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Mon Journal de guerre - Page 9

  • Dans la Matrice

    Une expression à la mode, "réalité augmentée", est typique du lexique totalitaire. En effet la technologie n'améliore pas la perception de la réalité : elle ne l'augmente pas mais l'altère.

    Il faut ajouter que c'est dans le domaine de la science que cette altération est la plus grave : les outils de plus en plus puissants et précis au service de la science ne permettent pas de mieux percevoir la réalité dans son ensemble. Ces outils performants sont aussi trompeurs que les sens dont l'homme est naturellement dotés.

    Les outils technologiques sophistiqués permettent de mieux voir les détails, mais ils ne sont d'aucune utilité pour traduire la réalité cosmique de façon intelligible.

    Prenons un exemple : "l'infini", qui n'est au départ dans le langage des mathématiciens que la manière de désigner ce qui est difficilement quantifiable, tant spatialement que temporellement, a pris peu à peu dans les régimes technocratiques le sens d'une valeur définissable, puis certaine, et perdu sa signification "en creux". L'outil a ainsi contribué à abolir des limites fondées autrefois sur l'expérience.

    La tâche de l'ingénieur, du concepteur des nouveaux outils de la science, est beaucoup plus abstraite que celle du savant, au sens strict, qui s'efforce au contraire de se rapprocher de la réalité, dont l'homme est éloigné à cause du défaut ou de la marge d'erreur de ses sens.

    Cette altération de la réalité par les outils et le discours technocratique est aussi observable en divers points tel que celui-ci : la science technocratique a opéré sa jonction avec la science-fiction, dont le but courant est de divertir. Autrement dit, l'expérience a une part très réduite dans la science technocratique. Beaucoup de lois et de propriétés de la physique moderne ont un usage industriel et technologique, mais elles ne rendent compte de la réalité physique globale que d'une façon très parcellaire.

    Le savant technocrate moderne n'est pas exactement aveugle, mais les lunettes qu'il porte indiquent bien la focalisation excessive de son attention sur tel ou tel détail, qui l'empêche d'avoir conscience de l'ensemble.

  • Voter pour qui ?

    Il n'y a pas de "vote chrétien", c'est une certitude au regard de la prohibition formelle du Messie faite à ses disciples de tenter d'établir le royaume de Dieu sur la terre.

    La compromission de certaines Eglises soi-disant chrétiennes, l'Eglise romaine en tête, avec telle ou telle culture nationaliste païenne, nous permet de mesurer la puissance du mensonge de Satan.

    Si la doctrine démocratique fait référence au christianisme, c'est bien sûr afin de manipuler des opprimés ; parce qu'elle contredit l'évangile et parce qu'elle a été utilisée afin de séduire, la démocratie-chrétienne se trouve être l'opinion politique la plus abjecte aux yeux des chrétiens fidèles à la parole de Dieu.

  • Le Christ anarchiste

    - N'ayez pas peur ! dit Jésus-Christ à ses apôtres.

    Or la peur est le ciment social par excellence ; on ne peut pas parler de régime totalitaire, c'est-à-dire d'un régime asservissant un myriade d'humains (l'aspect quantitatif est une dimension importante du totalitarisme), sans évoquer le chapitre de la peur, d'où part l'adhésion au totalitarisme ; mais on ne peut pas parler non plus de la famille, formule sociale primitive, sans parler aussi de la peur, qui justifie la vie domestique. On voit le Messie, à l'entame de sa vie publique, s'émanciper des affaires et considérations domestiques.

    L'indifférence du chrétien aux questions sociales et politiques tient sans doute à ceci qu'il n'a pas peur ; l'avenir est une chose qui préoccupe surtout les lâches - ce qu'il y a de lâche en chaque homme et l'incite à "cultiver ses racines" ou autre religion païenne mystique du même goût.

    On peut ainsi aisément relier la peur et l'argent, comme Molière nous y invite dans sa comédie de "L'Avare", où l'argent n'a plus seulement le sens d'une transaction banale, mais une valeur mystique d'assurance, illusoire et analogue à "l'au-delà" de la mort.

    On voit que l'avenir est la religion ou la préoccupation des personnes riches, qui possèdent beaucoup d'argent ou de biens.

    Le jeune homme riche de la parabole respecte scrupuleusement les prescriptions de la religion juive, mais il ne veut pas renoncer à ses richesses, probablement parce qu'il n'est pas capable de dépasser sa peur, cette peur qui nous éloigne de dieu et nous oblige à garder les yeux rivés sur cette terre comme des lâches.

     

  • Foi et Raison

    Un catholique authentique, se réclamant de la Parole de Dieu, ne peut amalgamer la foi et la raison, ni même les juxtaposer. - Seule la foi sauve, dit justement l'apôtre Paul, et non les oeuvres. Cette mise en garde de Paul, fortement étayée, est dépourvue d'ambiguïté.

    Il faut en déduire que la "raison" n'a pas de portée universelle selon Jésus-Christ. Aucune société n'a de d'ailleurs de mérite particulier aux yeux de Dieu. Le "peuple juif" n'est pas un peuple, une société ordinaire, dont les membres seraient liés par le sang ; quant aux expressions de "France chrétienne" ou "d'Occident chrétien", elles sont entièrement dénuées de sens - ce sont des expressions sataniques, c'est-à-dire des expressions faites pour dissimuler la signification spirituelle des Evangiles.

    Quel besoin les propriétaires ont-ils de la bénédiction de leur propriété par Jésus ? Pourquoi ne la réclament-ils pas plutôt à Satan ? Ou, si le mot de Satan leur déplaît, à Bouddha ou Zarathoustra ? On voit bien, ici, que le besoin est d'abord pour Satan de régner à travers des mensonges.

    Comme l'antichristianisme procède surtout de l'enfouissement de la Parole divine sous des mensonges, le chrétien se doit de dévoiler l'antichristianisme, comme dans l'allégorie imaginée par Shakespeare, "Hamlet, Prince de Danemark".

    Dans cette tâche, le chrétien peut compter sur l'assistance de l'Esprit de Dieu (figuré dans "Hamlet" par le spectre du roi assassiné).

    Qu'est-ce qui se cache derrière l'invocation de la raison ? La philosophie. Au moyen-âge, certains clercs catholiques prétendirent s'appuyer sur Platon ou Aristote ; aujourd'hui, c'est la philosophie de Hegel qui soutient le discours des hauts dignitaires du clergé catholique.

