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  • Pour un art communiste

    Comme le dessein de la Renaissance, la pensée de Marx repose beaucoup sur ses articulations.
    L’articulation entre Marx et les Lumières, l’articulation entre Marx et le religion, l’articulation entre Marx et la doctrine historique de Hegel, l’articulation entre Marx et l’anarchie… Toutes ces questions un peu subtiles ont été noyées dans le flou impressionniste de la pensée dite “post-moderne”.

    En France, des penseurs gnostiques comme Althusser, Derrida, ou même Sartre, sont pour partie responsables du voile épais de préjugés qui recouvre désormais la doctrine marxiste. La gnose elle-même, ce style n’est pas marxiste. Une partie de l’œuvre critique de Marx consiste en effet à démontrer que la gnose de Hegel, des gadgets comme le “sein” et le “dasein” par exemple, revêt l’apparence du mysticisme pour mieux dissimuler en réalité des syllogismes et des tautologies destinés à combler lacunes et contradictions.
    « Ce qui ce conçoit bien s’énonce clairement. » Marx prône un style radical, imagé, allégorique : par là il montre qu’il est bien l’héritier des Lumières. Le style de Marx c'est celui d'Alexandre qui tranche le nœud gordien.
    Althusser, Derrida et Sartre n’ont fait que recouvrir de mysticisme frelaté une praxis marxiste qui rejette ce langage romantique décadent.

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    A propos de l’articulation avec l'anarchie : Marx éprouvait de la sympathie pour le mouvement anarchiste de lutte contre l’oppression bourgeoise. Mais il s’oppose au raisonnement des anarchistes, primitif de son point de vue. Tout simplement parce que pour Marx l’Etat laïc totalitaire est le principal moteur d’anarchie, c’est-à-dire de dissolution de tous les critères humanistes. Les institutions de la société civile bourgeoise, la presse bourgeoise, les cartels bancaires, l’université bourgeoise, le droit bourgeois, la religion laïque des Droits de l’homme, voilà l’anarchie pour Marx.
    On entend parler parfois d’”anarcho-marxistes”, ou encore on entend dire que “l’histoire a donné raison à Hegel, et tort à Marx. Ceux-là ne savent pas lire. N’est-il pas tout à fait étrange d’entendre Ségolène Royal se dire antilibérale et se revendiquer simultanément de Tocqueville, penseur décadent ? Elle se revendiquerait de Maurras que ça ne serait pas plus illogique.
    On objectera qu’il s’agit juste de tactique électorale, de ne pas se laisser déborder par Besancenot. Certes, mais en tant qu’elle est mensongère, la propagande électorale est un facteur d’anarchie ; l’”opium du peuple” : on est en plein dedans.

  • Pourquoi Marx ?

    À propos de la convergence du catholicisme avec la doctrine marxiste, trois remarques supplémentaires :

    - Il ne vient à personne l’idée de dénoncer la collusion de la pensée chrétienne avec Platon, Aristote, Nitche, Maurras, Kant, etc., a priori. Le pape cite lui-même Kant comme un visionnaire, dont Péguy a au contraire souligné l’ineptie.
    Des maisons d’édition se revendiquant clairement catholiques publient même des biographies de Nitche où l’auteur n’hésite pas à étaler sa sympathie pour l’inventeur de la morale du super-héros. Michel Onfray, nitchéen médiatique, spécialisé dans l’anticléricalisme, n’en a pas moins reçu dans sa Normandie natale une éducation démocrate-chrétienne exemplaire, avant d’être initié aux arcanes de la philosophie par Lucien Jerphagnon. Bien sûr, s’agissant de la repentance de l’Eglise catholique, Onfray préfère la position de l’Inquisiteur à celle de l’accusé ; ça peut se comprendre de la part d’un super-héros comme lui, “best-seller” édifiant (il prend sur la couverture de ses bouquins une pose de super-héros laïc qui n’a peur de rien et surtout pas du ridicule.)

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    S’il fallait décerner la palme du paganisme à l’un de ces auteurs, Platon ou Nitche l’emporteraient évidemment sur l’auteur du Capital, loin, très loin de l’”éternel retour” ou de la mythologie de Platon. Alors pourquoi Marx ? Est-ce un hasard ?

    - Secundo, cette convergence entre le communisme et le catholicisme est d’abord contestée par des catholiques qui ignorent à peu près tout du marxisme. Benoît XVI a-t-il connaissance du rejet du césarisme par Marx ?
    Ou contestée par des marxistes qui ignorent à peu près tout de la doctrine catholique. Ce versant-là est plus intéressant, dans la mesure où Marx lui-même, s’il avait une bonne connaissance de l’Ancien et du nouveau Testament, voit la religion chrétienne à travers le prisme de Feuerbach, c’est-à-dire de la théologie protestante, même si Marx rejette en définitive la démonstration générale de Feuerbach, après un examen approfondi. Feuerbarch fonde d’ailleurs la morale laïque bien plus sérieusement que Nitche ou les divers existentialistes.

    - Enfin, il convient de remarquer que le communisme a été perverti par la même hérésie que le catholicisme au cours du XXe siècle, à savoir la religion laïque. Ce sont les principes laïcs, admis par une large majorité de communistes en Europe de l’Ouest qui ont ôté au communisme son caractère révolutionnaire et scientifique. Exactement comme l’intrusion de principes laïcs dans la doctrine catholique, malgré le syllabus de Pie IX et le combat d’écrivains comme Bloy, Péguy, Claudel, Chesterton, Waugh… a eu pour effet de transformer le christianisme en césarisme. Les démocrates-chrétiens continuent d’aller à la messe, de faire des retraites de Saint-Ignace, d’analyser les textes sacrés, mais pour le reste, beaucoup, en purs esprits s’en lavent les mains, quand ils n’apportent pas carrément leur soutien à l’Etat laïc, affirmant contre la lettre et l’esprit que le devoir d’un chrétien est en toutes circonstances… de payer l’impôt à César.

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    De la même façon que la religion laïque est fondée sur sa propre négation désormais, à savoir l’affirmation de sa “neutralité” (de l’usage du kantisme dans le fanatisme…), la religion démocrate-chrétienne est fondée sur sa propre négation elle aussi : le passage de l’Evangile de Matthieu où Jésus, en présence des Pharisiens, recommande de ne pas rendre un culte à César - d’une façon qui semble inaccessible à l’entendement de ces pharisiens, entre parenthèses.
    Le manifeste du Parti communiste en particulier, et Marx en général qui démystifie l’Etat, est plus conforme que la religion démocrate-chrétienne à l’évangile de Matthieu.
    On pourrait rétorquer que Marx, s’il s’oppose à la religion de l’Etat, critère qui permet de distinguer un régime totalitaire d’une dictature, fonde une religion de l’homme pour l’homme. Ça serait inexact ; Marx fonde une religion de l’“humanité”. L’histoire récente montre que cette religion de l’“humanité” s’oppose à la religion libérale des “Droits de l’homme”. En niant Dieu, serait-ce en passant par l’angélisme philosophique de Kant ou le “pari de Pascal” (Péguy a fait le lien entre les deux sophistes), on finit par nier l’homme. En réaffirmant l’humanisme, Marx peut-il nier Dieu ? Le fait est qu’il ne le nie pas. Ce que Marx nie, c’est l’aptitude de la religion à mettre en valeur la Vérité.
    Même si la volonté de restaurer l’esprit scientifique et artistique dans l’Eglise sous-tend en partie le récent concile de Vatican II, le moins qu’on puisse dire c’est que cette volonté a échoué ; le style gnostique des actes du concile le prouve. Cet échec est le même que celui de Mai 68. Cet échec a un nom : victoire du libéralisme, ou de l'angélisme.

  • De la Mie et des Jeux

    Deux symboles de l'inepte politique  d'experts-comptables baptisée pompeusement "libéralisme". Une idéologie qui fait désormais l'unanimité juqu'au PS, Bertrant Delanoë, Manuel Valls, Claude Allègre... sans doute une manière de rendre hommage à Mai 68.

