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Mon Journal de guerre - Page 12

  • Dieu vomit les tièdes

    Il semble que la spiritualité soit l'affaire des personnes extrémistes, comme la politique est l'affaire des médiocres et des centristes.

    Tandis que "dieu vomit les tièdes", la politique exige au contraire de tels hommes, "vertueux", non pas au sens catholique dépourvu de signification, mais au sens romain qui veut dire quelque chose.

    Que peut bien faire l'homme politique de choses comme l'amour, la liberté, la vérité, hormis les graver hypocritement en lettres d'or sur ses billets de banque ou au fronton de ses palais ? La notion d'intérêt général fait oublier celle de liberté, et la notion de liberté éclipse celle d'intérêt général.

    C'est sans doute ce qui explique que les princes chrétiens sont particulièrement exposés à l'aliénation mentale, étant donné que deux courants opposés qui se rencontrent créent un tourbillon.

    Comme les hommes politiques sont ordinairement indifférents aux questions spirituelles, qu'ils croient parfois naïvement "l'affaire de spécialistes", les personnes guidées par la spiritualité regardent le jeu politique avec indifférence. Il n'y à là-dedans que des motivations psychologiques.

     

  • L'Antéchrist ou la démocratie-chrétienne

    La démocratie-chrétienne représente l'antéchrist tel qu'il est décrit par l'apôtre Paul dans ses épîtres, comme la réplique de Satan à la parole divine.

    Ce phénomène historique est observable par un enfant, dans la mesure où la démocratie-chrétienne assume un pacte apparent avec le veau d'or et les nations.

    La doctrine satanique de Nietzsche, accusant les chrétiens d'être faibles et lâches, impuissants, se heurte à la réalité de nations démocrates-chrétiennes les mieux armées et les plus puissantes au monde, jusqu'à preuve du contraire.

    Un mot de la foi démocrate-chrétienne, à travers le propos de Robert Redeker, philosophe converti au catholicisme : "Je m'aperçois que la structure de ma pensée est catholique [?], comme (toutes proportions gardées) celle de Bossuet ou de Malebranche, deux maîtres. Catholique pratiquant, je suis croyant un jour sur deux, j'alterne entre la croyance et le doute, c'est ce qui s'appelle avoir la foi. Si la foi n'éprouve pas en permanence le doute, si elle ne le vit pas et ne le surmonte pas, si elle n'est pas mystérieusement sauvée de ce doute, relevé de lui, elle n'est rien. (...)"

    Comme je l'ai déjà écrit ici, le secret de la gnose ou de la mystification catholique romaine réside dans l'invention du purgatoire. A cette pure invention antichrétienne correspond une idée de la foi aussi fictive et étrangère à la parole divine - le concept probabiliste énoncé ci-dessus par le philosophe catholique Robert Redeker.

    L'étrange notion de "structure de pensée catholique" évoque une quelconque méthode philosophique ou scientifique ; mais comme notre philosophe évoque immédiatement après l'effet d'une puissance mystérieuse et indéfinie (la providence ?), on peut en déduire que l'absence de structure ou l'instinct définit la pensée catholique ; l'intuition féminine ?

    La foi chrétienne n'est pas alternance du doute et de la foi, car cette alternance est caractéristique de la psychologie et de la volonté humaines, dépendantes d'un concours de circonstances, principalement d'ordre biologique. La foi chrétienne n'est pas d'ordre psychologique ou vital, de même que, pourrait-on dire, l'amour véritable n'est pas une question de sentiments.

    La notion de doute est couplée avec celle la preuve de dieu, dont les chrétiens se dispensent parfaitement. Le doute est au coeur de la culture occidentale moderne, mais non de la foi chrétienne. 

  • Le dieu des imbéciles

    "Le hasard est le dieu des imbéciles." Ce constat de G. Bernanos a le mérite de dévoiler la recette du totalitarisme de façon plus concise qu'un long essai, tels que ceux consacrés par H. Arendt, Simone Weil, G. Orwell, ou Bernanos lui-même, à la question de l'oppression moderne.

    L'importance du hasard dans la culture moderne dite "laïque" incite à y voir, non pas un athéisme, mais le culte du "dieu des imbéciles", jusqu'à atteindre parfois le fanatisme et ses manifestations désastreuses.

    J'ai pu observer souvent que, pour le citoyen lambda d'un régime totalitaire, qui ne croit ni à dieu ni à diable, la liberté est conçue comme le hasard. Le cas le plus typique est celui des amateurs de jeux de hasard qui, il n'y a aucun hasard à ça, sont le plus souvent des jeux d'argent. Deux traits psychologiques caractérisent leur passion 1/une monomanie de type religieux ; 1/la peine à jouir, souvent liée à une idée excessivement élevée de la jouissance.

    Le rêve de gagner beaucoup d'argent d'un seul coup est une jouissance très pure et raffinée, féminine, dans la mesure où c'est une jouissance purement intellectuelle.

    Point de comparaison, Nietzstche pose l'équivalence de Satan et du Destin positif. Dans cette perspective radicalement antichrétienne, on peut définir la vertu comme la quête d'un destin positif, c'est-à-dire d'une sorte de pacte avec la Nature afin d'une jouissance raisonnable ; le hasard, dans cette perspective, représente un destin négatif, c'est-à-dire subi - celui qui, dans la hiérarchie sociale, s'impose aux hommes et aux femmes de basse condition. Le mépris du hasard exprimé par Bernanos n'a donc rien de spécialement chrétien ; il serait plus juste de le définir comme étant "aristocratique".

    Ce que Nietzsche et Bernanos occultent tous les deux, c'est la contribution extraordinaire de l'Eglise catholique à cette culture moderne, soumise au hasard. La logique aurait voulu que Bernanos, condamnant le hasard comme mobile existentiel, condamnât le catholicisme romain.

    Il y a plusieurs biais pour apercevoir le rôle joué par l'Eglise romaine de matrice de la culture totalitaire. Celui de la science moderne est le plus significatif. Au XVI-XVIIe siècle, la science bascule peu à peu dans la spéculation sous l'influence de savants chrétiens, le plus souvent catholiques (on note que les "luthériens" sont moins prompts à adopter la nouvelle science où la "géométrie algébrique" prend une place de plus en plus grande). On peut croire que ces savants étaient indépendants du contexte culturel dans lequel s'effectuaient leurs recherches. De fait, il n'y a pas de science possible sans remise en question de la culture. Mais rien ne prouve que les savants tenus pour les pères fondateurs de la science technocratique en vigueur aujourd'hui étaient critiques vis-à-vis de leur culture ; tout porte à croire au contraire qu'ils ne l'étaient pas ou peu. Galilée a ainsi esquissé une théorie de l'enfer, du purgatoire et du paradis, typiquement catholique romaine, et qui s'accorde du reste avec le fondement de sa science spéculative.

