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Lapinos - Page 97

  • Movida mon cul

    Etonnement médiatique autour du look "gothique" des gosses de Zapatero. On oublie un peu vite que l'Espagne, notamment celle du Sud, est une autre Allemagne. L'atmosphère de fête de la sangria et du jambon sec à Madrid n'est pas très éloignée de celle de la fête de la bière à Munich. Adolf Hitler à sa manière est une sorte de Don Quichotte enfiévré de philosophie boche.

    Même Barcelone n'est pas épargnée par les cornes pointées vers le ciel de Gaudi, comme pour prouver la statique parfaite de l'art bourgeois depuis le moyen-âge.

    On oublie aussi que le puritanisme franquiste et la movida d'Almodovar ne sont que le côté pile et le côté face du même médaillon. L'une ne va pas sans l'autre et réciproquement. Un penseur matérialiste comme Aristote le dit, le martèle même : l'idéologie a toujours double figure. Une fois le côté face dévoilé, ce n'est plus qu'un jeu d'enfant de découvrir le côté pile. Et ensuite le corps ou la matière d'où dérive l'idéologie ; en l'occurrence, ici comme dans le cas de l'idéologie libérale, ça sent le cadavre à plein nez.

    Toute l'architecture romane chrétienne qui recouvrait la main de fer de la monarchie d'un gant de velours pourpre, les architectes laïcs n'ont eu qu'à la retourner pour en faire leur cathédrale totalitaire. "Morale d'abord" pourrait être la devise du capitalisme, qui ne fait que pousser le slogan satanique de Maurras, "métèque insane" comme dit Drieu La Rochelle justement, à son point d'absurdité extrême.

    Pour ne pas trop charger la mule espagnole, on peut prendre l'exemple de la révolution sexuelle française de "Mai 68". On dispose aujourd'hui d'assez de preuves, avec Cohn-Bendit, Finkielkraut, Glucksman, Bruckner, pour ne citer que les plus médiatiques de cette bande de terroristes intellectuels, du caractère parfaitement conventionnel des révolutionnaires du sexe français, dont l'hommage à de Gaulle aujourd'hui est tout ce qu'il y a de plus normal et naturel. Des gosses qui se réconcilient avec leur paternel dès lors qu'il s'agit de gérer la boutique.

    Difficile d'aller plus loin que Bruckner dans l'abrutissement complet et le mensonge. Trente ans après avoir fait l'éloge de la prostitution, il fait désormais -au nom du devoir de vérité (!)-, l'apologie du mariage bourgeois ! Il mériterait lui aussi amplement le portefeuille de la Cuculture. Je me demande si j'ai jamais vu écrivain se foutre plus ouvertement de la gueule de ses lectrices, qui doivent porter des bas-bleu résilles de putes sentimentales et cocues. Car pour couronner le tout de suprême connerie universitaire, Bruckner est l'auteur d'un essai imbitable sur Charles Fourier, Fourier qui démontre que mariage et prostitution sont comme tenon et mortaise. De fait pendant que le moyen âge forge la thèse juridique de l'indissolubilité du mariage (Il est beaucoup plus aisé de fonder l'interdiction formelle du port d'arme sous peine de damnation éternelle sur le Nouveau Testament que l'indissolubilité d'un contrat dont le Christ ne cesse de répéter aux Juifs qu'il est temporaire, c'est-à-dire parfaitement dissoluble, comme toute institution humaine.), pendant que la prostitution tient le haut du pavé rue des Dames.

    Il faut accorder aux "gothiques" d'ailleurs la franchise de Baudelaire qui consiste à se réclamer ouvertement du diable quand la bourgeoisie hypocrite, "nitchéenne", "maurrassienne", "hégélienne", "libérale", sacrifie à un culte beaucoup plus obscurs. C'est un fait de l'histoire que Jésus-Christ fait plus de convertis parmi les possédés que parmi les pharisiens.


  • Lire à Cuba

    L'hypothèque bancaire actuelle fait que les médiats -y compris ceux qui roulent ouvertement pour Sarkozy-, traitent Cuba avec moins de mépris ou d'indignation feinte qu'il y a un an ou deux. L'urgence est d'un seul coup beaucoup moins grande de se rebeller contre une dictature qui prive ses sujets d'écrans plasma dans le salon et de taux d'intérêt défiant toute concurrence pour construire couple et famille sur des bases immobilières plus sérieuses qu'un air de salsa.

    Cohn-Bendit, petit tailleur d'idées toutes faites pour bobos, retourne sa veste au Capital qui porte désormais la marque "Décroissance et Pudeur".

    Peut-être est-on curieux de savoir comment on vit dans un régime fondé sur l'idéal, quand on se prépare soi-même à être sevré bientôt d'or noir et de la sueur et du sang d'esclaves aussi lointains que ravis -nous dit "Le Figaro"- de s'enrichir grâce à nous ?

    Le rappel que le principal boulevard à putes de La Havane est tout de même une fière idée des colons yankis est le seul clin-d'oeil discret adressé au téléspectateur de "M6", qui diffuse le reportage que je regarde. Mais c'est un autre détail qui me choque : la caméra montre un type qui exerce un métier traditionnel cubain : lecteur public ; il lit au micro des bouquins à des rangées d'ouvrières qui roulent en tirant la langue des cigares de luxe. Aussi désuet mais charmant que la lecture au réfectoire des derniers monastères. Or ce préposé à la culture populaire lit quoi ? Guy de Maupassant ! C'est-à-dire à peu près le genre de littérature du goût de la bourgeoise française moyenne !? Je crois même me rappeler que Maupassant est l'écrivain préféré de Giscard-d'Estaing, avec le résultat qu'on sait. Non mais où Fidel Castro a-t-il la tête ? Le culte de la littérature pornographique française n'est pourtant pas le genre de Marx et Engels.

    Cela dit j'ai déjà entendu dans des réfectoires d'abbayes des lectures encore plus vaines que ça ; la "Vie de Saint Dominique" par Lacordaire, par exemple, tissu de dévôtes conneries espagnoles.

  • Révisionniste ou pas ?

    Les nouvelles théories loufoques sur l'attentat contre le "World Trade Center" sont une véritable aubaine pour la télévision publique, le moyen de prouver que l'Etat dit toujours la vérité, ou, pour parodier le style de Frédéric Bonnot du "Team Lagardère", l'Etat ne ment jamais que pour la bonne cause, pour mobiliser l'opinion publique contre les méchants Talibans qui menacent notre style de vie.

    Car les majors de l'information sont confrontées à un imprévu. Alors qu'on s'attendait après la manne pornographique des premières années à ce que l'Internet ne soit guère plus qu'un lieu de recopiage des éditoriaux de Franz-Olivier Giesbert ou de Jacques Julliard, de discussion entre blogueurs à propos du dernier déodorant "Gucciotte" ou du dernier opus de Jean d'Ormesson, comme de gentilles petites femelles bien élevées par "Madame Figaro" ou "Psychologie Magazine"... ne voilà-t-il pas que certains malotrus en profitent pour propager des incivilités !?

    Quand le romancier Vladimir Volkoff il y a quelques années débarquait à la télé pour y balancer quelque opinion discordante, Guillaume Durand pouvait facilement monter un traquenard avec l'aide de ses larbins Antoine de Caunes et Karl Zéro pour casser la gueule en direct sur le plateau à l'impertinent. Dépassées les bonnes vieilles méthodes aujourd'hui.

    Mobiliser l'opinion publique française contre l'Iran demain s'avèrerait sans doute loin d'être une sinécure comme ce fut le cas naguère contre l'Irak. L'Internet donne comme qui dirait "du fil à retordre à Goebbels".

    Mais les blogues ne sont qu'un symptôme, et si l'on parvenait en France comme en Chine à couper certains fils, à censurer encore plus efficacement certains sites, cela ne changerait sans doute pas grand chose. D'une certaine façon les blogues permettent aussi de calmer la rage de ceux qui se sentent bernés par les médiats, rage qui trouverait peut-être d'autres moyens encore plus efficaces de s'exprimer.

