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culture - Page 2

  • Culture de masse

    La culture de masse - en l'occurrence la coupe du monde de football - et le totalitarisme sont indissociables. Autrement dit, je suis conscient de vivre dans une époque totalitaire, du fait de l'omniprésence de la culture de masse. Je suis également conscient qu'entre un régime tyrannique "oedipien" classique ou pyramidal et ce qu'il convient de qualifier de "totalitarisme", s'insère l'événement essentiel de la révélation par le Christ Jésus.

    C'est cet événement qui détermine le changement de nature de la tyrannie, qui ne peut plus procéder depuis la résurrection du Messie des chrétiens du droit ou d'une philosophie naturelle classique, mais qui est contrainte de s'y adapter. Pour prendre une métaphore parlante, un transatlantique ne navigue pas de la même manière avec une voie d'eau sous la ligne de flottaison. 

    Quand la métaphysique rend mieux compte de l'histoire et de la science que la géométrie, il faut être un forcené et non un homme rationnel pour persister dans des explications qui, au demeurant, relèvent plus aujourd'hui de la pataphysique (voyage dans le temps, Boson de Higgs, mondes multiples, matière noire théorique) que de la science physique véritable.

    La littérature de Shakespeare-Bacon est la révélation de cette révélation. Shakespeare a mis le pied dans la porte étroite qui mène au salut, en vérité, afin qu'elle ne puisse être refermée par les actionnaires du monde.

    Un phénomène observable à propos de la culture de masse, c'est qu'elle n'est justifiée par personne, nul ne la revendique, en même temps qu'elle joue un rôle de sidération massif à l'échelle mondiale. Par "personne", je veux dire personne, hormis les tocards en état d'ébriété sous son charme, et une poignée d'intellectuels-journalistes incapables d'émettre autre chose que des truismes, dans le genre de Stendhal. Stendhal fait en effet l'éloge de l'opéra, qui contient la recette de la culture de masse telle qu'on la connaît aujourd'hui. Pour une raison aristocratique et artistique, Nitche a quant à lui fait machine arrière et modéré son enthousiasme primitif à propos de Wagner et de son art d'adjudant boche. On retrouve plusieurs caractéristiques de la culture de masse dans l'opéra, dont l'emprunt à la culture populaire de thèmes, vidés de leur sens la plupart du temps, et réduits au stimulus. Vue sous un autre angle, la culture de masse est la transmission du goût bourgeois au peuple, faute morale majeure que l'aristocrate s'interdit (Nitche), voyant bien la conséquence d'empoisonnement qui en résulte.

    Mais, à l'exception de Stendhal et de quelques cas isolés, la critique est la réaction la plus courante, que le point de vue soit moral, politique, philosophique ou artistique. Cependant la culture de masse continue d'opérer, et les critiques demeurent, elles, inefficaces à endiguer la culture de masse, sur le plan moral ou politique ; y compris la critique radicale de Nitche, relativement cohérente, qui consiste à prôner l'éradication pure et simple du judaïsme et du christianisme afin de restaurer la civilisation et l'ordre naturel dont celle-ci découle. "Relativement cohérent", car aucune ligne du nouveau testament, ni aucune ligne de Shakespeare, d'ailleurs, ne permet de fonder une "culture chrétienne". Par conséquent Nitche, tel Don Quichotte, affronte un phénomène qui n'est qu'un leurre, dont il situe l'origine dans le témoignage des apôtres, alors que ce n'est pas son origine. Erreur volontaire de la part de Nitche ? C'est probable, en raison de contradictions majeures dans son étude du christianisme.

    Une critique plus récente et plus cynique (j'y reviendrai), typique de l'intellectuel "post-moderne", consiste à assimiler la culture de masse à la culture populaire, c'est-à-dire à faire croire que la culture de masse répond à un besoin ou à une volonté populaire. On se situe là au stade ultime de la chiennerie libérale. La culture de masse n'est pas moins fastueuse et somptuaire que les jardins suspendus de Babylone ou le château de Versailles, ce qui est parfaitement dissuasif d'attribuer l'organisation de la culture de masse aux classes laborieuses.




  • Du Populisme

    Le comble du populisme est d'organiser des meetings politiques pour lutter contre le populisme.

    La culture démocratique moderne est essentiellement une culture populiste, c'est-à-dire destinée à la mobilisation des masses en cas de menace sur la propriété des élites. La culture démocratique populiste, en tant qu'arme de destination entre les mains des élites, s'efforcera donc autant que possible de censurer l'art populaire.

    La caractéristique du leader fachiste ou apparenté, est de ne jamais faire face à la critique, mais toujours à la foule.

    On n'écoutera pas un quelconque leader d'expression démocratique s'exprimer sur le populisme, tant qu'il n'aura pas trouvé auparavant une justification raisonnable à l'instrumentalisation des masses à l'aide de la culture démocratique, justification qui seule pourrait constituer un début de preuve que ce leader n'est pas un actionnaire cynique du populisme.

  • Dans la Matrice

    Être dans la matrice signifie être la proie du destin et s'illusionner sur le sens de sa vie. La culture est l'opium qui permet cela.

    Nitche s'interroge sur ce que peut bien vouloir Shakespeare -peu importe que celui-là soit sincère ou non. Ce que Shakespeare veut n'a rien d'énigmatique : faire table rase de la culture pour permettre d'y voir clair. Ce que Shakespeare écrit est terrifiant pour les élites occidentales. Comme tous les prophètes, Shakespeare s'adresse directement à l'homme du peuple, qu'il sait nécessairement plus détaché de la culture.

    Vis-à-vis de la culture, l'homme d'élite se comporte de la manière la plus stupide, comme le capitaine d'un vaisseau qui sombre dans la tempête et ne veut pas abandonner la nef qui justifie toute son existence. Les marins, eux, savent qu'il y a d'autres navires et d'autres capitaines semblables.

    Ainsi réagissent Nitche, ou encore Baudelaire, en hommes d'élite : ils haïssent la démocratie, cargo trop lourdement chargé qui prend l'eau de partout, mais ils n'ont pas d'autre solution que de contempler la ruine de cette théorie catastrophique, qui les emporte. Cette ruine aurait dû leur inspirer le mépris de l'élitisme, et non de la plèbe, car celle-ci n'a jamais songé à la démocratie : le concept lui a été inculqué par des hommes d'élites portant le masque du judéo-christianisme.