     

  • Soumission

    "Soumission" est le titre d'un roman indigent de Houellebecq. Il m'a suffi de le feuilleter, de le lire en diagonale, pour saisir que son auteur ne sait pas lui-même où il veut en venir. Le but de la culture moderne est d'égarer un maximum de monde dans le labyrinthe, rappelons-le.

    La culture moderne épate les béjaunes comme un clown épate les enfants avec ses jongleries.

    Mais la soumission, elle, est bien là, comme l'ont constaté tous ceux qui ont regardé la culture moderne en face et l'ont qualifiée de "culture totalitaire". L'avenir de l'homme est de se soumettre comme la femme, pourrait-on dire. C'est le but de la rébellion féministe qui est stupide, mais non point la rébellion elle-même, contre une culture moderne inepte.

    La soumission de l'homme moderne résulte de ce qu'il ne choisit ni le camp de Satan, ni le camp de Jésus-Christ. Quel plus bel exemple de soumission que celui d'un soldat, soi-disant "chrétien", dont l'uniforme et les armes indiquent l'obéissance à Satan ? Autant dire que c'est un lécheur-de-bottes-né.

  • L'Esprit du Judaïsme

    L'esprit du judaïsme est de FUIR HORS D'EGYPTE, c'est-à-dire symboliquement de se tenir à l'écart du monde.

    L'esprit du judaïsme, promu par les prophètes, fut trahi par les pharisiens qui s'emparèrent des "questions sociales", vis-à-vis desquelles Jésus-Christ a manifesté son désintérêt : "Rendez à César..."

  • Le piège du monothéisme

    Comme je l'ai déjà expliqué sur ce blog, la clef de la pensée moderne est le problème dit "de la preuve de dieu" et la réponse binaire à cette question : oui ou non ; de sorte qu'il n'y a pas, au sein de ceux qui assument la culture et la pensée modernes, des "croyants" et des "incroyants", mais des personnes qui, alternativement, croient ou ne croient pas, en fonction des circonstances de leur existence.

    Et si mon propos évoque l'expérience dite du "chat de Schrödinger", n'y voyez aucune coïncidence ou hasard, mais plutôt la preuve de ce que j'énonce en préambule : la pensée moderne est issue d'une forme de théologie spéculative très particulière.

    On comprend aussi pourquoi le pseudo-savant évolutionniste britannique Richard Dawkins a cru opportun de tenter la démonstration scientifique de l'inexistence de dieu il y a quelques années (2006), au lieu de s'efforcer de combler les lacunes de son hypothèse évolutionniste.

    En tentant cette démonstration, R. Dawkins semble dépasser les limites laïques que la "communauté scientifique" s'est elle-même assignée. En réalité, l'outil et la méthode scientifiques de Dawkins sont marqués par la démonstration de la preuve de dieu. Avec le même outil, il est possible de construire deux types d'architectures antithétiques ; la preuve de l'existence de dieu et la preuve de son inexistence ont en commun d'être très largement infondées sur le plan expérimental.

    Une analyse un peu plus poussée des hypothèses scientifiques à la mode aujourd'hui au sein de la "communauté scientifique" permettrait d'établir ceci : que les hypothèses sur l'origine de l'univers tendent à faire la preuve de dieu, tandis que les hypothèses sur la fin du monde ou de l'univers, "tournées vers le futur", tendent à faire la preuve de son inexistence.

    La relation que l'on peut faire entre l'alternance doute/foi et la volonté humaine, plus ou moins affirmée en fonction de l'âge, des circonstances de la vie, laisse deviner que cette théologie est une anthropologie.

    Comme je le fais remarquer sur un blog voisin, seule la culture anthropologique moderne est un "monothéisme". En effet le monothéisme est une manière de parler des religions et de leur évolution, étrangère non seulement au christianisme et au judaïsme, mais aux religions antiques également. Il ne s'agit à travers la définition du monothéisme que d'établir la supériorité du raisonnement anthropologique moderne, c'est-à-dire de la philosophie sur la théologie.

    On comprend sans peine que la définition du monothéisme et le problème de la preuve de dieu sont étroitement liés. En effet, pour croire le christianisme et le judaïsme réductibles à des "monothéismes", il faut croire que le christianisme repose sur la preuve philosophique de dieu, ce qui revient à confondre la philosophie catholique romaine avec le message évangélique.

    Pour les douze (apôtres), à cause de mauvaises raisons, avant d'épouser les meilleures raisons, le problème de la foi et de l'existence de dieu ne s'est jamais posé. D'abord parce que le doute est une notion moderne, ensuite parce que les apôtres ont éprouvé la présence de dieu à travers son fils Jésus-Christ ; les apôtres n'ont pas cru dans une construction intellectuelle ou théorique, un stupide "pari de Pascal" ; les évangiles indiquent même qu'ils ont cru, jusqu'à un certain point, sans même comprendre ce que le Christ leur disait.

    Du point de vue chrétien, la question de la foi en dieu est une question caduque. Elle est rendue caduque par la foi dans le salut. La question ne se pose pas pour le chrétien de savoir si dieu existe, mais de savoir comment le rejoindre. Et ce n'est pas un hasard si les philosophes soi-disant catholiques ou chrétiens font appel à une casuistique plus vieille que la Révélation du salut par le Christ.

    Par conséquent l'anthropologie moderne provient de la philosophie médiévale catholique, de ses différentes constructions et représentations d'un dieu unique, qui n'est pas figuré comme tel dans les écritures saintes, mais bien plutôt comme un dieu supérieur aux autres dieux. En fait de supériorité de la philosophie et de l'anthropologie sur la théologie et la métaphysique, on remarque la substitution par le clergé catholique, à travers des sermons qui sont des démonstrations creuses, de la philosophie ou de la psychologie au contenu du message évangélique lui-même.

    Il va de soi qu'un dieu psychologique est soumis à la théorie de la relativité. La philosophie catholique est donc un cénacle rempli d'imposteurs. La meilleure preuve en est que le protestantisme et le catholicisme se rejoignent désormais par la philosophie, c'est-à-dire sur la base d'une sorte de PPCM ou de PGCD insignifiant. Ils se rejoignent pour la même raison qu'ils se sont séparés. En réalité, seule la fidélité à la parole de dieu accomplit l'unité de l'Eglise.

    Le chrétien est exactement dans la même position qu'un savant mis en demeure de prouver que la science existe bien, aussi démuni que ce savant de belles démonstrations établissant que la science est bien là, progressant au milieu de la bêtise du monde dont les journaux rapportent chaque jour une nouvelle preuve éclatante. - Où est la science dans tout ça ?

