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Lapinos - Page 11

  • Lutte finale

    Qui ne combat ? Le chrétien se bat pour l'avènement de la Vérité ; le suppôt de Satan combat pour que la parole de Dieu ne soit pas entendue à travers la rumeur de la vie... mais encore la femme de ménage lutte pour accomplir son minuscule devoir ; le soldat se bat pour toucher sa solde ; le clodo à la sortie du supermarché lutte pour rester debout dans le froid ; l'étudiant se bat pour obtenir une bourse, et nul ne songe à dormir que pour repartir à la bataille de plus belle, en attendant une blessure mortelle ou une victoire décisive.

    Et ceux qui se contentent d'observer, derrière le double-vitrage de l'argent, ils sont déjà morts ou pas encore nés.

  • Dans la Matrice

    C'est certes un grossier mensonge -le b.a.-ba du mensonge libéral- d'affirmer que le capitalisme n'a pas de répercussions morales ou éthiques.

    De ce point de vue, Marx représente encore aujourd'hui un danger pour les élites libérales ; au contraire de Nietzsche, Marx n'est pas un moraliste, mais il fait la démonstration que le capitalisme est un mouvement de corruption, un cancer du corps social. Il n'y a pas de remède dans Marx à cette corruption, mais seulement un diagnostic, ce qui explique que la critique marxiste était irrécupérable telles quelle par la dictature populiste russe, à laquelle la critique marxiste ne proposait aucune direction politique véritable (la science ou l'histoire ne peuvent constituer des buts politiques).

    Je rapproche volontiers la "pensée" libérale de l'algèbre ou de la musique, ayant remarqué comment tel ou tel spécialiste de la géométrie algébrique ou de la musique se laisse convaincre facilement de la rationalité de la pensée libérale, qui est en réalité une formule magique, ainsi que le sont beaucoup de formules mathématiques récentes. L'économie moderne est une incitation à prendre ses distances avec la réalité bien plus forte que n'importe quel manifeste surréaliste ou n'importe quel psychotrope. De là vient aussi la dimension religieuse du capitalisme. Hannah Arendt fait observer à juste titre la place toujours plus grande qu'occupent les choses inutiles dans la culture totalitaire ; or ces choses ont une dimension onirique.

    De ce point de vue, la crise économique, qui représente une menace pour les élites, peut s'avérer une chance pour le sujet lambda, en lui fournissant l'occasion d'une prise de conscience. Le machiavélisme des élites politiques, assistées dans cette tâche par le clergé démocrate-chrétienne, consiste à brosser un tableau de la crise qui ne soit pas trop noir (on accusera le seul "capitalisme financier", en se gardant de dévoiler la corruption généralisée), ni trop confiant (car la peur de l'avenir reste une grande ressource pour les élites politiques afin d'incliner le peuple à l'obéissance).

    Le capitalisme rend optimiste, c'est-à-dire con. Ce n'est pas la moindre conséquence sur le plan moral que de transformer l'humanité en une espèce animale.

  • Conte d'hiver

    Francis Bacon et le premier poulet surgelé

    Dans la première moitié de l'année 1626, Sir Francis Bacon eut, tandis qu'il voyageait en carrosse, une controverse avec son compagnon le Dr Winterbourne. En cause, le scepticisme du Dr Winterbourne au sujet de l'hypothèse de Bacon qui prétendait que la viande fraîche pouvait être conservée si on la réfrigérait. Afin de prouver sa théorie, celui-ci ordonna au cocher d'acheter un poulet sur le champ. Les faits sont ainsi rapportés par John Aubrey dans son livre "Vies brèves" :

    - Ils firent arrêter la voiture et se rendirent à la maison d'une pauvre femme au pied de la colline Highgate ; ils achetèrent une poule, demandèrent à la femme de la vider, puis de bourrer la carcasse de neige, et mon maître l'aida même à ce faire.

    Après que la poule fut partiellement plumée, Bacon la plaça dans un sac, l'enrobant plus de neige encore avant de l'enterrer. Malheureusement, selon Aubrey, Bacon attrapa une sévère bronchite et fut si malade qu'il fut incapable de rentrer chez lui ; on l'emmena "à la maison du comte d'Arundel à Highgate, où on le plaça dans un bon lit, chauffé avec une bassinoire ; mais comme c'était un lit humide qui n'avait pas été défait depuis un an au moins, le refroidissement fut tel qu'en deux ou trois jours il succomba -M. Hobbes me l'a dit, je m'en souviens."

    Mort à cause d'un poulet : fait ou fiction ?

    Il est difficile de dire à quel point les sources d'Aubrey sont fiables. Le principal problème est la période de l'année. Si le récit d'Aubrey est exact, alors Londres devrait avoir connu un temps neigeux en avril 1626. Mais il est établi que ce ne fut pas le cas. Cela ne signifie pas que Bacon ne fit pas une expérience avec un poulet congelé, ni que cette expérience sur la réfrigération ne le rendit pas malade. Il se pourrait que, ou bien les deux événements aient été confondus, ou que la maladie de Bacon ait débuté plus tôt cette année-là, ou mieux encore que Bacon, retourné voir le résultat de son expérience ultérieurement, ait attrapé un refroidissement à cause du temps froid et humide. De fait Bacon lui-même confirme la cause de sa maladie. Dans une lettre écrite à son ami absent, Lord Arundel, il s'excuse pour le dérangement de sa maisonnée et admet qu'il était en train de conduire une expérience sur la réfrigération lorsqu'il tomba malade :

    - Mon bon Seigneur, j'ai failli connaître le sort de Pline l'Ancien, qui perdit la vie en tentant une expérience sur le Vésuve en éruption ; en effet je souhaitais faire une expérience ou deux touchant la conservation et l'induration des corps. L'expérience elle-même fut un succès ; néanmoins, lors du voyage entre Londres et Highgate, je fus pris d'une quinte si violente que j'ignore si c'était un calcul, le fait d'un excès quelconque, ou bien du froid, ou encore un peu des trois.

