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Lapinos

  • Gilets jaunes et Nucléaire

    Les Gilets jaunes doivent s'emparer de la question du nucléaire, comme de la question du gouvernement oligarchique par le biais de médias audio-visuels qui façonnent l'opinion publique.

    Aucune constitution ne peut s'opposer efficacement aux modalités technocratiques de gouvernement dont G. Orwell montre dans "1984" qu'elles ont pris le pas sur des modalités constitutionnelles.

    On peut même dire que l'équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, rêvé par Montesquieu, n'a jamais été accompli en France car cette belle théorie s'est heurtée à la technocratie, dès la fin du XVIIe siècle. La république bourgeoise n'a pas aboli la technocratie, bien au contraire.

    Ce que la science politique n'a pas été capable d'empêcher - la dictature des technocrates - on voit mal comment la science politique pourrait y remédier. De la même façon on plaide en vain pour le droit international afin de restaurer la paix, alors que celui-ci n'a pas prévenu la moindre guerre depuis plus d'un siècle.

    - Est-ce que la question du nucléaire ne relève pas de la compétence exclusive des experts, compte tenu de sa complexité ? L'abandon de la citoyenneté entre les mains d'experts économiques, militaires, du nucléaire... c'est cela que G. Orwell qualifie de totalitarisme. Ou bien le mouvement des Gilets jaunes est un mouvement capricieux, qui réclame le remplacement d'un expert par un autre, ou bien c'est un mouvement révolutionnaire qui réclame l'instauration d'un comité de Salut public pour préserver la France de son gouvernement par des experts.

    La dernière chose que l'on peut reprocher au mouvement écologiste est d'avoir porté autant que possible à la connaissance du public certains éléments de compréhension de la technique industrielle de fission de l'atome ; pas plus que le consortium militaro-industriel auquel il est étroitement associé, le consortium du nucléaire n'est disposé à informer le public sur son activité et ses dangers réels. Le pouvoir technocratique est opaque, quel que soit le domaine sur lequel on se penche, qu'il s'agisse de l'industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, automobile, de l'armement ou du nucléaire. Chacune de ces industries investit dans une propagande coûteuse.

    Le nouvel apôtre du nucléaire français, l'ingénieur Jean-Marc Jancovici expose les avantages du nucléaire à droite et à gauche, sans tenir compte le moins du monde du contexte politique et économique dans lequel il s'est développé. Il le fait apparemment sans se rendre compte de l'énormité de sa démarche, d'une manière qui fait penser à la façon dont les experts de la vaccination (Bill Gates) ne tiennent absolument pas compte du contexte dans lequel a eu lieu la pandémie de coronavirus. Une large majorité de Français est intoxiquée par la propagande médiatique dans tous les domaines.

    Le prêche de J.-M. Jancovici & cie dissimule un fait essentiel : il est impossible de scinder le développement du nucléaire civil de celui du nucléaire militaire. Non seulement la propagande de la dissuasion nucléaire a fait long feu au XXIe siècle, mais on peut se demander dans quelle mesure la propagande en faveur du nucléaire n'a pas privé la France d'une armée opérationnelle, la réduisant ainsi à un satellite des Etats-Unis.

    L'énergie nucléaire est un élément économique et politique central dans la Guerre froide, que l'expert Jancovici n'hésite tout simplement pas à mettre entre parenthèses (!), alors même que l'annexion de la Crimée en 2015 prouve le regain de la Guerre froide.

    De ce point de vue-là, l'histoire de l'énergie nucléaire ne diffère pas de l'histoire extrêmement violente de l'extraction et du commerce du pétrole. Toutes les nations sont égales devant le nucléaire, mais certaines le sont plus que d'autres. Un des aspects les plus sinistres de l'histoire de France récente est le soutien du régime de Saddam Hussein par la technocratie française, et la trahison de Saddam Hussein par ces mêmes technocrates. Elle est assez dissuasive d'être "fier d'être Français", comme disent les drogués de programmes télévisés.

    Le développement de l'énergie nucléaire est-il économique, ou correspond-il à l'idée que les experts économiques capitalistes qui ont mené la France dans le mur se font de l'économie ?

