommes d'âge mûr déclarer le monde absurde et la vie incompréhensible, comme si l'inclinaison de la chair n'était pas repérable dans la plupart des activités humaines ; ces hommes sont mûrs dans le sens où les fruits sont pourris, et ils serviront de fumier aux générations suivantes.

  • Satanée démagogie

    - On peut qualifier la démagogie de "stratégie de la terre brûlée de Satan" ; où est le satanisme là-dedans, répliquera le citoyen de ce temps ? D'abord parce que -les chrétiens fidèles à la parole de Dieu doivent bien garder cette vérité à l'esprit-, l'ordre politique reflète la volonté de Satan dans tous les siècles ; pour cette raison le Messie inculqua à ses apôtres un spirituel dédain de la chose politique ou civique.

    Ensuite parce que les politiciens cèdent à la démagogie comme on cède à une force supérieure ; autrement dit, la démagogie est un bien plus grand acteur politique que n'importe lequel des acteurs politiques des siècles écoulés. Les élites politiques modernes ne sont pas soumises au peuple, qu'elles dominent par bien des moyens, mais en revanche le personnel politique est soumis à la démagogie, aussi irresponsable considère-t-il cette manière de gouverner en son for, qui a entraîné les plus grands massacres par le passé.

    - L'ultime démagogie est représentée par la promesse de salut à toute l'humanité. "On ira tous au paradis" : voilà la chanson du musicien de Hamelin, suborneur des faibles pour le compte des puissants. On voit que la démagogie a un caractère profondément religieux - ce mysticisme ressemble beaucoup à celui qui ronge les personnes droguées, qui se croient capables de tout, libre de tout, mais qui ne font RIEN, et sont esclaves de TOUT. On voit aussi que la démagogie ne répond en rien au besoin du peuple ; la démagogie répond au besoin de domination des élites, qui malgré tout cèdent à l'irresponsabilité.

    - Cette démagogie est parfaitement étrangère à la morale et la vertu antiques païennes. Mais elle est aussi étrangère à l'évangile, qui énonce que "tous seront appelés, mais que peu seront élus" ; il n'y a pas de salut en dehors de l'Eglise.

    Il est vrai que le Messie ne donne à quiconque de leçon de morale. L'incitation au jeune homme riche et scrupuleux de donner tous ses biens n'est pas une leçon de morale mais de vérité. Quand le Messie traite ses disciples de suppôts de Satan, là encore ce n'est pas parce qu'ils font offense à la vertu, mais à la vérité.

    D'où vient donc la démagogie ? Le foyer de la démagogie est le clergé romain et sa fausse doctrine, déguisée en philosophie. C'est l'Eglise romaine qui susurre : "On ira tous au paradis", qui incite à fonder l'espoir dans l'homme et dans la mort. Le Messie n'est pas démagogue, ni démocrate, mais le pape, lui, l'est.

  • Dieu et l'Etat totalitaire

    Nietzsche aurait pu écrire : "Dieu est mort, vive l'Etat !", car ce dernier a pris la relève en termes d'idolâtrie ; dieu n'est plus aussi utile et nécessaire dans la configuration totalitaire.

    L'Etat totalitaire contemporain peut se définir comme "le plus anthropologique des dieux". On aurait tort d'opposer la conception de Dieu en vigueur dans la France de Louis XIV à la conception de l'Etat qui prévaut aujourd'hui. La définition que donne le mathématicien janséniste Blaise Pascal, "Dieu est un point", est aussi applicable à l'Etat moderne omnipotent ; l'Etat est aussi un point, symbole de potentialité infinie.

    De même on ne peut opposer l'institution catholique romaine, matrice de l'antichristianisme, à l'institution républicaine. La transition s'est faite lentement, en quelques générations.

    Les tyrans de l'Antiquité tiraient leur légitimité de la nature sacrée ; l'Etat totalitaire tire, lui, sa légitimité de l'homme : c'est en quoi cette oppression sournoise est essentiellement occidentale, le produit de la culture dite "judéo-chrétienne" (dont sans doute nul n'a mieux souligné l'ignominie du point de vue chrétien que W. Shakespeare).