    Quelle que soit la vérité derrière cette histoire, la mort de Sir Francis Bacon sera toujours reliée à ce poulet congelé :

    "Contre la charcuterie, n'était-il pas assuré ? Quant aux poulets congelés qu'il s'est procurés -Ils furent cause de sa maladie, Et jamais ce Bacon ne s'en est remis." (Pip Wilson)

    Pond Square est-il hanté ?

    Où l'histoire prend un tour étrange, c'est que "Pond Square", lieu-dit où l'expérience de Bacon est censée se dérouler, a la réputation d'être hanté, non par Sir Francis Bacon -comme on aurait pu s'attendre-, mais par le fantôme d'un poulet. De nombreux témoignages visuels ont été enregistrés dans la banlieue verdoyante de Highgate (l'étang a été comblé en 1864) pendant les mois d'hiver, et au moins vingt d'entre eux au cours du XXe siècle, la plupart pendant la 2nde guerre mondiale.

    En décembre 1943, le pilote de l'aéronavale Terence Long traversait l'étang, tard dans la nuit, lorsqu'il entendit un bruit qui faisait penser aux sabots de chevaux tirant un attelage. En se retournant, il fut stupéfait de voir quelque chose qui ressemblait à un volatile à demi plumé, hérissé et criant sauvagement en décrivant des cercles, pour finir par disparaître. Encore sous le choc, il se confia à un pompier de l'aviation et lui fit le récit de cette apparition. Le pompier lui répondit que le volatile était aperçu régulièrement dans les parages ; un type l'avait même pourchassé, espérant l'attraper pour en faire son dîner, jusqu'à ce que l'oiseau fonce dans un mur en briques et disparaisse.

    De nouveau pendant la 2nde guerre mondiale, une Mme J. Greenhill, habitant les environs, assura qu'elle avait vu le fantôme d'un poulet à de nombreuses reprises, le décrivant comme "un grand oiseau blanchâtre".

    Dans les années 60, un automobiliste accidenté, rapporta avoir vu un oiseau à moitié plumé, en piteux état, décrivant des cercles en criant. Comme il se dirigeait vers lui, voyant que l'oiseau était blessé, celui-ci s'envola et disparut soudain dans les airs.

    La dernière observation attestée du fantôme aviaire remonte à 1970. Un couple qui s'embrassait fut brusquement interrompu par un volatile jailli de nulle part. Ils expliquèrent que l'oiseau poussait des cris stridents et courait en rond, puis il disparu peu de temps après.

    Le fantôme du poulet n'a plus été vu récemment. Peut-être le volatile, affligé par sa fin peu orthodoxe, a-t-il fini par accepter son rôle dans l'histoire de la science et par se satisfaire des circonstances de sa mort ?

    (traduction d'une note du blog "Haunted Palace")

  • Peine d'amour perdue

    Edwin Reed est un des "baconiens" les plus utiles qu'il m'a été donné de lire, bien qu'il ne soit pas le plus célèbre.

    Edwin Reed ne s'est pas arrêté comme Freud ou Nietzsche à l'intuition que Francis Bacon et l'auteur des pièces signées Shakespeare (Shagspere) ne font qu'un ; Reed fait valoir que les idées originales de Hamlet dans le domaine de la cosmologie, exprimées à divers endroits de la pièce éponyme, dont un dialogue avec Ophélie, fille de Polonius (qui se pique aussi d'être savant, mais que Hamlet ne prend pas au sérieux) - ces idées cosmologiques originales, donc, correspondent aux idées développées par Francis Bacon dans ses ouvrages scientifiques.

    J'ai déjà rendu compte auparavant sur ce blog dans le détail de cette comparaison d'Edwin Reed. Elle est d'autant plus utile que les professeurs de littérature moderne n'entendent rien ou presque à la cosmologie et se persuadent, ainsi que leurs élèves, que la littérature est d'abord une question de style (pétition de principe typiquement bourgeoise).

    Il est étonnant, dit en substance un commentateur du "Novum Organum" de F. Bacon, que celui-ci, étant donné le bien qu'il dit de la mythologie, n'ait jamais songé à écrire un ouvrage de cette nature.

    Attardons-nous un peu (bien qu'il semble bien tard pour s'attarder encore) sur un autre aspect du travail d'Edwin Reed, à savoir la confrontation entre le propos des pièces attribuées à Shakespeare et le propos de Francis Bacon sur le thème de l'amour.

    Je n'écris pas ici l'amour avec un grand "A", mais bien un petit "a", car c'est bien le propos de Shakespeare, comme de Francis Bacon, de mettre en garde contre la vanité ou l'illusion amoureuse. Bacon montre par exemple que l'histoire n'offre pas d'exemple de grand homme qui ait été "amoureux" ; ou alors, explique Bacon, ce fut son point faible, entraînant sa perte. A contrario, Bacon décrit les soldats comme des individus cédant facilement aux caprices de l'amour.

    Les pièces de Shakespeare où l'amour tient le rôle principal sont nombreuses : "Othello", "Mesure pour mesure", "Peine d'amour perdue", "Roméo et Juliette", sans oublier le sonnet intitulé "Le Viol de Lucrèce".