    Un symptôme parce que la multiplication des théories du complot (systématiquement "jumelés") "complot antisémite/complot pro-Israélien", ne fait que révéler avec un temps de retard la guerre économique qui fait rage à l'échelle mondiale. L'information suit toujours les faits. Seule l'histoire permet de les précéder. C'est d'ailleurs pourquoi je me félicite de la méthode que j'applique depuis de nombreuses années en matière de complot : ne jamais me fier, dans un sens ou l'autre, à un témoignage filmé/télévisé. C'est le minimum pour ne pas être victime du viol médiatique totalitaire et exercer sa liberté autant que possible.

  • La télé ment toujours

    "Apocalypse" dans le poste de télé. Soif d'Histoire des Français médusés par les ingénieurs en blouses blanches qui ne veulent pas descendre seuls en Enfer. Plomb fondu dans les gosiers pour étancher cette soif.

    L'apocalypse, c'est-à-dire la révélation, n'est pas moins la paix qu'elle n'est la guerre. Tout dépend à quel camp on a décidé de vendre ou donner sa peau.

    "Sortez du milieu d'elle, ô mon peuple, afin de ne point participer à ses péchés et de n'avoir point part à ses calamités ; car ses péchés se sont accumulés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de ses iniquités. Payez-la comme elle-même a payé, et rendez-lui au double selon ses oeuvres ; dans la coupe où elle a versé à boire, versez-lui le double ; autant elle s'est glorifiée et plongée dans le luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil. Parce qu'elle dit en son coeur : Je trône en REINE ; JE NE SUIS POINT VEUVE et ne connaîtrai point le deuil ! à cause de cela, en un même jour, les calamités fondront sur elle, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu ; car il est puissant le [Seigneur] Dieu qui l'a jugée."

    Apocalypse de saint Jean, XVIII, 4-8.

  • Veille de l'Archer

    "Quand j'ai vu par la main cruelle du temps mutiler les trésors fastueux d'âges révolus et enterrés,

    Quand je vois qu'on abat des tours jadis altières, et l'éternité d'airain en proie à un cancer mortel ;

    Quand j'ai vu l'Océan vorace grignoter le Royaume de la terre,

    Et le marécage s'étendre sur le terroir ferme, l'abondance s'augmentant des pertes, et les pertes s'augmentant des provisions,

    Quand j'ai vu une telle inversion des pôles, jusqu'à l'Etat lui-même réduit à la décadence...

    La ruine m'a conduit à ressasser ceci : que le Temps viendra et m'enlèvera mon amour,

    Songe semblable à une mort, une pleurnicherie pusillanime pour obtenir ce que le songe lui-même fait redouter de perdre."

     

    W. Shakespeare, sonnet n°64 (trad. Lapinos) ; sonnet à rapprocher de "Hamlet", acte II, scène 1 : "To be or not to be..."

    Que ma traduction sans mesure ni rythme, opposée à d'autres, traduise correctement ou pas la pensée de l'auteur, les sonnets de Shakespeare et son intention didactique manifeste posent le problème de l'ambiguïté de la poésie, qui hésite entre deux formes d'abstraction contraires, deux idées de l'art universel opposées, qu'on ne peut pas traduire de conserve. De quelle façon l'unité peut être ce qui divise ?

    Shakespeare a-t-il voulu seulement charmer l'oreille de son auditoire ou allumer dans son coeur une flamme révolutionnaire ? Ou bien les deux en même temps ? Qu'est-ce qui prime ?

    Le genre poétique correspond assez à ce que François Bacon baptise "instance de la croix", c'est-à-dire le carrefour où les chemins se séparent en directions opposées (in : "Novum Organum")

    Compte tenu de la manière très chrétienne dont Shakespeare arrache son masque au temps tout au long de son oeuvre, comme un penseur matérialiste ; compte tenu de ce que les vers doivent à l'écoulement des heures, on peut honnêtement penser que la versification et l'harmonie ne sont pas le premier mobile de Shakespeare, plus près de vouloir retourner contre le diable ses propres armes, arc contre arc, flèche contre flèche.

  • Procès du cinéma

    Frédéric Mitterrand dans son rôle de ministre du Culte lorsqu'il blanchit Roman Polanski. Il n'y a pas plus pédérastique procès que le cinéma, qui perfectionne la mécanique de Proust. Les mille et une nuits des misérables "enfants-rois" du Capital, largués devant la télé.

    Presse un peu un cinéphile, il en sortira de la nostalgie sépia qui pue la mort.

  • Actualité de Lénine

    Les conclusions que les doctes experts mandatés près les chaînes de télévision publique pour causer de la Chine des généraux maoïstes (Jean-Marie Domenach) ou de la Russie de Staline, Lénine lui-même n'a pas attendu le déploiement ruineux d'un siècle de capitalisme pour les tirer :

    "(...) C'est précisément sur ce point, le plus important, le plus indiscutable peut-être de la question de l'Etat, que les leçons de Marx sont le plus oubliées ! Dans les innombrables commentaires populaires, pas un mot de tout cela ! Il est "d'usage" de se taire là-dessus, comme sur une "naïveté" surrannée, exactement comme les chrétiens, une fois leur culte devenu religion d'Etat, ont "oublié" les "naïvetés" du christianisme primitif et son esprit démocratique révolutionnaire. L'abaissement du traitement des hauts fonctionnaires semble la "simple" exigence d'un démocratisme naïf et primitif [démocratisme primitif dans lequel Lénine voit une étape par laquelle la Russie encore largement paysanne doit passer]."

    Petit extrait tiré de "L'Etat et la Révolution", nlle éd. 1925, chap. "Par quoi remplacer la mécanique d'Etat, une fois celle-ci brisée ?", extrait riche d'enseignements.

    D'abord on pige que ce bouquin est une lecture plus honnête que celle de tous les sociologues communistes actuels et passés, Daniel Bensaïd en tête, redevables pour leur part d'intelligence entièrement à Marx ou Lénine, exactement comme les branleurs Max Weber ou Durkheim, mais qui n'en réservent pas moins à Marx ou Lénine de petits sourires ironiques et blasés à l'évocation de leurs doctrines. Une fois la télé coupée, l'oeuvre de Marx écrase sous son poids de science les mimiques de la sociologie. La sociologie comme science autonome n'a pas d'autre usage, en définitive, que la tactique électorale. La sociologie accompagne le temps. L'histoire selon Marx est contre le temps et hors l'école ou l'académie, plus proche de Rabelais que de Mai 68.

    Crétin de la même trempe que les sociologues bourgeois, formé lui-même à l'école soviétique, A. Soljénitsyne a interprété l'attrait des Russes d'origine juive pour le communisme comme un attrait pour le "messianisme", alors que les Juifs russes n'ont pas été attirés par le communisme mais enrôlés, bon gré, mal gré, par l'appareil d'Etat soviétique, jusqu'à un retour de bâton identique à celui qui a frappé le garde rouge Soljénitsyne (Le cas de Trotski est non moins ambigu puisqu'il est une sorte de génie militaire avant tout, comme Hitler, Franco ou Napoléon, ce qui implique plutôt la science cartésienne que marxiste.)

    Pour dire que sociologies de droite et de gauche mènent au même genre de clichés historiques. Tous les sociologues et autres universitaires accrédités qui chapitrent les régimes communistes dans les médiats, Staline qui a aussi "bon dos" que Hitler désormais, tous ces fonctionnaires sont plus intéressés à la permanence de l'Etat que Lénine lui-même ; on peut même dire que, comme l'anarchie, la sociologie est une idéologie entièrement adossée à l'Etat. C'est bien pourquoi l'enseignement à "Sciences-po." ne dépasse jamais le stade du cliché sociologique : l'histoire de France par E. Zemmour ou Alain Minc. Y sera forcément passé sous silence le mobile industriel des guerres des XIXe et XXe siècles, avec l'aide du cinéma et des tas de cadavres de l'histoire-spectacle.