    La tyrannie moderne, que l'on qualifie habituellement de "totalitarisme", a une tournure judéo-chrétienne. C'est notamment visible à travers la notion de "démocratie" ; la démocratie est de nul effet politique, dans la mesure où elle n'entame pas l'inégalité entre les hommes selon son objectif ; ce que les ressortissants des nations pauvres envient dans les régimes dits "démocratiques", c'est leur puissance et leur richesse surabondante ; en revanche la démocratie a un effet de sidération utile aux élites politiques.

    L'essence religieuse du pouvoir totalitaire moderne est contenue dans l'idée de démocratie égalitaire. D'un "démocrate-chrétien", on peut déduire qu'il n'est pas chrétien, mais un artisan du chaos voulu par Satan, à cause de cet idéal démocratique qui consiste à noyer l'apocalypse dans un océan de bons sentiments. La démocratie-chrétienne n'est pas moins fantoche que le pouvoir de droit divin de Louis XIV ne l'était ; elle l'est exactement pour la même raison qu'elle assigne à l'homme une vocation étrangère à l'esprit de l'Evangile - une vocation sociale.

    Pour être le plus net, disons que des régimes nazi, soviétique ou démocrate-chrétien, c'est ce dernier qui est le plus totalitaire et le plus dangereux, car il recèle la formule de l'antichristianisme, c'est-à-dire l'objectif fondamental du schéma totalitaire, dont nul n'est capable de démontrer le fondement politique rationnel.

    Pour montrer la convergence de l'Etat moderne totalitaire et de la notion de dieu forgée par l'Eglise romaine, on peut évoquer la mondialisation et le problème politique qu'elle pose ; ce problème n'est pas nouveau, puisqu'il englobe les épisodes tragiques de la colonisation et des guerres mondiales, où la sauvagerie de l'homme moderne est apparue au grand jour, bien loin de sa prétention à l'humanisme ; mais ce problème est toujours aussi crucial et actuel.

    La mondialisation, en tant qu'elle poursuit un objectif plus ou moins conscient de fabrication d'un Etat mondial unique, est animée par une philosophie mystique monothéiste. Mais dans le même temps elle apparaît comme une menace pour les disciples de l'Etat-dieu, de dissolution de cet Etat dans un magma de cultures étrangères. Deux religions s'opposent : l'une, plus élitiste, voit la constitution d'un Etat mondial unique comme une nécessité, une perspective inéluctable ; l'autre, plus populaire, redoute son écrasement dans ce cadre et souhaiterait s'arrêter à une échelle qui lui paraît plus raisonnable.

    Cet entre-deux offre l'occasion à l'Eglise romaine de reprendre la main, en feignant de ne pas être impliquée dans le processus de la marche forcée des élites vers un Etat mondial unique. En effet, au regard des Etats-nations anciens, en voie de délitement, et au regard de l'Etat unique du futur, perfectionnement du totalitarisme, l'institution catholique romaine et son chef peuvent paraître un élément de stabilité rassurant. Dans cette cacophonie babylonienne, la voix du pape peut sembler plus nette.

    Avec plus de discernement, on verra que la raison chaotique moderne a sa source dans l'institution catholique romaine, indissociable des temps modernes ; si son discours a pu paraître parfois démodé, il a le don de renaître de ses cendres, comme le phénix. Il est sans doute complètement vain, comme fit Nietzsche, d'espérer l'éradication du judaïsme et du christianisme afin que le monde retrouve la raison, et les sociétés un certain équilibre écologique.

    Avec plus de discernement le chrétien verra dans le refus du pape romain et sa clique démocrate-chrétienne ou "judéo-chrétienne" de "rendre à César ce qui est à César", suivant l'injonction du Messie, le signe d'une trahison bien plus sournoise que celle de Judas.

