Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Lapinos - Page 104

  • Marx pour les Nuls

    Karl Marx donne exactement la même définition de l'idéologie que celle fournie par Aristote dans ses petits "Traités d'histoire naturelle" ; il s'agit pour le Stagirite à propos de la perception sensorielle des bruits et des odeurs de réfuter l'opinion selon laquelle, comme chacun perçoit l'odeur ou le bruit différemment, le bruit ou l'odeur en question n'est pas unique.

    C'est ce qui fait la force de Karl Marx : il est fondé comme Aristote sur une science physique précise.

    D'une certaine façon, à une moindre échelle l'antagonisme entre Hegel et Marx ressuscite la querelle entre Thomas d'Aquin et les artistes parisiens (Siger de Brabant) ou les Averroïstes.

    Ce qui fait l'isolement de Marx au XIXe siècle c'est qu'il est le seul à défendre une philosophie naturelle vraiment aristotélicienne (sachant qu'Averroès lui-même n'est guère "oriental" malgré les apparences).


  • Charité réelle

    L'aveuglement de la dernière encyclique pontificale ("Caritatis in veritate") laisse pantois, plus encore que la paraphrase de la théologie de saint Augustin à laquelle les fidèles lecteurs de Joseph Ratzinger sont habitués. Pour les "non-initiés" à la glose pontificale, précisons qu'il s'agit pour le pape d'émettre dans cette encyclique quelques avis et conseils dans le domaine de l'économie et de la morale économique.

    - Première remarque : le discours moralisateur du pape est comparable à la tentative de Luther de ramener les commerçants allemands à des moeurs plus chrétiennes, tentative infructueuse et qui n'a pas empêché l'Allemagne de devenir le pays d'exploitants, de commerçants, d'industriels esclavagistes et animés d'intentions guerrières qu'on sait. Pire que ça : malgré toute la sympathie que l'essai de Luther peut inspirer à un marxiste, force est d'admettre que la religion réformée est devenue LA religion bourgeoise par excellence, avec la désuétude des régimes aristocratiques et du catholicisme. La religion réformée est devenue celle de l'Empire romain germanique embourgeoisé que Marx a prise pour cible principale de sa critique, étant né dans ce merdier, pour parler "vrai".

    Or l'élite politique et économique est désormais moins que jamais, moins qu'elle l'était du temps de Luther, réceptive aux discours et conseils chrétiens. Elle ne peut même pas l'être, puisqu'elle déduit la prétendue modernité de ses principes laïcs de la ringardise de ceux des religions en général, de la chrétienne en particulier.

    De toutes les hérésies que l'Eglise a connue, on n'en trouvera pas qui excède le discours de ce monstre qu'il est convenu d'appeler "patronnat chrétien", puisque les discours du patronnat chrétien sont totalement étrangers à l'Evangile qu'on peut douter que les représentants du patronnat chrétien aient jamais lu (je cite l'un d'eux afin d'illustrer la grossièreté des mensonges du patronnat chrétien - Jérôme Bédier : "Dans l'Evangile, il y a beaucoup de personnages riches qui ne sont pas forcément critiqués (...)")

    - Deuxième remarque : Flaubert n'est et ne passe pour un grand théologien ; néanmoins et contrairement aux imbéciles représentants du capitalisme chrétien, Flaubert a lu le Nouveau Testament et relevé avec une sagacité mêlée de dégoût le caractère "antisocial" des paroles du Sauveur et de ses apôtres. Tout ce qui relève de la "doctrine sociale" est donc à verser à l'épais dossier du "paganisme chrétien", compromis souvent présenté par le clergé comme la christianisation d'institutions chrétiennes, mais dont les études historiques sérieuses, celles de Marx notamment, permettent de constater la stérilité, "a contrario" la subversion systématique du christianisme par la politique.

    Ce figuier greffé qu'est le "judéo-christianisme" ne porte pas plus de fruits que le figuier desséché de la religion juive.

