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  • Helmet Knight

    De la Charité, l'Âme est une adversaire farouche. Et séduisante. C'est là le plus important, la séduction. Car pour que la mort soit bonne, il faut que l'Âme soit belle. Le temps dévore de l'intérieur. Il "prend possession" de ses victimes.

    On croit souvent qu'Hamlet, dans son château d'Elseneur en plein Danemark, a des "états d'âme", voire qu'il tergiverse. Pas du tout ; Hamlet derrière son heaume cherche le point le plus efficace où donner son coup de lance. Il ne s'agit pas de rater l'oeil du cyclope et de gaspiller ses forces en vaines estocades. Mais une fois les forces du mal circonscrites, on observe qu'Hamlet vise juste, et ce même à travers le voile de lin fin.

  • Les 200 familles

    "- Le Groupe Dassault ne vend pas des armes, il vend des outils de défense nationale !" Propos abjects du "président" Serge Dassault, sorte de Grand Python froid, presque pas de front, comme certaines statues égyptiennes. Par-dessus le marché, un rappel de la mémoire des déportés de sa famille et des camps de concentration allemands : les horreurs passées pour en justifier de nouvelles. On est sur "France 3", chaîne de propagande d'Etat.

    Mais Serge Dassault n'est pas chrétien ; j'ignore quelle est sa religion exactement ? Une d'où les pactes avec le diable ne sont pas exclus, manifestement. Le contrat est d'une telle ampleur qu'on ne peut douter que les sbires de Dassault seront entraînés dans le gouffre avec leur Maître, son cynisme et ses "outils" de défense nationale. Les prières des martyrs vont dans ce sens.

    La fourmilière est comme désemparée, ses ouvrières commencent de tourner en rond et ses soldats sont pris de nervosité. Bref on a là, sous les yeux, le résultat de la politique des "200 familles" et de leurs aumôniers. Les terres en friche, les rivières empoisonnées, le gaspillage immense, la banqueroute d'un pays de Cocagne, ce sont eux. Et "France 3" ne trouve rien de mieux, dans cette débâcle, que de tenter de redorer le blason de la dynastie Dassault, Wendel ou Bettencourt.

    Dans son "Journal de la Libération", Jean Galtier-Boissière, bien que plutôt gaulliste et certainement anticommuniste, réprouvant certains abus de la Résistance, déplore que les FFI n'aient pas profité de l'occasion pour mettre au pas les "200 familles" qui, dit-il, n'ont pas mis beaucoup de temps avant de relever la tête.

    Que peuvent les armes de Dassault, la fortune des Bettancourt, l'acier des Wendel, tout l'encens de leurs thuriféraires, contre la colère de Dieu ?

     

  • Signes sataniques du temps

    Il faut dire que l'attaque grossière de Prieur et Mordillat contre l'apocalypse est relayée à l'intérieur de l'Eglise elle-même, de façon plus subtile.

    La bouffonnerie de Prieur et Mordillat, qui consiste à prétendre que l'Apocalypse n'est qu'un pamphlet, alors même que la vision de saint Jean est animée par des phases qui correspondent à la vie du Messie lui-même, cette bouffonnerie n'est que la partie émergée d'un iceberg plus gros.

    J'en veux pour preuve la réponse du Père Alain Bandelier à la question posée par une de ses ouailles dans le magazine "Famille chrétienne" (21-27 fév. 2009 - magazine dont l'intérêt est de refléter la doctrine officielle actuelle du Saint-Siège, qualifiée parfois de "judéo-chrétienne").

    Question : "Que faire pour que le Seigneur revienne enfin dans la gloire et mette ainsi un terme aux horribles souffrances que subissent les hommes de siècle en siècle ?"

    Réponse : "(...) Même les chrétiens ont régulièrement la tentation de "décrocher" de leur espérance théologale pour s'accrocher à un rêve : le retour du Christ sur terre. C'est l'hérésie du millénarisme, selon laquelle Jésus viendrait régner mille ans ici-bas - alors qu'il a clairement dit que son royaume n'était pas de ce monde. (...)"

    Abracadabrante réponse ! A une question, qui, de toute évidence, traduit une soif d'apocalypse ; le genre de question qui risque d'être réitérée au Père Bandelier vu l'effroi dans lequel le monde est en train de plonger.

    D'abord, contre Bandelier, il convient de rappeler le texte de la vision de saint Jean à Patmos, vision qui contient toute l'Histoire :

    "Puis je vis des trônes, où s'assirent des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné, et JE VIS les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et ceux qui n'avaient point adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Mais les autres morts n'eurent point la vie, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. - C'est la première résurrection ! - Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux ; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans." Ap. XX, 6.

    Ensuite quelques explications : dans sa réponse, le Père Bandelier tente d'assimiler le "monde" au monde PHYSIQUE, autrement dit à la "Nature", autant qu'on puisse interpréter l'idée de ce clerc, qui n'a pas l'air de savoir très bien lui-même ce qu'il dit, ajoutant juste après : "Aux pharisiens qui l'interrogent sur la venue du Royaume, il répond qu'il n'est pas ici ou là, comme une chose observable ; c'est une réalité intérieure à l'Histoire" ?????? Cela ferait sourire sur les "éclaircissements" que ledit Bandelier est censé apporté à ses lecteurs, si ce clerc ne portait pas une accusation grave d'hérésie contre la théologie qualifiée de "millénariste" dont Léon Bloy et Simone Weil sont les ultimes représentants, mais qui s'appuie aussi sur Joachim de Flore, François Bacon alias Shakespeare, sans oublier François d'Assise, phalange rassemblée derrière la bannière du Saint-Esprit.

    Le "monde" dont Jésus parle n'est pas bien sûr la Nature célébrée par François d'Assise mais ce que Shakespeare appelle "le temps", représentés dans le Nouveau Testament par les Pharisiens et Ponce-Pilate, autorités religieuse et politique liguées contre le Messie et son message. Nul besoin d'avoir fait sept ans de séminaire pour savoir le sens d'une "mondanité".

    Venant d'un clerc dont la gazette, "Famille chrétienne", n'hésite pas à substituer la télévision à la vision véritable, une gazette appliquée à sceller le pacte entre l'Eglise et le Siècle en présentant le capitalisme comme une fatalité, le darwinisme comme la seule façon possible de concevoir le progrès, une gazette où l'on ose se demander si les Etats-Unis ne constituent pas un modèle de "Cité de Dieu" (!), Etats-Unis dont le satanisme transpire de partout, dont la gazette n'hésite pas à présenter la soldatesque française au service des cartels du pétrole comme un détachement de croisés, venant de ce Bandelier, l'accusation d'hérésie, assurément, ne manque pas de culot ! Pour ne pas dire de calotte.

  • Comme une bête

    Mgr Williamson, traqué comme une bête par les caméras et les journalistes, casquette de base-ball sur la tête et ray-ban devant les yeux, c'est l'image de l'Eglise elle-même, incomprise et ne comprenant rien, comme sidérée, sous la cendre.

  • Journaliste et chrétien ?

    Peut-on être journaliste et chrétien en même temps ? En dehors de la conjoncture même, de la mainmise de l'industrie sur les médias qui l'interdit pratiquement aujourd'hui, force est de constater que c'est un métier incompatible avec le combat aux côtés du Saint-Esprit, combat qui est l'essence du catholicisme, essence bien comprise par Simone Weil qui, Dieu merci, est vierge ou presque de tout "journalisme".

    Cette "somme de journalisme" qu'est Jacques Julliard, observateur obstrué, peut bien essayer de démontrer le contraire, il n'y a qu'un imbécile pour ne pas voir que Simone Weil n'aurait pas "tenu" trois jours dans une "rédaction" au milieu des scribes, qu'elle aurait été virée sur le champ pour excès de pertinence. La vie de Simone Weil elle-même constitue une purge de l'esprit journalistique qui plane sur nos têtes, tel un gaz asphyxiant : gaz hilarant lorsque Obama est élu, gaz irritant lorsque un type inconnu, Williamson dit... dit quoi, au fait ?

