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Mon Journal de guerre - Page 81

  • Identité bling-bling ?

    L'argent est la seule valeur commune aux différents partis de France, sur laquelle on pourrait accorder laïcs, démocrates-chrétiens, syndicalistes, entrepreneurs, etc. Tous autant qu'ils sont.

    Pourquoi chercher plus loin ? L'argent seul est assez liquide, à la limite gazeux comme on a pu constater récemment, pour nimber d'un même voile les valeurs féministes ou républicaines de Michel Onfray et celles, plus industrielles ou budgétaires de François Fillon. On ne trouvera pas de peau plus souple à tendre sur la grosse caisse de résonnance de l'âme française.

    Il y a quelques années, d'ailleurs, lorsqu'il a été question d'abandonner le franc pour l'euro, les clercs les plus zélés de cette religion de petits propriétaires se sont émus vivement de l'abandon des anciennes valeurs de la "souveraineté nationale" ; "France, fille aînée de l'Eglise" : le maquignon d'ancien régime fiscal Philippe de Villiers est monté au créneau, dans le plus pur style troubadour, etc. Et les cours de la Bourse ont donné raison à ces alarmistes.

    Nation à l'identité forte, on verrait sans doute les Etats-Unis se désagréger en cas de crise économique durable et de baisse du dollar absolue et non plus tactique.

    Je milite surtout pour qu'on n'impose pas plus aux gosses dans les programmes scolaire de ce civisme oiseux à base d'identité nationale, qui est le contraire de l'histoire. Il ne faut pas croire qu'en 2010 les gosses sont assez cons pour ignorer les valeurs profondes de leurs propres parents.



  • Correspondances

    Le service de presse d'un pote me permet de feuilleter la correspondance de Céline parue en "Pléiade" récemment. Je déconseille de l'acheter. C'est assez comme ça que le contribuable subventionne les maisons d'éditions françaises par l'intermédiaire des achats des bibliothèques municipales, s'il faut en plus donner des thunes personnels à Gallimard !

    Dans la grande chienlit française, sociale-démocrate et gaulliste, les maisons d'éditions qui auraient pu jouer un rôle de résistance sont gravement impliquées. Autrement dit, si j'ai plus de mal à trouver telle ou telle pièce de Shakespeare dans ma bibliothèque que la dernière merde signée Dominique de Villepin en hommage aux nains de la poésie française ou aux boucheries de Napoléon, c'est la faute aux éditeurs.

    D'ailleurs quand d'aventure je me promène au Quartier latin, avec ses petites bourgeoises féministes déguisées en putes, j'ai l'impression de me promener dans Berlin. Céline lui-même était sans doute plus près de vouloir foutre le feu au Quartier latin, de botter le cul à tous les vieillards décatis du Quai Conti qui donnent l'impression de n'avoir jamais ouvert un vrai livre. Dans un sabir extrêmement compliqué à piger -plus slave que français-, la Carrère-d'Encausse met bien un peu d'ordre dans les causes et effets de la révolution bolchevique, pour mieux dire ensuite à la télé le contraire de ce qu'elle dit dans ses bouquins et lécher le cul du tsar Nicolas, personnage aussi inutile que Pie XII, et beaucoup plus dangereux.

    *

    Retour à la correspondance de Céline : la correspondance est un genre de littérature plutôt barbant qui plaît surtout aux collectionneurs (il faut que je redise à mon pote que les collectionneurs vont en enfer directement, ils retournent à la poussière sans passer par la case du purgatoire qui n'existe pas). Bonnes ou mauvaises, les intentions sont nulles pour un artiste comme pour un chrétien, et c'est surtout de ça dont une correspondance est faite, de chatteries et de voeux. Le chrétien qui croit que ses prières vont le sauver croit que Dieu qui a envoyé son fils pour sauver l'humanité attend un hommage ou un coup de chapeau. D'ici que les démocrates-chrétiens décident de canoniser Dieu pour le remercier, il n'y a pas loin. Et encore faudrait-il justifier pourquoi le Dieu des chrétiens n'a RIEN fait pour sauver les Juifs des camps nazis.

    *

    Tiens, profitons-en pour soupeser l'antisémitisme de Céline... Curieusement, d'une certaine façon on peut dire que l'antisémitisme de Céline est plus chrétien que celui de Bloy. L'idée de Bloy que les Juifs incarneront l'archaïsme jusqu'à l'éclatement du Temps n'est pas très cohérente ; disons plus nettement qu'elle épargne trop la calotte chrétienne, bien que ce ne soit pas le travers principal de Bloy d'épargner les cochons, y compris les cochons portant soutane. "Synagogue de Satan" écrit l'apôtre, et synagogue se traduit par "Eglise" au sens large.

