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shakespeare - Page 10

  • Sermons gagnants

    Le succès d'Eric-Emmanuel Schmitt, tant au cinéma qu'au rayon "livres", ne faiblit pas. Comme j'ai pu moi-même constater, c'est surtout auprès de la gent féminine qu'il se vend comme des petits pains. Comme quoi le magnétisme du curé sur les gonzesses n'est pas qu'un truc d'ancien régime. Succès de Schmitt en Allemagne aussi, nation où la féminité est plus exacerbée encore chez les hommes que chez les femmes, comme dans toutes les populations où le goût pour le droit et les mathématiques, marqueurs de l'animisme, est débordant. Il y a tout lieu de penser que le premier langage humain écrit fut un langage mathématique, et que l'écrit a progressé ensuite contre l'arithmétique et les mathématiques.

    J'avoue ne connaître moi-même la teneur des sermons de Schmitt que par des échos. Pas question de regarder un film d'après Schmitt, même pour me faire une idée. Et au bout de quelques paragraphes, j'ai des troubles de la vision, toutes les lignes se superposent pour n'en former plus qu'une seule.

    Cependant E.-E. Schmitt est l'auteur d'une définition parfaite de la démocratie-chrétienne, c'est  : "L'Evangile selon Pilate". Dont on pourrait imaginer une suite encore plus audacieuse : "L'Evangile selon Caïphe".

    Un type étiqueté "catholique" mais qui n'a jamais sans doute entendu parler de la "synagogue de Satan" (Ap. II et III), n'a pas hésité il y a quelque temps à me vanter sur un blogue les vertus de cette secte juive. D'après le "Dictionnaire du Nouveau Testament" du Chanoine Crampon (base de connaissance assez solide comparée à ce qu'un curé moyen est capable de proférer comme conneries aujourd'hui), la secte pharisienne se serait en partie constituée en réaction à l'hellénisme menaçant d'envahir la religion de Moïse.

    Si Crampon dit vrai, nul besoin de pharisaïsme aujourd'hui puisque le jansénisme et la théocratie ont éradiqué peu à peu à partir du XVIIe siècle tout "hellénisme" du catholicisme. Autrement dit, Schmitt et les sermons béni-oui-oui ont remplacé Dante et Shakespeare.

    Eradication complète de la mythologie grecque, comme on peut s'en rendre compte en lisant Dante ou Shakespeare. Mais éradication complète aussi d'Aristote, dont la science ne souffre pas d'être amalgamée avec les théories médiatiques et primaires de Pythagore, les mathématiques milésiennes - Pythagore que jansénistes et puritains ont lui aussi largement contribué à ressusciter ; éradication si complète que Joseph Ratzinger passe par la théorie des ensembles pour expliquer la charité à ses ouailles. Tel spécialiste de Pythagore estime d'ailleurs que sa secte rencontra beaucoup de succès auprès des femmes et des mères de famille ; c'est exactement ce qu'est devenue la secte démocrate-chrétienne en France : une religion de mères de famille où les hommes ne sont pas les bienvenus. Surtout s'ils conchient la guimauve chrétienne d'Emmanuel Schmitt.

  • Printemps des antipoètes

    Très rares sont les poètes qui comme Goethe savent définir les frontières de leur art. "J'honore le rythme comme la rime par lesquels seulement la poésie devient poésie, mais ce qui produit vraiment un effet profond, pénétrant, le véritable élément formateur et fructueux, c'est ce qui reste du poète lorsqu'il est traduit en prose."

    Le mérite de Goethe est d'autant plus grand que l'art boche s'élève rarement au-dessus du niveau de la ceinture. J'y vois l'influence de Shakespeare, qu'on ne traduit comme un auteur lyrique ou baroque que pour mieux le trahir. La poésie, c'est Caliban ou Ophélie.

  • Bacon, ce héros

    La logique veut que François Bacon, qui érige le principe de la science universelle contre la science universitaire, soit battu en brèche au long du temps par des thésards venus de tous les horizons ; et primo ceux du "grand siècle".

    Après la thèse sur Bacon la plus inepte, celle de Benoît XVI, qui dépasse les bornes de la mauvaise foi en imputant à cet esprit - trop fort pour l'Angleterre, comme son double W. Shakespeare -, la paternité de la métaphysique technologique actuelle (les téléfilms yankis permettent de constater qu'il s'agit plutôt d'une pataphysique ésotérique), on peut citer le procédé le plus vicieux, celui de Hobbes, figure emblématique de la religion judéo-chrétienne.

    Il faut en effet toute la perfidie de Hobbes pour emprunter à Bacon son exégèse "cléricalement incorrecte" des Evangiles afin de mieux consolider la nef de la théocratie anglaise, quand nul n'a mieux discerné que Bacon les effets dévastateurs de la politique et de la morale sur la théologie et l'art, disons, au-delà d'un certain point dépassant les objets de culte artisanaux et la musique de chambre.

    Or, sans Hobbes, que seraient Leibniz ou Hegel, qui n'ont fait dans le premier cas que consacrer le caractère absolu de l'Etat (absolutisme que Einstein n'a pas eu de mal à "relativiser") ; dans le cas de Hegel mettre en branle le Léviathan ?

    La mauvaise foi de Joseph Ratzinger met en relief la grande fidélité chrétienne de Bacon ; il convient aussi de remarquer cette opposition-là. Car ce que les clercs ont emprunté largement aux paganismes, romain notamment, ce sont leurs principes politiques et moraux, avec au XVIIe siècle une ténacité plus farouche qu'au moyen âge (sur ce point de détail Marx s'est peut-être pendant un laps "égaré"). Tandis que Bacon s'est gardé de prendre ce chemin de traverse, qui aboutit à confondre Jésus avec Ponce-Pilate (auquel certains poètes chrétiens ont rendu un hommage indécent). Bacon a pris aux païens autant que possible le meilleur de leur science naturelle et de leur intelligence artistique, beaucoup moins soumises à la griffe du temps et aux variations des saisons. Bacon s'est tout simplement avisé de ce que la statique païenne est corrélée à l'animisme, et l'animisme au temps, à travers les éléments déchaînés. Si Rome s'est contentée de prolonger Athènes, comme Marx en fait la preuve précise, sans la surmonter, c'est en raison de l'indexation des principes romains sur le temps. A croire que n'excite l'admiration de la Rome antique chez les penseurs judéo-chrétiens, que son habileté au pillage. Inégalés, certes, Cicéron, Lucrèce ou Virgile, par leurs suiveurs.

  • Ratzinger vs Shakespeare

    Christian priests and especially last Pope Benedictus XVI has nothing to say about the capitalism but revealing the satanic origin of an "economy" based on time ratio. Christian theology says indeed that time is the devil "opera magna", a "human number" as it is said in saint John Gospel: 666 (Sympathy for the devil of musicians, movie makers and mathematicians comes from the seductive power of time.)

    Instead of this we have an insane song that Joseph Ratzinger is singing to his child. His proposition to help politicians who are mistaking him to build new pure capitalism, although capitalism is still builded on the sand of laws, this idea sounds crazy. Does the Pope have an idea to build Egyption pyramids again?

    This pope is as blind as an American citizen who would be unable to understand the distance between US Nation fathers wishes and USA today!

    Shakespeare is even telling in "Hamlet" and in his poems where the reason of the wedding of Politics and religion comes from: FEAR.

  • Printemps des antipoètes

    La poésie est la peau de l'art. Shakespeare a trop de chair, de nerfs, de muscles et d'os pour faire un poète, c'est-à-dire une victime de plus.

  • Veille de l'Archer

    Le poète, le prêtre et le philosophe. Chacun de ces trois augures assume dans sa langue ésotérique la fonction liturgique, au stade païen, puis chrétien, enfin laïc. Chacun domine son Etat et fourbit l'arche légale d'alliance de l'homme avec lui-même. Même le poète païen ne sacrifie aux dieux que pour mieux les tenir à distance et, en définitive, s'imposer sur la Nature.

