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Mon Journal de guerre - Page 61

  • Ecologie, piège à cons

    Comme si l'écologie tout court n'était pas suffisamment imbécile, avec son idée de vouloir sauver la planète pour le bénéfice d'un homme qui passe son temps à la saccager, il faut en plus que de faux-témoins ajoutent au tas de préjugés des écologistes le label "chrétien".

    Le rapport primaire de l'homme à la nature, comme cela a déjà été illustré dans l'antiquité, c'est le narcissisme. Il se confirme que l'axe principal de réflexion de la démocratie-chrétienne est la pédérastie. Si l'on se penche sur le raisonnement écologiste, on verra qu'il est aussi absurde que celui de la pédagogie. Pourquoi une femme veut-elle un enfant ? Il n'y a que des réponses dogmatiques à cette question, et les écologistes se fient à leurs statistiques comme à des dogmes.

    La prétendue "pensée écologiste" se situe au niveau de l'instinct de conservation de l'espèce, et donc de la peur panique, puisqu'elle n'apporte aucune solution pratique à un phénomène à demi élucidé. Qui peut croire que l'écologie réparera en quelques années, ce que le libéralisme aurait mis des siècles à détruire ?

    La parenté entre l'écologie et la démocratie-chrétienne, c'est que ce sont les idéologies les plus favorables au commerce. Ce que signifie l'écologisme, c'est la débandade de la culture de vie libérale, rien de plus.

    La pauvreté, impératif chrétien, met fin à toute discussion écologiste parmi les chrétiens, ni conservateurs, ni recycleurs de vieilles idées conservatrice sous la bannière de la modernité, et de plus, pas attachés à la terre pour un sou.

  • Syndrome de Stockholm

    La patience des animaux domestiques vis-à-vis de cette salope de vie est un motif d'étonnement perpétuel. Elle les bouscule, elle les torture ; ils savent qu'un jour elle les mettra à mort, mais pourtant ils continuent de la subir. Tel père a vu la vie lui enlever son fils prématurément, mais pourtant il continue de coucher avec la ravisseuse, et quand elle le chatouille par inadvertance, trouve encore le moyen de sourire à la vie.

    L'homme qui insulte la vie s'élève au-dessus de la condition économique, et la publicité n'a pas de prise sur lui.

  • J.0. de Londres (3)

    Interrogée, Laure Manaudou déclare : "Demandez aux Français dans la rue s'il y en a un qui refuse une médaille d'or aux J.O., bien sûr personne ne dira non !" Suit un petit discours sur le plaisir et l'honneur qu'il y a à gagner une médaille pour son pays. Orgasmique. D'autant plus que notre sainte laïque porte déjà à moitié sa croix, de cette médaille gagnée jadis.

    Dans le même esprit : "Jette un os à moelle à une bande de chiens errants, sûr qu'il n'y en a pas un qui ne va pas se jeter dessus !"

    Je m'intéresse à Laure M., prédestinée à la gloire, à cause du problème de l'évolution. Plongée dans un milieu aquatique qui n'est pas le sien, plusieurs heures par jour, la nageuse évolue-t-elle afin de s'adapter à son nouveau milieu ? Je sais bien qu'il est interdit de faire ce genre d'expériences nazies sur les êtres humains, mais comme les entraîneurs sportifs ne peuvent pas s'en empêcher, observons les résultats... Je remarque bien une ou deux métamorphoses, mais pour ce qui est du patriotisme, c'est sûrement la chose la plus innée dans l'espèce humaine, comme sucer son pouce. Pratiquement, d'une personne qui est encore patriote à l'heure de mourir, on pourra dire qu'elle n'a jamais quitté le milieu aquatique. Bien sûr ça n'empêche pas Laure M. de vivre aux Etats-Unis. Comme le patriotisme se rapporte d'abord à soi, il est transportable partout.

    La condition indispensable pour faire un bon sportif de haut niveau, et établir ainsi un rapport fructueux entre le bourreau (l'entraîneur) et sa victime (le sportif au potentiel génétique exceptionnel), c'est le tempérament masochiste du cobaye, son endurance à la douleur et à des exercices physiques dont la stupidité n'est pas forcément l'aspect le plus facile à supporter. A priori, un gosse en bonne santé n'a aucune raison d'être masochiste et de se prêter aau jeu pervers de l'entraînement intensif. Sans de mauvais traitements préalables, ou la privation bien orchestrée d'un but sérieux dans la vie, on risque de manquer de sportifs de haut niveau potentiels.

    Il faut aussi parler d'une tierce personne, qui n'est ni le bourreau, ni la victime, mais le voyeur (le journaliste). Il est à chaque fois ému à péter son noeud de cravate, de telle ou telle performance, comme un puceau qui pénètre dans un lupanar pour la première fois. Bien sûr, il est payé pour être ému, sinon il le serait peut-être un peu moins. Et encore, ce n'est pas sûr, car le voyeur à une aptitude particulière à s'émouvoir de rien ; il est équipé d'une lunette qui transforme le moindre détail en fait historique ; comme le fétichiste qui jouit plusieurs fois, tandis que vous ne vous êtes rendu compte de rien à côté. Le journaliste sportif est toute peau, sans aucun muscle, ni os : il a sacrément de la chance que de jeunes types et de jeunes gonzesses rudement beaux et rudement forts triment comme des cons à sa place. Un maquereau a moins de raisons de se réjouir.

    Exactement comme la guerre au cinoche : dans la bouche d'un journaliste, le sport est toujours propre, beau, sain, encore mieux gaulé qu'un jeune blond aryen, puisqu'il est compatible avec les droits de l'homme.

  • Clergés

    - L'intellectuel qui va au FN a des sentiments pour le peuple. Il s'expose à être bousculé.

    - L'intellectuel qui va au PC a des sentiments pour le prêtre. Il s'expose à être mis à l'index.

    - L'intellectuel qui va au PS a des sentiments pour la femme. Il s'expose à être cocufié.

    - L'intellectuel qui va à l'UMP a des sentiments pour l'argent. Il s'expose à l'ennui.

    - L'intellectuel qui va à la télé a des sentiments pour lui-même. Il s'expose à rien.

    - L'intellectuel qui va au diable emprunte le chemin le plus court.

    - Tous ces intellectuels, et pas une définition de l'intelligence digne de ce nom (il n'y en a pas, bien sûr, puisque l'homme est bête, mais toute l'astuce des intellectuels consiste à faire croire qu'il y en a une, et qu'ils la trouveront un jour).

    Le boulanger a une obligation de résultat, le toubib une obligation de moyen ; quant à l'intellectuel, il est une obligation tout court. Faisons baisser la cote des intellectuels : n'achetons que des livres aux puces, tant que les intellectuels n'auront pas émis une idée neuve.

  • Les Oiseaux

    ...se cachent pour mourir. Ce titre de film, que je n'ai d'ailleurs pas vu à cause que le mélange du christianisme et du cinéma me donne la nausée, résume parfaitement le monachisme, c'est-à-dire le mouvement culturel le plus subversif à l'intérieur du christianisme -stigmatisé par Shakespeare pour cette raison.

