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Lapinos - Page 100

  • Mise en pli

    Avec le renfort de Frédéric Mitterrand, Sarkozy peut toujours espérer inventer la révolution permanentée.

  • Sermons gagnants

    Le succès d'Eric-Emmanuel Schmitt, tant au cinéma qu'au rayon "livres", ne faiblit pas. Comme j'ai pu moi-même constater, c'est surtout auprès de la gent féminine qu'il se vend comme des petits pains. Comme quoi le magnétisme du curé sur les gonzesses n'est pas qu'un truc d'ancien régime. Succès de Schmitt en Allemagne aussi, nation où la féminité est plus exacerbée encore chez les hommes que chez les femmes, comme dans toutes les populations où le goût pour le droit et les mathématiques, marqueurs de l'animisme, est débordant. Il y a tout lieu de penser que le premier langage humain écrit fut un langage mathématique, et que l'écrit a progressé ensuite contre l'arithmétique et les mathématiques.

    J'avoue ne connaître moi-même la teneur des sermons de Schmitt que par des échos. Pas question de regarder un film d'après Schmitt, même pour me faire une idée. Et au bout de quelques paragraphes, j'ai des troubles de la vision, toutes les lignes se superposent pour n'en former plus qu'une seule.

    Cependant E.-E. Schmitt est l'auteur d'une définition parfaite de la démocratie-chrétienne, c'est  : "L'Evangile selon Pilate". Dont on pourrait imaginer une suite encore plus audacieuse : "L'Evangile selon Caïphe".

    Un type étiqueté "catholique" mais qui n'a jamais sans doute entendu parler de la "synagogue de Satan" (Ap. II et III), n'a pas hésité il y a quelque temps à me vanter sur un blogue les vertus de cette secte juive. D'après le "Dictionnaire du Nouveau Testament" du Chanoine Crampon (base de connaissance assez solide comparée à ce qu'un curé moyen est capable de proférer comme conneries aujourd'hui), la secte pharisienne se serait en partie constituée en réaction à l'hellénisme menaçant d'envahir la religion de Moïse.

    Si Crampon dit vrai, nul besoin de pharisaïsme aujourd'hui puisque le jansénisme et la théocratie ont éradiqué peu à peu à partir du XVIIe siècle tout "hellénisme" du catholicisme. Autrement dit, Schmitt et les sermons béni-oui-oui ont remplacé Dante et Shakespeare.

    Eradication complète de la mythologie grecque, comme on peut s'en rendre compte en lisant Dante ou Shakespeare. Mais éradication complète aussi d'Aristote, dont la science ne souffre pas d'être amalgamée avec les théories médiatiques et primaires de Pythagore, les mathématiques milésiennes - Pythagore que jansénistes et puritains ont lui aussi largement contribué à ressusciter ; éradication si complète que Joseph Ratzinger passe par la théorie des ensembles pour expliquer la charité à ses ouailles. Tel spécialiste de Pythagore estime d'ailleurs que sa secte rencontra beaucoup de succès auprès des femmes et des mères de famille ; c'est exactement ce qu'est devenue la secte démocrate-chrétienne en France : une religion de mères de famille où les hommes ne sont pas les bienvenus. Surtout s'ils conchient la guimauve chrétienne d'Emmanuel Schmitt.

  • L'humour des médiats

    Ce jour le comique Nicolas Canteloup sur "Europe 1" raille la schizophrénie de Sarkozy, qui prétend moraliser le capitalisme tout en s'efforçant de fourguer des "outils de défense nationale" made in France dans le monde entier. Humour corrosif au troisième degré, quand on sait que Canteloup lui-même est employé par le Groupe Lagardère comme Sarkozy.

    Il y a quelques semaines l'animatrice Julie, espèce de dinde chargée de répandre la bonne humeur sur les ondes radio par ses gloussements, suggérait qu'on inculpe le pape Benoît XVI pour crime contre l'humanité après qu'il avait émis des réserves sur l'usage du préservatif en Afrique.

    Trait caractéristique de l'hypermorale laïque : elle sacrifie l'honnêteté à toutes les vertus secondaires.

  • Nouvel Observateur

    Selon Jacques Attali la France connaît une récession économique d'une ampleur inédite. Il se tient à la disposition des Français qui ne comprennent pas pourquoi les prévisionnistes ne prévoient jamais rien, et surtout pourquoi ils le font avec un tel aplomb.

