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Mon Journal de guerre - Page 97

  • Le Procès

    Ce n'est plus le procès d'Ilan Halimi mais le Mur des Lamentations. La crucifixion de Barrabas après celle de Jésus. Pour la plus grande joie de Fofana. C'est la passion pour la Loi au seuil de l'Apocalypse. Le principal coupable on ne le voit pas, caché derrière les médiats.

    Marx est saint qui ramène toute balance à l'hypocrisie. D'une part comme de l'autre, c'est la haine. Me Szpiner s'occupe d'exploiter "L'Affaire".

    "Je frapperai de mort ses enfants, et toutes les Eglises connaîtront que je suis celui qui sonde les reins et les coeurs ; et je rendrai à chacun de vous selon vos oeuvres." (Ap. II, 23)

    Et quelle est l'oeuvre du jeune homme riche ?

  • Humour juif

    Un père de famille recomposée de mon quartier, Juif-Boche d'origine, a choisi d'appeler son fils "Ulysse" ; voilà qui ne manque pas de sel.

    "Humour juif" : titre pas très exact puisqu'on est plus près de la science catholique. Le gosse n'a d'ailleurs rien pigé à ma blague. Si même les Juifs ne sont plus ce qu'ils étaient, où va-t-on, ma bonne dame !?

  • Les Inséparables

    Raison et sentiment, pas plus que Don Quichotte et Sancho Pança ne vont l'un sans l'autre, s'entretenant du sens des moulins. Don Quichotte est celui qui des deux a le plus de projets d'encycliques en tête. Et Madrid est une ville boche.

  • Sperme et Argent

    C'est sûrement d'avoir subi une autre forme de violence que la violence sexuelle proprement dite qui incite ces jeunes et jolies blondes slaves à se prostituer aussi nombreuses pour le compte de cartels occidentaux et de clients vivant dans des pays largement gangrenés par la laideur physique.

    C'est toujours par un argument qui admet la violence par quoi la prostituée se convainc elle-même de se laisser abuser par l'argent ; la violence avant, la violence autour d'elle, et toutes les autres formes de commerce qui s'apparentent à la prostitution. L'argent EST la violence. La prostituée croit que le monde ne peut pas plus se passer de l'argent que de la violence.

     

    *

     

    Je me suis longtemps dit que si j'avais des enfants, il valait mieux que je prie pour ne pas avoir de fille, afin ne pas risquer d'offrir une victime de plus en holocauste aux prêtres de Bel, qui sont partout et pour qui les êtres les plus faibles sont des proies de choix. Avant de me raviser, de connaître Simone Weil et de comprendre qu'il est plus fidèle et véritable de ne pas se laisser marcher sur les pieds par Satan et ses sbires qui, si on décide vraiment de leur faire la guerre, pourront voir l'oeuvre du temps qui est la leur se retourner contre eux avec une extrême violence, et le bruit de leurs têtes sous les talons des anges feront entendre comme un craquement.

     

    *

     

    Les féministes en réclamant des augmentations de salaire qui leur accordent un pouvoir équivalent à ceux des hommes, où on ne combattant pas la prostitution à l'échelle industrielle sous prétexte que beaucoup de femmes profitent de ses retombées, mettent plutôt la violence dans le sexe et le sperme que dans l'argent. C'est à peu près du niveau de réflexion des ligues de vertu puritaines yankies ou boutinistes.

    L'intolérance des catholiques et des communistes vis-à-vis des prostituées vient de l'Apocalypse de Jean, fils du Tonnerre, qui voulut, impatient, le lancer contre Capharnaüm et que Jésus, d'abord, retint.

     

     

  • Presse people

    Le petit-fils de Jacques Chirac, Martin Rey-Chirac, ressemble beaucoup à Blaise Pascal. Peut-être un futur contrôleur de gestion ou un politicien soumis à l'alternance ?

  • Le féminisme au sérieux ?

    Essayons de prendre le féminisme au sérieux deux minutes, et pas seulement pour le vernis à ongle idéologique d’une grande bourgeoise ou d’une petite bobo qui n’a rien d’autre à mâchouiller qu’une branlée de slogans lus dans « Elle » ou « Madame Figaro »...

    Je ne serais pas misogyne si je ne pensais pas que le féminisme est une vaste tartufferie. Je ne serais pas misogyne si la presse dite "féminine" n’existait pas pour me conforter dans ma misogynie.

     

     

     

     

    Donc, sérieusement, qu’est-ce qui empêche de considérer le commerce pornographique comme du viol, et de foutre en taule les pornocrates comme les violeurs d’enfants ? On nous dit, et aucune féministe ne me contredira ici, qu’il y a plusieurs sortes de viol, et que le soudard n’est pas le seul type de violeur qui agit « en réunion » ou sous la menace d’une arme. Il y a aussi des violeurs qui abusent plus ou moins de leur autorité et de leur pouvoir, qui procèdent par séduction ou persuasion pour arriver à leurs fins.

     

    Tout est là vous comprenez, parce que si le pognon des pornocrates n’est pas un moyen d'exercer le pouvoir et d'en abuser, qu’est-ce qui l’est ? Le fait de tirer profit de l'abus sexuel l'anoblit-il ? La contrainte du corps est-elle plus grave que celle de l'esprit, ou même le corps peut-il être séparé de l'esprit ? Il n’est même pas difficile de piger que la violence d’une brute avinée en proie à la frustration sexuelle n’est rien à côté du pouvoir coercitif de l’argent.

