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Mon Journal de guerre - Page 14

  • Pourquoi tant de haine ?

    A cette question, qui peut être lancinante pour le citoyen lambda d'un Etat totalitaire, n'ayant des rouages de l'Etat qu'une connaissance abstraite, les chrétiens ont une réponse.

    Une double réponse : la première est extraite de l'ancien testament et de la mythologie juive ; elle explique la violence en général ; la seconde tirée du nouveau testament, explique la persistance de la haine et de la violence depuis la Révélation pleine et entière de l'amour divin, et le scandale que cette révélation causa parmi les hommes, à commencer par les Juifs. Cette explication secondaire recoupe la notion d'antéchrist.

    L'apôtre Paul définit grosso modo l'antéchrist comme la force qui s'interpose entre les justes et le jugement dernier (que les justes appellent de leurs voeux). Je nomme pour ma part l'antéchrist dans un souci de pédagogie : démocratie-chrétienne. Nous pouvons l'entendre actuellement diffuser son message de haine cauteleux.

    L'antéchrist est donc une notion étroitement liée au sens chrétien de l'histoire, puisque la coïncidence est prophétisée dans le christianisme de l'avènement de l'antéchrist et de la fin des temps.

    Première réponse tirée de l'enseignement de Moïse : le péché, cause de la violence, de la haine et de la mort. Ici il faut se méfier de l'interprétation donnée par le clergé de la Genèse. Elle consiste le plus souvent à trahir le sens de la Genèse en lui prêtant une signification morale que ce texte n'a pas (un lecteur attentif observera que l'arbre symbolisant le péché est l'arbre de la connaissance du bien et du mal). La Genèse stigmatise la bêtise humaine, l'ignorance de l'homme, dont la condition humaine résulte, et que la vertu ne permet pas de surmonter. Dans la mythologie grecque on trouve déjà cette idée que la vertu est insuffisante pour avoir part aux choses divines.

    On peut donc comprendre l'antéchrist comme une bêtise renouvelée, renforcée contre la condamnation chrétienne du monde.

  • Terrorisme et totalitarisme

    Le terrorisme est le paravent du totalitarisme.

    Au sujet du totalitarisme j'ai lu Marx, Orwell, Arendt, et quelques autres... Aucun n'aborde la question de l'islam. C'est bien plutôt le problème de l'échec de la révolution terroriste qui est abordé, et de la métamorphose de la révolution terroriste en Etat de droit totalitaire qui est intéressante (l'Etat napoléonien en France, par exemple).

    Le djihad est un mouvement réactionnaire, dans la mesure où il prône le retour à un ordre social ancien ; il est moderne dans la mesure où il est terroriste et révolutionnaire, tirant son efficacité de moyens de lutte modernes. En ce sens, le nouveau califat qui menace l'Occident est un Etat moderne occidental - son succès dépend de sa capacité à imiter des méthodes terroristes qui ont contribué au renversement de l'ordre ancien en Occident.

    Si le djihad était vraiment réactionnaire, les djihadistes utiliseraient des cimeterres et non des kalachnikovs ; il se priverait de l'aide des femmes et des enfants, que les guerres modernes totalitaires ont contribué à impliquer. Il n'userait pas de moyens de propagande sophistiqués. Surtout, le djihadisme n'a pas inventé l'ingrédient qui fait sa force : la peur de mourir qui règne au sein des régimes totalitaires, fragilité émotionnelle entretenue par les médias audiovisuels, qui disposent en l'occurrence du pouvoir religieux. Ne nous étendons pas ici sur cette "peur de mourir" ; disons seulement qu'elle est paradoxale au point d'être parfois une motif de suicide. Contentons-nous de souligner la fonction et l'usage particuliers de la mort dans la culture moderne, sur le plan "existentiel" et donc économique.

    C'est la raison pour laquelle on peut examiner le problème du totalitarisme moderne de façon complètement indépendante de l'islam. L'islam n'est qu'un prétexte, utilisé à la fois par les chefs djihadistes pour promouvoir leur combat révolutionnaire, et d'autre part par les représentants des nations totalitaires ; ceux-ci occultent ainsi l'oppression qui découle de l'Etat de droit moderne, dont certains symptômes sont observables parmi les jeunes gens soumis à cet Etat de droit.

    La culture de masse est, par exemple, une forme d'oppression caractéristique des régimes totalitaires, qui fait des victimes bien au-delà des seuls Occidentaux dont l'aspiration au divertissement est stimulée de cette façon.

    Bien qu'ils n'abordent pas la question de l'islam, Marx, H. Arendt, Orwell, S. Weil, sont toujours autant d'actualité pour tenter de comprendre les tenant et aboutissant de la violence moderne.

    - A cela il faut ajouter que les mathématiques modernes constituent le schéma-type du raisonnement totalitaire moderne, ce que Marx, Arendt, Orwell ou S. Weil ont tous entrevu. Aucune raison d'ordre moral, politique ou pratique, ne justifie l'apprentissage des mathématiques modernes au point où ils sont enseignés aujourd'hui dès le plus jeune âge. Seule une volonté religieuse préside à un tel décret de l'Etat. De même le caractère scientifique des "sciences humaines", de plus en plus envahissantes, est le plus improbable. 