    - La propagande en faveur des machines à pain, d'abord. Les médias capitalistes, "Le Point", "M6", se font un devoir d'inciter les familles,  en prenant la ménagère par les sentiments, c'est-à-dire en arguant d'une centaine d'euros d'économie par an, à acheter des machines à pain fabriquées par des esclaves en Chine, alors même que la boulangerie est un des rares artisanats qui survit au démantèlement de l'économie et qui créé des emplois dignes de ce nom dans tout le pays. Difficile de faire plus bête sur le plan économique. Bien sûr c'est au nom de la liberté que les classes moyennes ont le droit de manger de la mie de merde au lieu de manger du pain cuit. Il convient de rappeler ici que l'Education laïque a oeuvré, bien avant Sarkozy ou Jacques Attali, soyons équitables, à dégoûter les enfants de l'artisanat en particulier, et de l'art en général. Elle en a fait de parfaits petits spéculateurs et de parfaits petits mathématiciens - sans distinction de sexes.

    - La construction dans Paris du "building" de l'architecte assisté par ordinateur Jean Nouvel. On sait l'importance du tourisme dans la balance commerciale, et notamment l'attrait de Paris : pour les libéraux il ne fait aucun doute que ce sont des tours de béton et d'acier que les curieux viennent voir à Paris. Le monde entier nous envie Jean Nouvel, dont les cubes sont inégalables.

    Non plus "du pain et des jeux", mais "de la merde et du football".

  • Ligne de fracture

    Contemporain de Zola déjà, Léon Bloy, même s’il ne fut pas “dreyfusard” comme Péguy, dégoûté par la mise en scène médiatique, Léon Bloy a démontré qu’entre les libéraux laïcs (alors antisémites) et “les Juifs”, c’était un problème de concurrence, de jalousie, une jalousie qui préfigure celle du peuple allemand d’entre les deux guerres, exploitée par Hitler, non pas une question d’idéal.
    La métaphysique du peuple allemand (Heidegger), cette idéologie est parallèle à la métaphysique du peuple juif. C’est ce que Bernanos a voulu dire par : « Hitler a déshonoré l’antisémitisme. »
    Le judaïsme, qui était d’abord une religion, est devenu avant tout un nationalisme.

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    La volonté actuelle des démocrates-chrétiens (Sébastien Lapaque dans Le Figaro) ou de la revue Les Temps modernes, de déshonorer à son tour Bernanos ou Simone Weil, au mépris de l’histoire, est parfaitement logique. Elle vise à dissimuler la continuité des principes laïcs totalitaires, de la France de Drumont aux Temps modernes, en passant par le régime nazi.
    La gnose d’Heidegger, de Popper, d’Adorno, etc., inspirée du saucissonnage saucissonnage kantien, s’avère être l’outil idéal de mystification.
    Au passage, Les Temps modernes déshonorent d’ailleurs aussi Sartre, qui aurait certainement récusé cette propagande capitaliste, bien qu’il ait lui même mêlé à son engagement marxiste une bonne dose de fausse mystique existentialiste.
    L’idéologie laïque assigne désormais à Sartre le rôle que l’idéologie démocrate-chrétienne assigne à Chateaubriand ou à Mauriac, et qu’elle voudrait assigner à Bernanos, un rôle de fétiche, de gourou.

    La véritable ligne de fracture idéologique se situe entre le protestantisme, la religion laïque dans ses différentes versions, le judaïsme et l’islam d’une part, et le catholicisme, la religion orthodoxe et le communisme d’autre part.

  • CRS = SS

    Certes, comme l’explique Simone Weil dans Les Causes de l’oppression, la foi dans la religion laïque peut être sincère. La Nature toute-puissante imposait aux sociétés primitives une crainte superstitieuse ; l’Etat laïc totalitaire tout-puissant et ses institutions bureaucratiques tiennent eux aussi les individus en “respect”, leur inspirent la même sorte de crainte, le sentiment d’être le jouet de forces supérieures.
    Celui qui fait du soldat nazi, prêt à obéir aveuglément à son führer le seul exemple de fanatisme laïc, c’est celui-là qui est le vrai “révisionniste”.

    La France contemporaine fournit encore quantité d’autres exemples de ce panurgisme à grande échelle, de plans Marshall de la bêtise. On pense bien sûr au gaullisme ; mais le moins qu’on puisse dire c’est que les successeurs de De Gaulle n’ont pas enrayé la machine à broyer les consciences et que les héritiers de Mai 68 se planquent derrière un idéal qu’ils ont trahi. Ici Sarkozy vaut mieux que Glucksman, Cohn-Bendit ou Alain Geismar : il est moins hypocrite.

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    Les Yankis n’ont pas, hélas, le monopole de l’ignorance. Mais le régime yanki a perfectionné la propagande de Goebbels. Le sécularisme laïc et capitaliste que l’Allemagne nazie a échoué à imposer à l’Europe, les Etats-Unis ont réussi à l’imposer au monde entier.
    C’est le mérite particulier de Drieu La Rochelle d’avoir distingué très tôt, dès qu’il fut en contact avec la réalité nazie, la continuité entre le régime nazi et le régime yanki, lui qui était devenu nazi par anti-américanisme. En un sens Drieu s’est moins trompé que Malraux ou Bernanos ; c’est ce qui lui vaut la haine recuite des propagandistes.

    Un intellectuel comme Claude Allègre fait le chemin inverse aujourd’hui de celui de Drieu ou Bernanos, vite décillé sur le compte de De Gaulle et des gaullistes. A contrecourant de l’histoire. Allègre est pourtant bien placé pour constater les dégâts du capitalisme sur la science, qu’il combat d’ailleurs vigoureusement, par un étrange dédoublement de personnalité… pas si étrange que ça, en fait ; pour tout dire, cette contradiction est même très répandue.
    On la retrouve au cœur même du nazisme. Ce qui distingue le régime nazi du régime yanki, en effet, c’est que le premier, avant de s’abîmer dans une guerre totale capitaliste a accompli le socialisme réel, dans le cadre d’une nation, ce qu’aucun Etat n’est parvenu à faire dans l’ère capitaliste avant lui ni après. Le rapport que les libéraux entretiennent aujourd’hui avec le nazisme est bien un rapport de répulsion ET de fascination.
    La caricature de l’Allemagne nazie est plus que jamais nécessaire. Il convient pour la propagande laïque de ne pas entrer dans les détails de l’Histoire. Ainsi, en éludant “le point de détail”, Le Pen n’a fait qu’éviter le piège qu’on lui tendait pour mieux tomber dedans.
    La leçon de l’histoire du nazisme tirée par Drieu, c’est que la voie du capitalisme à visage humain, du capitalisme “réformé”, du capitalisme “socialiste” est une impasse. C’est une leçon qui vaut aussi bien pour Allègre que pour Le Pen, Sarkozy ou Ségolène Royal aujourd’hui, idolâtres à des degrés divers de l’Etat laïc républicain.

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    Bien sûr un des aspects les plus odieux de cette propagande laïque, c’est sa façon de faire de Tariq Ramadan, du régime iranien ou de l’islam en général des boucs émissaires, de les dépeindre en héritiers d’Adolf Hitler. On remarque que ce sont les mêmes qui sont à la pointe de la propagande anti-islamiste en France, Le Monde, Le Figaro, dont l’influence s’étend au-delà de leurs seuls abonnés, qui ne se gênent pas pour vendre des armes à l’Arabie saoudite.

  • Marx, Antigone et les crétins

    Le mérite revient à Marx d'avoir démontré de façon drastique comment, en fait, la laïcité est la religion de l'Etat totalitaire (In : Critique de l'Etat hégélien). Il fait voir en quoi la mystique de Hegel est une illusion (elle-même issue des ratiocinages gnostiques de Kant). Evidemment on aurait tort de croire que Marx s'attaque au penchant naturel de l'homme à s'organiser, à concevoir des critères et une hiérarchie. Tout au contraire, la religion laïque est pour Marx facteur d'abrutissement, un opium plus fort que n'importe quel autre, destructeur au bout du compte de tout art, de toute science et de toute politique - en un mot de toute spiritualité.

    Ce qui confirme la démonstration de Marx que la religion laïque mène au totalitarisme, c'est que bien peu d'adeptes de la laïcité aujourd'hui ont une notion à peu près claire des principes de Hegel, pourtant le plus solide théoricien de l'Etat divin. Ni même une notion claire de Feuerbach, le plus solide théoricien de la morale démocrate-chrétienne. Il est vrai qu'en France on a tendance à tout ramener aux Lumières, à Voltaire et à Rousseau, bien que le premier ait plutôt été inspiré par le régime de la monarchie constitutionnelle anglaise, qui n'est pas une théocratie laïque, et que le second ne soit en aucun cas un athéologien comme Feuerbach ou un admirateur de l'Etat-Dieu dirigé par un homme providentiel comme Hegel (On imagine mal Rousseau admirateur de Bismarck, Napoléon ou Hitler).

