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Mon Journal de guerre - Page 97

  • Ara breton

    Je constate dans une librairie que le dernier bouquin du navigateur Kersauzon est mis en avant. M'étonne pas que ça cartonne : c'est exactement le genre de propos doux-amers qui sont faits pour plaire aux gonzesses qui lisent les nouveautés. Une qui lit Kersauzon trouvera son "alter ego" dans le gonze déplorable qui, lui, lit "L'Equipe".

    Quel Breton n'a pas été abusé par sa mer ? C'est ce qui les rapproche des Juifs. Le rapport des Bretons aux femmes est d'ailleurs assez semblable : ambigü, limite incestueux. Quand Lévi-Strauss dit cette énorme connerie que la fin de l'inceste marque le début de la société, il ne fait comme Freud que se déterminer "par rapport à la religion juive" ; ça explique aussi pourquoi le cléricalisme a persisté plus longtemps en Bretagne, terre archaïque, et notamment sur les côtes. Expliquer à un Breton à quel point le clergé est une organisation désuète, c'est "mission impossible". Rabelais se ferait virer à coups de sabots au derrière s'il se pointait en Bretagne, idem pour Molière. D'ailleurs il y aurait aussi pas mal de trucs à dire sur "la Bretagne et Satan". En revanche, la femelle Chateaubriand ou la femelle Proust, il y a un public pour ça en Bretagne.

    Dire de Kersauzon que c'est un "Juif antisémite" me paraît être une bonne définition, extensible à beaucoup de Bretons. Quand j'étais en Bretagne, j'ai remarqué que si les Bretons, par principe, sont plutôt hostiles aux Juifs, la religion juive au contraire leur plaît beaucoup, ainsi que les "télécommunications", autre point commun.

    Drieu La Rochelle, homme sensible et doux égaré parmi les brutes, a dit que les Allemands n'ont aucun sens de la politique. Juste remarque. On a vu à quel point les Boches se sont fait berner par les Anglais en 1940. Pour les Juifs et les Bretons, c'est exactement la même chose : la plupart du temps, ils iront là où c'est le plus dangereux pour eux, confiants dans leur bonne étoile (qui est une Méduse, en réalité).

    Le Pen est un bon exemple de verbe politique gâché par une vue d'ensemble défaillante. Et je suis sûr que, secrètement, il y a plein de Juifs qui admirent Le Pen, à commencer par les Juifs les plus authentiquement Juifs. Proust aurait adoré Le Pen. Si Serge Dassault avait pu se payer Le Pen, par exemple, au lieu de Chirac ou Sarkozy, tous ces minables scribouillards du "Figaro", quelle fête pour son "trust", quelle avance pour ses idées pythonesques !

    Sans oublier la grosse contribution des Bretons à la connerie capitaliste, bien sûr, de Bolloré à Pinault, en passant par PPDA, Edouard Leclerc, vulgaires exploitants dépourvus du sens de l'économie. La baderne de Gaulle a noté pour s'en plaindre qu'elle n'avait été ralliée instinctivement à Londres que par quatre Juifs et deux Bretons.

  • Pour un art communiste

    Vu une sorte de dame-patronnesse sur "Arte" attaquer l'art contemporain : Aude de Kerros. Est-il besoin de se saper comme une poule de Cranac'h pour dénigrer l'art capitaliste ? La gonzesse était en effet coiffée d'une sorte de couronne d'étoffe de style troubadour XIXe qui aurait fait pouffer Balzac. Cette Kerros imprime d'ailleurs elle-même des eaux-fortes coloriées comme on pouvait en voir à la Fiac en 1982. Complètement dépourvue d'érotisme.

    Sérieusement, le pire ennemi de l'art capitaliste, c'est le Capital lui-même ; d'ailleurs sans le krach boursier, jamais la Kerros n'aurait été autorisée à exprimer son opinion réactionnaire dans l'émission de propagande télévisée d'Isabelle Giordano.

    Les deux arguments du "business" quand il est attaqué, même faiblement, en l'occurrence la Giordano avait invité deux galeristes un peu plus sexy que Mme de Kerros (Judith Benhamou et Magda Danysz), les deux arguments sont toujours les mêmes : le bon vieux coup du fachisme, d'abord - car Hitler ne s'est pas contenté de déshonorer l'antisémitisme, Bernanos aurait pu ajouter qu'il a aussi déshonoré la critique d'art.

    Et l'argument rhétorique dit "des Médicis", genre : "Certes, Pinault et Arnault sont des crétins mal dégrossis, mais les Médicis l'étaient tout autant." Bien sûr à chaque fois on cite les Médicis et pas François Ier, lui-même poète et dessinateur, ou l'empereur Rodolphe, versé dans de nombreuses sciences. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer à chaque fois la gueule que font les Médicis quand on les compare à deux tronches chefs de rayon comme Pinault & Arnault. Pour que l'argument fasse mouche, il faut toute la stupidité du public d'Isabelle Giordano. Un peu comme si on disait : "Certes, Houellebecq est un auteur pessimiste et qui n'incite guère à la consommation, mais Dante déjà avant Houellebecq était pessimiste." 

     

  • Le Koh-I-Noor

    Mais si je devais choisir un diamant pur pour le mariage de Claudius avec la reine Gertrude, autrement dit du diable avec l'Eglise, je ne choisirais pas Nitche, trop mal taillé par une brute maladroite.

    Je ne choisirais pas Einstein non plus, qui fait trop strass, camelote de chez Tiffany. Je crois que je prendrais Bachelard. Il est pour l'heure ce que j'ai pu trouver de plus régulièrement et précisément taillé dans le mensonge. Bien sûr, Pythagore a beaucoup plus de gueule, Pythagore c'est le Koh-I-Noor comparé à Bachelard. On peut même dire de la théorie de Pythagore qu'elle tient entièrement dans une pierre précieuse. Comme il s'agit d'un mariage bourgeois, et que l'Eglise est une mariée beaucoup trop anémique pour pouvoir porter Pythagore au doigt, je choisis Bachelard, petit ruisseau qui se jette dans la Méditerranée.