    *

    L'extrait recèle aussi que le communisme de Lénine repose presque aussi nettement que celui d'Engels sur une déception du christianisme, ou au moins le constat de sa subversion.
    En outre si Lénine peut prédire ce que nos experts se contentent de constater près d'un siècle plus tard, cela révèle le caractère non moins statique du capitalisme comparé au nazisme, animé par la même dynamique horlogère truquée. Et après l'histoire ? S'interroge le penseur radical-socialiste qui n'y est jamais entré, comme le bourgeois demande à sa bourgeoise si elle est heureuse après le coït dans les dessins de Forain.
    La qualification de "théocratie" est extensible aux Etats démocratiques dits "occidentaux" concurrents de la Chine et de la Russie, qui pourraient recevoir des leçons de censure par le divertissement médiatique de l'Occident - il est temps que la Chine se mette à la révolution sexuelle, au football, au cinoche et aux "Beatles" si elle veut parer tout risque de changement, surtout intellectuel, le plus dangereux pour l'industrie capitaliste en ce qu'il détourne de la soif de l'or et excite la peur du lendemain, sur quoi la matrice du Léviathan capitaliste repose. Quel est l'intérêt pour des Chinois dont les candidats français à l'investissement industriel en Chine nous disent qu'ils se sont considérablement enrichis au cours des dernières années, d'essayer d'imiter en tout leurs alliés yankis, pornocrates puritains fatigués ? D'autant plus qu'on prédit le tarissement de l'or noir. En réalité les Chinois n'ont plus le choix ; il ne leur reste plus que la mécanique, l'existentialisme en dernier recours, religion des esclaves du veau d'or.


    - Il est clair aussi dans ce passage que la dynamique de Marx va à l'encontre de la réflexion, de la spirale du temps qui courbe la tête de ses valets de plus en plus vers le sol, puis vers le centre froid de la terre où règne l'idée en maîtresse hideuse (la charogne de Baudelaire). L'autruche a déjà la tête dans le sable. L'Etat laïc totalitaire ne fait en effet qu'éradiquer la science comme auparavant, s'enracinant dans la terre, jusqu'à faire couler le sang païen dans toutes ses veines, l'Eglise a éradiqué la révélation, l'échangeant contre un culte des morts odieux, qui fait bien l'affaire des assassins en uniformes qui grouillent comme des insectes à la surface du globe.

  • Pour un art communiste

    "L'Art sans l'argent est une utopie" : suis pas étonné d'entendre ce truc dans la bouche d'un cinéaste franco-roumain-barbichu-subventionné, défendant la loi Hadopi pour le compte des cartels de l'industrie du divertissement.

    En dehors des régimes totalitaires, le cinoche n'aurait même pas lieu d'être. Modèle d'art génital, il recoupe à merveille la dynamique truquée, la fausse dialectique nationale-socialiste indexée sur le temps. Même un cinéaste d'une intelligence inhabituelle pour un cinéaste -Chaplin-, ne dénonce Hitler qu'après sa chute, servant ainsi les intérêts de la tactique yankie du "sépulcre blanchi à la chaux" plus efficacement que le gouvernement US n'aurait pu le faire avec ses propres films.

    Derrière les "éléments atomiques" censés fonder le néo-paganisme dans le matérialisme, se dissimule (bien mal) une statistique en branle - c'est à dire un archaïsme total. Il n'y a pas de culte plus animiste que celui rendu à Dionysos, qui suit nécessairement celui d'Apollon. Le païen d'opérette Frédéric Nitche n'est pas capable d'envisager l'art autrement que sous l'angle de son asservissement à la politique (Apollon) ou à la morale (Dionysos). Et cette raclure de Nitche prétend avoir lu Shakespeare, qui ne cesse de dire que la politique vient de l'orgie et de l'inceste, et qu'elle y retourne comme suppôt va en Enfer !

    Quant à la musique, l'amplitude de sa marée a toujours été, au cours de l'histoire moderne, signe de l'asservissement du plus grand nombre à la matrice de l'Etat, aux "valeurs actuelles". La transe du pianiste peut être prise pour le symbole de l'aliénation des foules. Le musicien est celui qui consent à se laisser dominer par son âme et, partant, à la symétrie. "La France contre les robots", certes, mais avant d'être contre les robots, la France est contre les violons ; au-delà ce n'est plus qu'une Allemagne ordinaire, dont on peut s'amuser à quarrer l'identité pour tuer le temps, non pas "après l'histoire", mais une fois l'histoire évacuée par le fonctionnaire nazi.

    Bien avant l'idolâtrie de Staline par Aragon, Eluard ou Sartre, le régime oppressif de Louis XIV, sous le signe satanique d'Apollon, ne connaît pas par hasard le débord musical et le retour en grâce d'une théologie sado-masochiste arriérée ; sans oublier le basculement dans le néant de Blaise Pascal, le triomphe du grammairien stupide, l'intérêt de la grenouille de bénitier Gassendi pour l'épicurisme...

    Pédérastique le cinéma, pédérastique sa dévotion pour l'Etat. Ce qu'il est utopique de croire, c'est que le cinéma n'est pas essentiellement pornographique et publicitaire.

    Shakespeare, Dürer, Michel-Ange, Ingres : les plus grands artistes agissent pour l'art contre l'argent.

    - Mais ils sont payés, ils palpent les artistes ! dira le premier beauf binaire mandaté par le capital pour parler en son nom sur "France Télévision"... il est payé en espèces sonnantes et trébuchantes, pour mieux affirmer l'accointance de l'artiste avec Judas et qu'il est une pute comme tout le monde. Bien sûr qu'ils sont payés, bien sûr que l'artiste a l'intelligence de ruser, de composer avec les puissances qui depuis toujours - depuis Ulysse - complotent pour l'assassiner. La ruse en cas de nécessité, qui fait de la mort une loi, sans quoi l'artiste ne serait pas moins imbécile que ceux qui tentent de le manoeuvrer. Crève le poète Achille, avide de gloire, de s'être mis au service d'Agamemnon et s'être ainsi comporté en vulgaire Troyen.


  • Ithaque ou l'hadès

    Raté l'essai sur Homère de Marcel Conche (Conche dont l'enseignement a donné la philosophie d'A. Comte-Sponville, tête de gondole acharnée à prouver que le capitalisme est "amoral", quand la loi naturelle du Capital se résout entièrement à une matrice de morale puritaine, dans laquelle Comte-Sponville a la tête enfoncée jusqu'à la clavicule ; c'est même précisément ce qui empêche le dernier pape romain de condamner chrétiennement comme une entreprise de racket à l'échelle mondiale -"Qui veut gagner sa vie la perdra"- le capitalisme totalitaire, pour ne pas se tirer une balle dans le pied.)

    La dédicace du bouquin (PUF, 1999) est "à Mlle Tronchon du lycée de Tulle" : chacun son Hélène de Troie.

    Car Conche ne parvient pas à démêler clairement le rapport entre les héros grecs et leurs dieux. Indifférence ? Cruauté ? Intérêt mutuel ? Conche finit par se rabattre sur la vieille idée romaine du "destin", alors même que c'est la distance d'Homère et des tragédiens grecs de l'idée de destin qui rend la littérature grecque si moderne, plus moderne que la littérature latine (Homère enfonce Virgile). Il ose même intituler un de ses chapitres de la manière la plus baroque qui soit : "Ulysse et le pessimisme d'Homère". Ulysse qui ne croit pas à la mort !

    Chap. "Le moment dialectique dans l'Iliade" : "Mais que faut-il entendre par "moment dialectique" ? Il consiste en ceci, nous dit Hegel, que les "déterminations finies se suppriment elles-mêmes et passent dans leurs contraires" (...). Il donne en exemple la vie, qui ne reçoit pas la mort comme quelque chose d'extérieur, mais qui, "comme telle, porte en elle le germe de la mort". Ces deux contraires, la vie et la mort, ne sont pas simplement deux, mais deux en un : chacun est l'autre "an sich" (virtuellement)."