    "Mesure pour Mesure" est sans doute une des plus intéressantes et révélatrices : cette pièce montre à quel point l'amour est corrupteur de la morale ; substituer l'amour à la morale, c'est prendre le chemin du vice. Le duché de Vienne est en proie à une sorte de folie puritaine, dont on pressent qu'elle ne pourra se résorber que dans l'immoralité opposée. Autre leçon de la pièce : puritanisme et libertinage sexuel sont les deux facettes d'une même folie.

    (Cette pièce fut donnée la première fois en 1604, à la charnière des règnes d'Elisabeth Ire et de Jacques Ier.)

    On peut dire que Shakespeare et Bacon ne font que faire valoir ici un point de vue "antiquisant" ou "philosophique" assez banal ; en effet, presque sans exception, les philosophes de l'Antiquité prônent que la philosophie commence par la maîtrise des passions. Le bonheur ne peut être qu'à cette condition. On comprend, à ce point, que des moralistes antichrétiens et antisémites tels que Nietzsche et Freud aient pu voir dans le théâtre de Shakespeare l'illustration de leur doctrine morale, un effort similaire pour restaurer l'éthique et la raison païennes dans une Europe en proie à la folie judéo-chrétienne.

    Cependant Shakespeare se limite à exposer que l'amour et l'éthique sont deux choses distinctes ; c'est la morale chrétienne qu'il dénonce en disant cela, c'est-à-dire la notion du bien et du mal enseignée par le clergé ; or cette morale n'a AUCUN FONDEMENT EVANGELIQUE, pas plus que la morale des prêtres juifs n'avait de but spirituel selon Jésus-Christ.

    On constate en lisant les évangiles que ce sont les préceptes moraux auxquels sont attachés les prêtres juifs qui les empêchent de reconnaître en Jésus-Christ le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament.

    La preuve que Shakespeare n'est pas "païen", contrairement à certaines médisances catholiques ou puritaines, c'est que la notion de "péché" est conservée dans les pièces de Shakespeare. Elle est conservée, et délivrée du sens que la "morale catholique" prête au péché.

    "Il en est que le péché élève, et d'autres que la vertu fait chuter." peut-on lire ainsi dans "Mesure pour Mesure" : cette parole en apparence mystérieuse est aussi inexplicable du point de vue de la morale catholique ou chrétienne qu'elle est incompréhensible du point de vue païen ou athée (tel que Nietzsche l'a défini de manière réductrice).

    En revanche plusieurs exemples tirés des évangiles permettent de comprendre cette parole, de même que les épîtres de l'apôtre Paul, théologie sous-jacente au théâtre de Shakespeare - CETTE PIERRE D'ACHOPPEMENT de la culture occidentale.

  • Rendre à César

    La politique est le domaine de César, ainsi que toutes les questions sociales contiguës.

    C'est à propos des impôts, question éminemment sociale (on dit que l'argent est le nerf de la guerre, mais il permet aussi d'acheter la paix) que les scribes et les grands prêtres juifs décident de tendre un piège à Jésus-Christ. -Nous est-il permis, ou non, de payer l'impôt à César ? (Luc, XX,20), font-ils demander à Jésus.

    La réponse de Jésus est célèbre : -Ainsi donc, rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Jésus stigmatise ainsi la confusion des choses matérielles et des choses spirituelles ; sa réponse est facile à comprendre ; elle l'est d'autant plus que Jésus indique clairement que son Royaume n'est pas de ce monde.

    Il est sans doute humain de se préoccuper des questions sociales avant tout ; mais Jésus-Christ nous adresse un message divin, spirituel, qui ravale les problèmes humains à un rang inférieur. Dans la plupart des religions païennes, les questions religieuses et les questions sociales sont emmêlées.

    La réponse de Jésus est sans ambiguïté, mais l'Eglise catholique romaine s'efforce de l'occulter pour justifier les pactes qu'elle a passé et passe avec les puissants de ce monde. On peut lire ici ou là sur des sites de propagande catholique que Jésus ne prohibe pas l'engagement politique et social (!). Il faut ici toutes les ressources de la casuistique enseignée dans les séminaires pour faire dire au Christ autre chose que ce qu'il dit : l'engagement politique et social est dépourvu de fondement spirituel.

    - Un chrétien peut-il participer à un scrutin électoral ? Jésus-Christ ne dispense pas de payer l'impôt. Il arrive que les scrutins électoraux aient un aspect d'organisation pratique. Cependant le populisme et la démagogie jouent un rôle primordial dans le gouvernement des grandes nations désormais ; rares sont les élites dirigeantes qui ne recourent pas à la mystification du peuple, et cette mystification implique une forme de religion mystique parfaitement étrangère au christianisme (le mysticisme de Tocqueville ou celui de Hegel sont, au XIXe siècle, deux formes de mysticisme qui, pour se référer au christianisme, n'en sont pas moins parfaitement étrangers à l'esprit du christianisme).

    Ce qui est interdit au chrétien, c'est de faire valoir des solutions politiques ou sociales chrétiennes. C'est là le péché de fornication, le plus grave, car il est dirigé contre le salut, la parole et l'esprit de dieu. La démocratie-chrétienne procède entièrement de la fornication. Plus ou moins manipulés ou manipulateurs, les acteurs de la démocratie-chrétienne s'exposent à la damnation.

     

  • La Grâce de Dieu

    La critique janséniste s'apparente à la critique luthérienne dans la mesure où les théologiens jansénistes reprochent aux jésuites de contredire l'enseignement de Paul. S'appuyant sur les évangiles, Paul explique (dans une épître adressée aux Hébreux) que les oeuvres ne mènent pas au salut promis par Jésus-Christ à ses fidèles disciples, mais la foi seule.