    Les partisans du développement du nucléaire civil ont un argumentaire simpliste très proche du propos de D. Trump sur la réindustrialisation. Trump surfe sur la nostalgie d'un capitalisme industriel prospère qui n'a jamais existé séparément de sa politique impérialiste. L'Etat soviétique a-t-il fait faillite parce qu'il était communiste, suivant le préjugé américain, ou parce qu'il était dirigé par des technocrates ? Les Gilets jaunes doivent se poser la question du gouvernement technocratique dans son ensemble, sans exclure la stratégie nucléaire emblématique de ce type de gouvernement ultra-violent.

  • Jeunes Communistes révolutionnaires

    Je me réjouis de la création d'un parti communiste révolutionnaire en France. Il ne peut que contribuer à faire table rase des codes de la gérontocratie française, le "penser vieux" inculqué dès les premières années du collège aux petits Français.

    La classe politique française à l'unanimité vient d'approuver l'introduction de cours d'éducation sexuelle capitaliste à l'école, c'est-à-dire de masturbation. K. Marx avait bien compris que la masturbation s'oppose diamétralement à la révolution qui proclamait : "L'existentialisme est un onanisme !".

    Les révolutions sont toujours provoquées par l'effondrement des forces politiques conservatrices, qu'il s'agisse de la révolution de 1789, de la Commune ou de la révolution russe de 1917, qui avait été précédée de l'écroulement du régime quasi-médiéval tsariste. Lénine a saisi la balle au bond, en quelque sorte ; les bolchéviks n'ont pas commis les erreurs des Communards trop naïfs, impitoyablement massacrés par les Versaillais. Les bolchéviks se sont emparés du pouvoir presque sans coup férir car, en dépit des apparences, la répression féroce de Stolypine n'avait fait qu'accorder un sursis de quelques années à un régime corrompu, miné de l'intérieur.

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  • Sur la Chasteté chrétienne

    Au préalable il faut faire le constat que la chasteté, en général, s'oppose à la société de consommation, prêchée par la télévision 7 jours sur 7, mais aussi par la radio, le cinéma. L'obsession sexuelle est le signe que nous vivons une époque particulièrement dévote.

    La chasteté est un moyen intéressant pour comprendre ce qui distingue le message évangélique des autres messages ou doctrines religieux, et pour distinguer le satanisme, c'est-à-dire la subversion du message évangélique par des chrétiens. Le satanisme est le thème central de l'oeuvre de Shakespeare.

    Il est affligeant de voir que l'Eglise catholique continue de dire n'importe quoi sur la chasteté chrétienne, en dépit de la corruption morale d'une partie de son clergé, cause de scandales à répétition. Une bonne partie de la littérature catholique sur ce thème mériterait d'être détruite, car elle élève l'immoralité au rang de la spiritualité.

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  • Le Complot maçonnique

    ...n'est pas là où on croit.

    La fiche Wikipédia sur le "Grand Orient de France", loge maçonnique française la plus ancienne, créée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dissout assez sobrement et efficacement la théorie selon laquelle la franc-maçonnerie aurait joué un rôle actif dans la Grande révolution de 1789. L'encyclopédie en ligne explique "qu'il y avait des francs-maçons dans tous les camps", parmi les républicains (Mirabeau), mais aussi parmi les aristocrates qui durent prendre la fuite, et aussi dans le clergé.

    Ultérieurement le franc-maçonnerie contribuera elle-même à cette rumeur flatteuse, laissant croire qu'elle avait contribué à la Révolution.

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  • Bilan (intermédiaire) des Gilets jaunes

    Le rôle de la presse oligarchique, ce pourquoi elle est payée, est d'étouffer ou de contenir le mouvement des Gilets jaunes. Depuis le mandat de F. Hollande, les représentants de l'oligarchie se démènent pour prendre le contrôle des réseaux sociaux américains, au risque de laisser apparaître à une large part de l'opinion publique que la Chine est le modèle politique des dirigeants de l'Etat profond européen.

    Les dispositifs sécuritaires trahissent une dimension essentielle de l'Etat profond : il est gérontocratique. Le corps électoral vieillissant, qu'il soit "de gauche" ou "de droite", adhère très largement aux décisions arbitraires de la Commission.