    Des traces de ce sentiment subsistent chez Baudelaire, cygne noir polyphonique : païen, chrétien et philosophique à la fois. Et le plus grand mérite de Baudelaire est d'avouer sa possession, sa grippe aviaire. Sensés sont ceux qui prennent Baudelaire pour ce qu'il est : un suppôt ; perdus les autres, qui ne voient pas dans cet aveu l'éclair intermittent d'un fanal.

    La liturgie dit Shakespeare, du moindre rite tribal à la plus grande messe laïque, est toute comprise dans un cercle : le cycle statique de la vie et de la mort. La liturgie est faite de sperme, d'accouchement et de sacrifice. Si bien qu'on peut mettre en parallèle : sexe sado-maso et suicide pour temps d'amour prostitué, avec : tension liturgique pour temps de charité déchue.

    C'est pourquoi tous les progrès de toutes les Eglises viennent de l'extérieur, contre le clergé, pour qui la vie est comme la mort, et la mort comme la vie. L'Eglise catholique, jusqu'à sa mort, n'a eu le choix qu'entre s'adapter ou s'éteindre. La mort de l'Eglise ? Pour les âmes sentimentales, accordons-lui le reste de souffle de l'aïeule reléguée au coin du feu, qui ânone quelque proverbe et s'adonne à des rituels caducs dont elle seule connaît le secret. Mais le débat qui anime l'Eglise sur la liturgie retentit comme une oraison funèbre.

    La liturgie chrétienne est peut-être celle qui, à la fin du moyen âge, s'approche au plus près de la glace brûlante du paradoxe. Le chant grégorien est à la fois la plus sensée et la plus insensée des musiques qui prétend abolir le temps et s'élève vers le silence -chant qui vise le suicide du chant (Ezra Pound n'en est pas loin). Aussi ce choeur ne pouvait-il continuer de battre.

    "Que le prêtre en surplis blanc, sache de l'oraison funèbre être le chant du cygne, pour que le 'requiem' perde ses droits." (W. Shakespeare)

    Si la religion laïque est celle d'un Etat totalitaire, c'est parce qu'il n'y a rien en dehors d'elle.

    Après le temps révolu du poète, du prêtre et du philosophe, est venu celui du publiciste, dont la liturgie immonde, est transparente comme un cristal.

     

  • Pour un art communiste

    L'helléniste-archéologue François Chamoux prétend que l'idée de "l'art pour l'art" est étrangère à la Grèce antique ; il cherche par là à démontrer la supériorité de l'artisanat. Cependant il a tendance à confondre deux choses : l'esthétique et la production artistique elle-même. L'idée d'art cultivé pour lui-même est une idée de la morale existentialiste, c'est-à-dire capitaliste, un slogan qui a commencé d'être forgé au XIXe siècle ; autrement dit l'idée de l'"art pour l'art" coïncide avec l'apparition et le développement de produits industriels, puis l'assimilation de ces produits industriels, la photographie par exemple, à l'art. Dans le sens où l'idée de "l'art pour l'art" participe de la propagande, cette idée est bien entendu étrangère à l'Antiquité. On voit bien d'ailleurs que la religion laïque est écartelée entre sa prétention à une grande spiritualité et l'évidence de son impuissance artistique, baignant dans le formol et la muséographie.

    François Chamoux tombe donc au moins en partie dans cette erreur, typiquement allemande, qui consiste à confondre les Grecs avec les Romains. L'art grec n'est pas entièrement imitatif, il échappe en partie à la vocation politique et religieuse que Virgile assigne à l'art pour déborder sur le domaine de la science. A la période moderne, aucune époque n'a mieux que la Renaissance réussi comme les Grecs à "dominer les Muses", celles-ci étant le symbole de l'art artisanal "stricto sensu" ou de la poésie. Comme l'histoire progresse contre le temps, l'art progresse contre la politique et la religion.

    L'idée de "désir mimétique" défendue par René Girard à propos de Shakespeare est proche de celle de Chamoux, le pédantisme en plus. Elle est également fausse dans la mesure où elle revient à assimiler la tragédie grecque, hauteur à laquelle Shakespeare prétend manifestement, avec le drame romain.

    Le stade ultime de l'imitation avant la mort, c'est le pastiche : les monochromes d'Alphonse Allais par exemple, railleries légères contre la peinture de paysage impressionniste. Les monochromes de Soulages, Klein ou Malévitch en revanche, parodies vides de sens, sont les produits du totalitarisme politique.

    (Il est vain comme Chamoux de chercher à comprendre les Grecs à travers Socrate et Platon, puisque comme l'établit François Bacon, Platon et Socrate "ne se connaissent pas eux-mêmes" en quelque sorte et incarnent la décadence grecque.)

     

  • Saint Marx

    C'est précisément parce qu'il est "sans foi ni loi" que Karl Marx est le plus grand théologien chrétien depuis Shakespeare. La question de la loi est une question juive et la question de la foi se pose quand la loi est appliquée hypocritement. Même pour Léon Bloy ou Claudel, qui louchent pourtant un peu vers le moyen âge (obsession matrimoniale de Claudel), la question de la foi n'est pas moderne.

    En quelque sorte il n'y a pas de pensée historique sérieuse qui se préoccupe des questions de foi. La question de la foi est une question d'autruche.

  • Fier d'être miso

    "WOMEN BEWARE OF WOMEN!" : je tombe sur ce magnifique slogan misogyne de Thomas Middleton (1580-1627). Cette misogynie-là est sensiblement différente de la misogynie du penseur judéo-chrétien abusé par sa mère, misogynie parfaitement réversible car passionnelle, dont Nitche ou Freud fournissent des exemples presque parfaits ; Nitche avoue que seule sa mère ou sa soeur aurait pu le faire renoncer à l'idée d'éternel retour... aveu d'aliénation stupéfiant. C'est peut-être seulement la soeur de Nitche et non le philologue boche lui-même que séduisit le parti nazi, mais étant donné que la soeur de Nitche a engrossé son frère de l'idée d'éternel retour,  ça revient au même.

    J'interprète le goût assez répandu dans le clergé chrétien comme laïc (M. Onfray) pour la morale sado-maso de Nitche comme un travers pédophile. Benoît XVI est d'une extraordinaire naïveté lorqu'il entend prévenir les débordements criminels du clergé par l'examen psychologique : il faut déjà pour gober la théorie de Freud avoir soi-même une inclinaison incestueuse ! Le serpent se mord la queue.

    Tandis que la misogynie de la Renaissance est évangélique, provient de la confrontation entre Marthe et Marie, la misogynie de Nitche est, elle, "vétéro-testamentaire", comme disent les théologiens contemporains dans le vent.

    Dans la société patriarcale du XIIe siècle, encore plongée dans l'obscurité, l'historien Georges Duby a souligné que se nouait souvent une relation ambiguë, notamment dans les milieux aisés, entre la mère et son fils (d'où dérive l'erreur d'interprétation du mythe d'Oedipe par Freud, fasciné qu'il est par la relation entre Jocaste et Oedipe, quand le mythe souligne au contraire ce que la morale doit à la politique, et vice-versa, ce que Shakespeare a parfaitement saisi - le correctif de Jung est d'ailleurs à peine moins inepte que l'inversion de Freud). Cette relation ambiguë semble d'ailleurs déterminer la théologie de saint Augustin. Oedipe n'est qu'un être parfaitement normal, enfermé dans le temps, dont il devine fort bien la définition énigmatique proposée par le Sphinx. Le Sphinx est pris parfois malgré sa signification démoniaque comme un symbole du potentiel de la pseudo-science pyschologique. En réalité c'est avec plus de sagesse que les Romains en ont fait un symbole de la tyrannie. La pseudo-science pyschologique de Freud n'est autre que le produit d'une politique tyrannique. Si Freud est aussi animiste, beaucoup plus encore que Thomas d'Aquin, c'est parce que l'âme s'avère le médiat idéal de domination pour un Etat totalitaire. Le mythe grec est beaucoup plus lumineux à cet égard que la superstition freudienne. Du régime dynastique de Thèbes, il révèle le sous-bassement, qui n'a rien d'idéal. Le raisonnement politique est fondamentalement génital et incestueux, comme Aristote le pense contre Platon, et il ne sort pas de ce cercle. Croire que le capitalisme, nettement inspiré par le modèle génital, est inéluctable, revient à enfermer la logique humaine dans le seul raisonnement génital. De cette façon Nitche comme Freud se retrouve en-deça du bien et du mal quand son voeu était de surmonter le rapport moral, abrutis incapables de comprendre qu'il n'y a pas de raisonnement plus politique que le raisonnement animiste du membre d'une tribu anthropophage ou d'un kamikaze japonais.

