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Lapinos - Page 108

  • L'Esprit du christianisme ?

    Ayant affirmé le caractère satanique de la philosophie ou de l'esprit de Jean Guitton, je me dois maintenant d'étayer cette accusation grave. D'emblée l'assimilation de l'éternité au temps à laquelle Guitton procède scandalise ; je cite : "(...) il m'est venu à l'idée que la plus haute traduction possible de l'éternité, au fond, c'est le temps." (1993)

    Saint Augustin lui-même, guère "matérialiste" pourtant et assez inapte à démêler la question épineuse du temps, Augustin ne commet pas une telle erreur ; citons-le à son tour : "Qui est celui qui arrêtera cet esprit volage, afin qu'il demeure un peu dans un état ferme, et qu'il contemple un peu la splendeur de cette éternité toujours immuable, pour la comparer avec les temps qui ne s'arrêtent jamais, ET VOIR COMME IL N'Y A POINT DU TOUT DE COMPARAISON (...)" (In : "La Création du Monde et le temps").

    - En outre, Jean Guitton ne cesse de se montrer idolâtre vis-à-vis de théories scientifiques qui, si elles ont parfois été émises par des chrétiens, n'ont rien de théologiques. Les exemples sont nombreux de révérences gratuites à l'égard de L. de Broglie, J. Perrin, Max Planck, Einstein, etc. Une chose est d'admettre des théories dont on ignore le procès en détail, comme celles de Kopernik ou Darwin, simplement parce qu'on les a apprises à l'école, de façon automatique ; mais lorsqu'on se prosterne comme Guitton devant ce qu'on ignore, commence alors l'idolâtrie.

    S'agissant de sciences qui au demeurant sont indissociables de mécaniques diverses et variées ayant semé la mort et provoqué d'effroyables tueries à travers le monde, il semble qu'un minimum de précaution s'impose avant de les bénir comme Guitton fait, se conformant ainsi à l'esprit du siècle.

    - Le philosophe laïc Claude Allègre (il y a plus de spéculation que de science dans ses propos) a relevé d'ailleurs cette anecdote qu'après s'être fait présenter le dualisme de l'onde et de la particule (sic) par les frères Bogdanoff (?), théorie fumeuse en vogue aujourd'hui, Guitton aurait déclaré que ce dualisme lui évoquait... Dieu. Sans savoir apparemment que l'ambiguïté est bien plutôt le propre de Lucifer que celui de Dieu, partout présent au milieu de nous, non pas "ici et/ou là".

    Avant de donner un extrait de Guitton qui paraît tout à fait étrange au christianisme, je voudrais répondre à la question "Pourquoi Guitton ?" Pourquoi Guitton et pas mon curé de paroisse, qui n'hésitait pas à déclarer l'autre jour, dans son sermon, que l'or porté par les rois mages est le symbole de... l'argent ? (Pour célébrer une "messe noire", il est recommandé d'utiliser de l'argent ou un quelconque métal et SURTOUT PAS de l'or - on sait apparemment mieux dans les sectes sataniques que dans ma paroisse que l'or est le symbole de la foi en Jésus-Christ.)

    Pourquoi Guitton ? Parce qu'on lui prête généralement un statut de penseur chrétien ; il n'est pas difficile de voir qu'il n'est en réalité qu'un "produit", une métastase du cancer janséniste ; on raconte même que Guitton a exercé une certaine influence sur le pape Paul VI, prédécesseur de Jean-Paul II. C'est donc une "tête" de la démocratie-chrétienne en quelque sorte. Et on tue les serpents en leur écrasant la tête.

    *

    Voici maintenant l'étrange extrait :

    Lettre à Marthe Robin [personnage de mutilée également plus que douteux, comme l'extrait le prouve]

    "(...) Plus de cent mille personnes, en provenance de toutes les classes de la société - des évêques, des théologiens, des philosophes, des médecins, des jeunes, des malades, toute la salade humaine - ont défilé dans votre petite chambre [Rien à signaler ici hormis la conception plutôt curieuse et involontairement comique qu'a Guitton des "classes de la société".]

    "Le fond de votre pensée, en réalité, c'était que l'extraordinaire n'est pas important. (...) Que la plus haute manière de traduire le surnaturel, c'est le naturel, le naturel devenu charnel, comme il est apparu dans le Christ, et en particulier dans sa Passion. [Ici est suggérée l'idée qui n'est pas chrétienne mais sado-masochiste selon laquelle c'est dans la douleur ou la torture que le corps, l'humanité se révèle le plus : aucun passage de l'Evangile ne permet de fonder une telle théorie, et le sado-masochisme est au contraire une caractéristique des sectes qui se réclament de tel ou tel démon.]

    "Il y avait en vous un abîme entre ce que vous paraissiez, une personne qui ne mangeait pas, qui ne buvait pas, qui souffrait tous les huit jours de souffrances épouvantables, qui se croyait damnée, rejetée par Celui qu'elle aimait entre tous, - et ce que vous étiez chaque jour (...) [passage assez "parlant" en lui-même auquel on peut ajouter que le chiffre huit est le nombre de Babylone.]

    "Marthe, Marthe, je ne vous ai jamais vue puisque vous viviez dans les ténèbres. Et pendant les vingt-cinq ans où je vous ai visitée, vous n'avez été pour moi qu'une voix. Une voix dans la nuit. [!]

    "Paradoxe invraisemblable : celui qui m'introduisit auprès de vous, le Dr Couchoud, fut l'esprit le plus négateur de ce siècle. Couchoud niait l'existence historique de Jésus : il ne retenait du Credo que les mots 'sous Ponce-Pilate' (...) [Le paradoxe est la religion des aveugles ; je rappelle que Michel Onfray ne va pas jusqu'à nier l'existence de Jésus mais parle de son "hypothétique existence". Que penser d'un négateur qui se rend en toute quiétude au domicile d'une hystérique recouverte de plaies ? Et de son pote Guitton ? Pour terminer, Guitton met dans la bouche de cette Marthe Robin certaines assertions sur l'Enfer et le Paradis qui prouvent qu'elle n'avait sans doute jamais mis le nez dans les Evangiles tant ces assertions sont idiotes. Il faut dire que dans l'obscurité, il n'est pas aisé de lire.]

     

     

     

     

  • Le Koh-I-Noor

    Mais si je devais choisir un diamant pur pour le mariage de Claudius avec la reine Gertrude, autrement dit du diable avec l'Eglise, je ne choisirais pas Nitche, trop mal taillé par une brute maladroite.

    Je ne choisirais pas Einstein non plus, qui fait trop strass, camelote de chez Tiffany. Je crois que je prendrais Bachelard. Il est pour l'heure ce que j'ai pu trouver de plus régulièrement et précisément taillé dans le mensonge. Bien sûr, Pythagore a beaucoup plus de gueule, Pythagore c'est le Koh-I-Noor comparé à Bachelard. On peut même dire de la théorie de Pythagore qu'elle tient entièrement dans une pierre précieuse. Comme il s'agit d'un mariage bourgeois, et que l'Eglise est une mariée beaucoup trop anémique pour pouvoir porter Pythagore au doigt, je choisis Bachelard, petit ruisseau qui se jette dans la Méditerranée.

  • Le peintre et les poètes

    "Je n'avais pas encore vingt ans que j'avais déjà compris l'aspect le plus mystérieux de l'oeuvre de Frédéric Nitche, que j'avais déjà compris toute la musique et toute la littérature classique, toute la philosophie ancienne et moderne. C'est seulement plus tard que j'ai réellement commencé à comprendre le mystère de la grande peinture."

    Propos de Georges de Chirico tiré de son Journal ; propos "typique" d'un peintre honnête, et à peine exagéré. On peut se demander quand même ce qu'il y a de bien mystérieux chez Nitche ? Il paraît au contraire encore plus transparent que Kierkegaard ou Schopenhauer. De là vient sans doute que je ne m'intéresse pas à la peinture de Chirico, très peu érotique.