    Ici les jansénistes introduisent la notion de "grâce", qu'ils ne parviennent pas à expliquer clairement, emmêlant la question du don de dieu fait aux hommes avec des notions philosophiques confuses telle que le "libre-arbitre".

    Martin Luther va plus loin ; il remet en cause les sacrements distribués par le clergé catholique romain. Ceux-ci sont probablement la plus grande cause d'athéisme dans les temps modernes. Ils contribuent en effet à la transformation de la foi chrétienne en une sorte d'"activisme social" - celui-là même dont les plus récents papes ont la bouche pleine et qu'ils régurgitent dès lors qu'on leur tend un micro, prétendant se mêler de l'avenir de l'humanité et savoir ce qui est bon pour elle.

    D'une certaine manière, les sermons de Paul barrent la route à la doctrine de l'Eglise romaine, ainsi que, cela va de soi, la formule démocrate-chrétienne prisée des puissants de ce monde.

    Un exemple récent, le "père" Nicolas Buttet, prêtre catholique romain, dans une gazette d'obédience démocrate-chrétienne/catholique, répond dans un article à la question : - Sommes-nous justifiés par nos oeuvres ?, et conclut après un long développement : "...don gratuit et oeuvres ne s'opposent pas mais se complètent".

    La doctrine sociale de l'Eglise romaine, QUI N'A AUCUN FONDEMENT EVANGELIQUE, est bien la formulation moderne de l'affirmation du salut par les oeuvres.

    Alors que veut dire l'apôtre Paul, sur quel tromperie met-il le doigt exactement en déclarant que LA FOI SEULE SAUVE ?

    D'abord, il faut dire que les païens sont capables d'oeuvres belles et bonnes, dans le domaine politique, social ou philosophique.

    Paul, à la suite de Jésus-Christ, combat par avance une hérésie répandue dans les derniers temps, à savoir la confusion de toutes les religions. Prolifèrent aujourd'hui de soi-disant érudits qui enseignent que toutes les religions ne sont qu'une seule. Paul, quant à lui, s'efforce tant qu'il peut de faire comprendre la différence entre l'ancienne loi de Moïse, et la nouvelle loi de Jésus-Christ - l'ancien sacerdoce et le nouveau.

    La foi chrétienne n'a pas le caractère social ou anthropologique des religions païennes, dit Paul de Tarse, mais elle résulte du don supplémentaire de la parole divine (= évangiles), dont les païens ne bénéficièrent pas, ni même les Juifs de l'Ancien Testament ; les prophéties des prophètes juifs n'étaient comprises que des saints. La volonté du chrétien doit donc se soumettre à la volonté de dieu pour qu'il soit sauvé, et non chercher à accomplir son propre rêve ou projet. Les oeuvres sont bonnes pour l'homme, mais non pour le salut.

    La condamnation des oeuvres comme moyen de salut est à rapprocher de la colère du Christ contre les marchands du Temple de Jérusalem, dont le péché n'est pas le commerce mais le commerce d'offrandes, c'est-à-dire de ce qui est présenté comme un moyen de salut, mais qui ne l'est pas aux yeux de Dieu, nous dit son fils, notre frère Jésus.

  • Catholique agnostique

    Le mot est d'Alain Juppé, au cours de sa campagne électorale, dans une interview. Il n'a d'autre sens que : - Je sais ménager la chèvre et le chou.

    On pourrait relever des propos semblables dans la bouche de Donald Trump ou de François Fillon, Marine Le Pen - tous les candidats, petits ou grands, qui usurpent le nom de Dieu et s'en servent pour une cause personnelle.

    Quant aux chrétiens, ils savent que celui qui n'est pas avec Jésus-Christ est contre Jésus-Christ, selon sa parole. Il n'y a donc pas d'agnostique du point de vue chrétien.

    L'expression paradoxale, pour ne pas dire absurde d'Alain Juppé, est caractéristique de la démocratie-chrétienne. Il n'y a pas là un point de vue original d'Alain Juppé, mais l'antichristianisme sournois auquel conduit inéluctablement la démocratie-chrétienne. Et cette dernière est une émanation de la doctrine sociale de l'Eglise catholique romaine.

    Malgré la sournoiserie des attaques contre la parole de Dieu, les chrétiens fidèles à sa parole, qui rendent à César ce qui est à César et ne nourrissent par conséquent aucun espoir dans une quelconque solution politique, les chrétiens fidèles doivent garder confiance dans le triomphe de l'Esprit de dieu.

    Satan a tendu un piège, disent les Ecritures saintes, et il est tombé dedans.

  • Des Miracles

    Au sujet des miracles, la question n'est pas de savoir si l'on y croit ou pas ; l'opposition des esprits "cartésiens" à ceux qui ne le sont pas n'a pas plus d'intérêt.

    En effet, la foi dans le hasard est très répandue de nos jours, et le hasard est une forme de miracle. Le miracle s'étale d'ailleurs quotidiennement et en permanence sous nos yeux. Pour les personnes prudentes, dont je suis, la survie des personnes imprudentes est un miracle qui ne lasse pas de me surprendre. Parfois j'en sursaute, même : - Certainement ce con-là doit avoir un ange gardien à son service ! me dis-je en voyant toujours vivant, malgré le temps qui passe, un qui a le don de se jeter dans tous les pièges mortels de la vie.

    On pourrait multiplier les exemples ; je suis sûr qu'à l'inverse, l'existence des personnes prudentes a quelque chose de miraculeux pour les têtes brûlées.

    L'économie capitaliste fonctionne à partir d'impulsions irrationnelles ; on peut donc dire que son fonctionnement relève du miracle.