    Les féministes, Sylviane Agacinski par exemple, pourtant moins niaise que Simone de Beauvoir, a traduit sottement le patriarcat comme un abus de pouvoir masculin, alors qu'en réalité la violence de la politique touche tout autant les hommes, si ce n'est plus, mais d'une façon différente. Autant dire que les Japonais ou les Allemands sont "phallocrates", alors que de toute évidence ce sont des femelles avides de sécurité, qui se sont jetés après leur défaite sur le modèle yanki comme une femelle se jette sur le mâle dominant vainqueur.

    *

    Le type de misogynie que je qualifie de "romaine" ou de "judéo-boche" séduit d'ailleurs généralement les femmes, et non la misogynie d'Hamlet (Ophélie, c'est autant Nitche que Rosencrantz ou Guildenstern, savants manipulés par le pouvoir politique, le sont).

    Pourquoi ? Parce qu'en réalité il n'est pas difficile de comprendre que la misogynie de Schopenhauer ou de Nitche est d'abord dirigée contre eux-mêmes ; la femme que Nitche déteste le plus, c'est lui-même (Flaubert est beaucoup plus lucide que Nitche, même si sa critique du christianisme est similaire.) Nitche est complètement prisonnier de rapports familiaux. Plus encore qu'en lisant Proust, et c'est peu dire, j'ai la sensation désagréable en feuilletant Nitche d'être enfermé à double-tour dans une table de chevet (Proust me procure plutôt le mal de mer avec sa prose isomorphe de foetus inné).

    Au lieu de diriger sa vindicte contre sa famille, le ventre sacré de sa mère, d'où vient son hystérie, Nitche s'en est pris à des objets extérieurs : Dieu, les femmes, le christianisme (attitude typique de la mentalité libérale, soit dit en passant, qui toujours se défausse et trouve un bouc émissaire, même confrontée à l'évidence de sa propre faillite et corruption. Exemple tout frais : c'est George Bush et non la société civile yankie qui a dévasté l'Irak pour se venger d'un crime que les Irakiens n'avaient pas commis. Le "coup d'Hitler" est sans arrêt recommencé, cinématographie à l'appui.)

    Ce type de misogynie est un aveu de faiblesse et il séduit les femmes, assez nombreuses, ayant un désir de maternité. On peut même penser que si l'institution matrimoniale persiste, malgré son caractère irrationnel au regard des derniers virages en épingle de l'économie capitaliste, qui permet d'épargner individuellement très facilement et se préoccupe peu des conditions de logement et de vie familiale des smicards, si l'institution du mariage perdure c'est uniquement en raison du désir de maternité persistant des femmes.

    Bien sûr ce n'est pas un hasard si le problème des misogynies recoupe exactement celui des antisémitismes. Pourquoi l'antisémitisme et la misogynie "nationales-socialistes" de Nitche sont beaucoup plus dangereux que ceux de Voltaire ? Parce que dans le cas de Voltaire il s'agit d'une critique, tandis que dans le cas de Nitche, ses passions sont dirigées contre lui-même et peuvent aller jusqu'au suicide. Quelqu'un qui peut se tuer par désamour de lui-même est capable de n'importe quelles tortures contre le corps d'un autre. Déjà Léon Bloy à la fin du XIXe siècle mettait les Juifs en garde contre les dangers du libéralisme, avertissement resté lettre morte.

    Les Juifs manquèrent de recul sur la religion allemande et l'idée libérale de renouvellement génétique, imposant aux Juifs de muter à peine de disparaître, Etat dans l'Etat, vieillard qu'on préfère confier à l'hospice (vaine est la tentative de scinder le nazisme aussi bien du capitalisme que du darwinisme) ; les Allemands n'en avaient pas sur les Juifs, et les camps de travailleurs juifs paraissent issus du goût médiéval des Allemands pour la purge.

    Simone Weil en revanche est dans le même cas que Voltaire et son rapport au judaïsme, étant critique, ne représente aucun danger. D'ailleurs celle-ci a rejeté les idoles allemandes (Max Planck) exactement de la même manière et pour les mêmes raisons qu'elle a rejeté les idoles juives. Probablement Simone Weil a-t-elle été sauvée des eaux de la bêtise, contrairement à son frère André Weil, compromis dans les pitreries du "groupe Bourbaki", parce que la mère de Simone Weil ne l'a pas possédée, n'a pas tué en elle tout esprit critique. Jonas n'est pas un simplement un Juif, c'est un Juif qui vit dans les organes de la baleine, privé de lumière. Et la baleine est une métaphore pour le Léviathan.


  • La Mère morte

    Le cas des infanticides perpétrés par Véronique Courjault permet, comme l'exemple précédent du tueur en série, de mieux comprendre le tribalisme laïc. Pourquoi l'infanticide et l'eugénisme sont-ils désormais unaniment admis par la société civile ? Les cris d'orfraie devant le crime de la Courjault ne sont qu'une feinte, comme le féminisme en plein trafic pornographique.

    Animisme et croyance dans la métempsycose sont caractéristiques du tribalisme ; et la foi superstitieuse dans la thèse freudienne témoigne de l'ampleur de l'hystérie laïque ; autrement dit, lorsque Lévi-Strauss se penche sur le tribalisme, c'est mû par le même tropisme que Narcisse vers son reflet dans la mare froide de la "psyché". L'image reflétée de la barbarie primitive fascine le sorcier laïc Lévi-Strauss. Avec ce bémol : le miroir dit que la sauvagerie était plus belle et envoûtante lorsqu'elle était jeune, plus directe et brutale que le masque d'hypocrisie du sorcier laïc, son bicorne de vieillard académicien. Il est vrai qu'entre un masque vaudou et l'art stalinien de Kandinsky, l'hésitation est permise. L'artifice de l'animisme primitif est directement lié aux phénomènes naturels ; de là vient la séduction de sa sauvagerie. De l'animisme tribal à l'animisme laïc, il y a du phénix au corbeau.


    *


    Qu'est-ce qu'une société qui juge Véronique Courjault ? C'est une société d'insectes aveugles. La métempsycose, la transmission de l'âme se fait désormais dans la progéniture. On peut d'ailleurs bien saisir ici sur quel type d'anthropomorphisme repose l'idéologie darwinienne, en quoi le darwinisme fait partie du dogme laïc : à la voie du Ciel qui est fermée, Darwin et ses disciples substituent une issue génétique, qui permet à la société laïque de se projeter dans l'avenir (au darwinisme nazi, on n'a fait depuis qu'ajouter une dose d'hypocrisie et des comités d'éthiques fantoches). Descendance contre transcendance. De la même façon l'astronomie contemporaine n'est plus une cosmologie mais une généalogie.

    Aussi le pacte d'un chrétien avec le darwinisme signale-t-il sa possession par des principes étrangers à la parole de Dieu. Le piège du diable est particulièrement bien paré de raison et de grammaire, à défaut de logique et de force.

    Bien que d'un conformisme intellectuel rare, la littérature évolutionniste de Pascal Picq renseigne parfaitement sur la formule religieuse temporelle du darwinisme. Le curé Picq traque d'ailleurs l'hérésie créationniste avec une rage qui rappelle celle d'un inquisiteur dominicain, toute science flanquée avec mépris aux oubliettes.