    Quand un crétin nullibiste comme Richard Feynman dit : "La physique quantique ne peut pas être expliquée, elle est incompréhensible", eh bien on peut être sûr qu'on touche presque au zéro et à la transparence totale. Le moindre arbrisseau renferme plus de mystère que Nitche (le bien nommé) ou toute la physique quantique compilée (de toutes les fractures à réduire, c'est certainement la plus facile).

    Car si la vérité est une pierre, le mensonge, lui, est comme un diamant pur. Il faut chercher les diamants au fond de la mer et près des volcans.

     

  • Trop de coïncidences

    On voudrait nous faire croire à la coïncidence de la "Journée de la Femme" et de la baisse de la virilité au Danemark. Un homme qu'on force à baiser avec une capote ce n'est plus un homme, c'est juste une femme en moyenne mieux payée que les autres. Une journée du sexe ou de la science serait plus appropriée.

  • Les Mystères Bacon

    La plus grossière méprise qui a cours dans notre Université à propos de François Bacon, erreur qui de mon point de vue suffit à discréditer tout l'enseignement de la "philosophie", c'est l'étiquette de "père fondateur de l'empirisme", c'est-à-dire de la science laïque et capitaliste, collée à Bacon comme Locke, Hume, ou Descartes, trois "empiriques" véritables, même si Locke commet des paradoxes moins graves.

    Une lecture rapide du "Novum Organum" permet de se rendre compte que non seulement Bacon ne peut être classé parmi les "empiristes", mais qu'il est même un adversaire déclaré de cet empirisme qui va enfler comme une grenouille peu à peu à partir du XVIIe siècle jusqu'à aujourd'hui ; à tel point que Bacon ne partage aucune des idéologies "copernicienne", "galiléenne", etc., inséparables de l'empirisme.

    Sartre, par exemple, dont je relisais un chapitre ou deux l'autre jour, est littéralement affligeant, encore plus que Benoît XVI ; cette espèce de bric-à-brac, de cocktail de Descartes, Epicure, Heidegger : je comprends qu'il ait pu séduire une bourgeoise coincée du cul comme Simone de Beauvoir... Mais l'Université ? Un tel gugusse se serait fait virer de n'importe quelle école grecque à coups de pied au derrière (Le 'truc' courant des hommes au physique disgrâcieux, qui consiste à apprendre à jouer de la guitare pour séduire les gonzesses, fonctionne aussi avec la philosophie, tant qu'on s'en tient à la spéculation, et il est probable que Sartre n'a jamais eu d'autre but que de remplacer sa maman par une autre, ce qui le rend plus "humain" que Kant.)

    Karl Marx lui-même il est vrai a commis cette bévue de confondre Hume avec Bacon, mais c'était il y a plus d'un siècle et demi, en Allemagne. Tout le mérite de Marx est d'avoir vaincu la philosophie spéculative germanique pour découvrir la pointe enfouie de la science, restaurer le matérialisme, et cela ne s'est pas fait en une semaine, hélas.

    *

    Le seul point où on peut parler d'erreur plutôt que de mauvaise foi manifeste de la part des fonctionnaires de l'enseignement laïc en ce qui concerne Bacon, c'est le point d'Aristote. Là, une lecture plus approfondie de l'oeuvre de Bacon est requise. On peut de fait s'étonner dans un premier temps qu'un adversaire de l'empirisme comme Bacon s'en prenne à Aristote, auquel Marx, pour le coup, accorda invariablement la primauté.

    Mettons de côté les circonstances tactiques qui ont pu pousser Bacon à se montrer relativement sévère avec Aristote pour s'en tenir au texte :

    - dans le détail on voit que si Bacon critique Aristote, il est moins sévère avec le Stagirite qu'avec Platon, ou les représentants de l'empirisme, et, surtout, qu'avec la secte pythagoricienne. Cette critique des Grecs dans leur ensemble, avec un peu plus d'indulgence pour Parménide, ne fait d'ailleurs que refléter la volonté de Bacon d'aller de l'avant ; mais Bacon sait parfaitement qu'on ne peut pas être progressiste sans être classique, ni classique sans être progressiste.

    - le reproche fait à Aristote d'user excessivement du syllogisme prouve par ailleurs que Bacon n'a sans doute pas bénéficié d'une bonne traduction, telle que celle de Ross, de la "Physique" d'Aristote. L'horreur du syllogisme est aussi une caractéristique des scolastiques matérialistes, Duns Scot et surtout Roger Bacon, parent de François, docteur admirable entre tous, à cent coudées au-dessus du connard polytechnicien d'aujourd'hui ou de sa métastase racornie de l'Académie française.

    De fait Bacon a dû être induit en erreur par un mauvais commentateur (Ramus, laissent entendre les préfaciers de Bacon aux "Puf", M. Malherbe et J.M. Pousseur) car il n'y a pas d'adversaire plus farouche du syllogisme qu'Aristote. A tel point que celui-ci démontre la nature syllogistique de l'algèbre et anticipe ainsi le fiasco de Descartes ou Newton. L'algèbre est une jonglerie si risquée aux yeux d'Aristote qu'il reproche même aux Eléates de la retourner contre leurs adversaires.

  • La Peur

    Une énième "Journée de la femme" et toujours rien n'est proposé contre cette peur panique qu'éprouvent les femmes à la vue de la Vérité et qui nous tire vers le bas.

    Pire, la femelle Nitche ou la femelle Kierkegaard, insupportables tapettes misogynes, sont citées en exemple dans les journaux. Et quand une femme, Simone Weil, pour une fois n'est pas enracinée dans la glèbe mais s'efforce de monter au Ciel, on en fait une "féministe", on lui colle bêtement un sexe de femme sur la figure.

    S'il y a bien un symbole du progrès inquiétant du féminisme, c'est le journaliste Zemmour du Service Public de propagande télévisée qui fait son miel de cette idéologie.

  • Déphilosopher

    Je constate que Platon et David Hume (1711-1776) sont au programme cette année de l'agrégation de philosophie. Il paraît curieux de proposer à l'étude deux philosophes décadents simultanément ; l'un symbolisant la décadence grecque, l'autre la britannique. Confronter une philosophie décadente à une philosophie vivante est plus fécond : stupidité des concours universitaires et des bêtes qui s'y affrontent. On peut dire que la gauche laïque a bien englué le "peuple" avec ce système universitaire !

    La comparaison de deux systèmes décadents ne peut que conduire à se perdre dans des détails algébriques et tracer des fonctions comme un courtier insane ; c'est le cas de le dire concernant deux philosophes, Platon et Hume, assez "binaires". Le crétinisme informatique actuel a en effet Platon pour "grand ancêtre".

    En théorie et jusqu'à preuve du contraire, il paraît impossible que dans l'Université capitaliste française on puisse porter aujourd'hui un regard éclairé sur David Hume, qui fait partie d'ailleurs, à l'instar de Feuerbach, des quelques monstres que Marx et Engels au cours de leur combat pour la science, ont dû affronter et vaincre.

    En dehors d'une poignée d'historiens, l'Université européenne est presque entièrement sinistrée.

    Le professeur Gilles Deleuze, par exemple, adversaire déclaré de l'apologétique chrétienne, conclut son bouquin consacré à Hume, "Empirisme et subjectivité", un bouquin qui n'est pas complètement nul mais ne date pas d'aujourd'hui ainsi :

    "Voilà où la philosophie de Hume rencontre son point ultime : cette Nature est conforme à l'Être ; la nature humaine est conforme à la Nature, mais en quel sens ?" Alphonse Allais n'aurait pas dit mieux, mais il aurait sans doute ajouté un petit sourire ironique. Deleuze n'est pas nul, sauf que ce qui fait office de conclusion aurait dû servir à Deleuze d'introduction, voire de résumé et de "point final, passons à autre chose".

    Une philosophie qui pose des questions au lieu de donner des réponses, voilà qui confirme le diagnostic d'infantilisme porté par Simone Weil.