    Or Jésus-Christ s'adresse à ses apôtres largement par le biais de l'allégorie ou de la parabole, et non comme un philosophe s'adresse à un collège de disciples. L'auteur de "Hamlet" est ainsi justifié de passer par le biais de l'allégorie.

    Si le discours philosophique de la raison peut être regardé comme désuet au regard de la foi chrétienne, autour de laquelle se jouent l'avenir et la fin de l'humanité, Jésus-Christ ne prône pas la folie pour autant. Il rend à Platon ce qui est Platon, comme il rend à César ce qui est à César.

    Quand un chrétien se mêle de philosophie ou de politique, il ne peut manquer d'établir une hiérarchie entre sa foi chrétienne et la raison qui gouverne temporairement les hommes. Ainsi firent par exemple le savant chrétien Francis Bacon ou René Descartes à sa suite, distinguant avec netteté, au contraire des théologiens dits "scolastiques", les vérités et recherches relevant de la foi supérieure, des raisonnements et sciences subalternes, c'est-à-dire "anthropologiques".

    C'est l'amalgame entre la foi et la raison qui équivaut au péché de fornication, dirigé contre l'Esprit de Dieu, et qui représente la colonne vertébrale de l'antichristianisme. Il s'agit ici, de façon sans doute plus intentionnelle et rusée, de conférer à la philosophie ou à la raison l'aura d'une parole sacrée.

    Un observateur attentif de notre société mondialisée peut mesurer à quel point le discours visant à amalgamer la foi et la raison, suivant diverses stratégies (dont l'hégélianisme n'est pas le seul exemple), est représentatif de l'idéologie dominante, que celle-ci soit confessionnelle ou laïque, voire athée.

    Ainsi l'utopie démocratique moderne n'emprunte à Platon pratiquement aucune de ses modalités pratiques ; en revanche elle est, comme chez Platon, constituée d'un mélange de foi et de raison.

    On peut mesurer aussi à quel point, non seulement la foi chrétienne se trouve altérée par cet amalgame, mais également la raison philosophique ou politique, voire la science.

     

  • Darwinisme et bestialité

    Le darwinisme est un des dogmes de nos régimes technocratiques. Il est par conséquent difficile d'argumenter contre publiquement, de faire valoir certaines lacunes de la théorie ou de faire remarquer l'appui de tel ou tel régime totalitaire sur l'idéologie évolutionniste. On mesure ici l'état véritable de la liberté d'expression.

    La cruauté de l'industrie moderne vis-à-vis des animaux peut sembler paradoxale, compte tenu de la culture darwiniste du quidam moyen. Est-ce que le rapprochement de l'homme avec le singe ne devrait pas le rendre plus indulgent vis-à-vis des espèces quadrupèdes ?

    C'est méconnaître certains aspects sous-jacent du darwinisme ; d'abord le fait qu'elle est une théorie anthropocentrée. L'intuition de Darwin est que l'homme est la finalité du processus biologique. Du point de vue de la science naturelle antique (Aristote, notamment), l'homme est aussi l'animal le plus doué de raison, ce qui assure sa supériorité sur les autres espèces ; mais l'homme est dépassé par des puissances cosmiques, tandis que le cosmos n'est du point de vue moderne qu'un territoire, un espace à conquérir.

    Si les conséquences du darwinisme sont désastreuses en termes d'éthique, c'est parce qu'il contribue à conforter le statut de démiurge de l'homme moderne. A l'homme moderne, tout est permis en théorie. Les élites modernes s'arrogent un droit extraordinaire sur la nature.

    Ici on voit d'ailleurs que la thèse de l'héritage grec est pure propagande, nazie, capitaliste ou démocrate-chrétienne, venant de régimes essentiellement technocratiques. La raison grecque n'est pas la raison moderne.

    Il est probable que la foi de l'Occident dans les capacités illimitées de l'homme - foi particulièrement dogmatique - signe son arrêt de mort.

    On ne peut s'empêcher ici de faire le rapprochement entre un arrêt aussi étrange de la civilisation et les mythes d'Adam & Eve ou de Prométhée, particulièrement riches d'enseignement sur la condition humaine, tandis que le darwinisme a eu pour conséquence de faire de la condition humaine... un hasard ou une chance.

     

  • Dieu et la Science

    La fin de toute science est Dieu, c'est-à-dire une connaissance plus pure et limpide de Dieu avec le sentiment de sa grandeur.

    Le fait de diviser la science en plusieurs domaines plus ou moins bien articulés entre eux résulte de la difficulté pour l'homme d'appréhender ce qui le dépasse.

    Le stade technocratique où nous sommes rendus résulte d'une volonté, qui là encore dépasse l'homme (qui n'est pas maître du Temps), de faire obstacle à la science véritable.

    La culture technocratique/totalitaire repose sur des mensonges grossiers dans le domaine de l'histoire des sciences - des mensonges qu'un individu peut aisément reconnaître comme tels. La force de tels mensonges est de nature politique et sociale, dans la mesure où la science n'est d'aucune utilité sur le plan politique ou social. Ainsi le roi Hérode tente-t-il symboliquement d'empêcher par tous les moyens les mages de cheminer vers l'étoile, épiphanie du Fils de Dieu.

    L'un de ces mensonges, prêché comme une vérité par bon nombre d'universitaires contemporains, consiste à prétendre que les pères de la science modernes étaient "laïcs" et, par glissement de sens, "athées". Ce n'était nullement le cas ; au contraire la plupart étaient animés par la foi chrétienne, et non seulement Blaise Pascal comme on entend dire parfois, mais aussi le savant anglais Francis Bacon Verulam plus tôt, ou, plus connu en France, René Descartes. Cela ne fait pas d'eux d'infaillibles savants sur tous les sujets ; de cela ils furent conscients, comme de la médiocrité de leurs découvertes au regard de la "science métaphysique", terme utilisé pour désigner la science du vrai Dieu.

    L'opposition entre la science et la théologie est donc une invention récente, dépourvue d'histoire cohérente et reposant sur des sophismes.

    La clef des rapports entre Dieu et la science se trouve dans la cosmologie, aujourd'hui entérinée au profit de l'astronomie, dont la cause et la finalité sont technocratiques.