  • Le peintre et les poètes

    "Je n'avais pas encore vingt ans que j'avais déjà compris l'aspect le plus mystérieux de l'oeuvre de Frédéric Nitche, que j'avais déjà compris toute la musique et toute la littérature classique, toute la philosophie ancienne et moderne. C'est seulement plus tard que j'ai réellement commencé à comprendre le mystère de la grande peinture."

    Propos de Georges de Chirico tiré de son Journal ; propos "typique" d'un peintre honnête, et à peine exagéré. On peut se demander quand même ce qu'il y a de bien mystérieux chez Nitche ? Il paraît au contraire encore plus transparent que Kierkegaard ou Schopenhauer. De là vient sans doute que je ne m'intéresse pas à la peinture de Chirico, très peu érotique.

    Quand un crétin nullibiste comme Richard Feynman dit : "La physique quantique ne peut pas être expliquée, elle est incompréhensible", eh bien on peut être sûr qu'on touche presque au zéro et à la transparence totale. Le moindre arbrisseau renferme plus de mystère que Nitche (le bien nommé) ou toute la physique quantique compilée (de toutes les fractures à réduire, c'est certainement la plus facile).

    Car si la vérité est une pierre, le mensonge, lui, est comme un diamant pur. Il faut chercher les diamants au fond de la mer et près des volcans.

     

  • Trop de coïncidences

    On voudrait nous faire croire à la coïncidence de la "Journée de la Femme" et de la baisse de la virilité au Danemark. Un homme qu'on force à baiser avec une capote ce n'est plus un homme, c'est juste une femme en moyenne mieux payée que les autres. Une journée du sexe ou de la science serait plus appropriée.

  • La Peur

    Une énième "Journée de la femme" et toujours rien n'est proposé contre cette peur panique qu'éprouvent les femmes à la vue de la Vérité et qui nous tire vers le bas.

    Pire, la femelle Nitche ou la femelle Kierkegaard, insupportables tapettes misogynes, sont citées en exemple dans les journaux. Et quand une femme, Simone Weil, pour une fois n'est pas enracinée dans la glèbe mais s'efforce de monter au Ciel, on en fait une "féministe", on lui colle bêtement un sexe de femme sur la figure.

    S'il y a bien un symbole du progrès inquiétant du féminisme, c'est le journaliste Zemmour du Service Public de propagande télévisée qui fait son miel de cette idéologie.

  • Déphilosopher

    Je constate que Platon et David Hume (1711-1776) sont au programme cette année de l'agrégation de philosophie. Il paraît curieux de proposer à l'étude deux philosophes décadents simultanément ; l'un symbolisant la décadence grecque, l'autre la britannique. Confronter une philosophie décadente à une philosophie vivante est plus fécond : stupidité des concours universitaires et des bêtes qui s'y affrontent. On peut dire que la gauche laïque a bien englué le "peuple" avec ce système universitaire !

    La comparaison de deux systèmes décadents ne peut que conduire à se perdre dans des détails algébriques et tracer des fonctions comme un courtier insane ; c'est le cas de le dire concernant deux philosophes, Platon et Hume, assez "binaires". Le crétinisme informatique actuel a en effet Platon pour "grand ancêtre".

    En théorie et jusqu'à preuve du contraire, il paraît impossible que dans l'Université capitaliste française on puisse porter aujourd'hui un regard éclairé sur David Hume, qui fait partie d'ailleurs, à l'instar de Feuerbach, des quelques monstres que Marx et Engels au cours de leur combat pour la science, ont dû affronter et vaincre.

    En dehors d'une poignée d'historiens, l'Université européenne est presque entièrement sinistrée.

    Le professeur Gilles Deleuze, par exemple, adversaire déclaré de l'apologétique chrétienne, conclut son bouquin consacré à Hume, "Empirisme et subjectivité", un bouquin qui n'est pas complètement nul mais ne date pas d'aujourd'hui ainsi :

    "Voilà où la philosophie de Hume rencontre son point ultime : cette Nature est conforme à l'Être ; la nature humaine est conforme à la Nature, mais en quel sens ?" Alphonse Allais n'aurait pas dit mieux, mais il aurait sans doute ajouté un petit sourire ironique. Deleuze n'est pas nul, sauf que ce qui fait office de conclusion aurait dû servir à Deleuze d'introduction, voire de résumé et de "point final, passons à autre chose".

    Une philosophie qui pose des questions au lieu de donner des réponses, voilà qui confirme le diagnostic d'infantilisme porté par Simone Weil.

    Il eût été plus intelligent de proposer de comparer François Bacon (alias Shakespeare) et David Hume. Comme Marx l'a compris très tôt, la plupart des contradictions ne se résolvent qu'au niveau astrologique. Il n'est possible de comprendre à quel point Hume diffère de Bacon et de sa mystérieuse "méthode d'induction" (qui n'en est pas une au sens cartésien), qu'à condition d'avoir des connaissances en astrologie voire en alchimie ; or l'idéologie de cet "arriviste" de Kopernik, comme dit Luther employant ici le mot juste*, a dégradé l'astrologie en astronomie. La difficulté de Hume, comprise par Deleuze, difficulté par rapport à de purs crétins comme l'abbé Kant ou l'abbé Berkeley, c'est que l'apparence de sérieux de Hume lui vient précisément de Bacon et des véritables savants d'Oxford dont il continue d'imiter le style.

    David Hume c'est Narcisse photographié au moment où sa figure entre en contact avec le miroir argenté, juste avant d'être englouti.

     *L'arrivisme de Kopernik, et plus encore celui de Rhéticus, Galilée ou Newton ensuite, outre le fait que l'algèbre est à la portée du premier crétin venu, est très certainement comme Luther l'a vu une des "clefs" du triomphe du "copernicianisme" sur la science véritable.

