Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Génération et corruption

    La sexualité reste enfermée dans les frontières de la politique et n'entre pas dans le domaine de l'art. C'est la méconnaissance de cette règle qui signale immédiatement que Freud :

    1. N'a rien pigé à la mythologie grecque, qui soutient un art solide ;

    2. Est un médecin de l'âme dont l'emphase a pour but de berner une clientèle qui a passé le baccalauréat.

    Bien que je n'aime pas l'espèce des moralistes, qui passe son temps à se moquer de Dieu avec plus ou moins d'impertinence et sous des robes de couleurs variées, j'emprunte néanmoins à l'un d'eux cet aphorisme (Roger Judrin) :

    "La pénétration des scrutateurs d'alcôves n'est guère plus aiguë que celle des femmes de chambre."

    Scrutateur d'alcôve = curé ou psychanalyste. La diminution du crédit de l'un entraîne l'augmentation du crédit de l'autre, et vice-versa.
  • Nouvelles du Danemark

    Visionner le reportage des Belges de "Strip Tease" diffusé par "France 3" sur le milieu de l'édition n'augmentera certes pas le dégoût que ce cul de basse-fosse inspire déjà aux honnêtes gens pourvus d'odorat (j'en connais trois ou quatre). Ils ajouteront seulement à leur carnet d'observations que les "petites maisons" sont fondées sur les mêmes principes que les grandes closeries.

    La caméra se focalise sur le partenariat entre Héloïse d'Ormesson, fille de qui on ne peut manquer de savoir, et Gilbert Cohen-Solal, échâssier probablement connu au Quartier latin. Celui-là a sans doute voulu obtenir de ce petit film le quart d'heure de gloire que la religion existentialiste promet à ses affidés ; comme pour démontrer une fois de plus que de la gloire à la déconfiture il n'y a qu'un pas.

    De dame Héloïse sur la réserve on n'apprend rien de plus que ce qu'on savait déjà avant, c'est-à-dire que le sobriquet de "maquignon des lettres" inventé par Edern-Hallier pour Philippe Sollers, se décline aussi au féminin en vertu du progrès sémantique. Notre nouvel Abélard Cohen-Solal, lui, la corde au cou et les couilles en berne, se croit capable de transmuter des tonnes de vulgarité en sympathie de la part du public. Le coup de la pute qui ne peut se passer de son protecteur qui l'entretient à grands frais, il n'hésite pas à nous le rejouer à l'aide de deux ou trois plumitifs en guise de faire-valoir...

    Dire qu'il n'y a pas une semaine je disais à un pote un peu naïf désireux de se faire publier, sur un ton protecteur : "Garde-toi de jamais rien écrire qui puisse te valoir un éloge de Daniel Picouly ou de Poivre-d'Arvor." On peut poser même comme un axiome historique que seuls les mauvais bouquins ont besoin d'un éditeur. Si Céline n'avait pas été aussi impatient de sonner le tocsin, il n'en serait pas aujourd'hui à engraisser Gallimard.

  • Impudique voile

    Vanter les mérites du tchador en tant qu'arme de séduction pour les femmes qui le revêtent est l'argument le plus astucieux de la défense. Comme la morale capitaliste est largement fondée elle-même sur la séduction et la suggestivité, elle reste sans voix contre le "sexy tchador". Ne reste plus qu'à organiser un concours de beauté entre femmes iraniennes et femmes californiennes pour trancher le débat.

    Les adeptes du voile pourraient même pousser le bouchon plus loin et avancer que la chirurgie esthétique est elle aussi pour certaines femmes un masque intégral.

    La séduction des fillettes exploitées par la presse féministe (les magazines féminins sont certainement le groupe de pression féministe le plus puissant), à l'opposé du modèle musulman, est d'ailleurs relative ; on doit éprouver la sensation d'avoir déjà un pied dans le cercueil en serrant contre soi un mannequin de Karl Lagerfeld, dont les défilés de haute couture font penser à des danses macabres.

    Là où les femmes musulmanes qui défendent le port du voile et les féministes qui s'en offusquent se rejoignent presque, c'est pour peindre les hommes comme des brutes épaisses contre qui il convient de se protéger. Pour moi qui me suis toujours assez soigneusement gardé des principes féminins, c'est une idéologie assez difficile à gober !