  • L'Artiste et le poète

    La façon de Géricault de n'être jamais du côté de César, voilà ce qui fait de lui un artiste, au contraire d'Aragon. Et pourtant Géricault n'a rien d'un anarchiste.

    Mieux encore que Delacroix, Géricault rappelle Shakespeare.

  • Contre Hadopi

    "Au fond, nous sommes tous des êtres collectifs... Tous nous devons recevoir et apprendre autant de ceux qui étaient avant nous que de nos contemporains... C'est vrai, j'ai fait et réalisé dans ma longue vie diverses choses dont je pourrais peut-être me vanter. Mais si nous voulons être loyaux, qu'avais-je donc vraiment en propre, sinon la capacité et l'inclination d'entendre, de distinguer et de choisir, d'animer avec quelque esprit et de rendre avec quelque adresse ce que j'avais vu et entendu ? Je ne suis nullement redevable de mes oeuvres à ma propre sagesse seule, mais à des milliers de choses et de personnes en dehors de moi qui m'en offrirent les matériaux."

    Goethe (17 février 1832)

    La protection des artistes par l'Etat est une vieille lune à laquelle les poètes sont parfois tentés de croire (Eluard et Aragon n'ont-ils pas composé des odes à Staline, Céline et Drieu La Rochelle au régime nazi ?) ; on constate cependant que la Villa Médicis, mise un temps à la disposition des artistes par l'Etat, n'a pas tardé à devenir une datcha de fonctionnaires à la solde du pouvoir, excitant la convoitise des plus serviles d'entre eux : PPDA, G.-M. Benhamou et F. Mitterrand, pour prendre l'exemple le plus récent.

    On peut même poser que plus l'Etat est centralisé, et le nôtre l'est plus encore que celui de Louis XIV, plus il est conventionnel et hostile à l'art qui détruit l'idéologie de la "loi naturelle". L'Etat omnipotent maudit l'artiste ; il exige des valets et des putes sacrées.

  • L'Humanisme en question

    Cité par Marcel Conche dans un essai sur Homère (raté*), le jugement porté par Simone Weil sur la civilisation romaine : "Nul n'a jamais égalé les Romains dans l'habile usage de la cruauté."

    Conche note que Simone Weil compare les Romains aux nazis. Avec la précaution oratoire d'usage : "C'était avant Auschwitz", précaution dont on peut se demander si elle vise à couvrir Simone Weil ou bien Conche lui-même des foudres de la censure ?

    En réalité, primo ce sont les nazis eux-mêmes qui ont la prétention d'imiter les Romains ; deuxio, Simone Weil n'est pas une ignorante abreuvée de propagande télévisée : elle sait fort bien que le régime nazi n'est pas surgi de nulle part comme un diable de sa boîte, que le national-socialisme ne naît ni ne meurt avec Hitler et son état-major. Hitler est-il même un personnage de tout premier plan dans l'histoire du XXe siècle ? On peut en douter. Il est assez manifeste, après l'élection de l'homme qui valait 500 millions de dollars, Barack Obama, que les hommes politiques sont des pantins entre les mains des industriels.

    Hitler ne présente guère d'intérêt pour un historien en tant que tel, dans la mesure où l'idéologie nazie n'a rien d'original. Pour ce qui est des théories raciales fondées sur le transformisme de Darwin, elles sont trop incohérentes pour être prises au sérieux, et il est quasi impossible de les dissocier des doctrines politiques nationalistes. Le darwinisme traduit un effort que le XIXe siècle parachève, pour fonder les systèmes politiques, dont l'idéologie nationaliste fait partie, non plus seulement sur la morale ou la rhétorique, mais carrément sur la science, quitte à aboutir pour cela comme le transformisme darwinien à un assemblage rocambolesque de déterminismes contradictoires. Le droit national-socialiste de Hegel lui-même se présente sous un aspect scientifique, dans le prolongement de la théodicée de Leibnitz.

    *

    Ce qui fait de Simone Weil une véritable humaniste, quand les autres ne sont que des ersatz, c'est sa capacité à distinguer assez nettement Athènes de Rome. Non que les Romains n'ont aucun rapport avec les Grecs, mais parce que l'examen de leurs différences - Aristote contre Lucrèce, par ex. - est beaucoup plus utile que l'amalgame auquel la philosophie boche procède (les humanistes de la Renaissance font preuve dans ce domaine d'une lucidité inégalée depuis, et déjà "sous l'éteignoir" dans les "Essais" de Montaigne, qui ne conçoit pas la culture ou la connaissance en dehors de son propre divertissement).