    Montrer les stupéfiantes réalisations du génie humain ne suffit pas, car cela revient à prouver dieu par les cathédrales gothiques ou les pyramides. La science n'existe pas plus que dieu car elle est expérimentale, tandis que la bêtise et l'ignorance résultent d'un manque d'expérience beaucoup plus constant et évident. La seule chose probable, depuis l'origine de l'humanité, c'est la constante détermination de l'homme à essayer de résoudre le problème de l'absurdité de la condition humaine. Ne pas se satisfaire de l'absurdité est ce qui fait l'individu, détaché de la masse.

    Comme l'absurdité, principalement sous la forme d'un discours scientifique paradoxal, règne dans les régimes totalitaires, on peut s'interroger sur la nature de la puissance qui s'oppose constamment depuis l'aube de l'humanité à la libération de l'homme de ses chaînes, puissance dont les évangiles proclament, et c'est sur ce point que porte la foi des chrétiens, qu'elle finira par céder devant dieu, au terme d'un affrontement sans merci, auquel nul ne peut vraiment se soustraire.

     

     

  • De l'Athéisme

    En ce qui me concerne, j'ignore en tant que chrétien le concept de "communauté chrétienne". Seul le terme de "camp des saints" a une consistance évangélique ; on peut dire que tout individu qui se veut chrétien "frappe à la porte du camp des saints".

    - De surcroît, il serait malhonnête de ne pas reconnaître la prévalence du "mode de vie" sur la religion aujourd'hui. Et si l'on a un peu de lucidité, en plus de la bonne foi, on reconnaîtra que la notion de "mode de vie" est une notion religieuse. On peut fort bien défendre son mode de vie de manière fanatique : les événements politiques récents fourmillent de tels exemples.

    Contre les combattants mahométans qui ont fait un carnage dans une salle où était donné un concert de musique satanique, les Français ont été mobilisés au nom de la laïcité, mais plus largement encore au nom de la notion plus terre-à-terre du "mode de vie". Evidemment les Français dans le besoin ricaneront à l'évocation du "mode de vie" à la française, qui permet surtout de former une ligne de défense ou d'attaque entre un riche athée et un riche catholique, musulman, juif, etc., contre ceux qui menacent, non leur liberté, mais leur jouissance.

    Je ne tiens donc pas compte dans mes rapports avec mon prochain des opinions religieuses ou athées qu'il professe. Plus une opinion est superficielle, plus elle traduit le besoin d'un individu de se rassurer en se réfugiant dans son opinion. L'expérience est un moyen pour l'homme de se libérer de ses opinions primitives, je dirais comme un oiseau saute du nid, avec le risque de s'écraser.

    Il convient ici de remarquer la force de l'opinion chez "le jeune con de première ligne", que celui-ci soit "djihadiste" ou "antidjihadiste" ; l'étincelle qui jaillit et met le feu au tonneau de poudre du "choc des cultures" est produite par la friction de deux opinions contraires, aussi peu profondes l'une que l'autre. La nature de l'opinion compte peu. Seul l'effet qu'elle produit compte. Seconde remarque : aucune société, ni aucune culture, ne peut se dispenser, comme une fourmilière a ses soldats, de maintenir un certain nombre d'individus au stade de l'opinion. Les cultures et les sociétés les plus dangereuses sont celles qui feignent le contraire.

    - De surcroît j'évite autant que possible de fréquenter ce que j'appelle des "démocrates-chrétiens" ; "Vade retro satanas !" a dit le Christ à ses apôtres, chaque fois qu'ils ont projeté sur sa parole divine leurs fantasmes. Or l'idéologie démocrate-chrétienne est le principal vecteur de l'antichristianisme aujourd'hui, c'est-à-dire de la subversion du message évangélique. Je me souviens du temps où j'étais encore "démocrate-chrétien" comme d'un temps où mon esprit était absorbé par des détails, comme entravé. J'ai entendu dire récemment que, pour les mahométans, l'enfer est surtout peuplé de femmes. Je dirais plutôt, en tant que chrétien, que les femmes ont un souci excessif des détails ; telle est leur tournure d'esprit particulière. Or dieu n'est pas dans les détails, ni même Satan d'ailleurs. C'est ce que dit Jésus à Marthe : - Cesse de t'occuper des détails, entends plutôt la Vérité.

    C'est ce qui explique, comme les anciens Grecs l'avaient déjà remarqué, que le soldat a une tournure d'esprit féminine ; c'est la mort qui est dans le détail, et elle est pour une femme comme pour un soldat une divinité ou une sanction supérieure à toutes les autres.

    A propos de l'athéisme, je voulais faire la remarque qu'il s'est éloigné de la "libre-pensée" ou de l'esprit critique avec lesquels il a pu se confondre naguère, et s'est rapproché de plus en plus de l'opinion ou de la conviction. Je ne connais pas beaucoup d'athées aujourd'hui, capables comme les philosophes des Lumières d'argumenter contre Pascal ou contre les prétendus dogmes catholiques.

    On entend et lit parfois des personnes faisant profession d'athéisme qui se plaignent de la résurgence des religions. Ils feraient bien d'observer que l'opinion fait office de pensée chez beaucoup d'athées depuis longtemps déjà. De sorte que le fanatisme ne passe pas exclusivement par le prisme du mot "dieu". Ces athées-là font confiance à un enseignement scolaire laïc dont la valeur scientifique est approximativement celle du catéchisme.

    Il n'y a pas un, mais DES athéismes, et le plus répandu en France prend racine dans l'anthropologie catholique romaine. C'est un catholicisme larvé ou "inconscient".

    L'antichristianisme de Nietzsche n'est pas un athéisme au sens où on l'entend couramment, puisque, selon Nietzsche, ce sont les chrétiens et les juifs qui sont les seuls athées, mus par un raisonnement catastrophique et non par dieu. Nietzsche accuse les juifs et les chrétiens, non pas de se soumettre à une force supérieure, mais au contraire de ne pas s'y soumettre. Si Nietzsche fait prévaloir, D'UNE MANIERE TRES PEU ATHEE ET TRES PEU MODERNE, l'art sur la science, c'est précisément à cause des caractères religieux et théologique qu'il accorde à l'art, bien plus qu'à la science.

     

  • Satan dans l'Eglise

    "ON IRA TOUS AU PARADIS" est la religion du bourgeois, derrière laquelle on devine la perfidie du clergé romain, ouvrant grand les portes des paradis artificiels afin de fourvoyer le plus grand nombre d'enfants, de les tenir à l'écart de l'amour.