    Bref, on est typiquement dans le débat de société débile dont les politiciens et les journalistes font leurs choux gras, et où on n'est pas étonné de voir une grenouille de bénitier laïc du calibre d'Elisabeth Badinter s'engouffrer.

    Cette tactique a déjà été employée par Jacques Chirac naguère pour jeter de la poudre aux yeux de son électorat, et je me souviens de deux jeunes juives télégéniques fraîchement converties à l'islam, escortées de leur paternel athée, qui se répandaient dans les médiats avec leur numéro cocasse sous le prétexte habituel de donner de l'étoffe au débat démocratique. Rebelote avec Sarkozy, même si celui-ci avec son conseiller Bauer délégué aux questions de sécurité intérieure est bien placé pour savoir que les jeunes femmes musulmanes ne posent aucun problème d'intégration dans la société française, au contraire de leurs frangins parfois cagoulés.




     

  • Printemps des antipoètes

    Pour un matérialiste marxiste comme moi, rien de pire humainement qu'un femme qui veut qu'on l'aime pour son intelligence. Surtout si cette femme est d'une grande beauté.

  • Printemps des antipoètes

    La poésie est la peau de l'art. Shakespeare a trop de chair, de nerfs, de muscles et d'os pour faire un poète, c'est-à-dire une victime de plus.

  • Marx pour les Nuls

    Karl Marx donne exactement la même définition de l'idéologie que celle fournie par Aristote dans ses petits "Traités d'histoire naturelle" ; il s'agit pour le Stagirite à propos de la perception sensorielle des bruits et des odeurs de réfuter l'opinion selon laquelle, comme chacun perçoit l'odeur ou le bruit différemment, le bruit ou l'odeur en question n'est pas unique.

    C'est ce qui fait la force de Karl Marx : il est fondé comme Aristote sur une science physique précise.

    D'une certaine façon, à une moindre échelle l'antagonisme entre Hegel et Marx ressuscite la querelle entre Thomas d'Aquin et les artistes parisiens (Siger de Brabant) ou les Averroïstes.

    Ce qui fait l'isolement de Marx au XIXe siècle c'est qu'il est le seul à défendre une philosophie naturelle vraiment aristotélicienne (sachant qu'Averroès lui-même n'est guère "oriental" malgré les apparences).


  • Charité réelle

    L'aveuglement de la dernière encyclique pontificale ("Caritatis in veritate") laisse pantois, plus encore que la paraphrase de la théologie de saint Augustin à laquelle les fidèles lecteurs de Joseph Ratzinger sont habitués. Pour les "non-initiés" à la glose pontificale, précisons qu'il s'agit pour le pape d'émettre dans cette encyclique quelques avis et conseils dans le domaine de l'économie et de la morale économique.

    - Première remarque : le discours moralisateur du pape est comparable à la tentative de Luther de ramener les commerçants allemands à des moeurs plus chrétiennes, tentative infructueuse et qui n'a pas empêché l'Allemagne de devenir le pays d'exploitants, de commerçants, d'industriels esclavagistes et animés d'intentions guerrières qu'on sait. Pire que ça : malgré toute la sympathie que l'essai de Luther peut inspirer à un marxiste, force est d'admettre que la religion réformée est devenue LA religion bourgeoise par excellence, avec la désuétude des régimes aristocratiques et du catholicisme. La religion réformée est devenue celle de l'Empire romain germanique embourgeoisé que Marx a prise pour cible principale de sa critique, étant né dans ce merdier, pour parler "vrai".

    Or l'élite politique et économique est désormais moins que jamais, moins qu'elle l'était du temps de Luther, réceptive aux discours et conseils chrétiens. Elle ne peut même pas l'être, puisqu'elle déduit la prétendue modernité de ses principes laïcs de la ringardise de ceux des religions en général, de la chrétienne en particulier.

    De toutes les hérésies que l'Eglise a connue, on n'en trouvera pas qui excède le discours de ce monstre qu'il est convenu d'appeler "patronnat chrétien", puisque les discours du patronnat chrétien sont totalement étrangers à l'Evangile qu'on peut douter que les représentants du patronnat chrétien aient jamais lu (je cite l'un d'eux afin d'illustrer la grossièreté des mensonges du patronnat chrétien - Jérôme Bédier : "Dans l'Evangile, il y a beaucoup de personnages riches qui ne sont pas forcément critiqués (...)")