    L'opposition entre Grecs et Romains ne concerne pas que les érudits, puisqu'une faille similaire sépare la Renaissance de la période baroque qui a suivi - en tenant W. Shakespeare ou F. Bacon pour "le dernier des humanistes de la Renaissance" (contrairement donc aux thèses universitaires qui s'efforcent d'en faire des auteurs "baroques").

    Or, cette faille contient la clef pour comprendre l'histoire moderne et son progrès, qui n'est pas trigonométrique. Et chacun d'entre nous est concerné, en dehors des autruches, par l'histoire moderne. Ce que le pédant appelle "inconscient collectif" peut se traduire par les barrières que dressent systématiquement les institutions politiques entre les individus et la science historique, le cinéma ayant accompli en quelques années dans ce sens des ravages considérables.

    Si l'on s'efforce de résumer de la façon la plus lapidaire possible la différence entre Grecs et Romains, ou humanistes de la Renaissance (F. Bacon) et humanistes baroques (M. Montaigne, R. Descartes, M. Mersenne, I. Newton...), on peut dire que les penseurs latins sont sur une pente anthropologique. Autrement dit, aussi surprenant que ça puisse paraître en raison de l'épaisseur du préjugé universitaire actuel, je prétends que la religion des Grecs est moins anthropologique que la religion laïque judéo-chrétienne actuelle, qu'elle se dise "athée" ou "chrétienne" (la différence n'étant guère sensible entre la cathédrale laïque et la petite secte chrétienne, justement, que sur le plan anthropologique).

    On peut vérifier que les dieux, les puissances laïques, sont "auto-suggérées", par le fait qu'ils ont tous un fondement mathématique ou légal.

    *Essai raté de Conche qui semble prendre Homère pour un Allemand ou un Romain lui-même. Typique sa façon d'attribuer par exemple le providentialisme romain, le fameux "fatum", à Homère ou à des tragédiens comme Eschyle ou Sophocle, alors que la sagesse grecque semble au contraire placer au centre la question de la LIBERTE, et n'être pas oblitérée comme la pensée latine par l'idée de FATALITE ou de HASARD. Probablement Homère et Eschyle n'auraient-ils pas traversé les siècles sans cette liberté qui fait qu'ils n'offrent que peu de prise au temps.

    Ilion n'est pas "vaincue d'avance", "par chance" par les guerriers achéens. Elle ne l'est que pour un esprit latin dont le raisonnement est "chronologique". Le progrès n'est pas pour Aristote, et probablement pour Homère non plus, FONCTION du temps, mais CONTRE le temps. Autrement dit la vertu, dans tous les sens du terme, n'est pas une garantie de progrès pour un Grec, mais plutôt le meilleur moyen de tourner en rond comme un abruti. Odysseus n'est pas le plus vertueux, mais le plus intelligent.

  • Foi du charbonnier

    La faiblesse de leurs arguments, les médiats la compensent par la répétition des approximations, erreurs ou mensonges délibérés. Répété dans le n° de l'Assomption de "Famille Chrétienne", gazette pour mères de familles nombreuses écervelées, le mensonge des nationalistes démocrates-chrétiens selon lequel la femme décrite à plusieurs reprises dans l'évangile de saint Jean (Ap. XII,12) serait la Vierge Marie.

    "Et la poésie du texte de l'Apocalypse, lu à la messe de l'Assomption, souligne la splendeur du fruit de l'obéissance. La jeune fille qui a dit 'oui' a Dieu, de l'Annonciation à la croix, a 'le soleil pour manteau', 'la lune sous ses pieds' et sur la tête 'une couronne d'étoiles'". Voilà ce que l'éditorialiste Marie-Joëlle Guillaume écrit dans le style béni-oui-oui qui me rappelle les éditoriaux de François-Régis Hutin dans "Ouest-France" qui me filaient déjà de l'urticaire quand j'étais gosse.

    - Belle utopie de la part de Simone Weil de suggérer que chaque fois qu'un journaliste dit une connerie ou un mensonge, il soit condamné pénalement.

    - La remarque de D.H. Lawrence que le récit par saint Jean de sa vision à Patmos est entièrement dépourvu de poésie paraît d'ailleurs beaucoup plus pertinente que celle de l'éditorialiste M.-J. Guillaume, qu'on sent capable de dénicher de la poésie jusque dans les feuilletons yankis les plus vulgaires.