    Il eût été plus intelligent de proposer de comparer François Bacon (alias Shakespeare) et David Hume. Comme Marx l'a compris très tôt, la plupart des contradictions ne se résolvent qu'au niveau astrologique. Il n'est possible de comprendre à quel point Hume diffère de Bacon et de sa mystérieuse "méthode d'induction" (qui n'en est pas une au sens cartésien), qu'à condition d'avoir des connaissances en astrologie voire en alchimie ; or l'idéologie de cet "arriviste" de Kopernik, comme dit Luther employant ici le mot juste*, a dégradé l'astrologie en astronomie. La difficulté de Hume, comprise par Deleuze, difficulté par rapport à de purs crétins comme l'abbé Kant ou l'abbé Berkeley, c'est que l'apparence de sérieux de Hume lui vient précisément de Bacon et des véritables savants d'Oxford dont il continue d'imiter le style.

    David Hume c'est Narcisse photographié au moment où sa figure entre en contact avec le miroir argenté, juste avant d'être englouti.

     *L'arrivisme de Kopernik, et plus encore celui de Rhéticus, Galilée ou Newton ensuite, outre le fait que l'algèbre est à la portée du premier crétin venu, est très certainement comme Luther l'a vu une des "clefs" du triomphe du "copernicianisme" sur la science véritable.

    La rencontre de l'algèbre et de l'arrivisme, en quelque sorte, bien avant l'invention de la Bourse de Francfort, de Londres ou de Paris. Hume est lui-même un arriviste. De là vient qu'aujourd'hui un curé laïc comme Claude Allègre est obligé dans ses prêches de laver l'arrivisme du soupçon de fraude scientifique qui pèse légitimement sur tout énergumène qui s'improvise savant. Il n'est pas inutile d'ajouter que, lorsque la débilité algébrique rencontre la théologie, comme c'est le cas chez Blaise Pascal, on frise la catastrophe humanitaire.

     

  • L'essence de la laïcité

    La théologie catholique dans le régime laïc est tombée "plus bas que la morale", au niveau "génital" ; la doctrine du mariage chrétien de droit divin est la meilleure illustration de ce naufrage intellectuel.

    Quand la guerre d'agression n'est pas carrément justifiée par des journalistes du "Figaro", improvisés théologiens, journalistes complices du système corrupteur capitaliste, on a droit "en chaire" à de vagues discours tiers-mondistes de la part du clergé.

    Le pape Benoît XVI prétend revenir à la raison et sa théologie matrimoniale antédiluvienne est la plus sentimentale qui soit. Il est vrai que les Boches ne font pas vraiment la différence entre la raison et les sentiments. Leur faire comprendre que le romantisme découle du cartésianisme relève même carrément de la gageure.

    La tactique des curés consiste à opposer hypocritement le mariage bourgeois, disons d'"ancien régime", mariage fondé sur l'intérêt dont l'illustrateur Forain fit ressortir les fondements, au mariage démocrate-chrétien "moderne", fondé sur l'amour. Vaste blague. Un tel mensonge historique a pu s'imposer comme une vérité dans l'Eglise, ça mérite d'être souligné, en raison notamment de sa "féminisation" au cours du XIXe siècle. D'une certaine façon, les hommes qui avaient déserté l'Eglise sous l'Empire, n'y sont jamais réellement retourné, sauf dans certaines régions agricoles de l'Ouest de la France. L'institution maritale, conçue au Moyen âge pour protéger les femmes de certains abus de pouvoir, a été "conservée" jalousement par ces femmes.

    Mais l'évolution du mariage dit "de raison" au mariage sentimental actuel n'a aucun fondement théologique véritable. Il est même beaucoup plus contestable théologiquement que l'organisation monachiste ou sacerdotale de l'Eglise, contestées assez fortement à la fin du Moyen âge et au cours de la Renaissance, et par des savants et des théologiens un peu moins crétins que ceux du "Figaro" - quiconque possède une carte de bibliothèque municipale peut vérifier l'indigence intellectuelle de gugusses comme Sébastien Lapaque, Fabrice Hadjadj, imbécile promoteur du cinéma, Patrice de Plunkett, etc., comparés au plus petit humaniste de la Renaissance.

    Qu'on soit pour ou contre, l'organisation sacerdotale ancienne était évidemment moins hypocrite que cette organisation matrimoniale que l'Eglise tente d'imposer depuis que les séminaires sont vides.

    Le véritable mobile de l'évolution du mariage dit "de raison" au mariage sentimental actuel, badigeonné de christianisme ou pas, est bien sûr économique et non théologique. Ce sont les conditions économiques du contrat de mariage ancien, pacte entre familles, qui ont disparu avec la généralisation du salariat, non la théologie ou les sentiments qui se seraient "raffinés".

    Pour purger complètement l'hypocrisie, on voit bien d'ailleurs que les mariages entre un salarié cadre supérieur et un ou une caissière de supermarché, par exemple, même dans le contexte prédendûment "sentimental" sont assez rares.

    Sur le plan juridique, les promoteurs du divorce et du PACS sont dans le vrai ; incontestablement leurs nouveaux contrats sont accordés à l'évolution économique capitaliste et totalitaire de la société.

    Il n'y a pas d'exemple dans l'histoire qu'un contrat social précède une évolution économique ou morale, même si c'est l'essence du droit laïc totalitaire, ainsi que Marx l'a démontré, de tendre à le faire croire.

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  • Précipitation ?

    Outre mon "Journal de Guerre", je me suis attelé à un petit traité sur "les fins dernières". Il ne s'agissait pour moi au début que d'écrire sur les conceptions artistiques comparées de G.W.F. Hegel, docteur du "national-socialisme", et de ses adversaires Marx et Engels, docteurs du "communisme".

    On lie généralement Hegel plutôt à des despotes comme Napoléon ou Bismarck, étant donné qu'il est leur contemporain et parce que l'hypocrisie capitaliste "bobo" est répandue dans l'université, mais il y a dans le nazisme quelque chose qui "colle" encore mieux avec l'aporie de Hegel, l'idée de "roue", de mouvement cyclique du temps. A quoi il faut ajouter le caractère ésotérique, à la limite du grotesque, présent dans le nazisme comme chez Hegel (Il faut rappeler bien sûr qu'avant de reposer sur une quelconque "philosophie", Hitler est un chef d'Etat capitaliste qui a sorti l'Allemagne de la crise par une politique de type "keynésien".)

    Un idéologue germanique, je ne sais plus si c'est Koestler ou Freud, a avoué que Shakespeare lui donnait envie de vomir. C'est une remarque physique très intéressante parce que, de fait, il y a tout à l'inverse dans le national-socialisme de Hegel pour faire vomir Shakespeare.

    Marx et Engels ont donné des pages de critique littéraire d'une lucidité étonnante où, bien que Marx et Engels fussent plutôt francophiles, le primat de l'Angleterre est reconnu ; et l'espèce de suborneur de l'art Chateaubriand dénoncé, entre autres traits remarquables. Mais Marx est décédé avant d'avoir pu donner l'essai qu'il voulait sur Balzac, où la jointure entre le communisme et le catholicisme (Balzac est presque le seul catholique de son temps à n'être pas janséniste/libéral) serait sans doute apparue plus nette. A vrai dire l'itinéraire intellectuel de Marx est proprement incroyable puisque, instruit dans un milieu comparable à celui du pape allemand actuel, subissant les mêmes influences que Joseph Ratzinger, il a su les combattre plus efficacement que celui-ci pour, au sortir de cette jungle philosophique peuplée de monstres tel Feuerbach, regagner la science chrétienne la plus moderne, Duns Scot et Roger Bacon pour le Moyen Age, ou "le dernier des Renaissants" François Bacon, plus mystérieux encore pour l'Université laïque, chargée avant tout de divertir les jeunes français, que Karl Marx.