    Je recopie ci-après un extrait du livre d'Henri Gouhier dédié à la pensée religieuse de Descartes ; il explique de façon assez claire et utile ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Galilée" ; cette "affaire", où se mêlent des questions religieuses et scientifiques, mais aussi politiques, joue un rôle important dans la propagande technocratique, qui substitue habilement la science à dieu, en même temps qu'elle tient la science à distance du commun grâce à un discours et un langage que seuls quelques initiés ou spécialistes peuvent comprendre.

    En effet l'idolâtrie scientifique repose largement sur la division des sciences en différentes spécialités. Le passage de la cosmologie à l'astronomie, expliqué dans l'extrait qui suit, a joué aussi un rôle dans la confusion entre la science fondamentale et de la mécanique. La culture technocratique/totalitaire est une culture dont les lois fondamentales sont des lois mécaniques.

    *

    C'est le Galileo Galilei de Bertold Brecht qui déclare : "Pendant deux mille ans, l'humanité a cru que le soleil et tous les astres du ciel tournaient autour d'elle." Pour celui de l'histoire comme pour ses contemporains, l'héliocentrisme est "la doctrine de Pythagore" : c'est encore sous ce nom qu'elle est condamnée dans le décret de l'Index du 5 mars 1616.

    Le pythagoricien Philolaus fut, semble-t-il, au Ve siècle avant J.-C., le premier à mettre le soleil au centre du monde et à faire de la terre un "astre errant" ou planète. Vers 270 avant Jésus-Christ, Aristarque attribuait à la terre la révolution annuelle qui est celle apparente du soleil et la plaçait entre Mars et Vénus. Mais il s'agissait là de cosmologie, cosmologie qui, à l'époque présocratique du moins, mêle la réflexion philosophique à une vision poético-religieuse de la nature. L'"astronomie technique", comme dit M. Giorgio de Santillana, se constitue avec les mathématiques et alors apparaît une idée très importante : on se propose de décrire les mouvements célestes et de s'en donner une représentation qui rende la prévision possible ; on va donc construire des modèles mathématiques abstraits ne prétendant pas représenter la réalité des cieux mais permettant de calculer d'avance les positions des planètes. C'est dans cette perspective qu'au IIe siècle de notre ère, Ptolémée construit son système avec la terre au centre d'un monde clos et circulaire.

    Une distinction fondamentale est donc posée entre l'astronomie proprement dite et la physique ; la première est l'oeuvre des mathématiciens, la seconde, celle des philosophes, relevant de la philosophie de la nature ; la première a pour devise : "sauver les phénomènes" ; elle ne cherche nullement à représenter la réalité cosmique.

    Mais, au cours de l'histoire, cette claire distinction se trouve compromise par un double voisinage. D'une part, la philosophie aristotélicienne de la nature met la terre au centre d'un monde clos ; d'autre part, le langage de la Bible est géocentrique. De là, une tradition à la fois universitaire et théologique qui interprète le système de Ptolémée comme une image du monde réel, qui prend l'astronomie mathématique pour une cosmologie.

    L'oeuvre de Copernic va ramener l'attention sur la distinction entre le modèle mathématique et la philosophie de la nature.

    Le chanoine médecin fut sans doute très tôt séduit par la vision pythagoricienne du monde. Vers 1513, il fait circuler un opuscule : De hypothesibus motuum coelestium a se constitutis Commentariolus ; il publie en 1543 à Nuremberg "De Revolutionibus orbium coelestium libri VI" avec une lettre dédiant l'ouvrage au pape Paul III ; mais en 1540 un jeune disciple protestant à qui Copernic avait confié le manuscrit, avait fait paraître : "De libris Revolutionum Eruditissimi Viri et Mathematici excellentissimi reverendi D. Doctoris Nicolai Copernic... Narratio prima...

    "Ni le Pape, ni personne d'autre à Rome, écrit Alexandre Koyré, ne semble avoir été choqué par le nouveau système du monde cosmologique". Alors commence l'histoire d'une équivoque.

    Copernic entend refaire ce qu'avait fait Ptolémée ; un modèle mathématique qui sauve les phénomènes et permette la prévision, mais en reprenant l'idée pythagoricienne ; autrement dit, l'héliocentrisme n'avait jamais reçu une traduction mathématique ; Copernic le fait entrer dans l'astronomie scientifique. Ceci dit, Copernic ne croit pas que l'astronomie du géomètre puisse être différente de celle qui représenterait la réalité dans la physique... Mais le jeune éditeur protestant de "De Revolutionibus" prend la précaution de faire précéder le livre d'une préface du théologien Andréas Osiander qui affirme le caractère strictement hypothétique de l'héliocentrisme : comme cette préface n'est pas signée, les lecteurs croient qu'elle est de Copernic.

    Désormais la distinction entre hypothèse mathématique et réalité physique devient un moyen d'éviter les objections faites au nom de l'aristotélisme et de la Bible.

    Derrière Galilée (1564-1642), il y a donc Copernic (1473-1533) et aussi Tycho Brahé (1546-1601) ; à côté de lui, il y a Kepler (1571-1630).

    Galilée est en rapports personnels avec Kepler, mais comme Descartes, il semble avoir ignoré la portée de son oeuvre, constate Koyré. Tous les astronomes contemporains de Galilée et de Descartes connaissent l'importance des travaux de Tycho Brahé : d'abord "il avait réuni une masse énorme d'observations inconnues jusqu'à lui" ; ensuite, il a, comme Copernic, abandonné le système de Ptolémée, mais en imaginant un système moins directement opposé que celui de Copernic à l'aristotélisme et à la Bible : les planètes tournent autour du soleil et l'ensemble ainsi constitué par le soleil avec ses satellites tourne autour de la terre."

    In : "La Pensée religieuse de Descartes", Henri Gouhier (1972) 

  • De l'Athéisme

    En matière d'athéisme, seuls les arguments des pauvres athées sont dignes d'êtres entendus.

    En ce qui concerne les riches, il n'est pas difficile de deviner quel est leur dieu.

    En matière de conviction religieuse, il n'y a pas entre le riche athée et le démocrate-chrétien l'épaisseur d'une feuille à cigarette - autant dire qu'ils s'entendent comme larrons en foire.

    Les pauvres athées communistes ne pouvaient manquer de flairer cette collusion, car la pauvreté a pour effet de rapprocher de la vérité.

  • Misère de la Science

    L'Avenir est le territoire idéal de la superstition.

     

  • Histoire contre roman national

    L'historien Shakespeare piétine allègrement en plusieurs de ses pièces le roman national anglais, décors de carton-pâte.