    D'une certaine façon, le miracle est banal et ce sont les choses qui n'arrivent pas par miracle qui sont rares.

    La signification du mot "miracle" a changé depuis que l'Eglise catholique s'en est emparé pour le besoin de sa propagande. On le voit actuellement, où l'Eglise romaine multiplie les décrets de canonisation, piétinant allègrement au passage la doctrine de saint Paul sur les oeuvres et le salut.

    En présence d'un miracle, la vraie question est de savoir si c'est Dieu qui opère, Satan, ou bien un démon quelconque ? Comme la question est ardue, les théologiens s'y risquent rarement, même si beaucoup indiquent la réticence de Jésus-Christ à accomplir des miracles.

    L'évangile de Jean, dans sa partie la plus prophétique, évoque les grands miracles accomplis par "la bête de la terre" (dont le nombre est 666) à la fin des temps afin de détourner l'homme de Dieu ("Elle [la bête] opérait de grands prodiges, jusqu'à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes, et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d'opérer (...)" Ap. XIII, 14-).

    Comme la culture est le principal argument contre Dieu (notamment au sein d'Eglises soi-disant chrétiennes), et que la culture contemporaine est essentiellement "technocratique", on peut déduire que les grands miracles accomplis par l'Antéchrist sont les grandes découvertes techniques que l'homme s'attribue, et qui ont bouleversé son mode de vie au cours des dernières décades, tantôt lui apportant plus de confort et de sécurité, tantôt se traduisant par des fléaux dévastateurs pour l'humanité. Ces fléaux font apparaître que l'homme n'a qu'une maîtrise relative de ce qu'il présente comme son oeuvre.

    J'ai remarqué depuis longtemps que les grandes trouvailles technologiques impressionnent beaucoup plus les esprits dévots et superstitieux que les esprits sérieux. Ces derniers font un effort pour que les super-pouvoirs (à double tranchant) de la technologie empiètent le moins possible sur leur existence.

  • Notes sur le jansénisme

    Le jansénisme est une religion de moralistes.

    La critique janséniste vise juste en ce qui concerne les jésuites et les abus de pouvoir dont la « compagnie de Jésus » s’est rendue coupable au nom de Jésus-Christ.

    Ne pas rendre à Louis XIV ce qui est à Louis XIV, et à dieu ce qui est à dieu, mais confondre les deux autorités, voilà l’hérésie flagrante des jésuites. Ils se parent du nom de Jésus, mais Judas aussi a embrassé Jésus ostensiblement.

    Sur le plan de la foi, en revanche, le jansénisme se situe au niveau du ratiocinage ; pourquoi les œuvres ne mènent pas à dieu ? Mieux vaut lire les épîtres de Paul pour le comprendre.

    La tournure eschatologique de l’enseignement de Jésus et des apôtres, voilà ce qui rend les évangiles aussi difficile à admettre du point de vue moral. La fin du monde est une issue que le moraliste n’est pas disposé à accepter.

    La Bruyère est sans doute fin psychologue, plus utile que Freud car il sait rester modeste ; cependant La Bruyère est un chrétien qui ne tient pas compte du jugement dernier, c’est-à-dire un énergumène, aussi « honnête homme » soit-il.

    C’est le point de la prédestination, où conduit l’enseignement janséniste, qui permet de caractériser le jansénisme comme une religion de moraliste. En effet chaque homme est en effet plus ou moins prédestiné à être vertueux ; les hommes le sont plus que les femmes, du point de vue antique, tandis que l’éthique moderne, plus abstraite, suggère le contraire ; à certains hommes la vertu semblera une haute montagne inaccessible, à d’autres un promontoire qu’ils pourront atteindre.

    Or l’honnête homme ou l’homme vertueux n’est pas plus près de dieu ou du salut que le criminel disent les Evangiles.

    • Notons ici que les « moralistes chrétiens » sont cause que la vertu est devenue, au cours du temps, une notion très vague.
  • L'abstentionniste

    En période électorale, l’abstentionniste que je suis est la cible de prosélytes qui ont tendance à envahir les lieux publics et à bourrer les boîtes aux lettres de professions de foi.

    La foi, justement, je ne l’ai pas et ne l’ai jamais eue. Les grands principes de la démocratie m’ont tout l’air d’une invention des hommes pour se rassurer.

    Que dit-on des personnes qui assistent à la messe sans croire ? Dans le meilleur des cas, on dit qu’ils perdent leur temps, ou pire, qu’ils sont hypocrites. Que dirait-on de moi si je votais sans croire, prenant le premier bulletin qui me tombe sous la main pour le fourrer dans l’urne après être passé dans l’isoloir, suivant le rituel empreint de puritaine austérité ?

    Je me rappelle avoir participé à un scrutin local, il y a de cela des lustres, porteur d'une carte d'électeur toute neuve, et exhorté par mon père (on a souvent à vingt ans la religion de ses parents, ou bien la religion exactement opposée), et cette cérémonie, nouvelle pour moi, me parut sinistre, pleine de regards en coin. En comparaison le rituel catholique, même déclinant et miteux, est quand même moins lugubre ; les vieux prêtres à demi-alcooliques sont moins effrayants que les assesseurs aux regards perçants d'experts-comptables, que l'on entend penser tout haut : - une voix est une voix.

    La République française ne devrait-elle pas servir l'apéritif à ceux qui viennent voter ; et pourquoi pas, organiser des kermesses ? Les Américains savent mieux y faire dans ce domaine, car c'est vraiment leur religion d'origine.

    Abstentionnistes, laissons les morts aller à l’urne.