    La note du chanoine Crampon sur cette "femme aux douze étoiles", récupérée par un folklore marial assez étranger à l'esprit du christianisme, pour ne pas dire entièrement païen et mercantile dit : "Les Pères et les interprètes catholiques sont presque unanimes à reconnaître dans cette femme un symbole de l'Eglise." La sobriété de la note a au moins le mérite d'éviter les délires gnostiques. Le "presque unanimes" ne doit pas occulter qu'un "interprète catholique", non seulement perdrait tout crédit en croyant reconnaître la mère du Messie dans cette femme (montrant qu'il ne sait pas lire), mais s'interdirait en pratique toute interprétation cohérente du texte de l'apocalypse de Jean dans son entier.

    Il faut dire que cette femme réapparaît dans l'Apocalypse quelques pages plus loin sous l'aspect d'une prostituée et d'une description qui indique sa déchéance (la symbolique de la seconde description permet d'ailleurs de rapprocher cette femme de l'Eglise plus nettement encore).

    - Dante Alighieri, lui, ne s'y était pas trompé en revanche. Il se garde de propulser plusieurs papes dans son "Enfer" sans fonder son propos sur les Ecritures, et notamment l'Apocalypse :

    "A vous, bergers [pasteurs, clercs], mirait l'Evangéliste [Jean],

    Quand la putain qui sied dessus les eaux [l'Eglise]

    Avec les rois lui parut s'enivrer [ici on pense bien sûr à la pièce de Shakespeare qui traite du même sujet ; et l'Apocalypse parle de la surprise de Jean en voyant cette putain] :

    Celle-là qui fut née avec sept têtes [les sept collines de Rome ?]

    Et qui trouva vigueur en ses dix cornes [la corne est symbolique du pouvoir temporel et législatif, et Moïse souvent représenté muni de cornes et surnommé "le plus grand des législateurs"]

    Tant que vertu à son époux fut chère [passage qui montre que Dante a lu les passages de l'Evangile mentionnant le "figuier stérile"]"

    Bien plus contemporaine de Dante que de Marx, bien sûr, et au coeur des préoccupations du poète italien, la passation de pouvoir progressive de l'Eglise à l'Etat. Quand Marx dissèque les modalités de la mutation ou de la métastase religieuse contenue dans la somme de Hegel, en quelque sorte l'Eglise n'est déjà plus qu'une coquille de noix vide à la dérive, un reliquat sec (comme on peut penser que la secte pharisienne était du temps de Jésus, une sorte de crispation du judaïsme).

    Si la théologie médiévale de Dante Alighieri ne peut être exemptée de critiques - elle a ainsi tendance à verser dans l'orphisme et le paganisme romain -, elle est assez forte et solidement fondée sur les Ecritures pour souligner l'hypocrisie des démocrates-chrétiens, qui n'hésitent pas à compromettre le christianisme avec les idéologies les plus fangeuses, comme le nationalisme en général, européen en particulier.

    (NB : On me signale le même mensonge que celui de Marie-Joëlle Guillaume dans le magazine porno-chic "Madame Figaro" (14 août 2009), sous la plume de Michèle Reiser : "Le 15 août (...) Depuis le XVIIe siècle, ce jour-là, on fête Marie dans les églises et sur les places du monde entier (...) Marie apparaît dans le ciel de l'"Apocalypse de Jean" comme une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles (...) Si la grâce fait défaut, il reste encore l'amour. "On échoue toujours à dire ce qu'on aime", constatait Roland Barthes, etc." On peut dire que tous les éléments de la "docte ignorance" sont réunis dans cette citation : le fétichisme religieux, le XVIIe siècle et sa foi du charbonnier, la grâce qui supplante l'amour (!)... sans oublier la citation bidon de Barthes.

  • L'année de la méduse

    Rarement j'ai vu femme en vacances plus impudique que Christine Boutin cet été. Qui s'imagine-t-elle émouvoir en venant chialer parce que l'abbé Fillon lui a flanqué dix ans de retenue ? Ou parce que le boy-scout de Villiers, "écureuil acerbe", lui a chouré son strapontin à la grand-messe médiatique ? Même Juppé ne parvient pas à être aussi indécent.

  • Zéro limite

    Quand on voit les tics et les grimaces de Sarkozy et de ses disciples, on se dit que le capitalisme est plutôt long, surtout vers la fin.

  • Ubu roi

    Un mathématicien est attaché à l'infini comme une louve à ses petits.