    - Deuxième remarque : Flaubert n'est et ne passe pour un grand théologien ; néanmoins et contrairement aux imbéciles représentants du capitalisme chrétien, Flaubert a lu le Nouveau Testament et relevé avec une sagacité mêlée de dégoût le caractère "antisocial" des paroles du Sauveur et de ses apôtres. Tout ce qui relève de la "doctrine sociale" est donc à verser à l'épais dossier du "paganisme chrétien", compromis souvent présenté par le clergé comme la christianisation d'institutions chrétiennes, mais dont les études historiques sérieuses, celles de Marx notamment, permettent de constater la stérilité, "a contrario" la subversion systématique du christianisme par la politique.

    Ce figuier greffé qu'est le "judéo-christianisme" ne porte pas plus de fruits que le figuier desséché de la religion juive.

    Le "socialisme" n'est d'ailleurs que la nouvelle manière de dire "la politique", c'est-à-dire d'ajouter à la politique la dose d'hypocrisie nécessaire pour essayer de compenser sa pente naturelle vers l'anarchie. Que Benoît XVI compte après Adolf Hitler ou Joseph Staline redorer le blason du socialisme, alors qu'il n'a aucun des pouvoirs régaliens dont ces derniers disposaient pour appliquer leurs doctrines statiques, et que l'auditoire du pape se limite à quelques chaisières, deux ou trois confréries d'hypocrites patrons chrétiens, et un clergé essentiellement constitué de poules mouillées, c'est ça qui laisse pantois !

     

     

     

  • Reader digest

    Petit bouquin publié en commun par le primat des Gaules Mgr Barbarin et le philosophe kantien Luc Ferry. Comme la théologie proposée dans ce bouquin n'est pas à proprement parler satanique comme celle de Jean Guitton ou de Fabrice Hadjadj (journaliste au "Figaro" et qui pousse le judéo-christianisme, non sans un certain brio qui rappelle Guitton, à son point d'absurdité ultime), j'en propose un résumé (amélioré) :

    - La Charité domine sur les autres vertus théologales que sont l'Espérance et la Foi, qui tendent à s'abolir ou à se concentrer dans la Charité jusqu'à l'unité de l'amour. Dieu est amour, "ontologiquement", et cet amour n'est pas une relation humaine. L'Espérance et la Foi en revanche sont inscrites dans le temps, autrement dit "virtuelles". La trinité chrétienne se comprend en termes de potentiel et concerne le Salut. Probablement Thomas d'Aquin est-il gêné par le dualisme de la doctrine platonicienne pour dégager clairement le sens virtuel de la trinité. Poussé à la gnose par Platon. Mais Kant bien plus encore que Thomas d'Aquin !

    Fort bien, l'explication (historique) du paradoxe Dieu unique/Dieu trinitaire. Le seul "hic", c'est qu'elle remonte au XIIe siècle. Elle est déjà contenue dans la théologie paulinienne de Joachim de Flore ! Quelle spirale !

    J'ouvre à cet égard une parenthèse pour dire que le polythéisme grec n'est pas lui-même étranger à l'idée de potentiel historique contenue dans la trinité chrétienne, dans la mesure où on voit bien que chacun des douze dieux olympiens a une fonction, et de plus en plus précise.

    Comment donc expliquer par ailleurs que Mgr Barbarin comme Luc Ferry soient parmi les défenseurs les plus ardents de la religion laïque et de ses principes judéo-chrétiens fondamentalement antitrinitaires ? Religion si peu historique qu'on discernerait assez aisément son caractère spirituel luciférien si même elle n'avait servi encore de prétexte à des hécatombes.

    Il faut pour tenir ce double langage d'une théologie orthodoxe et classique, et en même temps s'acoquiner avec l'esprit du monde, beaucoup de lâcheté et d'hypocrisie de la part de Ferry et de Barbarin. Ils feignent d'ignorer que le combat spirituel est inséparable de la vision historique de la trinité dont ils dissertent.