    On peut mesurer facilement la distance entre la vie monastique et celle de Jésus-Christ et des apôtres, qui ne se retirèrent pas du monde, mais s'exposèrent à sa vindicte. Parfois François d'Assise est présenté comme un doctrinaire révolutionnaire, en raison de son idée de réduire le règlement des abbayes et les cloches à la charité. Plus simplement je pense que François d'Assise a lu les Evangiles, contrairement aux autres moines, dont la bêtise me paraît atteindre la sournoiserie dans l'ordre des dominicains (le permis de tuer au nom de la paix n'a pas été inventé par BHL mais par Thomas d'Aquin). Ou peut-être François d'Assise avait étanché sa soif de plaisir, tandis qu'on entre au monastère en espérant jouir un peu mieux de la nature.

    Je crains que si on interroge quelques-uns des moines qui subsistent en France - mettons ceux auprès de qui François Fillon va chercher des conseils fructeux à l'appui de son plan européen babylonien -, si on interroge ces moines sur la signification des paroles de Jésus à ses apôtres : "N'ayez pas peur !", ils ne soient tentés de répondre qu'elles veulent dire qu'il n'y a pas, pour être heureux, à hésiter à vivre caché, au son de la cloche.

    Le plus dur dans la vie monastique, c'est d'accepter la discipline, ce qui revient pour un Français à devenir Allemand ; sans compter la pédérastie inhérente aux systèmes carcéraux. Les systèmes de pensée qui idéalisent la société, ou se bercent de l'illusion de croire - espérance fatale - que la société peut être perfectionnée, sombrent très rapidement dans le ridicule en postulant de façon plus ou moins implicite que l'homosexualité est une condition nécessaire à l'accomplissement de la civilisation parfaite. Entièrement fondées sur le sexe, les doctrines sociales finissent par reléguer le sexe au niveau d'une théorie abstraite ou d'un rituel. Bien avant d'avoir été sacralisée par les marchands capitalistes, la sexualité le fut par les moines.

    Rien de plus naturel que ceux qui éprouvent vis-à-vis du christianisme la haine, conservent cependant un peu de sympathie pour la vie monastique et l'extraordinaire sagacité des moines dans l'invention des saintes espèces sociales, proportionnelle à la médiocrité de leurs sommes théologiques. Les moines ne sont pas chrétiens, ils sont "zens".

    On peut dire que le "moyen-âge" porte bien son nom, car la médiocrité s'accorde parfaitement avec la jouissance ou le plaisir. A l'heure actuelle, on peut dire que des nations comme le Japon ou les Etats-Unis sont très en retard sur le moyen-âge européen, en termes de philosophie, n'étant pas parvenues à mettre en place autre chose qu'un régime de frustration généralisée.

    Une culture se juge d'abord à partir de la gastronomie et des pratiques sexuelles en vigueur, qui forment le socle des doctrines sociales. Le régime alimentaire et la pornographie en vigueur aux Etats-Unis sont des indices suffisants du fanatisme religieux qui y règne, et de la facilité pour les élites yankees de manipuler la population à l'aide de trucages cinématographiques grossiers.

    On sait en outre que dans les sociétés où la femme domine, et c'est le cas des monastères d'hommes, bien qu'elle n'y soit pas présente physiquement, dans ces sociétés les hommes ont un penchant accru pour le vain sacrifice et la bestialité. Si les nazis avaient été misogynes, probablement ils n'auraient pas massacré autant de juifs, avant de se faire massacrer à leur tour. En effet, je ne connais aucun type misogyne que la doctrine "Le travail rend libre", ne fera pas ricaner spontanément, ou son équivalent parfait "Le sexe rend libre" ; pourquoi pas la prière ou le mariage, tant qu'on y est ?

  • L'Ethique-tac-tic-tac

    L'éthique n'est qu'un garde-fou. Quand le cordon sera rompu, malheur aux princes de ce monde, leurs thaumaturges, sociologues, alchimistes, statisticiens, etc.

    Le problème de concilier le glaive de la justice des hommes avec la démocratie, c'est que chacun peut s'en emparer.

  • Satyres

    On prêchera la culture de vie païenne dans une langue morte, de préférence, afin d'accroître le paradoxe de la civilisation.

  • La mythologie

    La mythologie est le véhicule privilégié de la pensée matérialiste, la moins compatible avec l'ordre social établi. Cela explique que les milieux populaires trouvent dans les contes et les fables une ressource pour se protéger contre l'irresponsabilité atavique des élites et la manipulation des clercs.

    Et cela explique aussi le sabotage systématique de la mythologie par le clergé depuis des millénaires, au profit de l'ésotérisme religieux, c'est-à-dire de la mise en place d'un inconscient ou d'une culture collective au niveau intellectuel sommaire de la médecine, dont ce clergé tire avantage pour consolider sa position dominante dans la hiérarchie sociale.

    On remarque que le nazisme, le bolchevisme ou le libéralisme sont des cléricalismes au fait que ces idéologies sont dépourvues de fondement mythologique. Il est probable que la querelle inepte qui vise à déterminer lequel de ces régimes est le plus néfaste n'oppose que des âmes religieuses.

    On peut me rétorquer que la pensée matérialiste de K. Marx ne possède pas de caractère mythologique. J'aime bien, pourtant, résumer le marxisme, quand on me le demande, à la fable du joueur de flûte de Hamelin, rare exemple de conte allemand qui dévalue la mentalité allemande et le pacte passé par cette nation avec le diable afin de ne rien faire, et s'enrichir sur le dos d'autrui. Je pense que même les Egyptiens n'étaient pas aussi dévôts que les Allemands pour faire de la musique un art majeur, et se laisser conduire par elle tout droit en enfer. Il faut bien voir que Marx est comme le type qui naît aujourd'hui aux Etats-Unis, dans une nation totalement dépourvue de culture scientifique et fondée sur le négationnisme de l'histoire. La simplicité biblique de la mythologie est extrêmement difficile à reconquérir dans des cultures où la sociologie et la psychanalyses passent pour des disciplines scientifiques sérieuses, alors que leur succès repose essentiellement sur la fainéantise.

    D'ailleurs Shakespeare sur lequel Marx s'appuie beaucoup, a doté le monde moderne en prévision de son esclavagisme croissant, d'une mythologie matérialiste chrétienne aussi solide que le roc d'Homère, que n'importe quel esprit curieux, ayant l'honnêteté intellectuelle minimum de ne pas prendre son désir pour la réalité, peut débarrasser de la mousse que le temps accumule sur la vérité afin de protéger le grand dragon de ses blessures.

  • L'imposture laïque

    La manière dont les préjugés racistes ont muté en préjugés anti-musulmans afin de contourner la censure ne m'étonne pas. A un militant de gauche laïc il y a plus de quinze ans, je me souviens d'avoir pronostiqué la contamination de milieux plus aisés par les slogans du FN, "dès lors que ces milieux sentiraient leurs propres biens ou propriétés en danger". De même l'antisémitisme, en soi, n'a pas posé de problème majeur avant que la crise ne permette de transformer les juifs en boucs émissaires, jouant un rôle équivalent à celui des koulaks en Union soviétique. Le nazisme a excité la propriété, tandis que le régime soviétique a excité le vol. Marx nous dit que ça revient au même.