  • Pacte avec la Mort

    Le pacte avec la mort est un nombre d'hommes, le nombre 666. Le pacte avec la mort englobe bien plus que les seuls fanatiques de musique rock, arborant des têtes de mort sur leurs vêtements liturgiques.

    La culture moderne occidentale, dans la mesure où elle se définit comme "anthropologique", est une culture de mort, car le plan humain s'achève dans la mort.

    La mort se résume à un jeu de hasard.

  • Monde sentimental

    La surprise des attentats-suicides dans le centre de Paris passée, le torrent des réactions spontanées a commencé d'inonder les "réseaux sociaux", contribuant à alimenter le terrorisme qui, sans les réactions sentimentales de la foule, n'aurait pas le même impact.

    La stratégie du terrorisme est donc imparable. Elle ne renforce pas seulement la légitimité du terrorisme aux yeux d'éventuels postulants au djihad, mais également la légitimité de l'Etat dans ses fonctions policières et militaires vitales. La raison d'Etat passe d'autant plus pour raisonnable que les citoyens sont en proie à une émotion plus ou moins sincère.

    Les attentats, bien que ce ne soit pas leur but, soulignent deux phénomènes convergents : - la mondialisation, dont le terrorisme est la rançon puisque la mondialisation est un processus impérialiste qui ne peut manquer de rencontrer une résistance. Le choc des cultures oppose la culture des nations soumises à l'impérialisme à la culture des nations qui bénéficient de la mondialisation ;

    - d'autre part le sentimentalisme des masses, conditionnées à l'être. Les réactions sentimentales doivent d'autant plus être caractérisées comme une attitude religieuse trahissant l'absence d'esprit critique (les citoyens qui pleurnichent après les attentats n'hésitent pas à accorder leur blanc-seing à une politique économique impérialiste), d'autant plus que les élites françaises se prévalent d'une saine laïcité (c'est-à-dire, en principe, d'un esprit critique plus aiguisé).

    Les médias et les réseaux sociaux, aussi contrôlés que possible par les institutions étatiques, sont le canal privilégié d'expression de réactions qui vont de l'hystérie à la tentative de récupération politique, mais qui dans tous les cas sont parfaitement inutiles. Le terrorisme ne peut pas se passer de ces réactions ; mais l'Etat ne peut pas se passer non plus des médias et des réseaux sociaux pour étendre et raffermir son emprise, notamment économique.

    On peut définir le terrorisme comme une faille grandissante dans le processus de mondialisation, dans lequel les élites occidentales jouent le rôle le plus actif, et auquel les masses contribuent par leur passivité, c'est-à-dire une manière de réagir où l'émotion l'emporte sur la raison. La question politique est de savoir jusqu'où ira la faille ? Pour le moment, les élites occidentales ne sont guère inquiètes : leur arsenal militaire, d'une puissance sans équivalent dans l'histoire, est là pour les rassurer. Le terrorisme a même pour effet, dans un premier temps, de renforcer la légitimité de l'usage de la violence policière ou militaire. Mais ces élites ne peuvent ignorer le danger que le terrorisme fasse tache d'huile au sein des masses opprimées par l'Occident, qui représentent une force loin d'être négligeable.

    Mais surtout le terrorisme marque la limite de la pensée politique contemporaine, et sans doute de la pensée moderne en général, dans la mesure où celle-ci n'accorde aucune place véritable à l'histoire (le progressisme n'est qu'une philosophie de l'histoire truquée, destinée à servir de religion aux masses dans le cadre totalitaire). En effet, le terrorisme entame la conception béate et optimiste d'une mondialisation heureuse, hypothèse irrationnelle au niveau de la science-fiction.

    On ne fait pas de profit sans casser des oeufs, et la dynamique de la mondialisation est une dynamique de profit. Par conséquent le terrorisme, en tant que "dommage collatéral", a plus de sens que les publicités capitalistes grossières sur le thème "Peace and Love" ou des lendemains qui chantent, perspectives assignées au citoyen lambda d'un régime totalitaire, bien qu'absolument irrationnelles. Dans un régime dont le moteur est la compétition, c'est l'absence de violence qui serait étonnante.

    La réflexion politique ne permet donc pas de voir au-delà de l'horizon du terrorisme. L'histoire offre une plus grande profondeur de vue, dans la mesure où l'histoire, science prophétique, commence par indiquer les limites de la politique et de la réflexion anthropologique. Ce faisant, l'histoire à la manière de Shakespeare purge l'esprit d'une conception politisée de l'histoire dont l'Etat totalitaire a l'usage afin de sidérer les masses.

  • Pour ou contre Arendt ?

    Fodio, lecteur attentif de ce blog, m'a fait remarquer au cours d'une conversation que mon avis au sujet d'H. Arendt a varié au fil du temps ; naguère je la qualifiais de "dinde", avant de rédiger ultérieurement des commentaires de "La Crise de la Culture" nettement plus favorables. Qu'en est-il exactement ?

    J'ai découvert H. Arendt à travers la presse démocrate-chrétienne, spécialisée dans le faux et l'usage de faux, les citations tronquées ; j'ai eu tout d'abord une idée d'Arendt assez éloignée de la réalité, soulignant les aspects les plus insignifiants. Le premier mobile de la démocratie-chrétienne est le pacte Atlantique, c'est-à-dire un pacte militaire néo-nazi, qui ne doit surtout pas apparaître comme tel ; tous les autres mobiles sont annexes.