    "ON IRA TOUS AU PARADIS" : ce qu'un suppôt de Satan ou un païen prendra comme le plus grand attentat jamais perpétré contre la vertu par le christianisme, n'est en réalité que la stratégie de la terre brûlée mise en oeuvre par Satan, afin de creuser entre l'amour de Dieu et l'homme un "no man's land" infranchissable.

    Mais douze fois le nombre des apôtres peut suffire à vaincre les légions de Satan, vêtues de pourpre et d'écarlate.

  • Le Christ anarchiste

    Derrière le voile de la fable, Shakespeare nous dit ceci : - L'Eglise catholique romaine a inventé l'anthropologie chrétienne et la doctrine sociale de l'Eglise afin de rétablir les droits de la propriété et de la guerre.

    Le secret de la folie du monde moderne est dans les monastères bien plus qu'il n'est dans les temples ouvertement dédiés à Satan.

  • Ecologie et idéologie

    Les idéologues ont tendance à balayer l'argument de nature d'un revers de la main. Ainsi le propriétaire balayera d'un revers de la main le fait qu'il n'y a pas de propriété durable dans la nature. De même les personnes sentimentales balayeront du revers de la main le fait que la nature soit pure de ce type de comportement, assimilable à une tare physique sur le plan naturel.

    On associe trop systématiquement le nazisme et le communisme à l'idéologie, alors que c'est la culture bourgeoise qui rompt le plus radicalement avec la réalité, et qui donc est la plus idéologique ; cet excès d'idéologie est d'ailleurs ce qui a assuré la suprématie dans l'ordre politique à la bourgeoisie ; le triomphe de cette dernière, le moins naturel qui soit, sur le nazisme et le communisme, a eu lieu aussi sur le terrain de la propagande.

    Il vaut mieux aujourd'hui se situer du côté du rêve que de la réalité quand on part à la conquête du pouvoir ; se priver du rêve en politique aujourd'hui reviendrait à se priver du machiavélisme au temps de la Renaissance - tenir un discours raisonnable n'est plus de mise sur la scène politique.

    Le christianisme, lui, ne balaie pas exactement l'argument de nature du revers de la main pour poser l'existence de dieu ou de l'amour, c'est-à-dire de phénomènes métaphysiques ou surnaturels ; il donne à la puissance naturelle le nom de Satan, et, si l'on veut bien prendre le temps de lire l'apocalypse de Jean et les épîtres de Paul, décrit un satanisme "évolutif", changeant d'aspect au cours du temps qui sépare l'humanité du jugement dernier. Paul de Tarse prophétise un satanisme de la fin des temps, très différent de la culture païenne antique décrite par Nietzsche comme LE satanisme authentique.

    La nature s'interpose donc du point de vue chrétien entre l'homme et le salut ; la nature n'est pas balayée d'un revers de main, mais bien conçue comme un obstacle difficile à surmonter : "Il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus" signifie bien la soumission à la culture de vie de la plupart des hommes.

    On peut donc décrire l'idéologie bourgeoise moderne comme un christianisme superficiel (ce que Nietzsche ne fait pas) ; ce christianisme superficiel, au niveau de la culture, correspond à peu près au discours de l'Eglise catholique, matrice de la culture occidentale moderne, quoi qu'en disent certains athées.

    De ce point de vue, Tocqueville a raison de dire que les Etats-Unis d'Amérique sont une sorte d'Eglise catholique "bis". La culture américaine perpétue en effet le discours judéo-chrétien superficiel de l'Eglise romaine. On peut d'ailleurs observer que, dès lors qu'un catholique commence de creuser sa foi, au lieu de s'en servir comme une bonne femme de justification à ses actes les plus banals, dès lors Satan a le don d'apparaître, tandis que le discours catholique ou la culture germanique "judéo-chrétienne" procèdent à son déguisement. Baudelaire, Bloy ou Bernanos sont des exemples de catholiques moins superficiels, dont la sincérité et l'effort pour approfondir leur foi fait apparaître Satan. Chez le "catholique ou le chrétien moyen", prototype de l'homme voué par le Christ à l'enfer, comme par hasard Satan n'existe pas, ou seulement sous la forme d'un tabou, d'un interdit anthropologique.

    Et l'écologie dans tout ça ? Il est frappant d'observer à quel point le discours écologiste moderne est idéologique, c'est-à-dire à quel point l'argument de nature est refoulé par ceux qui se réclament de la nature et d'une meilleure gestion de celle-ci. Comment en effet concilier démocratie et écologie ? Féminisme et écologie ? Egalité et écologie ? Même la théorie probablement incohérente de l'évolution ne permet pas de fonder un tel écologisme, parfaitement ubuesque, faisant la promotion d'idées catastrophiques sur le plan écologique, tout en les condamnant à travers l'appel au "respect de la nature". Cette même incohérence se retrouve dans le nazisme, très proche de l'écologisme puisque mettant en avant le symbole d'une philosophie naturelle. L'aspect de l'idéologie moderne l'emporte dans le nazisme sur la revendication écologiste du bonheur symbolisée par la svastika.

    Le sentiment du citoyen moderne lambda d'être assimilé ou assimilable à la machine ou au robot vient probablement de là - du fait que la pensée a été réduite à l'idéologie dans les temps modernes, et du fait que, si un robot ne pense pas, il n'en pas moins capable de réflexion et d'émettre des idées. 

  • L'Esprit du Judaïsme

    "L'Esprit du Judaïsme" est le titre du dernier ouvrage de Bernard-Henry Lévy, dont il assure la défense et la promotion actuellement dans les médias.

    Cet essayiste est peu convaincant dans la mesure où c'est un juif mondain ; de même, qui accordera foi au clergé catholique, dont la religion consiste à inclure les mondanités dans la foi chrétienne ?

    L'histoire est un combat sans merci entre le monde et le camp des saints, qui s'achèvera par la ruine des mondains et de leurs temples. A la mondanité, les prêtres retors et qui se piquent d'avoir fait de longues études donnent le nom "d'anthropologie chrétienne". Lire les épîtres de Paul guérit de croire dans le truc de l'anthropologie chrétienne, et bien sûr chaque parabole de Jésus. L'anthropologie chrétienne est l'anthropophagie moderne : on la retrouve à l'arrière-plan de tous les grands génocides modernes.

    On croira plus volontiers quelqu'un comme Karl Marx, à propos de l'esprit du judaïsme, qui voua son existence à combattre le veau d'or capitaliste, ce qui revient bel et bien à affronter un dragon.

    Qui s'efforce de définir, de résumer, de faire comprendre "l'esprit du judaïsme" se place, volontairement ou non, sur le même plan que Jésus-Christ, venu dire aux juifs qu'ils avaient égaré l'esprit du judaïsme, enfoui sous de vaines coutumes et réglementations sociales.