    Le "socialisme" n'est d'ailleurs que la nouvelle manière de dire "la politique", c'est-à-dire d'ajouter à la politique la dose d'hypocrisie nécessaire pour essayer de compenser sa pente naturelle vers l'anarchie. Que Benoît XVI compte après Adolf Hitler ou Joseph Staline redorer le blason du socialisme, alors qu'il n'a aucun des pouvoirs régaliens dont ces derniers disposaient pour appliquer leurs doctrines statiques, et que l'auditoire du pape se limite à quelques chaisières, deux ou trois confréries d'hypocrites patrons chrétiens, et un clergé essentiellement constitué de poules mouillées, c'est ça qui laisse pantois !

     

     

     

  • Reader digest

    Petit bouquin publié en commun par le primat des Gaules Mgr Barbarin et le philosophe kantien Luc Ferry. Comme la théologie proposée dans ce bouquin n'est pas à proprement parler satanique comme celle de Jean Guitton ou de Fabrice Hadjadj (journaliste au "Figaro" et qui pousse le judéo-christianisme, non sans un certain brio qui rappelle Guitton, à son point d'absurdité ultime), j'en propose un résumé (amélioré) :

    - La Charité domine sur les autres vertus théologales que sont l'Espérance et la Foi, qui tendent à s'abolir ou à se concentrer dans la Charité jusqu'à l'unité de l'amour. Dieu est amour, "ontologiquement", et cet amour n'est pas une relation humaine. L'Espérance et la Foi en revanche sont inscrites dans le temps, autrement dit "virtuelles". La trinité chrétienne se comprend en termes de potentiel et concerne le Salut. Probablement Thomas d'Aquin est-il gêné par le dualisme de la doctrine platonicienne pour dégager clairement le sens virtuel de la trinité. Poussé à la gnose par Platon. Mais Kant bien plus encore que Thomas d'Aquin !

    Fort bien, l'explication (historique) du paradoxe Dieu unique/Dieu trinitaire. Le seul "hic", c'est qu'elle remonte au XIIe siècle. Elle est déjà contenue dans la théologie paulinienne de Joachim de Flore ! Quelle spirale !

    J'ouvre à cet égard une parenthèse pour dire que le polythéisme grec n'est pas lui-même étranger à l'idée de potentiel historique contenue dans la trinité chrétienne, dans la mesure où on voit bien que chacun des douze dieux olympiens a une fonction, et de plus en plus précise.

    Comment donc expliquer par ailleurs que Mgr Barbarin comme Luc Ferry soient parmi les défenseurs les plus ardents de la religion laïque et de ses principes judéo-chrétiens fondamentalement antitrinitaires ? Religion si peu historique qu'on discernerait assez aisément son caractère spirituel luciférien si même elle n'avait servi encore de prétexte à des hécatombes.

    Il faut pour tenir ce double langage d'une théologie orthodoxe et classique, et en même temps s'acoquiner avec l'esprit du monde, beaucoup de lâcheté et d'hypocrisie de la part de Ferry et de Barbarin. Ils feignent d'ignorer que le combat spirituel est inséparable de la vision historique de la trinité dont ils dissertent.

     

  • Mythomanie laïque

    Le problème de l'interprétation contemporaine de la mythologie grecque (-XVIIIe), sur laquelle la mythomanie laïque repose en partie, est le suivant :

    - si la science d'Aristote est mieux fondée sur la mythologie que la philosophie de Platon, comme l'oeuvre de François Bacon le laisse penser, dans ce cas des théoriciens animistes comme S. Freud ou Lévi-Strauss, Paul Diel, F. Nitche, etc., ne sont pas en position de comprendre une mythologie qui a surmonté le problème de l'âme, de l'opposition entre la dynastie et la dynamique, des différentes sortes de phénomènes naturels, etc.

    L'ignorance de l'art contemporain est une limite pour les Grecs fait remarquer P. Diel. Remarque qui prête à sourire. Elle revient peu près à dire que la science physique grecque à pâti du manque d'ordinateurs et d'un outil comme wikipédia.