    Être dans la matrice implique aussi d'ignorer que le mensonge universel porte la marque du judéo-christianisme. Suivant cette ruse le maître dominera sur l'esclave jusqu'à la fin des temps nous dit Shakespeare. Plus fort le témoignage de la Vérité dans le monde, plus puissant l'effort du monde pour produire une musique consolante et mensongère. La culture de vie païenne est impuissante à faire barrage à l'histoire. Seule la culture de mort judéo-chrétienne et ses oeuvres faisandées peuvent fournir la dose d'occultisme et d'opium nécessaires au monde pour se projeter dans l'avenir.

    Et, dans sa chute, l'humanité entraîne Satan, dont quelques esprits nostalgiques veulent restaurer le culte... en vain. Shakespeare est pur, Shakespeare est sauf, accompagnons-le.

  • Guerre et amour

    Si Homère est historien, c'est parce qu'il nous montre que la guerre et l'amour sont pour l'homme sur le même plan ; et que cela est valable en tous temps, en dépit des sermons des sophistes platoniciens visant à démontrer que l'homme est intrinsèquement bon.

    L'historien ne fait pas dans le détail, contrairement au chroniqueur mondain.

    La guerre est un art érotique ; la manière dont chaque civilisation fait la guerre reflète sa façon de faire l'amour. Un dessinateur lucide sur la lâcheté croissante des soldats français au cours des âges, les montrant de plus en plus éloignés par la puissance de feu de leurs adversaires, aurait pu faire le même dessin à propos de l'amour, de plus en plus "virtuel" sous nos latitudes.

    J'ai entendu un jour un pornocrate, c'est-à-dire un type auquel son banquier accorde plus de garanties qu'à un maquereau, parce qu'il donne des signes d'adhésion à la démocratie et aux valeurs actuelles, témoigner du progrès conjoint de la pornographie et de la technologie. On peut en dire de même de la guerre : elle stimule l'esprit terre-à-terre des ingénieurs.

    Un historien occidental doit savoir que dans cette métamorphose des comportements militaires et amoureux, l'Eglise romaine a joué un rôle décisif. S'il l'ignore, c'est un imbécile ou un menteur (Il y a dans l'Université beaucoup de menteurs positifs, qui tronquent et truquent, et la profession d'intellectuel est la moins surveillée. C'est une profession dans laquelle on n'est pas capable de fournir une définition valable de l'intelligence, après trois mille ans de philosophie.)

    S'il n'y a pas de place dans le christianisme pour la culture, pas plus qu'elle ne trouve de fondement chez Homère, c'est parce que la culture est faite pour occulter l'aspect de prédation dans l'amour humain. Il n'y a aucun doute à avoir sur le fait que les soi-disant chrétiens qui suggèrent un plan érotique dans l'art chrétien sont d'authentiques suppôts de Satan. Les "armées chrétiennes" sont justifiées par la "culture chrétienne" : en aucun cas elles ne le sont par les saintes écritures et les apôtres véritables du Messie. Il faut ici se servir du glaive de Jésus, et trancher la gorge des faux prophètes qui prétendent le contraire.

    La culture occidentale paraît anodine, voire anecdotique : elle est en réalité un discours de haine diffus, mais extrêmement puissant, et sa barbarie excède celle du nazisme. C'est une explosion de chair potentielle, et les chrétiens doivent se tenir sur leur garde s'ils ne veulent basculer dans l'étang de feu, c'est-à-dire être happés définitivement par l'enfer où nous sommes.


  • Exit la culture

    La culture, c'est de posséder une vaste bibliothèque, remplie d'ouvrages en latin si possible, comme Montaigne. La science, c'est de savoir faire le tri dans une vaste bibliothèque pour se séparer de tous les ouvrages culturels. D'où le mépris de l'homme de science pour la religion ou la culture.

    La culture accouche, comme Montaigne, d'une souris. Je me demande si la Gironde n'est pas le bas-ventre de la France, tant la veulerie de ses "grands hommes" paraît systématique. Même le vin de Bordeaux me paraît plus macabre que les autres, et destiné à plaire surtout aux femmes et aux curés.

    De tous les suppôts de Satan girondins, Montesquieu est le plus respectable, celui qui feint le moins d'être chrétien. Montesquieu est un homme de loi droite, purement satanique, reconnaissant la primauté du Sphinx dans l'ordre juridique satanique. Pratiquement Montesquieu est comme les Egyptiens, il n'entend rien à l'histoire.

    L'homme de culture possèdera Montaigne et Shakespeare dans sa bibliothèque, tandis que l'homme de science lira que Shakespeare est un cavalier qui traverse l'Italie, réduisant en cendres toute la culture latine.

    Shakespeare n'est pas tendre avec nombre de sornettes françaises non plus, comme Jeanne d'Arc, où le culte républicain opère comme par hasard sa jonction avec le culte romain, mais pour ce qui est de l'Italie et de la connivence de Satan avec cette vieille sorcière, Shakespeare se montre plus radical encore. Les Italiens sont les moins capables de comprendre pourquoi le Messie des chrétiens fait fi des "valeurs familiales". Un Italien, sans sa mère, n'est rien. Le plus athée des Italiens n'osera pas dire du mal de l'Eglise, de peur que sa mère ne lui donne une fessée. Il faut pour qu'un Italien commence d'exister, pratiquement que sa mère l'ait abandonné à la naissance.

    L'attrait de la culture italienne s'exerce le plus souvent en France sur les pédérastes, en raison de cet aspect "maternel". C'est encore une raison de choisir la culture plutôt que la science : la culture comporte le moins de risque.

    Une chose que l'homme conçoit mal, "l'honnêteté", à laquelle il parvient très difficilement, si tant est qu'il y parvienne, la culture en dispense largement, comme d'une chose inhumaine - en particulier la culture élitiste, car il semble que "l'honnêteté" a été inventée, comme la démocratie, dans la seule fin de berner le peuple. C'est pourquoi il y a autant d'escrocs à se faire les avocats de la culture, cette espèce d'écoulement fluvial aussi malodorant que le Gange, sacré en dépit de sa puanteur, mélangeant dans son cours toutes les vieilles carcasses des religions mortes, et qui sert à empoisonner les gosses avec la caution de l'Etat.

  • Culture de Mort

    Le destin de la culture de vie, comme celle-ci est dépourvue de transcendance véritable et maquille en abstraction mathématique cette altération de la conscience, c'est d'évoluer en culture de mort.