    Céline est plus proche de l'anticléricalisme de Voltaire, pour qui le personnel politique comme le personnel religieux font obstacle au progrès. Voltaire est tellement en décalage avec l'époque que nous vivons que c'est aux "Témoins de Jéhovah" que le christianisme de Voltaire fait le plus penser, c'est-à-dire une sorte de protestantisme honnête parfaitement démodé aujourd'hui. Un truc bizarre cependant chez Céline : il semble détester les Juifs tout d'abord à cause de leur faiblesse, puis change d'avis après la victoire des anglo-saxons, et se met à mépriser surtout les chrétiens allemands et français. Céline a lui-même un côté juif et féminin, moins marqué que Nitche, mais n'empêche.

    *

    Incroyable la façon dont Céline, pourtant cent fois moins misogyne que moi, excite les femmes à s'embourgeoiser (c'est-à-dire à se prostituer encore plus), à se jeter dans le filet de la famille, des gosses, bref de la grande truanderie sociale, dans tout ce qu'il craint pour lui-même comme une lèpre. Ici Céline est plus près du tchador que de Voltaire.

    En fait Céline veut sauver les autres malgré eux, et ça n'est pas chrétien. Le Christ, lui, n'a jamais contraint personne à le suivre. Pas la moindre séduction dans le Christ. C'est la raison pour laquelle toute propagande signale le diable. Ce cornard de Pie XII qui a osé faire l'apologie de la télévision est parfaitement scandaleux ! La mare dans laquelle cette petite salope puritaine d'Ophélie va se jeter n'est autre que le néant ou l'enfer.



  • Politique jamais plus

    Olivier Besancenot, qui m'a donné l'impression d'être tenu en laisse par sa gonzesse lorsque je les ai croisés en ville, a décidé de présenter aux élections une femme musulmane voilée, "et féministe quand même" ajoute-t-il.

    Bon là je dois dire que le tchador + le féminisme + le syndicalisme, ça commence à faire un peu trop. L'opposition de principe entre le tchador et le féminisme, pour le coup Besancenot n'a pas tort, cette opposition -bis repetita- n'a pas lieu d'être et se situe exclusivement au niveau du niveau social et des manoeuvres cyniques politiciennes.

    Certains musulmans (les chrétiens pensaient la même chose au moyen âge) croient que le tchador empêche la femme de se donner au premier type qui passe ; en réalité il sert surtout à retenir l'homme dans son foyer. Dans le sexe, c'est TOUJOURS l'homme qui est le plus possédé, non la femme. Hélène de Sparte trouve le moyen de se sortir vivante de la guerre de Troie déclenchée par une bande de cocus et de lâches. Le talon de cet imbécile d'Achille, c'est sa mère mais aussi cette petite nonne du Temple d'Apollon dont il est épris. Toujours le problème au talon indique le goût pour l'inceste. Cela fait trois mille ans que les plus grands esprits de la terre disent et répètent que le sexe n'est pas fait pour l'homme viril (un jeu de Romain), d'Homère à François Bacon en passant par Aristote, et c'est pas quelques connasses féministes hyper sexistes qui vont y changer quelque chose.


  • L'équation tchador

    "Oui, la burqa doit disparaître. Aussi sûrement que son projet est de faire disparaître les femmes du paysage." (Valérie Toranian, "Elle", 22 janvier)

    Ce que cette idiote féministe de "Elle" oublie de dire, c'est que le projet concurrent de sa gazette pour femelles basses de plafond et hautes de châssis est de multiplier le style de la pute bourgeoise dans le paysage, pour le plus grand bonheur des petits pédés capitalistes. On se doute que le business de crèmes autobrozantes qui est le fondement du féminisme de madame Toranian s'effondrerait si toutes les femmes étaient voilées. Le voile d'hypocrisie des bobos n'est pas moins épais que le tchador, bien au contraire.

    Quoi qu'il en soit, il faut voir que le "système tchador" et le "système string apparent" sont identiques, synallagmatiques. Ils traduisent tous les deux un phénomène d'oppression politique, QUI N'EPARGNE PAS PLUS LES HOMMES QUE LES FEMMES. Des deux systèmes, c'est le tchador le moins dangereux car le moins hypocrite. Le moyen âge chrétien fut lui-même le moment d'une intense gnose juridique autour du mariage ET d'une intense prostitution.

    Rien d'étonnant non plus à ce que le sociologue soixante-huitard Pascal Bruckner, quarante ans après l'éloge du libertinage fasse celui du mariage bourgeois. De la même école, André Glucksman serait plus honnête s'il complétait sa démonstration que Sarkozy est le pur produit de Mai 68, en ajoutant que Mai 68 est le pur produit du gaullisme.