    *


    L'affaire Courjault est significative de ce que le corps n'est plus considéré avec mépris que comme le contenant de l'âme, sa banale enveloppe ; l'âme a désormais investi le moindre objet : photographie, vêtement, automobile, téléphone portable, maison de famille, ordinateur personnel - le fétichisme est partout ; pire, l'âme hante désormais par le biais de langages puritains (tels l'algèbre et le droit), jusque les meubles incorporels : nation, état, club de football, cinéma, entreprise, copulation, musique ; plus raisonnable et mieux fondé était le moyen âge en regard, de prêter l'âme d'abord aux bêtes domestiques ou sauvages.

    Deux comportements dynastiques sont possibles : ou bien la famille sera nombreuse, parant ainsi la mort par la quantité ; ou bien le choix sera fait d'un eugénisme légal, choix de la qualité, qu'on peut interpréter comme une idée de la métempsycose plus raffinée, "existentialiste". Quoi qu'on puisse penser superficiellement, ce n'est pas sur une base morale que se fait le choix entre ces deux comportements dynastiques, mais sur une base patrimoniale. L'effet du patrimoine n'est pas moins grand aujourd'hui qu'il n'était dans la famille au XIXe siècle ; ce qui s'est considérablement accru, c'est l'hypocrisie.

    Le comportement de Véronique Courjault traduit surtout une hésitation. Si j'étais capable d'endosser l'ignoble robe noire de l'avocat laïc pour défendre cette femme, bouc émissaire commode, je serais tenté de dire : "Que le couple qui n'a jamais pratiqué la régulation des naissances lui jette la première pierre." D'autant plus que la conservation des corps de ses victimes plaide plutôt en faveur de Mme Courjault. La négation du corps n'est pas totale comme dans l'avortement par injection de produit chimique ou curetage mécanisé. Le païen qui enterre ses morts et entretient leur culte, celui-là sait que la terre est une chambre froide. Le stade qui consiste à enfouir les corps plutôt qu'à les brûler est un stade politique plus avancé, qui marque une progression par rapport à l'animisme radical, où les âmes circulent partout où bon leur semble comme des fantômes, et le corps est complètement dissout. Le besoin d'être confronté au cadavre vient de la peur des fantômes.


    *


    Qui place ses billes dans sa progéniture peut se préparer à un avenir de plomb et non d'or, comme il l'espère. Si comme Karl Marx on traduit Aristote sans le trahir*, on comprend à quel point, de Nitche à Freud en passant par Lévi-Strauss, on comprend comme l'hiatus animiste ultime est le produit du tour totalitaire que prend forcément la politique. Il est terrible pour un chrétien de constater à quel point le christianisme a fourbi les armes d'une telle subversion, notamment des canailles incestueuses comme Blaise Pascal, Nicolas -le crabe- de Cues, Isaac Newton, Hobbes (le plus intelligent donc le plus coupable), Descartes, Huygens, Leibniz, et leurs idéologies de mort.

    Descartes est bien capable de voir la dimension ésotérique flagrante de la théorie d'attraction de Newton, mais s'avère cependant incapable de discerner sa propre fascination pour la religion animiste des Milésiens, Pythagore au premier chef, dont le nom propre sonne pourtant comme un avertissement pour un chrétien, fût-il superficiel.

    On comprend aussi la dimension prophétique de la science de François Bacon, théologien sous le nom de Shakespeare, dont les sonnets spécialement disent, mieux que Baudelaire encore, ô combien le phénix est proche de la colombe, ou bien encore que la maîtresse à la chevelure de jais éloigne du blond combattant qui brandit la lance de l'Esprit. Afin de frapper plus juste et garder le sang-froid, Shakespeare pose contre Dante qu'il vaut mieux ne pas s'encombrer d'une Béatrice.

    *Pour Aristote l'homme n'est porté à la copulation et à la politique, second sentiment plus élaboré qui dérive du coït, qu'au stade animal. Le grand savant naturaliste n'a pas manqué d'observer que la meute de loups est aussi une société politiquement organisée. La science d'Aristote est subvertie par les barbares romains, puis par les savants judéo-boches qui lui font dire son contraire et traduisent la pensée d'Aristote en éloge de la politique ! En germe dans sa pensée politique, plus développée dans sa science physique, la critique de la musique, instrument d'asservissement social, est déjà présente chez Aristote. Athéna détruit l'aulos, la flûte à deux tuyaux, après l'avoir inventé.

  • Eyes for eyes

    "Eyes for eyes" dans le sonnet 24 que je traduis sans m'écarter volontairement par "yeux pour yeux" est-il une allusion à "oeil pour oeil" et à la morale juive que Shakespeare utilise souvent comme repoussoir ? Ce n'est pas impossible, vu que Shakespeare dénonce les limites et dévoile les soubassements de la morale, devançant en cela Fourier ou Karl Marx... de plus de deux siècles !

    L'idée que la prostitution (de Cressida) est le revers de la médaille du mariage paré d'atours romantiques (désiré par Troïlus), Fourier ne l'a pas inventée ; sa typologie des cocus remonte à la guerre de Troie et à l'interprétation du récit mythologique d'Homère par Shakespeare ("Troïlus et Cressida"). Shakespeare situe dans le camp troyen l'exacerbation sentimentale la plus grande, tandis que deux ou trois Achéens sont pris pour illustrer la bêtise guerrière, Ajax au premier chef (Shakespeare utilise même la symbolique démoniaque pour peindre Ajax).

    Il est important de bien comprendre que, pour Bacon, la mythologie ne s'oppose pas à l'histoire, bien au contraire ; la traduction de l'histoire en archétypes, méthode proche de la peinture d'Histoire, est pour Bacon plus féconde que la chronologie et la gnose chronologique ; la méthode de l'archétype révèle mieux la signification profonde de l'histoire. De là viennent la force persistante d'Eschyle, Sophocle... tragédiens souvent anihilés désormais par des mises en scènes censées épater le bourgeois et lui en donner pour son argent. Ce n'était pas le cas dans les années cinquante, désormais lorsqu'un type d'un milieu modeste peut se payer une place de théâtre, ce n'est plus pour aller voir Sophocle ou Shakespeare mais Guignol. Même si je suis sans doute trop sympa avec les années cinquante, vu qu'avec Brecht, Giraudoux, Cocteau, Montherlant, on est déjà en plein sac.

    Le modèle-type de la gnose chronologique est fourni au XIXe siècle par la doctrine nationale-socialiste de Hegel (gnose luciférienne), que la propagande laïque, effaçant la mémoire des crimes atroces de Napoléon autant que possible, maquille en spéculation philosophique honorable (en Allemagne où le national-socialisme est tabou, Hegel est quasiment proscrit). Les héritiers de la gnose de Hegel, que ce soit Nitche ou Freud, René Girard, interprètent tous d'ailleurs la mythologie grecque, qui nous parle déjà de progrès historique, sur le plan génital ou moral. Homère est plus historique que Lévi-Strauss ou Nitche ! Nitche, c'est Ophélie dans "Hamlet".

    Marx et Engels, qui atteignent quasiment le niveau de l'archétype grâce au matérialisme, rejoignent pratiquement la science de Shakespeare. En tenant compte de ce que les démons ont changé de nature, et la science de mode d'expression (hélas !), on discerne en effet chez Marx et Engels une démonologie comparable à celle de "L'Iliade" et de "L'Odyssée". Bacon n'a pas attendu Dumézil ou Jean-Pierre Vernant pour, dans la "Sagesse des Anciens", éclairer les dessous de la mythologie grecque, bien plus affriolants que ceux de la mythomanie de Lévi-Strauss, cette vieille mégère laïque.

  • Tranchant double

    "Mon oeil joue le peintre et place la substance de Votre beauté dans le tableau de mon coeur ;

    Mon corps est comme un cadre qui l'englobe.

    Que la perspective soit l'art du meilleur peintre,

    A travers laquelle on pourra reconnaître le talent du peintre

    A trouver où Votre véritable dessein gît,

    Latent dans mon théâtre,

    Dont les croisées sont pourvues du vitrail de Vos yeux.