    Le terme de "lutte des classes" est impropre à qualifier la grève générale étendue des Gilets jaunes en 2018. La comparaison avec la révolution libérale MAGA s'impose plutôt. Il est plus juste de parler d'un combat intergénérationnel que de lutte des classes, compte tenu de la division du travail à l'échelle mondiale.

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  • Immigration et délinquance

    En ce samedi 5 juillet, l'ex-candidat à la présidence de la République Eric Zemmour savoure dans un communiqué sa relaxe par le tribunal de Paris : il était accusé d'incitation à la haine raciale pour avoir fait le lien dans un discours entre immigration et délinquance.

    - Tout d'abord, dans quel type de régime a lieu ce genre de procès ? Dans un régime gaulliste où le personnel politique, élus locaux et nationaux, est placé sous la tutelle du pouvoir exécutif et de magistrats, dont l'indépendance n'est que très relative. Le jeu électoral est biaisé dans les grandes largeurs, et l'émergence d'un candidat "antisystème" comme aux Etats-Unis pratiquement impossible. J.-L. Mélenchon émerge comme tel puisque le sionisme est le cri de ralliement à l'Etat profond, mais sa position est-elle tenable ?

    La classe politique se satisfait de ce dispositif constitutionnel ; le mouvement des Gilets jaunes a montré qu'il repose en réalité sur le pilonnage médiatique et des forces de police pléthoriques protégeant le pouvoir exécutif d'une révolution populaire.

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  • Lire Lénine en 2025 (4)

    Tout d'abord une remarque sur le roman national, tel qu'il est enseigné à l'école aux gosses entre dix et dix-huit ans. On peut le qualifier de catéchisme républicain ; il vise à la glorification des élites françaises dirigeantes.

    Le roman national répond au besoin, qualifié de totalitaire par G. Orwell, de "contrôler le passé pour mieux contrôler le futur". A la fin des années 1980, il est devenu nécessaire de réécrire le roman national pour l'accommoder au nouveau projet d'Union européenne, gommer en particulier la germanophobie de la version enseignée entre 1950 et 1980 par les "libérateurs" gaullistes et communistes. Cette germanophobie était peu propice à l'accouplement avec la nouvelle Allemagne officiellement dénazifiée.

    Le roman national allemand est encore plus nettement totalitaire que le roman français. Il y a quelques jours, le nouveau chancelier allemand Frédéric Mertz a tenu à Washington ce propos d'un négationnisme invraisemblable lors d'un récent sommet diplomatique avec D. Trump, expliquant que l'Allemagne avait été soumise par le parti nazi... contre son gré (!).

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  • Les Luttes de classes en France au XXIe siècle

    "Les Gilets jaunes ont fait naître de grands espoirs et, en ce qui me concerne, m'ont réconcilié avec mon pays, dont je commençais à désespérer. Je considère, à titre personnel, que j'ai une dette envers eux. Ils ont prouvé que nous, Français, étions encore capables de grandes choses." Emmanuel Todd

    Quelques mots à propos de l'ouvrage d'E. Todd (2020) d'où est extraite cette citation. C'est une excellente initiative, exceptionnelle puisque cet essayiste est un des rares membres indépendants de l'intelligentsia française, à n'être pas employé par tel ou tel oligarque, comme sont la plupart des publicistes français aujourd'hui. L'initiative d'E. Todd m'a poussé à écrire mon propre essai car "Les Luttes de classes en France" m'a semblé singulièrement dépourvu de perspective historique pour un livre d'Histoire. Précisons ici qu'Emmanuel Todd se réclame de l'école française des Annales ; il s'en dit même l'ultime représentant.

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  • Orwell et les Gilets jaunes

    Le mouvement des Gilets jaunes fera date. Les historiens peuvent d'ores et déjà le rapprocher de la prise du pouvoir par Donald Trump aux Etats-Unis, quelques années après le krach financier de 2008 qui a déstabilisé l'organisation politique oligarchique de ce qui était encore la première puissance mondiale.

    Si le mouvement des Gilets jaunes n'a pas de programme politique défini, le programme MAGA d'anéantissement de "l'Etat profond" reste pour l'instant quasiment à l'état de voeu pieux.