    Il serait trop long de le détailler ici, mais la question du progrès de l'art dans l'Histoire, au plan national-socialiste comme au point de vue communiste, débouche directement sur la question de la lumière et de ses multiples "représentations" au cours de l'Histoire connue, c'est-à-dire environ depuis les travaux de Pythagore et de sa secte démoniaque - j'entends "démoniaque" ici au sens "neutre", c'est-à-dire au sens d'Homère et non du Nouveau Testament, où les démons sont reconnus et combattus en tant que tels. Dans la théologie catholique, ne pas croire à Satan revient à ne pas croire dans les Evangiles : il va de soi que cela ne s'applique pas à Pythagore ou à Thalès. De Pythagore jusqu'à A. Einstein, même si les sophismes de ce dernier sont beaucoup trop grossiers, par rapport à ses équivalents grecs ou romains, pour qu'on s'y attarde. L'observation par Simone Weil de l'absurdité complète des travaux de Max Planck vaut plus encore pour Einstein et Poincaré, qui ne sont que des "sous-Bergson".

    *

    Aussi ai-je élargi mon étude à une comparaison non seulement des deux moteurs du progrès artistique, mais carrément des deux "eschatologies laïques" de Hegel et Marx ; jusqu'à la comparaison qui s'impose de cette comparaison avec l'apocalypse de saint Jean, objet si ce n'est principal de l'eschatologie chrétienne, du moins une part essentielle.

    Il paraît évident en effet que les trois faits suivants ont la même cause :

    - l'absence de pensée historique proprement "catholique" ;

    - le mépris des théologiens catholiques contemporains pour l'apocalypse, dont l'étude est reléguée en-deçà de basses questions de moeurs, voire de questions purement juridiques comme celles du mariage ou encore la question de la "doctrine sociale" de l'Eglise, thème renfermant plus d'hypocrisie et de lâcheté que les théologies de saint Augustin et saint Bernard de Clairvaux réunies, sans compter les pirouettes de Jean Guitton, toupie pascalienne, tant l'impérialisme occidental a fait dégorger de sueur et de sang les non-esclaves du tiers-monde au cours du dernier siècle ; tant la passivité de l'Eglise face au crime de l'avortement chimique en série choque, jusqu'aux instigateurs de ce crime même parfois (Cf. les 'Mémoires' de l'académicienne Simone Veil) ; si bien qu'on n'est pas étonné que Dante Alighieri croise autant d'ecclésiastiques dans son 'Enfer' ;

    - le frein mis par l'Eglise à l'exégèse "bloyenne" qui consiste non pas à superposer le Nouveau et l'Ancien Testament, erreur qu'Augustin ne commet même pas, mais à les confronter, en quelque sorte de façon "dialectique", pour reprendre le terme grec classique.

    Le mot de Bernanos selon lequel "Hitler a déshonoré l'antisémitisme" n'explique pas tout en l'occurrence, ni même le soucis de certains prélats de plaire aux médiats et de se fondre autant que possible dans le décors des plateaux de télé, le primat des Gaules Barbarin étant sans doute, encore une fois, le plus bel exemple de lopette démocrate-chrétienne qu'il m'ait été donné de voir de ma vie, pourtant riche en rencontres de cette sorte.

    Vu que l'Histoire est sujette à des précipitations, et tous les efforts de Marx et de Hegel tendent d'ailleurs à deviner quel peut bien être le moteur de ces précipitations, vu que "Nous ne connaissons ni le jour ni l'heure", il me paraît opportun de jeter d'ores et déjà ici quelques jalons.

    - Des deux eschatologies laïques en présence, qui n'ont été enrichies substantiellement ni l'une ni l'autre au XXe siècle, sauf l'eschatologie marxiste par les observations de Simone Weil dans le domaine des mathématiques dites "dures", de l'eau de boudin en réalité, celle de G.W.F. Hegel apparaît comme sacrifiant le plus à l'ésotérisme.

    (Tout l'effort des "philosophes marxistes" après Marx, disons sous l'influence du stalinisme pour simplifier, a consisté à réduire Marx à Hegel, à lui faire parcourir tout le chemin qu'il avait parcouru dans le sens inverse, comme Pénélope détricote son ouvrage pour gagner du temps - ou à le réduire à n'importe quoi, comme Derrida. Côté Hegel, ses ramifications ne valent pas mieux, et l'"existentialisme" n'est qu'une longue dissertation de philosophie ennuyeuse, qui ennuie Sartre lui-même au point qu'il préfère "Bibi et Fricotin" ou "Jules Verne", des extrapolations quasi-algébriques justement, dérivées de spéculations de Hegel, elles-mêmes dérivées de la morale épicurienne/stoïcienne, et qu'on retrouve aussi chez saint Augustin ou certains scholastiques ineptes. J'ai cité Derrida comme exemple de délire marxiste ; pour Hegel on peut citer Heidegger, ultime crétin nazi, "ultime" dans le sens où Hitler lui-même n'est pas si con ; Heidegger dont on peut se demander s'il fait la différence entre la philosophie d'Aristote et celle d'Epicure. Quant à Nitche, cas à part, parodiant M. Rubel, l'exégète de Marx dans l'édition de la Pléiade, on peut dire qu'il incarne à peu près ce que Marx serait devenu si Marx avait été une femelle sentimentale comme Nitche et non un humaniste sérieux.)

    - La "phénoménologie de l'esprit" : voilà l'expression de Hegel qui résume le mieux le caractère démoniaque de la pensée de Hegel, où transparaît le mieux que la pensée de Hegel n'est pas une science vivante, mais bel et bien un 'produit', une poésie, un hymne nostalgique, une philosophie morte, tout ce qu'on veut dans le genre médaille d'or aux jeux pythiques.

    Il n'y a pas d'organe neuf chez Hegel, mais un mélange bien rangé d'empirisme, de théologie et de morale archaïques.
    Pour faire le lien avec l'apocalypse, la Bête de la Mer passe précisément par le "phénomène" pour sidérer ses victimes.
    Neptune, les sirènes, Charybde et Scylla... sont autant de démons surgis de la mer en travers du chemin du retour vers Ithaque. La théodicée de Hegel s'achève par la mort d'Ulysse devant les remparts de Troie. Comment Hegel fait-il pour concilier la très grande génitalité et la très grande spiritualité ? Il n'y parvient pas, pas plus que Darwin ou un prêcheur chrétien du mariage de droit divin.

    Comme "phénomène" on peut citer à titre d'exemple l'électro-magnétisme, en raison de sa connotation satanique (appliqué à de la limaille de fer l'aimant dessine un diable), mais aussi parce que ce phénomène joue un rôle non négligeable dans les spéculations débiles d'Isaac Newton, que William Blake ou Robert Fludd avaient bien percé à jour, en plus d'une théologie anglicano-loufoque, au moins aussi loufoque que celle de Kepler. Dieu sait que la science protestante, même si Luther a toujours récusé l'idéologie héliocentrique (Luther est plus catholique que Benoît XVI !), Dieu sait que cette science-là a pu fournir de nombreux modèles à Shakespeare pour les personnages des traîtres Rosencrantz et Guildenstern.

    Au phénomène s'oppose l'épiphanie. Il a manqué à Marx, Engels et Simone Weil de pouvoir atteindre jusqu'à l'astrologie, comme Shakespeare, même si Marx sait que bien des conflits ne peuvent se résoudre qu'au plan astronomique.

    Il n'y a que deux camps, il n'y en a pas trois. Et les tergiversations de Benoît XVI le rendent extrêmement suspect ; ou bien c'est un béotien, ce qui revient exactement au même. "La laïcité est une bonne chose, je crois", a dit le dernier pape ; il ne croit pas, il doute. Son doute est sa foi.

    *

     


    - Question d'art "populaire", le progrès selon Hegel se fait vers la musique. Pour un marxiste, la musique est militaire et mondaine ou tribale. Les sorciers laïcs croient deviner de la musique partout, jusque entre les hautes sphères, qu'ils s'imaginent sifflantes, comme le python, par friction. La "phénoménologie" peut aussi être comprise comme une "fascination par la musique". Dans la théodicée de Hegel, Ulysse ne se bouche pas les oreilles avec de la cire.

     

    *


    "Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de la vie, et afin d'entrer dans la ville par les portes ! Dehors les chiens, les magiciens, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres et quiconque aime le mensonge et s'y adonne !" Ap. XXII, 14-16

    Comparant ensuite avec l'apocalypse de saint Jean, j'observe brièvement :

    - que Satan se manifeste dans la Vie de Jésus de deux façons différentes, il paraît lui-même d'abord, à l'instar de la Bête de la Mer dans l'Apocalypse, avant d'influencer les Pharisiens et Pilate, les prêtres et le gouvernement, et d'agir indirectement, comme la Bête de la Terre.