    Le système démocratique est particulièrement pernicieux, dans la mesure où il fait croire pour des raisons machiavéliques à des minorités qu'elles sont respectées, quand les crises ramènent tooujours à la réalité sociale la plus brutale et véridique.

    En ce qui me concerne, en tant que chrétien, je n'ai pas d'attirance particulière pour l'islam, fondé sur l'éthique, comme la religion catholique romaine ou l'éthique républicaine, métamorphose de l'éthique chrétienne, inventée jadis pour le besoin d'une cause perdue depuis longtemps. L'enjeu de la propriété entre ces différentes religions est trop évident. L'effort pour inventer l'antisémitisme ou le racisme est beaucoup plus important de la part des élites d'après-guerre que de la part de Hitler lui-même. Le but est bien évidemment de dissimuler que la société est principalement divisée entre ceux qui ne possèdent rien et les possédants. Je me fais fort d'instaurer le dialogue inter-religieux entre un juif, un musulman, un chrétien, et un athée laïc -en moins de dix minutes-, à condition que ceux-ci ne possèdent rien et, cas de figure beaucoup plus rare chez les pauvres, ne soient possédés par rien ni personne.

    L'invocation de Jacques Ellul par certains militants de la cause laïque, afin de conforter leur anti-islamisme, est plutôt surprenante. Avant d'examiner si Ellul peut être récupéré pour le besoin de cette cause en principe la moins religieuse, je dois signaler un argument imparable pour les musulmans quand ils sont accusés de pratiques religieuses excessivement violentes : dans le domaine du crime et de l'élimination de masse, les régimes républicains laïcs sont imbattables. Qu'est-ce qui fait la férocité particulière des sectataires de l'éthique laïque ? L'attachement viscéral à la propriété, au point d'avoir mis en place des systèmes où le sentiment de la propriété a plus de valeur que la jouissance elle-même. Secundo, c'est sans doute parce qu'ils sont laïcs, et donc neutres sur le plan religieux, que les tenants de la "riposte laïque" (sic) (ils n'ont même pas été effleurés qu'ils ripostent déjà) se fondent sur l'opinion d'un chrétien pour juger l'islam.

    - Quant à Ellul, intéressé par le fait de savoir comment l'Eglise est devenue la synagogue de Satan dans le sillage des théologiens protestants, il attribue à l'islam une part de responsabilité, de façon assez évasive, sans nier qu'il soit possible à quiconque d'échapper à la synagogue de Satan ou ses succursales. D'une manière générale, et comme je le fais moi-même, Ellul dépeint l'institution ecclésiastique chrétienne comme une masse d'informations, prenant la forme des sociétés et religions par lesquelles cette institution fut environnée au cours de son histoire, en dépit de tout motif spirituel. J'ajoute qu'on peut le vérifier en faisant le constat de l'incohérence parfaite de la théologie catholique romaine, ou par le fait que les sociétés dites "protestantes" tranchent singulièrement avec la théologie de Luther.

    Il y a bien des catholiques romains qui citent Ellul à l'appui de leur cause ; dans ce cas, pourquoi pas des sectateurs de l'éthique laïque, bien qu'il y a tout chez Ellul pour voir dans l'éthique laïque républicaine le mobile le plus cynique ? Mais pour les chrétiens, tandis que l'éthique ne s'accorde pas avec la spiritualité, la logique, elle, n'en diffère pas. Du point de vue éthique, la fin justifie les moyens, et c'est l'optique de Satan.

  • Du crime républicain

    Je suis effrayé par l'omniprésence de la philosophie allemande dans les bibliothèques parisiennes, la place qu'elle y occupe. C'est là un crime contre l'esprit typiquement républicain. Le patriotisme ou l'amour de la France a dans l'éthique républicaine une fonction presque exclusive de mobilisation militaire du peuple au profit de ses élites - mobilisation militaire, ou économique, qui revient au même.

    Comment une éthique destinée à satisfaire les besoins de l'élite aurait-elle pu engendrer la démocratie véritable, au lieu des rituels religieux et culturels auxquels on assiste ?

    Ce fait témoigne de la rupture entre la République et la philosophie des Lumières, l'effort critique de cette dernière ayant été remplacé par des palinodies juridiques et mathématiques qui confinent au grotesque. Quelques exemples :

    - L'ignorance du christianisme : l'ignorance n'est pas le but poursuivi par les philosophes des lumières, en ce domaine comme dans les autres. C'est à la formule du socialisme catholique d'ancien régime que les philosophes des Lumières s'attaquent, en se fondant sur le texte et l'esprit du christianisme, suivant une méthode plus proche de celle de Martin Luther que de la méthode totalitaire moderne qui consiste à réduire la religion au cercle des affaires privées, solution qui expose quiconque, quelle que soit sa croyance particulière, au régime de l'inconscient collectif. La fameuse formule de Pangloss (Leibnitz) : "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes." est typique de la marque imprimée par l'inconscient collectif sur ceux qui s'y soumettent. On sait l'axe de la critique de Voltaire contre ce leitmotiv emblématique du XVIIe siècle, que les doctrine libérale et éthique républicaine, ensemble, ont restauré dans ses droits. Il n'est pas anodin que cette philosophie naturelle provienne d'un mathématicien, car la géométrie, algébrique ou non, est avec l'art juridique la discipline qui s'accorde le mieux avec le totalitarisme. Son caractère thérapeutique, de placebo social, pourrait-on dire, explique la pénétration d'une doctrine aussi stupide ou musicale dans les mentalités, bien qu'elle soit mieux accordée à la dépense et au gaspillage qu'à la pensée. La convocation systématique de la médecine est, comme la formule mathématique de l'inconscient collectif, typique du totalitarisme et de la banalisation du mal par les agents du totalitarisme. Les crises de ces régimes interviennent dès lors qu'ils se trouvent dans l'incapacité d'assurer le bonheur ou le soin qu'ils promettent aux citoyens.

    Le cantonnement à la sphère privée est le fait de certaines religions païennes antiques, bien qu'on retrouve chez certaines un effort d'émancipation (la religion de Homère opère ainsi un renversement de l'ordre totalitaire égyptien logocratique et de ses symboles, au point que certains savants ont pu penser que Homère "avait lu Moïse".) Mais on ne retrouve pas dans les Lumières la vaine chimère de Nitche d'un retour à l'ordre idéal païen égyptien ou romain. D'abord parce que cet ordre ne peut se passer d'un système de castes clairement affiché, et non sournois comme dans la démocratie moderne, ensuite parce qu'il est incompatible avec la production industrielle et le monde ouvrier, éduqué par les élites républicaines dans une culture sado-masochiste et l'idée que le travail peut "rendre libre". Même le chrétien J.-J. Rousseau est beaucoup moins chimérique qu'on ne le dit, et sa philosophie part du constat que le motif de la propriété rend la société inique, c'est-à-dire atroce. En revanche il n'est pas plus logique, comme fait Rousseau, de chercher une solution dans l'avenir qu'il ne l'est, de la part de Nitche, d'en chercher une à la manière des pédérastes dans le passé ; mais Rousseau n'est pas le grand croyant dans l'avenir que l'on dit, et l'esclavage ouvrier terrible du XIXe siècle, doublé de l'impérialisme, aurait certainement ramené Rousseau à plus de réalisme. La solution est dans Marx et le recours à la science ou la spiritualité, si l'on veut bien voir qu'il n'y a nulle volonté chez Marx de justifier la polytechnique.