     

     

    *

     

     

    De deux choses l’une : ou je viens d’anéantir l’idéologie féministe qui prône l’égalisation des sexes, vu que ce sont des centaines de milliers de gonzesses des pays de Hongrie ou de République tchèque que les premiers pays producteurs de porno ont violées et continuent de violer, et très peu d’hommes en comparaison ; ou alors c’est de leur plein gré que les femmes, en grande majorité, décident de se prostituer, comme tentent régulièrement les chaînes de télévision publique de nous le faire croire en exhibant deux ou trois prostituées libres et satisfaites de leur job. Ou bien la réalité est bel et bien faite de pornocrates des deux sexes qui sont derrière la traite de chair humaine à l’échelle dantesque où elle a lieu.

     

     

     

     

    Qu’est-ce qui empêche, maintenant, de façon pragmatique de réprimer ou d'endiguer les abus de ces violeurs comme ceux des pédophiles, même s'il est vrai que la pédophilie n’engrange pas contrairement à la traite des blondes des milliards ? Est-ce que le comité de branleurs inutiles qu’on appelle « Comité consultatif d’Ethique » ne se foutrait pas globalement largement de la gueule du contribuable et, au lieu de se préoccuper de questions « éthiques » d’abord, ne servirait pas principalement à cautionner des pratiques industrielles de plus en plus douteuses ? Tout porte à croire qu'en fait d'humanistes, les Sicard et Kahn, tous ces technocrates inutiles ne sont que des fusibles et des pistons. L'humanisme ne se porte pas mieux de leurs tractations, il en crève à petit feu.

     

    On entend déjà d’ici les experts-comptables capitalistes : « Utopique de vouloir endiguer la prostitution sur internet ! Le réseau internet est mondial ! » Le blabla habituel des « technos ».

    Pour préserver les droits d’auteur d’un ringard comme Johnny Halliday, branlement du Parlement pour monter une brigade de flics, mais pour les violeurs et le féminisme, que dalle !?? La Chine est bien capable avec l’aide de « Google » de stopper les sites qu’elle ne désire pas sur son territoire, elle. Et on nous montre de plus en plus souvent la Chine en exemple.

     

     

    *

     

     

    En cherchant bien, on doit bien trouver des féministes sincères, mais intelligentes ça n’existe pas. Conclusion : les féministes sont des êtres imparfaits, sincères et bêtes ou intelligentes et hypocrites.

  • Pas de sermon

    Pas de sermon aujourd’hui mais le dernier télex catho : la comique ringarde Frigide Barjot, veuve d’un autre comique dont le nom m’échappe et belle-sœur de Karl Zéro, famille chrétienne de toute première « fraîcheur » apparemment, Mme Barjot apporte son soutien au pape Benoît XVI dans la tourmente médiatique. Et ce n’est même pas une de ces blagues de mauvais goût qui ne font rire que les bobos !

     

    Après le coup de Williamson, on peut dire que c’est une nouvelle tuile qui s’abat sur le pauvre Benoît XVI qui va finir par m’inspirer de la pitié, vu qu’entre les anciens papistes qui le renient en direct à la télé (François Taillandier), et les nouveaux qui essaient de restaurer une célébrité qu’ils n’ont jamais vraiment acquise sur son dos, le pape et la papauté sont plutôt mal barrés.

     

    Même Jean-Marie Bigard, à défaut d’être très crédible, reste populaire, et Christine Boutin ne clame pas, elle, qu’elle est frigide. Pouvait pas continuer à se faire les ongles dans un coin, la Barjot ?

  • Sauve qui peut !

    La mémoire est un papillon de jour envoyé par les anges du mal sous la lune. Et les rêves sont des papillons de nuit frappés d'une tête de mort ou d'un trident, comme le front du tigre. Sensation qui part chez moi d'un profond mépris de la poésie, des poètes et des poétesses serinant leurs cantilènes pour faire chavirer le coeur des marins.

    L'allitération révèle l'essence profonde de la poésie. Le philologue boche tresse sa propre corde avant de se la passer au cou. Le cinéphile yanki s'embobine et se débobine tout seul.

    Piétinons des saxophones à la suite de Shakespeare et d'Ezra Pound !

  • Trappe et perche

    Brève halte au lieu-dit "La Trappe" dans le Perche, qui a donné son nom à une tentative plutôt folklorique de réintroduire des moines "trappistes" en France. On se dit bien sûr que le nom était prédestiné ; à ma connaissance il ne reste presque plus de moines en effet, et la plus importante abbaye qui subsiste ne compte pas plus de soixante-dix ou quatre-vingt moines : autant dire une relique.

    Le "monachisme" est à peu près au christianisme en 2009 l'équivalent de l'écologie dans le domaine des idées : un refuge voire une sclérose. Il se pourrait même qu'un moine ait inventé l'écologie ; ça ne serait pas plus étonnant que ça vu qu'il n'est pas sorti que des perles des abbayes, loin de là. Il faudrait vraiment des tripotées de pandas et de bébés phoques pour que les Occidentaux retrouvent le respect qu'ils ont perdu pour leur propre vie. Avec leurs versions latines et leurs vocalises, les moines paraissent au moins aussi irresponsables que Nicolas Hulot faisant le mariolle en deltaplane.

     

    *

     

    Je tâche de planquer mon anticléricalisme pour faire quand même un saut dans la boutique des trappistes, cherchant un fromage pas trop pasteurisé ou un pot de miel des dernières abeilles.

    Au rayon des bouquins pieux, je sursaute, en voyant un signé "Alina Reyes". Ici même, c'est-à-dire sur mon blogue, où elle est venue une ou deux fois naguère, la donzelle m'avait fait part de son intention d'écrire un jour des bondieuseries. J'avais cru à un gag. Je suis bien obligé de me rendre à l'évidence qu'elle n'a pas pu se retenir.