    Sur le sol allemand (gorgé du sang d'Ajax), Herr Conche se montre plus précis. Mais pourquoi diable appliquer à Homère la grille de lecture nazie d'Heidegger ou Nitche ? D'autant plus que Hegel définit ici la dialectique comme ce qui n'est pas la dialectique pour Aristote, mais précisément son contraire, à savoir le raisonnement mathématique. La seule substance dans l'idéologie du "moment dialectique" de Hegel, c'est le cadavre. D'où sa trigonométrie nazie de l'histoire. La science subjective laïque, "figure à plat sur le miroir", se charge d'ailleurs, de Darwin à Einstein ou Freud en passant par la physique quantitative, de restaurer une sorte de destin "descendental", d'hadès algébrique.

    La seule leçon à tirer de Conche est par la bande (comme toujours avec les Béotiens qui ne font qu'ériger le tapis vert et le billard en religion ésotérique et sectaire) : Homère est plus près d'Aristote que de Socrate ou Platon.

    J'ai oublié quel pacifiste a prétendu qu'on aurait pu laisser l'Allemagne envahir la France sans opposer de résistance, que de toutes les manières la culture française aurait fini par l'emporter sur celle de nos cousins germains qui en étaient avides. Intention admirable, mais raisonnement nul, car on voit bien que non seulement les Boches ont perdu la guerre, mais que leur culture a triomphé sans peine des quelques résistants : Bernanos ("Le hasard est le dieu des imbéciles"), Simone Weil ("Max Planck est un abruti"). L'idée de culture même est une idée nazie ou soviétique.

  • Shylock's ruling

    Virtuous circle is vicious circle for Shakespeare and vicious circle virtuous. Wether you think Einstein's trick is bullshit as I do or not -trusting this Music Master-, one must admit that the Center is as much Power as Virtue as Vice: great illusion of Policy. Leviathan probably goes to Hell, with light doubt it is not from Heaven.

  • Jugement dernier

    Lourde responsabilité des partisans démocrates-chrétiens du Pacte Atlantique dans la justification chrétienne des "opex" militaires françaises en Afghanistan. Reportage dans la gazette "Famille chrétienne" (26/9-2/10) sur les grenouilles de bénitier sentimentales épouses de bidasses dont les maris partent chercher fortune aux bordels exotiques financés par l'or noir et le plutonium. Le prêtre n'est plus contre la partie génitale de l'humanité, mais il asseoit désormais au contraire ses sermons dessus.

    Du nationalisme crétin de Philippe de Villiers, on doit dire qu'il n'ajoute à la théodicée plus totalitaire de Jacques Attali que l'ignorance des principes géodésiques et polytechniques élémentaires qui fondent tout droit national. Les Etats sont des monstres froids, certes, et même Kouchner ne s'en cache plus, mais à cette loi s'ajoute que la baleine finit toujours par dévorer les petits poissons.

    Quant au civisme laïc, celui d'Hitler lui-même, frappé de la roue du temps, n'a pu être jugé qu'"a posteriori". A priori ses raisons sont les mêmes de s'emparer du sous-sol russe : le bonheur des Allemands. La mélodie nazie est une mélodie du bonheur.

    De la théologie démocrate-chrétienne -il vaut mieux parler d'existentialisme-, on peut se demander si elle n'est pas entièrement conçue pour mettre le Nouveau Testament entre parenthèses. En ce qui me concerne, depuis qu'il m'a été donné de lire dans "Valeurs actuelles" il y a quelques années, sous la plume d'un de ces exemplaires démocrates-chrétiens parfaitement désintéressés de la vérité que "le Christ prescrit de payer l'impôt à César", ma religion est faite. Même Ben Laden serait mieux fondé à se prévaloir de la croisade de Bernard de Clairvaux, dont il n'atteint pas encore la mesure de sang.


  • Feu sur le Ramadan !

    La confiance utopique de Tariq Ramadan dans une possible "neutralité" de l'Etat laïc français, garantissant la liberté de culte, est typiquement mahométane. On retrouve néanmoins un tel a priori favorable vis-à-vis de l'Etat dans d'autres religions judéo-chrétiennes proches. Le jansénisme en France, théologie de la secte de Port-Royal-des-Champs (tout un programme) a ressuscité durablement le providentialisme médiéval au XVIIe siècle, rompant avec l'humanisme de la Renaissance. Sainte-Beuve a fourni une analyse sagace bien que partisane de l'idéologie janséniste. Cette analyse permet d'entendre tout ce qui lie le XIXe siècle romantique et bourgeois au "Grand Siècle" de l'absolutisme, par-dessus les "Lumières françaises" du XVIIIe.

    Le providentialisme, emprunt médiéval à la philosophie païenne romaine, en tant qu'il est procès de sacralisation du pouvoir politique, est inévitablement présent dans toutes les doctrines religieuses à tendance théocratique. Donc dans l'islam ou "les islams". Mais la philosophie nazie de G.W.F. Hegel, la morale existentialiste qui en découle est la déclinaison ultime de cette conception théocratique.

    Ce providentialisme peut aussi être comparé à une sorte d'idée maçonnique chrétienne, qui prête à la politique, qu'elle soit abstraite ou s'incarne dans un homme (ce qu'une idéologie peut difficilement éviter), qui lui prête peu ou prou le rôle de démiurge, de "grand architecte" traçant les plans du monde. Poussée à son point de rigueur et d'absurdité extrême (c'est ce qui en fait toute la valeur), le franc-maçon suisse Joseph de Maistre (cette géodésie totalitaire n'est pas sans rapport avec l'horlogerie) s'est fait le porte-parole d'une version quasiment "ottomane" de la France chrétienne (dont Baudelaire, sous l'influence délétère des spéculations juridiques de J. de Maistre, avoue le caractère satanique ; "Le prêtre, le poète et le soldat", ainsi Baudelaire résume-t-il l'arrière-plan moral et politique de son romantisme, plus romain que chrétien par conséquent).

    J. de Maistre se rêve en éminence grise d'un homme providentiel, Napoléon fournissant un exemple de criminel de guerre à la hauteur de son espérance (L'espèce de fièvre mystique de J. de Maistre évoque celle de Goebbels ultérieurement, même si la haine systématique de l'art, trait dominant chez de Maistre -haine quasi proustienne- fournit "a contrario" de précieux renseignements sur ce qui échappe au domaine de la seule mécanique ou du droit. La s–ret‚ du mauvais goût de cet horloger savoyard force en effet l'admiration.)

    A juste titre, Voltaire voit dans le jansénisme une sorte de reviviscence du judaïsme, iconoclaste et destructrice pour l'histoire. De fait le romantisme ne fait que sonner le glas de l'art, dont le cancer remonte à la période baroque. Rares sont les critiques qui au cours des derniers siècles ont su discerner dans la peinture de Rembrandt ou Rubens, par-delà leur virtuosité, les marques du délitement musical de l'art.

    Le contrat social de J.-J. Rousseau en revanche se rapproche assez de l'idéal de T. Ramadan. La rhétorique laïque grossière d'Eric Zemmour (petit "soldat belge" du cartel médiatico-militaire Dassault - "On n'est pas couchés", France 2 le 26 sept.) qui lui est opposée, T. Ramadan doit la prendre pour ce qu'elle est : un discours RELIGIEUX évacuant l'histoire, par quoi TOUTE thèse d'un pouvoir temporel neutre, repérable à son caractère statique, devra nécessairement passer. L'idée païenne du destin, véhiculée par Hegel jusqu'à nous sous la forme du providentialisme est en effet incompatible avec la recherche d'une logique historique. La propagande cinématographique capitaliste a poussé loin comme sa grande soeur nazie la destruction de la science historique, sans compter la tentation totalitaire récente de légiférer sur l'histoire.

    En l'occurence l'effacement des crimes de guerre atroces de Napoléon (ou de Gaulle) par Zemmour*, le refus d'en tirer la leçon (et au premier chef de voir la troublante ressemblance entre le régime napoléonien et le régime nazi, parfaitement équivalents sur le plan philosophique) s'apparente non pas à du "négationnisme", mais carrément à une négation cléricale de l'histoire elle-même.