    On peut légitimement soupçonner D. Trump, compte tenu du soutien que lui fournissent quelques puissants oligarques, d'être un contre-révolutionnaire déguisé en révolutionnaire (la France a connu beaucoup de révolutionnaires de cette sorte-là, qui n'étaient que des opportunistes). Le financement de partis politiques par l'oligarchie est pour elle le meilleur moyen de se maintenir.

    On pourrait tout aussi bien rapprocher le mouvement des Gilets jaunes de la prise du pouvoir d'A. Tsipras en Grèce en 2015 ou de Giorgia Meloni en Italie (2022), puisque ces deux chefs politiques ont été élus sur la promesse d'une rupture avec le système, promesse qu'ils n'ont pas tardé à trahir tous les deux. Plutôt que la trahison, ne vaut-il mieux pas y voir la force et la résistance de l'Etat profond ?

    La victoire électorale du parti MAGA ne signifie pas la mort de l'Etat profond. La victoire électorale du parti MAGA n'indique pas que les MAGA sont en avance sur les Gilets jaunes, mais que le système électoral nord-américain est une barrière de défense de l'Etat profond nord-américain moins efficace.

    Le mouvement des Gilets jaunes coïncide avec la faillite du pacte de stabilité européen, que E. Macron n'a cessé de représenter depuis la première minute où il exerce son mandat, soutenu à bout de bras par l'ensemble de l'oligarchie française. La "dette covid" est une faillite de 700 milliards présentée par la propagande capitaliste comme une manière de rebondir - les Français ont élu un joueur de casino.

    Par conséquent l'Etat profond prend l'eau : ses coordinateurs bruxellois en sont rendus à vouloir mener une guerre industrielle contre la Russie pour se remettre à flot. Les Gilets jaunes sont suspendus, mais l'Etat profond européen ne l'est pas moins - la sécession de l'Allemagne mettrait officiellement fin à l'Union européenne (1999-2025).

    Une erreur grossière serait de prêter à une nouvelle constitution le pouvoir de fonder une république. Ce serait comme vouloir réparer la coque d'un navire en train de couler. Ce serait ignorer que l'Etat profond nord-américain, comme l'Etat profond européen, contournent le dispositif constitutionnel actuel. Ce serait ignorer la dynamique du Capital. Ce serait ignorer que la légitimité de l'Etat profond, aux yeux de ceux qui ont renoncé à l'exercice de la citoyenneté, n'est pas juridique mais technocratique. La légitimité de Big Brother tient à son mode de fonctionnement. La dictature sanitaire a fourni de ce point de vue-là une leçon magistrale : les Français ont renoncé à tous leurs droits en raison de leur confiance dans la médecine technocratique et ses représentants. Seuls quelques-uns ont osé objecter que le remède était pire que le mal.

    La révolution est la seule constitution dont les Gilets jaunes ont besoin, c'est-à-dire le projet de démantèlement de l'Etat profond, qui demande autant de prudence que le démantèlement d'une centrale nucléaire accidentée.

    Parce que l'illusion constitutionnelle est aussi répandue à droite qu'à gauche, il m'a semblé utile de proposer l'éclairage fourni par George Orwell, en particulier dans "1984", sur la nature profonde de Big Brother.

    Pourquoi, par exemple, il ne peut se passer d'une intelligentsia. Pourquoi l'effort de Big Brother pour produire une culture de masse prolonge la lutte des classes.

    Ci-dessous, voici le sommaire approximatif de cet essai presque achevé à paraître à la rentrée prochaine (aux éds Zébra).

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  • L'Occident introuvable

    Quand le IIIe Reich s'encombrait d'une théorie darwiniste complexe du "surhomme aryen", l'impérialisme de l'OTAN au XXIe siècle se contente du slogan des "valeurs occidentales". Est "occidental" tout ce qui va dans le sens du commandement militaire de l'OTAN (Donald Trump après Joe Biden), et est "anti-occidental" tout ce qui s'y oppose.