    H. Arendt est une essayiste réactionnaire inspirée par Nietzsche ; elle est plus franche et plus lisible que son amant nazi Heidegger qui s'efforça de faire oublier son appartenance au parti d'Adolf Hitler par diverses habiletés rhétoriques.

    La critique du totalitarisme au XXe siècle se fonde souvent sur Nietzsche pour la raison qu'il n'y a pas d'adversaire plus radical de la culture moderne que ce moraliste allemand (francophile). Les critiques marxistes du totalitarisme sont plus rares, dans la mesure où l'intelligentsia stalinienne (Sartre, Beauvoir, Althusser, etc.) s'est arrangée pour ne donner de la critique marxiste qu'une version tronquée, épargnant l'intellectualisme moderne.

    H. Arendt voit dans le phénomène de la culture de masse, dont elle tente de cerner les tenant et aboutissant, un phénomène totalitaire. La culture de masse est la marque du totalitarisme, quelle que soit la coloration politique mise en avant par le régime en place. Or la culture de masse est bel et bien caractéristique de la culture occidentale "judéo-chrétienne".

    La mise en cause du "judéo-christianisme" en tant que ferment de la culture de mort moderne est beaucoup moins nette de la part de H. Arendt qu'elle n'est de Nietzsche.

    Cependant le reproche que l'on peut faire à H. Arendt, comme à Nietzsche d'ailleurs, est d'éluder la responsabilité des élites politiques et culturelles. Avant toute chose, le cinéma, proposition principale de la culture de masse totalitaire, est un instrument de propagande militaire et policière entre les mains des élites politiques. S'il y a "masse", c'est donc d'abord en vertu des élites et des modalités de la politique moderne. On voit bien comme la "masse", son caractère quantitatif, est doublement adapté aux méthodes administratives de l'Etat moderne comme au capitalisme.

    Au niveau journalistique, le problème de la culture de masse totalitaire est abordé actuellement à travers le reproche du "nivellement par le bas" lancée à l'institution scolaire ; s'il n'y a pas de remède politique à ce nivellement, c'est bien pour la raison du profit de la culture de masse en termes d'aliénation et de gouvernement des masses.

    H. Arendt, à l'instar de Nietzsche, est donc capable de discerner le plan catastrophique du progressisme hégélien, institué religion d'Etat par les élites bourgeoises occidentales (dotées de puissants moyens de censure afin d'empêcher la critique de l'idée de progrès moderne de toucher les consciences) ; mais cette critique réactionnaire est dépourvue de moyens politiques pour empêcher les catastrophes d'advenir. Elle fait penser à Cassandre dans la mythologie, capable de prévoir le pire, mais non d'en dissuader ou de l'empêcher.

    Contrairement à la mythologie, qui est une théologie, Nietzsche et Arendt sont dépourvus de conscience historique véritable. Prouver que la perspective progressiste hégélienne n'est que pure rhétorique judéo-chrétienne ne suffit pas à prouver que l'histoire n'est qu'un fantasme judéo-chrétien.

     

  • Preuve de dieu

    La preuve de l'existence du dieu des chrétiens, c'est l'impossibilité de déduire des évangiles la moindre règle sociale - en quoi Jésus-Christ scandalise les siècles et les actionnaires du monde ; en effet, pour les élites, un dieu qui n'est d'aucun usage social n'est pas un dieu.

    En effet l'homme n'invente que selon son besoin, et même l'art répond à une nécessité, aussi difficile à discerner soit-elle dans les temps modernes. Déchiffrez la femme, et vous comprendrez à quoi l'art moderne est utile, pourquoi tant de maquillage et de musique.

    Le dieu des chrétiens est le seul dieu qui ne soit pas rassurant, car le jugement dernier n'a rien de rassurant.

    La foi chrétienne ne peut se contenter de la preuve de dieu, sans quoi elle serait la foi païenne.

  • Dans la Matrice

    Si l'homme est un animal politique, la femme, elle, est un animal religieux.

    Si les temps modernes sont aussi féminins, c'est en raison de l'importance de la fiction ou de la religion pour soumettre les masses, en renfort de la violence physique.

  • Rêveuse bourgeoisie

    Drieu La Rochelle est intéressant dans la mesure où il ne veut pas être un bourgeois. L'Amérique lui sembla le comble de l'arrivisme bourgeois - et l'Allemagne nazie une sorte d'anti-Amérique. L'antisémitisme de Drieu La Rochelle est assez incohérent (les antisémites sont rarement aussi cohérents que Nietzsche, qui s'efforça d'être un pur païen et suppôt de Satan).

    En voyant l'armée allemande dans Paris, Drieu La Rochelle est déçu : - Encore des bourgeois..., juge-t-il. Et d'en pincer alors pour les soviets, qu'il espère plus radicalement antibourgeois.

    Le fait est que le nazisme est beaucoup plus bourgeois et moderne qu'il n'est réactionnaire (= français). La manière de se débarrasser de Juifs est industrielle et cartésienne. C'est l'argument le plus convaincant des thésards qui nient l'existence des chambres à gaz : l'inefficacité du procédé. 