    Goebbels pas mort !

    Deux exemples de mensonges grossiers, propagés à la vitesse du son par les médiats :

    1/ L'opposition binaire sans cesse réaffirmée entre un Etat "garant de l'intérêt général" et de grands groupes industriels et bancaires menant leur barque à leur guise - contre l'évidence que ces deux systèmes centripètes s'inscrivent dans le même cercle et ne peuvent être compris séparément. Pas de dictature ou de totalitarisme sans le sophisme, même sous-jacent, de la "loi naturelle". Le projet économique capitaliste COMME la doctrine de la nation laïque projet‚e vers l'avant reposent sur l'idéologie de la "loi naturelle" ; une loi naturelle d'engendrement, dont il faut avoir lu Aristote comme Marx pour comprendre qu'il s'agit d'un mouvement inéluctable de corruption. Shakespeare lui-même a vu venir cette pourriture et la nomme "Danemark", en référence à l'Apocalypse de Jean. Croire au destin revient à s'y soumettre. La mort préside au capitalisme comme au nazisme auparavant.

    Le voile de ténèbres baroque a ressuscité dans une Europe qui les avait vaincus, à l'instar des Grecs plus de deux mille ans auparavant, la fortune et le destin romains. Hitler n'est qu'un pion dans ce jeu d'échec.

    Complot médiatique contre la science traduite comme un complot

    Une illustration : le philosophe Luc Ferry, ex-ministre dont la philosophie est tellement circonscrite qu'elle possède toutes les caractéristiques d'une religion d'Etat elle aussi, ce clerc légitime à mots à peine couverts l'interdiction (renforcée récemment) faite aux parents d'élèves de concurrencer l'Education nationale en enseignant directement leurs enfants, par la raison que cette institution est la meilleure garante de la diffusion d'un idéal républicain commun. Libérer l'enseignement reviendrait à mettre en danger la foi dans l'Etat garant des libertés individuelles et de l'intérêt général, et n'irait sans doute pas dans le sens "capitaliste" qui est celui de Luc Ferry. La libre concurrence des idées est une liberté que l'Etat libéral totalitaire réprouve.

    2/ Deuxième mensonge convergent et aussi grossier, le mensonge selon lequel la "Révolution de 1789" marquerait un virage "humaniste" dans l'histoire de France, et même, la franchouillardise débridée de certains laïcards aidant, dans l'histoire de l'Europe, malgré le retard de plus d'un siècle de la France par rapport à l'Angleterre sur le terrain des idées et des efforts de la classe bourgeoise pour s'emparer du pouvoir. Si Tariq Ramadan a étudié de près la litt‚rature française comme il prétend, il peut constater :

    - que les régimes bourgeois qui ont suivi de près la Révolution ne correspondent en rien aux idées de Voltaire ou J.-J. Rousseau ; Napoléon et sa polytechnique assassine sont typiquement inspirés par la philosophie romaine - jusqu'à Stendhal qui prétend s'inspirer de la prose du code Napoléon ; tandis que Voltaire prend ses distances avec la théodicée germanique de Leibnitz :

    - que la France n'a jamais connu depuis la Révolution un régime de liberté d'expression aussi large que celui qu'elle connut sous Louis XV. Si Voltaire souhaite la libéralisation du régime de Louis XV, encore trop autoritaire à son sens, ni lui ni Diderot n'ont été traqués par la censure comme Marx et Engels l'ont été dans toute l'Europe il y a un siècle et demi seulement, à une époque où la presse représentait une force libre de contestation, danger écarté pour l'oligarchie désormais, notamment du fait de la fin de la lutte des classes en France dès le milieu du XIXe siècle (Déjà du temps de l'ORTF le danger n'existait pas, et personne n'a jamais vraiment pris la menace révolutionnaire des foules d'étudiants de Mai 1968 au sérieux, en dehors de de Gaulle lui-même et de quelques "bons pères de famille" bourgeois, vite rassurés.)

    Existentialisme et pédérastie

    La "révolution sexuelle" a d'ailleurs un aspect pédérastique notable, et nul n'est plus porté à se prosterner devant le Léviathan qu'un pédéraste (Il existe même une association de "gays" chrétiens baptisée... "Jonas" ; Jonas est d'ailleurs le "Juif errant" contre lequel la révolutionnaire Simone Weil a les mots les plus durs, ne le cédant en rien à Voltaire pour ce qui est de l'antijudaïsme. On peut fort bien s'abstenir de stigmatiser les "gays", tout en soulignant à quel point leur sexualité repose sur l'angoisse, et combien la propagande totalitaire joue sur le registre de la sécurité civile. Du reste l'homosexualité, déterminisme inventé au XIXe siècle, n'est que la conclusion rationnelle du mariage ; les pédérastes sont probablement beaucoup plus sensibles que d'autres au caractère incestueux d'une sexualité "hétérosexuelle". Moi-même j'ai fréquenté quelques pédérastes dont les mères ressemblaient comme deux gouttes de sperme à la puritaine BCBG Christine Boutin.

    Toute la philosophie existentialiste ou presque, d'ailleurs, qui est une théologie chrétienne invertie, peut être résolue à une sorte de querelle familiale intestine. Le problème que se pose la philosophie laïque de la "fin de l'histoire" (sic) et la question de savoir ce que devient la famille au-delà de la pédérastie, ces deux problèmes n'en sont qu'un, parfaitement grotesque. D'une part parce que la philosophie et la science la‹ques se sont toujours tenues à l'écart de l'histoire ; d'autre part parce que le droit de la famille est un principe de dérogation à l'inceste qui évolue au gré de l'organisation patrimoniale et politique.

    Existentialisme et pédérastie peuvent être compris ensemble comme le triomphe apparent de Dionysos sur Apollon (Dans le seul but pour Apollon d'asseoir plus solidement son pouvoir ; la République bourgeoise n'a pas inventé l'idée de substituer pour une plus grande efficacité le divertissement à la terreur policière.)

    La voie antiromaine

    Le progrès de l'islam ne peut se faire que dans le sens d'une reconquête scientifique, d'une théologie de la Libération par la science. Même si l'interdiction formelle de servir deux maîtres -Dieu et César- n'est pas dans l'islam comme elle est dans le Nouveau Testament chrétien, l'histoire montre que les autorités politiques font toujours un usage policier des doctrines religieuses, jusqu'à les subvertir complètement comme c'est le cas avec le national-socialisme de Hegel et ses lieutenants du désordre que sont les philosophes existentialistes, amphigouriques suppôts qui ne se connaissent pas eux-mêmes. Et la science est forcément un combat, comme le révèle la vision de Jean, car de la Libération les systèmes étatiques fondés sur la peur ne veulent pas.

    Sur le chemin de cette reconquête, il est d'ailleurs un savant musulman qui pose de très sérieux jalons : Averroès, "au seuil de l'histoire", et donc de la révélation, moins près de la pente théocratique que ne l'est Thomas d'Aquin lui-même. Un thésard démocrate-chrétien pas très sérieux (Rémi Brague) a tenté récemment à coup de néologismes vaseux de démontrer l'apport décisif de Rome à la civilisation européenne ; thèse proche de celle du pape Benoît XVI, parfaitement antihistorique comme toute thèse boche qui se respecte. Le pape n'hésite pas d'ailleurs à se référer à des philosophes parfaitement abscons comme Adorno ou Horckheimer, Popper, Heidegger, branleurs de l'espèce susdite qui font regretter amèrement au Français que je suis que toute la philosophie allemande et pollack ne se soit pas suicidée à la suite d'Hitler et de son état-major, au lieu d'émigrer aux Etats-Unis.

    Non, ce qui caract‚rise la pensée occidentale, comme Aristote en son époque décadente, en quoi elle est différente des pensées orientales ou romaine, c'est bien plutôt par son matérialisme radical, celui de François Bacon (ennemi juré de J. de Maistre) ou de Karl Marx (On en décèle notamment la radicalité au fait que, contrairement à la très grande subjectivité des philosophes épicuriens ou romains, Aristote comme Bacon -la dialectique marxiste-, excluent l'idée animiste de vide, déguisé en "Néant" dans la mystique providentialiste, qu'elle soit chrétienne, nazie, athée, capitaliste. Ce qui me fait dire que Bernanos ne va pas assez loin, parlant du hasard comme "le dieu des imbéciles", car un chrétien doit savoir reconnaître Lucifer dans la roue de Fortune et ses rayons puissants.