    Maintenant voyons quelles bonnes révolutions "yeux pour yeux" a donné :

    Mes yeux ont peint Votre forme et Vos yeux sont pour moi les fenêtres

    De mon for, par lesquelles, réjouissant dès l'aube, le soleil mène à Vous contempler jusqu'au milieu ;

    Jusqu'à présent les yeux habiles, avides de gloire,

    Peignent -mais les seules apparences-, ignorant le coeur."

    W. Shakespeare, Sonnet 24 (trad. Lapinos)

    La difficulté à traduire Shakespeare tient à ce que son art participe de la vision et d'une science exacte des corps animés et inanimés. La langue anglaise de Shakespeare, souple et peu conventionnelle à l'instar de la langue grecque d'Aristote, se prête mieux à la peinture qu'aux litanies funèbres ; à l'érotisme de la science plutôt qu'au sado-masochisme sentimental (Que le thème du poème "Le Phénix et la Colombe" soit romantique est peu probable étant donné la requalification des sentiments amoureux par Shakespeare en prurit de la politique - et vu que le phénix est dans l'esprit de Shakespeare un oiseau démoniaque. François Hugo a fait une effort louable pour ne pas donner dans la guimauve et la traduction hystérique qui conduit à voir des pédérastes partout dans l'oeuvre de S. Mais l'oeuvre de Shakespeare recèle une métaphysique encore plus cohérente que celle que François Hugo dévoile partiellement.)

    Donc la langue de Shakespeare ne se lit pas de gauche à droite, elle est faite pour provoquer l'imagination et l'intelligence comme le dessin, non la rêverie. C'est la raison pour laquelle, faute d'un outil adéquat, le théâtre français ne parvient jamais à retrouver comme Shakespeare la formule apocalyptique des tragédiens grecs, même si Molière exploite dans son "Festin de pierre" le thème de la double face du diable (Don Juan-le séducteur/Sganarelle-le dévôt) cher à Shakespeare. Sans oublier que, question d'anticléricalisme, Shakespeare n'est pas en reste sur Dante Alighieri.

    *

    Plus moderne que l'allemand, le français l'est moins que l'anglais. Peut-on ainsi vraiment aimer Montaigne ET Shakespeare ? A moins de préférer les momies aux êtres de chair comme Proust, cela paraît difficile. Il faut choisir.

    Etant donné la profession de foi géocentrique d'Hamlet, l'importance de la forme sphérique en peinture à la Renaissance, les pièces de Shakespeare étant représentées en outre au théâtre du "Globe", je discerne un clin d'oeil au coeur du sonnet 24. Où j'ai mis "théâtre", un autre traduit par "échoppe", faisant référence à l'atelier du peintre. Je ne crois pas tant personnellement que Shakespeare file la métaphore du peintre de bout en bout mais qu'il révèle plutôt le secret de son théâtre et qu'il est, d'une manière différente de Christophe Colomb, lui aussi un "révélateur du globe".

    Et Miranda dans "La Tempête" :

    - O, wonder!

    How many goodly creatures are there here!

    How beauteous mankind is!

    O brave new world

    Thas has such people in't! Et Prospéro son mage de père de répondre :

    - Tis new to thee.

    "Brave new world" : cette expression reprise par A. Huxley comme titre de son (médiocre) "best-seller" a été justement interprétée comme une allusion au "Nouveau Monde" découvert par Christophe Colomb. Précisément ce monde n'était pas neuf pour François Bacon, auteur de la "Nouvelle Atlantide" et plein d'éloge pour la "sagesse des anciens". Bacon tient que l'Atlantide a réellement existé, et croit dans la valeur historique du témoignage de Solon dans le "Timée" de Platon ; Bacon passe même par le mythe des Atlantes pour expliquer le peuplement de l'Amérique (à noter que les vestiges d'une cité engloutie ont été découverts au large de Cuba où Bacon situe le territoire des Atlantes.

    *

    Il ne faut pas entendre "perspective" ici au sens que lui donnent parfois les muséographes et les archéologues allemands, qui correspond plutôt à la peinture académique et plate de Vermeer, non pas à la peinture de la Renaissance dans laquelle la "perspective" -au sens contemporain- joue un rôle secondaire d'effet spécial dans les grandes compositions ; perspective si secondaire que dans son architecture même, Michel-Ange s'en soucie peu, et lorsqu'il s'en préoccupe, c'est en tant qu'illusion d'optique, pour en jouer ou bien atténuer ses effets. L'idée de la perspective aujourd'hui est inspirée du BTP et des cabinets d'architecture et ne correspond en rien à la mentalité du peintre de la Renaissance.

    Sonnet 24 à rapprocher du "Novum Organum" de François Bacon (aphorisme 9, Livre II) :

    "(...) Ainsi la recherche des formes qui (par leur nature assurément et conformément à leur loi propre) sont éternelles et immobiles, constituera la métaphysique ; la recherche de la cause efficiente, de la matière, du progrès latent, du schématisme latent (toutes choses qui concernent le cours commun et ordinaire de la nature et non les lois fondamentales et éternelles), constituera la physique. Et on leur subordonnera respectivement une science pratique : à la physique, la mécanique ; à la métaphysique la magie (le mot étant épuré), que je nomme ainsi en considération de la largeur de ses voies et de son plus grand empire sur la nature."

    L'empirisme n'est pas ici, on le voit, l'empirisme néo-pythagoricien Galilée ou Descartes, Newton, dont beaucoup d'expériences sont entièrement théoriques, comme les prétendues expériences de Galilée sur la tour de Pise, complètement fantaisistes, ou sa balistique ridicule fondée sur des boulets lancés dans des gouttières ; l'expérience prônée par Bacon est ancestrale et n'a rien à voir avec le gadget technique ou balistique, les conventions algébriques ésotériques de Huygens ou Descartes. L'orgueil laïc est tel qu'au lieu d'écarter carrément Bacon, ce que la place qu'il accorde à la magie par rapport à la physique ou la mécanique oblige n'importe quel commentateur honnête à faire, ou de réserver un traitement à part à Bacon dans l'histoire des sciences, il est NECESSAIRE dans la religion laïque que Bacon soit le père de la science moderne, contre la lettre même de sa démarche scientifique.

  • French Godly Liars

    Christian holders of European nation -Monnet, Schumann and their followers-, did not hesitated to adulterate the Gospel to serve their human wishes. Is there any Leviathan without this kind of perfidy? This was an essay to copy the christian symbolism of United States of America.

    These Christian indeed linked the twelve stars wheel on the blue European flag with saint John Gospel, the Revelation wherein "a woman clothed with sun, the moon under her feet, and a twelve stars crown on her head" is described (Rev. XII,12). This woman was changed in "Mary, Holy Mother of Jesus-Christ" although traditional christian interpretation has been considering this woman since a long time as the Church of Jesus herself, who is depicted in the Apostle's scriptures as "Jesus' bride". Traditional interpretation is based on good reason. A few lines after the description of that woman, she has to escape the devil in a desert and she will give birth therefore to MANY children. One can guess that the twelves stars are representing the Apostles.

    Why did these Catholic people decided not to take the right symbolism? Probably for not hurting Lutherian or English irritability. European Union was about agriculture, brass and charcoal first of all, even for these Christians.

    The idea of an European or Mediterranean Christian Kingdom or even Geographical has nothing to do with the Gospels. "My Kingdom is not from this time" do not stop repeating Jesus from the beginning to the end of his public life (I wonder how American people can understand these words as time is in the Usa a real thing -English people have Shakespeare). And therefore, historically the idea of a mostly Roman Europe has more to do with self-suggestion than History. To limit oneself to French history, it is for a large "piece", not only Voltaire or Molière, AGAINST Roman principles.

    (In some Us-Churches one guess that the woman of the Revelation is Israel. This is nearly as wrong as the "European translation" because here no difference is made between Christian Church and Israel. Best way to understand Holy Spirit is to confront the two Testaments and not to comput them. If not saint Paul will be translated into Moses! From the Book of Genesis, Glory is for Israel and after the fight with the Angel, Jacob is becoming the "House of Israel" and fate of twelve tribes is described (Gen. XLIX,1-27). Of course there are innuendos to Old Testament in John's Revelation, but Salvation is for Christian Church and not for Israel. And in fact some American Christian are building as French with their Europe a geographical sionism that has no sense regarding the Holy Scriptures.)