    L'exégèse officielle actuelle de l'apocalypse, très contestable (notamment l'ouvrage "officiel" du franciscain yanki Stephen Doyle) est marquée par l'augustinisme ; y compris un exégète moins "bénin", pour rester poli, et plus ancien comme Césaire d'Arles.

    J'y reviendrai, mais disons-le brièvement, la source de Hegel est dans Augustin, Bernard de Clairvaux, comme l'a mis en lumière le médiéviste Etienne Gilson. On peut le dire autrement : Hegel et Augustin tirent leur savoir, comme les Romains, des savants grecs les plus désuets.

    Karl Marx de son côté reconnaît que le matérialisme anglais qui est le sien, même si c'est un peu flou dans sa tête, qu'il ne différencie pas comme il faut F. Bacon de D. Hume, découle de la science scolastique de Duns Scot.

    A ceux qui ne comprennent pas comment un philosophe, Marx, à qui on a collé une étiquette d'athée, vocable lui-même soumis à de très nombreuses variations au cours de l'Histoire (ou Blaise Pascal est "athée" selon moi, ou c'est un blasphémateur), peut rejoindre la théologie catholique il faut expliquer trois choses :

    - Le tour "prométhéen" de Marx, sa rébellion contre le pouvoir civil et religieux qu'il assimile à bon droit, puisqu'en France même, Napoléon III, pour des raisons électorales d'abord, jugea bon de recouvrir son régime d'un vernis chrétien, l'a préservé d'une théologie chrétienne complètement "sécularisée".

    - Le sérieux scientifique de Marx et son goût de la vérité lui ont évité de devenir une sorte de fou furieux à la fois rébarbatif et satanique comme Nitche, qui fabrique de toutes pièces l'histoire de la Grèce et celle de Rome, forge cette notion misérable de "civilisation gréco-romaine", au lieu de se concentrer sur l'essentiel comme Marx, à savoir précisément ce qui oppose les Grecs aux Romains.

    - La troisième est ce que j'appelle "le mystère François Bacon", plus mystérieux encore que la décadence de la science grecque après le sommet que représente Aristote. La bonne dialectique de l'Histoire est englobée pour Marx dans le secret de la "chute" des Grecs. Mais le mystère de la "chute" de l'Angleterre, front pensant de l'Europe, après François Bacon alias Shakespeare, est encore plus mystérieux puisque Marx et Engels ne l'ont pas discerné aussi clairement que le problème grec. Et pas plus l'historien plus ou moins marxiste François Furet.

    *


    La difficulté de distinguer le diable du Paraclet comme le souligne la théologie de Léon Bloy, méprisé et qualifié de "millénariste" par des clercs "mondains", faces de carême comme Pascal, la difficulté vient du tour de Satan qui consiste à porter le masque séduisant de "Lucifer".
    Il ne paraît donc pas imprudent d'aiguiser son arme et de se méfier des tentures, voiles d'hypocrisie derrière lesquels s'abritent les pharisiens, quitte à, s'il le faut, porter comme Hamlet l'estocade.

     

  • Espèce de gaulliste !

    Un lecteur s'est offusqué de ce que je traite Jean Galtier-Boissière de "gaulliste" ; on est bien obligé à la lecture de son Journal de faire le constat qu'il le fut. Evidemment, en 1944, Galtier-Boissière, fondateur du "Crapouillot", célèbre journal sorti des décombres de la guerre de 1914 et contempteur des "200 familles" et de leur politique, ne pouvait pas savoir que de Gaulle allait s'avérer leur homme-lige.

    Quelques extraits encore du Journal de Galtier-Boissière, dont le ton tranche singulièrement avec le conformisme actuel :

    "8 septembre 1944 - L'épuration chez les comédiens.

    Il est évident que la plupart de nos vedettes se sont plus ou moins 'mouillées' : Sacha Guitry arborait au bar du 'Maxim's' le seul chapeau mou dans une rangée de casquettes plates ; Fresnay et Préjean ont tourné pour la 'Continental' ; Raimu se vantait d'être l'ami de Laval ; Chevalier chantait à 'Radio-Paris' ; Fernandel aurait dîné au 'Cercle européen'...

    Mais dans les campagnes qui s'amorcent, on sent un peu trop la jalousie des petits emplois vis-à-vis des premiers rôles qu'ils voudraient évincer à la faveur de l'épuration.

    - Pourquoi ne jouerais-je point Tartuffe, se dit un deuxième valet du répertoire, moi qui ai fait le coup de feu rue de Rivoli ?

    La nouvelle presse, béatement conformiste, est d'une platitude que n'excuse plus l'improvisation des premiers jours. Tous les journaux sautent de joie à l'idée d'être libres, libres... mais libres de quoi ?

    Nous nous apercevons, non sans mélancolie, que le principal mérite de certaines feuilles, c'était d'être clandestines. Un authentique héros du maquis peut très bien ne pas savoir brocher une chronique ou parler au micro. Mais c'est très délicat de le lui faire comprendre.

    La mort de Jean Prévost dans le maquis du Vercors est malheureusement confirmée. C'était un garçon très sûr, ancien normalien et agrégé, remarquablement intelligent et courageux.

    19 septembre - Revu Z... officier du service secret qui assurait la liaison Londres-Paris. Cet industriel israélite est devenu léniniste ; il déclare que la classe bourgeoise qui a failli à sa mission doit disparaître et réclame un premier abattage de deux cent mille têtes.

    - En somme, lui dis-je, tu es maintenant pour les pogroms d'aryens ?

    Nous faisons un tour d'horizon :

    - Que penses-tu du Général ?

    - Il est stratosphérique.

    22 septembre - Des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur ont visité hier le camp de Drancy 'en vue de son agrandissement'. Le nombre des incarcérés de la région parisienne dépasserait actuellement dix mille.

    30 septembre - Lefèbvre me raconte la fin tragique de son ami Andrès, as de la Résistance, qui s'était évadé d'un train de déportés et n'avait jamais été repris.

    Après la Libération, la Police le prévient qu'elle a retrouvé au fond d'une cave de la Gestapo, avenue Foch, des caisses volées dans son appartement. Andrès va identifier son bien et le lendemain revient avec un camion. Il descend à la cave, mais à peine a-t-il déplacé une première caisse qu'une bombe fait explosion et le tue net.

    Trois escarpes du gang Bony-Lafont reconnaissent qu'à Saint-Mandé ils ont torturé une vieille dame et son infirmière pour les rançonner. Après les avoir violées et assassinées, ils ont fait cuire les cadavres dans une marmite et les ont passés à la machine à hacher.

    La maîtresse d'un des bandits déclare qu'elle ignorait qu'on dût aussi tuer la vieille dame :

    - 'On m'avait dit qu'elle serait simplement déportée !'"

     

  • Fillon et les Juifs

    - Le curé de Levallois-Perret, auteur du petit laïus pour les obsèques de la jeune touriste française assassinée en Egypte sera-t-il cloué au pilori pour avoir tenté d'importer en France le conflit Ben Laden-Obama en fustigeant le terrorisme arabe ?

    - Au comptoir d'un troquet, je suis pris à partie par une (jolie) négresse outrée que j'ai pu dire à mon pote que Ben Laden m'est beaucoup plus sympathique qu'Obama... elle ne me laisse pas finir ma phrase : Obama ou tout connard sorti d'Harvard en général qui prête serment sur la Bible pour mieux dézinguer des innocents ensuite sans scrupules.

    Je manque même de peu de me prendre une torgnole et de me faire traiter de raciste. Un peu calmée par un compliment ou deux que je fais sur sa beauté, elle m'explique qu'aux Etats-Unis, au moins, on n'empêche pas les Noirs d'entrer en boîte de nuit, comme en France. Que Ben Laden et Dieudonné font tout pour rendre l'intégration des gens de couleur dans la société française plus difficile. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Surtout dans un bar où on diffuse de la musique cadencée afin d'éviter tout dialogue véritable entre les gens ? Ma proposition de l'embrasser sur la bouche pour nous réconcilier, même si elle n'y consent pas, ramène un peu de sérénité.