    Je commence à feuilleter. Le catholicisme "selon Alina Reyes" m'horripile tellement que je sens que le moine-caissier, derrière son petit tapis roulant, va finir par se douter de quelque chose. Merde, et elle fait l'éloge de Thérèse d'Avila et Jean de La Croix, en plus ! Plutôt sado-maso pour un auteur "érotique", Mme Reyes ; "érotique", du moins c'est la réputation (avantageuse) qui lui est faite ; on peut bien au contraire trouver la dame très "fleur bleue" et d'un sentimentalisme exacerbé, comme c'est mon cas.

    Elle confirme l'idée commune que c'est la passion qui fait jouir les femmes et non le sexe lui-même. J'ai connu par ailleurs (non pas bibliquement) une féministe... sado-maso (!) ; il y a la tapette Eric Zemmour qui fait l'éloge de la virilité pour la galerie (?), et voilà maintenant Mme Reyes qui invente l'érotisme... sentimental. Et pourquoi pas Aristote faisant l'éloge du cinéma, tant qu'on y est ? Il semblerait que le temps n'est pas encore venu d'exiger des gonzesses un minimum de cohérence.

    *

    Cependant, car il y a un cependant, je décide de prendre sur moi pour ne pas dire du mal de ce bouquin, "Lumière dans le temps", qui est quand même moins obscurantiste que des tas d'autres ouvrages dans la même veine démocrate-chrétienne, à commencer par les pirouettes de Jean Guitton.

    Disons qu'on n'est pas trop en position de faire la fine bouche ; il y a aujourd'hui tellement peu de gonzesses dont le sexe n'est pas serré comme un fermoir de porte-monnaie, que vouer Reyes aux gémonies aussi serait comme signer la condamnation de l'espèce.

    Au vrai, après quelques pages supplémentaires, je me dis que pour une novice, la Reyes est plutôt habile comme théologienne. Déjà, elle est tellement bordélique qu'elle est à peu près incritiquable à moins de pondre une thèse de douze cent pages pour réfuter ses théories plus ou moins baroques une à une. Après tout, si on confiait la formation des jeunes séminaristes, la poignée qui subsiste, à Mme Reyes, il sortirait peut-être moins de connards des séminaires ?

     

  • Sexe et capitalisme

    Les publicités pour convaincre les jeunes gens rétifs à l'usage de la capote de l'adopter font penser à la position "du missionnaire". Pas seulement parce que les pouvoirs publics prêchent là une sexualité hygiénique "comme il faut", mais bien parce qu'on retrouve dans la morale laïque l'obsession jadis cléricale de réglementer jusque les "rapports" sexuels en détail.

    D'ailleurs on ne se contente pas de reprocher à Christine Boutin ses préceptes, on lui en oppose d'autres qui ne sont pas moins contraignants. Mgr Onfray ne se contente pas de dire : "Baisez comme vous l'entendez !" : non, ça c'est plutôt le professeur Choron ; Mgr Onfray prétend imposer sa recette du plaisir, "l'hédonisme", comme les restaurants snobs qui donnent des noms pompeux à des plats banals.

    La sexualité apparaît désormais si dangereuse pour la santé et si menaçante pour la carrières de certaines jeunes filles, qu'elles aiment mieux repousser les premières avances nettes jusqu'à l'extrême limite de la ménopause, si ce n'est au-delà, et se font nonnes 'de facto', 'en liberté'.

     

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    Les pratiques sado-masochistes particulières importées d'Asie comme beaucoup de supplices, vantées par feu l'académicien Robbe-Grillet naguère, par "Arte" désormais entre deux films documentaires, ces pratiques évoquent même les rituels liturgiques extrêmement scrupuleux de la religion juive ou chrétienne orthodoxe, très rébarbatif une fois l'attrait pour la nouveauté dissipé. Si on m'invitait à une séance de torture sado-maso, individuelle ou collective, je redouterais de m'endormir comme devant un film de Claude Chabrol.

    En ce qui concerne le christianisme et le sexe, il paraît aberrant que ce qui est censé réitérer l'incarnation et l'érotisme ait viré carrément au rituel funèbre. Certains vont même jusqu'à parler d'ailleurs de façon typiquement laïque de "petite mort" pour définir le coït (l'idée de métempsycose n'est pas loin).

    La preuve que la sécularisation de la religion comme de la sexualité est bien un indice de "féminisation" paraît assez facile à faire. En passant par les pratiques sado-masochistes, par exemple : quelle idée de se limiter à de simples égratignures et pinçons, de vagues tirages de cheveux ridicules ? Un sadique comme Fourniret paraît plus conséquent, plus kamikaze et moins "peine-à-jouir" pusillanime. Pourquoi se limiter à un sadisme comptable à la petite semaine ? Par soucis d'économie ? d'entretien du ménage ? Qu'est-ce qui retient le tortionnaire nazi d'être plus cruel si ce n'est la crainte d'être appréhendé par un autre nazi ayant autorité sur lui ? Cette limitation ne paraît pas très logique et correspond en revanche bien à un raisonnement de consommateur douillet.

    Il n'y a pas de grand plaisir féminin, il n'y a que des petits plaisirs de femmes additionnés ; idem pour la douleur. Voilà le raisonnement binaire typiquement féminin isolé.

    *

     

    Le "matriarcat", dont Frédéric Engels croit pouvoir dire que les tribus vikings primitives l'ont connu, la religion laïque l'a d'une certaine manière "ressuscité" : l'Etat n'est en effet qu'une grosse baleine qui abuse ses enfants. Une vraie mante religieuse, soit dit en passant, si on se réfère au destin d'"hommes providentiels" qui, comme Napoléon ou Hitler, ont cru féconder cet Etat. "Pupilles de la Nation", tous les enfants de France le sont plus ou moins, et s'il vient à l'idée de leurs parents biologiques de leur inculquer des principes qui ne sont pas laïcs, l'Etat s'y oppose fermement.