     

  • Mythomanie laïque

    Le problème de l'interprétation contemporaine de la mythologie grecque (-XVIIIe), sur laquelle la mythomanie laïque repose en partie, est le suivant :

    - si la science d'Aristote est mieux fondée sur la mythologie que la philosophie de Platon, comme l'oeuvre de François Bacon le laisse penser, dans ce cas des théoriciens animistes comme S. Freud ou Lévi-Strauss, Paul Diel, F. Nitche, etc., ne sont pas en position de comprendre une mythologie qui a surmonté le problème de l'âme, de l'opposition entre la dynastie et la dynamique, des différentes sortes de phénomènes naturels, etc.

    L'ignorance de l'art contemporain est une limite pour les Grecs fait remarquer P. Diel. Remarque qui prête à sourire. Elle revient peu près à dire que la science physique grecque à pâti du manque d'ordinateurs et d'un outil comme wikipédia.

    De là vient aussi que les traités portant sur la mythologie romaine, ceux de G. Dumézil par exemple, paraissent beaucoup mieux argumentés et plus sérieux. Junon "parle" beaucoup plus à notre époque qu'Athéna ou Ulysse.

     

  • Veille de l'Archer

    Le poète, le prêtre et le philosophe. Chacun de ces trois augures assume dans sa langue ésotérique la fonction liturgique, au stade païen, puis chrétien, enfin laïc. Chacun domine son Etat et fourbit l'arche légale d'alliance de l'homme avec lui-même. Même le poète païen ne sacrifie aux dieux que pour mieux les tenir à distance et, en définitive, s'imposer sur la Nature.

    Des traces de ce sentiment subsistent chez Baudelaire, cygne noir polyphonique : païen, chrétien et philosophique à la fois. Et le plus grand mérite de Baudelaire est d'avouer sa possession, sa grippe aviaire. Sensés sont ceux qui prennent Baudelaire pour ce qu'il est : un suppôt ; perdus les autres, qui ne voient pas dans cet aveu l'éclair intermittent d'un fanal.

    La liturgie dit Shakespeare, du moindre rite tribal à la plus grande messe laïque, est toute comprise dans un cercle : le cycle statique de la vie et de la mort. La liturgie est faite de sperme, d'accouchement et de sacrifice. Si bien qu'on peut mettre en parallèle : sexe sado-maso et suicide pour temps d'amour prostitué, avec : tension liturgique pour temps de charité déchue.

    C'est pourquoi tous les progrès de toutes les Eglises viennent de l'extérieur, contre le clergé, pour qui la vie est comme la mort, et la mort comme la vie. L'Eglise catholique, jusqu'à sa mort, n'a eu le choix qu'entre s'adapter ou s'éteindre. La mort de l'Eglise ? Pour les âmes sentimentales, accordons-lui le reste de souffle de l'aïeule reléguée au coin du feu, qui ânone quelque proverbe et s'adonne à des rituels caducs dont elle seule connaît le secret. Mais le débat qui anime l'Eglise sur la liturgie retentit comme une oraison funèbre.

    La liturgie chrétienne est peut-être celle qui, à la fin du moyen âge, s'approche au plus près de la glace brûlante du paradoxe. Le chant grégorien est à la fois la plus sensée et la plus insensée des musiques qui prétend abolir le temps et s'élève vers le silence -chant qui vise le suicide du chant (Ezra Pound n'en est pas loin). Aussi ce choeur ne pouvait-il continuer de battre.

    "Que le prêtre en surplis blanc, sache de l'oraison funèbre être le chant du cygne, pour que le 'requiem' perde ses droits." (W. Shakespeare)

    Si la religion laïque est celle d'un Etat totalitaire, c'est parce qu'il n'y a rien en dehors d'elle.

    Après le temps révolu du poète, du prêtre et du philosophe, est venu celui du publiciste, dont la liturgie immonde, est transparente comme un cristal.

     

  • Sagesse des Anciens

    "Le rire est le propre de l'homme. Et de tous les types, celui dont la gorge se déploie le plus largement quand il rit, c'est le chacal."

    Corollaire : "Plus on est en meute, plus on rit."