    L'Eglise romaine est bel et bien la matrice de l'idéologie totalitaire moderne. Sur le message évangélique qui en est pur, elle a greffé au moyen âge un discours anthropologique. En lieu et place du salut, elle a mis la souveraineté de l'homme, aussi bien ridicule du point de vue du droit naturel païen que de l'aspiration chrétienne vers la liberté, c'est-à-dire vers dieu.

    Le millénarisme totalitaire, qu'il soit hégélien, nazi, socialiste, démocratique, ou bien encore indexé à la plus cynique idéologie évolutionniste, n'est qu'une reformulation de la commercialisation médiévale de l'au-delà par le clergé médiéval. De même la psychanalyse ne fait que pasticher la négation du péché originel par le clergé catholique romain. Il est impossible pour un homme de chair et de sang de parler au nom de l'Esprit, à moins qu'il ne le fasse conformément à la parole. Or on ne voit nulle part le Messie condamner moralement quiconque, pas plus qu'on ne le voit assigner à quiconque un devoir moral.

    L'implication politique de soi-disant chrétiens est une preuve de la trahison de l'Esprit par les institutions chrétiennes. Car l'avenir du monde est ce qu'il y a de plus vain dans le monde, puisque c'est l'esprit du monde... qui n'en a pas. Les démocrates-chrétiens sont des singes, puisqu'ils sont les mieux adaptés à cet esprit du monde, le plus cauteleux et qui repose entièrement sur la caution des banques.

  • Exit la culture

    Entre la culture et le peuple, Marx interpose la critique. Plus largement, aucun détracteur de la propriété et de l'argent ne cautionne la culture, dans la mesure où celle-ci comporte la justification de la propriété et de l'argent.

    Marx a du reste anticipé la métamorphose du culte néo-païen catholique romain en culture républicaine, et fait du motif de se plonger dans la culture moderne un motif semblable à celui de plonger dans l'opium.

    Il ne faut pas chercher plus loin l'extraordinaire gaspillage de ressources humaines pratiqués par les élites républicaines, plaçant ainsi une cloche à fromage étanche sur les gosses de ce pays, sous le couvert d'un cartésianisme si étriqué que Descartes lui-même ne le reconnaîtrait pas.

    L'appétit spirituel des gosses a été coupé à l'aide du néant de l'existentialisme, au point que le satanisme ou l'écologie peuvent passer légitimement pour des axes plus sûrs que la foi dans l'argent.

  • Raus la Culture!

    On reconnaît un esprit français à ce qu'il fait la grimace quand il entend parler de "culture", tant celle-ci échappe à la critique.

    On mesure les progrès du nazisme en France à ce qu'il y a de plus en plus de brutes dans ce pays, à ne jurer que par la culture.

  • L'Art chrétien

    A la question : y a-t-il un empêchement pour le chrétien de s'adonner à l'art, comme le juif fidèle aux commandements de dieu ? La réponse est : oui, le plan de la culture, c'est-à-dire de l'idolâtrie, est signalé au chrétien comme étant incliné vers la mort, parallèle au plan de la chute.

    On distinguera ainsi facilement les vrais témoins de Jésus, de ceux qui, feignant de le suivre, parlent au nom de la bête.

    L'art chrétien fait nécessairement table rase de la culture. Et nul n'a réduit en cendres la culture occidentale comme Shakespeare. Plus vous lisez Shakespeare, mieux vous le comprenez, plus vous saisissez que la civilisation occidentale repose sur le néant, et qu'elle est ainsi inférieure à toutes les civilisations précédentes : elle est sans clef de voûte. Sa clef de voûte consiste dans un mensonge qu'il est nécessaire de renouveler en permanence. En effet, la bête a été frappée une première fois ("bête de la mer") ; sous la forme de la "bête de la terre", elle subsiste et semble avoir recouvré des forces, triompher, même, dans le libéralisme ou la démocratie-chrétienne: en réalité, la bête convulse.

    Pour se défendre contre la vérité, épée dont le tranchant s'est accru de la révélation du Messie et de ses apôtres que la vie, en soi, ne vaut rien, les élites morales et politiques sont contraintes d'ourdir une culture dont le mensonge excède la foi, mêlée de raison, des régimes païens antiques. Autrement dit: la part d'inconscience, dans l'Occident moderne, est accrue ; par conséquent la part d'irresponsabilité. Cela se voit particulièrement dans son art. L'Occident verse donc de plus en plus dans la folie, d'une manière irrémédiable, et dont la forme la plus banale est le gâtisme.

    La fuite en avant de la civilisation occidentale s'explique, comme toute fuite, par la peur. Dans la fuite, l'instinct ou la volonté sont privilégiés sur la pensée. Contrairement à la culture païenne traditionnelle, animée par une crainte raisonnable de la mort, la culture occidentale moderne est plus effrayée encore par la vérité. La société moderne est plus totalitaire et moins démocratique encore que les sociétés païennes, dans la mesure où même le domaine culturel est régenté par les élites. Il n'y a pratiquement plus de culture populaire dans l'Etat totalitaire. Rien dans la culture des Etats-Unis ou presque qui relève de l'initiative populaire et ne soit pas appuyé sur les banques.

    Est-il nécessaire d'être chrétien pour le comprendre ? Est-ce qu'il ne suffit pas d'un minimum de conscience pour comprendre que la "culture scientifique" dissimule une grossière imposture, car la science combat forcément ce qui est de l'ordre de la culture. En somme qu'il n'y a pas de science "collective", mais que l'individu, seul, peut être savant. Le plan collectif n'autorise que le partage des convictions, c'est-à-dire la culture ou la religion. Le savant méprisera nécessairement l'homme d'élite, en raison de l'appui de celui-ci sur la masse et les choses quantitatives. Toutes les paraboles de Jésus-Christ, pratiquement incompréhensibles du point de vue élitiste ou politique (le point de vue platonicien, qui est celui de Judas Iscariote d'après son évangile), en revanche sont acceptables du point de vue scientifique, au regard duquel l'ordre humain est seulement nécessaire, ce qui ne signifie pas fondé sur l'expérience ou vrai.

    Si l'Occident moderne est dépourvu de métaphysique véritable, c'est pour le besoin de son organisation.

    Le régime républicain, non seulement a peu à voir avec les Lumières, mais il prolonge la haine de l'Eglise catholique romaine pour la science dénoncé par les Lumières, suivant la même méthode que les évêques de Rome et pour les mêmes raisons. La science républicaine est au niveau de la culture scientifique, c'est-à-dire de la religion.