    Or le matriarcat n'est ni plus pacifique ni plus juste que le patriarcat intermédiaire. Simone Weil-la rebelle est bien la seule féministe cohérente, qui désire plus de virilité, d'immédiateté, et la mort des idéologies femelles et de la morale binaire pour les deux sexes.

     

  • Pourquoi Hamlet ?

    On peut se demander pourquoi et comment Hamlet, en si peu de phrases, est le plus grand des philosophes modernes, aimé, haï, trahi ?

    C'est que, plus haute est la science, plus courte et acérée s'avère-t-elle. Hamlet se soucie peu de balistique et de catapulte. Il affronte ses ennemis à l'arme blanche. Guerriers, suivez le héros Hamlet en noir et sans panache au-dessus des rêves byzantins de gloire personnelle !

  • Credo matérialiste

    Puisqu'on nage en pleine spiritualité, un pythagorisme de fosse d'aisance, il faut rappeler que la plus prégnante de toutes les idéologies, c'est la mort. Elle préside à toutes les autres : la capitaliste, la laïque, la bouddhiste, la nazie, l'existentialiste, etc.

    Il faut pour l'adopter nécessairement un manque total d'imagination ; ce ne sont pas les Grecs qui croient au destin, mais les loups romains.

    Constat que même Proust, qui pousse pourtant le manque d'imagination à l'extrême pour ressortir des vieux gris-gris du grenier afin de s'en faire une joie actuelle, comme on décollerait des vieux chewing-gum usagés pour les remâcher, ou comme on baise avec une capote, même Proust n'exclut pas complètement une porte de sortie : peu ou prou le con de sa mère, ce qui dans les beaux quartiers fait tout à fait classieux comme enterrement de vie de (vieux) garçon.

    Satan lui-même a des phrases musicales, sans croire à la mort des autres pour autant.

    Où en étais-je ? Ah, oui, si on fait le compte de toutes les actions que l'on accomplit parce que l'on se croit éternel, et qu'on les compare à toutes celles qu'on accomplit parce qu'on se juge mortel, on induira que c'est le corps qui a raison et l'esprit qui erre. A ce stade, je crois qu'on peut deviner pourquoi l'esprit est comme une âme errante en peine.

     

  • Philologie

    L'espèce des philologues est, parmi la race des experts, la plus méprisable ; Nitche, ou plus récemment J. de Romilly, à peine plus virile.

    Il semble que la philologie soit une passion typiquement romaine puisque la théologie de saint Augustin est émaillée de remarques philologiques, parfois des erreurs manifestes de traduction.

    Le philologue n'atteint pas le bon sens moyen, celui d'un maçon ou d'un boulanger par exemple, étant donné que son outil est à la fois l'objet et le moyen de son ouvrage, ce qui est la façon la plus sûre de s'emmêler les pinceaux, de dire ou faire n'importe quoi. Autrement dit, un philologue sera prédisposé à gober les salades d'Einstein ou de Poincaré, qui apparaîtront à un homme plus sensé comme une vaste blague.

    Peut-être est-ce aussi la raison pour laquelle Voltaire a admis et fait de la publicité à une théorie, celle de Newton, qui pour décrire les interactions entre les corps célestes s'inspire d'équations censées encadrer la force centrifuge, équations dans lesquelles la masse - je répète pour ceux qui ont du plomb dans la cervelle : la masse, n'intervient même pas ; ça aurait dû mettre la puce à l'oreille de Voltaire, au moins le problème de la traduction de l'algèbre au "phénomène physique" supposé, dans la mesure où par ailleurs, pour des raisons d'ordre culturel et théologique, Newton identifie quasiment l'espace à la matière.

     

  • Cerveau reptilien

    De Job Rothschild à Olivier Dassault : "Je crois que c'est un peu trop facile, comme ça, de crier haro sur les patrons." Cette réplique de Dassault dans un PMU aurait provoqué l'hilarité générale, avant évacuation du comique-troupier à coups de pieds au cul. Mais là Dassault se trouve sur la chaîne parlementaire qui est censée faire gober aux Français qu'ils ne sont pas représentés à l'Assemblée nationale par des guignols.

    Pourtant il se raconte jusque dans les milieux politiques qu'on est doté dans la famille Dassault exclusivement de cerveaux reptiliens, rapport au plafond tellement bas qu'il n'a pas été possible d'insérer grand-chose dans la boîte crânienne (la démonstration que la taille du cerveau n'a pas d'importance, basée sur celui d'Einstein, ne vaut pas pour moi puisque je tiens Einstein pour un crétin de première bourre, dont la seule intelligence est d'avoir caché à de plus crétins que lui qu'il n'avait aucun talent autre que publicitaire).

    Médiocrité confirmée par le niveau intellectuel des journalistes qui bossent ou ont bossé pour le compte de la famille Dassault au cours des trente dernières années, dont on ne peut pas dire que ce soit "la crème de la crème".

    *

     

    Bien sûr on ne peut que se féliciter que les "patrons" se soient pris les pieds dans le tapis, mais, j'ai envie de dire "hélas", personne ne les y a poussés ni n'a crié "haro" sur le baudet. Dassault c'est le mec qui fait une demi-tentative de suicide et qui crie ensuite "à l'assassin, on m'égorge !" : patience.

    Bien que ça ne l'ai pas fait marrer, la sortie supersonique de Dassault, j'ai un petit faible pour la jeune journaliste à cheveux courts de la chaîne parlementaire, qui a quand même essayé d'asticoter O. Dassault, strictement toujours déguisé en maquereau maltais, tenue de rigueur apparemment pour fourguer des mirages et des rafales à des émirs. Il faut dire qu'avec des types comme PPDA sous Chirac et Drucker sous Sarkozy, on a placé le niveau de servilité des journalistes tellement bas, que dès qu'il y en a une qui fait semblant de poser des questions qui fâchent, je commence à avoir une érection.