    Balzac de son côté a bien compris que le XIXe siècle et la société civile bourgeoise naissante qu'il a si bien peinte en humaniste, est non seulement marquée par la haine de Dieu mais également par la haine du siècle de Louis XV et de ses Lumières. Rousseau et Voltaire n'ont pas été enterrés, bien sûr, mais ils survivent à l'état de fétiches, comme Baudelaire et Balzac dans le petit musée de Proust. Au mieux on peut dire que Proust est un fétichiste qui a le bon goût de ses fétiches, comme l'égocentrique Sollers aujourd'hui. Mais ce fétichisme n'a pas grand-chose à voir avec le contenu de Voltaire, Rousseau, Balzac ou Baudelaire.

     

  • Créationnisme

    Le Breton Yves Coppens est un des docteurs de l'Eglise évolutionniste laïque. L'apparition de ce paléontologue distingué sur un plateau de télévision suscite immanquablement l'émoi des fidèles assemblés autour de lui, persuadés d'avoir affaire à une sorte de Newton des Temps modernes.

    En réalité Yves Coppens est-il beaucoup plus qu'un fouille-merde arrogant ? Il est permis d'en douter. Sur le plan scientifique, Coppens résume les incohérences de la prétendue science néo-darwinienne. D'abord parce que son hypothèse déterministe est beaucoup plus proche de la théorie de Lamarck que de l'invocation du Saint-Hasard qui permet de boucher toutes les théories bancales et dont les néo-darwiniens abusent, comme un mauvais charpentier du mastic.

    Alors même que la théorie évolutionniste n'a jamais été aussi équivoque, Yves Coppens, par des simplifications et des raccourcis, essaie de faire croire le contraire.

    Ensuite la trop-fameuse Lucy, qui doit son nom à une chansonnette des Beatles, cette Lucy n'est PAS une pré-humaine, mais, dans le vocabulaire évolutionniste, une de nos cousines. Or, tant que les évolutionnistes n'auront pas tracé un arbre généalogique établissant le degré de parenté des espèces entre elles, cette guenon n'est pas plus notre cousine qu'une girafe.

    De même une bonne partie des spéculations originelles de Coppens, inspirées par la répartition géographique d'une poignée d'ossements, a été infirmée par des exhumations ultérieures de fossiles qui mettent à mal la chronologie de Coppens. Malgré ces faits, qui auraient dû inspirer un peu d'humilité scientifique à Coppens, celui-ci continue de porter avec le même aplomb son masque de singe.

    Il n'est que de voir le "documentaire" (sic) évolutionniste, <I>L'Odyssée de l'espèce</I> pour comprendre qu'on a affaire à de la science-fiction, et une science-fiction beaucoup moins pertinente que celle de Pierre Boulle. Sous couvert de "vulgarisation", Coppens et Jacques Malaterre se foutent de la gueule du monde. Leurs hommes-singes sont presque aussi évolués que Jean-Pierre Elkabbach ! Aussi basses soient les motivations d'Elkabbach, il y a quelque exagération à le présenter comme le chaînon manquant.

    Dire qu'on en est là parce que le chimpanzé, lorsqu'il se gratte le nombril d'un air sceptique, est la métaphore parfaite du penseur bourgeois contemporain. Le surhomme laïc se démontre par le sous-homme singe. Le bon citoyen vacciné, qui se brosse les dents deux fois par jour et accompli son devoir électoral régulièrement a tout lieu, lorqu'il scrute un de ses lointains ancêtres bonobos derrière les grilles d'un zoo, de se sentir satisfait du progrès moral accompli.

     

  • Goebbels pas mort !

    En dehors du nombre des crimes de guerre perpétrés sous Lénine et Staline, de leur degré de barbarie par rapport aux crimes commis par les Allemands, les Britanniques ou les Yankis, on voit bien que la propagande libérale est en train d’essayer d’utiliser Lénine et Staline comme repoussoirs, comme elle a fait auparavant avec Hitler et les nazis, à grand renfort de cinéma.

    Sans le cinéma, instrument de propagande de la bourgeoisie par excellence, d’extrêmes simplifications comme celles qui consistent à transformer Hitler en père Fouettard, qu’on invoque dès qu’un citoyen quelconque prétend penser en dehors des passages cloutés, sans le cinéma produit par la société civile bourgeoise, de telles simplifications historiques n’auraient pas été possibles.
    La presse, au XIXe, malgré les arrestations ponctuelles, est encore beaucoup trop libre pour faire avaler ce qu’on nous fait avaler en 2008 par tous les orifices disponibles.

    Dans une société totalitaire comme la nôtre, le truquage cinématographique fait office de preuves objectives et la voix off des documentaires remplace la conscience morale individuelle. Dites-moi quelle chaîne de télévision vous regardez et je vous dirai ce que vous pensez…

    Sarkozy, en voulant couper la publicité sur les chaînes publiques ne prend pas une mesure “de gauche”, comme Mme Albanel a tenté de faire croire ; une mesure “de gauche” aurait consisté à décider de couper la publicité sur TF1. La différence entre les chaînes publiques et les chaînes privées n’est pas plus grande qu’entre la gauche et la droite, dont il faut s’approcher très près pour voir la différence.

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    Ce qui est intéressant dans le nouvel usage qui est fait de la caricature de Staline par la propagande, c’est qu’il impose une mutation. Jusqu’ici la religion inculquée aux enfants c’était que Staline et les Yankis avaient sauvé le monde de libre de l’Empire du Mal à cinquante-cinquante (en réalité les soldats yankis ont bien failli être refoulés dans l’Atlantique).
    Désormais il va bien falloir changer le scénario du film, faute de quoi les enfants ne pigeront pas comment un salaud de l’envergure de Staline a bien pu contribuer à “sauver le monde libre” ?!, ce qui est à peu près aussi difficile à comprendre que si on révèle qu’Hitler a enrôlé des milliers de juifs dans l’armée allemande… Bon sang, mais qu’est-ce qui peut bien pousser les gens à exiger plus de poésie ou de vérité que 2+2=4 n’en contient ? Ou plus d’art que le carré blanc sur fond blanc du génial Malévitch ? Voilà tout le drame des publicitaires et en même temps ce qui leur permet de vivre aux crochets de l’économie et de la détruire peu à peu.

    Pour modifier le script, il va falloir majorer au maximum le rôle des Yankis et des Britanniques ; on peut s’attendre à ce que Sarkozy, dans les années à venir, ne rate pas une occasion d’aller jouer à Big Jim sur le mur de l’Atlantique, aussi peu crédible soit-il dans ce rôle avec ses talonnettes… mais avec un appareil de photo ou de cinéma, il y a toujours moyen d’occulter ça.
    Lorsque j’entends causer un cinéphile, j’ai envie de sortir mon flingue. Ça peut paraître nazi de dire ça, mais ça serait oublier le rôle décisif qu’ils ont joué dans le développement de cette industrie.

  • Fiction totalitaire

    - Paraît que la destination préférée des adolescents en fugue, en majorité des filles, c’est Marseille, le quartier du Mistral où est tourné le feuilleton Plus belle la vie.

    - Besancenot, de la Ligue communiste révolutionnaire, congratulé par Michel Drucker sur le plateau de Vivement dimanche : si c’est pas une preuve que le patronnat qui finance la télévision sait se montrer compréhensif avec le prolétariat opprimé…
    Etant donné ma conversion au communisme, je pourrais avoir plus de sympathie, désormais, pour Besancenot que pour Marine Le Pen ; mais quelque chose m’en empêche.

    La mutation du PS n'est pas tant l'adhésion au libéralisme que le rejet de l’idéal révolutionnaire, pour s’adapter au vieillissement du corps électoral. Ça implique que le débat gauche-droite n’est plus qu’une guerre médiatique. De Delanoë ou de Ségolène, le meilleur scénario l’emportera. Ségolène ne peut mieux investir son temps et son argent que dans des cours de danses, de diction, des cures de rajeunissement.