    "Le travail rend libre" est certainement la devise qui rend le mieux compte de l'esprit bourgeois femelle boche, tandis que la mythologie de Moïse dit que le travail est une infamie, le résumé de la condition humaine.

    Le plus méprisable chez Drieu La Rochelle est son amitié avec Malraux : gaulliste, stalinien, cinéphile, voleur, simulateur, simiesque, creux comme le langage, homme à femmes, bref un parfait charlatan, ignare en toutes choses sauf le bagout. Il paraît que le père de Drieu était un escroc - ceci explique peut-être cela.

  • Rêveuse bourgeoisie

    Le "mariage gay" ne donne pas envie de vomir à cause de l'accouplement de deux hommes (la physiologie humaine est d'ordinaire répugnante), mais à cause du mensonge bourgeois qu'il recèle, typiquement "catholique romain". Ce mensonge consiste à opposer aux évangiles et aux apôtres la célébration de la chair.

    Le mensonge bourgeois est à l'esprit ce que la ciguë est à l'estomac, un empoisonnement ressenti d'autant plus vivement qu'on a lu et aimé Shakespeare - par exemple le portrait qu'il fit des petits connards Roméo & Juliette.

  • L'Impasse écologiste

    "Notre faim de Justice grandit jusqu'à nous faire dévorer la terre."

    Cette citation (d'Edouard Bond) fait un excellent préambule à une épître authentiquement chrétienne, signalant l'impasse de l'écologie.

    Le chrétien écologiste (l'évêque de Rome François) n'est pas un chrétien, c'est un païen portant un masque chrétien.

    Le chrétien ne peut pas être écologiste à cause de l'histoire, dont l'écologie est la négation subtile (plus subtile que la notion païenne de "droit naturel").

    Or, pour le chrétien, la faim de justice est le moteur de l'histoire, puisque le Jugement dernier répond au voeu des justes, tandis qu'il inspire la crainte aux actionnaires d'un monde reposant sur l'iniquité. Qu'est-ce qu'un juste ou un bienheureux, si ce n'est quelqu'un qui se tient prêt pour le Jugement dernier, "qui vient bientôt" dit Jésus-Christ, au mépris de la civilisation.

    Suivant les évangiles, le juste ne doit rien attendre de la terre en termes de justice.

    A qui l'évêque de Rome s'adresse-t-il avec son encyclique écologiste, si ce n'est aux riches, ceux-là même dont le sort est scellé ? Le message évangélique n'est pas un message de condescendance des riches à l'égard des pauvres. Ce serait plutôt l'inverse, et c'est pourquoi les Romains se moquent de Jésus et de son royaume, qui n'est pas promis - au contraire de la terre - aux riches.

  • Exit René Girard

    Dans le contexte d'une culture de masse soigneusement entretenue par la presse et les médias, il est plutôt cocasse d'entendre et voir célébré le "philosophe" René Girard à l'occasion de sa mort.

    R. Girard faisait le constat que les sociétés sont animées par la violence, une violence croissante ; c'est une remarque assez superficielle et banale, compte tenu des massacres perpétrés entre nations européennes aux cours des XIXe et XXe siècles.

    Plus profondément, Shakespeare fait observer que la violence moderne est une violence plus subtile et plus humaine, contrairement aux sociétés traditionnelles dont les rapports de force reflètent plus directement la violence de la nature. La violence des classes possédantes (cf. "Le Marchand de Venise"), celle de l'Etat moderne ("Arbeit macht frei") éclate moins en surface, mais elle n'est pas moins terrible. L'activité des volcans est souterraine - ainsi des geysers de violence modernes.

    J'ai entendu René Girard prendre l'exemple de la bombe atomique, mais l'utiliser très mal ; en effet, ce qu'on doit indiquer, c'est que la paix et la sécurité de l'Occident reposent assez largement sur la bombe A, c'est-à-dire sur la menace de la violence. C'est ici un exemple d'oppression permanente exercée par l'Occident dominant sur des peuples sous sa domination. Il faut dire aussi que l'apologie de la sexualité est une apologie de la violence déguisée sous le nom d'amour, là encore typique de la barbarie moderne (cf. "Roméo et Juliette").

    Si la bible est incompatible avec les valeurs modernes, c'est parce qu'elle pose le principe d'une violence sociale irrémédiable. Le judaïsme et le christianisme ne proposent aucun remède à la société, dont le sort est scellé dans l'Apocalypse. Comment peut-on être moderne après la shoah et le goulag, le colonialisme ? La réponse est simple : parce que la société l'exige - la culture de masse participe ainsi à une gigantesque opération de blanchiment pour le compte des élites. La culture de masse dit l'abjection des élites modernes soi-disant "humanistes", car la culture de masse est un entraînement précoce à la violence.

    Le mensonge est donc l'ingrédient particulier de la violence des sociétés occidentales modernes. Ce mensonge est perçu par les milieux populaires à travers la ou les théorie(s) du complot ; celle-ci véhicule le message selon lequel on ne peut pas faire confiance à l'Etat et aux élites pour dire la vérité.