    De là vient aussi que les traités portant sur la mythologie romaine, ceux de G. Dumézil par exemple, paraissent beaucoup mieux argumentés et plus sérieux. Junon "parle" beaucoup plus à notre époque qu'Athéna ou Ulysse.

     

  • Veille de l'Archer

    Le poète, le prêtre et le philosophe. Chacun de ces trois augures assume dans sa langue ésotérique la fonction liturgique, au stade païen, puis chrétien, enfin laïc. Chacun domine son Etat et fourbit l'arche légale d'alliance de l'homme avec lui-même. Même le poète païen ne sacrifie aux dieux que pour mieux les tenir à distance et, en définitive, s'imposer sur la Nature.

    Des traces de ce sentiment subsistent chez Baudelaire, cygne noir polyphonique : païen, chrétien et philosophique à la fois. Et le plus grand mérite de Baudelaire est d'avouer sa possession, sa grippe aviaire. Sensés sont ceux qui prennent Baudelaire pour ce qu'il est : un suppôt ; perdus les autres, qui ne voient pas dans cet aveu l'éclair intermittent d'un fanal.

    La liturgie dit Shakespeare, du moindre rite tribal à la plus grande messe laïque, est toute comprise dans un cercle : le cycle statique de la vie et de la mort. La liturgie est faite de sperme, d'accouchement et de sacrifice. Si bien qu'on peut mettre en parallèle : sexe sado-maso et suicide pour temps d'amour prostitué, avec : tension liturgique pour temps de charité déchue.

    C'est pourquoi tous les progrès de toutes les Eglises viennent de l'extérieur, contre le clergé, pour qui la vie est comme la mort, et la mort comme la vie. L'Eglise catholique, jusqu'à sa mort, n'a eu le choix qu'entre s'adapter ou s'éteindre. La mort de l'Eglise ? Pour les âmes sentimentales, accordons-lui le reste de souffle de l'aïeule reléguée au coin du feu, qui ânone quelque proverbe et s'adonne à des rituels caducs dont elle seule connaît le secret. Mais le débat qui anime l'Eglise sur la liturgie retentit comme une oraison funèbre.

    La liturgie chrétienne est peut-être celle qui, à la fin du moyen âge, s'approche au plus près de la glace brûlante du paradoxe. Le chant grégorien est à la fois la plus sensée et la plus insensée des musiques qui prétend abolir le temps et s'élève vers le silence -chant qui vise le suicide du chant (Ezra Pound n'en est pas loin). Aussi ce choeur ne pouvait-il continuer de battre.

    "Que le prêtre en surplis blanc, sache de l'oraison funèbre être le chant du cygne, pour que le 'requiem' perde ses droits." (W. Shakespeare)

    Si la religion laïque est celle d'un Etat totalitaire, c'est parce qu'il n'y a rien en dehors d'elle.

    Après le temps révolu du poète, du prêtre et du philosophe, est venu celui du publiciste, dont la liturgie immonde, est transparente comme un cristal.

     

  • Sagesse des Anciens

    "Le rire est le propre de l'homme. Et de tous les types, celui dont la gorge se déploie le plus largement quand il rit, c'est le chacal."

    Corollaire : "Plus on est en meute, plus on rit."

  • Pour un art communiste

    L'helléniste-archéologue François Chamoux prétend que l'idée de "l'art pour l'art" est étrangère à la Grèce antique ; il cherche par là à démontrer la supériorité de l'artisanat. Cependant il a tendance à confondre deux choses : l'esthétique et la production artistique elle-même. L'idée d'art cultivé pour lui-même est une idée de la morale existentialiste, c'est-à-dire capitaliste, un slogan qui a commencé d'être forgé au XIXe siècle ; autrement dit l'idée de l'"art pour l'art" coïncide avec l'apparition et le développement de produits industriels, puis l'assimilation de ces produits industriels, la photographie par exemple, à l'art. Dans le sens où l'idée de "l'art pour l'art" participe de la propagande, cette idée est bien entendu étrangère à l'Antiquité. On voit bien d'ailleurs que la religion laïque est écartelée entre sa prétention à une grande spiritualité et l'évidence de son impuissance artistique, baignant dans le formol et la muséographie.