    Définir l'Occident est une chose difficile, voire impossible. Les définitions contradictoires entre elles abondent. Tentons quand même une définition large, à partir de Nietzsche, qui se montra le plus critique vis-à-vis de l'Occident moderne ; on pourrait presque dire que Nietzsche a fantasmé la conversion à l'Orient immobile d'un Occident agité comme une nef dans la tempête. A l'opposé, malgré sa tête de Mongol, Lénine voyait pratiquement dans l'Occident "le sens de l'Histoire".

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  • Sur la mort du catholicisme

    Le constat de décès du catholicisme en France est tiré par les sociologues qui indiquent que les moeurs des catholiques français ne diffèrent plus de ceux des autres Français depuis le milieu des années 1980 ; auparavant ces experts de l'analyse des comportements pouvaient encore repérer un "vote catholique", par exemple, ce qui n'est plus le cas par la suite. La vieille fracture éthique entre les partisans de la laïcité et ses adversaires catholiques n'est donc plus visible depuis près d'un demi-siècle.

    Complétons ce constat : le catholicisme survit à l'état de folklore "identitaire" et d'idéologie(s). Emmanuel Macron et ses prédécesseurs draguent les catholiques identitaires comme on drague une minorité qui, sous ce jour, peut sembler avoir plus d'influence qu'elle n'en a. L'anticléricalisme typiquement IIIe République (bourgeoise) de "Charlie-Hebdo" est complètement à côté de la plaque : il s'attaque à un fantôme. Il y a longtemps que la République bourgeoise ne compte plus sur les officiers catholiques et les paysans catholiques pour mater le prolétariat.

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  • Un erreur de Lénine

    On ne doit pas s'étonner du mépris shakespearien ou marxiste pour l'utopie et les utopistes. Bien comprendre Marx, c'est d'abord comprendre qu'il est "machiavélien". C'est la thèse bourgeoise de "la fin de l'Histoire" qui, du point de vue marxiste, est une utopie, assez semblable à celle de la domination de l'empire britannique sur le monde, qui a pris fin avec le "blitz" du IIIe Reich.

    Répandre l'utopie dans le peuple, en lieu et place des religions traditionnelles démodées en Occident est une stratégie efficace de la part de la caste dirigeante : la démocratie-chrétienne est une formule essentiellement utopique, un ersatz d'opium du peuple : pour s'en assurer, il suffit de lire Tocqueville et de constater à quel point son projet était éloigné du projet démocrate-chrétien de domination mondiale.

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  • Israël, Etat terroriste ?

    Nous donnons ici un point de vue marxiste ; on verra qu'il diffère du point de vue "altermondialiste".

    S'il y a bien une organisation qui mérite d'être qualifiée de "terroriste", ce n'est pas d'abord le Hamas, et ce n'est pas non plus l'Etat israélien, mais c'est l'organisation des Nations unies. L'ONU est coupable de deux crimes qui ont acculé le Hamas et Israël à un affrontement militaire. Le premier crime est de ne pas avoir oeuvré efficacement à une paix durable entre deux entités politiques secondaires, Israël et le peuple palestinien ; le second crime est d'avoir dissimulé à l'opinion publique mondiale que les politiques impérialistes du bloc OTAN et du bloc russe empêchaient l'accord de paix - autrement dit d'avoir dissimulé l'impasse politique dans laquelle ces entités se trouvaient. Du point de vue marxiste "le droit international des nations" est donc un instrument de camouflage de l'impérialisme. Israël ne s'affranchit pas du droit international, car il n'a jamais été qu'un simulacre.

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  • Sur le suicide d'un pote

    Mon père vient de m'apprendre le suicide d'un ami d'enfance, Vincent D. Autant qu'on sache, la cause en est une affaire d'argent (il était commerçant), ou bien sentimentale, ou un mélange des deux. Je n'avais pas revu Vincent depuis une vingtaine d'années ; c'était plutôt un voisin qu'un ami, à vrai dire, quelques numéros séparaient nos domiciles, et sa mort ne m'affecte pas. Je crois que le type que j'étais quand je fréquentais Vincent est mort lui aussi - je l'ai tué ; est-ce que l'enfance n'est pas un âge où l'on est étranger à soi-même ?