    L'actualité est au coeur du métier de journaliste, et l'actualité est synonyme de ce que Shakespeare appelle "temps", ou que d'autres théologiens appellent "le monde". Autrement dit le territoire de Satan, où la Bête de la terre a toute-puissance. (Parlez du diable à un journaliste démocrate-chrétien, il vous regardera avec des yeux de merlan frit ; parlez-en avec un enfant, il pigera tout de suite où vous voulez en venir, ce d'autant plus que les symboles sataniques ont envahi les jeux et les distractions des enfants, passés de la culture populaire yankie à la culture populaire française au cours des dernières décades, avec la complicité du clergé*.)

    *

    Il y a une tentative importante et célèbre de "journalisme chrétien", c'est l'"Univers" de Louis Veuillot (1813-1883), polémiste catholique souvent imité depuis, rarement égalé, et dont l'organe eût une puissance équivalente à celle d'une chaîne de télévision aujourd'hui.

    Quoi que l'attitude bienveillante du pape Pie X à l'égard de Louis Veuillot puisse laisser conclure, l'entreprise de Louis Veuillot s'est globalement soldée par un échec. L'Histoire donne raison à Léon Bloy, plus que dubitatif sur les velléités de Veuillot de propager la Charité par le moyen de la presse. Bloy permet d'ailleurs de poser le problème comme il faut. Le rapprochement entre l'"actualité" et le "temps", pour éviter précisément d'être emporté par "l'air du temps", ce qu'un journaliste laïc lui-même refuse, oblige en principe un journaliste chrétien à parler de l'actualité dans une perspective eschatologique. Hors de ce cadre, défini par Léon Bloy, le journalisme au sens chrétien est nul et non avenu. Bloy ne se contente pas là de définir un simple "cadre", il fixe un sommet élevé, car il y a bien sûr, de l'eschatologie à la critique des films qui passent à la télé comme un GOUFFRE, que même un abonné à "Famille chrétienne", "Télé-Poche" ou "La Vie" est capable de voir -ou bien c'est que "La Petite Maison dans la Prairie" fait des ravages dans les jeunes cervelles encore plus grands que ce que je crois.

    Et l'échec de Veuillot tient à cela, à ce qu'il n'a pas été à la hauteur de l'eschatologie nécessaire. Ses origines très modestes, sa formation "sur le tas", le climat insurrectionnel dans lequel Veuillot a mûri, toutes ces raisons peuvent expliquer la faiblesse de la critique de Veuillot, historique notamment. Mais ce n'est pas le problème, il ne s'agit pas de condamner les "intentions" de Veuillot mais de juger du résultat, car contrairement à ce que prétend de façon hypocrite saint Augustin, les intentions seules ne comptent pas ; le résultat a, on est bien placé pour s'en rendre compte, une importance très grande. La Bible elle-même prône contrairement à Augustin l'action et son résultat sur les bonnes intentions dont le parvis de l'Eglise est pavé.

    Une précision s'impose à propos de Veuillot et de "L'Univers" : aussi peu avisé fut celui qu'il est convenu de tenir aujourd'hui dans l'Education Nationale totalitaire pour "un méchant réactionnaire", "l'ennemi de Victor Hugo", aussi peu avisé fut-il des mobiles réels du régime de Napoléon III, Veuillot ne fit JAMAIS preuve de l'aveuglement VOLONTAIRE des démocrates-chrétiens actuels, journalistes aux "Figaro", par exemple, quant aux mobiles réels de Sarkozy et de Fillon, dont ils ne se dissimulent d'ailleurs quasiment pas.

    *

    Puisque ni Bloy ni Simone Weil ne furent "journalistes" au point d'embrasser cette profession et d'en épouser les usages,  y eût-il dans l'Histoire des journalistes "catholiques", c'est-à-dire apocalyptiques ? En dehors de Balzac, de Marx et de Engels, traqués par toutes les polices d'Europe ou presque pour cette raison, je n'en vois pas. Alphonse Allais ? Il s'est contenté de souligner l'absurdité profonde des principes républicains, ce qui n'est déjà pas mal, mais si j'en fais un journaliste "apocalyptique", on va m'accuser de "charrier", alors que j'essaie d'être juste. Villiers de l'Isle-Adam, en revanche, entre dans le cadre, compte tenu de la forme très spéciale de journalisme qu'il pratique. Et j'ajoute Daumier, pour sa façon de peindre le clergé laïc, avocats, magistrats et députés, sous les traits de pharisiens déchaînés, vision assurément apocalyptique.

    Balzac, Marx, Engels, Villiers, Daumier... disons une petite phalange ; maigre recensement.

    *Sur la complicité du clergé dans le satanisme, accusation très grave, je reviendrai ultérieurement comme il se doit, à partir de l'exemple de Jean Guitton.

  • Merde à la Nostalgie !

    Ce que le « Journal de la Libération » de Galtier-Boissière révèle c’est l’effacement, dans un régime totalitaire, de l’histoire immédiate par le cinéma. Sans le cinoche, les gens liraient, et le récit véridique de Galtier-Boissière leur serait parvenu. Récit véridique : je n’y étais pas, mais je sens bien que c’est vrai. Tandis que le cinéma, c’est du flan, le genre de petits arrangements avec la vérité que les gonzesses aiment, pour la rendre plus sentimentale, la vérité cuite et la recuite dans l’eau de rose. A dégueuler.


    Après tout, on aurait le droit de la savoir, cette histoire-là à peine enterrée, puisqu’on en sort directement. Au lieu de ça, roulements de tambours laïcs, lettre de Guy Môquet par-ci, repentance par-là, tout le rituel factice et les mises en scène, le bal des faux-culs.
    L’Education nationale n’est pas la seule « meilleure alliée » du régime totalitaire, le cinéma l’est aussi.
    Ce qui me plaît aussi chez Galtier-Boissière, par rapport à Nimier, c’est qu’il n’essaie pas de faire du style. Il n’y a pas plus con que le style. C’est la gomina qu’on se met dans les cheveux dans l’espoir de plaire aux gonzesses. Si tous les écrivains aujourd’hui commettent l’erreur de vouloir avoir du style, c’est parce qu’ils vont beaucoup trop au cinéma. De là vient l’idée que de rien on peut tirer quelque chose.
    Donc je continue de recopier Galtier-Boissière :


    « 1er septembre 1944 – Quelques fifis ont pris des miliciens du Lycée Saint-Louis la mauvaise habitude de pointer leur mitraillette sur l’estomac des passants, et la plaisanterie est aussi peu goûtée que l’arrogance de certains blanc-becs qui barrent une rue sans raison, pour prouver au quartier qu’ils détiennent encore une parcelle d’autorité.
    J’assiste devant l’Odéon à une altercation entre un fifi de dix-huit ans, péremptoire, et un camelot quinquagénaire, décoré de la médaille militaire, qui le rabroue : ‘Ah ! dis, petite tête, ramène pas ta fraise ! T’as vu le carrefour Saint-Michel, c’est entendu, mais moi j’ai fait Verdun, figure-toi !’


    Chiffre officiel des tués de l’insurrection : Neuf cents, dont moitié badauds. Il est heureux que certaines victoires retentissantes se soldent par des pertes minimes : Valmy, la plus grande victoire des armées de la République (dont Goethe disait qu’elle ouvrit une ère nouvelle à l’humanité), ne coûta que quelques dizaines de morts, et le nombre des défenseurs de la légitimité tués lors des « Trois Glorieuses » se limita à cent trente-trois…


    3 septembre – La presse exige la mise à l’index des maisons d’édition collaboratrices : Sont visés particulièrement Bernard Grasset, Gallimard qui a livré la NRF à la propagande nazie ; le belge Denoël qui publia les étonnants 'Décombres', de Lucien Rebatet …
    Des Allemands disaient ingénument en partant : ‘Nous reviendrons dans trois mois. Nous ne pouvons vivre qu’à Paris.’
    Von Choltitz a la cote d’amour parmi les officiers qui ont traité avec lui la capitulation allemande. Le gouverneur de Paris n’a pas exécuté les ordres sauvages de Hitler, n’a pas fait sauter le Sénat, ni bombardé la ville :
    ‘Je n’ai pas voulu attacher mon nom, aurait-il déclaré, à la destruction de votre célèbre capitale.’