    À côté de cette compétition à l’américaine entre bonimenteurs de gauche ou de droite, s’ils veulent incarner autre chose, Besancenot et Marine Le Pen n’ont pas d’autre choix que de se radicaliser ; Besancenot de se couper complètement de la gauche caviar dont les deux tiers des médias expriment les idées du matin au soir ; Marine Le Pen de se couper complètement de la droite saumon dont le tiers restant des médias exprime les idées. Plutôt que d'une fracture sociale, il vaut mieux parler d'une fracture entre les générations, de plus en plus difficile à surmonter par les partis politiques ; d'un côté le désir d'une mort lente dans des conditions de confort optimales, de l'autre le désir d'une vie réelle sans cinéma, moins confortable et plus libre.
    Comme la résistance à l’esprit capitaliste totalitaire, indissociable de la religion laïque de l’Etat, se situe autour de vingt à trente pour cent des votants, il est probable que l’un des deux candidats qui revendique l’esprit de jeunesse et de résistance, Besancenot ou Le Pen, est amené à passer à la trappe. Que le plus imaginatif l'emporte !

    Vingt à trente pour cent, c’est à la fois très peu, et en même temps un tel score est inimaginable dans beaucoup de pays.
    Malgré tous les signes de débilité mentale profonde, je ne peux pas m’empêcher d'observer que la France est mal préparée au totalitarisme. Même Plus belle la vie, les ficelles sont tellement grosses qu’il y a peu de téléspectateurs à prendre ce moralisme-là au sérieux.
    Même Sarkozy qui prend pour modèle la laïcité positive totalitaire, paradoxalement son immaturité est telle qu’il discrédite l’idée même d’État ; il la désacralise par son petit théâtre grand-guignolesque. Berlusconi passe pour un type sérieux à côté de Sarkozy.

  • Chanson française

    Quoi de plus bluffant que le succès de Cynthia Sanders ? De fait la jeune chanteuse française d’inspiration américaine n’était pas l’héritière d’une dynastie de chanteurs mais simple gérante d’un salon de toilettage pour chiens dans le Nord-pas-de-Calais ; elle ne pouvait se prévaloir d’aucune vedette de la chanson, aucun acteur, pas le moindre journaliste dans sa famille.
    Absolument rien ne laissait prévoir que son tube Carillons de bonheur, composé pendant ses RTT, cartonnerait comme il cartonna - 300.000 singles vendus en un mois ! -, sans d’autre soutien que son petit ami de toujours, Sébastien, en congé préparental d’éducation (Cynthia avait cessé de prendre la pilule depuis cinq mois et demi.)
    Une spontanéité qui faisait plaisir à voir !

    D’abord, grâce au bouche-à-oreille, tout le canton de B*** fredonna bientôt en chœur le refrain (“Carillons de bonheur battent dans mon cœur, lalala, pour Jo-hon-ny Walkeur !…”.) ; puis aucun night club à cent kilomètres à la ronde ne put débuter la soirée autrement qu’au son des “Carillons” de Cynthia Sanders.
    Cynthia ne faisait plus ses courses dans B*** sans s’armer de son feutre à dédicacer.

    La nouvelle star du cru brilla ensuite rapidement d’une aura nationale : les animateurs les plus populaires du PAF s’arrachaient Cynthia qui faisait souffler un vent de fraîcheur dans des émissions pourtant déjà peu suspectes de parisianisme.
    Internet se chargea enfin d’en faire une célébrité internationale, notamment dans la francophonie, et la barre symbolique du million de téléchargements sur son site Myface.com (hors hexagone) fut franchie.

    *

    Bien sûr un tel succès n’alla pas sans provoquer quelque jalousie. Par exemple de la part de chanteurs à textes qui avaient bossé dur pendant des années, se coltinant des questions sociétales brûlantes, produisant des chansons engagées dont l’utilité publique était reconnue unaniment, mais qui ne décollaient pas.

    Néanmoins les Français, eux, ne boudaient pas leur joie d’entendre et voir chanter Cynthia Sanders, et c’est ce qui comptait le plus aux yeux de la jeune femme. Peu importait que les bobos fissent la fine bouche et préférassent les calembours lacaniens de Ménabar ou les mélodies subtiles de Karine Khan.
    Pour preuve, le “remix” techno des “Carillons” se vendait encore mieux que la version originale.

    L’arrogance que certaines vedettes de la télé ne dissimulent pas toujours parfaitement, Cynthia en était complètement exempte ; c’était ce qui touchait les gens au plus profond ; elle était tout à fait simple et exprimait les meilleures intentions du monde : apporter un peu d’espérance aux Français dans une période où le pouvoir d’achat n’était pas rose, et composer un album complet pour la rentrée avec quelques titres en anglais.

    La gloire de Cynthia aurait pu n’être qu’éphémère ; elle aurait pu, tel un papillon de nuit, être happée par la lumière des phares d’une célébrité à laquelle elle n’était pas génétiquement préparée et périr d’une métaphore aussi banale… si un documentaire de la chaîne culturelle “Arte” sur Coluche ne lui avait pas donné l’idée, comme le grand comique, de se présenter à l’élection présidentielle à son tour.

    Comme pour Coluche, la campagne fut semée d'embûches, mais Cynthia était têtue et son tube faisait taire en cas de besoin tous ses détracteurs. De plus la France avait évolué depuis Coluche et les dernières crispations s'étaient relâchées.
    Au milieu de la campagne, alors que l’enthousiasme pour la jeune candidate semblait faiblir après la révélation par le Canard enchaîné que Cynthia n’avait même pas décroché son brevet des collèges ni payé ses impôts en 2006, elle obtint le soutien inattendu de Mgr Philistin, fringant cardinal primat des Gaules, qui sortit de sa réserve et de sa componction théologique habituelle pour donner une interview au Figaro.
    Le cardinal jugeait qu’il était temps d’en finir avec le préjugé franco-français à l’égard de la société de consommation, cause d’une apathie spirituelle déplorable ; et Mgr Philistin de souligner le côté “positif” et donc sain de Cynthia Sanders ; le tube de la chanteuse, quand le cardinal l’avait entendu pour la première fois au XVIe Festival œcuménique de la Part-Dieu, lui avait fait irrésistiblement penser au Cantique des cantiques, pour l'anecdote…
    Difficile de mesurer l’impact d’une telle interview avec précision, mais étant donné le net "retour du religieux" constaté par les instituts de sondage et l’audience du Figaro dans les maisons de retraites, grâce à l’idée de génie de son nouveau directeur d’imprimer en plus gros caractères, il n’était pas interdit de penser que la bénédiction du Primat des Gaules avait joué un rôle décisif, même si le cardinal aurait préféré manger sa mitre plutôt que d'avouer sortir du cadre de la laïcité, naturellement.

    Toujours est-il que Cynthia Sanders l’emporta au finish sur le président sortant d’une bonne tête au second tour des élections de 2012, entrant ainsi, comme on dit, dans l’Histoire.
    Qui aurait pu prévoir, quelques années auparavant, que le président Sarkozy serait battu sur son propre terrain, où il semblait pourtant inaccessible, le terrain du dynamisme et de la sincérité, de la présence charismatique dans les médias, du sens de l’innovation dans le respect de toutes les cultures, laïque ou religieuses, le tout dans un style certes un peu tape-à-l’œil mais résolument moderne ?

  • Les mains pures

    Le débat actuel sur l'Education nationale permet de voir que le véritable enjeu, derrière les prêchi-prêcha laïcs dont ni la droite libérale ni la gauche libérale (jusqu'à Besancenot) ne sont avares, ce n'est pas tant l'EDUCATION des enfants que la GARDE des enfants.

    La droite libérale insiste pour que les mères de famille puissent se délester en toutes circonstances de leurs enfants et se rendre sur leur lieu de travail - en général, que cette mère de famille exerce la profession de pute, de caissière ou de sage-femme, car dans la logique libérale le travail n'a pas d'odeur : il rend libre, point à la ligne.

    A ce motif, la gauche libérale n'oppose pas un programme éducatif, mais simplement une conception de l'éducation de masse un peu différente, un système dans lequel le pouvoir d'achat des professeurs se verrait revalorisé.

     On aurait tort de croire que ces deux logiques libérales sont faciles à départager ; elles sont en réalité complémentaires. Comme Marx l'explique, le capitalisme est pris dans la contradiction de la capitalisation et de la consommation. A propos des 35 heures, la gauche libérale a défendu le volet "consommation" (plus on travaille, moins on a de temps pour consommer) et la droite libérale le volet "capitalisation" (moins on produit, moins les cartels accumulent de plus-values).