    - L'autre exemple de confusion entretenue volontairement par l'élite républicaine est dans le domaine scientifique, qui a laissé s'épanouir une philosophie et une épistémologie qui prônent ridiculement l'hypothèse, non pas seulement au plan de la méthode scientifique, mais aussi - et c'est là qu'un Français ne peut s'empêcher de rire - au plan du résultat ou du but de la science. Je ne peux m'empêcher de citer encore Karl Popper ici, épiphénomène du crétinisme scientifique moderne, qui fait prévaloir la méthode scientifique sur son but, et doit nécessairement conclure que la science est plutôt faite pour poser des questions que fournir des réponses, suivant le cadre abstrait de l'hypothèse qu'il s'est imposé. Le prédicat de Popper, loin d'être isolé, fonde un vériitable occultisme scientifique, et il s'appuie sur la malhonnêteté intellectuelle. L'occultisme, car une formule scientifique hypothétique garantit le monopole du clergé sur des vérités scientifiques présentées comme des dogmes. On retombe sur la veille formule religieuse pythagoricienne d'une connaissance magique, dont il convient que le peuple n'ait pas la notion ; de fait, pourquoi les classes laborieuses s'intéresseraient-elles à une science qui n'offre que des hypothèses, quand ces classes sont confrontées quotidiennement à des problèmes pratiques plus ou moins solubles ? Le soupçon est naturel ici d'une épistémologie scientifique destinée à répondre au premier chef aux questions existentielles du clergé, qui ne propose à ses ouailles qu'un existentialisme bas de gamme, pour ne pas dire une culture merdique inférieure au carnaval. Soupçon d'autant plus vif que cette philosophie naturelle, dont les Egyptiens fournissent la formule la plus nette, découle systématiquement sur le plan social sur la prédestination des élites morales ou politiques, ou la jouissance personnelle des mêmes classes sociales. La malhonnêteté intellectuelle de Karl Popper est dans le procès fait à Francis Bacon d'avoir ourdi une science favorisant le développement de la polytechnique. C'est bien sûr exactement le contraire, car s'il est bien un domaine qui se nourrit de l'hypothèse, et que l'absence de but scientifique ne prive pas de motivation, c'est précisément la science polytechnique, la mécanique et les mathématiques, dévaluées noir sur blanc par Bacon, maintes fois. Sur le plan de la polytechnique, ce n'est pas seulement le mal qui est banalisé, mais tout simplement l'horreur et les charniers de la polytechnique qui sont justifiés.

  • Les Etats-Unis ou l'Enfer

    De tous les grands empires ultra-modernes, ce sont les Etats-Unis qui ont suscité dans les lettres françaises le plus grand mépris, devant l'Union soviétique ou l'Allemagne nazie, avant que ne débute à la Libération une longue période indéfinie de pharisaïsme. Peut-être faut-il ajouter que c'est un mouvement de l'esprit français, que les étrangers comprennent mal, de commencer par se méfier de la France, ainsi que de tous les principes religieux abstraits, trop abstraits pour ne pas trahir leur caractère exclusif de méthode de gouvernement.

    N'était le mercantilisme extraordinaire qui soutient l'idéologie européenne néo-nazie, vieux rêve de boucher, les Français seraient plus difficile à duper.

    "Lamentable tragédie que la vie d'Edgar Poe ! Sa mort, dénoûment horrible dont l'horreur est accrue par la trivialité ! - De tous les documents que j'ai lus est résultée pour moi la conviction que les Etats-Unis ne furent pour Poe qu'une vaste prison qu'il parcourait avec l'agitation fiévreuse d'un être fait pour respirer dans un monde plus aromal, - qu'une grande barbarie éclairée au gaz, - et que sa vie intérieure, spirituelle de poète ou même d'ivrogne, n'était qu'un effort perpétuel pour échapper à l'influence de cette atmosphère antipathique.

    Impitoyable dictature que celle de l'opinion dans les sociétés démocratiques ; n'implorez d'elle ni charité, ni intelligence, ni élasticité quelconque dans l'application de ses lois aux cas multiples et complexes de la vie morale. On dirait que de l'amour impie de la liberté est née une tyrannie nouvelle, la tyrannie des bêtes, ou zoocratie, qui par son insensibilité féroce ressemble à l'idole de Jaggernaut. (...)"

    Charles Baudelaire

    On retrouve chez ce poète les mêmes préventions que celles des écrivains français séduits par le fachisme ou le nazisme avant guerre, principalement déterminés par la haine de la culture mercantile anglo-saxonne. Comme Nitche, Baudelaire ne supporte pas la culture libérale. Ces esthètes ne se résolvent pas au processus inéluctable de pourrissement de la culture ou de la religion, qui ne renferme aucun remède à la décomposition. Leur antisémitisme a permis aux publicitaires de la culture libérale de condamner ces penseurs réactionnaires et faciliter leurs propres entreprises ; mais la logocratie étatsunienne et son cinéma n'est pas moins hostile au judaïsme que l'Egypte fut hostile à Moïse.

  • Droits de l'Homme égoïste

    Dès le XIXe siècle, l'idéologie des droits de l'homme a été dénoncée comme une imposture ou un attrape-couillons. Il ne faut pas s'étonner de retrouver parmi les poètes ou les savants peu crédules vis-à-vis de l'utopie égalitaire, plusieurs chrétiens, en raison du fondement juridique de celle-ci.

    - Pour Karl Marx, l'égalitarisme républicain est tout simplement impossible, et la morale pure des droits de l'homme qui en découle n'est autre que l'opium du peuple. Cela explique la censure efficace par l'éducation civique républicaine de l'histoire marxiste, opposée aux spéculations juridiques. Le recul du temps n'a fait que confirmer que les droits de l'homme occupent dans le système juridique républicain la place qu'occupait l'idéologie de la monarchie de droit divin dans l'ancien régime.

    L'effort de Marx peut largement se résumer à un effort de destruction de la morale pure et de ses effets pervers. Le point de vue antagoniste de Nitche, qui veut au contraire restaurer la morale pure dans ses droits, s'appuie sur le négationnisme historique ; s'il y a bien un aspect qu'il est facile d'invalider dans la pensée de Nitche, c'est l'aspect historique. Ce moraliste allemand raisonne uniquement en termes de civilisation, or pour Marx la civilisation n'est qu'un masque, destiné à protéger la culture de vie païenne.