    6 septembre – Gallimard est un gros malin. Il ne sera pas arrêté comme Grasset car, lui, jouait habilement sur les deux tableaux. Pas fou, le vieux ! A la Nouvelle Revue Française, deux bureaux se faisaient face : Le bureau de Drieu, membre dirigeant du parti Doriot, collabo sincère, directeur de la revue NRF pro-nazie, et celui de Jean Paulhan, résistant de la première heure et fondateur, avec Jacques Decour, du journal clandestin antiboche 'Les Lettres françaises'.
    Le ‘percheron qui se pique à la morphine’ comme l’appelait Cocteau, est un as du double-jeu.


    Toute la famille du général von Choltitz aurait été passée par les armes, en Allemagne.


    La charmante gavroche Arletty a été arrêtée. On lui reproche d’avoir eu une faiblesse pour un beau fridolin.
    - Qu’est-ce que c’est que ce gouvernement, s’est-elle écriée, outrée, qui s’occupe de nos affaires de cul !
    Notre littérature a toujours applaudi à toutes les bonnes fortunes de nos militaires triomphants auprès des femmes de tous les pays d’Europe. Mais nous ne pouvons admettre qu’un vainqueur étranger remporte chez nous des succès du même ordre.


    Il paraît qu’à Drancy, du temps des juifs, les affaires ne chômaient pas. Un gendarme était appointé quinze mille francs par mois par quelques gros pontes pour porter chaque jour les ordres de Bourse.


    Georges Salvago, grand blessé de l’autre guerre, et qui s’était jeté dans la récente bagarre, me raconte qu’un vieil israélite du quartier Monceau, se réjouissait d’être à jamais débarrassé de l’équipe d’affreux miliciens qui occupaient un immeuble en face de son appartement.
    Or, quelle ne fut pas sa surprise, le lendemain de la Libération, de voir de sa fenêtre un grand banquet FFI dans le même local et de reconnaître parmi les convives tous ses miliciens de la veille.
    Il donna l’alarme et toute la bande fut promptement ‘groupée’.


    8 septembre 1944 – « La fin de la guerre est proche », déclare le général Dempsey, dans un ordre du jour.
    Jean Paulhan écrit dans le Figaro Littéraire à propos de son arrestation : ‘Drieu La Rochellle était, entre temps, courageusement intervenu en ma faveur. Je dis courageusement car il ignorait ce que j’avais pu faire.’ »

  • L'essence de la laïcité

    Le mal qui ronge le Juif, c'est : hier.

    Le mal qui ronge le Boche, c'est : demain.

    Et l'alchimie des deux, quand ça n'explose pas, donne le cinéma, qu'on n'a pas attendu les Frères Lumière, hélas, pour inventer.

  • Et merde pour le cinéma !

    De toutes les étiquettes françaises, c’est l’étiquette gaulliste qui me répugne le plus. Je peux causer avec un Français musulman, un Français bouddhiste, un Français lepéniste, un Français juif, un Français cégétiste, un Français qui fait la manche, un Français écologiste, un Français royaliste, voire un social-démocrate, mais un Français gaulliste, j’avoue que j’ai du mal, je dois « prendre sur moi ».

    Il paraît logique d’inculper plutôt ceux qui ont eu entre les mains les moyens de tenter quelque chose d’autre que le résultat qu’on a sous les yeux : une parodie de pays civilisé parsemé de supermarchés Leclerc, de cubes de béton estampillés Portzamparc ou Jean Nouvel, entrecoupé de bocages en jachères ou d’élevages intensifs, dirigé par un président anglophile qui sait à peine parler anglais, avec des académiciens plus gâteux les uns que les autres.

    Pour le gaulliste Jean Galtier-Boissière, de la première heure mais que j’ai découvert récemment aux Puces, c’est différent. Un peu à la manière forte de Le Pen ou de Jean Dutourd, il a cette façon franche de s’expliquer et de mépriser ouvertement l’opinion commune des gonzesses des deux sexes qui prennent le « Journal de 20 heures » pour paroles d’Evangile à ne surtout pas contredire.

    Son Journal sous l’Occupation, puis la Libération, est très instructif à côté de la mythologie laïque débitée par des instituteurs-adjudants au taquet, qu’on peut entendre à l’école dans une morne ambiance, de sept à vingt-sept ans, pour ceux qui font des études supérieures, vu le taux de chômage dissuasif.

    Bien que Galtier-Boissière ne soit pas communiste, au contraire, il me plaît de recopier sur mon blogue des extraits de son Journal, pour l’édification des foules qui passent par ici.

    « 30 août 1944 : Le Bourget a été pris d’assaut par les Leclerc.

    Ainsi, tandis que de Gaulle descendait tranquillement les Champs-Elysées, acclamé par une foule délirante, les Allemands s’accrochaient encore à la banlieue parisienne.

    Une femme tondue a protesté de son patriotisme :

    - Mon cul est international, mais mon cœur est français !

    Le long du Boul’Mich’ les terrasses de café s’emplissent de nouveau, dont les pare-brise sont étoilés par les balles de mitrailleuses. Les dégâts qui semblaient considérables dans les rues vides, se révèlent minimes depuis que la circulation a repris. Sur les trottoirs, les taches de sang noir s’effacent sous les pas des promeneurs.

    Les restaurants réservés aux FFI ferment aujourd’hui. Après les avoir couverts de fleurs de rhétoriques, les vrais militaires donnent le choix aux combattants en veston : s’engager dans l’armée régulière ou rendre leurs arquebuses.

    Les bons bourgeois ont manifesté quelque inquiétude à l’aspect « Commune » des barricades et de leurs défenseurs en salopettes. De plus, la police étant en grève pendant l’insurrection, une certaine pègre qui surgit des bas-fonds en temps de crise, a pillé et rançonné. Dans l’ombre des héros de l’insurrection se sont glissés des bandits, comme des détrousseurs de cadavres sur les champs de bataille.

    L’Académie française expulse les deux Abel.

    Identités révélées.

    Durand (dans la clandestinité : Dupont)...

    Mais nous ignorions aussi bien ce Dupont que de Durand. Et de même : Arthur Duconneau (dans la clandestinité : Jupiter). »

  • Honte d'être Français

    De toutes les institutions françaises, celle qui me fait le plus honte, devant même l'école polytechnique, c'est l'Académie française. La Tour Eiffel aussi est ridicule, mais elle n'exprime pas la débandade aussi ouvertement.

    Pourquoi Mitterrand n'a-t-il pas pris ses responsabilités et dispersé ce sénat des lettres vert-de-grisonnant ? Mystère. Une révolution n'hésiterait pas à faire cesser cet acharnement thérapeutique, à laver cette croûte à coups de kärcher.

    Dernier élu en date, le mélancolique crétin Jean Clair, ancien directeur du Musée Picasso. Sa mélancolie est celle du fonctionnaire manoeuvrier, faite pour dissimuler le parasitisme. Singeant Baudelaire hier, quand Baudelaire était à la mode, l'amphigourique Jean Clair, incapable même d'entendre Diderot qu'il répète ici ou là (pourtant Dieu sait que les méprises de Diderot sont transparentes !), ce Trissotin pour bourgeois gentilhommes auditeurs de 'France-Culture' s'est fait la mimique de Cioran depuis quelque temps, l'air républicain navré de ce que les pelouses soient moins bien tondues qu'avant, et qu'il y ait des robots pour corriger l'orthographe maintenant ; un air destiné à séduire la bande de biscornus ratatinés qui l'a, de fait, admis à prendre part à sa décomposition collégiale.

    Jean Clair fait partie de la bande de sagouins, les Michaud, Catherine Millet, Domecq, etc., dont la bêtise a facilité grandement l'OPA du Capital sur l'art. Si l'art est entre les mains de Philistins comme Pinault et Arnault, c'est entre autre à l'ignorance d'un Jean Clair qu'on le doit, ignorance des principes élémentaires de l'art et de la science.