    *

    Il n'y a pas que chez Pascal ou Racine que l'on retrouve cette alternative truquée, puritanisme ou libertinage. L'emmerdant marquis de Sade lui aussi était à la fois un obsédé du cul et de la politique, c'est-à-dire des deux sujets les plus ennuyeux de la terre aux yeux d'un artiste, à moins de les aborder sur un plan eschatologique, comme Shakespeare ("Mesure pour Mesure"). Il est probablement un élément à la décharge d'une aussi médiocre littérature de la part de Sade, c'est son emprisonnement. En tant que tel celui-ci excite en effet l'obsession sexuelle et celle de la politique, qui n'est jamais qu'un dérivatif puritain au sexe. L'hypocrisie est une vertu sociale et féminine, vantée parfois aussi par des pédérastes (Eric Zemmour) : il faut s'attendre dans un régime totalitaire, selon Marx, à une forme d'hypocrisie d'une épaisseur inégalée. Le comble à mes yeux est d'une société française qui fait l'apologie du sado-masochisme (le "porno-chic" des publicités parues dans le magazine "Elle", les mannequins du couturier Lagerfeld, espèce de Méphistophélès à paillettes, etc.) en même temps qu'elle condamne les pratiques des camps de concentration nazis.

  • Kulture de mort

    La Kulture n'est rien d'autre que le masque bourgeois de l'ignorance. Proust, madame Bovary, le bourgeois gentilhomme ou Adolf Hitler sont "cultivés". On ne saurait insinuer poison plus mortel dans l'oreille d'un gosse d'immigré que cette idée saugrenue de "culture française". La Kulture n'est utile que dans les dîners mondains, sur les plateaux de télé ou pour meubler un appartement avec goût ; la culture, c'est la binette du parvenu.

    Même le plus romain et discipliné des humanistes français -mettons Montaigne- ne manquerait pas assez d'esprit critique pour cautionner ce costard cartésien cousu de fil blanc, pour ne pas piger que la culture est nécessairement "à géométrie variable" comme les sophismes de l'atomiste Einstein, c'est-à-dire entièrement soumise au principe de la mode. Ainsi le moderne devient "antimoderne" lorsque le train de la modernité est passé, et retournera ainsi de suite sa veste en temps utile.

    N'est véritablement "cultivé" aujourd'hui qu'untel qui connaît les derniers avatars du cinéma hollywoodien et les dix plus gros tubes du Top 50. Ce que le bourgeois ne supporte pas dans la contre-culture, c'est qu'elle lui succède. Laissons les académiciens atteints de gâtisme, confits dans leur mémoire de collectionneurs, pleurer devant le vide-grenier de la culture française.

    *

    Un conseil simple qu'on peut donner à un gosse d'immigré, puisque c'est la seule voie de l'intelligence qui lui permettra de s'affranchir du football et des corvées que les libéraux cyniques et fainéants lui infligent : se cantonner aux oeuvres de la Renaissance française et européenne (disponibles gratuitement sur Google). Gain de temps assuré lorsqu'on a autre chose à foutre que convertir le temps en argent ou lire des romans de Flaubert après Flaubert, ce qui revient pour une demoiselle à continuer de porter des robes à cerceaux.

    Louis-Ferdinand Céline lui-même, mis au ban par la bourgeoisie pour n'avoir pas assez passé de temps à lui lécher la sainte fente, aurait donné tout son ouvrage de moine cistercien défroqué contre deux vers de Shakespeare. Voilà l'esprit critique français, on ne peut plus empreint d'abnégation.

    Proust l'a dit, pourquoi le bourgeois bouffe de tout et n'importe quoi, et montre plus de vigilance sur le point de la gastronomie ou la façon de se faire enculer que dans les questions spirituelles : il croit ainsi obtenir naïvement un délai. Ce faisant il ne fait que vivre à crédit, et cette vie-là est comme une mort. La seule puissance que le diable accorde à ses sujets, c'est d'anticiper leur mort.

  • Imparable

    Pour Arnaud Klarsfeld (sur radio Sarko n°1), les Etats-Unis et la France doivent jouer les premiers rôles en Haïti, dans la mesure où ces deux nations ont exploité à tour de rôle les richesses de l'île, la France au XVIIe et XVIIIe siècle d'abord. C'est ce qui s'appelle un raisonnement imparable.

  • La mort d'Oedipe

    Même la fripouille Berthold Brecht est bien obligée d'admettre que si on veut sortir du cambouis du sentimentalisme germanique, il n'y a qu'à lire la Bible. Plus on s'éloigne du tribalisme, quel que soit son dégré d'évolution, plus on s'éloigne "de facto" des sentiments.

    La tragédie grecque est aussi liée au mépris de ce peuple vis-à-vis des questions sexuelle et familiale, qu'elle met en accusation dans le mythe du tyran Oedipe, qui décrit le cycle politique complet, de l'inceste jusqu'à la décadence en passant par le parricide et la trahison.