    *Pourquoi Zemmour peut exprimer publiquement chaque samedi soir des idées qui ont valu récemment à Le Pen les foudres de l'Inquisition médiatique ? Cela dit presque tout de la société civile française depuis la Libération. Phénomène Zemmour-Le Pen analogue à la condamnation de Louis-Ferdinand C‚line pour propos antisémites et l'absolution des industriels de l'automobile et de l'aviation ayant pourtant mis leur polytechnique de mort au service de l'Allemagne nazie. Industriels actifs pour ce qui est d'exciter le patriotisme vindicatif, mais dont la seule patrie est l'argent.
  • Goebbels pas mort

    Dominique Wolton, fonctionnaire d'expression bureaucratique, tente de convaincre ses confrères que l'Internet recèle une menace pour la corporation des journalistes. A trop recevoir d'informations contradictoires, le robot-citoyen va en perdre son latin et cesser d'exécuter le programme. L'information a vertu de leurre de l'opinion publique.

    En réalité, les médiats avaient déjà grillé leur circuit avant l'apparition de l'Internet. Le poids des cartels militaro-industriels dans la presse était déjà évident. Par ailleurs l'Internet reste assez verrouillé pour que le PS puisse jouer ce double-jeu de condamner le principe de l'invasion de l'Afghanistan dans les médiats, tout en votant les crédits militaires qui permettent cette invasion. Aussi affaibli soit le PS en ce moment, les cartels ne peuvent s'en passer pour le cas où Sarkozy serait brutalement déstabilisé par une plongée encore plus brutale dans la crise. C'est tout le sens des messages subliminaux adressés par le PS au patronnat, qui continue de plastronner sur TF1 en pleine déconfiture financière, comme le FMI après avoir ruiné l'Argentine, l'Onu après avoir laissé le génocide rwandais se dérouler sous ses yeux, etc.

    Le totalitarisme ne passe pas par la destruction du livre comme dans la métaphore d'Orwell, mais plutôt par l'accumulation de faux livres, de livres écrits en haine de l'art par des flics, par-dessus les vrais livres. L'oeuvre de Proust est typique de cette littérature policière qui exprime le fétichisme du langage, jailli du fond du cabinet de Proust contre la critique de Sainte-Beuve, qui a seulement le tort d'être de Proust d'érafler ses joujous d'enfance. Le critique E. Nolleau faisait remarquer récemment à Philippe Delerm que la première gorgée de bière n'est pas plus un sujet qu'un furoncle mal placé. Mais la philosophie de curé janséniste de Sartre est du même ordre : par quel moyen retrouver l'odeur de vulve de maman en dehors d'embaucher une papy-sitteuse prénommée Simone, bonne-soeur laïque en diable, exactement le genre dont les familles aristocratiques se débarrassaient au moyen âge en les expédiant au couvent (Ophélie dans "Hamlet" dont le caractère est un mélange, précisément, d'érotomanie et de puritanisme).

    Les exemples de pédophilie littéraire abondent : Nitche, Sartre, Houellebecq, BHL, Alexandre Jardin, Matzneff. A chaque fois on est assuré de trouver le caractère pédérastique qui traduit le stade génital de la pensée. Nul n'est mieux disposé à consentir à l'aliénation que le pédéraste-écrivain.

    Les fétichistes du langage et des idées comme Wolton, qui pensent que les mots naissent dans les choux ou dans les roses, ont souvent du mal à manier la syntaxe, jusqu'à la caricature chez Finkielkraut et le "chevalier du subjonctif" Eric Orsenna ; au point de donner l'impression d'entretenir un dialogue de sourds avec eux-mêmes.

    A quoi bon l'accumulation capitaliste ? Cela revient au même de se demander d'où viennent les mots. Totems et tabou : le totalitarisme doit resté crypté. C'est toujours sur le mode du court-circuit que le clergé d'une secte opère ; court-circuit des mots qui coupe de la réalité. Philologues et sociologues jouent dans la religion laïque le rôle des clercs qui transforment au Moyen âge le Nouveau Testament en talmud chrétien.

    Pythagore et sa secte fournissent le modèle archaïque de secte démoniaque fétichiste dont la science suprême est la science de soi-même : le miroir de Narcisse. Les branleurs de la physique quantique annoncent dans leurs gazettes navrantes sans se douter de rien leurs dernières découvertes dans le domaine de la CRYPTOGRAPHIE (!), façon d'avouer que pour eux la nature demeure une énigme, le pur reflet de leurs fantasmes.

    Nul n'a besoin d'être "informé" comme un robot le doit, à flux électrique continu. L'outil de sidération n'est bien sûr pas l'Internet. Que des starlettes comme Eric Orsenna ou Finkielkraut, Wolton, Maurice Dantec, pointent du doigt le ouaibe avec mépris et de façon hostile du haut de leurs chaires médiatiques est plutôt bon signe, le signe que la boutique de prêt-à-penser a flairé la banqueroute.

  • Retour du "Titanic"

    Le cinéma est comme les rêves, hanté par la mort. Dormir du sommeil du juste, c'est dormir sans faire de rêves, et surtout pas celui d'Orphée.

    Le cinéma possède même la vertu, comme son frère le songe, de prémonition : c'est le "Titanic".

  • Shylock en "prime-time"

    Première ligne de défense du système capitaliste : les soi-disant "économistes" au service des cartels -Jacques Attali, Alain Minc, Philippe Manière, Jacques Marseille, Daniel Cohen...-, qui non seulement ont répandu leurs idéologies keynésiennes ou physiocratiques dans l'Université, jouant le rôle d'huile de moteur, rabotant les intelligences tant et tant, mais continuent de s'accrocher mordicus à leurs martingales !

    Karl Marx prévient déjà contre la perfidie particulière des sociaux-démocrates, plus nocive à ses yeux que l'imbécillité des derniers réactionnaires ayant coupé les ponts depuis longtemps avec la réalité, privés de toute capacité de nuisance. L'encyclique socialiste de Benoît XVI accuse en effet près de cinq siècles de retard sur les menaces plus sérieuses de Martin Luther à l'encontre des usuriers et spéculateurs boches. C'est avec sept siècles d'avance quant à lui que le Dante promulgue ses décrets d'exil dans l'Enfer des papes, clercs et édiles simoniaques, sans attendre que la grande truanderie capitaliste devienne un modèle de vertu.

    *

    Le dernier subterfuge est signé Daniel Cohen : faire gober aux téléspectateurs qui subissent depuis cinquante ans le lavage de cerveau à l'échelle industrielle du cinéma et du slogan publicitaire, que le dérapage a pour nom l'apprenti-escroc Jérôme Kerviel et tous les petits joueurs de sa génération et de sa catégorie qui spéculent sans scrupule. L'audace de ce Cohen n'a d'équivalent que celle de son comparse J. Attali, qui continue comme si de rien n'était de fourguer sa théodicée totalitaire de coeff. x.

    Toujours opposer à l'idéologie l'histoire. L'histoire est dialectique, l'idéologie chronologique.

    Dès la régence de Louis XV, comme le centralisme étatique accru depuis la Florence de Dante permet un embryon de politique de flux monétaire, tous les ingrédients du crime capitaliste contre l'humanité dans sa version française sont réunis, à savoir :

    - les mathématiques cartésiennes et l'idéologie physiocratique, qui ont pour effet de conférer aux artéfacts libéraux un caractère naturel, voire "mystique" puisque le clergé piétiste ou janséniste joue un rôle non négligeable dans la diffusion des idées libérales (la brève alliance du Régent et des dévôts a même ressuscité des pratiques chrétiennes à la limite de la sorcellerie dont on ne peut s'empêcher de voir l'équivalent dans la culture populaire aux Etats-Unis actuellement, qui mêle aussi superstition religieuse et économique, avec même des fonds de pension baptisés "Marie, Reine du Ciel" -mélange qui choque même les mahométans, bien qu'ils n'ont pas les mêmes raisons que Marx ou Dante de repousser le capitalisme avec horreur, au nom de la Charité et de l'Esprit.)