    Il n'y a pas moins anglais que Shakespeare, de même qu'il n'y a pas moins grec qu'Homère, au sens génétique du terme anglais ou grec.

    Le "roman national" est le refuge des faibles d'esprit, ou encore il est un instrument entre les mains des élites afin de méduser le peuple. Le roman national ou la laïcité sont des instruments religieux entre les mains de ceux qui affectent publiquement de mépriser la religion.

    Combien y a-t-il d'historiens véritables dans l'Occident moderne ? On pourrait les compter sur les doigts de la main ; contre des myriades de prêtres nationalistes.

    Cependant, si on peut occulter à force de propagande la vérité, il est impossible de la faire disparaître. Le destin des menteurs est donc scellé.

  • Lutte finale

    Qui ne combat ? Le chrétien se bat pour l'avènement de la Vérité ; le suppôt de Satan combat pour que la parole de Dieu ne soit pas entendue à travers la rumeur de la vie... mais encore la femme de ménage lutte pour accomplir son minuscule devoir ; le soldat se bat pour toucher sa solde ; le clodo à la sortie du supermarché lutte pour rester debout dans le froid ; l'étudiant se bat pour obtenir une bourse, et nul ne songe à dormir que pour repartir à la bataille de plus belle, en attendant une blessure mortelle ou une victoire décisive.

    Et ceux qui se contentent d'observer, derrière le double-vitrage de l'argent, ils sont déjà morts ou pas encore nés.

  • Dans la Matrice

    C'est certes un grossier mensonge -le b.a.-ba du mensonge libéral- d'affirmer que le capitalisme n'a pas de répercussions morales ou éthiques.

    De ce point de vue, Marx représente encore aujourd'hui un danger pour les élites libérales ; au contraire de Nietzsche, Marx n'est pas un moraliste, mais il fait la démonstration que le capitalisme est un mouvement de corruption, un cancer du corps social. Il n'y a pas de remède dans Marx à cette corruption, mais seulement un diagnostic, ce qui explique que la critique marxiste était irrécupérable telles quelle par la dictature populiste russe, à laquelle la critique marxiste ne proposait aucune direction politique véritable (la science ou l'histoire ne peuvent constituer des buts politiques).

    Je rapproche volontiers la "pensée" libérale de l'algèbre ou de la musique, ayant remarqué comment tel ou tel spécialiste de la géométrie algébrique ou de la musique se laisse convaincre facilement de la rationalité de la pensée libérale, qui est en réalité une formule magique, ainsi que le sont beaucoup de formules mathématiques récentes. L'économie moderne est une incitation à prendre ses distances avec la réalité bien plus forte que n'importe quel manifeste surréaliste ou n'importe quel psychotrope. De là vient aussi la dimension religieuse du capitalisme. Hannah Arendt fait observer à juste titre la place toujours plus grande qu'occupent les choses inutiles dans la culture totalitaire ; or ces choses ont une dimension onirique.

    De ce point de vue, la crise économique, qui représente une menace pour les élites, peut s'avérer une chance pour le sujet lambda, en lui fournissant l'occasion d'une prise de conscience. Le machiavélisme des élites politiques, assistées dans cette tâche par le clergé démocrate-chrétienne, consiste à brosser un tableau de la crise qui ne soit pas trop noir (on accusera le seul "capitalisme financier", en se gardant de dévoiler la corruption généralisée), ni trop confiant (car la peur de l'avenir reste une grande ressource pour les élites politiques afin d'incliner le peuple à l'obéissance).

    Le capitalisme rend optimiste, c'est-à-dire con. Ce n'est pas la moindre conséquence sur le plan moral que de transformer l'humanité en une espèce animale.

  • Conte d'hiver

    Francis Bacon et le premier poulet surgelé

    Dans la première moitié de l'année 1626, Sir Francis Bacon eut, tandis qu'il voyageait en carrosse, une controverse avec son compagnon le Dr Winterbourne. En cause, le scepticisme du Dr Winterbourne au sujet de l'hypothèse de Bacon qui prétendait que la viande fraîche pouvait être conservée si on la réfrigérait. Afin de prouver sa théorie, celui-ci ordonna au cocher d'acheter un poulet sur le champ. Les faits sont ainsi rapportés par John Aubrey dans son livre "Vies brèves" :

    - Ils firent arrêter la voiture et se rendirent à la maison d'une pauvre femme au pied de la colline Highgate ; ils achetèrent une poule, demandèrent à la femme de la vider, puis de bourrer la carcasse de neige, et mon maître l'aida même à ce faire.

    Après que la poule fut partiellement plumée, Bacon la plaça dans un sac, l'enrobant plus de neige encore avant de l'enterrer. Malheureusement, selon Aubrey, Bacon attrapa une sévère bronchite et fut si malade qu'il fut incapable de rentrer chez lui ; on l'emmena "à la maison du comte d'Arundel à Highgate, où on le plaça dans un bon lit, chauffé avec une bassinoire ; mais comme c'était un lit humide qui n'avait pas été défait depuis un an au moins, le refroidissement fut tel qu'en deux ou trois jours il succomba -M. Hobbes me l'a dit, je m'en souviens."

    Mort à cause d'un poulet : fait ou fiction ?

    Il est difficile de dire à quel point les sources d'Aubrey sont fiables. Le principal problème est la période de l'année. Si le récit d'Aubrey est exact, alors Londres devrait avoir connu un temps neigeux en avril 1626. Mais il est établi que ce ne fut pas le cas. Cela ne signifie pas que Bacon ne fit pas une expérience avec un poulet congelé, ni que cette expérience sur la réfrigération ne le rendit pas malade. Il se pourrait que, ou bien les deux événements aient été confondus, ou que la maladie de Bacon ait débuté plus tôt cette année-là, ou mieux encore que Bacon, retourné voir le résultat de son expérience ultérieurement, ait attrapé un refroidissement à cause du temps froid et humide. De fait Bacon lui-même confirme la cause de sa maladie. Dans une lettre écrite à son ami absent, Lord Arundel, il s'excuse pour le dérangement de sa maisonnée et admet qu'il était en train de conduire une expérience sur la réfrigération lorsqu'il tomba malade :

    - Mon bon Seigneur, j'ai failli connaître le sort de Pline l'Ancien, qui perdit la vie en tentant une expérience sur le Vésuve en éruption ; en effet je souhaitais faire une expérience ou deux touchant la conservation et l'induration des corps. L'expérience elle-même fut un succès ; néanmoins, lors du voyage entre Londres et Highgate, je fus pris d'une quinte si violente que j'ignore si c'était un calcul, le fait d'un excès quelconque, ou bien du froid, ou encore un peu des trois.