    François Chamoux tombe donc au moins en partie dans cette erreur, typiquement allemande, qui consiste à confondre les Grecs avec les Romains. L'art grec n'est pas entièrement imitatif, il échappe en partie à la vocation politique et religieuse que Virgile assigne à l'art pour déborder sur le domaine de la science. A la période moderne, aucune époque n'a mieux que la Renaissance réussi comme les Grecs à "dominer les Muses", celles-ci étant le symbole de l'art artisanal "stricto sensu" ou de la poésie. Comme l'histoire progresse contre le temps, l'art progresse contre la politique et la religion.

    L'idée de "désir mimétique" défendue par René Girard à propos de Shakespeare est proche de celle de Chamoux, le pédantisme en plus. Elle est également fausse dans la mesure où elle revient à assimiler la tragédie grecque, hauteur à laquelle Shakespeare prétend manifestement, avec le drame romain.

    Le stade ultime de l'imitation avant la mort, c'est le pastiche : les monochromes d'Alphonse Allais par exemple, railleries légères contre la peinture de paysage impressionniste. Les monochromes de Soulages, Klein ou Malévitch en revanche, parodies vides de sens, sont les produits du totalitarisme politique.

    (Il est vain comme Chamoux de chercher à comprendre les Grecs à travers Socrate et Platon, puisque comme l'établit François Bacon, Platon et Socrate "ne se connaissent pas eux-mêmes" en quelque sorte et incarnent la décadence grecque.)

     

  • Les Mystères Bacon

    Emilienne Naert, à propos du traité de Hobbes "De la Nature humaine" (1640), tissu de spéculations archaïques, note :

    "Il y a aussi un air de parenté entre l'athéisme et l'anti-christianisme de Hobbes et de d'Holbach."

    De fait il est surprenant de constater à quel point Hobbes, qui fut pourtant son secrétaire, renverse complètement la théologie occitane de François Bacon pour fonder ou refonder le "judéo-christianisme" en plein XVIIe siècle. Hobbes n'a conservé de Bacon que l'argumentation contre l'exégèse romaine de R. Bellarmin (exégèse ô combien délicate du "Tu es Petrus...")

    Ce que ne dit pas cette Emilienne, c'est que cette division en deux branches du "judéo-christianisme", l'une athée, l'autre pas, subsiste encore aujourd'hui. Michel Onfray d'une part, par exemple, et Rémi Brague de l'autre. Contemporain de d'Holbach, Diderot est aussi un bel exemple de janséniste athée, dont la particularité est de prendre toutes les théories libérales pour argent comptant, à l'instar d'un Tocqueville un peu plus tard.

  • Gaîté

    L'appétence de certains gays pour le mariage ne laisse pas de faire sourire, y compris d'autres gays. Exactement comme la prétention de certains chrétiens à mener une vie bourgeoise peut en faire rire d'autres ; rire jaune.

  • Prédateurs en série

    Dans un reportage à la télé, une jeune femme blonde au regard bleu, qui a l'air un peu paumée, est présentée comme une "prédatrice sexuelle" (sic), sous prétexte qu'elle a plusieurs amants, qu'elle couche avec plusieurs types parfois dans la même semaine.

    Une "prédatrice sexuelle", pas moins. Comment les moeurs de Colette seraient-elles présentées aujourd'hui à la télé ? Comme celles d'une "serial partouzeuse", quelque chose comme ça ? On manquerait de superlatifs. Peux pas m'empêcher de repenser à ce jeune commando de chasseurs alpins, dont la mièvrerie sentimentale -on le voyait envoyer des bisous virtuels à sa fiancée par internet- était exhibée il y a quelques semaines dans un autre reportage. De nos jours les suppôts de Satan qui balancent des roquettes ou effectuent des tirs de mortier sur des civils mangent des fraises tagada à quatre heure ; ça ne rassure que leurs parents.