    Il n'y a pas là un discours économique plus stupide que l'autre, les deux discours sont aussi stupides car ils ne tiennent pas compte de la réalité politique (en l'occurrence la montée dans le Tiers-monde de la haine vis-à-vis des Occidentaux, hypocrites esclavagistes munis de leur chapelet de droits de l'homme virtuels).

     Il convient de relever la position démocrate-chrétienne particulièrement cynique. Michelin ou Edouard-Leclerc dans le domaine du commerce international détaché de toute contingence morale - Xavier Darcos dans le domaine de l'Education nationale, qui défend en principe une Education nationale qui ne serait pas soumise aux lois du marché, tout en défendant en réalité une Education nationale qui répond d'abord aux exigences du marché. Le cours de l'évolution de masse suit le cours des besoins du marché français, particulièrement avide en employés du "tertiaire" désormais, en ingénieurs, informaticiens, boursicoteurs douteux, etc.

    La propagande de droite aime à se moquer du petit fonctionnaire en gris, à s'offusquer du désir manifesté par des cohortes de diplômés d'entrer (en sommeil) dans la fonction publique.

    La propagande de gauche se garde bien de remarquer que la carrière d'un chef de rayon yahourts ou d'un conseiller de clientèle bancaire est loin d'offrir un grand contraste et de ressembler à l'existence d'un super-héros nitchéen comme Indiana Jones.

    Le consensus est général pour laisser aux immigrés le soin de tenir les marteaux-piqueur sur les chantiers de Jean Nouvel ou autre crétin multimédaillé. Il faut surtout garder les mains pures.

     

     

     

     

     

  • Marx pour les Nuls

    Le bureaucrate international d’origine helvétique Jean Ziegler milite médiatiquement contre la faim dans le monde.

    Après l’échec des organisations internationales, SDN et ONU à assurer la paix mondiale, c’est le fiasco des organisations internationales chargées d’assurer un minimum de nourriture aux habitants du tiers-monde, qu’un ancien membre comme Ziegler est obligé de constater.

    Si Ziegler évite bien sûr de citer le nom de Karl Marx, il établit un lien direct entre le déséquilibre alimentaire à l’échelle mondiale et le capitalisme :

    - La division de la production agro-alimentaire à l’échelle mondiale, sous l’impulsion de cartels de l’industrie agro-alimentaire yankis, notamment, a éradiqué l’agriculture vivrière dans de nombreux pays, soumettant les habitants de ces pays aux aléas des cours de la bourse de Chicago. Le Mali produit des noix de cajous pour l’apéro des Occidentaux, le Kenya des roses pour la saint-Valentin et autres cérémonies stupides, etc.

    - La spéculation est intensifiée par le monopole des cartels sur le tiers de la production mondiale de céréales qui peuvent ainsi mieux organiser la disette.

    - La bureaucratisation de la paysannerie en Europe et aux Etats-Unis, qui s’accompagne de subventions gouvernementales aux “agriculteurs”, a un effet de “dumping” qui rend la production des Etats-Unis ou de l’Europe compétitive sur les marchés du tiers-monde.

    Il faudrait aussi parler de la forte consommation de haschisch et de cocaïne des pays occidentaux qui oriente les pays d’Amérique du Sud, notamment, vers la culture du cannabis ou de la coca.

    *

    Mais surtout Jean Ziegler se garde d’évoquer le rôle joué par la propagande évolutionniste malthusienne dans cette faillite économique et morale.
    D’abord parce que la fausse science évolutionniste, fondée sur la prospective malthusienne, est au centre de l’idéologie écologiste, celle qui a légitimé que les cartels de l’industrie agro-alimentaire se tournent vers la production de biocarburants et détournent la production de maïs de sa fin.

    Secundo parce que l’évolutionnisme a servi à endormir l’opinion publique occidentale, aussi bien qu’il avait servi la propagande nazie. Comment ? En fourrant dans la tête des gens que la planète est trop exiguë pour accueillir des milliards d’êtres humains, et par conséquent que la famine dans le Tiers-monde est une fatalité - alors qu’elle est le résultat d’une politique dite “libérale”.
    Le sort des juifs fut aussi perçu par une majorité d’Allemands au cours de la dernière guerre mondiale comme une fatalité… ALORS QUE CES ALLEMANDS ÉTAIENT EUX-MÊMES DANS UNE SITUATION PRÉCAIRE, ce qui n’est pas le cas de l’Occident sur le plan alimentaire aujourd’hui.

    On se souvient des propos récents du crétin médiatique Pascal Sevran à propos de la famine en Afrique ; cet imbécile pontifiant a été largement réhabilité depuis par ses pairs : il ne faisait qu’exprimer une opinion évolutionniste largement répandue dans la “patrie des droits de l’homme”.
    Le milliardaire Ted Turner aux Etats-Unis est aussi un militant actif de cette idéologie de mort.

    Un dernier point : Jean Ziegler est-il naïf ou cynique lorsqu’il propose d’inclure dans les Droits de l’homme le droit pour tout homme de manger à sa faim ? Nul n’est mieux placé qu’un type comme lui, pourtant, pour avoir connaissance de l’hypocrisie profonde de la religion des Droits de l’homme. Une hypocrisie au service du capitalisme.

    Nul mieux que Karl Marx, qui déjà prédisait les conséquences catastrophiques de la mondialisation il y a un siècle, nul mieux que Marx n’a démasqué la supercherie laïque des Droits de l’homme et son caractère particulièrement pervers (In :Critique de l’Etat hégélien).
    Un chrétien est censé savoir qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’Argent, ou Dieu et l’Etat ; cependant il a fallu que ce soit un penseur anticlérical comme Marx qui dénonce avec le plus de netteté le principe laïc.
    Néanmoins si Veuillot, Bloy, Péguy, Claudel ou Bernanos ont été trahis par le clergé démocrate-chrétien, de gauche comme de droite, les partis communistes européens de leur côté ont étouffé tout ou partie des révélations contenues dans la leçon d’histoire de Marx…

    Malheureux les riches en esprit.

  • Religio depopulata

    « Lu la première encyclique de Benoît XV. Étonnante médiocrité. »
    L. Bloy (décembre 1914)

    Que dire du panégyrique que Benoît XVI a tenu à prononcer des institutions laïques des Etats-Unis, comme si les Etats-Unis n’idolâtraient pas le dollar et le sacro-saint taux de croissance ? Qu’auraient pensé d’un tel éloge un Bloy ? un Péguy ? un Bernanos ?

    L’engouement de Benoît XVI pour les Etats-Unis ne me surprend guère, au vrai. Une de mes premières impressions en effet, quelques instants à peine après avoir posé le pied sur le sol des Etats-Unis, fut de m’y sentir comme en… Allemagne.
    « Arbeit macht frei ! » : cette devise pourrait être la devise morale des Yankis ; encore faut-il bien comprendre qu’il ne s’agit pas ici d’une libération par le travail en soi, comme pour les nazis ou pour Baudelaire, mais d’une libération par le travail en tant qu’il enrichit en biens matériels le travailleur, comme pour Sarkozy ou Guizot.

    Plus généralement un esprit français ne peut qu’être consterné par la persistance de la philosophie idéaliste allemande malgré les guerres civiles européennes sanglantes entre nations laïques capitalistes. Qu’en 2008, des théoriciens aussi débiles que Horkheimer, Heidegger, Adorno, E. Kant… aient droit de cité au Vatican, tandis que Duns Scot, Francis Bacon ou Karl Marx sont dénigrés, si ce n’est pas un signe de sclérose…

    Même les attaques de Benoît XVI contre la Renaissance n’ont guère suscité de réaction - y compris en Italie ! - encore un signe de sénilité de l’Eglise d’Occident tout entière.

  • Entre cygnes

    Alors étudiant en propédeutique à B***, petite capitale de province à demi figée dans la routine moderne, un fait divers avait frappé l’esprit en friche du jeune Xavier de J.
    Précisons que la Philosophie, choisie au hasard entre plusieurs sujets d’étude possibles, la Philosophie était loin de combler la curiosité tous azimuts de notre héros ; aussi pour compenser l’aridité de cette matière et se distraire de ses professeurs lisait-il les dépêches des canards locaux ou nationaux avec assiduité, en quête d’un supplément de métaphysique.