  • Exit Darwin

    "Pourquoi la conception néo-darwinienne de la nature est presque certainement fausse." Thomas Nagel

    Le sous-titre de ce bouquin récemment paru aux Etats-Unis donne lieu dans la presse française à des commentaires consternants de... bêtise. Ainsi le webzine Actualitté ; l'antagonisme n'est pas entre "athées", comme T. Nagel, et "croyants". L'antagonisme est entre les tenants d'un déterminisme biologique absolu, et ceux qui estiment que celui-ci n'est que relatif. J'ai beau partager le point de vue anti-évolutionniste de Nagel, je suis le dernier à nier que le coït (nature) obéit à une impulsion biologique, ainsi que les sentiments superficiels (culture), dont l'espèce humaine recouvre la mécanique sexuelle, afin d'en atténuer la cruauté. Non seulement le christianisme ne nie pas le déterminisme social, mais il affirme qu'il ne peut y avoir de progrès sur ce terrain. Un reste de christianisme fait sans doute dire à Nitche (qui n'est pas athée mais païen), que le mouvement culturel accompagne la décadence ou la régression. La culture libérale ou démocratique lui donne raison, tant le constat de l'infantilisme des sociétés libérales est facile à faire (quoi que Nitche soit sans solution pour enrayer le phénomène culturel qui fait de lui un déclassé, ou un spécimen en voie de disparition).

    Pour autant la société n'est pas tout. Elle ne l'est que dans les esprits totalitaires ou, selon Rabelais, grégaires, pour qui il n'est pas de salut en dehors de la famille, de l'Etat, de la nation, de la race, du couple, ou du langage, qui est en quelque sorte le "racialisme épuré" des élites intellectuelles.

    Des tas de croyants sont d'ailleurs "évolutionnistes", par conviction ou parce qu'ils se tiennent dans l'ignorance des questions scientifiques. Au plus haut niveau de l'Eglise romaine, c'est-à-dire de la curie ou de l'évêque de Rome, la mode fait loi, puisque l'incroyable préjugé y est répandu que la science et la foi sont deux choses distinctes. Peu importe que la plupart des savants modernes du XVIIe siècle soient des hommes d'Eglise, ou des philosophes préoccupés de questions théologiques. Prenons Descartes, par exemple, dont se gobergent la plupart des élites républicaines aujourd'hui. Descartes est sans doute moins préoccupé par la théologie que Galilée, Mersenne, Newton, Leibnitz, etc., mais cependant parfaitement conscient des implications de la religion sur la science, et de la science sur la religion. "Je ne veux pas examiner la question du temps dans le phénomène mécanique de gravitation, écrit Descartes, parce qu'elle est trop liée à celle de dieu." Descartes ouvre droit à la partition technocratique de la science, d'une manière beaucoup plus hasardeuse que F. Bacon, mais pas sur le mode totalitaire de la censure des questions métaphysiques.

    Les bouddhistes sont aussi généralement "évolutionnistes". Mais le bouddhisme est, pratiquement, comme la philosophie morale allemande, une religion de la résignation au déterminisme biologique. Autrement dit, à l'opposé du christianisme, le bouddhisme est une religion anthropologique, de l'homme, par l'homme, pour l'homme.

    La "culture de vie" bouddhiste ou évolutionniste ne nie pas positivement la liberté, l'amour ou la vérité, ce à quoi le raisonnement biologique déterministe devrait l'entraîner, mais elle les pose comme de simples hypothèses, d'ordre juridique ou génétique. Techniquement, ou bien la liberté est repoussée dans un au-delà fictif, ou bien elle n'a d'existence que relative, entre les hommes, en fonction de leur situation les uns par rapport aux autres. Les personnes les mieux adaptées à la société -"les escrocs", dit un philosophe français athée anti-évolutionniste- sont donc les plus libres. Raisonnement bestial, puisqu'il se mord la queue. Il place certains hommes dans la condition abominable de concevoir l'animal comme un être plus libre de ses mouvements qu'il ne le sont.

    Que l'on soit croyant ou pas, il y a de très bonnes raisons de soupçonner le raisonnement évolutionniste d'être adapté au totalitarisme. A cause de son usage par les élites capitalistes et nazies, il n'est pas rare que des athées soient hostiles au "darwinisme social", c'est-à-dire à des solutions morales inspirées de l'évolutionnisme. Il est vrai que leur hostilité va rarement jusqu'à soupçonner la mécanique transformiste d'être défaillante à expliquer comment l'individu peut parfois aller à contre-courant de la culture de vie, des statistiques ou de la vie domestique - ou l'art de l'érotisme. Si l'homme descend du singe ou de l'amibe, il ne devrait pas pouvoir produire autre chose que des objets d'art érotiques. Il ne devrait pas pouvoir prononcer, comme Léopardi, que "le suicide prouve dieu", c'est-à-dire la capacité de se soustraire volontairement au déterminisme naturel, ou au fol espoir que la vie sociale a un autre sens que d'échapper le plus longtemps possible à la mort, en se couvrant les yeux des écailles de la culture ou de la religion. En dehors de servir à se rassurer, on ne voit pas bien l'usage de la culture ou de l'éthique pour un athée ?

    Quelle est la place de l'oeuvre de Shakespeare, celle de Karl Marx, entièrement soutenues par l'énergie du désespoir, c'est-à-dire le contraire de la fureur de vivre des imbéciles et des lâches, qui ne se connaissent pas et ne veulent pas se connaître en dehors des images sociales flatteuses ?



  • Marx et la Culture

    Etonnant titre de bouquin. La culture n'est autre que la religion moderne, dont Marx a montré qu'elle repose essentiellement sur la propriété.

    L'agitation culturelle ne fait que refléter celle de la Bourse. Une culture stable répond à un régime de propriété foncière plus stable.

    Bien sûr, on ne peut pas prôner la critique et la culture en même temps, à moins d'être un fonctionnaire de l'université, payé pour dire n'importe quoi. Les cinéastes ont bien raison de repousser la critique : le cinéma n'est pas fait pour ça, puisqu'il relève de la propagande technocratique. Et, du point de vue de la critique, il y a plus de raison de mépriser le cinéma que les Lumières françaises n'en avaient de mépriser le théâtre. Personnellement, je suis le cinéma yankee, non pas en tant que critique, mais en tant qu'il m'informe du national-socialisme larvé de cette nation. Bien des films yankees sont plus odieux que les discours nazis. Les nazis auraient-ils été assez barbares pour présenter le marquis de Sade comme un philosophe... "humaniste" ? On peut en douter, même si l'entraînement militaire, en tous lieux et en tous temps, repose sur l'excitation de l'instinct sexuel ; et la théorie du "soldat de la paix" sur le cynisme absolu. C'est encore un terrain, celui de la culture, où l'on peut voir que l'institution républicaine reprend à son compte toutes les ruses de l'Eglise catholique romaine.