     

     

  • Satan dans l'Eglise

    Si un chrétien ou quelqu'un qui se prétend tel vous fait part de ses opinions politiques, vous pouvez lui lancer, que vous soyez baptisés ou non : - Vade retro Satanas !, comme Jésus-Christ lança à l'apôtre Pierre en pareille circonstance, quand celui-ci oublia que "la chair est faible" (c'était avant de recevoir le baptême de l'Esprit à la Pentecôte).

    D'ailleurs au train où vont les choses, mieux vaut avoir une bonne pomme à croquer dans sa poche que des opinions politiques.

  • Péché de Judas

    La nature du péché de Judas l'Iscariote et la sanction qui le frappe sont deux sujets éludés par le clergé catholique romain.

    Les évangiles sont si symboliques, et la trahison fait tellement partie de l'ordre politique comme une chose, si ce n'est légale, du moins inéluctable et admise comme une règle du jeu, qu'il est difficile de ne pas croire que le péché de Judas consiste dans l'attachement à un ordre antagoniste au règne du Christ.

    Tout prêtre qui se retrouve comme Judas l'Iscariote, hésitant entre deux maîtres, se retrouve donc en face du même choix que Judas : embrasser le Christ pour la galerie et le trahir secrètement, ou suivre le Messie comme Paul de Tarse, cet antijudas qui fit vraiment un choix.

    On relève de surcroît que la sanction de Judas selon le Christ n'est pas exactement l'enfer, mais plus exactement le néant, c'est-à-dire la destination même où vont le monde et les mondains, perdus d'avance aux yeux du Messie, et qui le restent s'ils ne tranchent pas ce qui les amarre au monde.

    Le suicide prouve dieu, en particulier celui de Judas.

  • L'Apocalypse ou la Mort

    - L'homme qui se laisse conduire par le hasard n'a pas part au Salut de Dieu.

    - Dans la synagogue de Satan retentit un cantique : "On ira tous au paradis !"

  • Résurrection

    Avant de pouvoir ressusciter, encore faut-il vivre, ce que la culture moderne ne permet pas selon une ruse de Satan (ruse dont le nom de code est 666). La culture moderne contraint l'homme à la fuite, et c'est dans cette mesure qu'il ne vit pas, mais que le néant l'aspire petit à petit. L'existence moderne ressemble à celle du soldat, concentré sur des détails, mais à qui le sens général des choses échappe, et que l'on caricature justement comme "la chair à canon".

    - Il existe deux voies pour échapper à la condition absurde de l'homme moderne ; la première voie est la voie de Satan ; elle permet à l'homme de se décharger d'un poids de souffrance inutile pour jouir raisonnablement.

    - La seconde voie est la voie de Dieu ; elle permet à l'homme de trouver l'amour véritable en le débarrassant de toutes les illusions amoureuses engendrées par Satan à travers l'Eglise romaine et son clergé fornicateur.

    L'inertie du monde et de la culture modernes tiennent à ce que peu d'hommes font un choix véritable, préférant se laisser conduire bêtement par le hasard.

  • Du pacte avec la mort

    "Laissez les morts enterrer les morts" (Jésus-Christ) ; tout contrat ou pacte social repose sur la soumission à la mort, d'où l'accusation virulente d'anarchisme lancée par Nietzsche au Christ et ses apôtres. Il ne peut y avoir de pacte social chrétien sans blanchiment sournois du péché et de la chair. 

    Cependant Nietzsche occulte le "pacte social chrétien", c'est-à-dire la fornication chrétienne, apparence sous laquelle le christianisme se manifeste à la fin des temps ; autrement dit la démocratie-chrétienne, issue de la matrice catholique romaine (1), est un pacte avec la mort, et non avec dieu comme elle se donne l'air d'être, pour mieux tromper les petits enfants.