    « L’assassin, disait le “Petit Rapporteur de l’Ouest” en “Une”, s’est introduit à la faveur de la nuit dans le parc d’enceinte du Palais de Justice ; il s’est attaqué dans le plan d’eau baptisé “lac des cygnes” par les riverains aux trois spécimens, deux blancs et un noir, de cette espèce de palmipèdes décoratifs. Après les avoir exécutés par strangulation, sans autre forme de procès il a pendu ensuite les pauvres bêtes par le col aux grilles du parc. »
    Une photographie était censée renforcer la description de l’article, mais elle était floue et peu explicite avec ses trois taches blanches informes sur fond de frondaisons glauques.

    Dans le bec du cygne du milieu, les enquêteurs retrouvèrent un billet coincé, où le criminel avait griffonné quelques revendications. Conformément au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’indépendance de la Cornouaille sous quinzaine était exigée, ainsi que, et là la revendication était directement adressée au futur gouvernement de la Cornouaille libre et indépendante, l’enseignement de l’idiome cornouaillais aux jeunes enfants dès la classe de maternelle supérieure. Sinon le militant indépendantiste n’était pas près de déposer les armes et il fallait s’attendre à d’autres représailles sur la faune des espaces verts du département.

    « - Tout ça est parfaitement idiot et recèle sûrement autre chose… » songea le jeune homme perplexe. Il avait néanmoins tiré de F. Hegel et A. Allais, ses auteurs favoris, que l’absurdité, malgré les apparences, n’est pas dénuée de sens pour peu qu’on ait bon pied, bon œil.

    Une promenade de reconnaissance dans le parc qui avait servi de cadre au drame s’imposait. Y pique-niquer aussi par la même occasion vu qu’une éclaircie venait juste de se déclarer au-dessus de B*** serait une bonne idée.
    Un sandwich composé de mie de pain et de jambon sec d’Italie à la main, une canette de bière en poche, Xavier de J. parcourut toutes les allées en plissant les yeux. Mais nul détail révélateur ne vint éclaircir pour lui l’énigme, serait-ce d’un iota.
    Ce jardin public était on ne peut plus banal, avec ses parterres de fleurs criardes soigneusement entretenus, ses grappes de vieillards qui trompaient le temps en jouant aux boules, son théâtre grec en béton, ses balançoires abandonnées à l’heure de l’école, ses pelouses d’un vert désespérant, sa mare aux cygnes tristement vide…

    Jusqu’à l’architecture du Tribunal sis au milieu, qui n’était ni spécialement dissuasive ni spécialement acceuillante ; sur le côté gauche du palais, on avait érigé le buste de quelque écrivain natif de B*** afin d’entretenir sa gloire, comme font toutes les municipalités. L'étudiant passa devant sans même s'arrêter.

    *

    Douze années plus tard, Xavier de J. avait relégué cette anecdote dans le vide-poche de sa mémoire et poursuivait ses études dans une ville plus grande lorsque, feuilletant distraitement un bouquin extrait de la bibliothèque de son dentiste, assortiment d’ouvrages jugés propices à endormir l’impatience et l’angoisse d’une clientèle aux nerfs en pelote et qui pouvait, de l’antichambre où elle se trouvait confinée, percevoir le son agaçant d’une roulette ou d’une perceuse, il se ressouvint soudain, butant sur un long couplet, de ce fait divers ancien, par association d’idées et de couleurs (la moquette de la salle d'attente était verte, elle aussi) :
    « …étant allé jusqu’à la mare de Montjouvain où j’aimais revoir les reflets du toit de tuile… en grand deuil car son père était mort depuis peu… c’est assommant, quelque chose insignifiante qu’on fasse, de penser que des yeux vous voient. »

    Avec ses phrases-boa, Proust, car il s’agissait d’une édition bon marché de Du Côté de chez Swann, Proust n’était-il pas lui aussi un redoutable tueur de signes sous des dehors bonhomme ? Par réflexe Xavier de J. porta une main inquiète à son cou alors qu'on l'appelait à son tour dans le cabinet rempli d'appareils plus monstrueux les uns que les autres.

  • Pour un art communiste

    Il y a une gradation dans la haine du bourgeois pour l'art. Ce qu'il méprise en particulier dans la peinture, où elle s'affiche, c’est la maîtrise technique : par exemple le fait qu’on ne peint pas de la même façon sur du bois, de la toile ou sur une muraille, sur un grand ou un petit format.
    Lorsqu’on parle de “siècle de la technique”, c'est un paradoxe amusant tant le dilettantisme de la bourgoisie dans tous les domaines est frappant - exceptés les domaines du football et de la gastronomie d'où la plaisanterie est exclue. Même lorsqu'un représentant de la société civile bourgeoise se pique de poésie, pour se distinguer, tel l'empanaché Dominique de Villepin, il ne peut s'empêcher de choisir des vers de mirmiton et de fuir systématiquement la poésie politique.

    Seule l’intention compte. Sur ce spiritualisme bourgeois repose la grande alchimie laïque et capitaliste qui permet de changer le plomb en or, la merde en objet d’admiration, de dociles crétins en artistes.

    La célèbre phénoménologie de Maurice Denis définissant la peinture comme : « (…) avant tout une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » a été détournée de son sens. Du manifeste d’un artisan affirmant la solidité de son art, on a fait une formule magique, le théorème de l’art schématique.

    Aux yeux des bourgeois, le “fauvisme” passe pour une révolution artistique qui confère une plus-value aux toiles des fauves. Un matérialiste tel que moi y voit au contraire une adaptation de la peinture de salon à l’opacité croissante des mélanges de couleurs, à la diminution de l'éclat du vermillon et de l'outremer - et même la terre faiblit.

    *

    Est-ce que ce n’est pas une preuve de matérialisme que de de prétendre posséder un métier, de garantir cinq siècles son travail, comme Dürer ? Le matérialisme des peintres de la Renaissance est exactement le même que celui de Karl Marx. Sans domination, sans intelligence de la matière, pour Léonard comme pour le théoricien du communisme, il n’y a que domination de l'esprit par la matière.

    La pensée de Marx, c’est la pensée de Hegel INCARNÉE. Aussi Marx est-il, plus encore que Hegel, dans le collimateur de la bourgeoisie iconoclaste, à l’instar des peintres de la Renaissance, trahis, changés en philosophes ou en géomètres-experts sans que les historiens d'art puissent s'opposer à ces préjugés.

    La victoire du communisme sur les Philistins doit être une victoire de l’intelligence sur la bêtise. Il ne s’agit pas de chercher à concurrencer la bourgeoisie mais de la renverser. Réclamer au premier chef une meilleure répartition des richesses, pour un communiste, voilà bien un signe de son asservissement aux Valeurs actuelles.

  • Mai 68 pour les Nuls

    En somme la commémoration de Mai 68 en 2008 réunit dans la même ferveur nostalgique gaullistes et antigaullistes. Fin de la dispute.
    Ce qu’il importe de comprendre, c’est à quoi tenait le différend et sur quelle base la réconciliation incarnée par Sarkozy peut avoir lieu.

    On doit pour ça examiner les opinions des uns et des autres.
    Pour ce qui est des gaullistes, force est de constater qu’en dehors de leur chef, ils n’ont jamais eu de métaphysique bien définie.

    Pompidou était favorable au principe d’enterrer la hache de guerre entre les poètes et les banquiers, mais Pompidou était-il particulièrement “gaulliste” ?

    Mauriac ? Mauriac est l’emblème de la bourgeoisie bordelaise qui ne dit jamais ouvertement ce qu’elle pense et qu’on ne peut percer à jour qu’à travers ses romans.

    Bernanos ? Il faut avoir le culot d’un Sébastien Laplanque, gros garçon joufflu journaliste au Figaro, pour attirer l’auteur de La France contre les robots dans les filets du gaullisme. Il s’agit sans doute d’un clin-d’œil à Dassault, fabricant d’armes de destruction massive ou chirurgicale.
    Les robots, on sait à quel point De Gaulle les aimait, si possible à son image, c’est-à-dire monstrueux. C’est d’ailleurs sans doute ça la véritable idéologie gaulliste : la robotique.
    Sinon De Gaulle tenta d’imiter Chateaubriand. Mais qu’est-ce que la pensée de Chateaubriand sinon une pierre qui roule sans amasser de mousse, l’ancêtre du “rock’n roll”…

    *

    Le camp des soixante-huitards peut-il se prévaloir, lui, de pensées plus élevées ? Laissons de côté les acolytes, les thuriféraires Finkielkraut ou Glucksman, Alain Geismar, trop heureux de l’aubaine médiatique, pour aller directement aux grands-prêtres, Sartre, Lévinas ou Benny Lévy.
    Pour Lévinas, “grosso modo”, le summum de la modernité c’est… le Talmud, la tradition juive. On est encore à ressasser la vengeance contre l’Allemagne : “Œil pour œil…” ; difficile de ne pas prendre la philosophie de Lévinas pour autre chose que du tribalisme enveloppé dans des périphrases sophistiquées.