    Quelle que soit la vérité derrière cette histoire, la mort de Sir Francis Bacon sera toujours reliée à ce poulet congelé :

    "Contre la charcuterie, n'était-il pas assuré ? Quant aux poulets congelés qu'il s'est procurés -Ils furent cause de sa maladie, Et jamais ce Bacon ne s'en est remis." (Pip Wilson)

    Pond Square est-il hanté ?

    Où l'histoire prend un tour étrange, c'est que "Pond Square", lieu-dit où l'expérience de Bacon est censée se dérouler, a la réputation d'être hanté, non par Sir Francis Bacon -comme on aurait pu s'attendre-, mais par le fantôme d'un poulet. De nombreux témoignages visuels ont été enregistrés dans la banlieue verdoyante de Highgate (l'étang a été comblé en 1864) pendant les mois d'hiver, et au moins vingt d'entre eux au cours du XXe siècle, la plupart pendant la 2nde guerre mondiale.

    En décembre 1943, le pilote de l'aéronavale Terence Long traversait l'étang, tard dans la nuit, lorsqu'il entendit un bruit qui faisait penser aux sabots de chevaux tirant un attelage. En se retournant, il fut stupéfait de voir quelque chose qui ressemblait à un volatile à demi plumé, hérissé et criant sauvagement en décrivant des cercles, pour finir par disparaître. Encore sous le choc, il se confia à un pompier de l'aviation et lui fit le récit de cette apparition. Le pompier lui répondit que le volatile était aperçu régulièrement dans les parages ; un type l'avait même pourchassé, espérant l'attraper pour en faire son dîner, jusqu'à ce que l'oiseau fonce dans un mur en briques et disparaisse.

    De nouveau pendant la 2nde guerre mondiale, une Mme J. Greenhill, habitant les environs, assura qu'elle avait vu le fantôme d'un poulet à de nombreuses reprises, le décrivant comme "un grand oiseau blanchâtre".

    Dans les années 60, un automobiliste accidenté, rapporta avoir vu un oiseau à moitié plumé, en piteux état, décrivant des cercles en criant. Comme il se dirigeait vers lui, voyant que l'oiseau était blessé, celui-ci s'envola et disparut soudain dans les airs.

    La dernière observation attestée du fantôme aviaire remonte à 1970. Un couple qui s'embrassait fut brusquement interrompu par un volatile jailli de nulle part. Ils expliquèrent que l'oiseau poussait des cris stridents et courait en rond, puis il disparu peu de temps après.

    Le fantôme du poulet n'a plus été vu récemment. Peut-être le volatile, affligé par sa fin peu orthodoxe, a-t-il fini par accepter son rôle dans l'histoire de la science et par se satisfaire des circonstances de sa mort ?

    (traduction d'une note du blog "Haunted Palace")

  • Peine d'amour perdue

    Edwin Reed est un des "baconiens" les plus utiles qu'il m'a été donné de lire, bien qu'il ne soit pas le plus célèbre.

    Edwin Reed ne s'est pas arrêté comme Freud ou Nietzsche à l'intuition que Francis Bacon et l'auteur des pièces signées Shakespeare (Shagspere) ne font qu'un ; Reed fait valoir que les idées originales de Hamlet dans le domaine de la cosmologie, exprimées à divers endroits de la pièce éponyme, dont un dialogue avec Ophélie, fille de Polonius (qui se pique aussi d'être savant, mais que Hamlet ne prend pas au sérieux) - ces idées cosmologiques originales, donc, correspondent aux idées développées par Francis Bacon dans ses ouvrages scientifiques.

    J'ai déjà rendu compte auparavant sur ce blog dans le détail de cette comparaison d'Edwin Reed. Elle est d'autant plus utile que les professeurs de littérature moderne n'entendent rien ou presque à la cosmologie et se persuadent, ainsi que leurs élèves, que la littérature est d'abord une question de style (pétition de principe typiquement bourgeoise).

    Il est étonnant, dit en substance un commentateur du "Novum Organum" de F. Bacon, que celui-ci, étant donné le bien qu'il dit de la mythologie, n'ait jamais songé à écrire un ouvrage de cette nature.

    Attardons-nous un peu (bien qu'il semble bien tard pour s'attarder encore) sur un autre aspect du travail d'Edwin Reed, à savoir la confrontation entre le propos des pièces attribuées à Shakespeare et le propos de Francis Bacon sur le thème de l'amour.

    Je n'écris pas ici l'amour avec un grand "A", mais bien un petit "a", car c'est bien le propos de Shakespeare, comme de Francis Bacon, de mettre en garde contre la vanité ou l'illusion amoureuse. Bacon montre par exemple que l'histoire n'offre pas d'exemple de grand homme qui ait été "amoureux" ; ou alors, explique Bacon, ce fut son point faible, entraînant sa perte. A contrario, Bacon décrit les soldats comme des individus cédant facilement aux caprices de l'amour.

    Les pièces de Shakespeare où l'amour tient le rôle principal sont nombreuses : "Othello", "Mesure pour mesure", "Peine d'amour perdue", "Roméo et Juliette", sans oublier le sonnet intitulé "Le Viol de Lucrèce".

    "Mesure pour Mesure" est sans doute une des plus intéressantes et révélatrices : cette pièce montre à quel point l'amour est corrupteur de la morale ; substituer l'amour à la morale, c'est prendre le chemin du vice. Le duché de Vienne est en proie à une sorte de folie puritaine, dont on pressent qu'elle ne pourra se résorber que dans l'immoralité opposée. Autre leçon de la pièce : puritanisme et libertinage sexuel sont les deux facettes d'une même folie.

    (Cette pièce fut donnée la première fois en 1604, à la charnière des règnes d'Elisabeth Ire et de Jacques Ier.)

    On peut dire que Shakespeare et Bacon ne font que faire valoir ici un point de vue "antiquisant" ou "philosophique" assez banal ; en effet, presque sans exception, les philosophes de l'Antiquité prônent que la philosophie commence par la maîtrise des passions. Le bonheur ne peut être qu'à cette condition. On comprend, à ce point, que des moralistes antichrétiens et antisémites tels que Nietzsche et Freud aient pu voir dans le théâtre de Shakespeare l'illustration de leur doctrine morale, un effort similaire pour restaurer l'éthique et la raison païennes dans une Europe en proie à la folie judéo-chrétienne.