    - Pour faire oublier son incompétence, Fillon fustige les antisémites qui, en France, blablabla... Si les bobos ont une religion, c'est bien l'antiracisme. Pour un capitaliste, la véritable preuve de sa prédestination, c'est l'épaisseur de son compte en banque ; si ça peut conforter celui-ci, il est disposé à consentir à la race noire, jaune, rouge ou sémite, tous les mérites possibles et imaginables. Quand je vois la gueule de Fillon, et quand j'entends ses discours, je regrette de ne pas avoir commencé de dégueuler sur les curés démocrates-chrétiens irresponsables dix ans plus tôt.

  • Ma conversion

    L'art joue le premier rôle dans ma conversion au communisme. Notamment cette démonstration d'Engels que le "génie artistique" est une utopie, et que c'est vouloir faire de chaque homme un artiste qui est humain et raisonnable. Démonstration d'Engels dont le plus petit artiste, à condition qu'il soit humain et non déjà démoniaque, éprouve la vérité. Je ne peux m'empêcher de faire part à un élève des Beaux-Arts de ce trait d'Engels, et il me répond immédiatement :

    "- Bien sûr, c'est évident. Ton type a raison."

    Le "système Picasso" a sa limite dans Picasso lui-même, dans l'idolâtrie que ses adorateurs lui vouent, fétichisme qui finit, après qu'il en a engrangé les avantages, par dégoûter le "Maître", qui ne maîtrise plus rien. Ce qu'un artiste désire plus que tout, c'est l'amour, non sa parodie conventionnelle, le fanatisme. Bien sûr je ne peux pas éviter la comparaison avec W.A. Mozart, espèce de petit crétin possédé par le génie de la musique.

    S'il faut citer un équivalent de Hegel et de sa phénoménologie démoniaque en peinture, le nom de Manet s'impose, qui donne bien l'illusion du progrès. En algèbre, les exemples fourmillent ; vu que les sophismes d'Einstein sont trop grossiers, disons plutôt Poincaré ou tous les géomètres-experts contemporains de Hegel, persuadés, ces crétins, de surpasser Euclide.

  • L'Economie pour les Nuls

    "Il suffit de remarquer que les crises sont chaque fois préparées justement par une période de hausse générale des salaires, où la classe ouvrière obtient effectivement une plus grande part de la fraction du produit annuel destiné à la consommation." Karl Marx

    Les médias capitalistes tentent tant bien que mal de dissimuler deux faits à l'opinion publique :

    - Le premier, c'est que la crise actuelle correspond bien au schéma économique auquel Karl Marx consacra vingt années d'études. Il s'agit bien en effet d'une crise due à l'excès de crédit et de Capital, et non au manque de Capital ; la surproduction de biens de consommation n'est que le corollaire de l'excès de Capital.

    Autrement dit les gaspillages dantesques dont nous sommes les témoins, derrière lesquels se dissimulent des vies de labeur harassantes, à quelques milliers de kilomètres de nous, ne sont pas dûs à l'incompétence des banquiers, mais à l'impossibilité de faire fructifier normalement l'excès de Capital accumulé par les grands banques nationales. Nulle philantropie bien entendu dans les prêts consentis à des foyers insolvables aux Etats-Unis, mais une conséquence de ce "débord" de crédit.

    - La "morale" de Jérôme Kerviel ou de Daniel Bouton, des escrocs de toutes sortes, n'est pas en cause non plus ; c'est surtout au plan mental que ce genre d'énergumènes est déficitaire. Le problème général est un problème de responsabilité, du banquier à la caissière de supermarché en passant par l'officier français volontaire pour une mission en Afghanistan, le tortionnaire d'un camp de  prisonniers en Pologne ou ailleurs. Le totalitarisme est au contraire "hypermoral" et le léviathan une grosse baleine qui dévore ses enfants.

    C'est l'excès de conventions dans tous les domaines qui mène à l'irresponsabilité. Ainsi, dans le domaine du langage, le soucis excessif des conventions, orthographiques ou grammaticales, reflète cet esprit femelle et les effets du "discours de la méthode" sur la virilité, le "fétichisme" du langage, très net chez des auteurs comme A. France ou son pasticheur M. Proust. Contre ce fétichisme en grande partie, Louis-Ferdinand Céline a bâti la seule oeuvre littéraire vraiment vivante du XXe siècle. La préoccupation du style chez Céline n'est que "résiduelle" et ce qui le mobilise est bien l'expression d'une vérité occultée au premier chef.

    Auparavant Alphonse Allais, auteur populaire lui aussi, dans le canard que lisait le paternel de Céline, faisait ressortir par ses pastiches cette sclérose de la langue française. Allais est mi-figue mi-raisin. La marque du totalitarisme en littérature consiste dans la "parodie involontaire" qui est le niveau de la littérature actuellement. 

    De la même phalange, Léon Bloy est, lui, un auteur presque entièrement dépourvu de style, mais qui a survécu comme Marx exclusivement par la force de son message eschatologique.

  • Helmet Knight

    De la Charité, l'Âme est une adversaire farouche. Et séduisante. C'est là le plus important, la séduction. Car pour que la mort soit bonne, il faut que l'Âme soit belle. Le temps dévore de l'intérieur. Il "prend possession" de ses victimes.

    On croit souvent qu'Hamlet, dans son château d'Elseneur en plein Danemark, a des "états d'âme", voire qu'il tergiverse. Pas du tout ; Hamlet derrière son heaume cherche le point le plus efficace où donner son coup de lance. Il ne s'agit pas de rater l'oeil du cyclope et de gaspiller ses forces en vaines estocades. Mais une fois les forces du mal circonscrites, on observe qu'Hamlet vise juste, et ce même à travers le voile de lin fin.

  • Les 200 familles

    "- Le Groupe Dassault ne vend pas des armes, il vend des outils de défense nationale !" Propos abjects du "président" Serge Dassault, sorte de Grand Python froid, presque pas de front, comme certaines statues égyptiennes. Par-dessus le marché, un rappel de la mémoire des déportés de sa famille et des camps de concentration allemands : les horreurs passées pour en justifier de nouvelles. On est sur "France 3", chaîne de propagande d'Etat.

    Mais Serge Dassault n'est pas chrétien ; j'ignore quelle est sa religion exactement ? Une d'où les pactes avec le diable ne sont pas exclus, manifestement. Le contrat est d'une telle ampleur qu'on ne peut douter que les sbires de Dassault seront entraînés dans le gouffre avec leur Maître, son cynisme et ses "outils" de défense nationale. Les prières des martyrs vont dans ce sens.

    La fourmilière est comme désemparée, ses ouvrières commencent de tourner en rond et ses soldats sont pris de nervosité. Bref on a là, sous les yeux, le résultat de la politique des "200 familles" et de leurs aumôniers. Les terres en friche, les rivières empoisonnées, le gaspillage immense, la banqueroute d'un pays de Cocagne, ce sont eux. Et "France 3" ne trouve rien de mieux, dans cette débâcle, que de tenter de redorer le blason de la dynastie Dassault, Wendel ou Bettencourt.

    Dans son "Journal de la Libération", Jean Galtier-Boissière, bien que plutôt gaulliste et certainement anticommuniste, réprouvant certains abus de la Résistance, déplore que les FFI n'aient pas profité de l'occasion pour mettre au pas les "200 familles" qui, dit-il, n'ont pas mis beaucoup de temps avant de relever la tête.

    Que peuvent les armes de Dassault, la fortune des Bettancourt, l'acier des Wendel, tout l'encens de leurs thuriféraires, contre la colère de Dieu ?

     

  • Signes sataniques du temps

    Il faut dire que l'attaque grossière de Prieur et Mordillat contre l'apocalypse est relayée à l'intérieur de l'Eglise elle-même, de façon plus subtile.