    La rencontre de l'algèbre et de l'arrivisme, en quelque sorte, bien avant l'invention de la Bourse de Francfort, de Londres ou de Paris. Hume est lui-même un arriviste. De là vient qu'aujourd'hui un curé laïc comme Claude Allègre est obligé dans ses prêches de laver l'arrivisme du soupçon de fraude scientifique qui pèse légitimement sur tout énergumène qui s'improvise savant. Il n'est pas inutile d'ajouter que, lorsque la débilité algébrique rencontre la théologie, comme c'est le cas chez Blaise Pascal, on frise la catastrophe humanitaire.

     

  • Espèce de gaulliste !

    Un lecteur s'est offusqué de ce que je traite Jean Galtier-Boissière de "gaulliste" ; on est bien obligé à la lecture de son Journal de faire le constat qu'il le fut. Evidemment, en 1944, Galtier-Boissière, fondateur du "Crapouillot", célèbre journal sorti des décombres de la guerre de 1914 et contempteur des "200 familles" et de leur politique, ne pouvait pas savoir que de Gaulle allait s'avérer leur homme-lige.

    Quelques extraits encore du Journal de Galtier-Boissière, dont le ton tranche singulièrement avec le conformisme actuel :

    "8 septembre 1944 - L'épuration chez les comédiens.

    Il est évident que la plupart de nos vedettes se sont plus ou moins 'mouillées' : Sacha Guitry arborait au bar du 'Maxim's' le seul chapeau mou dans une rangée de casquettes plates ; Fresnay et Préjean ont tourné pour la 'Continental' ; Raimu se vantait d'être l'ami de Laval ; Chevalier chantait à 'Radio-Paris' ; Fernandel aurait dîné au 'Cercle européen'...

    Mais dans les campagnes qui s'amorcent, on sent un peu trop la jalousie des petits emplois vis-à-vis des premiers rôles qu'ils voudraient évincer à la faveur de l'épuration.

    - Pourquoi ne jouerais-je point Tartuffe, se dit un deuxième valet du répertoire, moi qui ai fait le coup de feu rue de Rivoli ?

    La nouvelle presse, béatement conformiste, est d'une platitude que n'excuse plus l'improvisation des premiers jours. Tous les journaux sautent de joie à l'idée d'être libres, libres... mais libres de quoi ?

    Nous nous apercevons, non sans mélancolie, que le principal mérite de certaines feuilles, c'était d'être clandestines. Un authentique héros du maquis peut très bien ne pas savoir brocher une chronique ou parler au micro. Mais c'est très délicat de le lui faire comprendre.

    La mort de Jean Prévost dans le maquis du Vercors est malheureusement confirmée. C'était un garçon très sûr, ancien normalien et agrégé, remarquablement intelligent et courageux.

    19 septembre - Revu Z... officier du service secret qui assurait la liaison Londres-Paris. Cet industriel israélite est devenu léniniste ; il déclare que la classe bourgeoise qui a failli à sa mission doit disparaître et réclame un premier abattage de deux cent mille têtes.

    - En somme, lui dis-je, tu es maintenant pour les pogroms d'aryens ?

    Nous faisons un tour d'horizon :

    - Que penses-tu du Général ?

    - Il est stratosphérique.

    22 septembre - Des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont visité hier le camp de Drancy 'en vue de son agrandissement'. Le nombre des incarcérés de la région parisienne dépasserait actuellement dix mille.

    30 septembre - Lefèbvre me raconte la fin tragique de son ami Andrès, as de la Résistance, qui s'était évadé d'un train de déportés et n'avait jamais été repris.

    Après la Libération, la Police le prévient qu'elle a retrouvé au fond d'une cave de la Gestapo, avenue Foch, des caisses volées dans son appartement. Andrès va identifier son bien et le lendemain revient avec un camion. Il descend à la cave, mais à peine a-t-il déplacé une première caisse qu'une bombe fait explosion et le tue net.

    Trois escarpes du gang Bony-Lafont reconnaissent qu'à Saint-Mandé ils ont torturé une vieille dame et son infirmière pour les rançonner. Après les avoir violées et assassinées, ils ont fait cuire les cadavres dans une marmite et les ont passés à la machine à hacher.

    La maîtresse d'un des bandits déclare qu'elle ignorait qu'on dût aussi tuer la vieille dame :

    - 'On m'avait dit qu'elle serait simplement déportée !'"

     

  • Fillon et les Juifs

    - Le curé de Levallois-Perret, auteur du petit laïus pour les obsèques de la jeune touriste française assassinée en Egypte sera-t-il cloué au pilori pour avoir tenté d'importer en France le conflit Ben Laden-Obama en fustigeant le terrorisme arabe ?

    - Au comptoir d'un troquet, je suis pris à partie par une (jolie) négresse outrée que j'ai pu dire à mon pote que Ben Laden m'est beaucoup plus sympathique qu'Obama... elle ne me laisse pas finir ma phrase : Obama ou tout connard sorti d'Harvard en général qui prête serment sur la Bible pour mieux dézinguer des innocents ensuite sans scrupules.

    Je manque même de peu de me prendre une torgnole et de me faire traiter de raciste. Un peu calmée par un compliment ou deux que je fais sur sa beauté, elle m'explique qu'aux Etats-Unis, au moins, on n'empêche pas les Noirs d'entrer en boîte de nuit, comme en France. Que Ben Laden et Dieudonné font tout pour rendre l'intégration des gens de couleur dans la société française plus difficile. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Surtout dans un bar où on diffuse de la musique cadencée afin d'éviter tout dialogue véritable entre les gens ? Ma proposition de l'embrasser sur la bouche pour nous réconcilier, même si elle n'y consent pas, ramène un peu de sérénité.