    *

    Let us say that this Christian French Party whose last daze was the ephemeral government of de Gaulle cannot rebirth now. But the wrong idea about the Revelation as a useless bazaar full of symbols was madly instiled. Only the Leviathan idea is alive yet to which satanic theory of Hobbes was a stone.

    Most of French Christian are viewing their Catholic Church as a Virgin. Instead of the whore it is maybe.

  • Brave New World

    "Hyperdémocratie", "hypermarché", "hyperboréen", "hyperprésident"... on peut dire que le surdiplômé Jacques Attali possède le maniement de l'hyperbole comme un chirurgien-dentiste possède le maniement de la roulette. Elisabeth Tessier peut aller se rhabiller avec son tarot caduc. Avec toujours une carte dans la manche gauche en cas de coup dur, Attali est le roi du bluff !

    Toutes ces années à lécher la sainte fente matricielle et à jongler avec les infinis ont contribué à roder le sens du calcul de ce Blaise Pascal de série Z ; sa manière de faire l'apologie du "bon temps" et de l'opposer à l'Apocalypse est d'un exact rapport quantité/prix.

    Nul hasard si, en face, Shakespeare aiguise son arme contre l'abcès du temps : "Eh, toi, stridente hirondelle, infâme pie de Satan augurant l'été, ne t'approche pas de la sainte milice !"

  • Rotten Kingdom

    One can love Shakespeare but hate United Kingdom as I do.

    Was Shakespeare Francis Bacon or not? To be able to answer this question, the fact that Shakespeare himself is involved in a mystic fight against British Kingdom has to be noticed. In the 'Hamlet' Tragedy, Shakespeare does compare his Heroe Hamlet with Pyrrhus, son of Achilles. Pyrrhus killed Priam and Hamlet will kill usurper King Claudius who married his 'mother' (who is not really his mother). And Greek heroes' triumph against Troy is due to Understanding as Hamlet's unfinished Triumph).

    It is thus difficult to include Shakespeare in the 'English religion' without changing the Tragedy in a romantic XIXth German Drama before -as S. Freud or F. Nietszche did.

    British official History is that London was founded by the Trojan survivors as Roma. And the legend about Arthur and the British Knights is continuating the Mythology. Obviously Shakespeare is OUT the Trojan Camp (which is a fortress although Greek heroes are 'free men').

    Is there no good reason to give the Arthurian Legend up? No doubt that Shakespeare whose theater reveals an acurate knowledge of both the Greek Mythology and the Holy Scripture (This second point is more difficult to see in our Time of Apostasy, but see the two different attitudes of Hamlet and his friend Horatio in front of the Ghost for an example of the way that S. depicts the Middle Age religion ; a Ghost at night cannot be somebody else than a Devil for Horatio, although Hamlet is very careful, knowing that the Saviour will come as a robber at night when nobody will expect it anymore).


    *


    No doubt that Shakespeare was capable to recognize the Satanic symbols in the Arthurian legend such as the red dragon or the lion (with the mouth opened). Kingdoms and Nations are therefore mentioned in saint John Gospel as the Beast's tools. And there are here three (on seven) Kingdoms, linked together: Kingdom of Priam, Roman Empire and United Kingdom. For sure Shakespeare's Theology is very different from Hobbes' one later; and Francis Bacon is not even mentioned in the big book 'Leviathan', although French bad philosopher R. Descartes is (who thought that the soul is a Gland in the Brain!) -'Leviathan' that was published less than fourty years after Francis Bacon books about Greek mythology and Elizabethan Theater. 

    Christian rock'n roll music is now part of catholic religion in spite of the satanic echo of music in general and rock'n roll in particular. But Bacon's Age was more interested in the Revelation of John and the understanding of the Holy scripture. King Henry VIIIth divorce certainly played a role in the new original christian vision of W. Shakespeare. Even if Dante Alighieri is not in the Greek Camp but in the Roman Camp (with Virgil against Ulysses), closer from the Middle age theology than Shakespeare does, Dante's Inferno is not empty of clergymen, 'fish mongers'. This kind of vision is very difficult to understand now, especially in Europe where clergymen are not involved in politics since a long time and are just ballet-dancers now. Use of Church in Europe now is to represent 'Past', which is very useful for a kind of 'State Religion' (on the pattern that Hobbes wrote) that wants to be 'Today and the Future'.

    The books of Francis Bacon are proving that he was convinced of the historical sense of the Greek mythology, not only of the legal sense of these archetypes built against time-flow (i.e. chronology).

    History itself proves that Bacon was true to believe in the brass of Greek and to fight against the Leviathan that he is prophesying. Difference with Hobbes is that Bacon makes the Middle age 'medium', although Hobbes -who IS the British man in which French people see perfidy- just seals the agreement between Gertrude and Claudius with a beautiful sermon.

    "Hell is Truth seen too late" said Hobbes, and he is in, Prophet in a mirror out of History.

  • Printemps des antipoètes

    Nous sommes en Mai, déjà, comme le temps presse ! La minijupe est de rigueur. Elle promet une débauche de sentiments et, partant, une tuerie de poètes. Bête facile à tuer qu'un poète, un philosophe ou un guitariste marié !

    Seul je pense à Ulysse et à la bataille de Troie. J'échaffaude des stratégies. Je vois bien Shakespeare percer le front, Pound portant son fanion ou jouant de la trompette. Contre cette marée de boucs, la masse d'arme de Marx s'impose.

  • Torture et musique

    Plus facile à dissimuler, la torture "spirituelle" par la musique est désormais privilégiée par les tortionnaires de l'armée des Etats-Unis. On se souvient aussi naguère du siège du QG du dictateur Noriega à l'aide de haut-parleurs.

    Quelques compositeurs de musique populaire ont protesté contre cet usage de leurs morceaux. Mais mettre la musique au service de la torture n'est pas la détourner fondamentalement de son usage. C'est au contraire l'idée de "musique sacrée" qui constitue un formidable bond en arrière, notamment au XVIIe siècle européen, vers le tribalisme et les valeurs militaires. L'idée de musique "de chambre" ou de musique romantique douce sont probablement les idées de la musique les plus sottes qu'on puisse avoir.

    La musique excite l'illusion du temps et fait perdre ainsi plus ou moins vite la notion de la réalité. Le sentiment de basculer peu à peu dans une spirale infernale terrorise le supplicié. A l'aide du cinéma, qui possède les mêmes propriétés algébriques que la musique, en diffusant des films en boucle, l'armée US pourrait parvenir à un résultat équivalent.


    *

    La démonologie traditionnelle chrétienne associe la musique au diable ; la démonologie grecque la relie à Poséidon, dieu marin des abysses et persécuteur d'Ulysse. Les Grecs selon Platon vainquirent non seulement Troie, la mère des nations chrétiennes, mais avant eux les Atlantes. 

    François Bacon (alias 'Shakespeare'), à la fois le plus grand savant de la période moderne, helléniste distingué, situe l'Atlantide en Amérique (une cité engloutie a d'ailleurs été découverte au large de Cuba qui pourrait correspondre).

    C'est sans doute parce que la France est une des nations occidentales où la musique a été le plus profondément extirpée, avant la période de déclin janséniste, qu'il est plus facile à un Français de comprendre ce qu'un croyant musulman peut éprouver lorsqu'il est violenté par des tortionnaires yankis à l'aide de musique instrumentale. L'islam comme le judaïsme ou le protestantisme est au demeurant une religion qui n'a pas, en dépit d'Averroès, abjuré la musique ; ces croyants musulmans doivent donc éprouver en outre un sentiment de trahison et que l'esprit les abandonne.

    Le culte rendu par les nazis à la musique les aurait probablement empêchés d'utiliser ce moyen de torture. Comme quoi la musique n'est pas un outil de mesure complètement inutile.

