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  • A confesse

    Vu que son paternel a profité de l'Occupation pour spolier des Français d'origine juive de leurs biens, le peintre Garouste se voit contraint de pratiquer un art entièrement fait de repentirs.

    On pense à la définition donnée par Virgile de l'art romain entièrement au service de la Politique. La Politique a comme l'Enfer la forme d'une hyperbole.

  • Censuré

    Commentaire censuré sur le blogue de l'abbé Dominique Letourneau de l'Opus Dei, chrétien-démocrate pratiquant la censure sous couvert d'oecuménisme. La trahison de l'Eglise catholique en général, qui ne date pas d'aujourd'hui, est palpable à travers la négation de l'Histoire à l'intérieur de l'Eglise.

    D. LETOURNEAU : "Loin d’être une simple prière mentale, (la liturgie) s’exprime par les lèvres, elles se traduit par des attitudes corporelles, par des gestes (...) C’est que la Révélation et les saintes Écritures nous apprennent non à dissocier le corps et l’âme, mais à discerner l’unité du composé humain, tel que Dieu l’a créé et que Dieu le sauve. 'Dans l’homme, note Dom Capelle, le matériel et le spirituel ne sont pas juxtaposés, ils sont unis (...) c’est pourquoi un culte purement spirituel non seulement ne serait pas humain et devrait être rejeté, mais il est impossible'.

    Le corps, destiné à la Résurrection glorieuse, est déjà devenu ici-bas temple du Saint-Esprit par le baptême, il est nourri par l’Eucharistie, et Tertullien soulignait dès le début du IIIe siècle que les sacrements sont accomplis sur le corps pour sanctifier l’âme (De resurrectione 8, 3, CCL 2, p. 931). D’ailleurs, il n’est pas de sentiment authentique qui ne se traduise spontanément par l’attitude ou le geste [?] ; en retour, l’attitude, le geste, l’action commandent un tel engagement de tout l’homme qu’ils expriment, intensifient ou même provoquent l’attitude intérieure : sur ce point, la psychologie et la pédagogie modernes confirment avec éclat la tradition des théologiens [??]."

    LAPINOS : "Le caractère conventionnel de la liturgie que vous soulignez (pour ne pas dire "conventuel") trahit que la liturgie est indissociable d'une certaine forme persistante d'animisme qui est la marque du moyen âge.

    En ce sens la liturgie orthodoxe ou celle de la secte lefèbvriste est sans doute indépassable. Elle résiste mieux parce qu'elle est la mieux adaptée.

    D'ailleurs ce que vous affirmez à propos de l'intention et de l'effort pour unifier l'âme et le corps est vrai en général dans le catholicisme (même si un certain nombre de théologiens semblent plus proches de la transe hystérique). L'engagement du corps dans le rituel traditionnel tridentin est justement ce qui le distingue du nouveau rit (les communautés dites nouvelles "charismatiques" ont tenté de restaurer un peu cet "engagement physique".)

    Mais peut-on parler de liturgie en fermant les yeux sur la liturgie de la parole télévisée, du cinéma, sportive, scolaire, de tous les rituels nouveaux qui font que la messe n'est plus qu'une liturgie résiduelle ? Et évoquer la liturgie de la parole sans s'interroger sur le sens des paroles de Jésus : "Ecoutez et comprenez ! Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme." Matth. XV, 11

    Et un peu plus avant dans l'explication : "(...) mais manger avec des mains non lavées, cela ne souille point l'homme.", où explicitement le rituel est dénoncé par Jésus comme un pratique pharisienne.

    (J'ajoute à mon commentaire censuré que l'extrait cité de Dom Capelle, qui manque sans doute un peu de recul par rapport à l'autel vu son blaze, est fondamentalement paradoxal et n'engage que lui. La pédagogie et la psychologie à prétention moderne invoquées à l'appui de la démonstration de ce Capelle sont des théories qui révèlent un animisme plus marqué encore que l'animisme médiéval de Thomas d'Aquin, pas très éloigné de l'animisme aryen à connotation nettement démoniaque.)

  • Scholies d'Origène

    Le mépris réservé par le clergé à l'évangile de Jean, le "fils du tonnerre", et notamment à la révélation de Patmos, que les théologiens aussi bien libéraux qu'archaïsants zappent, m'incite à publier mes propres scholies sur l'Apocalypse au plus tôt - vu l'heure tardive.