    - Pour faire oublier son incompétence, Fillon fustige les antisémites qui, en France, blablabla... Si les bobos ont une religion, c'est bien l'antiracisme. Pour un capitaliste, la véritable preuve de sa prédestination, c'est l'épaisseur de son compte en banque ; si ça peut conforter celui-ci, il est disposé à consentir à la race noire, jaune, rouge ou sémite, tous les mérites possibles et imaginables. Quand je vois la gueule de Fillon, et quand j'entends ses discours, je regrette de ne pas avoir commencé de dégueuler sur les curés démocrates-chrétiens irresponsables dix ans plus tôt.

  • Ma conversion

    L'art joue le premier rôle dans ma conversion au communisme. Notamment cette démonstration d'Engels que le "génie artistique" est une utopie, et que c'est vouloir faire de chaque homme un artiste qui est humain et raisonnable. Démonstration d'Engels dont le plus petit artiste, à condition qu'il soit humain et non déjà démoniaque, éprouve la vérité. Je ne peux m'empêcher de faire part à un élève des Beaux-Arts de ce trait d'Engels, et il me répond immédiatement :

    "- Bien sûr, c'est évident. Ton type a raison."

    Le "système Picasso" a sa limite dans Picasso lui-même, dans l'idolâtrie que ses adorateurs lui vouent, fétichisme qui finit, après qu'il en a engrangé les avantages, par dégoûter le "Maître", qui ne maîtrise plus rien. Ce qu'un artiste désire plus que tout, c'est l'amour, non sa parodie conventionnelle, le fanatisme. Bien sûr je ne peux pas éviter la comparaison avec W.A. Mozart, espèce de petit crétin possédé par le génie de la musique.

    S'il faut citer un équivalent de Hegel et de sa phénoménologie démoniaque en peinture, le nom de Manet s'impose, qui donne bien l'illusion du progrès. En algèbre, les exemples fourmillent ; vu que les sophismes d'Einstein sont trop grossiers, disons plutôt Poincaré ou tous les géomètres-experts contemporains de Hegel, persuadés, ces crétins, de surpasser Euclide.

  • L'Economie pour les Nuls

    "Il suffit de remarquer que les crises sont chaque fois préparées justement par une période de hausse générale des salaires, où la classe ouvrière obtient effectivement une plus grande part de la fraction du produit annuel destiné à la consommation." Karl Marx

    Les médias capitalistes tentent tant bien que mal de dissimuler deux faits à l'opinion publique :

    - Le premier, c'est que la crise actuelle correspond bien au schéma économique auquel Karl Marx consacra vingt années d'études. Il s'agit bien en effet d'une crise due à l'excès de crédit et de Capital, et non au manque de Capital ; la surproduction de biens de consommation n'est que le corollaire de l'excès de Capital.

    Autrement dit les gaspillages dantesques dont nous sommes les témoins, derrière lesquels se dissimulent des vies de labeur harassantes, à quelques milliers de kilomètres de nous, ne sont pas dûs à l'incompétence des banquiers, mais à l'impossibilité de faire fructifier normalement l'excès de Capital accumulé par les grands banques nationales. Nulle philantropie bien entendu dans les prêts consentis à des foyers insolvables aux Etats-Unis, mais une conséquence de ce "débord" de crédit.

    - La "morale" de Jérôme Kerviel ou de Daniel Bouton, des escrocs de toutes sortes, n'est pas en cause non plus ; c'est surtout au plan mental que ce genre d'énergumènes est déficitaire. Le problème général est un problème de responsabilité, du banquier à la caissière de supermarché en passant par l'officier français volontaire pour une mission en Afghanistan, le tortionnaire d'un camp de  prisonniers en Pologne ou ailleurs. Le totalitarisme est au contraire "hypermoral" et le léviathan une grosse baleine qui dévore ses enfants.

    C'est l'excès de conventions dans tous les domaines qui mène à l'irresponsabilité. Ainsi, dans le domaine du langage, le soucis excessif des conventions, orthographiques ou grammaticales, reflète cet esprit femelle et les effets du "discours de la méthode" sur la virilité, le "fétichisme" du langage, très net chez des auteurs comme A. France ou son pasticheur M. Proust. Contre ce fétichisme en grande partie, Louis-Ferdinand Céline a bâti la seule oeuvre littéraire vraiment vivante du XXe siècle. La préoccupation du style chez Céline n'est que "résiduelle" et ce qui le mobilise est bien l'expression d'une vérité occultée au premier chef.

    Auparavant Alphonse Allais, auteur populaire lui aussi, dans le canard que lisait le paternel de Céline, faisait ressortir par ses pastiches cette sclérose de la langue française. Allais est mi-figue mi-raisin. La marque du totalitarisme en littérature consiste dans la "parodie involontaire" qui est le niveau de la littérature actuellement. 

    De la même phalange, Léon Bloy est, lui, un auteur presque entièrement dépourvu de style, mais qui a survécu comme Marx exclusivement par la force de son message eschatologique.

  • Helmet Knight

    De la Charité, l'Âme est une adversaire farouche. Et séduisante. C'est là le plus important, la séduction. Car pour que la mort soit bonne, il faut que l'Âme soit belle. Le temps dévore de l'intérieur. Il "prend possession" de ses victimes.

    On croit souvent qu'Hamlet, dans son château d'Elseneur en plein Danemark, a des "états d'âme", voire qu'il tergiverse. Pas du tout ; Hamlet derrière son heaume cherche le point le plus efficace où donner son coup de lance. Il ne s'agit pas de rater l'oeil du cyclope et de gaspiller ses forces en vaines estocades. Mais une fois les forces du mal circonscrites, on observe qu'Hamlet vise juste, et ce même à travers le voile de lin fin.

  • Les 200 familles

    "- Le Groupe Dassault ne vend pas des armes, il vend des outils de défense nationale !" Propos abjects du "président" Serge Dassault, sorte de Grand Python froid, presque pas de front, comme certaines statues égyptiennes. Par-dessus le marché, un rappel de la mémoire des déportés de sa famille et des camps de concentration allemands : les horreurs passées pour en justifier de nouvelles. On est sur "France 3", chaîne de propagande d'Etat.