    Sartre est moins bénin, moins saisissable. Il mène une guerre de positions et ne cesse d’en changer. Il pisse sur la tombe de Chateaubriand pour mieux dissimuler qu’il n’est pas beaucoup moins futile.
    Un voltairien au XXe siècle, un voltairien attardé, voilà comment résumer Sartre.
    De Gaulle-Chateaubriand contre Sartre-Voltaire : on peut mesurer l'écart de cette façon.

    *

    Ce qui fait que les raisons qui ont pu pousser ces deux partis antagonistes à se fondre plus ou moins l’un dans l’autre, quitte à se jetter quelques slogans à la figure lors des campagnes électorales, en souvenir du bon vieux temps, ces raisons paraissent assez évidentes, sans qu’il soit besoin d’épiloguer.

  • Aimer Rembrandt

    “ Je vous le dis, sans aucun doute, si Rembrandt vivait aujourd’hui il ne serait pas peintre… il choisirait plutôt de faire du cinéma ! ” Le peintre Charles Marron avait attendu qu’on soit rendu entre la poire et le fromage pour essayer ce trait d’esprit provocant sur ses convives.

    Un ange passa, avant que les réactions ne fusent :

    “ - Ah oui ? c’est ce que tu penses vraiment, Charles ?

    - Eh, eh, pas mal observé…

    - Oh oui, joli “travelling”, Charles ! ”

    La dernière répartie était de Flora, qui avait posé pour Marron autrefois dans sa période figurative. Il y avait en sus autour de la table dressée dans la courette du peintre, d’où on pouvait voir le quart Sud-Est du Sacré-Cœur : Anne-Elisabeth, une galeriste réputée l’amie intime de Flora, quai Voltaire ; Patrick, un voisin sans profession fixe avec qui Charles jouait souvent à la pétanque dans le quartier ; Axel, neveu unique de l’artiste accompagné de sa petite amie Ophélie ; enfin Me Bonneteau - dont Marron attendait surtout l’avis. Nicolas Bonneteau comptait en effet beaucoup pour l’artiste. Il était son agent et ami depuis plus de trente ans, l’avait toujours conseillé intelligemment. Mieux : si la peinture de Marron avait triplé sa cote et franchi un cap, c’était pour une part aux conseils de son meilleur ami que Marron le devait. Si Bonneteau acquiescait, alors Marron n’hésiterait plus, il relancerait sa formule sur Rembrandt et le cinéma lors de son prochain passage dans “Cultures en fusion”, l’émission du compositeur-animateur Frédérick Peticouly-Decaille.

    *

    Bonneteau, un peu en retard sur les autres, fit descendre en force la bouchée de pain Poilâne et de fourme de Montbrison qui lui restait en travers, vu que tous les regards après celui du “maestro” s’étaient tournés vers lui :

    “ - Eh, bien, comment dirais-je, Charles… ta métaphore est on ne peut plus “hégélienne”… et, même si Heidegger ou Houellebecq sont plus à la mode aujourd’hui, au niveau du concept, étant donné que tu vas précisément faire la promo d’un film, je trouve ça plutôt subtil… d’ailleurs Houellebecq et Heidegger sont déjà un peu “out”, donc… ”

    Là-dessus Bonneteau attaqua le tiramisu “fait maison”, dépassant ainsi les autres. Le peintre avait en effet décidé de se diversifier, de se consacrer au Septième art à son tour, tout en gardant un pied dans la peinture. Consacrer un long métrage à Rembrandt constituait une bonne transition. Il faudrait être fou en 2008 pour ne pas aimer Rembrandt ! Même les cons qui votent Le Pen ou Sarkozy aiment Rembrandt.

    Si l’on examine en détail l’œuvre de R., ce que Marron n’avait pas manqué de faire avant le tournage du film, on se rend compte du soin particulier qu’il apporte à la mise en scène et à l’éclairage, un peu comme Fritz Lang, le grand cinéaste juif chassé d’Allemagne par les nazis… Si Vermeer préfigure les grands photographes actuels qui savent mettre la vie quotidienne en abyme, Brassayas, J. Meese, ou même Ronald W. Stuart, on peut se permettre de faire le parallèle entre Rembrandt et le cinéma expressionniste allemand, David Flynch compris évidemment…

    “ - Mais, mon Oncle, fit le neveu de Marron, pris d’une inspiration subite et court-circuitant la méditation qui prolongeait la réponse de Bonneteau, mon Oncle comment peux-tu être aussi sûr que Rembrandt eût pu s’habituer à tenir une caméra après avoir fait usage auparavant d’un pinceau et d’une palette de couleurs une partie de sa vie durant ? Ça fait quand même un grand changement, non ?! En fait t’es bien placé pour le savoir ! ”

    Le “mon Oncle”, autant que la naïveté du propos, fit sourire le reste des convives sauf Ophélie qui ne souriait pratiquement jamais. Marron ne pouvait pas avoir d’enfants, étant donné sa vocation de peintre, mais sa sœur lui avait confié avant de mourir son fils Axel, qui rêvait de percer dans les arts plastiques lui aussi après avoir mis fin à ses études de commerce. Mais ce pauvre Axel était d’un terre-à-terre !

    “ - Cher Neveu, Marron imitait le style de son émule, j’espère que tu n’attends tout de même pas sérieusement que je réponde à cette question ? Le métier de peintre, vois-tu, tout le monde ou presque peut l’apprendre, avec un minimum d’entêtement, et je sais que tu en as un maximum ; mais pour ce qui est du concept… là c’est autre chose le concept… quasiment de l’ordre de… de l’inné ! Il n’y pas un seul génie dans l’histoire de l’art qui n’ait peint avec un concept puissant par-derrière… Léonardo ? On ne peut pas faire plus conceptuel ! Et Dürer, l’abstraction de Dürer !! Dürer est tellement abstrait qu’il a besoin de savoir à quoi ressemble un corps à l'intérieur avant d'en dessiner l’extérieur ; je ne parle même pas de Pottock, qui pense plus qu’il ne peint, Pottock qui est tout “intériorité” !… ”

    Mais Axel n’écoutait même plus, il s’était jeté sur la dernière part de tiramisu qui restait et semblait trouver un intérêt plus grand à la mastication de son dessert italien, les yeux levés au ciel en signe d’extase, qu’aux explications de son oncle, confirmant le mauvais pressentiment du tuteur quant aux chances de son pupille de se faire un nom dans l’art contemporain de demain.

  • Le plein de Super-héros

    Encore à propos de Fourniret et de sa vie de couple, proposée en contre-exemple à ne pas suivre : à quoi sert l'existentialisme, si on ne peut pas le traduire en actes ?

    Superman, c'est juste bon pour le cinéma et après on rentre chez soi manger une pizza !? Nitche, Sartre ou encore Houellebecq sont des peine-à-jouir qui s'arrêtent au seuil de la loi. Et l'hédonisme de Michel Onfray ? Il ne vaut que pour ceux qui ont un casier judiciaire vierge ?

    Ce qui classe à coup sûr pour moi Fourniret parmi les philosophes existentialistes héritiers de l'idéalisme allemand ? Cette remarque du serial killer qui se déclare mortifié d'avoir épousé une femme QUI N'ETAIT PLUS VIERGE ! Bien sûr, ce n'est qu'un prétexte bidon destiné à émouvoir les experts-psychiatres et le jury, mais le choix d'une telle justification ne doit rien au hasard des pensées de Fourniret. Symétriquement Fourniret exigeait de sa "compagne" de plaisir qu'elle se comporte avec lui comme une pute.

    Car s'il y a bien un courant philosophique qui place son idéal au fond de la culotte, c'est l'existentialisme. Onfray et Houellebecq sont des caricatures contemporaines, c'est entendu, l'une officielle, l'autre incorrecte, de l'existentialisme : mais il n'y a pas de fumée sans feu.

    La morale de Nitche, c'est en grande partie une morale de dragueur, de paon qui fait la roue ; Heidegger c'est le plouc qui se fait professeur pour mieux séduire les jeunes Allemandes qui, dès qu'on leur cause culture, soulèvent leurs jupes. Même Sartre, pourtant plus malin, grâce à Voltaire, ne philosophe pas beaucoup plus haut. Dans un couple existentialiste, cherchez qui tient la culotte, c'est un bon moyen de répertorier ces moralistes.