    Jésus-Christ qui résume en un mot l'esprit de la loi de Moïse : amour ; mais un amour qui n'est pas l'amour que les petits d'hommes ont instinctivement pour leur mère, et les mères pour leur progéniture, mais un amour "extérieur" à l'homme. Tandis que Satan brille de l'éclat de la beauté, l'expression de "dieu invisible" est assez judicieuse pour décrire le dieu des prophètes juifs, aussi improbable que la présence de l'amour véritable dans le monde. Le chrétien sommé de prouver l'existence de l'amour sur terre ne sera-t-il pas relativement désemparé ? Et sans doute plus la fin des temps approche, plus le chrétien aura du mal à rapporter cette preuve. L'antéchrist est décrit dans les saintes écritures comme l'ultime résistance de Satan à ce qui le détruira : l'amour. Si chacun d'entre nous, athée ou croyant, suppôt de Satan ou chrétien, peut éprouver en son for l'affrontement de ces deux puissances, dès lors qu'il ne se place pas volontairement en état d'inconscience, à l'aide de telle ou telle drogue, chimique ou psychique, cela ne signifie pas pour autant que ces deux puissances sont contenues en lui.

    L'esprit du judaïsme, et plus encore celui du christianisme, est donc parfaitement pur de tout raisonnement anthropologique. Ce raisonnement est fait pour trahir l'esprit évangélique ; par conséquent le sage qui veut élucider le nombre 666, QUI EST UN NOMBRE D'HOMME, n'aura qu'à creuser la piste anthropologique.

    Pas d'anthropologie juive ou chrétienne, c'est-à-dire aucune solution sociale juive ou chrétienne. Comme la tâche ordinaire d'un clergé, quel qu'il soit, est de contribuer à l'organisation sociale, cela permet de comprendre la logique de l'affrontement entre le Christ et le clergé.

    Une petite parenthèse sur l'islam et Mahomet, décrit et défendu par les mahométans comme l'ultime prophète : le Coran n'illustre pas la démarche, caractéristique du Christ et des apôtres guidés par l'Esprit, qui consiste à éradiquer le raisonnement anthropologique du coeur ou du sein de l'homme. Autrement dit, si Paul explique pourquoi le message évangélique parachève la loi de Moïse, Mahomet ou le Coran ne donnent pas d'explication, et font pour ainsi dire aux juifs le reproche opposé du reproche qui leur est fait par le Christ. Les mahométans reprochent aux juifs de n'être pas assez scrupuleux de la Loi, tandis que le Christ reproche aux pharisiens d'avoir étouffé l'esprit de la loi sous leurs scrupules.

    Quant à celui qui définit l'esprit ou le "génie" du christianisme, selon l'expression malheureuse de Chateaubriand, traduisant l'athéisme de son auteur, il se place directement en concurrence avec Paul de Tarse, l'apôtre des gentils. Or Chateaubriand trouve une fonction et un but au christianisme, que Paul de Tarse lui refuse absolument, à cause de l'interdiction absolue formulée par Jésus-Christ à ses apôtres de chercher à bâtir le royaume de Dieu sur la terre, c'est-à-dire à planter sur le génie humain un quelconque signe religieux chrétien. Un autre que Chateaubriand a trouvé du "génie" au christianisme, ou pour être plus précis au catholicisme, c'est F. Nietzsche ; et ce dernier est plus "éclairant" que Chateaubriand, car il salue la contribution de l'Eglise catholique à la restauration du paganisme "au nom de Satan".

    N'est-il pas fascinant, mystérieux, intriguant, de voir un juif mondain, c'est-à-dire un non-juif, prendre le relais du catholique Chateaubriand, et proférer à propos du message apocalyptique juif les mêmes contre-vérités ou inexactitudes que Chateaubriand ? C'est d'autant plus fascinant que BHL parvient à imposer son autorité intellectuelle à une France qui se réclame de la laïcité, et qui prétend ainsi avoir rompu avec son passé clérical. D'une certaine façon, la nation israélienne a la même influence politique extérieure que Rome au temps de sa puissance politique. Beaucoup de catholiques romains ne se reconnaissent sans doute pas dans BHL : ils ont tort, car celui-ci est typique de l'esprit de la propagande catholique, falsification de la vérité sous le prétexte anthropologique.

    Une contradiction majeure fait voler la rhétorique de "l'esprit du judaïsme" selon BHL en éclats, et cette contradiction est également au coeur du catholicisme romain. A juste titre, BHL récuse l'adjectif "identitaire", et s'oppose à ce qu'il soit appliqué au judaïsme. Un théologien catholique ne pourra pas, de même, faire autrement que récuser cet adjectif, car ce serait avouer publiquement que le catholicisme est un culte païen. La bestialité et Satan sont explicitement associés dans les évangiles aux éléments naturels, et la terre, royaume des morts, au péché. L'expression de "France chrétienne" ou de "France catholique" ne peut par conséquent avoir de sens spirituel profond ; elle relève de la pure idéologie, ou bien d'une commodité de langage.

    Or la nation israélienne, par ailleurs, que BHL défend comme un "refuge pour les Juifs", répond nécessairement à un besoin et un but politique ; le sionisme n'est autre qu'un culte identitaire. Israël, dans la bouche des prophètes juifs, est la représentation mythologique du salut, comme l'Egypte est la représentation mythologique du satanisme. On ne peut servir deux maîtres à la fois : d'une part le dieu des juifs, et de l'autre une des nombreuses idoles que l'homme fabrique pour se rassurer, dont la nation israélienne fait partie. Pas plus les serments que les présidents des Etats-Unis font sur la bible ne doivent faire croire que les Etats-Unis sont une "nation chrétienne".

     

     

  • Irréligion

    L'irréligion, aujourd'hui, consiste à désacraliser la culture.

  • Arbeit macht frei

    La philosophie humaniste ne va pas, depuis l'Antiquité grecque, sans caractérisation du travail comme une activité bestiale. On peut voir là l'influence de la Genèse de Moïse qui établit un lien entre la disgrâce de l'homme et le travail, "l'enfantement dans la douleur" résumant l'idée de travail.

    Les juifs, puis les chrétiens à leur suite, entendent par là qu'il n'y a pas de rédemption possible par le travail, que celui-ci ne permet pas de s'extraire du cercle infernal de la bestialité. L'art est également indiqué comme une voie sans issue par les prophètes.

    La devise nazie "Le Travail rend libre" exprime donc un antisémitisme authentique et radical. Authentique parce qu'il ne s'en prend pas à la "race juive", inexistante, mais à la spiritualité juive ; et radical parce qu'il affirme ce que le judaïsme nie - la libération par le travail.