    Mais Serge Dassault n'est pas chrétien ; j'ignore quelle est sa religion exactement ? Une d'où les pactes avec le diable ne sont pas exclus, manifestement. Le contrat est d'une telle ampleur qu'on ne peut douter que les sbires de Dassault seront entraînés dans le gouffre avec leur Maître, son cynisme et ses "outils" de défense nationale. Les prières des martyrs vont dans ce sens.

    La fourmilière est comme désemparée, ses ouvrières commencent de tourner en rond et ses soldats sont pris de nervosité. Bref on a là, sous les yeux, le résultat de la politique des "200 familles" et de leurs aumôniers. Les terres en friche, les rivières empoisonnées, le gaspillage immense, la banqueroute d'un pays de Cocagne, ce sont eux. Et "France 3" ne trouve rien de mieux, dans cette débâcle, que de tenter de redorer le blason de la dynastie Dassault, Wendel ou Bettencourt.

    Dans son "Journal de la Libération", Jean Galtier-Boissière, bien que plutôt gaulliste et certainement anticommuniste, réprouvant certains abus de la Résistance, déplore que les FFI n'aient pas profité de l'occasion pour mettre au pas les "200 familles" qui, dit-il, n'ont pas mis beaucoup de temps avant de relever la tête.

    Que peuvent les armes de Dassault, la fortune des Bettancourt, l'acier des Wendel, tout l'encens de leurs thuriféraires, contre la colère de Dieu ?

     

  • Signes sataniques du temps

    Il faut dire que l'attaque grossière de Prieur et Mordillat contre l'apocalypse est relayée à l'intérieur de l'Eglise elle-même, de façon plus subtile.

    La bouffonnerie de Prieur et Mordillat, qui consiste à prétendre que l'Apocalypse n'est qu'un pamphlet, alors même que la vision de saint Jean est animée par des phases qui correspondent à la vie du Messie lui-même, cette bouffonnerie n'est que la partie émergée d'un iceberg plus gros.

    J'en veux pour preuve la réponse du Père Alain Bandelier à la question posée par une de ses ouailles dans le magazine "Famille chrétienne" (21-27 fév. 2009 - magazine dont l'intérêt est de refléter la doctrine officielle actuelle du Saint-Siège, qualifiée parfois de "judéo-chrétienne").

    Question : "Que faire pour que le Seigneur revienne enfin dans la gloire et mette ainsi un terme aux horribles souffrances que subissent les hommes de siècle en siècle ?"

    Réponse : "(...) Même les chrétiens ont régulièrement la tentation de "décrocher" de leur espérance théologale pour s'accrocher à un rêve : le retour du Christ sur terre. C'est l'hérésie du millénarisme, selon laquelle Jésus viendrait régner mille ans ici-bas - alors qu'il a clairement dit que son royaume n'était pas de ce monde. (...)"

    Abracadabrante réponse ! A une question, qui, de toute évidence, traduit une soif d'apocalypse ; le genre de question qui risque d'être réitérée au Père Bandelier vu l'effroi dans lequel le monde est en train de plonger.

    D'abord, contre Bandelier, il convient de rappeler le texte de la vision de saint Jean à Patmos, vision qui contient toute l'Histoire :

    "Puis je vis des trônes, où s'assirent des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné, et JE VIS les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et ceux qui n'avaient point adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Mais les autres morts n'eurent point la vie, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. - C'est la première résurrection ! - Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux ; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans." Ap. XX, 6.

    Ensuite quelques explications : dans sa réponse, le Père Bandelier tente d'assimiler le "monde" au monde PHYSIQUE, autrement dit à la "Nature", autant qu'on puisse interpréter l'idée de ce clerc, qui n'a pas l'air de savoir très bien lui-même ce qu'il dit, ajoutant juste après : "Aux pharisiens qui l'interrogent sur la venue du Royaume, il répond qu'il n'est pas ici ou là, comme une chose observable ; c'est une réalité intérieure à l'Histoire" ?????? Cela ferait sourire sur les "éclaircissements" que ledit Bandelier est censé apporté à ses lecteurs, si ce clerc ne portait pas une accusation grave d'hérésie contre la théologie qualifiée de "millénariste" dont Léon Bloy et Simone Weil sont les ultimes représentants, mais qui s'appuie aussi sur Joachim de Flore, François Bacon alias Shakespeare, sans oublier François d'Assise, phalange rassemblée derrière la bannière du Saint-Esprit.

    Le "monde" dont Jésus parle n'est pas bien sûr la Nature célébrée par François d'Assise mais ce que Shakespeare appelle "le temps", représentés dans le Nouveau Testament par les Pharisiens et Ponce-Pilate, autorités religieuse et politique liguées contre le Messie et son message. Nul besoin d'avoir fait sept ans de séminaire pour savoir le sens d'une "mondanité".

    Venant d'un clerc dont la gazette, "Famille chrétienne", n'hésite pas à substituer la télévision à la vision véritable, une gazette appliquée à sceller le pacte entre l'Eglise et le Siècle en présentant le capitalisme comme une fatalité, le darwinisme comme la seule façon possible de concevoir le progrès, une gazette où l'on ose se demander si les Etats-Unis ne constituent pas un modèle de "Cité de Dieu" (!), Etats-Unis dont le satanisme transpire de partout, dont la gazette n'hésite pas à présenter la soldatesque française au service des cartels du pétrole comme un détachement de croisés, venant de ce Bandelier, l'accusation d'hérésie, assurément, ne manque pas de culot ! Pour ne pas dire de calotte.

  • Comme une bête

    Mgr Williamson, traqué comme une bête par les caméras et les journalistes, casquette de base-ball sur la tête et ray-ban devant les yeux, c'est l'image de l'Eglise elle-même, incomprise et ne comprenant rien, comme sidérée, sous la cendre.

  • Journaliste et chrétien ?