    Un socialiste honnête fera l'apologie de la violence, comme un mal nécessaire - un mal écologique. Ainsi la doctrine sociale de Nietzsche est sincère, car ce doctrinaire fait l'apologie de la violence, qui pour mieux être encadrée doit être reconnue, assimilée et traduite dans l'art.

    Le discours des anthropologues modernes sur la violence est parfaitement nébuleux et trompeur. On le reconnaît à ce qu'il n'envisage pas l'argent comme la première cause et effet de la violence sociale, mais le "racisme", les "inégalités", etc., c'est-à-dire des formules abstraites.

    Je connaissais mal René Girard, à l'exception de son étude de Shakespeare, dont on peut dire aussi qu'elle est superficielle. Dire que "Hamlet" n'a pas pour thème la vengeance est, là encore, une évidence. C'est aussi évident que de remarquer que le "Don Quichotte" de Cervantès est une parodie ironique des romans de chevalerie et de la culture médiévale.

    La vengeance est un des thèmes, si ce n'est LE thème central du roman et de la culture bourgeois, dont les tragédies de Shakespeare ne font pas partie. On peut faire le constat de l'importance de la vengeance dans la culture bourgeoise à travers le thème de la vengeance contre les nazis, ou de l'abjecte "chasse aux nazis", manifestation du triomphe de la bestialité nazie chez ses soi-disant adversaires.

    De plus René Girard posait comme un principe que les pièces de Shakespeare ne sont pas apocalyptiques. Or la mythologie chrétienne, comme la mythologie juive, est principalement historique et apocalyptique. Prétendre que Shakespeare n'est pas apocalyptique, sans en rapporter la preuve, et quand bien même la critique universitaire avoue qu'elle est loin d'avoir achevé son travail d'élucidation, relève du préjugé ou de la pétition de principe de la part de R. Girard.

     

  • Lapinos au cinoche

    Le cinéma est un divertissement ou un plaisir féminin, car il est somnifère. Cela dit j'ai voulu revoir "La Dernière Tentation du Christ" par M. Scorcese. La première fois, voir les apôtres joués par des acteurs avec des gueules d'Américains m'avait complètement déconcentré, et je n'avais pas tenu le coup plus d'un quart d'heure. Un Américain ne sait jouer qu'un Américain. Je m'étais levé et avais quitté l'amphithéâtre où le film était projeté, rempli d'étudiants athées.

    J'ai donc revu le film et me suis forcé à le regarder en entier, cette fois ; si j'ai bien compris, le film raconte ce qu'il serait advenu si Jésus-Christ avait cédé à la tentation de se mettre en ménage avec Marie-Madeleine. Peuple religieux, les Américains aiment bien les hypothèses. Il s'agissait bien sûr pour les producteurs de ce film de provoquer la réaction du public et des médias, sans tenir des propos positivement blasphématoires.

    La seule chose frappante dans cette théorie, c'est le propos diffamatoire à l'encontre de Paul de Tarse. Jésus est épargné (on émet seulement l'hypothèse de sa faiblesse), mais l'apôtre Paul est chargé du péché d'avoir trahi l'esprit du christianisme et de Jésus. Le traître n'est pas Judas mais Paul dans "La dernière Tentation".

    Le propos est diffamatoire puisqu'il ne repose sur aucun élément scripturaire.

    Les traits saillants de l'exégèse de Paul sont : - l'anticléricalisme : Paul souligne en effet que le message universel de Jésus met fin au sacerdoce des prêtres juifs qui n'a pas porté les fruits espérés. Le pharisaïsme est donc particulièrement visé par Paul. L'évangile de Jésus fait chaque chrétien prêtre - il n'y a plus aucune clergé institutionnel possible après ça. Et, de ce fait, il n'y a pas non plus de "doctrine sociale chrétienne" possible, puisque celle-ci est le produit du clergé catholique. Pratiquement, la démocratie-chrétienne américaine est une chose impossible selon Paul, une pure construction juridique. Paul est d'ailleurs explicite en ce qui concerne les faux témoins qui se réclament de Jésus-Christ mais prêchent en réalité une doctrine sociale.

    Shakespeare en revanche cite beaucoup Paul à bon escient.

  • Cause(s) de la Shoah

    Aux Etats-Unis où l'on prend les sciences humaines et la sociologie au sérieux, certains étudiants planchent sur les causes de la Shoah, ou : qu'est-ce qui a pu conduire à autant de barbare cruauté ? Inconsciemment, l'Amérique sait aussi qu'elle est une sorte "d'Allemagne bis". On le reconnaît à son art, le cinéma, gigantesque éloge rendu à l'armée, la police et l'automobile.

    Il y a quelques années sur ce blog j'avais écrit une petite nouvelle où les Etats-Unis se transformaient subitement en Allemagne nazie, et les Juifs fuyaient se réfugier en Allemagne, devenu le pays le plus sûr du monde pour les Juifs. Je parle ici des Juifs qui se disent tels, et non des juifs qui le sont selon dieu (si un Juif me lit, j'espère qu'il goûtera mon humour).

    Les Américains feraient mieux de s'interroger sur les causes de la violence quotidienne qui règne aux Etats-Unis, en particulier l'infamie du travail, rançon du péché selon le juif Moïse. C'est quand même plutôt étonnant que dans un pays de culture "judéo-chrétienne", on pense communément comme Hitler que "le travail rend libre", au seul prétexte qu'il enrichit.