    Cependant Shakespeare se limite à exposer que l'amour et l'éthique sont deux choses distinctes ; c'est la morale chrétienne qu'il dénonce en disant cela, c'est-à-dire la notion du bien et du mal enseignée par le clergé ; or cette morale n'a AUCUN FONDEMENT EVANGELIQUE, pas plus que la morale des prêtres juifs n'avait de but spirituel selon Jésus-Christ.

    On constate en lisant les évangiles que ce sont les préceptes moraux auxquels sont attachés les prêtres juifs qui les empêchent de reconnaître en Jésus-Christ le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament.

    La preuve que Shakespeare n'est pas "païen", contrairement à certaines médisances catholiques ou puritaines, c'est que la notion de "péché" est conservée dans les pièces de Shakespeare. Elle est conservée, et délivrée du sens que la "morale catholique" prête au péché.

    "Il en est que le péché élève, et d'autres que la vertu fait chuter." peut-on lire ainsi dans "Mesure pour Mesure" : cette parole en apparence mystérieuse est aussi inexplicable du point de vue de la morale catholique ou chrétienne qu'elle est incompréhensible du point de vue païen ou athée (tel que Nietzsche l'a défini de manière réductrice).

    En revanche plusieurs exemples tirés des évangiles permettent de comprendre cette parole, de même que les épîtres de l'apôtre Paul, théologie sous-jacente au théâtre de Shakespeare - CETTE PIERRE D'ACHOPPEMENT de la culture occidentale.

  • Rendre à César

    La politique est le domaine de César, ainsi que toutes les questions sociales contiguës.

    C'est à propos des impôts, question éminemment sociale (on dit que l'argent est le nerf de la guerre, mais il permet aussi d'acheter la paix) que les scribes et les grands prêtres juifs décident de tendre un piège à Jésus-Christ. -Nous est-il permis, ou non, de payer l'impôt à César ? (Luc, XX,20), font-ils demander à Jésus.

    La réponse de Jésus est célèbre : -Ainsi donc, rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

    Jésus stigmatise ainsi la confusion des choses matérielles et des choses spirituelles ; sa réponse est facile à comprendre ; elle l'est d'autant plus que Jésus indique clairement que son Royaume n'est pas de ce monde.

    Il est sans doute humain de se préoccuper des questions sociales avant tout ; mais Jésus-Christ nous adresse un message divin, spirituel, qui ravale les problèmes humains à un rang inférieur. Dans la plupart des religions païennes, les questions religieuses et les questions sociales sont emmêlées.

    La réponse de Jésus est sans ambiguïté, mais l'Eglise catholique romaine s'efforce de l'occulter pour justifier les pactes qu'elle a passé et passe avec les puissants de ce monde. On peut lire ici ou là sur des sites de propagande catholique que Jésus ne prohibe pas l'engagement politique et social (!). Il faut ici toutes les ressources de la casuistique enseignée dans les séminaires pour faire dire au Christ autre chose que ce qu'il dit : l'engagement politique et social est dépourvu de fondement spirituel.

    - Un chrétien peut-il participer à un scrutin électoral ? Jésus-Christ ne dispense pas de payer l'impôt. Il arrive que les scrutins électoraux aient un aspect d'organisation pratique. Cependant le populisme et la démagogie jouent un rôle primordial dans le gouvernement des grandes nations désormais ; rares sont les élites dirigeantes qui ne recourent pas à la mystification du peuple, et cette mystification implique une forme de religion mystique parfaitement étrangère au christianisme (le mysticisme de Tocqueville ou celui de Hegel sont, au XIXe siècle, deux formes de mysticisme qui, pour se référer au christianisme, n'en sont pas moins parfaitement étrangers à l'esprit du christianisme).

    Ce qui est interdit au chrétien, c'est de faire valoir des solutions politiques ou sociales chrétiennes. C'est là le péché de fornication, le plus grave, car il est dirigé contre le salut, la parole et l'esprit de dieu. La démocratie-chrétienne procède entièrement de la fornication. Plus ou moins manipulés ou manipulateurs, les acteurs de la démocratie-chrétienne s'exposent à la damnation.

     

  • La Grâce de Dieu

    La critique janséniste s'apparente à la critique luthérienne dans la mesure où les théologiens jansénistes reprochent aux jésuites de contredire l'enseignement de Paul. S'appuyant sur les évangiles, Paul explique (dans une épître adressée aux Hébreux) que les oeuvres ne mènent pas au salut promis par Jésus-Christ à ses fidèles disciples, mais la foi seule.

    Ici les jansénistes introduisent la notion de "grâce", qu'ils ne parviennent pas à expliquer clairement, emmêlant la question du don de dieu fait aux hommes avec des notions philosophiques confuses telle que le "libre-arbitre".

    Martin Luther va plus loin ; il remet en cause les sacrements distribués par le clergé catholique romain. Ceux-ci sont probablement la plus grande cause d'athéisme dans les temps modernes. Ils contribuent en effet à la transformation de la foi chrétienne en une sorte d'"activisme social" - celui-là même dont les plus récents papes ont la bouche pleine et qu'ils régurgitent dès lors qu'on leur tend un micro, prétendant se mêler de l'avenir de l'humanité et savoir ce qui est bon pour elle.

    D'une certaine manière, les sermons de Paul barrent la route à la doctrine de l'Eglise romaine, ainsi que, cela va de soi, la formule démocrate-chrétienne prisée des puissants de ce monde.

    Un exemple récent, le "père" Nicolas Buttet, prêtre catholique romain, dans une gazette d'obédience démocrate-chrétienne/catholique, répond dans un article à la question : - Sommes-nous justifiés par nos oeuvres ?, et conclut après un long développement : "...don gratuit et oeuvres ne s'opposent pas mais se complètent".

    La doctrine sociale de l'Eglise romaine, QUI N'A AUCUN FONDEMENT EVANGELIQUE, est bien la formulation moderne de l'affirmation du salut par les oeuvres.

    Alors que veut dire l'apôtre Paul, sur quel tromperie met-il le doigt exactement en déclarant que LA FOI SEULE SAUVE ?

    D'abord, il faut dire que les païens sont capables d'oeuvres belles et bonnes, dans le domaine politique, social ou philosophique.