    Peut-on être journaliste et chrétien en même temps ? En dehors de la conjoncture même, de la mainmise de l'industrie sur les médias qui l'interdit pratiquement aujourd'hui, force est de constater que c'est un métier incompatible avec le combat aux côtés du Saint-Esprit, combat qui est l'essence du catholicisme, essence bien comprise par Simone Weil qui, Dieu merci, est vierge ou presque de tout "journalisme".

    Cette "somme de journalisme" qu'est Jacques Julliard, observateur obstrué, peut bien essayer de démontrer le contraire, il n'y a qu'un imbécile pour ne pas voir que Simone Weil n'aurait pas "tenu" trois jours dans une "rédaction" au milieu des scribes, qu'elle aurait été virée sur le champ pour excès de pertinence. La vie de Simone Weil elle-même constitue une purge de l'esprit journalistique qui plane sur nos têtes, tel un gaz asphyxiant : gaz hilarant lorsque Obama est élu, gaz irritant lorsque un type inconnu, Williamson dit... dit quoi, au fait ?

    L'actualité est au coeur du métier de journaliste, et l'actualité est synonyme de ce que Shakespeare appelle "temps", ou que d'autres théologiens appellent "le monde". Autrement dit le territoire de Satan, où la Bête de la terre a toute-puissance. (Parlez du diable à un journaliste démocrate-chrétien, il vous regardera avec des yeux de merlan frit ; parlez-en avec un enfant, il pigera tout de suite où vous voulez en venir, ce d'autant plus que les symboles sataniques ont envahi les jeux et les distractions des enfants, passés de la culture populaire yankie à la culture populaire française au cours des dernières décades, avec la complicité du clergé*.)

    *

    Il y a une tentative importante et célèbre de "journalisme chrétien", c'est l'"Univers" de Louis Veuillot (1813-1883), polémiste catholique souvent imité depuis, rarement égalé, et dont l'organe eût une puissance équivalente à celle d'une chaîne de télévision aujourd'hui.

    Quoi que l'attitude bienveillante du pape Pie X à l'égard de Louis Veuillot puisse laisser conclure, l'entreprise de Louis Veuillot s'est globalement soldée par un échec. L'Histoire donne raison à Léon Bloy, plus que dubitatif sur les velléités de Veuillot de propager la Charité par le moyen de la presse. Bloy permet d'ailleurs de poser le problème comme il faut. Le rapprochement entre l'"actualité" et le "temps", pour éviter précisément d'être emporté par "l'air du temps", ce qu'un journaliste laïc lui-même refuse, oblige en principe un journaliste chrétien à parler de l'actualité dans une perspective eschatologique. Hors de ce cadre, défini par Léon Bloy, le journalisme au sens chrétien est nul et non avenu. Bloy ne se contente pas là de définir un simple "cadre", il fixe un sommet élevé, car il y a bien sûr, de l'eschatologie à la critique des films qui passent à la télé comme un GOUFFRE, que même un abonné à "Famille chrétienne", "Télé-Poche" ou "La Vie" est capable de voir -ou bien c'est que "La Petite Maison dans la Prairie" fait des ravages dans les jeunes cervelles encore plus grands que ce que je crois.

    Et l'échec de Veuillot tient à cela, à ce qu'il n'a pas été à la hauteur de l'eschatologie nécessaire. Ses origines très modestes, sa formation "sur le tas", le climat insurrectionnel dans lequel Veuillot a mûri, toutes ces raisons peuvent expliquer la faiblesse de la critique de Veuillot, historique notamment. Mais ce n'est pas le problème, il ne s'agit pas de condamner les "intentions" de Veuillot mais de juger du résultat, car contrairement à ce que prétend de façon hypocrite saint Augustin, les intentions seules ne comptent pas ; le résultat a, on est bien placé pour s'en rendre compte, une importance très grande. La Bible elle-même prône contrairement à Augustin l'action et son résultat sur les bonnes intentions dont le parvis de l'Eglise est pavé.

    Une précision s'impose à propos de Veuillot et de "L'Univers" : aussi peu avisé fut celui qu'il est convenu de tenir aujourd'hui dans l'Education Nationale totalitaire pour "un méchant réactionnaire", "l'ennemi de Victor Hugo", aussi peu avisé fut-il des mobiles réels du régime de Napoléon III, Veuillot ne fit JAMAIS preuve de l'aveuglement VOLONTAIRE des démocrates-chrétiens actuels, journalistes aux "Figaro", par exemple, quant aux mobiles réels de Sarkozy et de Fillon, dont ils ne se dissimulent d'ailleurs quasiment pas.

    *

    Puisque ni Bloy ni Simone Weil ne furent "journalistes" au point d'embrasser cette profession et d'en épouser les usages,  y eût-il dans l'Histoire des journalistes "catholiques", c'est-à-dire apocalyptiques ? En dehors de Balzac, de Marx et de Engels, traqués par toutes les polices d'Europe ou presque pour cette raison, je n'en vois pas. Alphonse Allais ? Il s'est contenté de souligner l'absurdité profonde des principes républicains, ce qui n'est déjà pas mal, mais si j'en fais un journaliste "apocalyptique", on va m'accuser de "charrier", alors que j'essaie d'être juste. Villiers de l'Isle-Adam, en revanche, entre dans le cadre, compte tenu de la forme très spéciale de journalisme qu'il pratique. Et j'ajoute Daumier, pour sa façon de peindre le clergé laïc, avocats, magistrats et députés, sous les traits de pharisiens déchaînés, vision assurément apocalyptique.

    Balzac, Marx, Engels, Villiers, Daumier... disons une petite phalange ; maigre recensement.

    *Sur la complicité du clergé dans le satanisme, accusation très grave, je reviendrai ultérieurement comme il se doit, à partir de l'exemple de Jean Guitton.

  • Merde à la Nostalgie !