  • Contre Sainte-Beuve

    Ce qui intéresse Sainte-Beuve dans le christianisme n’est pas tant le Christ ou la Révélation, mais l’impact du christianisme sur la littérature, française notamment (cf. « Port-Royal »).

    Bien qu’il soit athée, cela n’empêche pas Sainte-Beuve de délivrer des certificats de christianisme, ou de les refuser à tel ou tel – Molière par exemple ; et, de façon plus étonnante, Bacon. De façon plus étonnante, car Sainte-Beuve lit en général les auteurs qu’il commente, or Bacon est explicitement chrétien, comme Pascal ou La Bruyère ; tout au plus peut-on reprocher à Bacon de prêcher une doctrine chrétienne hérétique, non pas d’être indifférent ou agnostique.

     Le cas de Molière est différent, car ce dernier ne prend pas position sur la doctrine. Cependant l’épisode de l’aumône faite au pauvre par Don Juan, dans la pièce éponyme, ne peut avoir été écrit que par un esprit chrétien, car elle met le doigt sur le problème de la charité telle que l’évangile le présente, différente de ce que l’on appelle aujourd’hui « solidarité sociale ». De surcroît, les évangiles présentent le monde, la société, comme l’enfer, et Molière fait de même : son misanthrope, son bourgeois vaniteux, et bien sûr son avare, sont possédés par l’esprit du monde ; Don Juan, quant à lui, est un peu plus libre, car il incarne le diable, c’est-à-dire la liberté de jouir sans entrave dont rêve le commun des mortels. Néanmoins Don Juan est mortel, par conséquent il n’est pas libre selon le point de vue chrétien.

    De façon presque comique, car fantaisiste, Sainte-Beuve distingue les chrétiens « durs » des chrétiens « doux ». Doux ou dur, il ne dit rien du Christ, qui est venu apporter la guerre et non la paix, sachant que face à la force de l’esprit de dieu, cette force que le Christ nomme « amour », le monde ne pouvait que se rétracter et entrer en convulsion.

    Quant à Honoré de Balzac, Sainte-Beuve le juge trop vaniteux pour être un converti sincère. Pour attester du manque d’esprit chrétien de Balzac, il cite un propos tenu dans une lettre : « Vous m’écrivez des merveilles sur le sujet du docteur disgracié [le janséniste Arnauld] pour avoir trop parlé de la Grâce. Ils sont étranges, vos docteurs, de parler des affaires du Ciel, comme s’ils étaient Conseillers d’Etat en ce pays-là, et de débiter les secrets de Jésus-Christ, comme s’ils étaient ses confidents. Ils en pensent dire des nouvelles aussi assurées et les disent aussi affirmativement que s’ils avaient dormi dans son sein avec saint Jean… A votre avis, ne se moque-t-on point là-haut de leur empressement et de leur procès ? ».

    Pourtant Balzac cerne parfaitement ici le défaut du jansénisme : une tournure sophistiquée que l’on ne retrouve pas chez saint Paul (qui discrédita le salut par les œuvres en se fondant sur les évangiles), ni même chez Luther ou Calvin.

    A cette date, Balzac n’est peut-être pas encore officiellement converti, mais il a assez d’oreille pour entendre ce qui, dans la littérature chrétienne janséniste, sonne "étrange", c'est-à-dire faux.

  • Folie de la croix, folie des hommes

    On retrouve sous la plume de Sainte-Beuve («Port Royal», 1840) l’expression «folie de la croix» pour parler de l’exécution de Jésus-Christ.

    Sympathisant du mouvement janséniste hostile aux méthodes jésuites et à la théologie médiévale, Sainte-Beuve était et demeura néanmoins athée. Il est l’auteur d’une impossible étude du christianisme d’un point de vue extérieur, sous l’angle de la crise janséniste du XVIIe siècle, qu’il définit comme une tentative de réforme protestante interne à l’Eglise romaine. «Impossible étude» -car Sainte-Beuve ne pouvait l’ignorer, qui cite parfois les évangiles et saint Paul- le Messie des chrétiens a proclamé que «CELUI QUI N’EST PAS AVEC LUI EST CONTRE LUI».

    La casuistique laïque, qui dissocie artificiellement «vie publique» et «vie privée», par exemple, n’est pas sans rappeler le jésuitisme. Du point de vue chrétien authentique, il ne peut y avoir de posture neutre vis-à-vis de Jésus-Christ et de la parole de dieu. La thèse laïque apparaît donc comme une imposture, notamment dans sa version « démocrate-chrétienne », la plus cauteleuse.

    L’expression « folie de la croix » est malheureuse parce qu’elle est pleine d’ambiguïté. A qui attribuer cette folie ? Un chrétien répondra sans hésiter : - au clergé juif qui a comploté l’assassinat de Jésus-Christ, le Messie annoncé par les prophéties juives ; ou encore : - à la soldatesque romaine, qui a torturé et exécuté l'envoyé de Dieu.

    Du point de vue païen ou athée, qui est celui de Sainte-Beuve, la folie peut passer pour celle de dieu lui-même, qu’il ne comprend pas ou auquel il s’oppose. Du point de vue biblique, c’est-à-dire juif, puis chrétien, la folie est le propre de l’homme sans dieu ou bien idolâtre. L’idolâtrie contemporaine, du veau d’or ou de l’Etat, dont les régimes totalitaires font étalage, prouve que le point de vue chrétien n’est pas insensé, ni la prédiction des apôtres sur le règne de l’Antéchrist.

  • De la Pédérastie catholique

    Le lobby gay se prévaut pour réclamer de nouveaux droits pour ses membres (droit d'adopter et/ou concevoir des enfants) d'une invention catholique romaine : l'amour. - On s'aime, donc on doit avoir le droit de se marier/de procréer.