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  • Lire Lénine en 2025 (3)

    L'échec de Lénine et des bolchéviks est généralement admis, et "1984" incite à le penser. Pourtant Lénine aurait pu écrire "1984", car il partageait bon nombre des idées politiques d'Orwell : le socialisme, le combat contre le socialisme utopique, le combat contre l'impérialisme, la dénonciation de la culture de masse comme un instrument de domination de la classe bourgeoise...

    Si l'on est un minimum honnête, on devra admettre que l'échec des élites libérales nord-américaines à faire des Etats-Unis une démocratie, contre le modèle européen impérialiste, n'est pas moins avéré. L'espoir de Tocqueville n'était pas plus dans une oligarchie imposant au monde entier l'hégémonie du dollar que l'espoir de Lénine n'était d'imposer la dictature d'un appareil d'Etat technocratique.

    Au fiasco du régime soviétique, il faut ajouter celui des Etats-Unis et, bien sûr, des vieilles puissances impérialistes française et britannique dont Lénine pronostiqua la déchéance.

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  • Lire Lénine en 2025 (2)

    Est-ce un enthousiasme excessif qui me fait dire que Lénine est le plus grand homme politique du XXe siècle, avec G. Orwell ? Ce dernier est admirable parce que, tandis que les élites technocratiques s'efforçaient de l'éteindre, Orwell a maintenu la flamme de la politique allumée. Orwell est le théoricien de la persistance et de la banalisation du nazisme, par-delà la chute des dignitaires de ce régime. S'il est une cible privilégiée des diffamateurs professionnels depuis cinquante ans, l'efficacité de la démonstration d'Orwell en est la cause. Orwell refusait de faire le deuil de la "vérité objective", que les propagandistes du bloc russe ou du bloc atlantiste piétinent allègrement tous les jours au nom des "Droits de l'Homme", de la "civilisation", du "camp du bien", de "l'Occident", de la "démocratie"... et parfois même au nom d'Orwell lui-même !

    La grandeur de Lénine se mesure au fait qu'il traite, en 1905, de problèmes politiques dans lesquels l'humanité se trouve plus que jamais empêtrée en 2025 et devant laquelle l'Intelligence artificielle, cette surfemelle alpha, reste muette. La plupart des théoriciens politiques du XXe siècle ne parviennent même pas à formuler ces problèmes.

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  • Lire Lénine en 2025 (1)

    Je lis Lénine pour le besoin de la cause des Gilets jaunes ; Lénine et Orwell sont sans doute les deux plus grands hommes politiques du XXe siècle. Tous les autres n'en ont que les apparences ; tous les autres sont en réalité des "hommes d'Etat", c'est-à-dire des cornacs plus ou moins habiles à mener l'éléphant, qui finissent souvent écrasés sous la bête comme A. Hitler ; l'Histoire n'en gardera trace que comme "phénomènes".

    Orwell explique le risque que représente l'Histoire de faire chuter l'éléphant ("Mon Reich de mille ans pour un éléphant !", aurait crié Hitler avant de se suicider avec sa secrétaire). Le ministère de la Vérité travaille 24h/24 a écrire et réécrire le roman national.

    Quelque décennies séparent Lénine d'Orwell, ainsi que l'échec de la révolution bolchévique à mettre fin à "la dictature de la bourgeoisie". Lénine indique que toute la bourgeoisie n'a pas intérêt au dispositif dictatorial imposé par la très grande bourgeoisie (on parlerait aujourd'hui de bourgeoisie "oligarchique"). La très grande bourgeoisie a aussi la capacité financière, observe Lénine, d'acheter une partie du prolétariat. C'est ce qu'elle a fait en France entre 1950 et aujourd'hui, en achetant les grandes centrales syndicales ; les Gilets jaunes ne sont pas dupes de cette mystification, ce qui explique en partie leur grève générale, débordant non seulement les partis inféodés à la Commission allemande, mais aussi les syndicats, démasqués.

    En parlant de l'échec de la révolution léniniste, on doit immédiatement ajouter que la révolution française de 1789 échoua précédemment à instaurer les idéaux républicains dont elle se réclamait. Staline était "communiste" comme Napoléon Ier fut "républicain".