    - le racket colonialiste ; le système de l'Ecossais John Law, qui séduisit la chienlit des aristocrates français, est inconcevable sans le miroitement des richesses toutes virtuelles de l'Eldorado et de la Compagnie des Indes française. Dans l'embolie cérébrale capitaliste plus récente, l'or ne fait que changer de couleur. L'investissement capitaliste dans son ensemble est "vertueux" ou "virtuel", c'est-à-dire fondé sur la perspective d'engranger au-delà de la mise.

    - comme le racket capitaliste a enrichi aussi indirectement les pays pauvres au cours des derniers lustres (en tirer de la part des banquiers une fierté morale est sans doute le comble du pharisaïsme), le modèle réduit de John Law à l'échelle française a valu d'abord fortune à ses souscripteurs, et retombées positives pour leurs valets... jusqu'au collapsus. Même le petit renard argenté Alain Minc, avec son air chafouin de se faire passer pour marxiste, ne fait que répéter l'astuce de Law-le-bien-nommé.

    Le joueur de poker qui laisse un bifton au clochard qui fait la manche à la porte -hypothèse assez théorique-, cela ne fait pas moins de lui un scélérat et un aliéné en puissance. Entre le capitalisme et le joueur de poker, il n'y a qu'une question d'échelle. Comme au poker, le meilleur "bluffeur" est celui qui a des cartes en main le plus longtemps ; chutent d'abord les "innocents" comme Kerviel. Question "bluff" Daniel Cohen n'est pas mal non plus.

     

     

  • Philologie, ma haine

    La philologie est le divertissement le moins sérieux du monde, et si Dante revenait il flanquerait sûrement "Philippe Sollers et les Quarante Voleurs" au tréfonds de son "Enfer" glacé, avec tous les carreurs de cercle et de corne "in secula seculorum".

    - "Société du spectacle" : l'expression ne convient pas, car elle oblige comme l'abruti pédérastique Frédéric Nitche à qualifier la tragédie grecque d'art "dionysiaque", à répéter l'attentat permanent de la culture bourgeoise germanique contre l'art. Sophocle confondu avec un toréador ou "Oedipe-tyran" avec "Intervilles".

    - "Société de consommation" : ici c'est l'aspect de l'épargne et du vol qui est dissimulé, primordial dans le capitalisme, avant le gaspillage et le poker menteur de la "Société Générale". Indissociable l'épargne de la consommation, comme l'anorexie de la boulimie, ou le puritanisme de la pornographie, qui ne paraissent raisonnables que dans un mouvement de descendance (comme la raison du droit ou de l'idéologie romaine, c'est l'héritage, fondateur de la "société").

    - "Dissociété" : c'est le plus nul -du branleur puritain Jacques Ellul, me semble-t-il-, puisque la zizanie est politique, et que lorsqu'on ne parle plus de "cité" ou de "politique", mais de "société", c'est que le cadavre est en état de décomposition avancé, et Marcellus la tête si profondément enfoncée dans les détritus -et depuis si longtemps-, qu'il ne sent plus la puanteur du Danemark.

    Ajoutons que l'esprit de dissimulation de la sociologie et des sociologues est analogue à celui des philologues ou autres linguistes. On peut poser que tout art, dans une société totalitaire, est "sociologique" ; quand il ne l'est pas, comme la doctrine marxiste, les sociologue se mettent en quatre pour le transformer en une telle daube : c'est exactement le travail auquel se sont livrés les philologues Balibar ou Althusser, ou encore le sociologue -à moins qu'il ne soit sociophile- Derrida : tanner la peau de Marx jusqu'en faire une descente de lit socialiste. Le sociologue fait le boulot que se coltinait le dominicain au XIVe siècle : faire coïncider par tous les moyens la jurisprudence et le code avec le Testament chrétien.

     

  • L'Art et les cochons

    Rien n'est plus libre de droits et de devoirs que l'art, même si le Code pénal rêve d'en faire un divertissement de bon père de famille. "Royalty" dit tout (voilà pourquoi Shakespeare n'aime guère Virgile).

    On peut ironiser sur ce que François n'aurait osé imaginer que Frédéric s'empresse d'inventer. Le mieux est de s'en tenir au rejet messianique par l'art de la politique et de sa mécanique.

  • Hamlet & Ben Laden

    - Why is Bacon-Shakespeare so interesting? Because he is the perfect contradiction to US-theocracy. I mean: more than Ben Laden does.

    - Sex is statistics for Bacon, and statistics is Death. Einstein's mathematics are about his own sexual obsession. No body is concerned by this trick except those who want to run faster to Death.

    - After betraying his own master Francis Bacon, whoreson T. Hobbes wrote this (that does regard everyone who is living in a Theocracy as a monkey in Noah's Ark: 'Hell is truth seen from the back.'

  • Eternel retard

    Dans le brouhaha médiatique, une partie du discours de Dakar rédigé par H. Guaino pour Sarkozy m'a échappé : la partie théoriquement valable dans laquelle Guaino à travers Sarkozy oppose l'histoire au mythe de l'éternel retour. Rien que pour ça, je me sens obligé de rendre un hommage discret à Sarkozy & Guaino, tant ce type de discours critique est rare de la part d'un chef religieux (si Sarkozy est plus "naturel", Guaino a tout à fait la dégaine d'un "monsignore" en tenue pourpre ou écarlate).

    Combien de curés démocrates-chrétiens ou nationalistes n'ai-je pas moi-même maudits à voix basse ou à voix haute à cause de leur apologie de la morale païenne et pédérastique de Nitche ? Cette apologie insane de F. Nitche permet néanmoins de comprendre indirectement pourquoi toute Eglise ou secte a tendance à se garder de la science historique comme d'une peste, jusqu'à finir par tomber comme ce fut le cas avec cette grenouille de bénitier idolâtre de Jean Guitton, dans la chronologie - pour ne pas dire la chronolâtrie.

    *

    La théologie marxiste de la Libération est de fait porteuse à la fois de la mort du clergé et des compromis théologiques avec les architectures païennes diverses, dont la métempsycose, qui ressurgit dans la "Phénoménologie de l'esprit" de Hegel. La conception esthétique de Hegel est typiquement une conception anti-historique qu'on peut qualifier de "statique". Au mépris de l'observation historique que différentes formes d'art coexistent - et se combattent les unes les autres -, dans la conception nationale-socialiste de Hegel différents "états" artistiques se succèdent. Hegel se garde bien d'expliquer autrement que par l'emploi d'une phraséologie germanique "claire-obscure", qui parfois n'a rien à envier à la philosophie médiévale remâchée de Kant, COMMENT s'opèrent les mutations d'un état de l'art à un autre, de l'architecture à la peinture par exemple. Hegel dissimule mal que son schéma de progression est un schéma algébrique. Toute l'algèbre étant enfermée dans une cercle, le philosophe évite d'ailleurs de conclure pour ne pas laisser voir le retour au "statu quo ante".

    Ce schéma rationaliste de mutations successives vers un progrès plus grand, on le retrouve bien sûr dans le transformisme darwinien, prédestiné lui aussi à susciter l'admiration de penseurs nazis. Le délire darwinien est perceptible dans la littérature fanatique d'un gugusse comme Pascal Picq, pas très loin du cinéma de série Z yanki quand il s'agit d'expliquer à ses ouailles ce que l'homme super-évolué sera.