    L'Eglise romaine a forgé une culture contre les évangiles, c'est-à-dire une éthique et une esthétique chrétiennes, alors même que cette subversion est la fornication selon les Ecritures saintes. Shakespeare le signale avec une force extraordinaire : c'est pratiquement comme s'il défiait l'Occident, passé, présent et à venir. La race de fer, Fortinbras, n'en ont pas fini avec Hamlet. La connerie de Roméo et Juliette est devenue dans l'Occident, banalité.

    La République française, quant à elle, a forgé une culture contre la science. Un fantasme contre l'histoire. La théorie de l'humanisme républicain ne résiste pas à l'étude historique. Une mafia blanchit moins vite l'argent que les institution républicaines n'ont blanchi leur prétendues "valeurs éthiques" au cours du demi-siècle écoulé. L'élite républicaine a inculqué aux jeunes générations des idéaux de nature publicitaire, et elle souhaiterait restaurer dans ces générations le respect de ses droits à édicter le catéchisme ?

    Comme tout discours religieux, le discours culturel est soumis au principe de la médiocrité ou de la vertu : il est fait pour plaire au plus grand monde. L'utopie démocratique repose exclusivement sur un sentiment généralisé que, à l'avenir, le monde connaîtra un état de repos. Curieusement, certains esprits forts énoncent que l'on doit s'ennuyer sacrément dans l'au-delà, alors que la "démocratie" est une hypothèse analogue, dont le caractère soporifique est assez palpable. 

  • Culture et Evolutionnisme

    Une personne cultivée s'inscrit dans la continuité du singe ou de l'amibe. N'ayant pas foi dans la culture, produit dopant de l'âme humaine, je ne peux pas croire dans l'idéologie évolutionniste. Il faut avoir foi dans l'homme pour le placer au sommet de la pyramide des espèces.

  • Le Siècle des Dévôts

    J'indique souvent Malraux comme le sommet de l'imbécillité en matière d'art. On peut facilement démontrer -d'autres que moi l'ont fait-, qu'il n'y a que la rhétorique et le sophisme qui intéressent vraiment Malraux. Quel genre d'artiste, je vous le demande, peut accepter un ministère du Culte, et consentir ainsi à aligner l'art sur la fonction publique ?

    Malraux est emblématique du jugement sans appel porté par Bernanos sur les factions qui ont pris le pouvoir à la Libération, et qui ont imposé l'idée de "modernité" dans le pays le moins prédisposé à accepter cette idéologie, constitutive du négationnisme de l'histoire.

    La haine du clergé à l'égard de l'art réaliste, et sa passion parallèle pour le cinéma en revanche, s'explique simplement par le fait que l'effort vers le réalisme, en art, a pour effet de dissoudre la propagande et la foi commune dans quelque paradis artificiel. Les historiens d'art qui s'attachent au style pour écrire l'histoire de l'art s'obligent à écrire l'histoire de la propagande et non de l'art ; il faut les requalifier en esthéticiens. Leur science se moque de l'ouvrage des artistes qui entendent au contraire se soustraire au style, à commencer par Shakespeare, le moins stylé ou dévot de tous les auteurs, pour qui la fiction a une odeur de merde.

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    Chaque changement de régime politique coïncide en art avec un retour au réalisme, et la modernité avec la folie, latente, dans l'uniformité. Cela ne veut pas dire que l'artiste réaliste souhaite nécessairement le changement de régime, puisque la foi dans le changement révolutionnaire, à elle seule, indique le manque de réalisme ; mais l'art réaliste a pour effet de soulever les jupes de la religion et de dévoiler ainsi ses varices, la privant ainsi de son principal argument : la séduction.

    L'éloge de la folie dans l'art -Nitche, par exemple- trahit le ministre du culte, si ce n'est le gauleiter, dont l'effort est pour couper le peuple de l'émancipation permise par l'art, jusqu'à faire de la gastronomie, comme c'est le cas aujourd'hui, un art premier.

    Statutairement, c'est-à-dire sur le plan de la fonction publique quand ils acceptent de s'y soumettre, les artistes se retrouvent désormais dans la position d'envier les grands pâtissiers de ce monde. On peut prendre la pratique contemporaine de l'entartage de courtisans comme l'un des derniers et rares manifestes d'art populaire, et observer combien le carnaval, aujourd'hui, est encadré, dès lors qu'il ne cible plus des idoles démodées. En décrétant le peuple souverain afin de le flatter, les Républiques bourgeoises ont sapé le carnaval pour lui substituer de grandes messes sportives, ce qui revient à priver la démagogie de limites et à encourager les pulsions criminelles dans le peuple. On peut donc poser l'équation du ministère du Culte et du populisme.

    Je sursaute en lisant la prose d'un type soi-disant anarchiste ; celui-ci s'interroge s'il n'y aurait pas un retour du phénomène religieux dans la société française en ce moment ? Un retour !? La réalité est qu'en lieu et place de la neutralité religieuse républicaine, c'est la méconnaissance du principe qui anime les religions qui a été inculquée. Les exemples de dévotion et d'attachement au ritualisme de la société abondent. A commencer, je le répète, par l'argument de la modernité sans cesse répété, qui ne fait qu'exprimer un sentiment religieux.

    A commencer par la musique, synonyme de religion, qui a désormais tous les droits. Et l'imagerie pieuse, c'est-à-dire les clichés ? Ils n'ont jamais été aussi envahissants. Qui ne possède un appareil photographique, lui permettant de se fabriquer ainsi autant d'images pour conforter son narcissime, quand le soupçon lui vient que son existence pourrait bien être parfaitement vaine ?