    Paul, à la suite de Jésus-Christ, combat par avance une hérésie répandue dans les derniers temps, à savoir la confusion de toutes les religions. Prolifèrent aujourd'hui de soi-disant érudits qui enseignent que toutes les religions ne sont qu'une seule. Paul, quant à lui, s'efforce tant qu'il peut de faire comprendre la différence entre l'ancienne loi de Moïse, et la nouvelle loi de Jésus-Christ - l'ancien sacerdoce et le nouveau.

    La foi chrétienne n'a pas le caractère social ou anthropologique des religions païennes, dit Paul de Tarse, mais elle résulte du don supplémentaire de la parole divine (= évangiles), dont les païens ne bénéficièrent pas, ni même les Juifs de l'Ancien Testament ; les prophéties des prophètes juifs n'étaient comprises que des saints. La volonté du chrétien doit donc se soumettre à la volonté de dieu pour qu'il soit sauvé, et non chercher à accomplir son propre rêve ou projet. Les oeuvres sont bonnes pour l'homme, mais non pour le salut.

    La condamnation des oeuvres comme moyen de salut est à rapprocher de la colère du Christ contre les marchands du Temple de Jérusalem, dont le péché n'est pas le commerce mais le commerce d'offrandes, c'est-à-dire de ce qui est présenté comme un moyen de salut, mais qui ne l'est pas aux yeux de Dieu, nous dit son fils, notre frère Jésus.

  • Catholique agnostique

    Le mot est d'Alain Juppé, au cours de sa campagne électorale, dans une interview. Il n'a d'autre sens que : - Je sais ménager la chèvre et le chou.

    On pourrait relever des propos semblables dans la bouche de Donald Trump ou de François Fillon, Marine Le Pen - tous les candidats, petits ou grands, qui usurpent le nom de Dieu et s'en servent pour une cause personnelle.

    Quant aux chrétiens, ils savent que celui qui n'est pas avec Jésus-Christ est contre Jésus-Christ, selon sa parole. Il n'y a donc pas d'agnostique du point de vue chrétien.

    L'expression paradoxale, pour ne pas dire absurde d'Alain Juppé, est caractéristique de la démocratie-chrétienne. Il n'y a pas là un point de vue original d'Alain Juppé, mais l'antichristianisme sournois auquel conduit inéluctablement la démocratie-chrétienne. Et cette dernière est une émanation de la doctrine sociale de l'Eglise catholique romaine.

    Malgré la sournoiserie des attaques contre la parole de Dieu, les chrétiens fidèles à sa parole, qui rendent à César ce qui est à César et ne nourrissent par conséquent aucun espoir dans une quelconque solution politique, les chrétiens fidèles doivent garder confiance dans le triomphe de l'Esprit de dieu.

    Satan a tendu un piège, disent les Ecritures saintes, et il est tombé dedans.

  • Des Miracles

    Au sujet des miracles, la question n'est pas de savoir si l'on y croit ou pas ; l'opposition des esprits "cartésiens" à ceux qui ne le sont pas n'a pas plus d'intérêt.

    En effet, la foi dans le hasard est très répandue de nos jours, et le hasard est une forme de miracle. Le miracle s'étale d'ailleurs quotidiennement et en permanence sous nos yeux. Pour les personnes prudentes, dont je suis, la survie des personnes imprudentes est un miracle qui ne lasse pas de me surprendre. Parfois j'en sursaute, même : - Certainement ce con-là doit avoir un ange gardien à son service ! me dis-je en voyant toujours vivant, malgré le temps qui passe, un qui a le don de se jeter dans tous les pièges mortels de la vie.

    On pourrait multiplier les exemples ; je suis sûr qu'à l'inverse, l'existence des personnes prudentes a quelque chose de miraculeux pour les têtes brûlées.

    L'économie capitaliste fonctionne à partir d'impulsions irrationnelles ; on peut donc dire que son fonctionnement relève du miracle.

    D'une certaine façon, le miracle est banal et ce sont les choses qui n'arrivent pas par miracle qui sont rares.

    La signification du mot "miracle" a changé depuis que l'Eglise catholique s'en est emparé pour le besoin de sa propagande. On le voit actuellement, où l'Eglise romaine multiplie les décrets de canonisation, piétinant allègrement au passage la doctrine de saint Paul sur les oeuvres et le salut.

    En présence d'un miracle, la vraie question est de savoir si c'est Dieu qui opère, Satan, ou bien un démon quelconque ? Comme la question est ardue, les théologiens s'y risquent rarement, même si beaucoup indiquent la réticence de Jésus-Christ à accomplir des miracles.

    L'évangile de Jean, dans sa partie la plus prophétique, évoque les grands miracles accomplis par "la bête de la terre" (dont le nombre est 666) à la fin des temps afin de détourner l'homme de Dieu ("Elle [la bête] opérait de grands prodiges, jusqu'à faire descendre le feu du ciel sur la terre, à la vue des hommes, et elle séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné d'opérer (...)" Ap. XIII, 14-).

    Comme la culture est le principal argument contre Dieu (notamment au sein d'Eglises soi-disant chrétiennes), et que la culture contemporaine est essentiellement "technocratique", on peut déduire que les grands miracles accomplis par l'Antéchrist sont les grandes découvertes techniques que l'homme s'attribue, et qui ont bouleversé son mode de vie au cours des dernières décades, tantôt lui apportant plus de confort et de sécurité, tantôt se traduisant par des fléaux dévastateurs pour l'humanité. Ces fléaux font apparaître que l'homme n'a qu'une maîtrise relative de ce qu'il présente comme son oeuvre.

    J'ai remarqué depuis longtemps que les grandes trouvailles technologiques impressionnent beaucoup plus les esprits dévots et superstitieux que les esprits sérieux. Ces derniers font un effort pour que les super-pouvoirs (à double tranchant) de la technologie empiètent le moins possible sur leur existence.

  • Notes sur le jansénisme

    Le jansénisme est une religion de moralistes.

    La critique janséniste vise juste en ce qui concerne les jésuites et les abus de pouvoir dont la « compagnie de Jésus » s’est rendue coupable au nom de Jésus-Christ.

    Ne pas rendre à Louis XIV ce qui est à Louis XIV, et à dieu ce qui est à dieu, mais confondre les deux autorités, voilà l’hérésie flagrante des jésuites. Ils se parent du nom de Jésus, mais Judas aussi a embrassé Jésus ostensiblement.