    Il me semble qu'il faut dire immédiatement pourquoi les régimes nationalistes capitalistes se sont emparés de Hegel (blanchissant Heidegger et Arendt promptement), après le régime nazi, qui constitue bien une forme d'accomplissement du modèle juridique hégélien. La raison de l'emprunt à Darwin, Hegel et même Freud est précisément que ces doctrines, sous l'aspect de sciences véritables, dissimulent des idéologies parfaitement réversibles et malléables (suivant la définition matérialiste d'Aristote de l'idéologie dans sa "Physique") : Hegel, Darwin, Heidegger, Jünger, Nitche, Sartre, etc., sont antihistoriques, ne contiennent même aucune dialectique véritable. La destruction de la dialectique permet de faire place nette à l'idéologie.

    De la même façon que l'Eglise tend à éradiquer l'apocalypse (c'est-à-dire l'histoire), l'Etat totalitaire tend à éradiquer toute forme d'art et de science.

    *

    Il me semble à ce stade avoir expliqué suffisamment pourquoi la théorie valable de Guaino & Sarkozy heurte de plein fouet la réalité historique de régimes nationalistes et capitalistes eux-mêmes "hors de l'histoire", et qui non seulement en sont sortis, mais ont tout fait pour maintenir les pays en voie de développement la tête sous l'eau.

    Seul le représentant d'un régime totalitaire - et il n'est même pas certain qu'un dirigeant nazi aurait osé le faire face à une population allemande qui se souvenait peut-être encore alors des vitupérations de Luther contre les usuriers - seul le représentant d'un régime totalitaire peut poser l'équation suivante : progrès historique = accumulation de richesses. Dans ce sens le progrès est "Highway to Hell".

    N'importe quel Africain peut décider d'entrer dans l'histoire s'il le souhaite ; il n'a qu'à lire "Hamlet" et voir le sort que Shakespeare réserve à Claudius et son conseiller Polonius, ainsi qu'à toutes les petites femelles confites en dévotion/obsédées par le sexe et le mariage (Ophélie).


  • Bacon as Shakespeare

    Certaine interprétation officielle du poème de Shakespeare "Turtle & Phoenix" comme exprimant le désir homosexuel ou bisexuel de son auteur suffit à jeter le discrédit sur les théories ayant cours dans l'université concernant Shakespeare. Celui-ci n'était certes pas ignorant des cent figures -non pas trois ou quatre-, de la perversion sexuelle, mais les sonnets excèdent largement le niveau mi-génital mi-sentimental qui est le sommet actuel.

    Erreur similaire des critiques qui reprochent à Shakespeare de manquer de psychologie dans certaines pièces. Quel peut-être l'intérêt de la pédérastie ou de la psychologie en tant que telles pour un auteur tragique ? Même Molière, qu'on peut plus facilement accuser de chercher le comique, ne se comprend pas en dehors de sa volonté de peindre des archétypes. Sans quoi Molière serait Coluche.

    Le même genre de galéjade circule d'ailleurs aussi sur Michel-Ange, dont le dessein est parfois confondu avec le mobile de crétins hystériques et superstitieux tels que W.A. Mozart ou R. Wagner, dont les tempéraments pédérastiques sont certainement plus facile à démontrer que celui de Michel-Ange, tant la musique en général, baroque en particulier, pue l'inceste, le sado-masochisme et la superstition (Il ne faut pas oublier que A. Hitler a possédé des foules de femelles et de bidasses à la façon d'un chef d'orchestre, et que tout regain de totalitarisme s'accompagne d'une déferlante de notes de musique.) Si Ajax avait le crâne fendu nous dit Shakespeare (in : "Troïlus et Cresside"), Ajax que Shakespeare prend soin de décrire comme un suppôt de Satan -tout plein de potentiels-, il en sortirait... de la musique. L'hyper-légalisme totalitaire se reflète dans la musique, pratique dont les conventions sont serrées comme des boulons. Déteint-elle sur l'art... elle engendre la peinture stalinienne de Kandinsky.

    Bien que les commentaires d'Henri Suhamy (Pléiade/"Dico. Shakespeare") présentent un caractère de sérieux et d'utilité minimum (ne serait-ce que par rapport à la phraséologie judéo-chrétienne de S. Freud ou R. Girard), on peut douter de la capacité de Suhamy, voire de sa liberté à présenter la théologie de Shakespeare telle qu'elle est. Une théologie dont la cohérence indique que l'auteur n'a pas laissé le hasard s'insinuer dans son théâtre (que les pièces de Shakespeare aient été écrites rapidement n'est pas preuve qu'elles sont "à l'improviste").

    *

    "En plein XVIIe siècle encore, alors que la plupart des grandes pièces du théâtre élisabéthain et jacobéen avaient déjà été écrites, Sir Francis Bacon ne se persuadait-il pas que l'art sérieux du théâtre avait été manifestement négligé dans l'Angleterre de son temps ? Heureusement, la plupart des praticiens, dont Shakespeare, continuèrent d'obéir à leur instinct, plutôt qu'à Aristote tel qu'on l'interprétait à l'époque." Quelques lignes seulement de la préface d'Anne Barton (éd. Pléiade, 2002) permettent de mesurer l'épaisseur du préjugé scolastique actuel. Il faut comprendre ici entre les lignes que Miss Barton, derrière le masque de la neutralité universitaire, cherche à démontrer indirectement que Shakespeare ne peut être Bacon parce que Shakespeare ne gobe pas Aristote (on trouve la démonstration exactement inverse chez d'autres thésards que le matérialisme du Stagirite n'a rien à voir avec celui de François Bacon).

    Contre Miss Barton :

    - Primo, Francis Bacon est lui-même très peu "élisabéthain" ou "jacobéen", n'ayant trouvé chez Elisabeth ou Jacques que très peu de "répondant" à sa doctrine de rénovation de la sagesse antique, et ce malgré les efforts du savant pour la présenter avec diplomatie. De Bacon, les savants du XVIIe siècle n'ont rien retiré qu'un slogan tronqué, laïcisant ce qui ne l'est pas chez Bacon. C'est tout juste si Hobbes, quelques années plus tard, évoque dans ou autour de sa doctrine du Léviathan -et pour cause !- le théâtre de Shakespeare ou la science de F. Bacon, dont il fut pourtant le secrétaire.

    - Deuxio, si le désir exprimé par Bacon de voir l'Angleterre se tourner plutôt vers Homère, les fabulistes et les auteurs tragiques grecs et abandonner les spéculations et les mythes trop abstraits et décadents de Platon et des platoniciens, si ce désir a peu été suivi d'effets, on ne peut pas dire que Shakespeare fut le plus mauvais élève de Bacon car :

    - Tertio : les pièces de Shakespeare sont truffées de références subtiles à la mythologie (d'où part la tragédie grecque elle aussi), à l'instar de la peinture italienne de la Renaissance, et non pas seulement de références bibliques et chrétiennes. Aristote est même cité au conseil des sages et des rois achéens dans "Troïlus et Cresside" et, ô, coincidence bizarre, Aristote interprété d'une manière très baconienne, non à la manière d'un péripatéticien encapuchonné (Shakespeare affirme constamment sa défiance vis-à-vis des scribes puisque ses traîtres et salauds portent souvent la bure ; sa sévérité n'est non moins grande que celle de Dante Alighieri vis-à-vis des clercs simoniaques et compromis avec le pouvoir temporel.)

    Du reste le regard porté sur la morale par Shakespeare -dans "Measure for Measure" notamment-, renverse la doctrine de la "philosophie naturelle" ou du "droit naturel" chrétien puis laïc, avec l'intention manifeste de tourner en ridicule cette doctrine médiévale (ressuscitée par la science baroque), intention caractéristique de la pensée matérialiste (la vraie, pas celle d'Epicure ou de quelque pythagoricien moisi gobant une théorie "des éléments").

    Dans la mesure où se fier à la vertu est certainement ce qu'il y a de plus hasardeux pour un penseur matérialiste comme Aristote ou Bacon, qui ne détestent rien tant que le destin ou la perspective, postulés par l'âme dans la physique, l'assertion de Miss Barton selon laquelle Shakespeare aurait laissé libre court à son "instinct" relève de la plus pure fantaisie universitaire ; à tel point qu'on a envie de dire à cette Barton d'aller plutôt se faire voir dans un couvent.