    Dans le christianisme, la destruction de la morale pure est une condition "sine qua non" pour accéder à la spiritualité. L'épisode de l'évacuation brutale des marchands du Temple par Jésus est dans cette logique. Cet épisode a trop souvent été réduit à un mouvement de colère contre le mercantilisme, afin parfois d'en occulter le caractère anticlérical. Pour traduire l'accès de colère de Jésus, plutôt que de "commerce", il vaudrait mieux parler de "publicité", puisque celle-ci réunit les dimensions religieuses et commerciales. On peut parler du fanatisme religieux de l'Occident moderne, précisément à cause de son repli économique de plus en plus grand dans les limites du discours publicitaire. Des sociologues ou des thérapeutes s'étonnent parfois hypocritement du penchant des jeunes générations pour l'alcool ou la drogue, alors que la conscience de ces générations baigne le plus souvent dès le plus jeune âge dans la morale pure, c'est-à-dire la religion la plus aliénante.

    - Révolté contre l'odeur de magasin des républiques modernes, à commencer par les Etats-Unis, d'une manière moins radicale que Marx, un autre Charles, Baudelaire, stigmatise aussi la débilité des droits de l'homme en démontrant de façon ironique que, si droits de l'homme il y avait, compte tenu de l'iniquité sans remède de la société, le droit au suicide devrait figurer au premier rang de ces droits. De fait il n'y a pas d'ignominie plus grande que, pour une nation, faire la guerre "au nom des droits de l'homme" et d'une liberté que ceux-ci n'ont jamais procuré qu'à quelques possédants égoïstes. Quels exemples et quel sentiment de supériorité les élites dirigeantes occidentales peuvent-elles retirer du sinistre fanion de la démocratie, quand la preuve est faite et visible par le monde, qu'elle n'a engendré que des esclaves du veau d'or ? Afin de compléter Marx et Baudelaire on peut dire que plus une société s'honore de ses bonnes intentions, plus elle se rapproche de l'enfer.

  • Augustin et l'Antéchrist

    J'ai récemment dissuadé mon pote Fodio de se lancer dans la lecture de la théologie d'Augustin d'Hippone. J'étale ici un peu mieux mes griefs. D'abord le style d'Augustin est habituellement spéculatif, et ne va pas assez à l'essentiel, bien qu'il ne soit pas entièrement hypothétique comme le style de Blaise Pascal, apprécié des amateurs de noeuds de cravate.

    Mais surtout, Augustin se fie pour la "philosophie naturelle" à Platon, qui ne diffère pas des Egyptiens, dont le seul souci est l'ordre ou la vertu, et rien d'autre. Les chrétiens n'ont pas de bonne raison pour ressusciter ce que la Mer Rouge à englouti : l'éthique, que la métaphore de "mer rouge" restitue parfaitement, vu le nombre de crimes qui ont été commis en son nom.

    L'Allemagne est d'ailleurs un pays de néo-platoniciens, et on peut dire de Platon qu'il est la matrice intellectuelle de l'éthique nazie. Comme je n'ai pas encore trouvé de néo-platonicien allemand à la hauteur de Platon, j'en conclus la haine de cette nation pour le progrès. Même Nitche, après avoir fait l'éloge du dieu du carnaval et de la fête de la bière, est bien obligé de reconnaître qu'on ne peut pas célébrer Dionysos tous les jours.

    Sur ces entrefaites je me suis décidé à lire la "Cité de Dieu", qui ne désigne pas dans le christianisme la République de Platon, ni Rome, la Cité du Vatican, mais la "Jérusalem céleste", c'est-à-dire l'Eglise chrétienne immortelle. Sur ce point Augustin ne dévie pas du christianisme dont les buts métaphysiques renversent le procédé de l'ordre naturel sur lequel les civilisations païennes sont fondées, avec probablement un surcroît de science physique chez les Egyptiens, par rapport à toutes les civilisations suivantes, ce qui explique la fascination à travers les millénaires des alchimistes, architectes, hommes de loi (Montesquieu), et autres polytechniciens pour cette formule mathématique la plus parfaite. On peut même dire, bien que ce fut une théocratie inflexible, que les Egyptiens ont inventé l'utopie démocratique, hypothèse nettement moins élégante que les pyramides, mais non moins religieuse.

    Dans ce chapitre, Augustin n'est pas plus sûr de lui ; la formulation mythologique de l'apocalypse de saint Jean, à l'instar de nombreux passages du "vieux testament" des juifs, étant faite pour le dévoilement progressif et une meilleure conservation de l'esprit que cette mythologie recèle, offre en effet pas mal de résistance à l'esprit qui veut les traduire ; cela pour donner la mesure de l'extraordinaire travail d'élucidation entrepris par Shakespeare-Bacon.

    Augustin, donc, sur l'Antéchrist ("Cité de Dieu", XX, XIX) :

    "Je vois qu'il me faut passer sous silence de nombreux témoignages de l'Evangile et des apôtres sur ce dernier jugement, de peur que ce Livre ne prenne de trop longs développements ; mais il est impossible d'omettre ces paroles de l'apôtre Paul aux habitants de Thessalonique : "Nous vous prions, dit-il, mes frères, par l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre union en lui, ne vous laissez pas surprendre dans votre foi, ni épouvanter par aucune prophétie, aucune parole, aucune lettre que l'on supposerait venir de nous, comme si le Seigneur était imminent : mettez-vous en garde contre toute séduction. Ce jour n'arrivera point que l'apostat ne vienne, et que l'homme de péché ne paraisse, ce fils de mort, cet adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu, de tout ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, s'offrant lui-même comme Dieu. Ne vous souvient-il pas que je vous disais cela quand j'étais encore avec vous ? Et vous savez ce qui le retient, afin qu'il paraisse en son temps. Car déjà s'accomplit le mystère d'iniquité. Seulement que celui qui se tient maintenant, tienne toujours jusqu'à ce qu'il se retire. Et alors se découvrira l'impie que le Seigneur Jésus tuera d'un souffle de sa bouche et dissipera par le resplendissement de sa présence ; l'impie qui doit paraître dans toute la puissance de Satan, multipliant les miracles, les signes et les illusions du mensonge, et les séductions de l'iniquité pour ceux qui périssent faute d'accueillir l'amour de la vérité qui les eût sauvés. Et c'est pourquoi Dieu suscitera contre eux une telle puissance d'erreur qu'ils croiront au mensonge ; afin que ceux-là soient jugés qui n'ont pas cru à la vérité, mais prêté consentement à l'iniquité."

    Nul doute qu'il ne parle ici de l'Antéchrist ; et que le jour du jugement (qu'il appelle jour du Seigneur) ne doive venir après l'avènement de l'apostat, déserteur du Seigneur notre Dieu. Car si ce nom convient à tous les impies, combien plus encore à celui-ci ? Mais en quel temple de Dieu doit-il s'asseoir ? Est-ce dans les ruines du temple bâti par Salomon, ou dans l'Eglise ? Car l'apôtre ne donnerait pas au temple d'une idole, au temple du démon, le nom de temple de dieu. (...)"

     

  • Pédérastie et sacerdoce

    C'est le même mouvement qui provoque dans l'Eglise romaine les prêtres et les pédérastes. Ces deux genres de personnes sont d'ailleurs mues par le désir antichrétien de servir la société, bien que leurs utopies divergentes les mènent à s'affronter inutilement, et dans des termes juridiques assez spécieux pour ridiculiser l'esprit humain.