    La principale cause de la Shoah, c'est l'ignorance des sociétés modernes, leur nullité scientifique. Beaucoup de moyens techniques ne remplacent pas la science, c'est-à-dire une forme d'élévation de la pensée dont l'ingénieur est entièrement dépourvu, quand il ne cherche pas à s'attribuer le mérite qu'il n'a pas, de telle ou telle invention plus ou moins fortuite. L'ingénieur est comme un cochon qui voudrait prendre place à table parmi les hommes, au seul prétexte qu'il a découvert la truffe.

    La disparition de l'esprit critique est l'effet le plus évident de la nullité scientifique du monde moderne.

    Des causes comme l'irresponsabilité croissante du personnel politique, pris dans des engrenages, une mécanique qui dépasse la volonté individuelle, ne sont que des causes secondaires.

  • Catholique et pédé

    Le mot "pédéraste" n'est pas plus que le mot "nègre" insultant en soi. L'homme moderne prétend changer le monde en changeant les mots : on décèle là sa tartuferie et sa volonté réelle de maintenir le monde dans le même état.

    Le quotidien démocrate-chrétien "La Croix" (20 oct.) consacre un article à Julien et Bruno, "catholiques, homosexuels et mariés". Ceux-ci évoquent longuement leur difficulté à faire reconnaître dans leur milieu d'origine leur goût pour la sodomie. La démocratie-chrétienne est la religion du Tartufe et de Sganarelle, et la France doit peut-être à Molière, comparativement à l'Allemagne et aux Etats-Unis, la méfiance des Français à l'égard de la démocratie-chrétienne.

    Peut-on s'enculer chrétiennement ? On peut mettre fin au débat en citant le théologien Martin Luther : "Rien dans les Evangiles ne permet de fonder le mariage chrétien." Pour qui a lu ces Evangiles avec un minimum d'attention et dans le but du salut, il va de soi que Jésus-Christ n'est pas venu pour justifier les moeurs de la bourgeoisie libérale, ni celle de telle ou telle tribu ou caste. "La chair est faible" proscrit toute tentative de détournement de l'esprit de dieu contenu dans sa parole à des fins anthropologiques. Un tel détournement est le pire des péchés. Les chrétiens qui s'en remettent à la doctrine sociale de l'Eglise sont faibles d'esprit, car la parole de dieu interdisent de prendre les oeuvres humaines pour une voie de salut.

    Cette situation ubuesque incarnée par un couple d'amoureux homosexuels qui "cherchent leur place dans l'Eglise", est un angle pour examiner le satanisme très particulier véhiculé par la démocratie-chrétienne, métastase du catholicisme romain (le "socialisme chrétien" dérive du rituel catholique romain, et ces deux aspects sont comme tenon et mortaise). L'apôtre Paul évoque ce satanisme de la fin des temps, sous le nom "d'Antéchrist". Le nombre 666, qui est "un nombre d'homme" signifie "le pacte avec la mort", annoncé déjà dans l'Ancien Testament - ce "pacte avec la mort" est la marque de fabrique de l'anthropologie moderne.

    Le mystère apocalyptique du Christ et de son épouse l'Eglise, théologie sublime, est "étouffé" autant que faire se peut par l'Eglise romaine (Jean-Paul II dernièrement) et sa doctrine réduisant le mystère divin à une dimension charnelle et anthropologique qu'il ne peut avoir.

     

     

  • Science humaine

    L'éducation est une science humaine ; pour cette raison ce n'est pas une véritable science, mais un éternel recommencement. Le monde moderne est le monde de la religion, dissimulée sous le terme de "science humaine".

  • De l'Athéisme

    "Je respecte Dieu. En effet, c'est l'homme qui l'a inventé ; et s'il l'a inventé c'est parce qu'il en avait besoin." Dixit un athée (un peu benêt).

    On respectera l'Argent pour la même raison.

    Le Dieu des chrétiens ne répond à aucun besoin humain, c'est là sa différence avec les autres dieux, et pourquoi on peut parler de "dieu inconnu", car il n'entre pas dans le champ de la réflexion et du raisonnement humain. L'homme peut parfaitement vivre sans amour, sans paix, sans liberté, sans vérité, choses qui ne contribuent en rien au bonheur. C'est sans doute l'effet que Jésus-Christ fit autour de lui, l'effet d'un homme hors du commun, car il n'y a pratiquement aucun homme vivant qui se laisse conduire entièrement par l'amour.

    "Tu ne tueras pas" est incompréhensible du point de vue humain. Tuer est un besoin humain essentiel, même s'il convient de respecter les formes légales. Tuer : les hommes lâches tuent au nom de dieu, de la liberté, de la démocratie, de la raison d'Etat, de la révolution ; et les hommes courageux tuent en leur nom propre. L'homme a des besoins atroces, à côté d'aspiration un peu moins basses.