    Voici ce que Frédéric Nietzsche, apôtre de Satan, écrivit à propos de la psychologie de l'Evangile (2) : "Toute idée de mort naturelle est absente de l'Evangile : la mort n'est pas un pont, un passage, elle est absente, parce qu'elle appartient à un autre monde des seules apparences, qui ne vaut que comme signe. "L'heure de notre mort N'EST PAS une notion chrétienne, - l'"heure", le temps, la vie physique et ses crises n'existent tout simplement pas pour celui qui enseigne la "Bonne nouvelle"... Le "règne de Dieu" n'est rien que l'on puisse attendre ; il n'a ni hier, ni après-demain, il ne viendra pas "dans mille ans" - c'est l'expérience d'un coeur : il est partout, il n'est nulle part..."

    Ainsi parlait l'apôtre de Satan, d'une façon moins mensongère que beaucoup de sermons de prêtres catholiques.

    (1) Contrairement à ce que Nietzsche prétend ici, la démocratie-chrétienne n'est pas le produit du protestantisme luthérien. C'est d'abord la substitution de la philosophie (Thomas d'Aquin) à la théologie combattante (Paul de Tarse), opérée au sein de l'institution catholique romaine, qui permet la trahison du Messie au profit d'une idéologie politique prétendument inspirée par Celui qui manifesta tout au long de sa vie publique la plus complète indifférence vis-à-vis de la "chose publique".

    (2) Définir l'esprit évangélique comme la "psychologie du faible", ou la psychologie tout court, est la stratégie antichrétienne afin de ramener le christianisme à un athéisme. L'explication du "monde comme volonté" a un défaut : elle transforme 2000 ans de culture occidentale en énigme. 

     

  • Dieu vomit les tièdes

    Il semble que la spiritualité soit l'affaire des personnes extrémistes, comme la politique est l'affaire des médiocres et des centristes.

    Tandis que "dieu vomit les tièdes", la politique exige au contraire de tels hommes, "vertueux", non pas au sens catholique dépourvu de signification, mais au sens romain qui veut dire quelque chose.

    Que peut bien faire l'homme politique de choses comme l'amour, la liberté, la vérité, hormis les graver hypocritement en lettres d'or sur ses billets de banque ou au fronton de ses palais ? La notion d'intérêt général fait oublier celle de liberté, et la notion de liberté éclipse celle d'intérêt général.

    C'est sans doute ce qui explique que les princes chrétiens sont particulièrement exposés à l'aliénation mentale, étant donné que deux courants opposés qui se rencontrent créent un tourbillon.

    Comme les hommes politiques sont ordinairement indifférents aux questions spirituelles, qu'ils croient parfois naïvement "l'affaire de spécialistes", les personnes guidées par la spiritualité regardent le jeu politique avec indifférence. Il n'y à là-dedans que des motivations psychologiques.

     

  • L'Antéchrist ou la démocratie-chrétienne

    La démocratie-chrétienne représente l'antéchrist tel qu'il est décrit par l'apôtre Paul dans ses épîtres, comme la réplique de Satan à la parole divine.

    Ce phénomène historique est observable par un enfant, dans la mesure où la démocratie-chrétienne assume un pacte apparent avec le veau d'or et les nations.

    La doctrine satanique de Nietzsche, accusant les chrétiens d'être faibles et lâches, impuissants, se heurte à la réalité de nations démocrates-chrétiennes les mieux armées et les plus puissantes au monde, jusqu'à preuve du contraire.

    Un mot de la foi démocrate-chrétienne, à travers le propos de Robert Redeker, philosophe converti au catholicisme : "Je m'aperçois que la structure de ma pensée est catholique [?], comme (toutes proportions gardées) celle de Bossuet ou de Malebranche, deux maîtres. Catholique pratiquant, je suis croyant un jour sur deux, j'alterne entre la croyance et le doute, c'est ce qui s'appelle avoir la foi. Si la foi n'éprouve pas en permanence le doute, si elle ne le vit pas et ne le surmonte pas, si elle n'est pas mystérieusement sauvée de ce doute, relevé de lui, elle n'est rien. (...)"