    Accessoirement, ce mouvement explique que les remèdes envisagés par cette Eglise pour éviter les débordements criminels en son sein soient non seulement vains, mais l'entraînent dans la voie du péché contre l'Esprit, en substituant au message véritable de paix et de vérité chrétien, une thérapeutique nécessairement démoniaque, visant la vertu et non le salut ou la liberté.

    Il est d'ailleurs aussi facile de psychanalyser une institution ou une personne morale (puisque celle-ci répond à la seule nécessité psychanalytique), qu'il est impossible de la réformer.

    Cette remarque illustre suffisamment pour un homme un tant soit peu viril la détermination féminine de l'Eglise catholique romaine, et qu'elle est avant tout destinée à servir le sexe et non le salut. De là des plaisantins qui n'hésitent pas à se faire les avocats d'un "érotisme chrétien", qui situe automatiquement la personnalité de leur "sainte mère l'Eglise" au niveau de celle d'Eve. "L'écologie chrétienne", non moins grotesque, est parcourue par la même veine de pornographie masquée sous les jupes de la vertu. Il n'y a bien sûr plus aucune excuse depuis Jésus-Christ pour Adam à se laisser attirer par l'arbre de la vertu ou de l'éthique.

    De l'observation patiente de ce phénomène au sein de l'Eglise romaine, d'hommes contraints dans un devoir social non élucidé par son clergé, autrement que par des calembredaines ou des mensonges éhontés, et bien que je n'ai pas subi de la part de cette société-là plus de violences qu'un homme est en droit d'attendre d'une société en général, j'ai tiré la conclusion d'une fuite nécessaire pour mon salut, hors de cette grotte dont les solutions miraculeuses n'ont rien de métaphysique.

    La raison chrétienne de haïr la société est fournie par Shakespeare : la société commence par priver l'homme de la possibilité de s'aimer, condition "sine qua non" pour pouvoir aimer autrui vraiment, en dehors du terrible système de régulation des besoins qu'on appelle "société", blanchie par les pharisiens à mesure du temps, avec une frénésie d'autant plus démoniaque qu'en enflant, la société a pris une figure qui, sans ce maquillage, la rend d'autant plus identifiable avec l'enfer.

    Ne jamais dire "amen" tant que rien n'a été encore accompli. Ou ne le dire qu'à l'heure de sa mort, surtout quand on est une "personne morale", puisque la mort est la seule fin des personnes morales ou de la culture de vie païenne.

     

     

  • L'imposteur Plunkett

    Ma constance à dénoncer l'imposture du journaliste Patrice de Plunkett et son antichristianisme, est aussi forte que celui-là est déterminé à fermer la porte de son blogue à quiconque n'est pas un client potentiel de sa littérature.

    Léon Bloy, "catholique romain" comme Plunkett, souligna néanmoins l'infâmie qu'il y a à exercer le métier de journaliste : hélas, le pauvre Bloy ne se doutait pas que la publicité commerciale, moins présente de son vivant, ferait qu'on vendrait un jour des polices d'assurance, des voitures ou des avions de chasse au nom de Jésus-Christ, tout en mettant un terme à la liberté d'expression de cette façon.

    On n'est pas obligé d'acheter "Le Figaro" quand on tient la valeur éditoriale de ce journal pour nulle, ou la pornographie élégante de son supplément pour secrétaires de direction pour une injure à l'esprit français humaniste. Mais, s'agissant d'internet, il en va pour moi autrement : je considère ce terrain, non pas comme le prolongement naturel du discours publicitaire en provenance des hautes sphères de la société civile, mais comme le lieu de la reconquête par les milieux populaires français de l'intelligence, d'excavation des lupanars séduisants où l'élite française a maintenu ces milieux, afin de mettre au service de la mastication sociale de l'homme par l'homme ceux qui précédemment servirent aux machines et aux canons des mêmes maîtres.

    C'est encore un "catholique romain", Georges Bernanos, qui prétend que la "Libération" fut un mensonge plus grand encore que la collaboration. Or la propagande de Patrice de Plunkett peut se résumer au double effet qu'elle a de censurer le propos de Bloy : La presse subventionnée par la société civile française est une puissance occulte ; et celui de Bernanos : Les partis politiques qui se sont emparé du pouvoir à la Libération en France n'ont rien fait pour réduire l'iniquité des régimes précédents, abaissant l'esprit critique des Français à un niveau inédit de bêtise.

    Ici j'en profite pour compléter l'avis de Bernanos : il est hautement probable que la plus grande peur des "bien-pensants", dont P. de Plunkett ne fait que grossir la meute, est que la société dont ils passent leur temps à justifier le point de départ, l'évolution ou la solution finale, cette société n'a aucun sens en dehors de celui qui pousse les particules élémentaires à s'agglomérer entre elles ; et, par conséquent, que l'absurdité grandissante des moeurs occidentales n'entraîne de la part des "bien-pensants" un délire de justification consécutif, pléthore de théories de réforme qui, comme les mondes multiples ou le purgatoire, ont pour but de rassurer les "bien-pensants", de les disculper bien plus qu'autre chose.

    Ophélie, sainte patronne des bien-pensants catholiques, ayant vu qu'aucun de ses mobiles ne pouvait convaincre Hamlet, met aussitôt fin à ses jours, vu que l'absence de mobile équivaut pour le bien-pensant à une condamnation à mort.

    - L'accusation à l'encontre de P. de Plunkett, exactement comme le pape, est de graisser les rouages d'une mécanique sociale qui tourne à vide. Si Plunkett était mécanicien ou publicitaire, il ferait son métier sans que j'y trouve à redire, mais c'est l'usage de l'argument chrétien qui est scandaleux de sa part, au service d'une cause qui n'a pas plus de fondement chrétien réel que le stalinisme, le régime de Louis XIV ou la constitution des Etats-Unis.

    Plunkett veut qu'on prenne les argousins de la pensée démocrate-chrétienne retranchés à Bruxelles dans leurs exercices comptables scabreux - leur défi au Ciel -, pour d'authentiques défenseurs de la vérité. Et ça ne devrait plus être possible. La tactique est d'ailleurs grossière et doit être concertée dans quelque "Rotary-club chrétien", puisqu'elle est imitée par d'autres représentants de commerce chrétiens, sur le mode : "Tant que l'économie libérale, à laquelle nous n'avions rien trouvé à redire quand elle garantissait un rapport suffisant, tant que ce système d'enrichissement sans cause et de vassalité à l'échelle mondiale connaît des ratés, feignons de partager la déception de l'opinion publique, déçue par le modèle économique libéral, tout en continuant de faire croire qu'il est une économie libérale qui, dans l'absolu, peut se passer du rapport de force et de l'exploitation, contrairement à la démonstration de Marx que ça n'est pas possible ; deuxièmement, faisons croire que le mobile économique est compatible avec le christianisme, alors même que les apôtres, mettant leurs biens en commun, ont privé la monnaie de son infernale nécessité."