    Si Shakespeare était Claudel, on pourrait lui reprocher de mal tailler l'étoffe psychologique de tel ou tel de ces héros ou salauds qu'il met en scène. Mais Shakespeare ne boite pas.

  • Allègre, savant ?

    Claude Allègre ne s'en laisse pas conter par les imbéciles écolos ; cela fait-il de lui pour autant un savant ?

    - Ecartons d'emblée l'argument de la médaille (Crawford) et des titres décernés à Allègre. Plusieurs prix Nobel d'économie sont impliqués dans le scandale des mathématiques financières inculquées aux "traders", pour partie responsables de la banqueroute que l'on sait.

    - Relevons une petite imposture rhétorique d'Allègre. Il utilise publiquement la théorie climatique du "battement d'aile de papillon" (pur sophisme) pour invalider les prédictions climatiques à long terme, sachant parfaitement le rôle majeur des statistiques et probabilités dans la mise en équations à laquelle la science physique quantique procède presque systématiquement (la fameuse théorie débile du "chat de Schrödinger").

    - "La défaite de Platon" est le titre d'un ouvrage de Claude Allègre, par quoi il veut signifier le divorce de la science laïque avec le platonisme. Cela indique de sa part l'ignorance que pour ce qui est de la science, Platon s'en remet largement à Pythagore, très loin d'être "défait" aujourd'hui. C'est Aristote qui fait la démonstration serrée que Pythagore est un idéologue. Le théoricien prix Nobel Bertrand Russell est un exemple isolé de rejet (tardif) du pythagorisme.

    - La science laïque passe systématiquement par une critique de la science chrétienne, "catholique" particulièrement, celle-ci étant tenue communément pour moins moderne.

    Sur un point, Allègre est plus sérieux que les autorités catholiques romaines, lorsqu'il associe Thomas d'Aquin à une démarche scientifique. Car de fait, sans cette démarche scientifique, Thomas d'Aquin et le "thomisme" perdent tout sens. C'est un mensonge scientifique grossier de la part de Jean-Paul II d'avoir affirmé les significations distinctes de la science et de la foi. D'une manière générale, très peu de religions vivantes se sont désintéressées de la science au cours de l'histoire, la foi ayant des conséquences sur la science, et la science sur la religion. Karl Marx cite l'épicurisme comme exemple de religion (morale) coupée de la science.

    En revanche Allègre fournit une raison bizarre à la résistance de l'Eglise à l'abandon de la science d'Aristote, anti-atomiste convaincu : l'atomisme démolirait la doctrine de la transsubstantation (transformation du pain en corps du Christ au cours de la messe). C'est bien plutôt le géocentrisme auquel l'Eglise catholique était attachée, hostile à l'éclatement mathématique du monde, même si des moines obtus au moyen âge ressuscitèrent des mondes antiques linéaires et plats, bien avant les frères Bogdanoff et leur univers en forme de soucoupe. Par une lettre adressée à Descartes, la reine Christine de Suède crut même bon d'avertir le mécanicien français des conséquences de la thèse de Galilée (qui sans le soutien actif d'une partie de la curie romaine, n'aurait jamais pu publier ses sophismes).

    *

    - On pourrait passer cent pages à critiquer les extrapolations historiques de Claude Allègre, dont la prétendue science consiste largement à juger des idées scientifiques du passé à l'aune de celles d'à présent. Mieux vaut se concentrer sur le problème central suivant : comment se fait-il que la science capitaliste joue de l'argument de neutralité, qu'elle prétende être libre de toute influence religieuse, alors même qu'elle repose très largement sur un des corpus scientifique les plus marqués par la religion au cours de l'histoire, à savoir "grosso modo" la science du XVIIe siècle, que je qualifie de science "janséniste".

    Par-delà Claude Allègre, à deux doigts de l'hystérie, il faut mentionner l'évolutionniste Richard Dawkins, qui non content de vouloir faire la démonstration scientifique que "Dieu n'existe pas", ce qu'il est parfaitement libre d'essayer, affirme que l'anglais Newton partageait les mêmes sentiments athées que lui, dans un "best-seller" fourgué à des millions d'exemplaires à grand renfort de publicité ; cela contre l'évidence que les travaux des savants du XVIIe siècle, et Newton n'échappe pas à la règle, ces travaux sont émaillés de controverses sur des points de religion (Newton/Leinbitz, par ex.). Le nombre de "clergymen" impliqués dans cette nouvelle science est en outre remarquable, du cardinal de Cues à Gassendi en passant par Marin Mersenne, etc.

    Religieuse, cette science l'est doublement, puisqu'elle consiste en grande partie à ressusciter le pythagorisme, lui-même indissociable dans l'Antiquité du sectarisme religieux de Pythagore et de ses disciples.