    Le mélange de l'amour et du mariage est un mélange inconcevable dans le monde païen ; la cérémonie de mariage s'apparente plutôt dans ce cas à un viol rituel. Le rituel est conçu, non pour occulter la violence de l'acte sexuel, mais pour, selon la philosophie naturelle, mieux encadrer cet acte afin d'en atténuer la violence (cf. mythe du viol de Perséphone par Hadès).

    Quelques essayistes réactionnaires malveillants ou ignares ont tenté d'imputer au christianisme l'invention de l'amour ; cela revient à assimiler la civilisation occidentale au christianisme, deux choses très différentes.

    Jésus-Christ en son évangile ne manque pas de rappeler plusieurs fois que "la chair est faible", par conséquent que l'union de chair n'a rien de sacré à ses yeux, tandis qu'elle revêt ce caractère dans de nombreuses civilisations ou religions.

    Le mot célèbre de saint Paul "Femmes, soyez soumises à vos maris", dérange parfois le clergé romain, car il est peu conforme à l'idéal moderne amoureux. L'apôtre considère le mariage comme un remède à la faiblesse, de sorte que cette institution est plus nécessaire aux hommes qu'aux femmes. - A quoi bon le mariage ?, répondent les apôtres quand le Messie leur prescrit de ne pas répudier leur femme à la manière brutale ancienne des Juifs.

    Pourquoi le clergé catholique romain contredit-il Jésus-Christ, au point de fournir une explication absurde au sacerdoce des prêtres ? Shakespeare, dans "Roméo & Juliette", fait la toute la lumière sur ce mécanisme institutionnel. Le maintien par le clergé catholique de la chair dans ses droits sacrés est la condition sine qua non pour prendre pied sur le terrain de l'éthique sociale ; de cette façon, on peut dire que l'éthique bourgeoise moderne et le catholicisme romain sont indissociables.

    L'éthique bourgeoise est destinée à provoquer le scandale parmi les nations païennes, dans la mesure où elle repose sur l'arbitraire (déguisé en loi d'amour universelle).

  • Rêveuse bourgeoisie

    On peut résumer le mobile de la culture bourgeoise à l'incitation au rêve ; l'objectivation de la culture bourgeoise est le développement sans fin de la technologie (le progrès tend vers une fin, contrairement au "développement") ; aux gadgets technologiques, il faut ajouter les gadgets intellectuels comme la théorie de la relativité d'Einstein, et de nombreuses théories adjacentes, dont le caractère onirique est remarquable, au point que l'on devrait parle de "science surréaliste".

    Ainsi la culture bourgeoise renferme la recette du totalitarisme, dont la tournure d'esprit est médiévale. Ainsi, lorsque G. Orwell fait observer que les lunettes de l'intellectuel ne lui permettent pas de distinguer les effets du totalitarisme, on peut compléter cette remarque en disant que l'intellectuel est une invention du moyen-âge.

    Tous les détracteurs ou critiques de la culture médiévale, tant sur le plan artistique que scientifique, philosophique ou religieux, ont écrit un chapitre pour fustiger l'intellectualisme.

    Dans la culture médiévale, comme dans la culture bourgeoise ou dans les régimes totalitaires, l'intellectuel joue le rôle crucial qui consiste à entretenir l'illusion du progrès.

  • Religion contre spiritualité

    Rien de plus éloigné de la religion que la spiritualité, ainsi que la vie de Jésus-Christ nous le montre, puisque le mobile de son assassinat est un mobile religieux.

    L'évangile de Jésus-Christ nous enseigne d'ailleurs qu'à la fin des temps, la spiritualité triomphera sur la religion.

    Au coeur de la religion, les questions sexuelles et alimentaires, l'organisation des rapports humains ; de sorte que l'on peut dire qu'il n'y a pas de société possible sans religion - il n'y en a jamais eu, aussi dévastatrice soit-elle, comme le récent nationalisme.

    Au plan social, l'erreur humaine fait loi, à l'exception des sociétés totalitaires qui, visant la perfection, ont convoqué la bestialité. Il s'agit au contraire, quand on poursuit un but spirituel, de surmonter l'erreur humaine. Le point de vue spirituel rabaisse si nécessaire la religion et la société au niveau de ce qu'elles sont, à savoir un mouvement de prédation de l'homme par l'homme.

    On peut tenir Molière et Balzac pour des auteurs spirituels dans la mesure où ils font voir les ressorts véritables de la société.

    Il est logique qu'un auteur spirituel soit considéré comme un auteur irréligieux. A l'inverse on peut considérer une littérature dépourvue de but spirituel, tel Proust qui s'adresse plus aux sens qu'à l'esprit, comme une littérature religieuse.

  • Satan dans l'Eglise

    Redisons-le avec autant de force qu'il est possible, et quoi que cette force puisse paraître ridicule : il n'y a pas de "doctrine sociale chrétienne" possible. En effet, aucune société n'est possible a contrario sans exaltation de la chair et de la vie, dont Jésus-Christ fait remarquer la faiblesse. Parce qu'il est de chair, l'homme est faible ; parce qu'il vit, il n'a pas pour autant de part au salut ni à l'amour.

    Parler de "doctrine sociale chrétienne" est donc pécher contre l'Esprit de dieu en infirmant sa parole.

    La religion de la "doctrine sociale chrétienne", qui ne sera jamais mise en vigueur car elle impossible et a pour seule fonction la ruse, mérite d'être qualifiée de "complot de pharisiens et de veuves". Elle en a la puissance et la fonction, se confondant avec l'antichristianisme puisqu'elle vise à empêcher l'apocalypse.