    Cette tactique est cousue de fil blanc, et le fait de tous les partis libéraux en ce moment. De François Hollande déclarant qu'il n'aime pas l'argent, de Barack Obama lâchant des services sociaux pour acheter la paix sociale dans son pays, de BHL propageant la démocratie et les droits de l'homme dans tous les pays qui ne sont pas des clients privilégiés des industriels de l'armement français, de N. Sarkozy pointant du doigt la responsabilité des "traders" et des excès du "néo-libéralisme".

    Elle signifie, sur le plan politique étranger au message évangélique, selon tous les théologiens appuyés sur un minimum de logique, que la démagogie et le populisme viennent bien de l'élite et non du peuple, qui à force d'iniquité ne peut plus réagir que comme une bête coincée dans une impasse, parce que les élites se sont efforcées d'empêcher dans le peuple tout effort individuel de libération, et d'abord en censurant dans le christianisme tout ce qui permet de comprendre qu'il échappe à toute forme de récupération éthique ou politique.

  • Prière anticapitaliste

    Faites, mes frères qui êtes aux Cieux, que votre esprit de feu empêche les pharisiens qui parlent au nom de Jésus-Christ d'ourdir et de prôner le mensonge du cercle vertueux de l'argent ou de la société, là où il n'y a jamais eu qu'une roue de torture inique, instrument de désolation des plus faibles afin de servir la consolation des puissants, figés dans la peur de n'avoir été, de n'être ou ne devenir rien d'autre que de vagues souvenirs, tels que les morts s'échangent entre eux au sein des cimetières.

    Que votre esprit procure la franchise à ceux qui ne sont pas encore assez vermoulus pour la supporter, ou qu'il soit la colère foudroyante promise sur les dernières racines du figuier de l'éthique judéo-chrétienne de l'assassin.

     

     

     

  • Jésus selon Petitfils

    L'universitaire athée Jean-Christian Petitfils a pondu un bouquin sur "Jésus", le sauveur des chrétiens, qui témoigne de la bizarrerie de notre époque où l'Université est en pointe. Je dis "athée", car ce bouquin n'est pas pour les chrétiens, qui reliront avec beaucoup plus de profit les évangiles.

    Comme les athées se piquent de science, et qu'elle conduit leurs pas sur le chemin de la connaissance ultime en forme d'oreille (c'est très chiant la science athée, parce qu'on en connaît déjà la fin depuis le début), la compilation de Petitfils se veut scientifique. En gros, c'est une compilation des documents historiques attestant de la vie de Jésus, à quelques années près. Petiitfils dit "sept" : toute la ressource du savant moderne est dans le détail, et il se comporte plus comme un instrument de la science, que comme un véritable savant. La science moderne, du point de vue chrétien, ressemble à s'y méprendre à une ésthétique, et donc à une posture. Il est plutôt désopilant ce goût de la science, quand l'inconscient collectif moderne exige que tous les points de vue se valent.

    L'universitaire se méprend doublement, sur l'athéisme moderne et sur le christianisme. Ce n'est pas tant que les athées modernes ne croient pas que Jésus-Christ a réellement existé, mais ils ne veulent pas le suivre - ils ne l'aiment pas -, c'est bien différent ; ils préfèrent suivre la musique.

    J'imagine que Jean-Christian Petitfils a voulu suppléer aux déficiences de l'enseignement laïc républicain, qui ne s'intéresse qu'à lui-même, et ne dit pas toujours clairement son nom d'instruction civique. Les sectateurs de la République laïque reproduisent en fait ce qu'ils disent souvent détester le plus : le catéchisme. Ici on remarque que la philosophie des Lumières procède bien différemment : d'abord parce que les philosophes des Lumières ne croient pas positivement que dieu n'existe pas, ensuite parce que c'est l'enseignement de l'Eglise romaine que les Lumières critiquent ou contestent, en connaissance de cause. Au total, le bouquin de Petitfils est le point de vue de cet auteur sur le christianisme, qui n'en tolère pas puisqu'il conçoit la vérité comme étant indivisible.

    La découverte récente des manuscrits de la Mer Morte confortera peut-être ceux qui doutent, mais le christianisme n'est pas fondé sur la foi. Contrairement à l'allégation mensongère de cet universitaire, la résurrection du Christ n'est pas une "question de foi", mais un fait historique, c'est-à-dire scientifique. Je reprends ici une explication de Guy Debord dans "La Société du spectacle". L'homme n'est du point de vue chrétien qu'une hypothèse, comme toutes les choses vivantes. La réalité pour un chrétien est métaphysique ; autrement dit, la résurrection qui est métaphysique, c'est ça qui pour un chrétien est scientifique, c'est-à-dire le début de l'apocalypse. Ainsi, un savant chrétien à la logique rigoureuse comme Francis Bacon, qui ne se préoccupe que secondairement des questions de mathématique ou de foi, considère la résurrection comme un fait historique ou scientifique, et non comme un objet de spéculation, ainsi que l'homme l'est pour lui-même, afin de se réconforter entre deux catastrophes.

  • Pornographie et nazisme

    Le caractère pornographique du nazisme a été précisé par une essayiste britannique dont le nom m'échappe, avant que ce thème ne soit repris dans le roman à succès de l'écrivain yankee Johnatan Littell ("Les Bienveillantes"), dont le héros sadique est imprégné de culture, en même temps qu'il est hanté par des fantasmes sexuels incestueux - une sorte de Marquis de Sade, du point de vue français, puisque ce dernier n'était pas exempt du vernis culturel de sa caste.

    La culture de Sade est monomaniaque et ennuyeuse comme l'étalage des techniques et prouesses sexuelles dans l'art ou la littérature, mais elle permet mieux à mon sens que le pavé du Yankee d'établir le lien entre la culture et la propriété, dont Sade fut un aussi virulent défenseur que du viol. Il faut dire à la décharge de Sade, comme à la décharge des soldats nazis, qu'ils furent entraînés très jeunes à défendre la propriété "par-delà bien et mal", comme disent les apôtres de Dionysos, c'est-à-dire jusqu'à ce que leur mobile se confonde avec celui des forces de la nature, qui frappent sans pitié.

    L'ouvrage de Littell n'était pas prédestiné à un bon accueil en Allemagne, dont le goût pour la pornographie n'a pas faibli sous le régime libéral qui a suivi le nazisme, et alors même que la société civile allemande s'emploie tant qu'elle peut à démontrer qu'elle a chassé ses vieux démons. L'Allemagne est passée du cirage au léchage de bottes de tous ceux qui se disent qu'un tel nettoyage gratis est toujours bon à prendre ; au stade pornographique, comme dans les casernes, la morale se situe au niveau de l'hygiène : le Juif, le Polonais, le Russe, ou qui vous emmerde, est assimilé à la bactérie, et c'est le minimum pour un pornocrate doté de valeurs éthiques, de s'assurer que ses ustensiles sont bien nettoyés.