  • Climat d'apocalypse

    Toute éruption volcanique ou tremblement de terre, surtout quand il a lieu au cours de la Semaine sainte non loin de Rome, la marraine des nations, ne peut que contribuer à entretenir le climat présent d'apocalypse.

    Ce ne sont pas les romans ou les films apocalyptiques qui manquent en effet en ce moment, liés au changement de climat ou au nouveau millénaire, apparemment. J'ai déjà dit ici à quel point les thèses de Maurice Dantec, lèche-cul capitaliste, me paraissent ineptes et fournir des arguments à ceux qui tentent de tourner le Nouveau Testament en dérision. Travesti le plus souvent en suppôt de Satan, Dantec doit d'ailleurs avoir pas mal de lecteurs au sein de chapelles satanistes à qui le développement de la sous-littérature dite "de science-fiction" doit beaucoup.

    *

     

    Dans le style "emberlificoteur" de Dantec, on peut citer aussi le feuilleton yanki 'Lost-away' ('Les Disparus', de J.J. Abrams & Damon Lindelof, produit par la chaîne ABC et diffusé en France par TF1), feuilleton qui relègue les prophètes et saint Jean auxquels il se réfère au rang du divertissement pour enfants gâtés.

    Vision d'ensemble de l'histoire ramassée en quelques pages, l'Apocalypse de saint Jean est extrêmement synthétique et donc parfois mystérieuse ; mais cela n'empêche pas l'Apocalypse d'être aussi d'une très grande cohérence dans ses rappels des prophéties de l'Ancien Testament et des phases de la vie de Jésus, contrairement à Maurice Dantec ou aux scénaristes de "Lost", qui font tout pour brouiller les cartes.

    *

     

    Mircéa Eliade relève bien le rôle des prophètes puis de saint Paul et saint Jean dans la formation de la pensée historique moderne. Mais son erreur, typiquement "laïque", tient à ce que Eliade oppose beaucoup trop radicalement l'histoire au mythe, alors même que certains mythes grecs possèdent un aspect historique marqué, notamment ceux d'Homère, que Shakespeare-Bacon après Dante Alighieri a incorporé à sa propre vision chrétienne apocalyptique, dans le style typique de la théologie néo-platonicienne dite "millénariste" par ses détracteurs.

    La Bible en général, et l'Apocalypse en particulier, concilient justement le mythe et l'histoire.

    D'où vient le préjugé laïc d'Eliade ? D'une conception chronologique de l'histoire, alors même que la caractéristique des grands historiens, Karl Marx en tête, est d'échapper à la chronologie, qu'elle soit linéaire ou cyclique. Marx fait d'ailleurs bien mieux qu'échapper à l'ordre chronologique ; en s'attaquant aux puissances temporelles, l'Etat et la religion laïque issue du christianisme, il parachève le style historique en participant lui-même de sa vision historique (G.W.F. Hegel, lui, si admiré, si "pompé", n'est même pas un historien !)

    Le 'cycle' simule en réalité lui aussi la chronologie, et ce sont bien au contraire les mythes primitifs les plus anciens qui sont les plus "moraux" et les plus "chronologiques" (Nitche a commis la même bévue qu'Eliade ; il faut souligner que le secret de la bévue de Nitche réside dans son ignorance ne serait-ce que de la trame de l'histoire). S'il convient de qualifier l'apocalypse de saint Jean de "mythe historique", précisons en outre que G.W.F. Hegel précède Hitler, Nitche ou Lévi-Strauss dans la mythomanie laïque d'inspiration génitale.

    Il y a une autre façon de le formuler : Plus on s'approche de l'art vrai, plus on s'approche de l'histoire et de l'apocalypse ; plus on s'éloigne de l'art, plus on s'approche en revanche de la sorcellerie. Il n'y a aucune modestie dans la révérence de la secte laïque vis-à-vis des civilisations primitives ; l'attraction est de l'ordre du magnétisme. L'hommage que Lévi-Strauss rend au tribalisme, c'est en réalité à lui-même qu'il le rend. C'est autre chose de dire qu'un sorcier vaudou est plus émouvant qu'un membre de l'Académie française. Il est certain que lorsque le tribalisme se donne à fond, il est plus émouvant, plus féminin. Les fétiches des Dogons sont plus émouvants que ceux de Jeff Koons, ça ne fait aucun doute. C'est bien parce que le tribalisme de Sarkozy et de Guaino est extrême que leur position de donneurs de leçon est intenable, outre le racket capitaliste dont le tiers-monde est victime.

    *

     

    On pourrait multiplier les exemples de sous-littérature apocalyptique, au rayon SF de la Fnac ou à l'affiche des cinémas. Peut-être la fortune accumulée par les Evangélistes yankis n'est-elle pas étrangère à ce tombereau de niaiseries cinématographiques qui dévaluent l'aspect historique de l'apocalypse ?

    Sur le ouaibe sont publiées des théories qui ont le mérite d'être plus originales que celles que la sous-culture officielle développe. En vrac quelques exemples de thèses assez "fouillées" par leurs auteurs :

    - La démonstration par l'héraldique que le Prince William d'Angleterre est l'envoyé de Satan (il est vrai que la mythologie bretonne, contre laquelle Bacon-Shakespeare se bat, a de nombreuses connotations sataniques, le mythe des Chevaliers de la Table Ronde et du graal en particulier) ; l'Angleterre après Shakespeare est devenue "latine" peu à peu, après avoir été touchée par l'"héllénisme", contrairement à l'Allemagne qui ne l'a jamais été ; la difficulté de la science laïque à "situer" François Bacon vient de là, de ce qu'il est un sommet et qu'après lui, avec J. Locke ou D. Hume, l'humanisme retourne à la caverne.

    - La démonstration par la guématrie que Benoît XVI, cette fois, obéit au Prince des Ténèbres (par un admirateur de Blaise Pascal, ce qui m'incite à prendre la démonstration avec des pincettes, comme tout ce qui touche à l'idiot archaïque de Clermont-Ferrand. M. Luther, moins superstitieux que B. Pascal, vit lui aussi dans la papauté une entreprise diabolique, et rien n'indique que Luther souhaiterait aujourd'hui être "réhabilité" par l'Eglise catholique.) ;

    - La démonstration que New York est la "nouvelle Babylone" sous prétexte que de nombreuses nationalités y sont réunies et que la communauté grecque y est importante (?) ;

    - La démonstration que Barak Obama est l'envoyé de l'Esprit-saint (Vu le nationalisme yanki de Barak Obama, et la condamnation sans appel des nations dans l'Apocalypse, cette théorie semble plutôt bancale ; l'alliance souhaitée par l'Allemagne et les Etats-Unis avec la Turquie a tout l'air d'une stratégie d'attaque contre les Russes.) ;

    - La démonstration que le soleil est entré dans une phase d'activité et de rayonnement plus intense, d'ordre apocalyptique, et qui doit atteindre son maximum autour de 2012 ; certains climatologues pensent de fait que, loin d'accélérer le réchauffement, la pollution atmosphérique le ralentirait plutôt ; difficile de trancher étant donné le brouillard médiatique autour de cette question ; aucun des camps, "pour" ou "contre", ne paraît d'ailleurs atteindre le minimum scientifique requis comme la superstition laïque dans l'"effet papillon" l'établit assez ; l'"effet papillon" n'est autre que la poésie des imbéciles laïcs ;

    Ces diverses théories "underground" peuvent paraître au moins aussi étranges que les méli-mélo et le vortex de Dantec ou le divertissement "Lost" ; le plus bizarre est à mes yeux le mutisme de l'Eglise catholique sur le sujet de l'apocalypse, quand ce n'est pas carrément la condamnation de la théologie "millénariste" qui a donné pourtant à l'Eglise, sans remonter jusqu'à Joachim de Flore ou Dante Alighieri, les plus dynamiques impulsions. Si la scolastique ne possède pas d'ailleurs toujours le même dynamisme, c'est surtout en raison du cléricalisme et du monachisme sévères qui règnent encore au XIIe et au XIIIe siècle.