  • République et Béotie

    Admiratifs devant des cratères et autres récipients grecs, mon pote et moi convenons que Picasso a tiré le meilleur de son oeuvre de la puissance de synthèse de ces artisans de l'Antiquité dont l'art exprime le mépris des effets spéciaux. De même, si on compare la statuaire de Rodin avec celle d'un bon sculpteur grec, Rodin paraît immédiatement académique et sentimental.

    Nous convenons aussi que la mythologie grecque pourrait fort bien être enseignée au collège où elle serait beaucoup plus attirante et utile que n'importe quelle autre matière, permettant de transcender plusieurs disciplines... MAIS, car il y a un mais, c'est impossible car le cadre institutionnel républicain s'en trouverait rapidement ébranlé. Et même, à mes yeux, bien plus vite que n'importe quel dogme chrétien ; c'est une évidence à laquelle mon pote est trop "hégélien" pour pouvoir souscrire. Pourtant les ennemis scolastiques puis jansénistes de la mythologie grecque, qui s'accommodent beaucoup mieux du culte des ancêtres romain ne sont autres que les ancêtres de la République laïque athée à qui le judéo-christianisme a fourni (la philosophie naïve de Feuerbach le prouve) toutes les pièces du raisonnement anthropologique. La forgerie du "droit naturel" ou de la "morale naturelle" est typiquement le genre de spéculation débile léguée par le christianisme à la religion laïque.

  • Saint Marx

    C'est précisément parce qu'il est "sans foi ni loi" que Karl Marx est le plus grand théologien chrétien depuis Shakespeare. La question de la loi est une question juive et la question de la foi se pose quand la loi est appliquée hypocritement. Même pour Léon Bloy ou Claudel, qui louchent pourtant un peu vers le moyen âge (obsession matrimoniale de Claudel), la question de la foi n'est pas moderne.

    En quelque sorte il n'y a pas de pensée historique sérieuse qui se préoccupe des questions de foi. La question de la foi est une question d'autruche.

  • Saint Marx

    Le péché que le raisonnement politique ou social exonère, c'est le péché d'envie ou de jalousie, c'est-à-dire le péché de Satan. On le voit à travers l'exemple de la circonstance atténuante du crime dit "passionnel" en droit laïc, non seulement absurde mais scandaleuse sur le plan chrétien. A travers le droit ubuesque dit de la "propriété intellectuelle" également.

    L'envie de Marthe, soeur de Lazare, lui vaut une remontrance de la part de Jésus. Marthe incarne une conception archaïque de la religion ; elle préfigure aussi ce monstre spirituel qu'est le judéo-christianisme.

    C'est parce qu'il est "antisocial" que le communisme de Marx est saint ; et la notion de "doctrine sociale" inventée par les chrétiens libéraux est, elle, en revanche, diabolique, au-delà même de l'entourloupe patronnale qu'elle représente.


  • Eyes to eyes

    Preuve de la supériorité de l'Angleterre : même chez les auteurs les plus éloignés de mon camp comme Hobbes, je trouve quelque chose à glaner, tandis que Nitche ou Proust, je les hais sans réserve, comme des cadavres au parfum tenace.

    Je ne partage aucune des idées de George-Bernard Shaw, et pourtant, "Ne rien dire qui n'irrite pas.", voilà un leitmotiv littéraire presque "shakespearien" !

    A sa façon d'entretenir chez ses alliés yankis la plus profonde stupidité, on reconnaît la perfidie satanique de l'Angleterre, qui jamais n'a su se montrer à la hauteur de ses prophètes.



  • Définition

    Le "populisme", dont Le Pen a longtemps eu l'apanage médiatique, consiste à se foutre de la gueule du peuple et le mener en bateau. On ne peut donc mieux dire que le suffrage universel est populiste, surtout après l'engouement à l'échelle mondiale parfaitement spontané pour Barack Obama.