    Pour l'exemple d'aberration que le sentiment maternel peut provoquer, citons Georges Cantor, qui fait des efforts pour démultiplier l'infini, sans se rendre compte que cela revient au même que d'étirer un point pour en faire une droite.

    Comme à tous les fonctionnaires méritants et des plus burlesques, son pays sait rendre à Georges Cantor un hommage vibrant chaque fois que l'occasion lui en est donnée par une coïncidence de dates.

  • Caritas in veritate

    Tâchons de ne pas perdre trop de temps avec la vaine encyclique de Joseph Ratzinger. Soulignons seulement que :

    - Le Nouveau Testament ne permet de fonder aucun "socialisme" ni "constitution sociale" d'aucune sorte. Jésus n'est pas Jaurès. Au demeurant l'histoire permet de constater les échecs répétés des réformes sociales. Contre les journalistes inféodés aux pouvoirs publics, certains historiens ont même démontré que la plus sérieuse concrétisation d'une politique sociale étatique fut celle accomplie par le régime nazi entre 1935 et 1940 ; afin d'équilibrer le propos, on peut citer aussi les efforts dans le même sens de la RDA après la guerre. Ceux qui objectent que les politiques sociales nazies ou soviétiques n'ont pu se passer de contreparties sanglantes "oublient" que les miettes distribuées aujourd'hui aux pauvres par les capitalistes dans les social-démocraties occidentales trouvent aussi leur contrepoids dans des guerres impérialistes, économiques ou conventionnelles, qui font des millions de morts.

    - Le socialisme, chrétien ou pas, n'est en réalité que la métastase de la "théocratie chrétienne" telle que Joseph de Maistre la définit par exemple, faisant fi de l'histoire comme des Evangiles qui proscrivent absolument l'édification d'un Royaume de Dieu sur la terre. Les pharisiens sont peut-être adeptes du droit canonique et nostalgiques du temps où la Palestine n'était pas soumises à Rome. Le Messie ne fait, lui, que dire et redire son mépris des institutions religieuses, politiques ou morales juives, du début à la fin de sa vie publique. Même Gustave Flaubert, qui n'est pourtant pas docteur de l'Eglise, est capable de remarquer le caractère profondément antisocial du christianisme, que seul un sentiment de peur conduit à "accommoder" en "judéo-christianisme".

    La théocratie chrétienne de Joseph de Maistre, étonnant horloger suisse dont le pendule s'est arrêté au XVIIe siècle, exactement comme le socialisme exige de mettre les faits historiques entre parenthèses. Comme Joseph de Maistre "fantasme" la Révolution française de 1789 sur le mode "C'est la faute à Voltaire !", les leaders socialistes actuels sont obligés de fantasmer l'histoire de la deuxième guerre mondiale sur le mode "C'est la faute à Hitler/Staline !", occultant autant que possible la raison capitalistique des guerres industrielles, quand ce n'est jusqu'à l'évidence que sans l'appui mécanique de l'industrie, ces guerres n'auraient jamais fait autant de victimes.

    - Dernier point qui réjouira les adversaires du marxisme. En aucun cas cette doctrine ne peut être dite "socialiste" ou "théocratique". On ne peut pas bâtir de pont entre l'encyclique de Benoît XVI et Karl Marx ; celui-ci sait parfaitement l'apport indispensable du Capital à l'Etat et vice-versa ; l'histoire de la constitution du grand capital tel que nous le connaissons progresse parallèlement à l'histoire de la centralisation du pouvoir étatique. Marx est en outre parfaitement lucide sur le fait que les "Droits de l'homme" républicains fondent une religion et une liturgie bourgeoises.

    Lorsque Luther produit une critique du mercantilisme, il s'efforce de la fonder sur les Ecritures saintes. Benoît XVI n'est fondé que sur une mauvaise philosophie allemande qui n'a jamais donné aucun fruit.

     

  • Fosse aux hyènes

    Peux pas m'empêcher de voir la rebelle Simone Weil comme une martyre à la merci des hyènes démocrates-chrétiennes. Que ne la laissent-ils pas en paix !

    Le procédé est systématiquement perfide, comme l'attaque de la revue pieuse "Sedes Sapientiae" (n° de mai - revue qui prétend remettre saint Thomas d'Aquin à la mode), après l'attaque de "Famille chrétienne", le prouve.