    Mais on doit aussi -et surtout- parler de l'échec du processus démocratique aux Etats-Unis, tel que Tocqueville l'appelait de ses voeux. La guerre civile dite "de Sécession" a très tôt sonné le glas de l'espoir démocratique libéral tel qu'il est formulé par Tocqueville. Autrement dit, les Etats-Unis ne sont pas plus "démocratiques" que le régime de Staline ne l'est.

    G. Orwell était conscient de l'équivalence de ces échecs. "1984" est par conséquent aussi subversif en 2025 que le léninisme en 1905.

    Les Gilets jaunes "constituants" sont des Gilets jaunes "libéraux" (au sens de Tocqueville) : la lecture de Lénine ou Orwell les informerait utilement de l'inconvénient majeur de "De la Démocratie en Amérique" ; si Tocqueville ne donne pas prise au gouvernement oligarchique (réputé intolérable depuis l'Antiquité), pour autant son essai n'est d'aucun secours pour comprendre la mécanique oligarchique, par exemple le détournement de la science à des fins d'oppression par la bourgeoisie oligarchique. Lénine était beaucoup plus conscient que T. que la très haute bourgeoisie ne reculerait devant aucun moyen pour garantir sa position dominante.

    Lénine se posa en 1917 la même question que les Gilets jaunes et Donald Trump se posent cent ans plus tard : - comment démanteler un Etat profond ? La tâche de Lénine et des bolchéviks était ardue ! En effet, lorsque Lénine évoque l'Etat profond, il ne parle pas tant de la monarchie russe que de l'Etat prussien qui domine alors l'Europe. Lénine n'ignorait pas que la monarchie russe devait à sa propre bêtise et à la fragilité de sa structure, surtout militaire, de s'être effondrée sur elle-même. La monarchie russe était bien plus inadaptée que n'importe quelle autre à l'essor du capitalisme. L'Etat profond est donc, aux yeux de Lénine en 1917, l'Etat allemand.

    Le contexte de l'insurrection des Gilets jaunes est aussi un contexte de gouvernement de l'Union européenne par l'oligarchie allemande ; la constitution gaulliste dictatoriale de 1958 n'est plus qu'une illusion ; elle s'est effondrée sur elle-même, comme la monarchie russe. Les oligarques français se tamponnent de la constitution gaulliste comme de l'An 40, ou comme ils se tamponneraient d'une VIe République. Emmanuel Macron est un PDG, un président japonais, qui applique à la France une politique de redressement économique inefficace. Le rendre responsable de la situation serait, de la part des Gilets jaunes, ignorer leur propre responsabilité politique historique. On ne règle pas le problème du naufrage du "Titanic" en balançant le capitaine par-dessus bord.

    Comment démanteler l'Etat profond ? Il n'y a pas de réponse constitutionnelle à ça, mais seulement une réponse politique imparfaite. E. Macron lui-même avait peut-être des velléités de démanteler l'Etat profond, avant de se retrancher derrière ses piliers : la police, l'Education nationale, les grandes centrales syndicales et l'industrie nucléaire (on oublie parfois que le monopole de l'Etat sur la fourniture d'énergie est l'un des principaux atouts de l'Etat profond - certaines dictatures oligarchiques reposent entièrement sur ce moyen).

    Les constitutions sont toutes "platoniques", c'est-à-dire sans rapport avec la vie politique, comme l'amour platonique se tient à l'écart de la sexualité (on peut déceler dans le constitutionnalisme de Tocqueville son puritanisme). Ce qui plaît tant aux femmes dans les régimes totalitaires - ça c'est Orwell qui le fait remarquer -, c'est leur apparente pureté. La République de Platon est nulle et non avenue, car c'est une République entièrement faite de mots et de concepts. Platon est un anarchiste qui s'ignore.

    Donald Trump entend démanteler l'Etat profond, tout en restaurant la prospérité capitaliste : cela s'appelle scier la branche sur laquelle on est assis, car la domination de l'empire américain sur le monde n'aurait jamais eu lieu si F.D. Roosevelt (le Goebbels étatsunien) n'avait suscité un Etat profond aux Etats-Unis.