    Qu'est-ce que c'est qu'un Philistin ? Il n'est que d'écouter Bernard Arnault pour le savoir. Ce type n'entend rien, bien sûr, à l'art, simple produit d'appel pour sa boutique ; mais il n'entend rien à l'économie non plus, moins encore que Sarkozy ! La seule chose dont il soit capable de parler avec sérieux et de façon logique, ce mec, c'est de tennis. Gouvernés par Yannick Noah, nous serions sans doute moins menacés que par tous ces édiles véreux.

  • Goebbels pas mort

    Après le film de propagande de Prieur et Mordillat, diffusé par 'Arte', où on peut voir des pasteurs yankis et des universitaires expliquer que l'Apocalypse de saint Jean n'est autre qu'un pamphlet dirigé contre saint Paul, je tombe sur un autre film de propagande encore plus grossier où il s'agit de démontrer cette fois que la Rhénanie chrétienne a toujours été foncièrement antisémite depuis le moyen-âge. Traduisez : sans l'Eglise catholique, puis Luther, Hitler n'aurait jamais été le méchant assassin de Juifs qu'il fut.

    Ben voyons, ça permet au moins de situer le niveau intellectuel du public de la chaîne 'Arte'. Toutes les caricatures d'Hitler, d'où qu'elles viennent n'ont qu'un seul mobile : dissimuler que la concurrence économique entre Etats européens impérialistes, menant des politiques keynésiennes, fut un facteur décisif dans le déclenchement des deux guerres mondiales, et que la seule façon d'honorer les victimes de Verdun et d'Auschwitz, victimes des mêmes systèmes, aurait été de détruire ces systèmes au lieu de les proroger automatiquement.

    Si Hitler change ses plans et décide, malgré sa crainte initiale, d'attaquer l'URSS, c'est parce que l'industrie allemande guigne les gisements de pétrole russes. Il fut plus facile après la défaite pour la bourgeoisie industrielle franco-allemande, de renier Hitler et le passé nazi, plutôt que le capitalisme allemand et son système bureaucratique.

    Le pseudo-documentaire sur la Rhénanie, animé entre autre par un gugusse du nom de Freddy Raphaël, qui se prête avec enthousiasme à cette parodie de thèse historique, atteint son comble lorsque, pour stigmatiser l'iconographie, la caricature médiévale du Juif, la caméra s'attarde sur les trognes haineuses des bourreaux à l'oeuvre dans une scène de flagellation peinte par un 'primitif', bourreaux qui sont soldats du gouverneur romain conformément au texte.

     

     

  • Pourquoi Simone Weil encore

    Simone Weil, si elle n'est pas solide comme Marx, plus isolée encore qu'il n'était, n'en est pas moins, l'air de ne pas y toucher, la plus grande philosophe du XXe siècle (quoi qu'elle eût sans doute trouvé ce titre un peu 'pompier').

    Peu académique, elle est en butte encore aujourd'hui à la jalousie et la méfiance des universitaires, dont elle dénonce l'emphase et la vacuité, tout simplement, par son style direct. Car elle prêche la croisade aux ENFANTS, ceux-là qui ne sont pas encore résignés à mourir, non  pas aux vieillards occupés à peaufiner déjà leur plaidoirie, le genre Guitton. Aucun doute que si la théologie de la LIBERATION cherche un soldat, Simone Weil est là.

    Contre Simone aussi, les médisances des journalistes, rompus dans le régime totalitaire à étouffer les scandales et faire diversion. Pour donner une idée, si Simone Weil donnait des intervious aujourd'hui, à la presse ou à la télé, les impertinences de Mgr Williamson paraîtraient bien bénignes à côté, tant Simone diffère du type du lèche-cul actuel, prédestiné à servir dans les médias de porte-parole aux entreprises les plus crapuleuses.

    Sous couvert de lui rendre hommage, la presse s'efforce de rabaisser Simone au niveau d'Hannah Arendt, truite d'élevage germanique pour sa part, qui n'a semble-t-il inventé ce vieux truc éculé de la 'banalité du mal' que pour mieux exonérer son ex-amant, Herr Professor Heidegger, baderne philosophique ridicule, de s'être mêlé de doter le national-socialisme d'une philosophie, au lieu de monter la garde dans un mirador, à quoi on l'aurait vraisemblablement assigné s'il avait été moins frileux. Comme si Hitler était assez con pour vouloir doter le nazisme d'une philosophie et pour prêter attention à un tel cacouac !? A force de prêter tous les défauts de la terre à Hitler, la ruse et la folie simultanément, on frise la caricature historique. Chaplin, qui montre Hitler en chef d'orchestre, révèle au moins un aspect du totalitarisme : son tribalisme sophistiqué, qui ne va pas sans escorte musicale. Pour les autres satires, elles en disent plus long sur le système actuel que sur le nazisme et ses chefs de service irresponsables.

    Donc, si toute cette glu philosophique qu'on subit aujourd'hui, tous les Luc Ferry, les BHL, les Onfray, les post-nitchéens, les antékantiens, les rétro-kierkegardiens, emprunte bien plus ou moins à Arendt et Heidegger cette façon de mieux jeter de la poudre aux yeux des béotiens en s'enflant de formules amphigouriques (Sartre ne prend pas vraiment tout ce cirque existentialiste au sérieux et publie même à la suite de 'L'Existentialisme est un humanisme', désinvolture amusante, quelques pages d'un confrère qui démonte efficacement le système algébrique existentialiste, et renforce ainsi la comparaison qui s'impose entre l'existentialisme et ces meubles en kit importés de Suède, laids comme l'infini.) MAIS Simone Weil, elle, en revanche, DIT quelque chose et ne se contente pas de jouer aux ricochets dans la mare de Pythagore pendant qu'aux quatre coins du monde continuent de crever les esclaves du Capital, bercés par les 'Droits de l'Homme'.

    *

    Maintenant trois motifs qui font que Simone Weil s'élève au-dessus du siècle de l'électricité et du gaz :

    1/ Son antisémitisme, que la presse officielle s'efforce de faire passer, tantôt pour une faute de goût, tantôt pour une tare génétique - quand ce n'est pas le gugusse yanki Francis Kaplan, qui se perd en erratiques et sinueuses explications sur la Bible dans 'Les Temps modernes' pour tenter tant bien que mal de discréditer Simone aux yeux d'un public déjà rallié à son étrange cause.

    L'antisémitisme de Simone Weil n'est pas un antisémitisme idiot, la marque d'un monopole sur un bien dont elle voudrait priver son prochain, idiotie qu'on retrouve plus aujourd'hui dans l'antiracisme aujourd'hui, badigeon pratique, comme on l'a vu avec Obama, sur les entreprises capitalistes les plus douteuses.

    Non, l'intérêt de l'antisémitisme de Simone Weil est qu'il vise l'Eglise catholique plus encore que la diaspora juive, dont Simone Weil n'est ni spécialement solidaire (d'où les griefs de cette diaspora à son égard), pas plus qu'elle n'est son ennemie.

    L'anticléricalisme de Simone Weil n'est pas très éloigné de celui de François Bacon, alias Shakespeare, théologien lui aussi armé contre la Synagogue de Satan et qui refuse que le christianisme soit changé en une religion de bonnes femmes, devienne 'la religion de Marthe' (ce qu'elle est devenue 'urbis et orbis'). Shakespeare comme Simone Weil est sous-tendu par cette idée forte que la vie de Jésus est secouée par des phases comparables aux phases de l'Apocalypse, vision historique de saint Jean, et qu'il est donc logique, au cours du règne de la Bête de la terre, de connaître un regain du pharisaïsme.

    *

    2/ Comme Drieu La Rochelle, Hitler, Gombrovitch, Etienne Gilson, Milosz, Simone a deviné la convergence d’esprit entre Marx et la théologie catholique de la Renaissance. Gombrovitch dit ceci, de façon involontairement cocasse, que les communistes et les catholiques partagent la même façon concrète de penser, à ce détail près que les catholiques croient en Dieu (ce qui aux yeux de l'existentialiste Gombro n'est pas très réaliste -en dehors de leurs petits miroirs et donc du langage, rien n'apparaît comme étant bien réel aux 'existentialistes').