    Le truc consiste d'abord à dire du bien de cette héroïne, en préambule, dans les termes les plus généraux, de sorte que le lecteur lambda aura de la peine à faire la différence entre Simone Weil et l'une de ces peu indispensables greluches, Edith Stein ou Hannah Arendt, entichées de philosophie nationale-socialiste jusqu'à la tautologie... avant de diffamer S. Weil par derrière et de lui prêter des propos incohérents.

    Le coup bas le plus facile, Hervé Pasqua qui signe l'article dans SS ne manque pas de le porter : "Simone Weil est morte d'anorexie". Sans aucune preuve et alors qu'on peut penser que Simone Weil souffrait d'une maladie qui l'empêchait peu ou prou de s'alimenter.

    Purement gratuite aussi l'assertion suivante de ce Pasqua que la philosophie de Simone Weil est "mortifère".

    On comprend que Pasqua ait donné "pasquinade" ! En effet, ce gugusse est par ailleurs l'auteur d'un bouquin sur Nicolas de Cues ("Krebs", en allemand), fameux branleur qui contredit complètement Aristote, et, partant, un péripatéticien même imparfait tel que saint Thomas d'Aquin. Voilà le niveau de cette revue, celui de la "docte ignorance" prônée par le "crabe" de Cues.

    On m'a déjà du reste auparavant transmis un article du même niveau tiré du même torchon, article vantant la théorie cabalistique et parfaitement lâche de Rémi Brague sur l'Europe et le tour romain qui la caractériserait.



  • Un peu d'art pour tous

    Le rapport est étroit entre l'architecture et l'âme, ses différentes conceptions. On peut dire que la longue leçon d'esthétique "judéo-chrétienne", "laïque" ou "nationale-socialiste" (les trois qualificatifs sont mérités) de G.W.F. Hegel, est dominée du début à la fin par l'idée d'architecture. Comme Hegel ne veut pas qu'on se rende compte de sa pirouette, il dissimule l'architecture à la fin derrière la poésie et la philosophie, produits politiques plus subtils et plus difficile à définir que l'architecture. Si la roue de Hegel pouvait tourner ou qu'on pouvait lui ajouter un rayon, il lui faudrait revenir au point de départ : l'architecture.

    La conception de l'âme a bien sûr varié sensiblement au cours du temps, connu des états différents, y compris pendant le laps assez uniforme entre le XIXe et nous. On peut dire qu'à l'âme gothique correspondent les cathédrales, et qu'à l'âme "freudienne" ac tuelle correspond l'architecture de Jean Nouvel, dont l'uniformité saute aux yeux. On dirait que les éléments d'architecture contemporaine sont faits surtout pour être embotés les uns dans les autres. Pour reprendre un terme algébrique - et comment parler du totalitarisme sans parler de mathématiques -, il s'agit d'une architecture de type cellulaire.

    Qui est déjà entré dans une maison habitée par une maîtresse de maison en ayant l'impression de pénétrer son âme comprendra ce que je veux dire. Certaines femmes interviouvées après un cambriolage parlent même du sentiment d'avoir été "violées" ; une femme a rarement du "viol", soit dit en passant, une idée concrète, physique, mais pense plutôt à la souillure ou au déshonneur moral.

     

  • Printemps des antipoètes

    Très rares sont les poètes qui comme Goethe savent définir les frontières de leur art. "J'honore le rythme comme la rime par lesquels seulement la poésie devient poésie, mais ce qui produit vraiment un effet profond, pénétrant, le véritable élément formateur et fructueux, c'est ce qui reste du poète lorsqu'il est traduit en prose."

    Le mérite de Goethe est d'autant plus grand que l'art boche s'élève rarement au-dessus du niveau de la ceinture. J'y vois l'influence de Shakespeare, qu'on ne traduit comme un auteur lyrique ou baroque que pour mieux le trahir. La poésie, c'est Caliban ou Ophélie.

  • Indulgent Saint-Simon

    Je suis frappé à la première lecture de Saint-Simon (l'Ancien) par l'indulgence de ses portraits. Probable que ceux qui jugent Saint-Simon sévère ne veulent pas admettre non plus que "Tartuffe, c'est nous.", malgré la démonstration de Sollers.

    J'ai décidé de zapper plus ou moins le XVIIe siècle, qui a beaucoup trop de style pour être honnête. Mais je profite de ce qu'on m'a demandé de surveiller quelques neveux qui s'ébrouent dans un rivière pour lire d'un oeil quelques portraits de cour. Heureux gosses à peine sortis de la caverne et qui ne se doutent pas de la menace qui plane, de l'engloutissement possible du monde en quelques secondes...