    Si je m'attarde autant sur le rase-motte Dassault, c'est qu'il est un peu différent du cas décrit par Lafargue du capitaliste accroché à son Capital comme la bernique à son rocher et qui ne veut pas démordre de son "élection". Quand Olivier Dassault dit que sa famille s'est rendue utile à la France, il a l'air sincèrement d'y croire !? Comme si on n'avait pas en France tout ce qu'il faut, des jolies filles et des plages, etc., tout ce qu'il faut pour se passer de "jet-set" et d'armes de destruction massive ?

    Et la défense nationale ? Gross Rigolad, là encore. On sait que le terrorisme en cas de besoin est beaucoup plus efficace et beaucoup moins coûteux que le gros matériel qui tombe en rade tout le temps, systématiquement en retard d'une guerre.

     

     

  • Vu à la télé

    Vu Alain Badiou à la télé. Bonne tête de philosophe grec. Quand on voit le niveau moyen des profs de philo. censés avoir passé un concours élitiste et qui sont pour la plupart incapables d'exprimer une idée générale cohérente, on peut dire que Badiou "redore" le blason de sa corporation.

    Il faut dire que je soupçonne Raphaël Enthoven, l'ex. de Carla B., de n'inviter dans son émission de philo sur "Arte" (poilâde garantie !) que des sombres crétins, et laids si possible, afin de paraître brillant par comparaison.

    Surtout il n'y a pas chez Badiou le côté "Marx pour les bobos" comme il y a chez Debord, Baudrillard ou Daniel Bensaïd, qui aurait sûrement fait dégueuler Marx et Engels. C'est une menace de mort qui pèse sur le prolétariat que défendent Marx et Engels, comme aujourd'hui en Chine ou en Afrique, en Inde, et pas une menace de baisse du pouvoir d'achat.

    Ce qui fait la supériorité de Badiou, au-delà de ses capacités rhétoriques, c'est la teneur scientifique de son propos, notamment dans le domaine historique. Un des traits caractéristiques du capitalisme, c'est d'étouffer l'histoire pour la ramener au niveau de la chronologie ou de l'expertise-comptable.

    *

    Là où on ne peut pas cautionner les propos de Badiou, c'est lorsqu'il parle de "discipline du raisonnement mathématique". Bien sûr le raisonnement algébrique est essentiellement puritain et contraire au matérialisme de Marx. Toutes les prétendues "lois économiques libérales", monétaires ou autres, dont Marx a dégagé les ressorts une par une, sont sous-tendues par une algèbre puritaine. On constate d'ailleurs que l'argument télégénique indépassable d'un crétin comme Guy Sorman : "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes capitalistes possibles", vient directement de la "science" boche de Leibniz, science méprisable qui a pour effet de réduire les réalités physiques à de simples slogans.

    Badiou ne va pas jusqu'à faire des mathématiques un mode de pensée communiste privilégié, heureusement, mais même lorsqu'il qualifie le raisonnement mathématique de "rigoureux" et "discipliné", il va trop loin ; il est en-deça de Simone Weil qui avait détecté le caractère irrationnel des travaux de Max Planck et l'avait dénoncé comme un usurpateur. Le raisonnement algébrique est fondamentalement binaire et paradoxal, c'est-à-dire chaotique. Le chaos des modèles astronomiques par exemple (abusivement qualifiés d'astrophysiques), ce chaos est extrapolé des modèles algébriques eux-mêmes.

    Qu'est-ce que ça signifie ? ça signifie que dès lors qu'une modélisation algébrique d'une réalité physique présente un caractère de "finitude" ou de "continuité" (par ex. le monde fini de Kopernik ou l'univers en forme de soucoupe des frères Bogdanoff), il est fondamentalement truqué et on peut le réfuter. Les fameux "trous noirs" ne sont que du rapiéçage, rapiéçage d'un grand 'patchwork' algébrique débile.

    Ce que Platon n'avait pas compris, c'est que la symétrie n'est que le masque de la laideur ; la symétrie cache le chaos comme le miroir cache l'image, et la poésie est complètement réversible. C'est ce que révèle Aristote, dans sa "Physique", et en quoi il surpasse Platon.

    En somme, Badiou est un communiste qui fait l'éloge de la musique, alors que c'est du côté du dessein que Marx, Engels ou Simone Weil se situent, plus près des étoiles par conséquent.

     

  • G20 revisited

    Le compte-rendu du G20 avant le G20 par Paul Lafargue :

    "Capital, mon Dieu et mon Maître, pourquoi m'as-tu abandonné ? (...)

    N'ai-je pas vécu selon ta loi ? Mes actions n'ont-elles pas été droites et légales ?

    Ai-je à me reprocher d'avoir jamais travaillé ? N'ai-je pas pris toutes les jouissances que permettaient mes millions et mes sens ? N'ai-je pas tenu à la tâche nuit et jour, des hommes, des femmes et des enfants tant que leurs forces pouvaient aller au-delà ? Leur ai-je jamais donné mieux qu'un salaire de famine ? Est-ce que jamais je me suis laissé toucher par la misère et le désespoir de mes ouvriers ?

    Capital, mon Dieu, j'ai falsifié les marchandises que je vendais, sans me préoccuper de savoir si j'empoisonnais les consommateurs ; j'ai dépouillé de leurs capitaux les gogos qui se sont laissé prendre à mes prospectus. (...)

    Mais, Seigneur, se peut-il que tu frappes si impitoyablement un homme qui n'a jamais désobéi à un de tes commandements ?