  • Shylock rules

    Le capitalisme ou la bourgeoisie : des tonnes de bouquins pour tenter d'expliquer un phénomène d'érosion politique dont Shakespeare a entièrement élucidé tous les aspects dans son "Marchand de Venise". Non seulement les aspects psychologiques et économiques, mais les aspects historiques et spirituels, hors de portée d'une réflexion strictement morale ou politique. Quel gaspillage, ces tonnes de bouquins ! Le gaspillage est, justement, non pas seulement l'EFFET des politiques bourgeoises occidentales, mais le BUT que ces politiques poursuivent inconsciemment.

    A posteriori je considère mon étude du "Capital" et de divers ouvrages critiques de Karl Marx comme une introduction au "Marchand de Venise". A quoi un esprit moderne n'est pas préparé, c'est à lire des ouvrages profonds. Suivant une moquerie adressée par Marx à l'endroit des traités de théologie médiévaux, respectés par beaucoup, mais lues par personne, l'homme moderne confond le volume avec la profondeur ; la même remarque vaut aujourd'hui pour Proust, aussi creux que Shakespeare est dense. La transition s'est faite ainsi de la littérature au cinéma : d'ouvrages légers on est passé au lavage de cerveau. J'ai déjà pris du cinéma, oui, mais seulement comme somnifère.

    Ce qui est remarquable chez Shakespeare, et en quoi il est "divin", c'est qu'il ne cherche pas à plaire. Il n'a pas cette attitude aguicheuse de beaucoup de romanciers.

    "Le Marchand de Venise" : Je viens encore de lire une préface qui s'interroge sur le message que Shakespeare a voulu faire passer à travers Shylock. Et propose quelques bribes de réponse. Il n'y a pas de commentaire plus débile que l'accusation d'antisémitisme, sauf à dire que Shakespeare est philosémite.

    Ce qui est frappant dans la pièce de Shakespeare, c'est la complicité d'un Juif avec des chrétiens, à cause de l'argent. C'est aussi l'appétit carnassier d'un Juif. - Mais comment est-ce possible, dira-t-on, puisque les Juifs sont justement les ennemis du Veau d'or ? Et c'est ce paradoxe que Shakespeare veut souligner. On peut en déduire deux choses différentes : ou bien le christianisme et le judaïsme sont deux religions hypocrites ; ou bien les chrétiens et les Juifs sont hypocrites. Ils sont hypocrites, mais d'une manière forcément maladroite puisqu'ils s'attachent à la chair et à l'argent, en même temps qu'ils confessent la religion qui condamne la chair sans ambiguïté.

    "Le Marchand de Venise" est incontournable à propos du capitalisme, puisqu'on ne peut en ôter aucun des aspects présentés par Shakespeare. Et notamment on ne peut ôter ce paradoxe d'une bourgeoisie confessant un judéo-christianisme de principe, contredit systématiquement par ses oeuvres.

    Et Portia elle est la "porte étroite", symbole de la vraie religion et souvent représentée dans les contes populaires. Et bien sûr elle n'est pas là par hasard, au beau milieu de cette Venise pourrie, qui pourrait aussi bien être Rome, Londres ou le Danemark.

     

  • L'arnaque "Laudato si"

    Je lis sur un site "altermondialiste" à propos de l'encyclique écolo "Laudato si" la phrase suivante (Martin Brésis) :

    "L'encyclique publiée le 18 juin marque un engagement fort de l'Eglise sur l'écologie. Pour l'écrire, le pape s'est inspiré de la théologie de la Libération, un courant né dans les années 1960 en Amérique latine. Il place les pauvres au coeur de la religion."

    Il s'agit manifestement d'un commentaire superficiel de journaliste, mais attardons-nous sur la dernière proposition : "La théologie de la Libération place les pauvres au coeur de la religion."

    Cette phrase est doublement fausse : d'abord parce que la pauvreté est INDISPENSABLE pour être chrétien selon les Evangiles (les béatitudes, la parabole du jeune homme riche) ; ensuite parce que les évangiles ne parlent pas de pauvreté au sens politique ou éthique où on l'entend communément.

    La pauvreté, dans le christianisme, est conçue comme une force, un remède volontaire contre la faiblesse de la chair. Autrement dit, la pauvreté dans le langage chrétien, n'est ni un fléau, ni la misère, encore moins la base d'un régime économique. Si on prend la peine de lire la Bible, on verra que les prophètes sont parfaitement indifférents aux questions économiques et sociales.

    On retrouve dans l'Antiquité un éloge similaire de la pauvreté volontaire chez certains sages païens (sous l'influence du judaïsme ?) ; ainsi Démocrite fait l'éloge de la pauvreté, faisant valoir que la richesse place l'homme riche dans un état d'insatisfaction similaire à celui que connaît l'homme dans la misère. Démocrite fait ainsi le diagnostic, avec plusieurs millénaires d'avance, de la misère spirituelle des nations occidentales modernes.

    Pour ce qui est de l'arnaque écologiste, elle est plus facile à détecter puisque l'écologie est une idéologie inventée par les riches pour remédier à des problèmes causés par des nations riches. L'écologie devrait donc s'adresser aux riches et seulement à eux. Après tout ne sont-ils pas les premiers intéressés aux revenus, au rendement et à l'exploitation de la terre ? Qui pense en termes de "générations futures", si ce ne sont les nantis ?