    Les intellectuels fachistes français d'avant-guerre sont une autre cible de Littell, qui occulte qu'une des principales raisons de la séduction du régime nazi sur ces journalistes, poètes et écrivains, fut leur haine de la civilisation anglo-saxonne, mercantile jusqu'à l'ostentation. C'est assez curieux pour un écrivain qui s'attaque au défunt nazisme sous l'angle de la pornographie, de ne pas s'attaquer aux nations actuelles vivant sous ce régime, à commencer par la patrie d'origine de cet écrivain, les Etats-Unis, dont on voit mal comment elle pourrait se passer de la publicité commerciale, et donc de la pornographie, qui traduit le même état de frustration et d'aliénation mentale de ses citoyens que l'Allemagne de Hitler. En outre, vu l'âge des Allemands aujourd'hui, ils sucent plutôt de la glace qu'autre chose, et leur culture de vie sauvage en a pris un coup.

    L'énigme de la bestialité des nazis n'est pas bien grande : elle se nourrit de l'excitation des passions et des mirages ou du cinéma que celle-ci engendre, vieux truc multimillénaire dont les tyrans se servent pour asservir les masses, qui si elles jouissaient convenablement se tiendraient mieux à distance des chiffons rouges dionysiaques agités par leurs élites, afin d'assurer la défense de leur propriété par des robots décapités.

    Probablement l'admiration de l'universitaire démocrate-libéral pour le marquis de Sade vient-elle de ce que celui-ci était capable d'assassiner lui-même son prochain à l'arme blanche, quand l'universitaire moderne ne va pas plus loin que le cinéma et le jus de navet qui circule dans ses veines.

     

  • Krach de l'Art

    Bien qu'il peut tirer des leçons de la ruine de la civilisation, est la chose du monde qui laisse le chrétien le plus indifférent. La culture est ce qui fait avancer la société vers un point obscurs, qui demeure abstrait, et auquel la foi et la raison communes se soumettent comme à un dieu.

    La culture s'efforce de créer l'envie. Un phénomène culturel majeur, aujourd'hui, c'est la publicité. On ne pourrait l'éradiquer sans entraîner un régime nouveau, dominé par une autre sorte d'intellectuels. Seuls quelques éléments des jeunes générations souhaitent un tel schisme ou contre-culture, ayant conscience du viol que les générations précédentes leur ont fait subir. Leur nombre est surtout dans les suicidés de cette nation.

    Au contraire de la culture qui tend vers l'abstraction, l'art chrétien tend vers le réalisme et l'exposition toujours plus grande de la vérité, sans tenir compte de l'anthropologie, ou n'en tenant compte que pour mieux se préserver de ses effets.

    On comprend ici pourquoi Shakespeare s'efforce intelligemment de détruire la culture chrétienne médiévale, dans toutes ses parties et, faut-il le préciser, dans un but pacifique, la culture étant - toujours du point de vue chrétien - un instrument de mort. Ce qui attire, ou au contraire repousse l'athée dans l'art de Shakespeare, suivant sa disposition d'esprit, c'est incontestablement son réalisme, à l'exception peut-être de l'imbécile Stendhal qui n'a jamais rien compris à rien, et annonce pléthore d'ahuris qualifiant Shakespeare d'auteur baroque ou romantique, sous prétexte qu'il y a dans une de ses pièces, un personnage qui joue de la viole.

    Il faut envisager la culture, synonyme de musique, comme un mouvement. A la limite, c'est la contre-culture qui compte seulement dans la culture, car c'est elle qui engendre le mouvement, en recylant de vieilles choses pour les faire paraître neuves ou "modernes". Les efforts de Picasso naguère, par exemple, de ce point de vue social ont compté, et il est plus juste de voir Picasso comme un musicien que comme un dessinateur. C'est son aptitude à chanter un air nouveau qui redonne espoir à la société. Il est significatif d'ailleurs que, pour tenter d'annexer l'anarchiste Céline à la culture, on tente de le réduire à la musique, comme s'il n'avait pas dissuadé le peuple par ailleurs de servir de chair à canon pour les organisations internationales de paix.

    Comme toutes les choses agricoles, la culture est soumise au principe de "l'éternel retour", de la friche, de l'assolement ou de la désertification. L'agent culturel Picasso fait du recyclage ou des greffes subtiles.

    La crise de la culture occidentale est annoncée depuis le XIXe siècle, notamment par K. Marx, qui prône le réalisme et porte par conséquent un regard peu sentimental sur les fanfreluches culturelles du socialisme libéral ; Marx, qui a même prévu le priapisme intellectuel de nos élites. "Priape" est bien choisi, à cause du gaspillage de la semence, qui a le don d'excéder le peuple, moins apte à se laisser méduser par la culture que le haut-clergé, comme s'il avait le pressentiment de la mobilisation générale à quoi sert la culture, et des charniers que dissimule l'abstraction. La guerre et les charniers sont bien sûr un moment décisif de la civilisation, qui se renouvelle dans le sang bien plus efficacement que dans les plaidoyer vivrants de poètes mineurs pour convoquer la paix.

    "La beauté de la charogne" aussi, expression employée par Baudelaire, annonce le krach de l'art et l'éthique des charognards. Ces critiques sont difficiles à recevoir du point de vue de l'agent culturel, puisque la culture s'inscrit nécessairement dans un plan mathématique infini, et que le rôle de la culture est d'imperméabiliser contre la critique, de renforcer l'inconscient collectif autant que possible.

    Si le christianisme est pur de toute culture, éthique ou esthétique, ce qui lui vaut la haine de Nitche, c'est pour permettre au chrétien de mieux résister à l'éparpillement de soi engendré par le temps et toutes les disciplines qui le consacrent. Rien n'est plus incitatif à considérer la mort comme une nécessité inéluctable que la culture. On voit d'ailleurs dans l'évangile un des personnages les plus "culturels", résister à l'explication de Jésus que la mort n'est pas une nécessité absolue, mais un phénomène naturel, selon lequel l'homme peut se déterminer, ou pas : Marthe, soeur de Lazare.

    Jésus est ici fondé scientifiquement à dire que la culture exclut la liberté individuelle. Ce que la culture pose en effet comme un principe, en lieu et place de la liberté individuelle, c'est le hasard. L'historien qui tient compte de la culture pour chercher le sens de l'histoire, ramène celle-ci au destin et ne décèle dans l'histoire aucun autre sens que mathématique ou juridique, ajoutant ainsi une rangée de plus à la grande broderie des anthropologues. Ainsi du philosophe de l'histoire nazi Hegel.

    La violente détermination macabre de la culture ou de la musique a pour conséquence d'inciter l'homme, suivant son potentiel, à ordonner sa vie en fonction de sa mort, ce qui l'abaisse sur le plan de la conscience, indique Shakespeare, à un niveau inférieur à celui des espèces animales, qui n'ont même pas d'effort culturel à produire pour arriver au même résultat.

  • Politique et littérature

    Il paraît qu'il n'y a pas besoin d'être pédéraste pour lire Proust. Parce qu'il n'encule que les mouches ? Dans ce cas il faut être homosexuel ET fonctionnaire.

    Il paraît qu'il n'y a pas besoin d'être antisémite pour lire Céline. Parce qu'il annonce d'autres génocides sous le prétexte démocratique ?

    Et est-ce qu'il ne faut pas être un vieux sphinx cancéreux pour lire Machiavel ?