    Voici ce que Voltaire écrit : "Il n'y a point de philosophie qui mette plus l'homme sous la main de Dieu que celle de Newton." Si la science de Voltaire n'est pas toujours exempte de défauts, on doit prendre Voltaire pour plus savant que Dawkins et Allègre, leurs mensonges sur la science "neutre" (un concept de physiocrate capitaliste) ; d'autant que Voltaire qualifie justement ici la mentalité religieuse de Newton (très différente de celle de F. Bacon), proche des conceptions de la secte unitarienne (qui milite aujourd'hui pour la reconnaissance totale par le Vatican du transformisme darwinien). D'ailleurs l'opinion de Voltaire lui-même est de s'en remettre aux saintes écritures lorsque la science peine à élucider tel ou tel point, en cela aussi divergent des philosophes contemporains, que Newton l'est des savants actuels.

    Plus loin et plus intéressant, Voltaire écrit en outre : "On reproche encore à Newton qu'il admet des qualités immatérielles dans la matière. Mais que ceux qui font un tel reproche consultent leurs propres principes, ils verront que beaucoup d'attributs primordiaux de cet être si peu connu qu'on nomme matière sont tous immatériels, c'est-à-dire que ces attributs sont des effets de la volonté libre de l'Etre suprême...")

    Plus intéressant car Voltaire révèle ici l'emprunt direct de la franc-maçonnerie "laïque" dont l'idéal accompagnera la science au XIXe siècle, à une conception maçonnique chrétienne très répandue dès la fin du XVIe siècle (ressuscitée également par le franc-maçon Joseph de Maistre).

    La remarque de V. conduit aussi jusqu'à Marx et à sa démonstration que la théorie atomiste de Démocrite reflète une théorie de l'âme ; et que d'une certaine façon, Aristote comme Marx, est plus "matérialiste" que Démocrite (pour Aristote contrairement à Lucrèce ou Pascal, le néant n'existe pas).

  • L'Apocalypse ou la mort !

    La cri de ralliement trouvée par Fodio n'est pas mal puisque l'apocalypse chrétienne peut être regardée comme le remède à la mort. Le Christ a vaincu la mort et montré la voie à ses saints. Clairement, l'armure que Hamlet endosse est celle du combat contre le destin (= 666). Si le profane peut trouver étonnant qu'un chrétien en affronte d'autres, c'est qu'il ignore précisément tout de l'apocalypse chrétienne, en particulier de la synagogue de Satan et de son clergé, après plusieurs siècles de compromis libéral avec les puissances séculières. D'ailleurs où est-il écrit dans le Nouveau Testament que le Christ a le goût de la diplomatie ?

    Seule la vérité permet d'échapper au destin, inséparable de la mort, tel est donc bien le message apocalyptique.

    *

    La science d'Aristote déjà consiste à tourner et retourner la mort dans tous les sens, tant son caractère d'"absolu relatif" paraît étrange à ce grand naturaliste qui embrasse tout. La mort est comme un sophisme d'Einstein ! Comme la statique mouvante du cinéma.

    A quoi tient tout le paradoxe du moyen âge, incarné par Thomas d'Aquin ? A une science en chemin vers l'apocalypse, mais qui se heurte encore à la religion ; au passage on remarque que Dante est plus avancé que Thomas d'Aquin, comme s'il ne pouvait y avoir de véritable théologie qu'en dehors des murs des institutions ecclésiastiques. Il faut en effet mesurer l'effet, volontaire ou pas de la part de Dante, de son intrusion dans le purgatoire, auparavant de l'ordre de la science-fiction juridique. De même que les fictions hollywoodiennes à base de "voyage dans le temps", sur la base du prédicat stupide d'Einstein : ce cinéma ébaubira sans doute le beauf yankee, mais aux yeux d'un public plus humaniste, il fera ressortir la stupidité du prédicat d'Einstein.

    Du côté de la mort, il y a eu, il y a et il y aura toujours la religion, Tartuffe hier, Freud aujourd'hui. C'est précisément la raison pour laquelle l'Eglise catholique, contre son enseignement classique le plus élémentaire, lentement au cours des siècles écoulés a "avalé le diable". Si la religion tend à se recentrer sur la mort et à bannir consécutivement l'apocalypse, c'est en raison de l'enjeu stratégique que représente la mort, sur laquelle les religions "fidéistes" sont centrées. Ainsi, dans la religion laïque ou capitaliste, qui reprend la formule du jansénisme, la foi dans l'homme et ses systèmes implique obligatoirement une forme de lieu temporel abstrait du type du purgatoire, de l'enfer et du paradis jansénistes, où l'homme trouve le réconfort en songe.