    Tous les gadgets technologiques activent une fonction religieuse essentielle, et sans laquelle il n'y a pratiquement pas de religion possible : la croyance dans une âme séparée du corps. Sondez l'âme d'un tueur en série ou d'un soldat, et vous y retrouverez cette dichotomie. Un charlatan moderne, qui se fait passer pour un "mage" auprès de ses fidèles, énonce à juste titre que le paradis est au coeur de l'inconscient. Ce qu'il oublie de dire, c'est que cet inconscient est entièrement hypothétique, d'une part, et d'autre part qu'il reflète chez ceux qui s'y soumettent une pulsion religieuse dans laquelle on reconnaît aisément l'effet secondaire de la technocratie. Un mécanicien ou un juriste sera le plus persuadé de l'autonomie de l'âme, puisqu'il fabrique des machineries ou des systèmes sur ce modèle.

    A ce niveau d'aliénation consentie, il est possible d'admettre les robots dans le genre humain. A ce niveau, le mage ou le programmateur a tout pouvoir de manipulation. C'est ce qui rend d'ailleurs les hommes plus réticents à la psychanalyse que les femmes : ceux-ci ont une meilleure conscience du caractère de viol, rituel dans le meilleur des cas, que l'intrusion du psychanalyste dans l'âme du patient constitue. On peut dire que la patiente du psychanalyste a raté ses noces avec la vie, et que le médecin de l'âme, s'il est honnête et efficace, lui permettra de faire de nouvelles épousailles.

    On se situe là encore, bien sûr, sur un terrain religieux. La raison qu'ont les hommes d'être réticents au mariage comme à la psychanalyse est même historique : à l'origine, le mariage n'est pas conçu principalement pour eux. L'Eglise catholique romaine est sans contestation possible l'institution qui a le plus oeuvré en faveur du féminisme, en "christianisant" cette institution païenne, ce qui a eu pour effet de soumettre les hommes à un principe auquel ils n'étaient pas soumis auparavant, dans la religion païenne. Achille, qui incarne chez Homère une religion existentialiste démodée selon cet historien, a le choix entre le mariage et le bonheur d'une part, ou la guerre et la gloire de l'autre ; sans hésiter il choisit la seconde alternative, qui lui permet de s'accomplir en tant qu'homme.

    L'idée que les femmes sont plus pures et chastes que les hommes, contredisant parfaitement la mentalité païenne voire juive, qui identifie les femmes au sexe, cette idée est le produit de l'idéologie catholique romaine, dans la continuité de laquelle s'inscrit l'éthique républicaine. Bien sûr il n'est plus question de vanter la chasteté des femmes, suivant la littérature cléricale la plus médiocre, mais plutôt l'indépendance sexuelle de la femme, aussi hypothétique que la chasteté féminine dans un monde régi par l'argent : ce changement ne tient qu'à des raisons économiques, et au fait qu'on ne capture pas les mouches avec du vinaigre.

    Enfin, à ceux qui ne sont pas convaincus par mon propos de la mise entre parenthèses de l'histoire au cours du XXe siècle (forcément provisoire), tous régimes politiques confondus, et l'aliénation religieuse que ce phénomène implique, j'aime bien en faire "la preuve par Cabu". En effet, je tiens ce caricaturiste pour le plus éloigné de la fabrique d'images pieuses, dites encore d'Epinal, à quoi l'art moderne s'applique au contraire, avec un scrupule religieux qui force parfois le rire, puisque Louis XIV en personne l'aurait trouvé beaucoup trop conventionnel pour l'agréer. Bien qu'abstraits et faits pour méduser le peuple, les jardins de Lenôtre sont une coupure moins grande entre la culture populaire et celle de l'élite que les colonnades tronquées de Buren.

    Bref, Cabu, tout en faisant une part bien moins grande à la religion et aux conventions, ne semble pas voir l'obscénité religieuse des valeurs républicaines qui l'environnent, un peu comme s'il ôtait ses oeillères pour dessiner, et faisait l'âne tout le reste du temps. Pire, il participe aux attaques contre l'islam, dont le principal objectif n'est pas d'attaquer l'islam, selon moi, mais d'affirmer la liberté d'expression, de la poser comme un dogme. Alors même qu'il est difficile de faire de la religion musulmane en France, autre chose qu'une contre-culture. Le besoin d'une contre-culture se fait sentir dans les jeunes générations, dès lors que le culte dominant ne donne plus satisfaction, c'est-à-dire qu'il ne joue plus son rôle rassurant. Comment peut-on faire passer les caricatures danoises de Mahomet pour une double manifestation de la liberté d'expression et de la critique religieuse ? La tactique ressemble à s'y méprendre à celle qui consiste pour les Etats-Unis à ménager la possibilité d'un "choc des cultures", manière moderne de prêcher la croisade, sous le couvert de l'étude sociologique. Il n'y a pas que la guerre qu'on prépare sous couvert de la paix, mais aussi la mobilisation générale, à quoi sert la culture.

    Si l'on veut comprendre pourquoi il n'y a pas de blasphème dans le christianisme, à tel point que Jésus et les apôtres sont traqués comme des blasphémateurs, la réponse est simple : il n'y a pas de culture chrétienne possible. Autrement dit le christianisme, contrairement à la plupart des religions ou des cultures, ne justifie pas le chrétien. Comme Job se plaignait à son dieu qu'il se montrait bien peu secourable et coopératif, comparé à d'autres dieux païens (sur le modèle desquels la Marianne du culte républicain est copiée), les chrétiens pourraient interroger leur dieu afin de savoir pourquoi il se manifeste aussi peu, par comparaison à la puissance nucléaire ou la sécurité sociale de tel ou tel Etat gigantesque, si la réponse n'était pas écrite noir sur blanc dans le nouveau testament, d'une manière qu'on peut résumer ainsi : ce qui nous rassure finit toujours par nous tuer.

    L'invincibilité de la religion et celle de la mort sont identiques. Défier la mort ou la religion revient au même. Le calme, le luxe et la volupté que promet la culture, n'ont jamais régné que dans les cimetières.

    Si le serpent figure la culture de vie païenne dans la Genèse, c'est-à-dire la religion, comme certains peintres de la Renaissance l'ont bien compris, c'est bien sûr qu'il ne peut pas exalter autre chose que l'éthique ou la vertu, principes les mieux faits pour éprouver la jouissance. Montrer le revers de la médaille (la rançon de la chute), aurait dissuadé Adam et Eve de se frotter à l'épreuve de l'incarnation. Quel médecin avouera à son patient qu'il ne fait que retarder le moment de sa mort, pour la raison la plus religieuse possible, c'est-à-dire parfaitement obscure.