    On objectera : mais Fourniret n'arrête pas de parler de Dieu ! Et alors ? Il y a bien une branche existentialiste chrétienne non-athée, même si c'est la plus débile (puisque l'existentialisme est conçu pour rejeter les conventions religieuses et draguer plus à l'aise). Et Nitche, comme Sartre et Heidegger, ces soi-disant athées, sont obsédés par Dieu en réalité ; ils ne rompent jamais le fil du dialogue avec lui, comme si c'était un camarade d'école ou de faculté, une vieille connaissance, une ruine d'éternité mûre pour l'humanité : c'est seulement après Jésus, l'Esprit saint, l'Eve nouvelle, que les existentialistes en ont.

    Et puis dans la mesure où l'existentialisme est désormais la doctrine commune laïque ou presque, de l'ajusteur au Président de la République en passant par les avocats et les magistrats, nul n'est mieux placé qu'un tueur existentialiste comme Fourniret pour douter de la justice des hommes.

     

     

     

     

     

  • Créationnisme

    Si l'identification au singe est de l'ordre de l'anthromorphisme - Darwin n'est pas un canon de beauté - alors que signifie l'identification à l'amibe ? Serait-ce un rapprochement cette fois, non plus avec l'enveloppe extérieure, la forme, le dessin, mais avec la vie intérieure de l'homme contemporain laïc, qui met des capotes avant de faire l'amour et se brosse les dents trois fois par jour en guise de morale ?

    Simple hypothèse créationniste de ma part ; que j'appuie cependant sur un indice, un exemple significatif :

    J'étais en train d'examiner la société contemporaine à travers la télévision en prenant des notes, la télé qui révèle surtout la mentalité des élites citoyennes qui la font, lorsqu'elle a diffusé un reportage sur le photographe-reporter Yann Artus-Bertrand. Les photographes, comme les cinéastes ou les avocats, sont de bons clients pour le genre d'étude que je mène.

     Au cours d'un voyage au-dessus de la planète en avion, afin d'édifier la foule des téléspectateurs à l'aide de quelques clichés colorés représentant des végétaux ou des animaux exotiques, Yann (on appelle les aventuriers par leurs prénoms) décide de s'aventurer jusqu'au domicile d'une éminente "primatologue" britannique, Jane Goodall, afin de s'entretenir un brin avec cette papesse de la bonobomie.

    Selon moi cette donzelle a plutôt gâché de longues cuisses fuselées et une anatomie très évoluée par rapport à celle d'une guenon à crapahuter des lustres et des lustres dans la jungle. Mais ce n'est que mon avis et il est sans doute un peu terre-à-terre et bien peu missionnaire. Moralement rien ne dit d'ailleurs que le destin de Miss Goodall n'était pas au milieu des chimpanzés plutôt que des hommes, ces salauds.

     Dans une tentative despérée (car Yann a de longues moustaches) de séduire ce qui n'est plus qu'une vieille peau écologiste, après un long blabla sur l'humanité des singes et les mimiques des hommes, ne voilà-t-il pas que Yann propose à Jane de la quitter en la saluant "à la manière des singes" ?! Et le couple improbable s'enlace alors, museau contre museau, en poussant des petits grognements simiesques. Sans aucune arrière-pensée ni crainte du ridicule, ça va de soi.

  • Pervers polymorphes

    Ambiguïté des médias devant tous ces crimes sexuels : l'Autrichien amoureux de sa fille, le violeur de Suédoise(s) ; entre répulsion et attraction ; répulsion pour tout ce sperme, ce sang, cette chair, sans doute de la sueur aussi, et de la crasse, qui sait ? - attirance pour tout le paquet de fric que ces faits divers représentent. On montrera cent fois au public la blonde Suédoise en minijupe, l’air pimpant d'une qui ne sort pas en boîte pour se faire violer mais pour s'éclater, afin d'illustrer à quel point le crime, dans le cas d’une telle beauté, presque pure, était inconcevable, choquant au point de vue laïc. Entre deux pages de pub. à tarif majoré. On s'abstiendra momentanément de blagues sur les blondes aussi : respect !

    Qu’est-ce qui est le plus horrible, que ce père ait été amoureux de sa fille et qu’il l’ait séquestrée, ou bien qu’il l’ait engrossée SEPT fois, une vraie poule pondeuse ? Exactement comme au moyen âge (ou en pays Cht'i).

    *

    Mais le couple Fourniret ? Qu’est-ce qu’on reproche au juste au couple Fourniret ? N’y a-t-il pas dans cet amour plus fort que la police quelque chose de magnifique ? Ne sont-ils pas les “Bonnie & Clyde du crime sexuel” ? Bien sûr leurs fantasmes étaient un peu bizarres, un peu excessifs, et le sado-masochisme de Robbe-Grillet et de sa muse plus digne, plus “républicain” ; bien qu’il ait des velléités dans ce sens, on n'imagine pas Michel Fourniret à l’Académie française, primé au Goncourt ou docteur honoris causa de l’Université de Virginie ou de Caroline-du-Nord ? Il faut toujours un peu de temps à l’avant-garde pour se faire admettre, y compris en démocratie.

    S’il faut tuer son prochain pour s’accomplir sexuellement, alors c’est sûrement une entrave au contrat social, pas de doute. Il est bien connu que “la liberté de chacun s’arrête, etc.” Même pas besoin d’aller chercher jusqu’au grandiose “Pas de liberté pour les ennemis de la liberté !”. Il y a dans le commerce une gamme assez variée d’ustensiles et de jouets sexuels, sans qu’on ait besoin de piocher au petit bonheur des enfants, sur le bord d’une nationale, bordel de merde... des enfants qui ne demandent eux-mêmes rien d’autre que de jouer en paix, et, plus tard, lorsqu’ils seront majeurs, d’avoir une sexualité épanouie à leur tour et de pouvoir construire quelque chose.

    Hélas la démocratie n’est pas parfaite, sans quoi elle n’aurait pas besoin de psychologues et de psychiatres, ni d’artistes pour exprimer tout ça symboliquement.

    Pointilleux comme je suis, à se demander si je ne suis pas moi-même une sorte de pervers, je constate que les Fourniret ne sont pas les seuls à mettre des coups de couteau dans le contrat social, avec une assurance tranquille.
    Monsieur Presquetoutlemonde, lorsqu’il s’achète à crédit la nouvelle BMW superturbo ou la dernière Renault à moteur Dassault, est-ce qu’il exclut complètement d’enfreindre la loi, de s’adonner au fantasme de la vitesse un petit matin, rien qu’une fois, après s’être vu refuser une augmentation par son patron ou l’accès à la garçonnière de sa maîtresse ? Sûr, c’est juste pour le plaisir esthétique de faire briller une belle carrosserie ? ou bien… vroum-vrroum, ça n’a l’air de rien, "il n’y a pas de mal à se faire du bien", et puis voilà, trois morts, un jeune couple avec enfant, qui partait en vacances, tués nets pour deux d’entre eux ; dans d’atroces tortures à base de mercure et de chromes pour le troisième. Les victimes étaient elles-mêmes un peu au-dessus de la vitesse autorisée, plaidera l’avocat, qui est payé pour ça.
    Qu’est-ce qui fait le plus de victimes ? Les crimes sexuels ou les accidents de la route ?

    Et Daniel Bouton, le PDG de la “Société générale” et ses arnaques plus ou moins légales, ses prises de risques plus ou moins contrôlées, n’y a-t-il pas une part de fantasme là-dedans aussi, de fantasme de la “culbute” ? Voire une atteinte au contrat social. C’est vrai, le petit dealer à côté, sa faute s’efface. Pour peu qu’il fasse vivre sa famille restée “au pays” avec, tout est relatif, le dealer devient un héros.
    Spaggiari, avec l’aide du cinéma, à côté de Jérôme Kerviel c'est même un artiste CLASSIQUE. Trader ou dealer, c’est plus qu’une question de quartier chic ou crade.
    Que penser de l’imbécile qui se suicide parce qu’il n’a plus de crédit auprès de sa banque, sinon qu’il n’a pas le sens de la modernité ?
    Qu’est-ce qui fait le plus de victimes ? Les crimes sexuels ou les braquages ?