    Avant toute chose, la religion existentialiste est la religion du fantasme. Si elle fait autant penser à Pascal, c'est qu'elle ne repose sur rien de sérieux et de concrêt.

    Les chrétiens libéraux, qui de façon satanique font l'apologie de Freud et du freudisme sont trop stupide pour s'apercevoir qu'il fait double emploi avec le purgatoire. Le chrétien libéral porte une veste chrétienne, doublée d'une étoffe païenne, afin de mieux assurer ses actions.

    "L'Apocalypse ou la mort" n'est pas mal ; tiré du livre de Joël par François Bacon, j'aime beaucoup aussi :

    "Vos jeunes verront des visions et vos vieillards rêveront des rêves.", évocation perspicace du grand divertissement capitaliste béni entre autre par le super-crétin en chef Pie XII.

  • Anarchie capitaliste

    "Vivre en harmonie avec la nature" : avec ses moeurs de crocodiles ou de loups -clan Sarkozy contre clan Villepin-, le capitalisme n'a aucune leçon à recevoir des écologistes, dont le naturalisme est un naturalisme de safari-photo.

    La conception politisée de la nature de Nitche ou Darwin est poussée jusqu'à l'absurde par Cohn-Bendit, plus pédérastique encore. Non plus la loi de la jungle seulement, mais la loi de la jungle "cool".

    On peut interpréter l'écologisme comme le nouveau cri de ralliement de la meute libérale. Dès lors que le moindre chacal capitaliste au fin fond du Texas aura compris que l'industrie yankee est morte, il se convertira à l'écologie.

  • Théâtre mou

    Invité à mater une pièce de Claudel donnée dans un minuscule théâtre parisien, je m'y rends en traînant les pieds. Même si Claudel rejoint parfois Bernanos dans la dénonciation du christianisme libéral, l'illustration de son mobile satanique, je n'ai jamais aimé Claudel, qui masque plus ou moins que le paganisme est contenu entièrement dans la politique, et la politique dans la famille. "A contrario" il n'y a aucun paganisme qui ne se fonde sur la famille, même si la formule du paganisme libéral est particulièrement invertie ou hypocrite.

    Si l'on ne rejette pas le droit judéo-chrétien, y compris les "Droits de l'homme" comme Marx, dans la lignée du rejet des institutions juives par le Christ, autant entamer une danse du scalp autour du veau d'or comme le peuple juif privé de son guide, servir la diplomatie de son pays comme Claudel.

    Je remarque qu'il y a souvent de belles femmes parmi les actrices et les spectatrices de Claudel. De ces belles femmes qui semblent troublées par cette question, familière des peintres : comment retenir ce qui constitue leur principal trésor : la beauté ? (je ne parle pas ici de la beauté janséniste selon Karl Lagerfeld, qui n'est que le charme ou le "sex appeal", une manière de dissimuler l'inceste).

    Bref, au bout de cinq minutes, ce "Pain dur" m'emmerde déjà. La bourgeoisie n'est pas un sujet pour le théâtre ; elle est beaucoup trop compliquée. L'unité de temps et de lieu du théâtre classique est une idée mal comprise. La vision classique est hors du temps et de la géographie. On peut très bien écrire une pièce dans le style de Feydeau en respectant bêtement l'unité de temps et de lieu, elle n'en sera pas plus "classique". Shakespeare peut étaler son intrigue sur le fil d'une année entière, il n'en sera pas pour autant "romantique".

    La bourgeoisie qui vit sous l'empire du destin ne peut en aucun cas faire un sujet universel, classique. La bourgeoisie est morte-née, ou innée. Si la Grèce a des auteurs tragiques, c'est notamment parce qu'elle croit en dieu, sans quoi elle n'aurait que des comiques et des poètes, qui jouent sur le mouvement.

    Le théâtre vivant commence après la pièce lorsqu'un sorbonnard parfaitement dans le style sorbonnard, qui connaît la date des premiers furoncles de Claudel, celle de sa dernière bandaison, et ne souffrira pas qu'on évoque un simple rapport sexuel de son idole si ce rapport n'est pas archivé, un tel olibrius monte sur la scène pour une petite conférence de son cru. Il va s'agir en un quart d'heure principalement de démontrer que Claudel n'était pas... antisémite. Car si d'aventure Claudel était vivant, cela ferait automatiquement des spectateurs qui ont payé leur entrée des collabos, et du spécialiste en question une sorte de "gauleiter". Mais qui oserait parler de censure ici ?

    Au beau milieu de ce petit rituel de dévotion à l'esprit du temps, le type se paie même le luxe de dire qu'il trouve parfois Claudel un peu trop religieux.

     

     

  • Marx pour les Nuls

    Je ne me lasse pas de résumer Marx à sa plus simple expression. C'est utile pour ne pas tomber dans la religion communiste comme Aragon, Althusser & cie.