    On comprend de cette façon pourquoi l'ordre social est nécessairement antisémite et antichrétien, ainsi que l'exprima clairement le philosophe antisémite F. Nietzsche, proposant d'éradiquer le judaïsme et le christianisme de la surface de la terre au nom de Satan.

    "Le Travail rend libre" : ce mot d'ordre nazi est également un mot d'ordre soviétique ; il est, plus largement, un mot d'ordre bourgeois. A l'idée que le travail rend libre sont étroitement liés deux autres mensonges, à savoir que "le sexe rend libre" et que "l'argent rend libre".

    Par conséquent on peut en déduire que la bourgeoisie et l'humanisme sont deux aspirations inconciliables. IL N'Y A PAS DE PHILOSOPHIE BOURGEOISE HUMANISTE ; l'humanisme, chez les philosophes bourgeois, n'est qu'une feinte pour prendre le peuple au piège. Il s'ensuit le mot d'ordre de Karl Marx : - Déphilosophons ! C'est-à-dire : arrachons à la philosophie bourgeoise son masque humaniste.

     

  • Théosophie

    Pour la première fois dans l'histoire, l'Eglise romaine a mis en place une religion dont le dieu est à l'intérieur de l'homme ; il a part à l'âme, trou noir insondable. Les païens ne pouvaient en faire autant avec la nature.

    De cette façon, dieu finit peu à peu par épouser les contours de la volonté. Un homme doté d'une forte volonté n'éprouvera pas la nécessité de dieu, tandis qu'un enfant y aura plus volontiers recours. Le manque de volonté sera la preuve que dieu existe ; la ferme volonté prouvera au contraire que dieu n'existe pas. Il arrive que, lorsque la volonté de certains hommes forts chancelle, ils fassent appel à dieu et n'hésitent pas ainsi à se renier.

    L'Etat moderne doit beaucoup à l'Eglise romaine, car il est une forme de dieu intériorisé, auquel le citoyen lambda d'une nation moderne consent à se soumettre. L'Etat moderne est une interface entre l'homme et quelque chose d'assez confus ; l'Etat est une sorte de miroir ; sa consistance est psychologique, ce qui explique que psychiatres et psychologues soient devenus ses prêtres.

    Mais, cette religion étrange, l'Eglise romaine l'a instaurée de façon sacrilège, contre l'esprit des écritures saintes, suivant un dessein mystérieux. Dieu le Père de Jésus-Christ n'est pas le dieu des païens ; mais il ne siège pas non plus dans le corps impur de l'homme - il ne fait pas partie de ses rêves.

  • Le droit de l'Homme-Dieu

    En s'émancipant de dieu par l'artifice, notamment juridique et technique, l'homme a perdu connaissance de lui-même. J.-J. Rousseau observa en son temps ce manque de recul croissant de l'homme sur lui-même, auquel le développement des sciences humaines ne changea rien.

    Quand je dis "dieu", en l'occurrence je parle aussi bien de Satan, le dieu qui parle aux sens, que du dieu caché des chrétiens, auquel Satan fait écran ; en effet rares sont désormais les hommes qui, employant le mot "dieu", sont capables de distinguer ces deux puissances.

    Ainsi le "Connais-toi toi-même" antique n'a qu'un rapport assez vague avec la psychanalyse moderne. L'Antiquité n'est pas athée, contrairement à la bourgeoisie moderne, qui s'est progressivement inventée un dieu à la dimension de ses désirs - l'Etat. Le "Connais-toi toi-même" antique n'est pas une spéculation sur l'âme, trou noir insondable comme l'ignorance, et de peu d'intérêt.

    La psychanalyse, de même que la théorie de l'évolution, sont contemporaines du recul du savoir psychologique. L'homme n'a peut-être jamais autant été une énigme pour lui-même qu'il est aujourd'hui, c'est-à-dire privé de sa liberté de choix. L'exemple de cette perplexité de l'homme face à lui-même - l'admiration de la folie humaine, faute de s'être doté des moyens de surmonter cet obstacle-, l'exemple nous est donné par le truc de l'intelligence artificielle et des robots ; certaines personnes, y compris parfois ayant reçu une instruction, sont persuadées que les machines pourraient avoir barre sur l'homme et le dominer. Ils accordent ainsi à la mémoire et à la puissance de calcul un part exagérée dans la pensée.

    D'une certaine façon, les sociétés humaines sont déjà rendues à ce stade de domination de l'homme par les systèmes et les machines sophistiqués qu'il a inventés. F. Nietzsche, qui dénonçait l'irrationalité du monde et de la culture modernes, aurait vu dans les grandes guerres mondiales entre nations européennes la preuve de la justesse de son diagnostic catastrophique... en même temps qu'il aurait dû reconnaître que rien ne semble pouvoir enrayer cette folie... pas même la déchristianisation qu'il prônait comme un remède de cheval radical ; et Nietzsche n'ignorait pas que la "démocratie-chrétienne", en Amérique ou ailleurs, n'est plus qu'un bouddhisme déconnant.

    La domination des machines ne prouve qu'une chose : l'intelligence artificielle est la bêtise.

  • Cinéma de Satan

    L'acteur G. Depardieu a déclaré : - Je ne voudrais pas être un saint, c'est trop chiant d'être un saint.

    L'acteur lui-même est adoré comme une sorte d'idole, et ce statut semble avoir rempli son existence d'applaudissements et de louanges. Cette existence s'achèvera probablement dans un hommage national, sorte de paradis pour les amateurs de cinéma et d'acteurs ; un évêque catholique, sans tenir compte des déclarations sataniques de l'acteur, fera un beau sermon creux sur la dépouille du grand homme, comme sont payés à faire les évêques catholiques.

    Mais apparemment l'acteur Depardieu est persuadé, lui, de ne pas avoir eu une vie chiante mais une vie trépidante. D'avoir incarné des vies "héroïques" à l'écran l'a peut-être persuadé d'avoir été lui-même vraiment héroïque ?

    Le principe diabolique, opposé à la sainteté, consiste à porter aux nues ce qui n’a qu’un intérêt limité. Les relations charnelles, la procréation, la famille et tout ce qui s’ensuit n’ont qu’un intérêt limité, spirituellement nul, par exemple ; l’homme, dit Jésus-Christ et ses apôtres, ne se soumet à la chair que par faiblesse.

    Quand on observe l’acteur Depardieu, et le cinéma tout entier, fabriqué par des personnes passives pour des personnes passives, on pense en effet à la chair, à l’ivresse qu’elle procure et au pschiiiit ! qui s’ensuit.

    Et puis quel saint Depardieu a-t-il rencontré pour fonder son témoignage ? L’un de ces saints que l’Eglise catholique fabrique pour le besoin de sa propagande à coups de procédures ridicules, sans parfois même s’embarrasser de la vraisemblance ? Pour être saint, il faut être maudit par la société, non loin des grands criminels. 