    Ce que le « Journal de la Libération » de Galtier-Boissière révèle c’est l’effacement, dans un régime totalitaire, de l’histoire immédiate par le cinéma. Sans le cinoche, les gens liraient, et le récit véridique de Galtier-Boissière leur serait parvenu. Récit véridique : je n’y étais pas, mais je sens bien que c’est vrai. Tandis que le cinéma, c’est du flan, le genre de petits arrangements avec la vérité que les gonzesses aiment, pour la rendre plus sentimentale, la vérité cuite et la recuite dans l’eau de rose. A dégueuler.


    Après tout, on aurait le droit de la savoir, cette histoire-là à peine enterrée, puisqu’on en sort directement. Au lieu de ça, roulements de tambours laïcs, lettre de Guy Môquet par-ci, repentance par-là, tout le rituel factice et les mises en scène, le bal des faux-culs.
    L’Education nationale n’est pas la seule « meilleure alliée » du régime totalitaire, le cinéma l’est aussi.
    Ce qui me plaît aussi chez Galtier-Boissière, par rapport à Nimier, c’est qu’il n’essaie pas de faire du style. Il n’y a pas plus con que le style. C’est la gomina qu’on se met dans les cheveux dans l’espoir de plaire aux gonzesses. Si tous les écrivains aujourd’hui commettent l’erreur de vouloir avoir du style, c’est parce qu’ils vont beaucoup trop au cinéma. De là vient l’idée que de rien on peut tirer quelque chose.
    Donc je continue de recopier Galtier-Boissière :


    « 1er septembre 1944 – Quelques fifis ont pris des miliciens du Lycée Saint-Louis la mauvaise habitude de pointer leur mitraillette sur l’estomac des passants, et la plaisanterie est aussi peu goûtée que l’arrogance de certains blanc-becs qui barrent une rue sans raison, pour prouver au quartier qu’ils détiennent encore une parcelle d’autorité.
    J’assiste devant l’Odéon à une altercation entre un fifi de dix-huit ans, péremptoire, et un camelot quinquagénaire, décoré de la médaille militaire, qui le rabroue : ‘Ah ! dis, petite tête, ramène pas ta fraise ! T’as vu le carrefour Saint-Michel, c’est entendu, mais moi j’ai fait Verdun, figure-toi !’


    Chiffre officiel des tués de l’insurrection : Neuf cents, dont moitié badauds. Il est heureux que certaines victoires retentissantes se soldent par des pertes minimes : Valmy, la plus grande victoire des armées de la République (dont Goethe disait qu’elle ouvrit une ère nouvelle à l’humanité), ne coûta que quelques dizaines de morts, et le nombre des défenseurs de la légitimité tués lors des « Trois Glorieuses » se limita à cent trente-trois…


    3 septembre – La presse exige la mise à l’index des maisons d’édition collaboratrices : Sont visés particulièrement Bernard Grasset, Gallimard qui a livré la NRF à la propagande nazie ; le belge Denoël qui publia les étonnants 'Décombres', de Lucien Rebatet …
    Des Allemands disaient ingénument en partant : ‘Nous reviendrons dans trois mois. Nous ne pouvons vivre qu’à Paris.’
    Von Choltitz a la cote d’amour parmi les officiers qui ont traité avec lui la capitulation allemande. Le gouverneur de Paris n’a pas exécuté les ordres sauvages de Hitler, n’a pas fait sauter le Sénat, ni bombardé la ville :
    ‘Je n’ai pas voulu attacher mon nom, aurait-il déclaré, à la destruction de votre célèbre capitale.’


    6 septembre – Gallimard est un gros malin. Il ne sera pas arrêté comme Grasset car, lui, jouait habilement sur les deux tableaux. Pas fou, le vieux ! A la Nouvelle Revue Française, deux bureaux se faisaient face : Le bureau de Drieu, membre dirigeant du parti Doriot, collabo sincère, directeur de la revue NRF pro-nazie, et celui de Jean Paulhan, résistant de la première heure et fondateur, avec Jacques Decour, du journal clandestin antiboche 'Les Lettres françaises'.
    Le ‘percheron qui se pique à la morphine’ comme l’appelait Cocteau, est un as du double-jeu.


    Toute la famille du général von Choltitz aurait été passée par les armes, en Allemagne.


    La charmante gavroche Arletty a été arrêtée. On lui reproche d’avoir eu une faiblesse pour un beau fridolin.
    - Qu’est-ce que c’est que ce gouvernement, s’est-elle écriée, outrée, qui s’occupe de nos affaires de cul !
    Notre littérature a toujours applaudi à toutes les bonnes fortunes de nos militaires triomphants auprès des femmes de tous les pays d’Europe. Mais nous ne pouvons admettre qu’un vainqueur étranger remporte chez nous des succès du même ordre.


    Il paraît qu’à Drancy, du temps des juifs, les affaires ne chômaient pas. Un gendarme était appointé quinze mille francs par mois par quelques gros pontes pour porter chaque jour les ordres de Bourse.


    Georges Salvago, grand blessé de l’autre guerre, et qui s’était jeté dans la récente bagarre, me raconte qu’un vieil israélite du quartier Monceau, se réjouissait d’être à jamais débarrassé de l’équipe d’affreux miliciens qui occupaient un immeuble en face de son appartement.
    Or, quelle ne fut pas sa surprise, le lendemain de la Libération, de voir de sa fenêtre un grand banquet FFI dans le même local et de reconnaître parmi les convives tous ses miliciens de la veille.
    Il donna l’alarme et toute la bande fut promptement ‘groupée’.


    8 septembre 1944 – « La fin de la guerre est proche », déclare le général Dempsey, dans un ordre du jour.
    Jean Paulhan écrit dans le Figaro Littéraire à propos de son arrestation : ‘Drieu La Rochellle était, entre temps, courageusement intervenu en ma faveur. Je dis courageusement car il ignorait ce que j’avais pu faire.’ »

  • L'essence de la laïcité

    Le mal qui ronge le Juif, c'est : hier.

    Le mal qui ronge le Boche, c'est : demain.