    Comme je l'ai déjà écrit ici, le secret de la gnose ou de la mystification catholique romaine réside dans l'invention du purgatoire. A cette pure invention antichrétienne correspond une idée de la foi aussi fictive et étrangère à la parole divine - le concept probabiliste énoncé ci-dessus par le philosophe catholique Robert Redeker.

    L'étrange notion de "structure de pensée catholique" évoque une quelconque méthode philosophique ou scientifique ; mais comme notre philosophe évoque immédiatement après l'effet d'une puissance mystérieuse et indéfinie (la providence ?), on peut en déduire que l'absence de structure ou l'instinct définit la pensée catholique ; l'intuition féminine ?

    La foi chrétienne n'est pas alternance du doute et de la foi, car cette alternance est caractéristique de la psychologie et de la volonté humaines, dépendantes d'un concours de circonstances, principalement d'ordre biologique. La foi chrétienne n'est pas d'ordre psychologique ou vital, de même que, pourrait-on dire, l'amour véritable n'est pas une question de sentiments.

    La notion de doute est couplée avec celle la preuve de dieu, dont les chrétiens se dispensent parfaitement. Le doute est au coeur de la culture occidentale moderne, mais non de la foi chrétienne. 

  • Le dieu des imbéciles

    "Le hasard est le dieu des imbéciles." Ce constat de G. Bernanos a le mérite de dévoiler la recette du totalitarisme de façon plus concise qu'un long essai, tels que ceux consacrés par H. Arendt, Simone Weil, G. Orwell, ou Bernanos lui-même, à la question de l'oppression moderne.

    L'importance du hasard dans la culture moderne dite "laïque" incite à y voir, non pas un athéisme, mais le culte du "dieu des imbéciles", jusqu'à atteindre parfois le fanatisme et ses manifestations désastreuses.

    J'ai pu observer souvent que, pour le citoyen lambda d'un régime totalitaire, qui ne croit ni à dieu ni à diable, la liberté est conçue comme le hasard. Le cas le plus typique est celui des amateurs de jeux de hasard qui, il n'y a aucun hasard à ça, sont le plus souvent des jeux d'argent. Deux traits psychologiques caractérisent leur passion 1/une monomanie de type religieux ; 1/la peine à jouir, souvent liée à une idée excessivement élevée de la jouissance.

    Le rêve de gagner beaucoup d'argent d'un seul coup est une jouissance très pure et raffinée, féminine, dans la mesure où c'est une jouissance purement intellectuelle.

    Point de comparaison, Nietzstche pose l'équivalence de Satan et du Destin positif. Dans cette perspective radicalement antichrétienne, on peut définir la vertu comme la quête d'un destin positif, c'est-à-dire d'une sorte de pacte avec la Nature afin d'une jouissance raisonnable ; le hasard, dans cette perspective, représente un destin négatif, c'est-à-dire subi - celui qui, dans la hiérarchie sociale, s'impose aux hommes et aux femmes de basse condition. Le mépris du hasard exprimé par Bernanos n'a donc rien de spécialement chrétien ; il serait plus juste de le définir comme étant "aristocratique".

    Ce que Nietzsche et Bernanos occultent tous les deux, c'est la contribution extraordinaire de l'Eglise catholique à cette culture moderne, soumise au hasard. La logique aurait voulu que Bernanos, condamnant le hasard comme mobile existentiel, condamnât le catholicisme romain.

    Il y a plusieurs biais pour apercevoir le rôle joué par l'Eglise romaine de matrice de la culture totalitaire. Celui de la science moderne est le plus significatif. Au XVI-XVIIe siècle, la science bascule peu à peu dans la spéculation sous l'influence de savants chrétiens, le plus souvent catholiques (on note que les "luthériens" sont moins prompts à adopter la nouvelle science où la "géométrie algébrique" prend une place de plus en plus grande). On peut croire que ces savants étaient indépendants du contexte culturel dans lequel s'effectuaient leurs recherches. De fait, il n'y a pas de science possible sans remise en question de la culture. Mais rien ne prouve que les savants tenus pour les pères fondateurs de la science technocratique en vigueur aujourd'hui étaient critiques vis-à-vis de leur culture ; tout porte à croire au contraire qu'ils ne l'étaient pas ou peu. Galilée a ainsi esquissé une théorie de l'enfer, du purgatoire et du paradis, typiquement catholique romaine, et qui s'accorde du reste avec le fondement de sa science spéculative.