  • Pour un art communiste

    L'helléniste-archéologue François Chamoux prétend que l'idée de "l'art pour l'art" est étrangère à la Grèce antique ; il cherche par là à démontrer la supériorité de l'artisanat. Cependant il a tendance à confondre deux choses : l'esthétique et la production artistique elle-même. L'idée d'art cultivé pour lui-même est une idée de la morale existentialiste, c'est-à-dire capitaliste, un slogan qui a commencé d'être forgé au XIXe siècle ; autrement dit l'idée de l'"art pour l'art" coïncide avec l'apparition et le développement de produits industriels, puis l'assimilation de ces produits industriels, la photographie par exemple, à l'art. Dans le sens où l'idée de "l'art pour l'art" participe de la propagande, cette idée est bien entendu étrangère à l'Antiquité. On voit bien d'ailleurs que la religion laïque est écartelée entre sa prétention à une grande spiritualité et l'évidence de son impuissance artistique, baignant dans le formol et la muséographie.

    François Chamoux tombe donc au moins en partie dans cette erreur, typiquement allemande, qui consiste à confondre les Grecs avec les Romains. L'art grec n'est pas entièrement imitatif, il échappe en partie à la vocation politique et religieuse que Virgile assigne à l'art pour déborder sur le domaine de la science. A la période moderne, aucune époque n'a mieux que la Renaissance réussi comme les Grecs à "dominer les Muses", celles-ci étant le symbole de l'art artisanal "stricto sensu" ou de la poésie. Comme l'histoire progresse contre le temps, l'art progresse contre la politique et la religion.

    L'idée de "désir mimétique" défendue par René Girard à propos de Shakespeare est proche de celle de Chamoux, le pédantisme en plus. Elle est également fausse dans la mesure où elle revient à assimiler la tragédie grecque, hauteur à laquelle Shakespeare prétend manifestement, avec le drame romain.

    Le stade ultime de l'imitation avant la mort, c'est le pastiche : les monochromes d'Alphonse Allais par exemple, railleries légères contre la peinture de paysage impressionniste. Les monochromes de Soulages, Klein ou Malévitch en revanche, parodies vides de sens, sont les produits du totalitarisme politique.

    (Il est vain comme Chamoux de chercher à comprendre les Grecs à travers Socrate et Platon, puisque comme l'établit François Bacon, Platon et Socrate "ne se connaissent pas eux-mêmes" en quelque sorte et incarnent la décadence grecque.)

     

  • Les Mystères Bacon

    Emilienne Naert, à propos du traité de Hobbes "De la Nature humaine" (1640), tissu de spéculations archaïques, note :

    "Il y a aussi un air de parenté entre l'athéisme et l'anti-christianisme de Hobbes et de d'Holbach."

    De fait il est surprenant de constater à quel point Hobbes, qui fut pourtant son secrétaire, renverse complètement la théologie occitane de François Bacon pour fonder ou refonder le "judéo-christianisme" en plein XVIIe siècle. Hobbes n'a conservé de Bacon que l'argumentation contre l'exégèse romaine de R. Bellarmin (exégèse ô combien délicate du "Tu es Petrus...")

    Ce que ne dit pas cette Emilienne, c'est que cette division en deux branches du "judéo-christianisme", l'une athée, l'autre pas, subsiste encore aujourd'hui. Michel Onfray d'une part, par exemple, et Rémi Brague de l'autre. Contemporain de d'Holbach, Diderot est aussi un bel exemple de janséniste athée, dont la particularité est de prendre toutes les théories libérales pour argent comptant, à l'instar d'un Tocqueville un peu plus tard.

  • Gaîté

    L'appétence de certains gays pour le mariage ne laisse pas de faire sourire, y compris d'autres gays. Exactement comme la prétention de certains chrétiens à mener une vie bourgeoise peut en faire rire d'autres ; rire jaune.

  • Prédateurs en série

    Dans un reportage à la télé, une jeune femme blonde au regard bleu, qui a l'air un peu paumée, est présentée comme une "prédatrice sexuelle" (sic), sous prétexte qu'elle a plusieurs amants, qu'elle couche avec plusieurs types parfois dans la même semaine.