    Et l'alchimie des deux, quand ça n'explose pas, donne le cinéma, qu'on n'a pas attendu les Frères Lumière, hélas, pour inventer.

  • Et merde pour le cinéma !

    De toutes les étiquettes françaises, c’est l’étiquette gaulliste qui me répugne le plus. Je peux causer avec un Français musulman, un Français bouddhiste, un Français lepéniste, un Français juif, un Français cégétiste, un Français qui fait la manche, un Français écologiste, un Français royaliste, voire un social-démocrate, mais un Français gaulliste, j’avoue que j’ai du mal, je dois « prendre sur moi ».

    Il paraît logique d’inculper plutôt ceux qui ont eu entre les mains les moyens de tenter quelque chose d’autre que le résultat qu’on a sous les yeux : une parodie de pays civilisé parsemé de supermarchés Leclerc, de cubes de béton estampillés Portzamparc ou Jean Nouvel, entrecoupé de bocages en jachères ou d’élevages intensifs, dirigé par un président anglophile qui sait à peine parler anglais, avec des académiciens plus gâteux les uns que les autres.

    Pour le gaulliste Jean Galtier-Boissière, de la première heure mais que j’ai découvert récemment aux Puces, c’est différent. Un peu à la manière forte de Le Pen ou de Jean Dutourd, il a cette façon franche de s’expliquer et de mépriser ouvertement l’opinion commune des gonzesses des deux sexes qui prennent le « Journal de 20 heures » pour paroles d’Evangile à ne surtout pas contredire.

    Son Journal sous l’Occupation, puis la Libération, est très instructif à côté de la mythologie laïque débitée par des instituteurs-adjudants au taquet, qu’on peut entendre à l’école dans une morne ambiance, de sept à vingt-sept ans, pour ceux qui font des études supérieures, vu le taux de chômage dissuasif.

    Bien que Galtier-Boissière ne soit pas communiste, au contraire, il me plaît de recopier sur mon blogue des extraits de son Journal, pour l’édification des foules qui passent par ici.

    « 30 août 1944 : Le Bourget a été pris d’assaut par les Leclerc.

    Ainsi, tandis que de Gaulle descendait tranquillement les Champs-Elysées, acclamé par une foule délirante, les Allemands s’accrochaient encore à la banlieue parisienne.

    Une femme tondue a protesté de son patriotisme :

    - Mon cul est international, mais mon cœur est français !

    Le long du Boul’Mich’ les terrasses de café s’emplissent de nouveau, dont les pare-brise sont étoilés par les balles de mitrailleuses. Les dégâts qui semblaient considérables dans les rues vides, se révèlent minimes depuis que la circulation a repris. Sur les trottoirs, les taches de sang noir s’effacent sous les pas des promeneurs.

    Les restaurants réservés aux FFI ferment aujourd’hui. Après les avoir couverts de fleurs de rhétoriques, les vrais militaires donnent le choix aux combattants en veston : s’engager dans l’armée régulière ou rendre leurs arquebuses.

    Les bons bourgeois ont manifesté quelque inquiétude à l’aspect « Commune » des barricades et de leurs défenseurs en salopettes. De plus, la police étant en grève pendant l’insurrection, une certaine pègre qui surgit des bas-fonds en temps de crise, a pillé et rançonné. Dans l’ombre des héros de l’insurrection se sont glissés des bandits, comme des détrousseurs de cadavres sur les champs de bataille.

    L’Académie française expulse les deux Abel.

    Identités révélées.

    Durand (dans la clandestinité : Dupont)...

    Mais nous ignorions aussi bien ce Dupont que de Durand. Et de même : Arthur Duconneau (dans la clandestinité : Jupiter). »

  • Honte d'être Français

    De toutes les institutions françaises, celle qui me fait le plus honte, devant même l'école polytechnique, c'est l'Académie française. La Tour Eiffel aussi est ridicule, mais elle n'exprime pas la débandade aussi ouvertement.

    Pourquoi Mitterrand n'a-t-il pas pris ses responsabilités et dispersé ce sénat des lettres vert-de-grisonnant ? Mystère. Une révolution n'hésiterait pas à faire cesser cet acharnement thérapeutique, à laver cette croûte à coups de kärcher.

    Dernier élu en date, le mélancolique crétin Jean Clair, ancien directeur du Musée Picasso. Sa mélancolie est celle du fonctionnaire manoeuvrier, faite pour dissimuler le parasitisme. Singeant Baudelaire hier, quand Baudelaire était à la mode, l'amphigourique Jean Clair, incapable même d'entendre Diderot qu'il répète ici ou là (pourtant Dieu sait que les méprises de Diderot sont transparentes !), ce Trissotin pour bourgeois gentilhommes auditeurs de 'France-Culture' s'est fait la mimique de Cioran depuis quelque temps, l'air républicain navré de ce que les pelouses soient moins bien tondues qu'avant, et qu'il y ait des robots pour corriger l'orthographe maintenant ; un air destiné à séduire la bande de biscornus ratatinés qui l'a, de fait, admis à prendre part à sa décomposition collégiale.

    Jean Clair fait partie de la bande de sagouins, les Michaud, Catherine Millet, Domecq, etc., dont la bêtise a facilité grandement l'OPA du Capital sur l'art. Si l'art est entre les mains de Philistins comme Pinault et Arnault, c'est entre autre à l'ignorance d'un Jean Clair qu'on le doit, ignorance des principes élémentaires de l'art et de la science.

    Qu'est-ce que c'est qu'un Philistin ? Il n'est que d'écouter Bernard Arnault pour le savoir. Ce type n'entend rien, bien sûr, à l'art, simple produit d'appel pour sa boutique ; mais il n'entend rien à l'économie non plus, moins encore que Sarkozy ! La seule chose dont il soit capable de parler avec sérieux et de façon logique, ce mec, c'est de tennis. Gouvernés par Yannick Noah, nous serions sans doute moins menacés que par tous ces édiles véreux.