     

  • Soumission

    "Soumission" est le titre d'un roman indigent de Houellebecq. Il m'a suffi de le feuilleter, de le lire en diagonale, pour saisir que son auteur ne sait pas lui-même où il veut en venir. Le but de la culture moderne est d'égarer un maximum de monde dans le labyrinthe, rappelons-le.

    La culture moderne épate les béjaunes comme un clown épate les enfants avec ses jongleries.

    Mais la soumission, elle, est bien là, comme l'ont constaté tous ceux qui ont regardé la culture moderne en face et l'ont qualifiée de "culture totalitaire". L'avenir de l'homme est de se soumettre comme la femme, pourrait-on dire. C'est le but de la rébellion féministe qui est stupide, mais non point la rébellion elle-même, contre une culture moderne inepte.

    La soumission de l'homme moderne résulte de ce qu'il ne choisit ni le camp de Satan, ni le camp de Jésus-Christ. Quel plus bel exemple de soumission que celui d'un soldat, soi-disant "chrétien", dont l'uniforme et les armes indiquent l'obéissance à Satan ? Autant dire que c'est un lécheur-de-bottes-né.

  • L'Esprit du Judaïsme

    L'esprit du judaïsme est de FUIR HORS D'EGYPTE, c'est-à-dire symboliquement de se tenir à l'écart du monde.

    L'esprit du judaïsme, promu par les prophètes, fut trahi par les pharisiens qui s'emparèrent des "questions sociales", vis-à-vis desquelles Jésus-Christ a manifesté son désintérêt : "Rendez à César..."

  • Le piège du monothéisme

    Comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog, la clef de la pensée moderne est le problème dit "de la preuve de dieu" et la réponse binaire à cette question : oui ou non ; de sorte qu'il n'y a pas, au sein de ceux qui assument la culture et la pensée modernes, des "croyants" et des "incroyants", mais des personnes qui, alternativement, croient ou ne croient pas, en fonction des circonstances de leur existence.

    Et si mon propos évoque l'expérience dite du "chat de Schrödinger", n'y voyez aucune coïncidence ou hasard, mais plutôt la preuve de ce que j'énonce en préambule : la pensée moderne est issue d'une forme de théologie spéculative très particulière.

    On comprend aussi pourquoi le pseudo-savant évolutionniste britannique Richard Dawkins a cru opportun de tenter la démonstration scientifique de l'inexistence de dieu il y a quelques années (2006), au lieu de s'efforcer de combler les lacunes de son hypothèse évolutionniste.

    En tentant cette démonstration, R. Dawkins semble dépasser les limites laïques que la "communauté scientifique" s'est elle-même assignée. En réalité, l'outil et la méthode scientifiques de Dawkins sont marqués par la démonstration de la preuve de dieu. Avec le même outil, il est possible de construire deux types d'architectures antithétiques ; la preuve de l'existence de dieu et la preuve de son inexistence ont en commun d'être très largement infondées sur le plan expérimental.

    Une analyse un peu plus poussée des hypothèses scientifiques à la mode aujourd'hui au sein de la "communauté scientifique" permettrait d'établir ceci : que les hypothèses sur l'origine de l'univers tendent à faire la preuve de dieu, tandis que les hypothèses sur la fin du monde ou de l'univers, "tournées vers le futur", tendent à faire la preuve de son inexistence.

    La relation que l'on peut faire entre l'alternance doute/foi et la volonté humaine, plus ou moins affirmée en fonction de l'âge, des circonstances de la vie, laisse deviner que cette théologie est une anthropologie.