  • Religion ou drapeau ?

    Religion ou drapeau, ça revient au même fanatisme. Tous ces athées "laïcs & républicains" n'en sont pas. La foi dans l'Etat leur paraît plus sûre que la foi en Dieu. Les drapeaux laïcs et la devise pompeuse : "Liberté, Egalité, Fraternité", sont faits pour rassurer autant que les clochers des églises et les images pieuses. Le progrès de l'idéal sécuritaire dans les nations occidentales capitalistes est un indicateur du progrès de la religiosité et du recul de l'esprit critique scientifique.

    Combien se soucient vraiment de science, au lieu de s'en gargariser ?

    La science moderne n'est qu'une musique agréable à l'oreille, une démonstration de la puissance de l'homme ; mais ce qui prévaut dans le monde moderne n'est pas la science - c'est la culture.

    Un individu épris de science se sentira aussi isolé dans ce monde qu'il pouvait se sentir au moyen-âge. Si l'histoire a un sens, ce sens n'est pas visible à première vue, car ce qui est visible à première vue c'est le progrès de la religion, l'empiétement croissant du rêve bourgeois sur la réalité.

    Ajoutons ceci : la caractéristique d'un esprit religieux est de s'incliner devant la mort comme le fait de dieu ou de la nature ; la caractéristique d'un esprit scientifique est de voir la mort comme un phénomène, non pas universel, mais relatif à l'homme, ainsi que le hasard.

    Et le nombre 666 a pour signification : pacte de l'homme avec la mort.

  • Science et modernité

    L'adjectif "moderne" est inapplicable à la science. L'expression de "science moderne" désigne en effet quelque chose d'assez indéfinissable. Untel citera volontiers Einstein ou Darwin comme des exemples de "savants modernes", mais il aura sans doute du mal à dire en quoi la science naturelle de Darwin est "moderne", en comparaison de la science naturelle créationniste d'Aristote.

    En parlant de "science moderne", on se situe plutôt dans le registre de la propagande, le plus méprisable du point de vue scientifique, puisqu'il s'agit en matière de propagande, à l'instar des religions les plus méprisables, d'emporter l'adhésion du plus grand nombre, en dépit de la vérité - la propagande a un caractère "musical", ainsi que l'ont relevé certains mythes ou fables.

    Beaucoup mieux applicable l'adjectif "moderne" à ce qui est enseigné aujourd'hui sous le nom de "mathématiques". On peut plus précisément dater les "mathématiques modernes", et en attribuer la paternité à R. Descartes. Bien sûr ce n'est pas aussi simple, et cela ne suffit pas à caractériser la science moderne ; Descartes n'a pas lui-même vraiment conscience de contredire les leçons d'Aristote sur l'algèbre et la géométrie. En revanche, Descartes, ingénieur militaire, a conscience du lien étroit entre les nouvelles techniques et instruments, et la géométrie qu'il développe. Il y a une correspondance facile à comprendre, par exemple, entre l'accroissement de la puissance et de la précision des outils et machines et les mathématiques dites modernes.

    Quand certains parlent de "filières scientifiques" pour parler de classes où l'enseignement des mathématiques modernes est particulièrement important, c'est donc un abus de langage. De la même façon, la "révolution industrielle", datée le plus souvent de la fin du XVIIe siècle, est un pur motif de propagande. L'essor industriel a certes entraîné des bouleversements sociaux considérables, mais il n'y a dans cet essor rien de "scientifique".

    La science et le registre des "mathématiques modernes" sont donc deux choses bien distinctes. Les mathématiques modernes ne peuvent pas se passer de prendre en compte le temps. Du point de vue scientifique, le temps est un prisme déformant ; le savant est soumis au temps, comme il est soumis à l'inconvénient de sens limités pour appréhender la réalité. Mais l'objet de la science est "intemporel". Il y a de fortes chances qu'une conception "biologique" de l'univers ne soit que la projection d'un rêve humain, car spéculer un univers soumis au temps, c'est spéculer un univers réduit aux dimensions de l'homme.

    Conclusion : science et modernité sont deux notions ou choses divergentes. Sur le plan de la "discipline mathématique", il est plus facile de cerner la notion de "modernité", dont l'usage est le plus souvent indéfini. Par conséquent, le raisonnement des mathématiques dites "modernes" permet de caractériser la notion de modernité. Cependant l'idée que les mathématiques modernes sont une matière ou une discipline scientifique, voire une "science dure", ne repose sur aucune science expérimentale véritable. Les mathématiques modernes ne sont pas plus proches de la réalité, extérieure à l'homme, qu'elles ne sont du rêve. L'intellectualisme, en science, est probablement un signe de déclin.

      

  • Science ou culture ?

    Complexe, sophistiquée, voire "énigmatique", la culture moderne est comparable à la prestidigitation ou la magie. La démonstration du "progrès moderne" est presque un tour, qui consiste à attirer l'attention du public sur un détail frappant, faisant échapper l'ensemble à une étude ou un examen moins superficiel.

    Un examen moins superficiel permet par exemple de discerner que le dit "progrès technologique" dont se prévaut l'homme moderne n'en est pas un ; le progrès technologique n'est pas une question d'imagination, ni de "progrès de la conscience humaine" - il est surtout une question de temps. Le temps est le principal artisan d'un progrès technologique qui ne répond pas aux aspirations essentielles de l'individu, mais tout au plus au besoin d'organisation sociale.

    Sous l'angle social, on comprend que la notion de "progrès moderne", aussi vague soit-elle, puisse être érigée en religion moderne, avec tout ce que cela comporte de censure de l'esprit critique scientifique.

    Il y a, comme vis-à-vis de la prestidigitation, trois attitudes possibles vis-à-vis du progrès ou de la culture modernes. D'abord il y a l'attitude de l'initié, en charge de la "démonstration du progrès", plus ou moins rusé ou habile, escroc intellectuel ou s'abusant lui-même. Cette démonstration est largement rhétorique : on constate en visitant un musée d'art dit "moderne" que cet art se dispense rarement d'un discours destiné à démontrer sa supériorité.

    Ensuite il y a l'attitude des foules, nombreuses, fascinées par la culture moderne comme on peut l'être par un tour de magie, parce que celui-ci opère un divertissement de l'esprit. Dans une large mesure, le divertissement est un plaisir d'esclave, car son besoin naît du désir d'échapper à une contrainte subie par ailleurs. L'oisiveté, au sens donné par la philosophie grecque à ce terme, est la plus éloignée du divertissement, dans la mesure où elle ne suscite pas, chez un individu en bonne santé, le besoin de divertissement. Ici il faut dire que la "culture de masse" est la trahison évidente de l'objectif démocratique officiel ; cette "culture de masse" n'est d'ailleurs pas assumée par les élites politiques et culturelles, bien qu'elles en dépendent et en assurent la promotion, directement ou indirectement.