    Donc, la politique est un rêve ; on le comprend facilement à partir des exemples de Néron, Napoléon, Hitler ou Obama (je fais exprès de prendre des Romains). Quant au capitalisme c'est un rêve érotique, une pollution nocturne. Le capitalisme est donc la politique ramenée à l'essentiel.

    (Un chrétien se doit d'ajouter que la politique est aussi le rêve de Judas Iscariote.)

  • Poètes hibernés

    Le poète loue avec la même ardeur les tyrans et les femmes.

    Quel poète n'a sa pouliche qu'il rêve de monter,

    A côté de son tyran qu'il rêve de sucer,

    Papa et maman, proportionnés à son instrument ?

    Tyranneau Sarko ne trouve pour sa gloire,

    Pound, Claudel, Céline, Aragon, Eluard,

    Mais Carla Bruni ou Chantal Goya.

    *

    Le poète est pire qu'un boeuf : avide de porter le joug ou la croix.

    Pire qu'un âne il n'a pas vu, le Christ entrer dans Jérusalem.

    Qu'il y ait des poètes chrétiens sous la lune,

    Qui se remettent derrière la charrue, paysans à la nuque raide,

    Auxquels les peintres ne devraient jamais se lasser de botter le cul :

    c'est un monde !

    *

    Baudelaire est le seul poète chrétien

    Qui ne soit pas lamentable,

    Puisque désignant la femme "fléau désirable",

    Il ne dissimule pas l'astuce du Diable,

    Sous un tas de vers.

  • Capital et Sexe

    Marx compare la philosophie allemande à la masturbation. Celle-ci paraît une simulation du sexe. Mais il y a déjà dans le sexe sans masturbation beaucoup de dissimulation, et pas seulement de la part des femmes. Une femme voilée au moyen âge est d'ailleurs prédestinée au sexe comme une putain capitaliste d'aujourd'hui qui fait voir le haut de ses cuisses et se prétend "libre".

    Il n'y rien dans l'islam qui s'oppose radicalement à la chiennerie capitaliste. Sans quoi je m'y convertirais immédiatement.

  • Stendhal = Berlusconi

    Passant devant l'opéra Garnier, j'ai toujours eu un haut le coeur de cette verrue cyclopéenne en plein Paris. Quitte à subir un attentat terroriste, j'aimerais autant qu'il ait lieu dans le hall de cette caverne.

    Toujours à propos de l'amateur d'opéra Stendhal et de ses coups de baguette en faveur du "romanticisme", j'ai noté ceci de plus avisé venant de son confrère Bérenger-Labaume (comme quoi la gloire littéraire frappe indistinctement abrutis musiciens et peintres naturalistes) :

    "Les beautés musicales sont relatives aux temps, aux localités, à la mode si l'on veut, et ne sont point d'un ordre aussi positif que celles de la peinture, de la poésie et des autres beaux-arts."

    Aristote a plus vite et mieux dit que les musiciens sont des imbéciles, des "experts". Le peintre Chenavard aussi avait compris que le vent du crétinisme sort d'un instrument de musique. Mais le mérite particulier de Bérenger-Labaume est qu'il est lui-même, comme Stendhal, amateur de ce divertissement pour femelles italo-boches en rut. Or d'habitude l'amateur d'opéra a horreur de la vérité.

  • Ubu-pape

    La querelle autour du procès en béatification de Pie XII est du domaine de la propagande de la foi. Foi chrétienne, foi juive, et même foi laïque, par-delà le cas de Pie XII, se disputent le Ciel (Ou le Purgatoire dans lequel la bourgeoisie, en raison de ses crimes maquillés en compromis, a toujours été tentée de croire.) La bourgeoisie n'est pas loin, ici, de mettre le Ciel à l'encan.

    La propagande est la queue de la comète politique ; aussi ne concerne-t-elle pas le christianisme. On peut être sûr d'une chose : la canonisation ou la béatification, si elle passionne les gens de robe, est la dernière des choses qui préoccupe les saints.

    Pour ce qui concerne les Juifs, si les pharisiens demeurent célèbres pour leur goût du sanhédrin, leur culte des mots, surtout lorsqu'ils permettent de se justifier ou de tendre des pièges, on peut lire néanmoins dans l'Ecclésiastique, et ce bien que ce livre soit un des moins messianiques et des plus moraux :


    "La gloire et la honte sont dans la parole,

    et la langue de l'homme cause sa perte."

     

    (La spirale du "Père Ubu" est celle du langage ou de la rhétorique politique.)