    - Indulgent parce qu'il trouve des excuses à la bigoterie insupportable de l'infirmière de Louis XIV : l'état de nécessité dans laquelle elle a vécu longtemps. Il est certain, pour le traduire dans la langue du jour, que nécessité rend con.

    - Indulgent aussi parce qu'il explique que la stupidité de Louis XIV a été entretenue par son entourage, et qu'il reconnaît au roi, malgré sa bêtise, un penchant pour le savoir et une bonne capacité à l'augmenter.

    - Indulgent par les portraits vivants qu'il fait de femmes très laides qui n'auraient pas sans lui trouvé de peintre.

    Mais un de mes neveux manque de se noyer et, par acquit de conscience, je me sens tenu de plonger à l'eau pour le ramener au bord. Il faut que je lise Saint-Simon à mes neveux avant qu'ils ne voient à la télé quelque documentaire débile de Stéphane Bern sur le "Roi Soleil", la fermette de Marie-Antoinette, et toutes ces niaiseries de boy-scout.

     

  • Une France d'Epinal

    Dieu préserve bien sûr d'adorer une idole aussi ésotérique que la "nation", non pas seulement parce qu'on ne peut servir deux maîtres à la fois, mais parce que les slogans appelant à saigner des Prussiens indiquent même au crétin le plus farouche quel "maître" se cache derrière la nation. D'ailleurs du sang versé dans la terre ne naissent que de mauvaises idées.

    Pire encore que le nationalisme sur le plan intellectuel, il y a la franchouillardise gaulliste. Le football, l'affaire est entendue, vise à maintenir les employés du Capital dans un état d'abrutissement aussi complet que possible ; mais la franchouillardise gaulliste est plus grave, car enseignée à l'école aux gosses. Raisonnablement, on peut établir ce classement des chefs d'Etat occidentaux par ordre d'intelligence :

    - n° 1 : Lénine ; pour son rôle politique, mais aussi en raison de sa prescience des événements, prévision quasiment inédite dans l'histoire des Etats de type "jacobin" de la part d'un homme politique aux commandes (Lénine est si intelligent d'ailleurs, qu'il échappe presque à la définition de l'homme politique.)

    - n° 2 : Churchill, à égalité avec Staline, pour avoir contribué à tirer leurs pays de situations très délicates ; mention spéciale à Churchill, peut-être, qui parvint à dissimuler le rôle mobilisateur joué par l'Angleterre impérialiste dans le déclenchement de la 2nde Guerre mondiale, se jouant notamment du médiocre personnel politique français et de la naïveté d'Hitler.

    - n° 4 : Roosevelt : en engageant son pays dans la guerre après qu'elle fut déjà perdue par l'Allemagne, contre la tradition "girondine" des Etats-Unis, il a relancé l'industrie de son pays en plein marasme en procurant assez de commandes et d'emplois militaires, établissant les Etats-Unis première puissance impérialiste mondiale.

    - n° 5 : Franco, pour son extraordinaire aptitude - il est sans doute le plus grand stratège du XXe siècle devant Pétain et quelques maréchaux allemands - en partant de rien à conquérir tout, sorte de Don Quichotte sanglant absurdement triomphant.

    - n° 6 : Hitler - limité comme Robespierre par des idées républicaines latines trop étriquées, et jouet de la bourgeoisie qui ne lui a jamais pardonné son jusqu'au-boutisme (même s'il reste sans doute en Allemagne des nostalgiques du "panache" d'Hitler, comme il y a en France assez de nostalgiques du "panache" de Napoléon, trempé dans le sang.)

    - n° 7 : Mussolini : le même qu'Hitler en moins naïf et dans une nation sans doute plus intelligente et moins encline à se précipiter derrière le premier chef d'orchestre venu.

    Et, aussi peu sympathique soit la figure du chef de l'Armée rouge, Trotski, on est obligé de s'incliner devant son talent politique à réorganiser une armée russe complètement désorganisée en un laps de temps très court. Bref il n'y a aucune raison sauf la franchouillardise de faire figurer de Gaulle dans les dix ni même les vingt premières personnalités politiques, en incluant les représentants des autres continents - aucune raison militaire, politique ou autre ; il a été la baderne la plus habile à manoeuvrer politiquement au bon endroit et au bon moment, voilà tout.