    Le problème auquel les élites nanties se heurtent, en termes d'écologie, c'est un problème d'équilibre politique : autrement dit le gaspillage et la société de consommation ne sont pas seulement un mode de vie, ils sont un mode d'oppression, d'asservissement aux élites politiques.

    Le chrétien, lui, ne fait pas partie de ce monde. En lui est tranché le lien (et la pauvreté y contribue), qui lie les mondains à la terre et au tombeau, suivant une détermination qui est un nombre d'hommes, le nombre 666.

     

  • Moyens de Dieu pour le Salut

    Les moyens de Dieu pour le Salut de l'homme diffèrent radicalement des moyens inventés par l'homme pour son salut.

    Quels moyens l'homme a-t-il inventé pour son salut, demandera-t-on ? La démocratie, la technologie, le socialisme, la révolution, la gloire, etc. C'est-à-dire tous les moyens censés répondre aux besoins politiques et éthiques de l'humanité, mais qui leur fournissent une réponse inadaptée.

    Le monde oppose donc au Salut de Dieu une résistance, non pas principalement sous la forme d'une négation de ce salut, tel que le principe satanique du "droit naturel", mais sous la forme d'un "humanisme judéo-chrétien" arbitraire, dépourvu de référence physique comme de référence scripturaire.

    Cette résistance subtile et non frontale au Salut de Dieu est décrite par l'apôtre Paul comme l'Antéchrist ; cette résistance subtile correspond à peu près à la "démocratie chrétienne", dont la propagande contredit l'apôtre en suggérant à l'homme de faire son salut par ses oeuvres, c'est-à-dire sans tenir compte de la Révélation, qui donne à la charité un sens dont les oeuvres humaines sont dépourvues.

     

  • Ecologie et paganisme

    L'encyclique du souverain pontife romain François consacrée à l'écologie trahit l'arrière-plan païen du catholicisme romain, dénoncé ou approuvé par divers philosophes et théologiens au cours des siècles. Pour n'en citer qu'un, F. Nietzsche, suppôt de Satan autoproclamé et sincère, se félicite de l'éradication progressive du christianisme authentique par la Rome des papes.

    Le paganisme catholique romain se trouve dissimulé derrière la formule médiévale hypocrite du "droit naturel".

    Un tant soit peu familier de la Bible, un chrétien reconnaîtra aisément que, si elle porte l'étiquette "catholique", l'encyclique de l'évêque de Rome aurait pu être rédigée par un chef bouddhiste. Au stade où "l'anthropologie chrétienne" recouvre et étouffe le message évangélique, le relativisme prend la place de la foi. C'est probablement l'objectif visé par le rédacteur de l'encyclique "Laudato si" : une propagande relativiste visant le public le plus large. Le successeur de Joseph Ratzinger est beaucoup mieux avisé que ce dernier de ce que la puissance temporelle de l'Eglise romaine doit à la propagande. En cela l'Eglise romaine est l'institution la plus moderne de toutes les institutions ; si l'on remonte les artères adjacentes du communisme, de l'athéisme moderne, de la démocratie, de la bourgeoisie en tant que classe moderne, ou encore de la science moderne, on finira par aboutir à Rome.

    Le mensonge de "Laudato si" peut se présenter comme suit : 1/L'Eglise romaine ne dispose d'aucun moyen efficace de remédier au gaspillage de la société occidentale et au racket des richesses perpétré par l'Occident sous couverture d'implanter la démocratie ; 2/Le message évangélique est ABSOLUMENT dépourvu de solution économique. C'est ce dernier point, en particulier, qui devrait faire sursauter : comment le représentant d'un prophète qui prétend mettre un terme à la condition humaine, et suivant cette logique se désintéresse des questions économiques et sociales (et donc sexuelles), comment un tel représentant peut-il prétendre avoir une réponse à une question qui ne se pose pas du point de vue évangélique ?

    Le mysticisme écologiste ("Sauver la planète pour les générations futures") se distingue du mysticisme païen du fait que l'écologie, contrairement au paganisme, est un discours irrationnel. Le paganisme est la religion de la bonne distance entre la nature et l'homme : ni trop près, ni trop éloigné. L'écologisme est un discours sentimental le plus souvent (en quoi il est propice aux menteurs et aux propagandistes) : ainsi de nombreux écologistes feignent de ne pas voir l'immense gaspillage de ressources naturelles et humaines imputables à la démocratie - simulation du partage du pouvoir à laquelle le christianisme et les évangiles ne confèrent aucune légitimité.

     

    Autrement dit, on retrouve la même aberration sur le plan écologiste que celle pointée du doigt par Marx dans l'économie capitaliste et la production industrielle. L'écologisme est un fétichisme de la nature. D'autre part, tandis que le paganisme se résume à "une culture de vie" (expression dépourvue de sens dans la bouche d'un chrétien), l'écologisme se résume à une morale éthique culpabilisante, en vogue surtout dans les pays où le gaspillage est devenu un mode de vie.

    Le propos de Nietzsche sur l'éradication du message évangélique par l'Eglise romaine est donc excessif. La propagande romaine se situe à mi-chemin entre l'éloge du droit naturel et la référence chrétienne. Le discours conservateur (droit naturel) et le discours moderniste forment les deux mâchoires d'un même piège.