    Comme je le fais remarquer sur un blog voisin, seule la culture anthropologique moderne est un "monothéisme". En effet le monothéisme est une manière de parler des religions et de leur évolution, étrangère non seulement au christianisme et au judaïsme, mais aux religions antiques également. Il ne s'agit à travers la définition du monothéisme que d'établir la supériorité du raisonnement anthropologique moderne, c'est-à-dire de la philosophie sur la théologie.

    On comprend sans peine que la définition du monothéisme et le problème de la preuve de dieu sont étroitement liés. En effet, pour croire le christianisme et le judaïsme réductibles à des "monothéismes", il faut croire que le christianisme repose sur la preuve philosophique de dieu, ce qui revient à confondre la philosophie catholique romaine avec le message évangélique.

    Pour les douze (apôtres), à cause de mauvaises raisons, avant d'épouser les meilleures raisons, le problème de la foi et de l'existence de dieu ne s'est jamais posé. D'abord parce que le doute est une notion moderne, ensuite parce que les apôtres ont éprouvé la présence de dieu à travers son fils Jésus-Christ ; les apôtres n'ont pas cru dans une construction intellectuelle ou théorique, un stupide "pari de Pascal" ; les évangiles indiquent même qu'ils ont cru, jusqu'à un certain point, sans même comprendre ce que le Christ leur disait.

    Du point de vue chrétien, la question de la foi en dieu est une question caduque. Elle est rendue caduque par la foi dans le salut. La question ne se pose pas pour le chrétien de savoir si dieu existe, mais de savoir comment le rejoindre. Et ce n'est pas un hasard si les philosophes soi-disant catholiques ou chrétiens font appel à une casuistique plus vieille que la Révélation du salut par le Christ.

    Par conséquent l'anthropologie moderne provient de la philosophie médiévale catholique, de ses différentes constructions et représentations d'un dieu unique, qui n'est pas figuré comme tel dans les écritures saintes, mais bien plutôt comme un dieu supérieur aux autres dieux. En fait de supériorité de la philosophie et de l'anthropologie sur la théologie et la métaphysique, on remarque la substitution par le clergé catholique, à travers des sermons qui sont des démonstrations creuses, de la philosophie ou de la psychologie au contenu du message évangélique lui-même.

    Il va de soi qu'un dieu psychologique est soumis à la théorie de la relativité. La philosophie catholique est donc un cénacle rempli d'imposteurs. La meilleure preuve en est que le protestantisme et le catholicisme se rejoignent désormais par la philosophie, c'est-à-dire sur la base d'une sorte de PPCM ou de PGCD insignifiant. Ils se rejoignent pour la même raison qu'ils se sont séparés. En réalité, seule la fidélité à la parole de dieu accomplit l'unité de l'Eglise.

    Le chrétien est exactement dans la même position qu'un savant mis en demeure de prouver que la science existe bien, aussi démuni que ce savant de belles démonstrations établissant que la science est bien là, progressant au milieu de la bêtise du monde dont les journaux rapportent chaque jour une nouvelle preuve éclatante. - Où est la science dans tout ça ?

    Montrer les stupéfiantes réalisations du génie humain ne suffit pas, car cela revient à prouver dieu par les cathédrales gothiques ou les pyramides. La science n'existe pas plus que dieu car elle est expérimentale, tandis que la bêtise et l'ignorance résultent d'un manque d'expérience beaucoup plus constant et évident. La seule chose probable, depuis l'origine de l'humanité, c'est la constante détermination de l'homme à essayer de résoudre le problème de l'absurdité de la condition humaine. Ne pas se satisfaire de l'absurdité est ce qui fait l'individu, détaché de la masse.

    Comme l'absurdité, principalement sous la forme d'un discours scientifique paradoxal, règne dans les régimes totalitaires, on peut s'interroger sur la nature de la puissance qui s'oppose constamment depuis l'aube de l'humanité à la libération de l'homme de ses chaînes, puissance dont les évangiles proclament, et c'est sur ce point que porte la foi des chrétiens, qu'elle finira par céder devant dieu, au terme d'un affrontement sans merci, auquel nul ne peut vraiment se soustraire.