  • Exit saint Paul

    Maigre bilan de l'année saint Paul. Présenté quasiment comme un marchand de tapis sarkozyste dans la gazette "néo-cons" "Famille chrétienne" (Père de la Menthière). Interview d'une universitaire dans la même revue, Marie-Françoise Baslez, occasion pour moi de corriger des erreurs historiques :

    - Peut-on dire que la pensée des droits de l'homme a une dette envers le christianisme ?

    - Certainement (...)

    On comprend qu'il s'agit ici de cautionner la religion de l'Etat laïc à peu de frais. Si les Droits de l'Homme ont pu contenir un idéal révolutionnaire d'inspiration testamentaire, la critique historique de Marx selon laquelle les droits de l'homme s'arrêtent aux droits de l'homme égoïste dans la République laïque, cette critique est plus que jamais validée par les faits. Dérivé des droits de l'homme, le droit international est même devenu une arme au service de grandes puissances terroristes comme les Etats-Unis. Marx dénonce en outre l'iniquité de l'égalitarisme républicain, étranger de fait à la charité chrétienne prônée dans le Sermon sur la Montagne, qui abolit tout cadre légal, même si ce n'est pas dans l'intérêt des défenseurs du droit canonique romain de l'admettre.

    Les Droits de l'Homme sont une sorte de mutation du décalogue sans rapport direct avec saint Paul. Ils trahissent la dette de l'idéal révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle vis-à-vis de la religion d'Etat judéo-chrétienne du XVIIe siècle qui a contribué à renforcer un légalisme chrétien peu évangélique.

    - Est-ce qu'on peut dire que saint Paul est un communiquant au sens moderne ?

    - Sûrement (...)

    De plus en plus grossière la propagande qui cherche ensuite à faire de saint Paul un précurseur de Jacques Séguéla. Les néo-cons n'ont aucun scrupule ! Bien évidemment saint Paul ne disposait pas des moyens de communication actuels, qui sont tout sauf modernes puisqu'ils procèdent la plupart du temps du bourrage de crâne et du mensonge ; télévision et cinéma ont même été mis au service de la barbarie totalitaire et de sa violence décuplée, engageant jusqu'aux populations civiles, à tel point qu'on peut penser que l'image luciférienne animée à laquelle il est fait référence dans l'Apocalypse (ap. XIII "[...] Et il lui fut donné d'animer l'image de la bête [...]) c'est l'image cinématographique (qui présente en outre la particularité de n'être pas une "image" au sens d'"icône" ou de dessin, mais une simple réflexion.)

    On peut même trouver scandaleuse l'absence de condamnation morale de la part du clergé chrétien de pratiques journalistiques ou "marketing" qui s'apparentent à la prostitution de l'esprit et au cynisme le plus dégradant. Plus sérieux que cette Marie-Françoise Baslez et la revue "Famille Chrétienne", il y a Balzac : "La liberté de la presse nous perdra". De fait la contribution des journalistes à la chienlit chrétienne n'est pas mince.

  • Pop art

    "J'ai un piège à fille qui fait crac, boum, hue, etc." : slogan que j'ai souvent entendu dans ma vie prononcé par des types qui n'avaient pas pigé que le piège, c'est la fille, justement. "Women beware women" de Middleton est désormais unisexe.

    Plus profondément le slogan traduit le désir d'être pris au piège. Il y a des proies qui cherchent leurs prédateurs.

  • Climat écolo

    La doxa écologiste ne va pas moins à l'encontre du christianisme que le capitalisme. L'écologisme n'est en effet qu'un raisonnement alternatif sur le mode du raisonnement spéculatif capitaliste, aussi inepte sur le plan économique.

    Face à la faillite du système de rackett financier, on a pu voir le baron Serpillère de Wendel retourner sa veste et réclamer des subsides directement de l'Etat, faire preuve d'un pragmatisme en bronze. A-t-il modifié le cours du capitalisme pour autant ?

    Il y a beau temps que Marx a relevé que le courant idéologique libéral est de type alternatif. Capable de prouver l'existence de Dieu aussi bien que celle du Néant, en fonction des circonstances. A l'écart de la science puisqu'il s'agit d'un procès rhétorique.