    La bouffonnerie de Prieur et Mordillat, qui consiste à prétendre que l'Apocalypse n'est qu'un pamphlet, alors même que la vision de saint Jean est animée par des phases qui correspondent à la vie du Messie lui-même, cette bouffonnerie n'est que la partie émergée d'un iceberg plus gros.

    J'en veux pour preuve la réponse du Père Alain Bandelier à la question posée par une de ses ouailles dans le magazine "Famille chrétienne" (21-27 fév. 2009 - magazine dont l'intérêt est de refléter la doctrine officielle actuelle du Saint-Siège, qualifiée parfois de "judéo-chrétienne").

    Question : "Que faire pour que le Seigneur revienne enfin dans la gloire et mette ainsi un terme aux horribles souffrances que subissent les hommes de siècle en siècle ?"

    Réponse : "(...) Même les chrétiens ont régulièrement la tentation de "décrocher" de leur espérance théologale pour s'accrocher à un rêve : le retour du Christ sur terre. C'est l'hérésie du millénarisme, selon laquelle Jésus viendrait régner mille ans ici-bas - alors qu'il a clairement dit que son royaume n'était pas de ce monde. (...)"

    Abracadabrante réponse ! A une question, qui, de toute évidence, traduit une soif d'apocalypse ; le genre de question qui risque d'être réitérée au Père Bandelier vu l'effroi dans lequel le monde est en train de plonger.

    D'abord, contre Bandelier, il convient de rappeler le texte de la vision de saint Jean à Patmos, vision qui contient toute l'Histoire :

    "Puis je vis des trônes, où s'assirent des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné, et JE VIS les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et ceux qui n'avaient point adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Mais les autres morts n'eurent point la vie, jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. - C'est la première résurrection ! - Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux ; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant mille ans." Ap. XX, 6.

    Ensuite quelques explications : dans sa réponse, le Père Bandelier tente d'assimiler le "monde" au monde PHYSIQUE, autrement dit à la "Nature", autant qu'on puisse interpréter l'idée de ce clerc, qui n'a pas l'air de savoir très bien lui-même ce qu'il dit, ajoutant juste après : "Aux pharisiens qui l'interrogent sur la venue du Royaume, il répond qu'il n'est pas ici ou là, comme une chose observable ; c'est une réalité intérieure à l'Histoire" ?????? Cela ferait sourire sur les "éclaircissements" que ledit Bandelier est censé apporté à ses lecteurs, si ce clerc ne portait pas une accusation grave d'hérésie contre la théologie qualifiée de "millénariste" dont Léon Bloy et Simone Weil sont les ultimes représentants, mais qui s'appuie aussi sur Joachim de Flore, François Bacon alias Shakespeare, sans oublier François d'Assise, phalange rassemblée derrière la bannière du Saint-Esprit.

    Le "monde" dont Jésus parle n'est pas bien sûr la Nature célébrée par François d'Assise mais ce que Shakespeare appelle "le temps", représentés dans le Nouveau Testament par les Pharisiens et Ponce-Pilate, autorités religieuse et politique liguées contre le Messie et son message. Nul besoin d'avoir fait sept ans de séminaire pour savoir le sens d'une "mondanité".

    Venant d'un clerc dont la gazette, "Famille chrétienne", n'hésite pas à substituer la télévision à la vision véritable, une gazette appliquée à sceller le pacte entre l'Eglise et le Siècle en présentant le capitalisme comme une fatalité, le darwinisme comme la seule façon possible de concevoir le progrès, une gazette où l'on ose se demander si les Etats-Unis ne constituent pas un modèle de "Cité de Dieu" (!), Etats-Unis dont le satanisme transpire de partout, dont la gazette n'hésite pas à présenter la soldatesque française au service des cartels du pétrole comme un détachement de croisés, venant de ce Bandelier, l'accusation d'hérésie, assurément, ne manque pas de culot ! Pour ne pas dire de calotte.

  • Comme une bête

    Mgr Williamson, traqué comme une bête par les caméras et les journalistes, casquette de base-ball sur la tête et ray-ban devant les yeux, c'est l'image de l'Eglise elle-même, incomprise et ne comprenant rien, comme sidérée, sous la cendre.

  • Journaliste et chrétien ?

    Peut-on être journaliste et chrétien en même temps ? En dehors de la conjoncture même, de la mainmise de l'industrie sur les médias qui l'interdit pratiquement aujourd'hui, force est de constater que c'est un métier incompatible avec le combat aux côtés du Saint-Esprit, combat qui est l'essence du catholicisme, essence bien comprise par Simone Weil qui, Dieu merci, est vierge ou presque de tout "journalisme".

    Cette "somme de journalisme" qu'est Jacques Julliard, observateur obstrué, peut bien essayer de démontrer le contraire, il n'y a qu'un imbécile pour ne pas voir que Simone Weil n'aurait pas "tenu" trois jours dans une "rédaction" au milieu des scribes, qu'elle aurait été virée sur le champ pour excès de pertinence. La vie de Simone Weil elle-même constitue une purge de l'esprit journalistique qui plane sur nos têtes, tel un gaz asphyxiant : gaz hilarant lorsque Obama est élu, gaz irritant lorsque un type inconnu, Williamson dit... dit quoi, au fait ?

    L'actualité est au coeur du métier de journaliste, et l'actualité est synonyme de ce que Shakespeare appelle "temps", ou que d'autres théologiens appellent "le monde". Autrement dit le territoire de Satan, où la Bête de la terre a toute-puissance. (Parlez du diable à un journaliste démocrate-chrétien, il vous regardera avec des yeux de merlan frit ; parlez-en avec un enfant, il pigera tout de suite où vous voulez en venir, ce d'autant plus que les symboles sataniques ont envahi les jeux et les distractions des enfants, passés de la culture populaire yankie à la culture populaire française au cours des dernières décades, avec la complicité du clergé*.)

    *

    Il y a une tentative importante et célèbre de "journalisme chrétien", c'est l'"Univers" de Louis Veuillot (1813-1883), polémiste catholique souvent imité depuis, rarement égalé, et dont l'organe eût une puissance équivalente à celle d'une chaîne de télévision aujourd'hui.

    Quoi que l'attitude bienveillante du pape Pie X à l'égard de Louis Veuillot puisse laisser conclure, l'entreprise de Louis Veuillot s'est globalement soldée par un échec. L'Histoire donne raison à Léon Bloy, plus que dubitatif sur les velléités de Veuillot de propager la Charité par le moyen de la presse. Bloy permet d'ailleurs de poser le problème comme il faut. Le rapprochement entre l'"actualité" et le "temps", pour éviter précisément d'être emporté par "l'air du temps", ce qu'un journaliste laïc lui-même refuse, oblige en principe un journaliste chrétien à parler de l'actualité dans une perspective eschatologique. Hors de ce cadre, défini par Léon Bloy, le journalisme au sens chrétien est nul et non avenu. Bloy ne se contente pas là de définir un simple "cadre", il fixe un sommet élevé, car il y a bien sûr, de l'eschatologie à la critique des films qui passent à la télé comme un GOUFFRE, que même un abonné à "Famille chrétienne", "Télé-Poche" ou "La Vie" est capable de voir -ou bien c'est que "La Petite Maison dans la Prairie" fait des ravages dans les jeunes cervelles encore plus grands que ce que je crois.

    Et l'échec de Veuillot tient à cela, à ce qu'il n'a pas été à la hauteur de l'eschatologie nécessaire. Ses origines très modestes, sa formation "sur le tas", le climat insurrectionnel dans lequel Veuillot a mûri, toutes ces raisons peuvent expliquer la faiblesse de la critique de Veuillot, historique notamment. Mais ce n'est pas le problème, il ne s'agit pas de condamner les "intentions" de Veuillot mais de juger du résultat, car contrairement à ce que prétend de façon hypocrite saint Augustin, les intentions seules ne comptent pas ; le résultat a, on est bien placé pour s'en rendre compte, une importance très grande. La Bible elle-même prône contrairement à Augustin l'action et son résultat sur les bonnes intentions dont le parvis de l'Eglise est pavé.