    On impute parfois à tort au seul clergé catholique romain d'avoir rétabli la "culture de vie" païenne ; cependant la morale puritaine, en apparence plus austère, n'a pas moins un mobile érotique. La récompense promise à ceux qui respectent l'éthique puritaine a souvent une connotation sexuelle ; de même l'attitude extatique de certains religieux paraît une satisfaction d'ordre sexuel et non spirituelle.

  • Laïcité, piège à moules

    Rien de plus ridicule que de combattre le prosélytisme religieux au sein d'un monde où la publicité et les publicitaires font la pluie et le beau temps.

    Prenons le satanisme, par exemple : cette religion d'adolescents mal dégrossis (par opposition à la doctrine satanique de Nietzsche, plus élaborée) est presque entièrement un produit marketing, qui n'offusque pas grand monde dans la mesure où il ne semble pas représenter une menace pour l'ordre bourgeois.

  • Odeur de l'intellectualisme (2)

    On peut interpréter l'intellectualisme comme un vieillissement de la pensée ; en effet les vieillards, privés des forces nécessaires à l'expérience, sont acculés à la spéculation, caractéristique du raisonnement intellectuel, que l'on peut qualifier de "rêve éveillé". De même les enfants ont des raisonnements excessivement intellectuels, car leur besoin de théoriser est très grand.

    On mesure que la science moderne n'est qu'un édifice d'hypothèses enchevêtrées à la place grandissante de la science-fiction dans la culture moderne, non seulement tolérée mais encouragée par de nombreux pseudo-savants. Car, si la fiction est l'ennemie du savant, en tant qu'elle s'oppose à l'expérience, en revanche la fiction conforte le raisonnement intellectuel arbitraire.

    Rapprocher le goût pour la fiction de l'intellectualisme, c'est aussi indiquer que le tour d'esprit intellectuel est un tour d'esprit religieux. Les régimes totalitaires (Etats-Unis, Union soviétique, Allemagne nazie) qui ont reçu et reçoivent la caution de nombreux intellectuels, sont des régimes où le fanatisme religieux est sournoisement encouragé. "Sournoisement", car il est souvent exalté au nom de la science, que les citoyens sont incités à idolâtrer, alors même que science et idolâtrie s'opposent.

    C'est probablement le sentiment d'inutilité ou d'illégitimité qui a poussé un certain nombre d'intellectuels à s'opposer avec plus ou moins de force à ce fléau de notre temps qu'est l'intellectualisme (fléau dans la mesure où, comme l'amour, le raisonnement intellectuel rend aveugle), au nombre desquels on peut citer K. Marx, F. Nietzsche, A. Arendt, S. Weil.

    Le remède à l'intellectualisme est l'expérience, qui fonde la science, ou bien ce raccourci que constitue la lecture d'ouvrages chargés d'expérience (et qui pour cette raison n'ont pas le caractère éphémère des ouvrages intellectuels) : la bible, Homère, Shakespeare.

  • Odeur de l'Intellectualisme

    De quoi les intellectuels et l'intellectualisme sont-ils le signe ? Ils sont le signe que la bête est morte, car les intellectuels sont des parasites, qui se nourrissent de bribes de chair morte. Ils mâchonnent de vieilles idées et les régurgitent en les faisant passer pour neuves.

    L'intellectualisme est un signe inquiétant pour ceux qui sont attachés à la civilisation, mais l'odeur nauséabonde des intellectuels et de leurs idéologies ne doivent pas inquiéter le chrétien, qui n'est pas lié à la civilisation mais nage à contre-courant.

    Polonius est la figure de l'intellectuel, dans le Danemark nauséabond qui représente l'Occident. Si Hamlet met à mort Polonius, c'est pour la raison que cette espèce d'homme répand la fausse science et l'occultisme - elle est mandatée par le dieu du mensonge.

  • Culture de Mort

    Vu un reportage sur des putains mexicaines, qui donnait un aperçu de leur religion ; les nonnes ne sont pas les seules à être dévotes, les putains le sont aussi. L'obsession sexuelle est une caractéristique des personnes immatures, que celles-ci aient des moeurs dépravées ou puritaines.

    Ces putains mexicaines se prosternent et prient ce qu'elles appellent "la sainte mort", figurée par une femme qui ressemble à une déesse païenne, mâtinée d'attributs catholiques.

    Il n'est pas difficile de comprendre à quel mécanisme psychologique cette dévotion correspond ; il s'agit, pour des personnes qui frôlent la mort chaque jour -la prostitution n'est pas aseptisée au Mexique comme elle est dans les pays surdéveloppés-, de tenter d'apprivoiser cette puissance naturelle. On retrouve souvent chez les soldats semblable dévotion, compte tenu du danger qu'ils courent.

    Parfois encouragés par des prêtres chrétiens, de tels rituels relèvent de l'antichristianisme puisqu'il s'agit de présenter sous un jour mensonger une religion qui repose sur la vérité. Les chrétiens ne doivent pas se montrer moins sévères avec de tels travestissements de la vraie foi que le Christ s'est montré sévère avec les pharisiens.

    La culture de mort est donc le propre des personnes faibles et soumises. Elle s'est répandue dans les temps modernes en proportion de l'asservissement croissant des hommes à des systèmes politico-économiques qui les dépassent. La techno-science est un exemple de système auquel l'esprit de l'homme moderne adhère, en même temps qu'il a peu de prise sur lui et que son fonctionnement lui échappe.

    Nietszche a parfaitement raison de voir en l'homme moderne un esclave ; reste à savoir si cela tient aux effets désastreux du christianisme comme N. le prétend, ou bien à une stratégie de Satan.