    Il est vrai que je rédige aussi cette note pour me faire pardonner d'un péché de jeunesse : avoir dit du bien de de Gaulle dans une copie du baccalauréat pour être sûr d'obtenir une mention, alors que cet éléphant horrible et sa valetaille m'inspiraient déjà la plus vive aversion (on peut haïr de Gaulle aussi bien que Cohn-Bendit et trouver leur "réconciliation" post-mortem parfaitement logique) ; sur le fond ça ne change rien, de Gaulle reste un des symboles de la manière dont la bourgeoisie française s'auto-congratule depuis cinquante ans pour des bienfaits qu'elle n'a jamais commis et ne commettra jamais plus.

  • Sous les jupes de l'âme

    Non seulement le maquillage et les bijoux, mais aussi le goût pour le vêtement et la décoration d'intérieur, la décoloration de la peau ou son bronzage, traduisent le supplément d'âme des femmes. Quelle femme n'a jamais rêvé d'être aussi bien habillée qu'une panthère ou un phénix ? Ou brûlé sa garde-robe pour devenir un homme, ce qui revient au même.

    Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir tous les "gens de robes", les calottes, les jupons et les toques, se liguer contre la science matérialiste et la transparence de sa méthode.

    Avec le matérialisme, ç'en est fini de jouer à trompe-la-mort : plus d'inconscient, ni le vieux Purgatoire.

  • Mathématique des tubes

    La loi Hadopi est typique de l'aptitude de la bourgeoisie au rapt de ce qui ne lui appartient pas. L'accaparement féodal de la terre, la bourgeoisie industrielle ne s'en satisfait pas ; elle le proroge par le vol du mobilier, sous couvert d'emprunt. La "plus-value" prise sur le salaire, et maintenant ce "droit de la propriété intellectuelle", qui marque la pénétration de l'Etat policier jusque dans les esprits des particuliers... au nom de la liberté de concurrence, c'te bande de chacals ! S'ils se contentaient juste de taxer le mensonge, les caisses de l'Etat et de ses banques seraient pleines des recettes générées par ses grands et petits fonctionnaires.

    Conçu au départ sous le prétexte hypocrite de protéger les écrivains, le droit de la propriété n'a jamais servi de fromage qu'à des rats serviles, en fait d'écrivains. Ont-ils l'air d'être affranchis et indépendants, tous les Besson, les d'Ormesson, les Sollers, les Houellebecq ? Plates crêpes mortuaires bien repassées, oui, voilà ce que tout le monde peut constater de la franchise littéraire actuelle.

    Plutôt marrant, après le pilleur de tombes André Malraux, de voir la propriété défendue par un cinéphile tel que Frédéric Mitterrand. S'il y a bien un procédé de rapine, l'ultime parodie, c'est le cinoche ! Qui laisse les champs qu'il traverse saccagés, et les gosses avec un goût plus fadasse encore que la semence de Proust dans la bouche.

    Frédéric Mitterrand aurait tout du chant du cygne déposé à la SACEM, d'ailleurs, s'il ne ressemblait pas plutôt à une vieille grue rouillée.

  • Rabbi Maurras

    De tous les rabbins, celui que je connais le mieux, c'est Charles Maurras. "Politique d'abord" : les loups le pensent, mais les loups n'écrivent pas. Il est extrêmement difficile de faire changer les maurrassiens d'avis car ce sont des ânes qui n'admettent que le bâton et la carotte. On ne trouvera pas bien sûr, chez Maurras, de raison à sa détestation des Juifs : elle est épidermique, et en ce sens il est tout à fait innocent au regard de l'Ancien Testament.

    Mais le pire n'est pas chez Maurras son paganisme incongru et moins pervers que celui de Hegel, car inscrit en grosses lettres sur le front de Maurras (les ecclésiastiques qui se sont occupés de démontrer que la doctrine de Maurras est luciférienne n'ont pas eu beaucoup d'efforts à faire). Non, ce qui est vraiment agaçant chez Maurras et ceux de son espèce, c'est cette manière qu'ils ont d'assimiler la Grèce à Rome et de foutre en l'air ainsi la science historique. Dès qu'il commence à entrer dans la distinction entre la philosophie romaine et la science grecque, un savant commence à être intéressant. D'autant plus que cette différence est à peu près la même entre le moyen âge et la Renaissance, d'abord, puis entre la Renaissance et la période baroque ensuite.

    Certains vont dire : "Comment peut-on être un rabbin et antisémite en même temps ?". Ils n'ont qu'à observer comment Maurras déteste les Boches, outre les Juifs, alors qu'il n'y a pas plus germaniques que ses principes.