    Sur le plan de la foi, en revanche, le jansénisme se situe au niveau du ratiocinage ; pourquoi les œuvres ne mènent pas à dieu ? Mieux vaut lire les épîtres de Paul pour le comprendre.

    La tournure eschatologique de l’enseignement de Jésus et des apôtres, voilà ce qui rend les évangiles aussi difficile à admettre du point de vue moral. La fin du monde est une issue que le moraliste n’est pas disposé à accepter.

    La Bruyère est sans doute fin psychologue, plus utile que Freud car il sait rester modeste ; cependant La Bruyère est un chrétien qui ne tient pas compte du jugement dernier, c’est-à-dire un énergumène, aussi « honnête homme » soit-il.

    C’est le point de la prédestination, où conduit l’enseignement janséniste, qui permet de caractériser le jansénisme comme une religion de moraliste. En effet chaque homme est en effet plus ou moins prédestiné à être vertueux ; les hommes le sont plus que les femmes, du point de vue antique, tandis que l’éthique moderne, plus abstraite, suggère le contraire ; à certains hommes la vertu semblera une haute montagne inaccessible, à d’autres un promontoire qu’ils pourront atteindre.

    Or l’honnête homme ou l’homme vertueux n’est pas plus près de dieu ou du salut que le criminel disent les Evangiles.

    • Notons ici que les « moralistes chrétiens » sont cause que la vertu est devenue, au cours du temps, une notion très vague.
  • L'abstentionniste

    En période électorale, l’abstentionniste que je suis est la cible de prosélytes qui ont tendance à envahir les lieux publics et à bourrer les boîtes aux lettres de professions de foi.

    La foi, justement, je ne l’ai pas et ne l’ai jamais eue. Les grands principes de la démocratie m’ont tout l’air d’une invention des hommes pour se rassurer.

    Que dit-on des personnes qui assistent à la messe sans croire ? Dans le meilleur des cas, on dit qu’ils perdent leur temps, ou pire, qu’ils sont hypocrites. Que dirait-on de moi si je votais sans croire, prenant le premier bulletin qui me tombe sous la main pour le fourrer dans l’urne après être passé dans l’isoloir, suivant le rituel empreint de puritaine austérité ?

    Je me rappelle avoir participé à un scrutin local, il y a de cela des lustres, porteur d'une carte d'électeur toute neuve, et exhorté par mon père (on a souvent à vingt ans la religion de ses parents, ou bien la religion exactement opposée), et cette cérémonie, nouvelle pour moi, me parut sinistre, pleine de regards en coin. En comparaison le rituel catholique, même déclinant et miteux, est quand même moins lugubre ; les vieux prêtres à demi-alcooliques sont moins effrayants que les assesseurs aux regards perçants d'experts-comptables, que l'on entend penser tout haut : - une voix est une voix.

    La République française ne devrait-elle pas servir l'apéritif à ceux qui viennent voter ; et pourquoi pas, organiser des kermesses ? Les Américains savent mieux y faire dans ce domaine, car c'est vraiment leur religion d'origine.

    Abstentionnistes, laissons les morts aller à l’urne.

  • Contre Sainte-Beuve

    Ce qui intéresse Sainte-Beuve dans le christianisme n’est pas tant le Christ ou la Révélation, mais l’impact du christianisme sur la littérature, française notamment (cf. « Port-Royal »).

    Bien qu’il soit athée, cela n’empêche pas Sainte-Beuve de délivrer des certificats de christianisme, ou de les refuser à tel ou tel – Molière par exemple ; et, de façon plus étonnante, Bacon. De façon plus étonnante, car Sainte-Beuve lit en général les auteurs qu’il commente, or Bacon est explicitement chrétien, comme Pascal ou La Bruyère ; tout au plus peut-on reprocher à Bacon de prêcher une doctrine chrétienne hérétique, non pas d’être indifférent ou agnostique.

     Le cas de Molière est différent, car ce dernier ne prend pas position sur la doctrine. Cependant l’épisode de l’aumône faite au pauvre par Don Juan, dans la pièce éponyme, ne peut avoir été écrit que par un esprit chrétien, car elle met le doigt sur le problème de la charité telle que l’évangile le présente, différente de ce que l’on appelle aujourd’hui « solidarité sociale ». De surcroît, les évangiles présentent le monde, la société, comme l’enfer, et Molière fait de même : son misanthrope, son bourgeois vaniteux, et bien sûr son avare, sont possédés par l’esprit du monde ; Don Juan, quant à lui, est un peu plus libre, car il incarne le diable, c’est-à-dire la liberté de jouir sans entrave dont rêve le commun des mortels. Néanmoins Don Juan est mortel, par conséquent il n’est pas libre selon le point de vue chrétien.

    De façon presque comique, car fantaisiste, Sainte-Beuve distingue les chrétiens « durs » des chrétiens « doux ». Doux ou dur, il ne dit rien du Christ, qui est venu apporter la guerre et non la paix, sachant que face à la force de l’esprit de dieu, cette force que le Christ nomme « amour », le monde ne pouvait que se rétracter et entrer en convulsion.

    Quant à Honoré de Balzac, Sainte-Beuve le juge trop vaniteux pour être un converti sincère. Pour attester du manque d’esprit chrétien de Balzac, il cite un propos tenu dans une lettre : « Vous m’écrivez des merveilles sur le sujet du docteur disgracié [le janséniste Arnauld] pour avoir trop parlé de la Grâce. Ils sont étranges, vos docteurs, de parler des affaires du Ciel, comme s’ils étaient Conseillers d’Etat en ce pays-là, et de débiter les secrets de Jésus-Christ, comme s’ils étaient ses confidents. Ils en pensent dire des nouvelles aussi assurées et les disent aussi affirmativement que s’ils avaient dormi dans son sein avec saint Jean… A votre avis, ne se moque-t-on point là-haut de leur empressement et de leur procès ? ».

    Pourtant Balzac cerne parfaitement ici le défaut du jansénisme : une tournure sophistiquée que l’on ne retrouve pas chez saint Paul (qui discrédita le salut par les œuvres en se fondant sur les évangiles), ni même chez Luther ou Calvin.

    A cette date, Balzac n’est peut-être pas encore officiellement converti, mais il a assez d’oreille pour entendre ce qui, dans la littérature chrétienne janséniste, sonne "étrange", c'est-à-dire faux.