    Mais c'est mal, c'est injuste, c'est immoral que je perde les biens que le travail des autres avait si péniblement amassés pour moi.

    Les capitalistes, mes semblables, en voyant mon malheur, sauront que ta grâce est capricieuse, que tu l'accordes sans raison et que tu la retires sans cause.

    Qui voudra croire en toi ?

    Quel capitaliste sera assez téméraire, assez insensé pour accepter ta loi, - pour s'amollir dans la fainéantise, les plaisirs de l'inutilité, si l'avenir est si incertain, si menaçant, si le vent le plus léger qui souffle à la Bourse renverse les fortunes les mieux assises, si rien n'est stable, si le riche du jour sera le ruiné du lendemain ?

    Les hommes te maudiront, Dieu-Capital, en contemplant mon abaissement ; ils nieront ta puissance en calculant la hauteur de ma chute, ils repousseront tes faveurs.

    Dieu farouche, Dieu aveugle, Dieu stupide, prends garde que les riches n'ouvrent enfin les yeux et ne s'aperçoivent qu'ils marchent insouciants et inconscients sur les bords d'un précipice ; tremble qu'ils ne s'y jettent pour le combler, qu'ils ne se joignent aux communistes pour te supprimer !

    Mais quel blasphème ai-je proféré ? Dieu puissant, pardonne-moi ces paroles imprudentes et impies.

    Tu es le maître, qui distribue les biens sans qu'on les mérite et qui les reprend sans qu'on les démérite, tu agis selon ton bon plaisir, tu sais ce que tu fais.

    Ô Dieu doux et aimable, rends-moi tes faveurs : tu es la justice et, si tu me frappes, j'ai dû commettre quelque faute ignorée. (...)"

    "Lamentations de Job Rothschild, le capitaliste", 1887.

    L'actualité de ce texte n'est pas la seule chose remarquable. Bien que Lafargue ne soit pas un historien et un savant comme son "beau-père" K. Marx, il a su parodier intelligemment le ton janséniste dans son pamphlet.

    De fait, avant que la religion capitaliste telle que nous la connaissons ne devienne un refuge d'hypocrites et d'ignares diplômés, le jansénisme réduisit Dieu à une marionnette. Car les fils de la "grâce" (devenue l'"aléa", le "hasard" dans la religion laïque) ne relient pas l'homme à Dieu mais enchaînent Dieu à des martingales terrestres. Blaise Pascal a d'ailleurs parié sur Dieu comme on parie sur un cheval de course ou la remontée du cours boursier. On peut dire que les railleries de Diderot et de Voltaire, Pascal les a plus que méritées ! Si Voltaire avait pris la mesure de la débilité profonde et concordante avec sa théologie des travaux "mathématiques" de Blaise Pascal, rétrograde "carreur" de cercle, il aurait été plus sévère encore.

    - Qu'on note ceci : ramener le christianisme au problème de la Foi, est une manière pour Blaise Pascal de saboter perfidement la Charité. C'est-à-dire de briser la dynamique chrétienne. L'esprit du monde n'a jamais quitté Pascal, en réalité, qui n'est qu'un poseur, le produit de son époque. Précision : la théologie dite "millénariste", celle de Bacon-Shakespeare par exemple, est combattue actuellement par l'ensemble du clergé catholique ou quasi, QUI NE VEUT PAS EN ENTENDRE PARLER. Lorsque le pape accuse François Bacon d'être le père de la science "prométhéenne", c'est, au choix : un menteur ou un ignorant. Le cardinal Barbarin, devenu pape sous le nom d'Urbain VIII, en soutenant l'arriviste G. Galilée et ses tours de passe-passe algébriques a certainement oeuvré beaucoup plus pour la mécanique et la science prométhéenne que François Bacon ou Karl Marx.

    Or la perfidie de Blaise Pascal, la religion capitaliste en "hérite" qui de son côté ramène l'économie au niveau des équations et des principes comptables et abolit ainsi l'examen des conditions de l'activité économique réelle.

    Baudelaire, assez éloigné du communisme, est pourtant assez concret pour souligner que l'honnêteté du commerçant n'est même pas l'honnêteté, elle est simplement le bon sens. Ce que les prêtres capitalistes n'héistent pas à présenter comme "neutre sur le plan moral" n'est autre que le crime.

    Que penser d'un clergé catholique qui a entériné en France récemment sans broncher la généralisation du boursicotage et donc de L'ENRICHISSEMENT "SANS CAUSE" !? Si ce n'est qu'il se vante de n'être pas matérialiste, à l'instar du Job Rothschild de Lafargue, pour mieux se livrer aux mêmes calculs crapuleux qu'un banquier.

    Un chrétien qui croit que l'enrichissement peut ne pas avoir de cause n'est autre qu'un possédé, sans l'ambiguïté de Baudelaire, un innocent les mains pleines de sang.

     

     

     

     

  • Résurrection

    "Le Capital est mort, vive le Capital !" : sur les ondes radio ce matin, de jeunes clercs enthousiastes annoncent la naissance d'un nouveau petit veau d'or tout neuf. "Jouez hautbois, résonnez musettes, chantons tous son avènement !"

    Sainte Ethique, sa marraine, n'a pas manqué de se rendre au baptême et de faire un petit discours.

    Tout a déjà été annoncé par le prophète Paul Lafargue dans "La Religion du Capital". Tel au chapitre des "devoirs du capitaliste", le n°23 : "Le capitaliste ne se mêle pas aux parlotages sur le libre-échange et sur la protection : il est tour-à-tour libre-échangiste et protectionniste suivant les convenances de son commerce et de son industrie."

    Ou le n°24 : "Le capitaliste n'a aucun principe : pas même le principe de n'avoir pas de principes."