    Si Samuel Johnson attribue l'invention du libéralisme au diable, c'est précisément parce que le libéralisme, sur le plan psychologique, inculque la culture de vie comme jamais auparavant aucune religion ne l'avait fait, persuadant ceux qui le subissent qu'ils sont déterminés par la vie, quand c'est dans un puissant mouvement macabre que l'économie libérale trouve son impulsion. Le libéralisme est con comme un toubib. Si le libéralisme a triomphé du nazisme et de l'empire soviétique, c'est pour la raison qu'il est un socialisme plus puissant, qui dissimule mieux les devoirs qu'il impose en échange des droits qu'il accorde. Mais Satan n'en demeure pas moins maître de ce genre de pacte.

  • Krach de la science

    Sous le titre "Le savoir scientifique peine à s'imposer dans les cerveaux." (sic), un journaliste spécialisé dans la vulgarisation scientifique (P. Barthélémy) s'offusque que 29% des personnes interrogées dans un sondage persistent à croire dans le géocentrisme, c'est-à-dire se fient plutôt à l'observation de la rotation du soleil qu'aux modèles mathématiques sur lesquels certains mathématiciens s'appuient pour prétendre le contraire.

    - La première lacune de ce journaliste est d'omettre de préciser que de nombreux mathématiciens présentent l'héliocentrisme comme une méthode de calcul plus commode que le géocentrisme, non comme un fait nouveau. Copernic est le premier à le faire. Ou, plus récemment, H. Poincaré.

    L'illusion, en calcul, peut être bénéfique. Pas toujours, comme l'indiquent les résultats de l'application de modèles mathématiques dans le monde de la spéculation financière (Personnellement j'attends toujours que les prix Nobel qui ont été à l'origine de ces initiatives renoncent à leurs médailles.)

    - La seconde lacune est d'omettre la réfutation réitérée de la théorie (égyptienne) héliocentrique au cours de l'histoire de la science. Par exemple celle de Francis Bacon Verulam, opposée aux spéculations mathématiques de Galilée.

    - Galilée n'est évoqué par Pierre Barthélémy que pour énoncer une énième fois la légende dorée (républicaine) de Galilée, "martyr de la science". On n'est pas loin du point où la réfutation de la légende dorée sera qualifiée de "révisionnisme" - un point inquisitorial, en quelque sorte. Dans ces conditions, comme dirait cet imposteur de Platon, c'est le premier qui traite l'autre de révisionniste qui marque un point.

    - De façon plus grossière encore, l'article de Pierre Barthélémy est émaillé d'insultes à l'égard de ceux qui, selon les termes du journaliste, ne laissent pas le savoir scientifique s'imposer dans leur cervelle. La localisation du savoir dans le cerveau est une chose assez amusante en soi, qui sent le préjugé mathématique à plein nez. Pourquoi ? Parce que la cervelle est au-dessus de la salle des machines ? Mais passons, ce n'est pas le lieu de contester les travaux de la neuroscience moderne.

    - Le ton arrogant de ce journaliste m'a rappelé une petite phrase, lue il y a un an ou deux dans une gazette de fort tirage à prétention scientifique. Une sorte d'historien de la science improvisé y prétendait que la réticence de l'académie des sciences française à admettre les théories d'Einstein était la conséquence probable de l'antisémitisme invétéré des Français. Là, ce n'est plus de l'arrogance, mais de la connerie en barre vendue sous le label scientifique. D'autant plus que la géométrie d'Einstein est beaucoup plus marquée par l'esprit allemand que par l'esprit israélite (on m'a enseigné dans mon enfance que les prophètes juifs étaient des visionnaires, et non des spéculateurs). Que dirait-on d'un musulman qui refuserait d'admettre l'évolutionnisme, sous prétexte que les Français sont racistes ? Sur un point il n'aurait pas tort : de très mauvaises intentions peuvent présider à la recherche scientifique, et les fausser ; la science est un enjeu moral et politique majeur. C'est aussi une donnée dont on ne peut pas faire abstraction quand on cherche à évaluer le niveau scientifique d'une nation. Un grand savant complet, autant historien que physicien ou métaphysicien, n'a pas inclu par hasard l'honnêté dans la méthode scientifique, sachant la croyance des personnes malhonnêtes dans le hasard.

    - Non seulement la science et l'art sont un enjeu politique majeur, mais dans un régime laïc ou athée, qui prétend substituer la recherche de la vérité scientifique à dieu, pour mieux doter chacun de la raison en lieu et place de la foi ou de la superstition (dans laquelle le hasard joue un rôle majeur). A la religion se substitue la culture dans un régime laïc. A charge pour les acteurs culturels de démontrer que le cinéma vaut mieux que la foi ou la superstition. Idem pour la science : si elle ne progresse pas, et je ne parle pas des divers gadgets du concours Lépine qui sont un peu comme des amulettes (dont les dévots se séparent avec peine), si la science ne progresse pas, alors c'est comme si dieu était passé à la trappe : on tourne en rond. Vu les milliards engagés dans la recherche scientifique, dont une infime partie suffirait à régler le problème de la faim dans le monde, comme dit Claude Allègre, le risque est grand que le public perde confiance dans le personnel chargé de le guider sur les chemins de la vérité. De là l'enquête statistique qui préoccupe notre journaliste. Assez débile sur le plan scientifique, puisqu'elle s'intéresse à "la culture scientifique", qui est une notion religieuse, ce sondage permet surtout de mesurer la confiance du public dans les enseignants. Mais, au fait, qu'est-ce qu'un savoir scientifique dont on est persuadé qu'il est véridique parce qu'on a confiance dans les personnes qui nous l'enseignent ?

    - L'article ci-joint de P. Barthélémy est suivi de très nombreux commentaires, auxquels il ne m'a pas été permis d'ajouter le mien. La cacophonie des commentaires qui suivent répond en partie à la question apparemment scientifique posée par notre expert en communication : pourquoi tout le monde n'est pas convaincu de l'héliocentrisme ? Parce que chaque partisan de l'héliocentrisme a un point de vue et une image du monde différents : les élèves ne sont pas responsables de la confusion des professeurs qui voient chacun midi à leur porte. Si l'univers, objet de la science, est unique, cela n'empêche pas les hommes d'avoir une multiplicité d'avis différents, un peu comme, si dans la nature, c'était l'homme l'erreur. Ah, mais un autre expert m'informe qu'en fait, l'univers ne serait pas unique, mais multiple ! Est-ce que ça ne serait pas un tout petit peu narcissique ?

    http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/06/24/le-savoir-scientifique-peine-a-simposer-dans-les-cerveaux/

  • Le Vernis craque

    Quand j'entends parler de culture, je devine qu'il y a du viol d'enfants dans l'air. L'apologie de la culture, cette fine couche de vernis recouvrant la bête humaine, est toujours le fait du curé dévoreur d'enfants.