    De manière plus précise, on peut dire en effet que le christianisme authentique de François Bacon, par exemple, comme la science de Marx et Engels, sont tout deux radicalement opposés au puissant courant de la Réforme -luthéranisme, puritanisme, jansénisme et anglicanisme au premier chef-, qui, dès le XVIIe siècle, va transformer la théologie peu à peu jusqu'à en faire un outil entièrement au service de César, tour sinistre de l'Histoire, et dont l'ultime produit est cette rhétorique inconsistante, qui se mord la queue, et qu'on appelle 'libéralisme', qui se résout dans la justification des crimes de l'appareil d'Etat par le Capital, puis dans la justification des crimes du Capital par l'appareil d'Etat, à tour de rôle.

    Non que le 'césarisme' naisse à proprement parler au XVIIe siècle ; on en trouve déjà les traces dans les thèses d'Augustin d'Hippone, et dès les premières Eglises, mais le 'césarisme' balaye au XVIIe siècle presque tout le reste. Le dogme prend devient algébrique, statique, et perd son dynamisme.

    Qu'on songe par exemple à l'isolement de Léon Bloy au XIXe siècle, le mépris glacial du clergé face aux velléités viriles du Lion de Montmartre de restaurer le catholicisme de Joachim de Flore, la charité de François d'Assise ? ça paraît incongru ; l'heure est plutôt aux parodies d'architecture néo-baroques, aux contes sado-masochistes de la Comtesse de Ségur, à la compromission avec les spéculations sur la Nature les plus fumeuses, etc.

    Le combat de Marx et Simone Weil contre le totalitarisme, postérieur au XVIIe siècle, renvoie à un combat similaire antérieur au XVIIe siècle, celui des Albigeois, réprimés dans le sang par Bernard de Clairvaux, par exemple ; ou encore le combat d'Hamlet, transposition par François Bacon pour le grand public de ses préoccupations scientifiques les plus graves. Le progrès, en termes marxistes, s'apprécie au regard de la nature, plus ou moins rongée par le cancer, et non pas au regard du langage, dans un repère algébrique orthonormé, comme le progrès laïc ou capitaliste, stupide idéologie, au niveau du nombril, d'accumulation du Néant au Néant.

    L'idée forte partagée aussi bien par Marx que Simone Weil, Balzac, François Bacon ou même Rabelais, cette idée que la science n'est pas un colloque mais un bien commun à l'humanité, que la Nature est un livre ouvert, cette idée forte implique de voir dans la science cabalistique, néo-pythagoricienne, la 'science dure' comme elle se qualifie parfois elle-même, pour mieux dissimuler son absence totale d'érection, cette idée implique de voir dans tout ce fatras ésotérique, qui sert souvent de justification, comme Darwin, aux entreprises les plus criminelles, un véritable 'hold up', un facteur d'anarchie dantesque, une arme terrible entre les mains de César.

    *

    3/ Après l'élévation historique de Simone Weil par-dessus le moralisme de crétins comme Nitche ou Sartre, produits dérivés d'un christianisme entré en putréfaction au XVIIe siècle, il convient de signaler ce détail qui a son importance, à savoir que Simone Weil a vu clair à travers le jeu de l'empirisme, celui des nullibistes Descartes, Huygens, Newton, avant Laplace et les polytechniciens. Si, à ma connaissance, elle n'a pas pointé du doigt le caractère satanique de l'empirisme, qui transpire de tous les côtés, c'est peut-être par égard pour son propre frère, André, lui-même gravement compromis avec son groupe 'Bourbaki', dans l'entreprise démoniaque de la science dite 'empirique', immense fiasco, relégation de la métaphysique et de l'astronomie au rang de la balistique et des probabilités.

    Est-il besoin de rappeler le nombre de pseudo-savants qui se sont vu décerner des prix Nobel et qui sont gravement compromis dans la faillite d'une économie qui s'inspire des règles du 'black-jack', de la tontine et du bonneteau ? Faut-il rappeler que ces procédés inventés pour ventiler l'excédent énorme de crédit, exactement comme un gangster va jouer à Monte-Carlo les millions qu'il a dérobés ? Et que derrière ces jeux cyniques il y a des affamés et des morts, pas seulement des chômeurs en France ? C'est inutile. La Sorbonne fait régner l'omerta, mais personne n'est vraiment dupe.

    Cet extrait du colloque de Catherine Chevalley à l’université Columbia (nov. 1999) témoigne de la lucidité de Simone Weil : "La science ressemble à l’empereur du conte d’Andersen ; les quanta d’énergie sont contraires à la raison." "Artificielle, vide de pensée, décapitée, algébrique, dénuée de sens, plate, nue, irrationnelle : voilà, si l’on se fonde sur ces passages, ce qu’est devenue la physique au XXe siècle aux yeux de Simone Weil" : le commentaire est de Catherine Chevalley, qui tient bien sûr à se démarquer personnellement de la condamnation sans appel de Simone Weil, pour qui la crise totalitaire de la science est plus grave que celle que la Grèce connut au Ve siècle av. J.-C !

    Cette Chevalley possède assez d'instinct pour s'en tenir au rôle du présentoir et entendre que ce jugement contient une condamnation  de l'Université dans son ensemble, pas seulement une condamnation de Planck ou Helmoltz, tous les jongleurs dans le genre de Riemann ou Feynman, Einstein, Poincaré (la liste est longue : autant de postes de fonctionnaires à pourvoir, autant d'imposteurs).

    Simone bouscule dans son dessein toute la science historique aussi, comme Marx, toute l'épistémologie et les mathématiques laïques. Le véritable Néant, le véritable trou noir, Simone en esquisse le pourtour. La bourgeoisie tour à tour mondaine ou dévote, confite même en religion laïque, c'est Don Juan, et le trou noir l'entrée circulaire de l'entonnoir où elle bascule, avec sa poussière.
    Ce coup de toise 'révisionniste' dans la fourmilière est largement suffisant pour que la racaille démocrate-chrétienne, juive, laïque, cartésienne, s'efforce de faire passer Simone Weil pour une folle hystérique dans le genre de Thérèse d'Avila.

    *

    Pour enfoncer le glaive dans l'oeil du cyclope, décapiter avec plus d'efficacité tous ces vieillards planqués derrière les murailles de Troie, les prêtres de Bel, il convient d'appuyer la charge de Simone Weil, Marx et Engels, par la profession de foi d'Hamlet dans la stabilité de la terre, au centre du monde. Il faut viser l'empyrée de la vague de spéculations et de musique. Avant Descartes et Newton, le premier dérapage, la première victoire du Temps, monté sur le cheval clair, vient des spéculations de Kopernik et Galilée, crabes sournois, arrivistes sans scrupules, appuyé pour ce dernier par un barbarin simplet, pape sous le nom d'Urbain VIII (!). Idem pour Kepler, qui manie l'ellipse avec une habileté diabolique, comme Blaise Pascal.

    C'est là une première victoire de la mort sur la vie que la prétendue 'révolution copernicienne', mobilisation générale en vérité, et qui marque le basculement d'une religion apocalyptique vers une religion de la 'bonne mort', coup de maître de la part de Satan sous son masque de porteur de Lumière.

    Contrairement aux autorités religieuses démocrates-chrétiennes ou laïques, les croyants sincères ne doivent pas se laisser posséder par tout ce cinéma, cette science-fiction. Car à la fin du temps, c'est Polonius et Claudius qui crèvent, et Ophélie, Guildenstern et Rosencrantz. Hamlet, lui, rejoint directement les étoiles de la Voie Lactée.

  • Signes rétrogrades du temps

    Il n'est que de voir l'accueil tribal réservé au pape Benoît XVI ou à son prédécesseur par des marées de chrétiens lors de ses voyages à travers le monde pour être éclairé sur la nature véritable des principes démocrate-chrétiens. Comment reprocher après ça à Hitler, Staline, Napoléon ou Louis XIV, le culte de la personnalité ?

    Le peuple hébreu fait ainsi à Moïse le plus souvent, après que Yahvé l'a entretenu à l'écart, un triomphe... avant de s'en retourner à ses petites affaires. Certes le pape actuel a tout pour plaire à des Juifs nostalgiques, mais pas grand-chose pour satisfaire à la mission apocalyptique.