    Des alternances du type "croissance-décroissance", le capitalisme en a connu et fait subir d'ailleurs plusieurs déjà, sans s'écarter jamais de sa résolution ultime : la guerre.

    En matière de climat c'est le même brouillard scientifique du côté écolo comme du côté capitaliste. Des deux côtés on gobe la théorie du battement d'aile de papillon, dont Claude Allègre use d'ailleurs habilement à la télé pour saper l'argumentation du parti opposé, sachant pertinement le rôle de bourrage de crâne que jouent les médiats, et que celui qui s'en servira le mieux sera le plus grand savant.

    La théorie revient à projeter sur la nature un modèle "f(x)" dans lequel "x" n'est qu'un reflet statistique de la nature elle-même, suivant la technique dite du "morphing" ou de l'anamorphose, gadget qui n'a rien de scientifique mais traduit la même croyance superstitieuse dans le hasard que celle de Sganarelle dans le moine bourru.

    De part et d'autre le même mensonge statistique, donc, au service d'une morale laïque complètement grotesque ; une morale qui consiste à voir dans l'homme une sorte de gestionnaire du cosmos, lui-même configuré à l'échelle des préjugés animistes de la pseudo-science laïque.

    Un climat d'apocalypse, en somme.

     

     

     

     

  • Goebbels pas mort

    Léa Drucker -du team Lagardère- réussit le tour de force sur "France 3" de proposer en plein fiasco capitaliste des émissions à la gloire des "200 familles" de maquereaux qui ont réduit la France à ce qu'elle est désormais, une vieille pute à fanons qui ne sait plus à quel client se vouer pourvu qu'il ait un peu de liquidités sur lui.

    La baderne Max Gallo, social-traître exemplaire, s'est porté volontaire pour passer à la chaux le monument funéraire à la gloire du passé industriel. Le chant du cygne entonné par un vieux gallinacé déplumé.

    Après les "200 familles" et les guerres pour s'approprier les richesses minières et manoeuvrières de la Lorraine ou de la Ruhr, le volumineux totem de Gaulle fait partie des incontournables "standards" de la France des supermarchés et des manufactures d'automobiles (rebaptisée "France éternelle" par Max Gallo) qui justifie tout un numéro. Lapsus de Daniel Rondeau, dont c'est le seul talent : "La jeunesse a raté de Gaulle !"

    Comme si jeune voulait forcément dire con ! si on fait des comptes un peu sérieux, il n'est pas difficile de conclure que le bilan de de Gaulle est dérisoire :

    1. Rien ne s'apparente dans la carrière militaire de de Gaulle de près ou de loin au tour de force stratégique qui a permis à Franco de conquérir l'Espagne à partir de rien.

    2. Sur le plan de la manoeuvre politique, Churchill surclasse tous ses contemporains. Il réussit même le tour de force d'être encore plus laid que de Gaulle.

    3. L'action politique de de Gaulle n'a pas bien sûr eu les conséquences de celle de Lénine, Staline, Mao, ou les banquiers yankis.

    Mais le tour de force de la propagande consiste surtout à faire de de Gaulle un édile aimé du peuple, mensonge presque aussi grossier que celui de Cohn-Bendit à propos de la haine entre les peuples allemand et français ; de tous les dirigeants de l'après-guerre, de Gaulle est sans doute de tous celui qui a été le plus impopulaire ; dans son parti dévoué aux cartels, il a même été avantageusement remplacé par le poète-amateur d'art Georges Pompidou.

    Il y a sûrement une raison liée à sa laideur physique dans le rêve ubuesque de de Gaulle de s'incarner dans un autre corps, complètement ésotérique qu'il appelle "la France", et qui n'a jamais existé que dans la fantaisie de petits garçons qui jouent aux soldats de plomb dans leur enfance.