    La femme qui enfante malgré tout, contre tous les avertissements de ne pas ajouter de la douleur à la souffrance du monde, celle-là devra protéger son enfant de la culture si elle veut son bien, le sevrer au plus vite du lait maternel de la culture. Et celle qui le fait le mieux, qui n'a de cesse de flanquer au feu les vanités, c'est l'Epouse du Christ, l'Eglise des saints qui sont au ciel.

    Magnifique massacre d'attachés culturel dans Elseneur par Hamlet, pour contribuer à l'épiphanie de l'Esprit. Grattons le mastic, flanquons le feu au vernis de Babylone, elle ne tient plus que par lui.

  • Kulture de mort

    La Kulture n'est rien d'autre que le masque bourgeois de l'ignorance. Proust, madame Bovary, le bourgeois gentilhomme ou Adolf Hitler sont "cultivés". On ne saurait insinuer poison plus mortel dans l'oreille d'un gosse d'immigré que cette idée saugrenue de "culture française". La Kulture n'est utile que dans les dîners mondains, sur les plateaux de télé ou pour meubler un appartement avec goût ; la culture, c'est la binette du parvenu.

    Même le plus romain et discipliné des humanistes français -mettons Montaigne- ne manquerait pas assez d'esprit critique pour cautionner ce costard cartésien cousu de fil blanc, pour ne pas piger que la culture est nécessairement "à géométrie variable" comme les sophismes de l'atomiste Einstein, c'est-à-dire entièrement soumise au principe de la mode. Ainsi le moderne devient "antimoderne" lorsque le train de la modernité est passé, et retournera ainsi de suite sa veste en temps utile.

    N'est véritablement "cultivé" aujourd'hui qu'untel qui connaît les derniers avatars du cinéma hollywoodien et les dix plus gros tubes du Top 50. Ce que le bourgeois ne supporte pas dans la contre-culture, c'est qu'elle lui succède. Laissons les académiciens atteints de gâtisme, confits dans leur mémoire de collectionneurs, pleurer devant le vide-grenier de la culture française.

    *

    Un conseil simple qu'on peut donner à un gosse d'immigré, puisque c'est la seule voie de l'intelligence qui lui permettra de s'affranchir du football et des corvées que les libéraux cyniques et fainéants lui infligent : se cantonner aux oeuvres de la Renaissance française et européenne (disponibles gratuitement sur Google). Gain de temps assuré lorsqu'on a autre chose à foutre que convertir le temps en argent ou lire des romans de Flaubert après Flaubert, ce qui revient pour une demoiselle à continuer de porter des robes à cerceaux.

    Louis-Ferdinand Céline lui-même, mis au ban par la bourgeoisie pour n'avoir pas assez passé de temps à lui lécher la sainte fente, aurait donné tout son ouvrage de moine cistercien défroqué contre deux vers de Shakespeare. Voilà l'esprit critique français, on ne peut plus empreint d'abnégation.

    Proust l'a dit, pourquoi le bourgeois bouffe de tout et n'importe quoi, et montre plus de vigilance sur le point de la gastronomie ou la façon de se faire enculer que dans les questions spirituelles : il croit ainsi obtenir naïvement un délai. Ce faisant il ne fait que vivre à crédit, et cette vie-là est comme une mort. La seule puissance que le diable accorde à ses sujets, c'est d'anticiper leur mort.

  • L'Argent du Beur

    Le pire, ce sont encore ces intellos bobos : Finkielkraut, Bruno Gaccio, etc., qui feignent d'ignorer que le football est une entreprise politique bourgeoise crapuleuse DEPUIS LE DEBUT. Sans compter ses effets d'abrutissement sur les familles les plus modestes. Non seulement les industriels français ont importé une main-d'oeuvre africaine à bon marché pour effectuer les tâches ingrates pour pas un rond, mais ils l'ont flanquée devant la télé et les matchs de foot.

    L'impossibilité pour un politicien qui le souhaiterait de remettre en cause le foot tient non seulement au poids de l'industrie dans ce secteur, mais aussi au fait que le football "participe du lien social" comme disent les sociologues dans leur langage vulgaire. Un point qui permet de laver Marx du soupçon qui pèse sur lui de n'être qu'un "sociologue". Marx et Engels savent trop bien l'aspect "cultuel" de la culture. Le communiste qui ne voit derrière ce "ciment social" autre chose que le meilleur moyen pour la bourgeoisie de communiquer aux ouvriers, aux employés et aux fonctionnaires sa religion de l'argent ne peut être qu'un ancien stalinien qui n'a lu qu'une version de Marx amputée.

    Marx tenant d'ailleurs à juste titre les réactionnaires en général pour des imbéciles nostalgiques complètement coupés des réalités historiques (excepté Balzac), n'a jamais ignoré la menace particulière que les sociaux-démocrates, plus rusés, font courir à la vérité.

    Probable que si les fils d'ouvriers n'avaient pas été détournés de Marx vers le football, la politique et la sociologie, les flonflons de la Marseillaise en guise de cache-sexe, la France ne serait pas aussi bas aujourd'hui. Même le milieu anar pourtant plus radical semble ne pas avoir évolué depuis Marx ! Incapables les anars de voir quelles sont les deux catégories d'individus qui font référence à Nitche en dehors d'eux: les curés démocrates-chrétiens (Onfray y compris) et les supporteurs du PSG, et que la meilleure interprétation du surhomme de Nitche est le super-héros de la culture yankie qui est un super-flic au-dessus des lois (un peu comme un chef d'Etat).

    Etant donné le lien politique entre le foot et la guerre, je ne peux m'empêcher de penser à "Henry V" où Shakespeare brocarde comme dans quelques autres pièces l'esprit chevaleresque façon Chrétien de Toyes, avec une bonne longueur d'avance sur les "Monty Python", et non sans souligner contrairement à eux le caractère satanique d'une telle littérature. Si Shakespeare avait été entendu, la littérature romanesque moderne ne serait jamais née. Les intellos-bobos d'aujourd'hui sont les Tartuffe jansénistes d'hier.