    Il fut un moment question de 'ne pas avoir peur', voire même de 'dissidence', vocabulaire extraordinaire dans la bouche de précieux cardinaux, une 'dissidence' que le cynisme des 'Droits de l'homme' impérialistes impose. Mais on voit que cette dissidence a rapidement tourné en eau de boudin pour virer aux colloques sentencieux devant des assemblées d'édiles marrons trop content qu'on ne les voue pas à la damnation pour les crimes et les blasphèmes quotidiens. 

  • Journal de guerre (pdf)

    Je me considère comme un dissident 'hors-la-loi' laïque commune depuis que j'ai une quinzaine d'années, vers la fin de mes années de collège et le début de mes années de lycée. Mes professeurs, laïcs comme démocrates-chrétiens, furent pour moi les premiers représentants de la police de la pensée, les principaux artisans du système totalitaire où nous sommes, avant même les magistrats et leurs policiers. Mes relations avec des prêtres, qu'ils soient chrétiens ou laïcs athées, ont d'ailleurs toujours été placées sous le sceau du conflit, dès l'adolescence.

    (Il est logique qu'étant catholique je tienne les démocrates-chrétiens pour des traîtres désireux de s'acclimater à un régime fondamentalement rétrograde, lorgnant vers le tribalisme, autrement dit 'satanique' dans le langage chrétien.)

    C'est seulement il y a quelques mois, faisant le constat que tous ces 'signes rétrogrades du temps', comme dit Frédéric Engels, ont une connotation apocalyptique, que j'ai entrepris de rédiger mon journal de guerre. Dont voici les mois de novembre et décembre 2008 au format PDF :

    - Novembre : novembrelapinos[1].pdf

    - Décembre : decembrelapinos[1].pdf

     

  • L'Orchestre du Titanic

    Pour que la société laïque, cette vieille sorcière, puisse se voir telle qu'elle est dans un miroir, à savoir comme un tribalisme sophistiqué, il lui faudrait des savants honnêtes, et elle n'a que des gugusses comme Einstein ou Lévi-Strauss, inventeurs de la 'science touristique'.

    Le tropisme de Lévi-Strauss, pédant porteur de bicorne, qui prétend avoir lu Marx et Engels mais s'est plus sûrement mouché le bec dedans, c'est le tropisme du boomerang qui revient dans l'occiput du mélancolique crétin avide d'expériences exotiques.

  • Signes sataniques du temps

    L'ennui ou la mélancolie est un des symptômes les plus sûrs de possession satanique. Celle-ci peut être plus ou moins puissante. Tous les possédés n'ont pas comme Don Juan une âme à se damner sans détours et affronter le spectre en face, ni même à flanquer le feu à quelque chapelle bretonne.

    Les divertissements divers et variés, à commencer par le cinéma, mensonge fascinant, fournissent autant de dérivatifs, de façons de se traîner à reculons vers le gouffre.

    A propos de dérivatif, qu'on ne dise pas d'ailleurs que le morbide Pascal, pour en être réduit à carrer des quarts de cercle et bidouiller des ellipses, ne crève pas d'ennui. Le modèle de Molière pour son Don Juan fut, dit-on, un mondain tombé en dévotion sur le tard. 'Don Juan' et 'Tartuffe' sont deux pièces, mais en un seul homme peuvent être réunis.

  • Enseignement libre

    Karl Marx commente ici les lois françaises de 1849-1850 :

    'Art. 9 : L'enseignement est libre. La liberté de l'enseignement s'exerce selon les conditions [de capacité et de moralité] déterminées par les lois et sous la surveillance de l'Etat.'

    C'est, une fois encore, la vieille plaisanterie 'L'enseignement est libre', mais 'selon les conditions déterminées par la loi', et ce sont précisément les conditions qui suppriment complètement cette liberté.

    Par la loi du 15 mars 1850, tout le système d'enseignement est placé sous la surveillance du clergé.

    Propos édifiant de Marx. Depuis, rien n'a changé ou presque. L'oppression et la censure persistent, mais au lieu d'être actionnée par une commission de quatre évêques comme en 1850, concession de la dictature bonapartiste à l'électorat catholique, l'orientation idéologique est désormais contrôlée par des ministres et leurs recteurs.

    L'Histoire contient trop de vérité pour pouvoir être enseignée sérieusement dans une institution, l'Education nationale, désormais totalement sclérosée. Les médias relaient cette bêtise, en faisant passer des charlatans comme Max Gallo, Jacques Marseille ou Alain Minc pour des historiens.

    Ce petit extrait a aussi le mérite de placer le 'parti catholique' aussi bien que le 'parti laïc' face à leurs responsabilités :

    - le parti catholique, revendiquant la liberté de l'enseignement dans les années 1980, réclamait bel et bien une liberté contre laquelle il avait auparavant lui-même lutté par l'intermédiaire de ce comité d'évêques, suppôts d'une dictature bourgeoise satanique.

    L'anticléricalisme farouche de Paul Lafargue est donc très loin d'être dénué de fondement, et l'alliance du Capital et de l'Eglise, alliance perpétuée par le petit marigot chrétien pro-américain, subventionné par Dassault ou Michelin, n'est pas, hélas, nouvelle. Je suis curieux de voir quelle va être la réaction de ce parti aux déclarations marxistes de l'archevêque de Munich, Mgr R. Marx, déclarations surprenantes dans une Allemagne elle-même totalement gangrenée par le capitalisme et la démocratie-chrétienne (je n'ai pas encore lu le livre de Mgr R. Marx en ce qui me concerne), où l'Eglise a elle-même trempé dans ce crime d'Etat qu'est l'avortement.

    - le parti républicain laïc, lui, comme Marx l'a discerné dès sa naissance, et Charles Péguy un peu plus tard, ne fait que reprendre la dogmatique et l'organisation de l'Eglise janséniste ou protestante contre laquelle il prétend s'être construit. Le léviathan laïc de Hegel n'est qu'une resucée du léviathan chrétien de Hobbes et on se prosterne dans la religion laïque devant les mêmes idoles ésotériques que dans la religion janséniste ou réformée.

    Le panthéon romain est reconstitué, où les dieux ne s'appellent plus 'Jupiter', 'Minerve' ou 'Mercure', mais 'Parlement', 'Sécurité sociale', 'Armée', 'Education nationale', 'Crédit agricole', 'Caisse d'Epargne', ces nouveaux démons n'ayant pas une moralité plus moderne que Neptune ou Jupiter.

    Les marques évidentes de tribalisme -plus un village de France ne possèdera bientôt son 'tatoueur', pour prendre un exemple parmi des dizaines- ce tribalisme, l'Eglise laïque est bien sûr la plus mal placée pour le voir, dont le clergé, Lévi-Strauss est un bon exemple, se croit 'tropical' alors qu'il fait du surplace. Cet espèce de manchot-empereur prétend avoir lu Marx et Engels. C'est sûrement de droite à gauche dans ce cas. Quant à l'Eglise catholique, au sein de laquelle persiste la démonologie et même quelques exorcistes, elle préfère faire l'autruche. Ouvrir les yeux l'obligerait à reconnaître sa propre implication dans la propagation des plus basses superstitions, à commencer par Darwin, que de soi-disant chrétien n'hésitent pas à corroborer, alors que la fausse science de Malthus et la négation de la liberté sont au coeur même de l'évolutionnisme.

    Nabuchodonosor lui-même, éclairé sur la machinerie des prêtres de Bel, a abjuré le mensonge laïc.

     

  • Brave New World

    Si l'Education nationale venait à faire naufrage, pour une raison ou une autre, il s'ensuivrait une phase de progrès considérable pour notre pays, un progrès qui peut se résumer ainsi : la chute du capitalisme.