    La dernière attitude est l'attitude contestataire, minoritaire, dite de la "contre-culture". Elle prend plusieurs directions différentes ; tout d'abord on peut dire qu'une certaine "maturité" en est le facteur psychologique déclenchant. Un individu immature ne résiste pas, en effet, à la fascination, pour ne pas dire qu'il s'y expose volontairement. De même l'esprit scientifique méprise le spectacle de la magie ou de la prestidigitation. Il en tire la leçon une fois pour toute que l'esprit humain se laisse duper facilement, voire qu'il peut en tirer un certain plaisir.

    Nietzsche, "au nom de Satan", c'est-à-dire de la culture antique païenne, s'oppose frontalement à la culture moderne, à qui il fait le grief d'être une source de bonheur et de poésie très limitée, d'avoir perdu "la recette du bonheur" contenue dans l'art antique. Il est vrai que le divertissement est une forme de jouissance particulièrement passive ; dans la société occidentale bourgeoise, la sexualité est pratiquement devenue "un divertissement obligatoire", c'est-à-dire un motif obsessionnel bien plus qu'une véritable source de contentement ou de satisfaction. La philosophie ultra-réactionnaire de Nietzsche parle beaucoup de jouissance et de bonheur, tout en abordant très peu le sujet de la sexualité. Il faut dire que Nietzsche, méprisant la faiblesse, était lui-même très malade, c'est-à-dire très faible. Sa philosophie est une manière d'antidote pour lui-même. Nietzsche n'est pas le seul réactionnaire, réfractaire à la culture moderne : l'intérêt ou l'essentiel de son propos tient dans l'accusation lancée au christianisme (plus ou moins étayée), d'avoir détourné la culture de son but véritable - à savoir le plus grand bonheur.

    Incontestablement le "christianisme", au sens le plus large, n'est pas sans conséquence ou sans influence sur la culture occidentale moderne. Même l'athéisme aujourd'hui a, bien souvent, une "racine chrétienne", dans la mesure où l'athéisme résulte de l'émancipation d'une force naturelle supérieure.

    Mais le propos de Nietzsche fait abstraction ou ignore qu'il n'y a rien de "culturel" dans le christianisme, ni par conséquent de "moderne". La "parole de Dieu" n'est d'aucune époque ; les évangiles sont essentiellement eschatologiques, c'est-à-dire qu'ils annoncent la fin prochaine des temps. On peut faire du message chrétien ce qu'on veut, le détourner complètement de son sens, comme on peut le faire avec n'importe quel texte, néanmoins on ne peut associer le christianisme aux "temps modernes", dans la mesure où la notion de "temps", qui joue dans la culture moderne un rôle déterminant, ne joue aucun rôle dans le christianisme, puisque l'amour chrétien est "hors du temps" - la discrimination chrétienne de l'amour charnel s'explique par exemple de cette façon. Autrement dit, il est très difficile de traiter le christianisme comme un "phénomène culturel", pour le condamner comme pour en faire l'éloge (cf. Chateaubriand et son "Génie du christianisme"), puisque celui-ci se présente essentiellement comme une vérité qui met un terme à la culture et à la célébration de tel ou tel "mode de vie".

    Le chrétien se trouve donc, comme l'homme de science, en position de "contre-culture", si l'on prend ce mot dans le sens de "l'irréligion".

     

  • Valls fachiste ?

    A cause de son projet de loi sur la déchéance de nationalité, Manuel Valls se voit à son tour accusé de fachisme... alors même que Bernard-Henry Lévy figure au premier rang de ses conseillers !

    Il y a de quoi crier à l'injustice, ce que l'accusé ne manque pas de faire, ayant fait de l'aboiement politique une spécialité, pour faire oublier son prédécesseur aphone.

    Comme la politique se situe au niveau du cinéma, on peut comparer le sort de Manuel Valls à celui de "l'arroseur-arrosé" ; en effet le Premier ministre s'est beaucoup servi de l'insulte "fachiste" pour jeter le discrédit sur ses adversaires. La gauche a d'autant plus besoin de se démarquer de l'extrême-droite qu'elle tire profit sur le plan électoral des bons scores de l'extrême-droite.

    Il s'est produit un phénomène d'usure de ce que Nietzsche appelle "moraline" ; par ce terme il désigne la morale moderne teintée de judéo-christianisme, qui selon ce philosophe n'est pas la vraie vertu mais une éthique arbitraire.

    De fait, on voit bien que la portée de l'accusation de fachisme est réduite au niveau du juron de cour d'école, du fait d'avoir beaucoup trop servi, pour tout et n'importe quoi. Dès le départ, l'intelligentsia communiste et ses ouailles s'en sont servi pour ternir l'adversaire, alors même que cette intelligentsia avait les mains sales, pour ne pas dire ensanglantées. Ridicules sont les historiens qui tentent d'établir une hiérarchie entre les différentes idéologies totalitaires du XXe siècle : nazisme, communisme, et démocratie-chrétienne capitaliste. Il s'agit-là, non de l'histoire, mais d'une opération de blanchiment de l'Occident. En effet, ce qui est intéressant, du point de vue historique, afin de définir le totalitarisme, c'est le tronc commun entre ces différentes idéologies meurtrières. Les nuances servent principalement à nourrir la polémique politicienne et la concurrence entre les partis. L'idéalisme ne peut pas servir d'excuse à tous les mensonges - et surtout il ne peut pas servir d'excuse aux élites politiques et culturelles qui se situent sur un plan existentiel excluant l'idéalisme.

    Le péché ou la faute de Manuel Valls vis-à-vis du "peuple de gauche" n'est pas d'être "fachiste", mais la faute de la gauche, en général, est d'avoir fait croire qu'une "éthique de gauche", disons idéaliste, était possible dans le cadre d'un Etat bourgeois capitaliste. La gauche française a joué auprès de la droite libérale le rôle de véhicule de l'idéologie libérale dans les couches populaires, c'est-à-dire un rôle que les industriels et les banquiers ne pouvaient pas jouer eux-mêmes. La gauche a contribué à forger le fantasme du progrès libéral et des "avancées sociales", en masquant par exemple tout ce que ces dites "avancées" doivent à un processus de mondialisation catastrophique à bien des égards.

    Le spectre de Marx pour cette raison hante la gauche, et même l'extrême-gauche "républicaine" ; parmi les nombreuses prévisions de Marx figure celle que le peuple serait trahi, non par la droite mais par le parti socialiste.