    L'échec des Soviets n'est pas si loin, car ils ont essayé de démanteler l'Etat bourgeois profond, tout en faisant la guerre. La dictature du prolétariat, qui est une dictature défensive, a été entraînée dans l'engrenage de la guerre. Pratiquement la seconde guerre mondiale a eu pour effet de convertir l'Union soviétique au capitalisme et pour effet de convertir les Etats-Unis au dirigisme d'Etat.

    La chance des Gilets jaunes (que les manifestants de "Mai 68" n'ont pas eue, et dont F. Mitterrand et ses partisans n'ont pas su profiter), est d'avoir vu une brèche s'ouvrir dans l'Etat profond. L'oligarchie a dépensé mille milliards au bas mot pour colmater cette brèche depuis 2018. Les actionnaires de l'Etat profond, au sens large, ne savent rien faire d'autre que cornaquer l'éléphant. Les Gilets jaunes ne peuvent que compter sur eux-mêmes, comme Lénine et ses partisans.

  • L'euthanasie, une "rupture anthropologique" ?

    On peut poser le principe que toute réforme "sociétale", depuis la fin de la Seconde mondiale, est AVANT TOUT un moyen pour l'Etat profond de faire diversion et de susciter des polémiques médiatiques à l'échelle nationale. La réforme sociétale dissimule l'absence de réforme politique. L'Etat profond se heurte en 2018 au mouvement historique des Gilets jaunes, dix ans après une crise financière mondiale qui a révélé que le "Titanic" était piloté par des incapables, et que la "méritocratie" française est une illusion dangereuse. La méritocratie française fait penser à la marine de guerre française, totalement imbue d'elle-même, alors qu'elle a pour seule fonction d'être une publicité pour la construction navale.

    Quand fut promulguée la loi Simone Veil dépénalisant l'avortement en 1975, la société civile française y était préparée, selon le témoignage ultérieur de S. Veil ; elle s'attendait à une vigoureuse opposition, en particulier des autorités religieuses catholique, protestante, juive... mais ne rencontra aucune opposition, à sa grande surprise.

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  • La Gérontocratie en marche

    "Le Figaro" (famille S. Dassault) annonce cette semaine que la majorité du corps électoral français a désormais plus de 50 ans...

    En réalité le vieillissement du corps électoral n'est qu'un des facteurs du dispositif gérontocratique qui incite les partis politiques à proposer des programmes de plus en plus sécuritaires. Déjà N. Sarkozy avait été élu par la part du corps électoral la plus âgée, alors qu'une de ses promesses phares était de "remettre les Français au travail".

    On peut se demander si la "droitisation" des programmes politiques en France n'a pas pour cause principale le vieillissement.

    Trois effets se conjuguent pour mettre hors-jeu la jeune génération (20-40 ans) sur le plan électoral. Le premier est donc le vieillissement du corps électoral ; le second est l'abstention nettement plus élevée dans la jeune génération (20-35 ans) ; le troisième est le vote pour Mélenchon ou Le Pen des rares jeunes qui votent, alors même que l'oligarchie barre l'accès au pouvoir de ces partis, qui ont en commun d'être "patriotiques", c'est-à-dire d'exprimer une certaine défiance vis-à-vis de l'Union européenne.

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  • La Lutte des Classes en 2025

    Schématisons un peu : la vie politique sous la Ve République est organisée suivant le principe de l'alternance gauche-droite ; la crise venue et les difficultés économiques s'accumulant depuis 2008, une partie des Français a fini par s'apercevoir que, d'alternance, il n'y avait pas, en réalité, mais que la "vie politique française" est conçue, en fait, pour laisser le champ libre à une caste technocratique. Ces Français moins bêtes que les autres -ou plus contraints par la nécessité économique et plus ulcérés par leurs conditions de travail et de vie-, ce sont les Gilets jaunes.

    La grève générale réunit les uns et les autres autours des ronds-points et dans des manifestations épisodiques, et le mobile plus terre-à-terre des seconds devient plus politique au contact des premiers, la grève se prolongeant. Le général de Gaulle avait réussi à tuer la contestation républicaine dans l'oeuf (même s'il y a perdu des plumes), Emmanuel Macron n'y est sans doute pas parvenu, en dépit des apparences.

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