    Contrairement à ce que certains gauchistes un peu primaires pensent, le totalitarisme ne s'élabore pas dans les commissariats de police, ni même à l'Elysée ou à l'Assemblée nationale, mais bien à l'école, de la classe maternelle à l'Université. L'école polytechnique de Palaiseau est emblématique de cet enseignement totalitaire fondamentalement ésotérique. Dans leurs uniformes ridicules qui évoquent les fables anticipatrices d'Huxley ou Orwell -on pense aussi aux médecins des pièces de Molière-, les élèves de l'X s'exerçent à manier une géométrie algébrique, un langage dont ils ignorent le préambule et la fin. Les mathématiques 'nouvelles' capitalistes (pythagoriciennes en réalité, et on ne peut plus archaïques), se vantaient récemment à la Une des magazines spécialisés de leurs dernières avancées dans le domaine de la... cryptographie. Albert Einstein, Henri Poincaré, 'nullibissimes' sophistes, sont idolâtrés dans ces milieux imprégnés d'un mysticisme d'informaticiens détraqués.

    Même si la banqueroute de la France, riche pays de cocagne, a des causes extérieures, chacun sait que la responsabilité de nombreux polytechniciens est engagée dans ce gaspillage de ressources humaines invraisemblable. Si les polytechniciens étaient plus malins, ils s'arrangeraient pour que l'arrogante stupidité d'un Jacques Attali, celle d'un Jean-Marie Messier, ne s'étale pas au grand jour. Le marchand de tapis volants Sarkozy paraît intelligent à côté de ces branleurs-là et leurs bouquins torchés pour les clients de la Fnac.

    C'est à l'école qu'on fabrique un gardien de camp de concentration, un escroc tel que Daniel Bouton, ou un soldat qui part en Afghanistan défendre une cause dont il ignore tout, pour quelques euros de plus, au risque de détruire des familles innocentes, y compris la sienne lorsqu'on doit rapatrier son corps dans un sac en plastique.

    *

    L'Education nationale entretient l'uniformité des croyances, qu'elle appelle pompeusement 'science'. Elle inculque des réflexes militaires qu'elle dit relever de l''Education civique', prétend inculquer l'esprit critique alors qu'un élève de terminale est incapable de se prononcer sur la fonction de l'algèbre sophistiquée qu'on lui enseigne, à raison parfois de dix heures par semaine, algèbre qui ne lui sera d'aucune utilité dans la vie courante, pas plus que dans sa vie spirituelle, et très rarement dans son métier.

    Sans compter la condamnation de principe d'Hitler, assortie de l'admiration pour Napoléon qui précéda le premier dans le massacre de civils, avec un caractère de terrorisme aggravé de la part des soldats de l'Empire N. : paradoxe qui révèle le caractère de propagande que revêt l'enseignement de l'Histoire en France qui dissimule que Napoléon représente un exemple pour l'Allemagne 'prussienne' puis hitlérienne.

    Je reviens souvent à cet exemple de l'algèbre, car il est particulièrement révélateur de la 'foi du charbonnier' laïque. Un adjudant fournit plus d'explications sur le sens des pompes qu'il ordonne à un trouffion d'exécuter, qu'un professeur d'algèbre n'en donne à un de ses élèves qu'il exerce à résoudre des équations à deux ou trois inconnues.

    Le 'savant' Claude Allègre s'est fait un devoir, pour tenter de combler les graves lacunes des lycéens dans le domaine des sciences physiques, chimiques, biologiques, d'écrire des ouvrages de vulgarisation scientifique. Fort bien jusque-là, même si Allègre est complètement hypocrite sur les raisons qui ont mené à une telle ignorance, au sein même d'une institution où les mathématiques sont censées être reines et les filières dites 'scientifiques' captent les éléments les plus disciplinés. C'est dans ce type d'ouvrage que Claude Allègre ose utiliser une explication telle que 'la dualité onde-particule dans la physique quantique, c'est un peu comme Dr Jekyll et Mr Hyde' ????? Pour faire prendre au sérieux à un enfant à l'esprit normalement constitué des sophismes tels que 'le chat de Schrödinger' ou la théorie d'Einstein, il faudrait soi-même être un peu plus sérieux que Claude Allègre, pontife laïc qui n'a pas pigé le paradoxe qu'il y a à vouloir éclairer une algèbre pythagoricienne fondamentalement cabalistique. Le dédoublement de Jekyll et Hyde dépasse lui-même, Allègre paraît l'ignorer, le cadre divertissant de la littérature dite 'fantastique'.

    Aussi grossier soit-il dans sa pensée, et vulgaire dans ses manières de parvenu, le baron Ernest-Antoine Serpillère lui-même possède cet instinct de conservation de l'Education nationale, muraille de Chine du Capital français. Idem pour le bouffon de Jacques Chirac, le philosophe de plateau télé Luc Ferry ; lui aussi, aussi kantien soit-il, devine que grâce à l'Education nationale le capitalisme français est le mieux protégé d'Europe (après la Finlande) contre la colère des ouvriers de l'industrie, celle des stagiaires exploités, des travailleurs clandestins, des chômeurs, des agriculteurs et des pêcheurs surendettés, des étudiants ou des fils d'immigrés qui sentent qu'on les mène en bateau, etc.

    S'il y a bien un champ d'action ouvert d'ores et déjà, 'hic et ubique', à la Révolution, bien plus que le terrain électoral avec ses 'check points', les plateaux de Michel Drucker, Frédéric Taddéi ou Laurent Ruquier, c'est bien le terrain de l'Education nationale, Léviathan miniature où s'ébattent les futurs consommateurs et agents du capitalisme. En un sens Lénine ne bénéficiait pas d'un terrain aussi favorable à la Révolution. Par ailleurs, Lénine était beaucoup moins soumis aux diktats de la pensée laïque, ayant lu Marx, qu'Olivier Besancenot et Alain Krivine, agitateurs d'idées depuis x-années. (A suivre)

     

  • Signes sataniques du temps

    D’une certaine façon, saint Augustin est la matrice de la science-fiction, divertissement satanique, et non seulement la matrice de l’’autofiction’, comme on a l’habitude de dire. Sa physique, sa théologie, Augustin les extrait de sa fiction intérieure. Tout ramène Augustin à Lui (ici brille déjà le miroir glacé de la plus grande fiction morale des Temps modernes : les "Droits de l’Homme", justice du Léviathan.)
    On ne peut même pas en dire autant de J.-J. Rousseau, plus altruiste, même s'il a chassé comme Augustin et Abraham sa progéniture !

    L’’homme intérieur’ de saint Paul, homme plein, devient par Augustin "résonnant et réfléchi", un gong, un homme creux. L’imbécile Nitche a cru aller vers Zarathoustra, alors qu’Augustin avait déjà fait tout le chemin.
    L’ultime science-fiction, la plus souterraine, consiste à faire de l’homme un Dieu ; la science-fiction de Darwin, celle de Galilée ou Kopernik, ne sont que dérivatifs, anamorphoses. La beauté du Diable est symétrique ; il n’empêche que ses gnomes sont difformes, au point d’apparaître même sous l'apparence du discours chrétien dans les Evangiles.

    L. Feuerbach pousse dans ‘L’Essence du christianisme’ la téléologie d’Augustin à son point de flexion maximum, jusqu’au mirage. Feuerbach possède d’ailleurs une séduction, un éclat, que la littérature de presbytère de Nitche n’a pas. Que sont les petits blasphèmes de Pascal, Nitche, Jean-Paul Sartre ou Jean Guitton à côté de la téléologie radicale de Feuerbach ? Des facéties mondaines. Qui peut prendre Guitton au sérieux en dehors d’un cardinal écarlate ?


    Le grand maître du bouddhisme chrétien, c’est bel et bien Feuerbach. L’athéisme vaut par la rigueur de son raisonnement : seuls Marx et Engels, au cœur de l’apocalypse, l’ont compris. Le moyen-âge et plus encore la Renaissance occitane, avant Marx et Engels, condamnent la fantaisie platonicienne et pythagoricienne d'Augustin.

     

  • Créationnisme

    L’arrière-plan culturel de C. Darwin est marqué par le protestantisme. La notion de ‘plan’ ou de ‘champ’ s’impose ici dans la mesure où la structure fait défaut, et l’imagination.
    Sous l’influence notamment de la théologie de saint Augustin, la philosophie et la science germaniques sont essentiellement ‘spéculatives’. Bizarrement l’avant-garde russe, ‘soviétique’ est marquée par le même esprit et la peinture de Kandinsky ou Malévitch fournit un bon exemple de ‘peinture spéculative’ ou de ‘poésie picturale’ (que Malévitch soit ‘le comble du baroque’ n’a rien d’un paradoxe en réalité.)