  • Un peu d'art pour tous

    Deux idées fausses reviennent fréquemment dans la critique d'art contemporaine :

    - le lien entre la peinture de la Renaissance et le "nombre d'or" ; il est vrai que les peintres de la Renaissance sont pour la plupart de véritables savants beaucoup plus sérieux que les soi-disant scientifiques d'aujourd'hui, fonctionnaires peu indépendants, parodies d'humanistes comme Axel Kahn ; mais l'arithmétique ou les mathématiques sont secondaires pour les savants de la Renaissance. Ils concernent surtout les artisans. Cette idée amène à confondre Michel-Ange avec Kandinsky, le "bauhaus" et la peinture du XIXe siècle, qu'on peut presque qualifier de "pythagoricienne" tant elle est obsédée par les calculs.

    L'usage du nombre d'or est en architecture et en décoration, pour la composition de grands panneaux, afin d'assurer un effet d'équilibre agréable à l'oeil ; point à la ligne. Dans la partie décorative (et donc à vocation politique de son travail), c'est là que le peintre se montre le moins objectif puisqu'il lui faut réserver au spectateur des effets de clair-obscur, de relief ou d'illusion perspective, afin de le séduire. Nul n'est plus au fait de l'aspect subjectif de la perspective qu'un peintre. Or le peintre de la Renaissance est en même temps, débordant le cadre politique, celui qui est le plus préoccupé d'objectivité scientifique. C'est-à-dire que l'artiste-peintre de la Renaissance autant qu'il le peut déborde le cadre de l'architecture et de la poésie pour tenter quelque chose de plus solide. De la même manière Shakespeare n'a résisté au temps que dans la mesure où il ne fut que très secondairement poète.

     

    *

    On peut même dire que G.W.F. Hegel, à peine plus avisé que Diderot en matière d'art, a bâti toute une théorie de la peinture entièrement fondée sur son aspect artisanal et politique, c'est-à-dire sur les aspects séduisants de la peinture, alors que la peinture de la Renaissance plus qu'aucune autre au cours de la période moderne, sur le modèle de l'art grec tend à s'élever au-dessus du soleil de la politique et des saisons. Non pas la mesure et le calcul des proportions si on préfère, plus prosaïquement, mais l'archétype et l'histoire. La preuve en est que le dessein atteint presque à la Renaissance, bien qu'il soit d'abord plus difficile que la peinture, le statut d'art à part entière. Et le dessein ne remplit pas de rôle politique déterminé. L'art pour l'art libre, le voilà.

    Au XIXe siècle J.D. Ingres est un des derniers à se souvenir que lorsqu'un peintre ne sait pas dessiner comme Vermeer, il n'est qu'un simple décorateur, aussi émouvant soient les effets de ses vernis sur l'âme étriquée d'un bourgeois. Mieux vaut un bon artisan rempailleur de chaise qu'un intello photographe comme Vermeer (un régal pour un faussaire, soit dit en passant).

    - deuxième ineptie, parallèle à la première, c'est l'idée de beauté symétrique. Il suffit pourtant de regarder un portrait de Dürer ou de Véronèse pour constater que la beauté n'a rien de symétrique. S'il est une beauté symétrique, c'est celle du diable, comme la chirurgie esthétique le prouve encore aujourd'hui, tuant par la symétrie la vie dans les visages (cf. Carla Bruni, transformée en momie de son vivant, alors qu'elle avait encore un joli minois il y a dix ans). Dürer et Véronèse étaient bien placés pour savoir que la symétrie se rapproche plus de la laideur. Et ça c'est l'architecture moderne, "cellulaire", qui le démontre.

    L'idée de beauté symétrique venant de la musique (ou de Platon), elle conviendrait mieux à l'art baroque du XVIIe siècle si les peintres baroques, bien que décadents, n'avaient pas une idée de la peinture quand même beaucoup moins étriquée que celle de Diderot (fasciné comme tous les jansénistes par la beauté du diable : les paysages marins).

    La science laïque s'évère bel et bien dans ce domaine aussi comme l'art d'enseigner au peuple des balivernes sous couvert d'élever l'esprit de chacun.