    Que sont les confidences de parloir de sainte Thérèse de Lisieux ou l'hystérie étrange de Thérèse d'Avila, les pirouettes de Jean Guitton, à côté de la science de François Bacon alias Shakespeare ? Les invectives de Léon Bloy font-elles peur au clergé ? Simone Weil est-elle beaucoup trop indépendante pour des Eglises sous la coupe de potentats locaux ou internationaux pour qu'on veuille lui enfiler une camisole, comme Polonius à Hamlet ?

     

  • Théorie de la relativité

    Peut-on lire Blaise Pascal ou Montaigne après avoir lu François Bacon ? Je m'y suis efforcé la semaine dernière, mais rien à faire ; même si l'on s'en tient au style, je trouve que Pascal ne vaut pas la Rochefoucault, dont les pensées de jurisconsulte romain mélancolique ne me font déjà pas beaucoup bander. Probable que c'est parce que La Rochefoucault est un athée plus sincère que Pascal qu'il a plus de style. Pascal balance trop.

    Quant à Montaigne, comme le titre l'indique, ce ne sont que des "essais". Il faut pour trouver une perle ouvrir beaucoup trop d'huîtres vides. L'idée qu'il puisse y avoir des "moralistes chrétiens" n'est acceptable que pour un janséniste et elle est aussi farfelue que l'idée qu'il puisse y avoir des romanciers catholiques. Evelyn Waugh tenait à cette étiquette d'"écrivain catholique", mais il ne l'est pas plus que L.-F. Céline, ce qui n'est déjà pas si mal. Waugh comme Céline valent d'ailleurs pour n'avoir pas ou peu versé dans l'"existentialisme", c'est-à-dire pour s'être tenus à l'écart d'une morale officielle qui doit autant, si ce n'est plus, à Pascal qu'à Voltaire ou Rousseau.

    Quand François Bacon ressuscite le théâtre grec "in extremis" sous le nom de Shakespeare, Montaigne fait, lui, l'apologie des systèmes métriques romains. Les meilleurs d'entre les Boches sont français. Montaigne a deux siècles d'avance sur ses cousins germains et il ne s'exprime pas de façon entièrement conventionnelle. Sans le côté "autodidacte" qui fait son charme buissonnier, Montaigne serait aussi scolaire que Nitche.

  • Créationnisme

    L’arrière-plan culturel de C. Darwin est marqué par le protestantisme. La notion de ‘plan’ ou de ‘champ’ s’impose ici dans la mesure où la structure fait défaut, et l’imagination.
    Sous l’influence notamment de la théologie de saint Augustin, la philosophie et la science germaniques sont essentiellement ‘spéculatives’. Bizarrement l’avant-garde russe, ‘soviétique’ est marquée par le même esprit et la peinture de Kandinsky ou Malévitch fournit un bon exemple de ‘peinture spéculative’ ou de ‘poésie picturale’ (que Malévitch soit ‘le comble du baroque’ n’a rien d’un paradoxe en réalité.)

    L’art de Shakespeare est aux antipodes de ce tour pythique, une des œuvres les moins germaniques, une des oeuvres les plus occitanes de l’Histoire ; c’est ce qui fait que les commentateurs allemands de Shakespeare ont livré autant d'interprétations débiles : Freud, Nitche, ou Brecht, pour prendre des exemples retentissants.
    Untel (Koestler ?) a même pu écrire que les pièces de Shakespeare lui donnent envie de vomir, ce qui est toujours moins inepte que de tenter de faire de Guildenstern, Rosencrantz, voire Claudius, des héros, farce qui ne peut être prise au sérieux que dans la Sorbonne ou semblable haut-lieu de superstition arrogante.

    Il est une preuve, une révélation du totalitarisme caché derrière la lourde tenture du Temple, que Marx et Engels, il me semble, sont en lieu d’apprécier : l’impossibilité pour l’Université capitaliste d’entendre Shakespeare justement, tant la réverbération du marigot laïc est forte. Je viens de me cogner les notes d’un certain Yves Bonnefoy sur la ‘Tempête’ : quelle glue !

    Mais revenons à Darwin. Sa thèse est donc marquée par la spéculation, c’est-à-dire par l’anthropocentrisme, étant donné que Narcisse n’est jamais très loin du miroir. On railla la thèse de Darwin –pasquinade contre pasquinade- lors de sa publication, sur le thème : ‘Darwin a une gueule de babouin, alors forcément il est persuadé que l’homme tient du singe.’ C’est sans doute là un raccourci un peu rapide à travers la jungle des préjugés puritains de Darwin et Malthus, mais qui n’est pas infondé. La caricature, le dessin ment d’ailleurs beaucoup moins que la poésie, et je tiens assurément Albert Dürer pour un savant plus sérieux que Darwin. La nature, Dürer en est visiblement amoureux. Y a-t-il des exemples de physiciens qui ne soient amoureux de la Nature ? D’Aristote à Réaumur en passant par Roger Bacon, je n’en connais pas.
    La plus grande hypocrisie de la science laïque puritaine est de ne pas aimer la Nature, mais de se mêler cependant de l’affubler de dogmes laïcs.

    Un trait sous-jacent plus net encore que l’aspect spéculatif dérivé de Malthus, c’est cette fameuse ‘prédestination’ protestante. Sainte-Beuve a clairement montré à partir du jansénisme, cousin français du puritanisme, comme la prédestination n’est pas tant un principe, une doctrine mise en avant par la secte de Port-Royal, c’eût été théologiquement impossible, pas tant un préambule qu’une conséquence de la confusion entre la ‘grâce’ et le Saint-Esprit, une confusion enracinée elle aussi dans la théologie de saint Augustin.

    L’observation de Sainte-Beuve est d’autant plus intéressante qu’elle explique pourquoi le préjugé pythagoricien est si difficile à combattre. C’est une réflexion dont la source n’est pas claire (ceux que les jongleries de Freud révulsent relèveront que je viens de donner au passage une définition de l’’inconscient’ freudien.)

    Autrement dit l’évolution de Darwin est automatique et binaire, ‘sui generis’ - comme celle de Hegel dans le domaine de l’art et de la politique, soit dit en passant. L’artifice, qu’on peut qualifier de ‘syllogisme’, est décelable aussi dans l’éclatement du savoir en de multiples fragments dès le milieu du XVIIe siècle, jusqu’à l’asphyxie désormais, où des pantins comme Einstein ou Max Planck sont pris pour de véritables savants devant lesquels les écoliers sont priés de faire la révérence, surtout s’ils sont musulmans ou chrétiens, manière d’abjuration sournoise, ignoble chantage fait à des enfants de croire en quelque chose qu’ils ne comprennent pas. Que leurs maîtres ne comprennent pas eux-mêmes ! QU'ILS NE CHERCHENT PAS A COMPRENDRE.

    La biologie naissante au début du XXe siècle est un de ces fragments. Les efforts conjugués de Marx et Engels contre la science laïque consistent d’ailleurs à recoller les morceaux de la sphère brisée, exactement comme les moines les plus sages du moyen-âge s’efforcèrent avant eux de reconstituer le savoir perdu, ce malgré l’hostilité des scribes.
    Si Marx et Engels ont paru ‘dépassés’, c’est seulement aux yeux de laïcs médusés, incapables de comprendre leur unité, que la physique les transcende, autrement dit le caractère apocalyptique de la doctrine marxiste. L'Apocalypse de saint Jean elle-même ne cesse d’être dépassée aux yeux des laïcs et des démocrates-chrétiens.
    Le ‘aut, aut’ de Marx, c’est Charybde et Scylla ; c’est encore le ‘et César, et Dieu’ des pharisiens. Qu’on ne dise pas que Marx et Engels ne parlent pas de Satan.

    Contre le danger de l’évolutionnisme, philosophie nationaliste, fondamentalement laïque et capitaliste, devant cette menace pour l’humanisme, menace aussi pour la liberté, un pape janséniste tel que Benoît XVI semble singulièrement mal armé.