    L’art de Shakespeare est aux antipodes de ce tour pythique, une des œuvres les moins germaniques, une des oeuvres les plus occitanes de l’Histoire ; c’est ce qui fait que les commentateurs allemands de Shakespeare ont livré autant d'interprétations débiles : Freud, Nitche, ou Brecht, pour prendre des exemples retentissants.
    Untel (Koestler ?) a même pu écrire que les pièces de Shakespeare lui donnent envie de vomir, ce qui est toujours moins inepte que de tenter de faire de Guildenstern, Rosencrantz, voire Claudius, des héros, farce qui ne peut être prise au sérieux que dans la Sorbonne ou semblable haut-lieu de superstition arrogante.

    Il est une preuve, une révélation du totalitarisme caché derrière la lourde tenture du Temple, que Marx et Engels, il me semble, sont en lieu d’apprécier : l’impossibilité pour l’Université capitaliste d’entendre Shakespeare justement, tant la réverbération du marigot laïc est forte. Je viens de me cogner les notes d’un certain Yves Bonnefoy sur la ‘Tempête’ : quelle glue !

    Mais revenons à Darwin. Sa thèse est donc marquée par la spéculation, c’est-à-dire par l’anthropocentrisme, étant donné que Narcisse n’est jamais très loin du miroir. On railla la thèse de Darwin –pasquinade contre pasquinade- lors de sa publication, sur le thème : ‘Darwin a une gueule de babouin, alors forcément il est persuadé que l’homme tient du singe.’ C’est sans doute là un raccourci un peu rapide à travers la jungle des préjugés puritains de Darwin et Malthus, mais qui n’est pas infondé. La caricature, le dessin ment d’ailleurs beaucoup moins que la poésie, et je tiens assurément Albert Dürer pour un savant plus sérieux que Darwin. La nature, Dürer en est visiblement amoureux. Y a-t-il des exemples de physiciens qui ne soient amoureux de la Nature ? D’Aristote à Réaumur en passant par Roger Bacon, je n’en connais pas.
    La plus grande hypocrisie de la science laïque puritaine est de ne pas aimer la Nature, mais de se mêler cependant de l’affubler de dogmes laïcs.

    Un trait sous-jacent plus net encore que l’aspect spéculatif dérivé de Malthus, c’est cette fameuse ‘prédestination’ protestante. Sainte-Beuve a clairement montré à partir du jansénisme, cousin français du puritanisme, comme la prédestination n’est pas tant un principe, une doctrine mise en avant par la secte de Port-Royal, c’eût été théologiquement impossible, pas tant un préambule qu’une conséquence de la confusion entre la ‘grâce’ et le Saint-Esprit, une confusion enracinée elle aussi dans la théologie de saint Augustin.

    L’observation de Sainte-Beuve est d’autant plus intéressante qu’elle explique pourquoi le préjugé pythagoricien est si difficile à combattre. C’est une réflexion dont la source n’est pas claire (ceux que les jongleries de Freud révulsent relèveront que je viens de donner au passage une définition de l’’inconscient’ freudien.)

    Autrement dit l’évolution de Darwin est automatique et binaire, ‘sui generis’ - comme celle de Hegel dans le domaine de l’art et de la politique, soit dit en passant. L’artifice, qu’on peut qualifier de ‘syllogisme’, est décelable aussi dans l’éclatement du savoir en de multiples fragments dès le milieu du XVIIe siècle, jusqu’à l’asphyxie désormais, où des pantins comme Einstein ou Max Planck sont pris pour de véritables savants devant lesquels les écoliers sont priés de faire la révérence, surtout s’ils sont musulmans ou chrétiens, manière d’abjuration sournoise, ignoble chantage fait à des enfants de croire en quelque chose qu’ils ne comprennent pas. Que leurs maîtres ne comprennent pas eux-mêmes ! QU'ILS NE CHERCHENT PAS A COMPRENDRE.

    La biologie naissante au début du XXe siècle est un de ces fragments. Les efforts conjugués de Marx et Engels contre la science laïque consistent d’ailleurs à recoller les morceaux de la sphère brisée, exactement comme les moines les plus sages du moyen-âge s’efforcèrent avant eux de reconstituer le savoir perdu, ce malgré l’hostilité des scribes.
    Si Marx et Engels ont paru ‘dépassés’, c’est seulement aux yeux de laïcs médusés, incapables de comprendre leur unité, que la physique les transcende, autrement dit le caractère apocalyptique de la doctrine marxiste. L'Apocalypse de saint Jean elle-même ne cesse d’être dépassée aux yeux des laïcs et des démocrates-chrétiens.
    Le ‘aut, aut’ de Marx, c’est Charybde et Scylla ; c’est encore le ‘et César, et Dieu’ des pharisiens. Qu’on ne dise pas que Marx et Engels ne parlent pas de Satan.

    Contre le danger de l’évolutionnisme, philosophie nationaliste, fondamentalement laïque et capitaliste, devant cette menace pour l’humanisme, menace aussi pour la liberté, un pape janséniste tel que Benoît XVI semble singulièrement mal armé.

  • Fier d'être miso

    J’ai été sensibilisé très tôt au problème des hommes battus. Non que mon propre père le fut, puisqu’à dire vrai il est plutôt le genre 'époux idéal', mi-dur, mi-tendre, ‘al dente’, dont rêvent les femmes, et qu’on peut soupçonner d’être, si ce n’est une nouille, du moins une anguille.
    Mais parce qu’un passage souterrain devant mon collège, sous le boulevard, offrait à un militant anonyme de la cause des hommes battus par leurs compagnes, un espace d’expression et de liberté privilégié car discret. Le désespéré placardait de petites affiches faites à la main et fréquemment renouvelées, où éclatait son indignation de vivre l’enfer dans le ‘conjugo’, militantisme fort émouvant pour le collégien que j'étais, peu autorisé à regarder la télé et par conséquent à m'émouvoir pour les causes plus vastes que la télé suggère. Je dois ajouter que, époque bénie, on parlait encore très peu du sida aux enfants en province.


    Si les deux causes sont parfois associées, il faut bien séparer celle de l'homme battu de celle du divorcé qui revendique le droit de visiter son enfant. Aussi, on doit se débarrasser d’emblée du préjugé que les hommes battus sont des gringalets. Le fait d’être assailli à coups de brique par-derrière, ou d’être tailladé par un ustensile électro-ménager actionné par l’assaillante, n’a rien à voir avec le fait d’être gaulé comme une frite ou pas. Sans compter le poison.

    ‘Quel sang-froid admirable !’, je me disais l’autre jour en écoutant à la télé un de ces braves hommes décrire les sévices qu’il avait subis. Et ce sang-froid, n’est-ce pas la virilité même, cette denrée si rare ? Je risquerais fort moi-même, je dois l’avouer, de basculer en tel cas dans le réflexe de survie, une surenchère de horions et de sang, de me comporter comme une femmelette.

    On ne peut nier que les femmes victimes d’agression ne soient bien plus nombreuses que les plaignants de sexe masculin, même si le chiffre est probablement faussé par l’ironie déplacée des gendarmes ou de la police dans ce genre de demande de main-courante. Mais, bien que ça ne soit pas très politiquement correct de le penser, les femmes battues ne me paraissent pas aussi admirables. D’abord parce que mon expérience des femmes, quoique limitée, m’a appris qu’elles disposent à titre privilégié d’une arme qui, comme les coups de poing dans le ventre, ne laisse pas trace : la rhétorique. De telle sorte qu’on peut dire que les femmes sont ‘platoniciennes’, tandis que les hommes, eux, sont plutôt portés vers la physique d'Aristote.

    Cela se vérifie d’ailleurs au niveau des mobiles. Les femmes qui molestent leurs compagnons sont mues avant tout par la jalousie (vice suprême) ; la violence masculine paraît en revanche résulter beaucoup plus d'une moindre subtilité et de la frustration de vivre désormais, en 2009, dans une société de type femelle.