    Il y a entre Alphonse Allais et Paul Lafargue comme une sorte de virage dans l'humour français.

     

  • Ma méthode de lecture

    Vu que j'ai choisi comme axe de mes études la confrontation entre les eschatologies laïques du XIXe siècle (Hegel et Marx) et l'apocalypse de saint Jean, l'ouvrage de Mircéa Eliade intitulé "Le mythe de l'éternel retour" retient mon attention. J'en profite pour donner ma méthode de lecture :

    - Du fait qu'Eliade cite à plusieurs reprises le philosophe nazi Heidegger (dénazifié pour blanchir Sartre de lui avoir emprunté quelque gadget), je peux déduire que je ne tirerai rien de bien substantiel d'Eliade. Le problème d'Heidegger n'est pas en l'occurrence qu'il soit nazi, mais qu'il confonde à peu près Aristote avec Epicure, ce qui pose un problème majeur puisqu'on peut considérer ces deux philosophes grecs comme antinomiques.

    Or la Grèce a connu un progrès du mythe de l'Eternel retour vers la dialectique, avant de revenir à l'Eternel retour. Comment Eliade peut-il comprendre clairement une telle évolution dans ces conditions ?

    - Et je constate rapidement qu'Eliade prend conséquemment au sérieux l'"existentialisme", qui n'est rien d'autre que la morale capitaliste ou laïque, ce dont Eliade ne semble pas dupe mais qu'il n'énonce pas clairement.

    Un toubib me disait un jour que les aborigènes d'Australie n'ont pas de lombalgies parce qu'ils ignorent la définition de la lombalgie ; de la même manière, quiconque vit sous la pression constante d'un pouvoir quel qu'il soit ignore que son existence relève de l'existentialisme chrétien/athée/juif/musulman/sucré/amer.

    - Eliade souligne que le mythe de l'éternel retour a un effet psychologiquement rassurant dans les civilisations primitives, un peu comme le nationalisme ou le patriotisme rassurent, c'est moi qui précise ici, en procurant l'illusion aux individus qu'ils partagent avec un vaste groupe -armé et puissant-, un même "karma" (tant que ces enfants ne sont pas eux-mêmes dévorés par leur mère-patrie). De même le mythe de l'éternel retour est-il un peu inquiétant vers la fin, comme les propos du journaliste-philosophe P. Muray le prouvent ; et les drogues plus ou moins dures complètent utilement l'existentialisme.

    Si Malraux, par "religieux" voulait dire que le XXIe siècle serait "sectaire", il ne s'est pas trompé ; mais ce n'est que le corollaire de la force centrifuge du capitalisme : à l'intérieur de la grande nef étatique glaciale se forment de petites chapelles pour ne pas mourir de froid. Le tribalisme laïc est à une échelle différente. Le sous-bassement de ces chapelles est souvent beaucoup plus instinctif qu'on croit ; il n'y a pas que les gays qui s'associent en fonction de leurs appétits sexuels ; les partouzeurs vont avec les partouzeurs, les continents avec les continents, ce qui ne le sont qu'à-demi ensuite, etc. Plus la spiritualité est mise en avant, plus on peut craindre que ce soient de vils mobiles qui gouvernent en réalité ces contrats sociaux secondaires.

    - C'est donc à faire ressortir le véritable caractère de la pensée dite "historique", opposée aux mythes de l'éternel retour, qu'Eliade se montre impuissant, commettant la grossière erreur de qualifier l'existentialisme d'"historicisme", alors que celui-ci nie au contraire l'histoire. Eliade n'a pas vu que la pensée historique de Hegel n'en est pas une mais reste ancrée dans le byzantinisme allemand. L'erreur d'Eliade est ici d'autant plus grave que Marx, déjà, l'avait relevé.

    - Malgré l'avertissement d'Aristote cette fois, Eliade oppose le "cycle païen", "indo-aryen" à la "ligne historique". Qu'elle soit cyclique ou linéaire, une idéologie est une idéologie et renferme forcément un paradoxe. Si seulement Eliade avait lu Aristote plutôt que les conneries d'Heidegger (d'autant plus vicelard qu'il rend hommage à la "Physique" d'A.). La ligne n'est qu'une portion de cercle. Seul les crétins nullibistes yankis, Riemann, Beltrami, Einstein et "tutti quanti" peuvent croire qu'ils ont approfondi Euclide ou Aristote quand ils ne font qu'effleurer sa surface.

    Eliade aurait dû dire plus nettement que l'éternel retour et l'histoire ne sont pas opposés comme deux idéologies. Ce qui les oppose est ce qui oppose l'artifice à la nature. Le créationnisme d'Aristote contient bel et bien une pensée historique. Quant à Homère, si le théologien "millénariste" François Bacon (alias Shakespeare) l'a récupéré, c'est bien parce que "L'Iliade" et "L'Odyssée" ont un caractère apocalyptique et historique. 

    - Pour résumer : Mircéa Eliade critique le mythe de l'éternel retour seulement dans la mesure où il est lui-même sous son emprise. Autrement dit, il est impossible de concevoir une pensée historique qui ne soit pas théologique. Et, à l'inverse, une théologie qui se mélange au mythe de l'éternel retour n'est pas une théologie mais une généalogie déguisée en théologie. Là où l'erreur quasi-algébrique d'Eliade est encore perceptible, c'est qu'on voit bien que la pensée marxiste, conçue comme une pensée linéaire, demeure statique et finit par retomber au niveau idéologique de Hegel : c'est Althusser ou Balibar.

     

  • Histoire télévisée

    La chaîne d'Etat "Arte" diffuse et rediffuse un documentaire autour d'un vieil officier de la SS, réfugié en Espagne et qui continue de nier obstinément la choa.