    Une précision s'impose à propos de Veuillot et de "L'Univers" : aussi peu avisé fut celui qu'il est convenu de tenir aujourd'hui dans l'Education Nationale totalitaire pour "un méchant réactionnaire", "l'ennemi de Victor Hugo", aussi peu avisé fut-il des mobiles réels du régime de Napoléon III, Veuillot ne fit JAMAIS preuve de l'aveuglement VOLONTAIRE des démocrates-chrétiens actuels, journalistes aux "Figaro", par exemple, quant aux mobiles réels de Sarkozy et de Fillon, dont ils ne se dissimulent d'ailleurs quasiment pas.

    *

    Puisque ni Bloy ni Simone Weil ne furent "journalistes" au point d'embrasser cette profession et d'en épouser les usages,  y eût-il dans l'Histoire des journalistes "catholiques", c'est-à-dire apocalyptiques ? En dehors de Balzac, de Marx et de Engels, traqués par toutes les polices d'Europe ou presque pour cette raison, je n'en vois pas. Alphonse Allais ? Il s'est contenté de souligner l'absurdité profonde des principes républicains, ce qui n'est déjà pas mal, mais si j'en fais un journaliste "apocalyptique", on va m'accuser de "charrier", alors que j'essaie d'être juste. Villiers de l'Isle-Adam, en revanche, entre dans le cadre, compte tenu de la forme très spéciale de journalisme qu'il pratique. Et j'ajoute Daumier, pour sa façon de peindre le clergé laïc, avocats, magistrats et députés, sous les traits de pharisiens déchaînés, vision assurément apocalyptique.

    Balzac, Marx, Engels, Villiers, Daumier... disons une petite phalange ; maigre recensement.

    *Sur la complicité du clergé dans le satanisme, accusation très grave, je reviendrai ultérieurement comme il se doit, à partir de l'exemple de Jean Guitton.

  • Merde à la Nostalgie !

    Ce que le « Journal de la Libération » de Galtier-Boissière révèle c’est l’effacement, dans un régime totalitaire, de l’histoire immédiate par le cinéma. Sans le cinoche, les gens liraient, et le récit véridique de Galtier-Boissière leur serait parvenu. Récit véridique : je n’y étais pas, mais je sens bien que c’est vrai. Tandis que le cinéma, c’est du flan, le genre de petits arrangements avec la vérité que les gonzesses aiment, pour la rendre plus sentimentale, la vérité cuite et la recuite dans l’eau de rose. A dégueuler.


    Après tout, on aurait le droit de la savoir, cette histoire-là à peine enterrée, puisqu’on en sort directement. Au lieu de ça, roulements de tambours laïcs, lettre de Guy Môquet par-ci, repentance par-là, tout le rituel factice et les mises en scène, le bal des faux-culs.
    L’Education nationale n’est pas la seule « meilleure alliée » du régime totalitaire, le cinéma l’est aussi.
    Ce qui me plaît aussi chez Galtier-Boissière, par rapport à Nimier, c’est qu’il n’essaie pas de faire du style. Il n’y a pas plus con que le style. C’est la gomina qu’on se met dans les cheveux dans l’espoir de plaire aux gonzesses. Si tous les écrivains aujourd’hui commettent l’erreur de vouloir avoir du style, c’est parce qu’ils vont beaucoup trop au cinéma. De là vient l’idée que de rien on peut tirer quelque chose.
    Donc je continue de recopier Galtier-Boissière :


    « 1er septembre 1944 – Quelques fifis ont pris des miliciens du Lycée Saint-Louis la mauvaise habitude de pointer leur mitraillette sur l’estomac des passants, et la plaisanterie est aussi peu goûtée que l’arrogance de certains blanc-becs qui barrent une rue sans raison, pour prouver au quartier qu’ils détiennent encore une parcelle d’autorité.
    J’assiste devant l’Odéon à une altercation entre un fifi de dix-huit ans, péremptoire, et un camelot quinquagénaire, décoré de la médaille militaire, qui le rabroue : ‘Ah ! dis, petite tête, ramène pas ta fraise ! T’as vu le carrefour Saint-Michel, c’est entendu, mais moi j’ai fait Verdun, figure-toi !’


    Chiffre officiel des tués de l’insurrection : Neuf cents, dont moitié badauds. Il est heureux que certaines victoires retentissantes se soldent par des pertes minimes : Valmy, la plus grande victoire des armées de la République (dont Goethe disait qu’elle ouvrit une ère nouvelle à l’humanité), ne coûta que quelques dizaines de morts, et le nombre des défenseurs de la légitimité tués lors des « Trois Glorieuses » se limita à cent trente-trois…


    3 septembre – La presse exige la mise à l’index des maisons d’édition collaboratrices : Sont visés particulièrement Bernard Grasset, Gallimard qui a livré la NRF à la propagande nazie ; le belge Denoël qui publia les étonnants 'Décombres', de Lucien Rebatet …
    Des Allemands disaient ingénument en partant : ‘Nous reviendrons dans trois mois. Nous ne pouvons vivre qu’à Paris.’
    Von Choltitz a la cote d’amour parmi les officiers qui ont traité avec lui la capitulation allemande. Le gouverneur de Paris n’a pas exécuté les ordres sauvages de Hitler, n’a pas fait sauter le Sénat, ni bombardé la ville :
    ‘Je n’ai pas voulu attacher mon nom, aurait-il déclaré, à la destruction de votre célèbre capitale.’


    6 septembre – Gallimard est un gros malin. Il ne sera pas arrêté comme Grasset car, lui, jouait habilement sur les deux tableaux. Pas fou, le vieux ! A la Nouvelle Revue Française, deux bureaux se faisaient face : Le bureau de Drieu, membre dirigeant du parti Doriot, collabo sincère, directeur de la revue NRF pro-nazie, et celui de Jean Paulhan, résistant de la première heure et fondateur, avec Jacques Decour, du journal clandestin antiboche 'Les Lettres françaises'.
    Le ‘percheron qui se pique à la morphine’ comme l’appelait Cocteau, est un as du double-jeu.


    Toute la famille du général von Choltitz aurait été passée par les armes, en Allemagne.


    La charmante gavroche Arletty a été arrêtée. On lui reproche d’avoir eu une faiblesse pour un beau fridolin.
    - Qu’est-ce que c’est que ce gouvernement, s’est-elle écriée, outrée, qui s’occupe de nos affaires de cul !
    Notre littérature a toujours applaudi à toutes les bonnes fortunes de nos militaires triomphants auprès des femmes de tous les pays d’Europe. Mais nous ne pouvons admettre qu’un vainqueur étranger remporte chez nous des succès du même ordre.


    Il paraît qu’à Drancy, du temps des juifs, les affaires ne chômaient pas. Un gendarme était appointé quinze mille francs par mois par quelques gros pontes pour porter chaque jour les ordres de Bourse.


    Georges Salvago, grand blessé de l’autre guerre, et qui s’était jeté dans la récente bagarre, me raconte qu’un vieil israélite du quartier Monceau, se réjouissait d’être à jamais débarrassé de l’équipe d’affreux miliciens qui occupaient un immeuble en face de son appartement.
    Or, quelle ne fut pas sa surprise, le lendemain de la Libération, de voir de sa fenêtre un grand banquet FFI dans le même local et de reconnaître parmi les convives tous ses miliciens de la veille.
    Il donna l’alarme et toute la bande fut promptement ‘groupée’.


    8 septembre 1944 – « La fin de la guerre est proche », déclare le général Dempsey, dans un ordre du jour.
    Jean Paulhan écrit dans le Figaro Littéraire à propos de son arrestation : ‘Drieu La Rochellle était, entre temps, courageusement intervenu en ma faveur. Je dis courageusement car il ignorait ce que j’avais pu faire.’ »

  • L'essence de la laïcité

    Le mal qui ronge le Juif, c'est : hier.

    Le mal qui ronge le Boche, c'est : demain.

    Et l'alchimie des deux, quand ça n'explose pas, donne le cinéma, qu'on n'a pas attendu les Frères Lumière, hélas, pour inventer.