    Une "prédatrice sexuelle", pas moins. Comment les moeurs de Colette seraient-elles présentées aujourd'hui à la télé ? Comme celles d'une "serial partouzeuse", quelque chose comme ça ? On manquerait de superlatifs. Peux pas m'empêcher de repenser à ce jeune commando de chasseurs alpins, dont la mièvrerie sentimentale -on le voyait envoyer des bisous virtuels à sa fiancée par internet- était exhibée il y a quelques semaines dans un autre reportage. De nos jours les suppôts de Satan qui balancent des roquettes ou effectuent des tirs de mortier sur des civils mangent des fraises tagada à quatre heure ; ça ne rassure que leurs parents.

  • République et Béotie

    Admiratifs devant des cratères et autres récipients grecs, mon pote et moi convenons que Picasso a tiré le meilleur de son oeuvre de la puissance de synthèse de ces artisans de l'Antiquité dont l'art exprime le mépris des effets spéciaux. De même, si on compare la statuaire de Rodin avec celle d'un bon sculpteur grec, Rodin paraît immédiatement académique et sentimental.

    Nous convenons aussi que la mythologie grecque pourrait fort bien être enseignée au collège où elle serait beaucoup plus attirante et utile que n'importe quelle autre matière, permettant de transcender plusieurs disciplines... MAIS, car il y a un mais, c'est impossible car le cadre institutionnel républicain s'en trouverait rapidement ébranlé. Et même, à mes yeux, bien plus vite que n'importe quel dogme chrétien ; c'est une évidence à laquelle mon pote est trop "hégélien" pour pouvoir souscrire. Pourtant les ennemis scolastiques puis jansénistes de la mythologie grecque, qui s'accommodent beaucoup mieux du culte des ancêtres romain ne sont autres que les ancêtres de la République laïque athée à qui le judéo-christianisme a fourni (la philosophie naïve de Feuerbach le prouve) toutes les pièces du raisonnement anthropologique. La forgerie du "droit naturel" ou de la "morale naturelle" est typiquement le genre de spéculation débile léguée par le christianisme à la religion laïque.

  • Saint Marx

    C'est précisément parce qu'il est "sans foi ni loi" que Karl Marx est le plus grand théologien chrétien depuis Shakespeare. La question de la loi est une question juive et la question de la foi se pose quand la loi est appliquée hypocritement. Même pour Léon Bloy ou Claudel, qui louchent pourtant un peu vers le moyen âge (obsession matrimoniale de Claudel), la question de la foi n'est pas moderne.

    En quelque sorte il n'y a pas de pensée historique sérieuse qui se préoccupe des questions de foi. La question de la foi est une question d'autruche.

  • Saint Marx

    Le péché que le raisonnement politique ou social exonère, c'est le péché d'envie ou de jalousie, c'est-à-dire le péché de Satan. On le voit à travers l'exemple de la circonstance atténuante du crime dit "passionnel" en droit laïc, non seulement absurde mais scandaleuse sur le plan chrétien. A travers le droit ubuesque dit de la "propriété intellectuelle" également.

    L'envie de Marthe, soeur de Lazare, lui vaut une remontrance de la part de Jésus. Marthe incarne une conception archaïque de la religion ; elle préfigure aussi ce monstre spirituel qu'est le judéo-christianisme.

    C'est parce qu'il est "antisocial" que le communisme de Marx est saint ; et la notion de "doctrine sociale" inventée par les chrétiens libéraux est, elle, en revanche, diabolique, au-delà même de l'entourloupe patronnale qu'elle représente.


  • Eyes to eyes

    Preuve de la supériorité de l'Angleterre : même chez les auteurs les plus éloignés de mon camp comme Hobbes, je trouve quelque chose à glaner, tandis que Nitche ou Proust, je les hais sans réserve, comme des cadavres au parfum tenace.

    Je ne partage aucune des idées de George-Bernard Shaw, et pourtant, "Ne rien dire qui n'irrite pas.", voilà un leitmotiv littéraire presque "shakespearien" !

    A sa façon d'entretenir chez ses alliés yankis la plus profonde stupidité, on reconnaît la perfidie satanique de l'Angleterre, qui jamais n'a su se montrer à la hauteur de ses prophètes.



  • Définition

    Le "populisme", dont Le Pen a longtemps eu l'apanage médiatique, consiste à se foutre de la gueule du peuple et le mener en bateau. On ne peut donc mieux dire que le suffrage universel est populiste, surtout après l'engouement à l'échelle mondiale parfaitement spontané pour Barack Obama.