    On peut penser que la tradition jacobine française explique en partie la loi Fabius-Gayssot, cas de censure étatique assez isolé à une époque où il est devenu "interdit d'interdire" en principe, et où le pouvoir dispose par l'intermédiaire des médiats qu'il contrôle directement ou indirectement d'un pouvoir de filtre et de censure bien plus efficace que les vieilles méthodes napoléoniennes terroristes. La liberté de nier la choa aux Etats-Unis s'explique par le fait qu'ils sont persuadés de n'y avoir aucune part. Bien que Madrid soit une ville boche, les Madrilènes ne se sentent pas coupables non plus.

    Pour une fois il ne s'agit pas d'un reportage de pure propagande sur "Arte", comme le documentaire de Prieur et Mordillat autour de l'apocalypse de saint Jean récemment, qui ne faisait pas dans la dentelle en opposant la vision de saint Jean à la théologie de saint Paul (!) ; ou encore l'éloge de l'art contemporain capitaliste sans aucun recul critique.

    De fait, cet ancien officier SS peut apparaître comme un pur imbécile qui continue de nier l'évidence, lorsqu'un ancien déporté lui présente par exemple d'anciennes photographies montrant des monceaux de cadavres de prisonniers. Il se défend en prétendant que les photographies sont truquées. Mais dans ce cas, comment ce SS justifie-t-il sa participation à un documentaire télévisé, qui relève du même procès de preuve que la photographie ? C'est illogique.

    L'équilibre du documentaire vient de ce que le téléspectateur peut constater le calme de cet ancien SS accusé d'être un tortionnaire et qui n'est pas agité de tics lorsqu'on le soumet à des questions gênantes sur son ancien métier. Le téléspectateur peut donc se dire qu'après tout l'hypothèse d'un officier imbécile qui, du fait de cette imbécillité, n'aurait même pas vu les coups et les mauvais traitements infligés aux prisonniers, cette hypothèse est plausible tant le Boche a l'air d'être enfermé dans la tour d'ivoire de son honneur et de son patriotisme.

    Idem lorsque la fille d'officier supérieur franquiste qui l'accueille lui révèle soudain qu'elle a des origines juives (cette séquence relève presque du gag, mais ça semble involontaire) ; cette révélation ne fait apparemment ni chaud ni froid à la vieille baderne nazie qui fait penser au collectionneur de papillons Ernest Jünger (à ce détail près que ce dernier s'est au contraire prévalu d'avoir trahi Hitler en fin de compte).

    Mais même si ce documentaire laisse les différents protagonistes s'exprimer assez librement (seule la voix française qui "double" l'officier allemand est caricaturale, exagérément démoniaque), on ne peut pas se satisfaire d'une Histoire télévisée, quel que soit le sujet : Hitler, Staline, les croisades, l'apocalypse, quel que soit le sujet, le documentaire historique constitue un recul important des études historiques. Quel que soit son sens, qu'il nie la choa ou au contraire qu'il l'affirme, le témoignage d'un ancien officier des Sections de Sécurité est irrecevable. Il y a trop de raisons d'ordres divers qui peuvent pousser un soldat allemand à se disculper ou, au contraire, à s'accuser. Et le côté "bête de foire" qu'on exhibe (le vieillard continue de fêter l'anniversaire d'Hitler) de ce documentaire est quand même assez troublant.

    L'Allemagne nazie et le régime de Vichy ont d'ailleurs eux-mêmes largement utilisé le procédé cinématographique au service de leurs régimes iniques. Sans compter les Etats-Unis qui se sont carrément blanchis de leurs crimes contre l'humanité, les bombardements atroces en Normandie, sur les villes allemandes, au Vietnam à l'aide du napalm, au Japon, en Irak plus récemment, par le biais du cinéma, procès qu'ils ont porté au rang de l'art pour le rendre encore moins discutable. Alors même que le cinéma possède toutes les caractéristiques de la fiction.

  • Théorie de la relativité

    Peut-on lire Blaise Pascal ou Montaigne après avoir lu François Bacon ? Je m'y suis efforcé la semaine dernière, mais rien à faire ; même si l'on s'en tient au style, je trouve que Pascal ne vaut pas la Rochefoucault, dont les pensées de jurisconsulte romain mélancolique ne me font déjà pas beaucoup bander. Probable que c'est parce que La Rochefoucault est un athée plus sincère que Pascal qu'il a plus de style. Pascal balance trop.

    Quant à Montaigne, comme le titre l'indique, ce ne sont que des "essais". Il faut pour trouver une perle ouvrir beaucoup trop d'huîtres vides. L'idée qu'il puisse y avoir des "moralistes chrétiens" n'est acceptable que pour un janséniste et elle est aussi farfelue que l'idée qu'il puisse y avoir des romanciers catholiques. Evelyn Waugh tenait à cette étiquette d'"écrivain catholique", mais il ne l'est pas plus que L.-F. Céline, ce qui n'est déjà pas si mal. Waugh comme Céline valent d'ailleurs pour n'avoir pas ou peu versé dans l'"existentialisme", c'est-à-dire pour s'être tenus à l'écart d'une morale officielle qui doit autant, si ce n'est plus, à Pascal qu'à Voltaire ou Rousseau.

    Quand François Bacon ressuscite le théâtre grec "in extremis" sous le nom de Shakespeare, Montaigne fait, lui, l'apologie des systèmes métriques romains. Les meilleurs d'entre les Boches sont français. Montaigne a deux siècles d'avance sur ses cousins germains et il ne s'exprime pas de façon entièrement conventionnelle. Sans le côté "autodidacte" qui fait son charme buissonnier, Montaigne serait aussi scolaire que Nitche.