  • Identité, piège à belons

    La formule identitaire la plus raffinée que j'ai pu trouver, celle qui fait le moins énarque gaulliste ou polytechnicien national-socialiste, c'est celle-ci : "Mon pays, c'est ma langue" : elle est du franco-italien Rivarol. Une gazette réactionnaire (hors du lobby réac sarkozyste) pour officiers de marine retraités a d'ailleurs choisi de s'intituler "Rivarol".

    "La gloire et la honte sont dans la parole,

    et la langue de l'homme CAUSE sa perte..."

    Le distingué Rivarol n'avait manifestement pas lu l'Ecclésiastique, pas plus que Judas Iscariote, saint patron des nationalistes ou du part libéral depuis l'interdiction de la politique, Judas allé se pendre par le cou au figuier (stérile) au moyen d'une corde.



  • Le métèque Stendhal

    (Le débat sur l'Identité française invite aussi à faire le tri dans les produits d'importation littéraires.)

    Pour faire pièce au propos de l'académicien gâteux (pléonasme) Michel Déon, disons "a contrario" que qualifier le coup de foudre amoureux de "cristallisation" de la part de Stendhal, est un des rares traits d'esprit de ce physiocrate rital (tout penseur libéral peut être qualifié de "physiocrate", de Diderot à Darwin en passant par Stendhal, voire Delacroix, dont les couleurs traduisent une gastronomie intense).

    Au stade guimauve où est rendu Déon sur l'échelle libérale, peut-être la cristallisation n'a pas lieu mais seulement l'adhérence? Quoi qu'il en soit, la théorie de la cristallisation (à peine oiseuse) permet de relier le coup de foudre à la politique aisément. Les femmes, que leur excédent d'âme rend plus "politiques" que les hommes, croient d'ailleurs que "les diamants sont éternels" (Dans la philosophie nazie en rouge et noir, l'âme est constituée d'un bout de carbone.)

    "Quand on passe sa vie entre les bras d'une femme, tout semble obscur." : encore un coup où Stendhal vise juste et honore sa patrie d'adoption, différente sur ce point de l'Italie ou l'Allemagne, où l'idée est beaucoup plus répandue que par chez nous, Freud redoublant saint Augustin (sans compter Luther et sa bonne femme), que "la femme est à l'origine du monde", concentré de connerie anthropologique.

    *

    A part ça Stendhal aime Shakespeare pour la plus mauvaise raison du monde : parce qu'il le trouve "romantique" (sic), confondant ainsi Shakespeare avec le boeuf Rossini ou Verdi. Les détracteurs de Stendhal plaident qu'aucun argument solide ne soutient la thèse de Stendhal que Shakespeare est plus romantique que Racine ; de fait, ce serait plutôt le contraire, si on considère que le fait de basculer du libertinage dans le puritanisme, comme Racine, est un trait de caractère dominant du type romantique (Ben Laden est le dernier dans ce cas). Le romantisme, dans Shakespeare, c'est Ophélie.

    Et si on donnait Shakespeare et Racine devant un public de nonnes et de putes mélangées, il est presque certain que ce dernier aurait la préférence de ces demoiselles.

    Le constat que les détracteurs de Stendhal ne disposent pas d'arguments plus solides que ceux du Rital m'as-tu vu, incite à classer le XIXe siècle sur le plan artistique au niveau du moyen âge, un moyen âge "descendant".

    Je décide donc de signer l'arrêté de reconduite à la frontière de la littérature de Stendhal (que j'ai toujours eu honte d'avoir apprécié, à l'âge de dix-sept ans, vu qu'on est toujours un peu branleur quand on a cet âge-là).

  • Et l'identité serbe ?

    Slobodan Despot dans le poste a frôlé la limite de ce que la censure permet de dire à la télé. L'officiant Frédéric Taddéi qui l'accueillait sur son plateau a bien failli en avaler son hostie de travers.

    Et moi qui disait il y a à peine quelques semaines que tous les Serbes sont des couilles molles comme leur ambassadeur Patrick Besson qui profite que Céline a le dos tourné pour cracher dessus et se faire mousser ainsi auprès de ses créanciers juifs. Le problème de l'identité, c'est qu'il concerne plus les bessons que les Serbes ou les Français.


  • Identité, piège à berniques

    "Elle est passée par ici, elle repassera par là, elle court, elle court l'Identité française..." ; serait-ce une cousine de l'Arlésienne? On peut regretter l'absence d'Alphonse Allais, super Français du centre de Paris (Il y a toujours au moins un tiers de Belge, de Boche ou de Rital, dans le provincial), très bien placé pour tirer tout le comique de cette situation algébrique, extraire le PGCD ou la racine carrée de la patrie.

    Car faire rire du néant au lieu d'en tirer des conséquences astronomiques, voilà bien qui distingue le Français de ses cousins germains et qui oblige, si on choisit d'élire comme moi Allais architype français, de reconduire Blaise Pascal et Jean-Paul Sartre à la frontière illico.