    Quand l'Apocalypse n'est pas ouvertement discréditée comme étant une obsession de théologien "millénariste" par un clergé complètement absorbé par les valeurs séculières, elle est subvertie par des romans ou des films qui rendent le canevas historique de l'Apocalypse complètement abscon. Maurice Dantec est un exemple de cette subversion, du détournement de la Révélation au profit du Pacte Atlantique assoiffé d'or noir et armé jusqu'aux dents, Pacte auquel l'islam n'est en mesure d'opposer qu'un judéo-christianisme médiéval sans réelle force militaire. Or, non seulement l'Apocalypse n'est pas une lubie millénariste, mais elle est indissociable de toutes les grandes révolutions théologiques au cours de l'histoire, qui ont profondément marqué l'Eglise elle-même, avant que la religion laïque ne prenne le relais. Les passages un peu mystérieux de l'évangile de Jean concernent d'ailleurs les mêmes sujets que les passages demeurés assez mystérieux des épîtres de Paul.

    Mais il y a encore pire que Dantec, et qui explique sans doute la manière stupide qui consiste pour ce dernier à défendre l'Eglise en n'hésitant pas pour ce faire à se travestir en suppôt mélancolique (veste de cuir et lunettes noires), c'est l'exégèse officielle, validée par les autorités ecclésiastiques, de l'Apocalypse, qui revient le plus souvent à la disqualifier, à en faire un texte apocryphe.

    Je prends un seul exemple, l'ouvrage récent du franciscain yanki Stéphane Doyle, o.f.m. ("A catholic perspective on the book of revelation") : celui-ci, en fait de "perspective catholique", fournit une interprétation du texte à laquelle un adepte du soufisme musulman, un bonze tibétain ou un druide breton pourrait souscrire. Certainement pas un catholique, pour deux raisons :

    - Stéphane Boyle insinue que l'évangéliste Jean (le préféré de Jésus), n'est pas le véritable auteur de l'Apocalypse (!), mais qu'il s'agirait plutôt d'un disciple de saint Jean le Baptiste. Sans apporter aucune preuve ! simplement parce que l'Apocalypse dénote d'une bonne connaissance de l'Ancien Testament de la part de son auteur. Argument totalement absurde qui révèle qu'un franciscain accrédité aujourd'hui, ignore non seulement ce que la doctrine franciscaine doit à l'Apocalypse, mais aussi la Pentecôte et les dons de l'Esprit qui ne laissent AUCUN des évangélistes dans l'ignorance de l'Ancien Testament, auquel tous se réfèrent COMME Jésus lui-même. Jésus abolit la loi ancienne du sabbat, mais en toute connaissance de cause et d'effet.

    Argument débile, donc, mais lourd de conséquence, presque aussi stupide que la thèse des pasteurs protestants yankis selon laquelle l'Apocalypse -ici on se retient d'éclater de rire- serait un pamphlet contre saint Paul. Le franciscain yanki S.C. Doyle partage la même fascination que le dominicain français Philippe Verdin pour la théocratie, indubitablement satanique selon saint Jean, et c'est ce qui pousse bien sûr Doyle à un travail de sapeur sous couvert d'élucidation, procédé bien pire que celui d'un gugusse comme Dantec, qu'on n'est pas tenu de prendre au sérieux.

    - Pour interpréter le sens du nombre 666, que la vision incite à interpréter, S.C. Doyle passe par la numérologie ou la "guématrie", c'est-à-dire par une sorte de science kabbalistique qui, elle non plus, ne participe guère d'une perspective catholique ou chrétienne. Il traduit ainsi le "code 666" par "Néron", en se gardant de s'appesantir sur la démonstration. C'est une autre manière, elle aussi sournoise, de discréditer l'Apocalypse en frappant le texte de caducité. Le code 666 est cité en Ap. XIII, non loin de la phase ultime. Si 666 = Néron, l'Apocalypse n'a plus rien ou presque à nous dire, c.q.f.d. Je relève que sur internet, un autre site ouaibe passe par la guématrie, une guématrie qui paraît plus sérieuse que celle de Boyle, pour démontrer que l'antéchrist n'est autre que... Benoît XVI (Ce qui n'est pas sans rappeler les attaques ad hominem de Dante Alighieri contre les papes simoniaques.)

    En outre ce franciscain n'en profite même pas pour dénoncer -ce qui est le minimum dans un ouvrage de ce type- la scandaleuse récupération par le nationalisme européen de la symbolique chrétienne. Doublement scandaleux le procédé des chrétiens libéraux atlantistes dans la mesure où la femme aux douze étoiles N'EST PAS Marie, mère de Jésus, et ne peut pas l'être ("Les Pères et les interprètes catholiques sont presque unanimes à reconnaître dans cette femme un symbole de l'Eglise" dixit le chanoine Crampon, qui n'est pas un hurluberlu comme S. Boyle, lui.)

    Aussi scandaleux car l'Apocalypse contient la condamnation sans appel de la doctrine nationaliste en général, les nations étant animées par le diable, et en particulier celle, européenne, de Maurice Schumann et Jean Monnet, nation peut-être "aryenne", napoléonienne, laïque, démocrate-chrétienne, tout ce qu'on voudra, mais sûrement pas chrétienne.

    En attendant de donner mes propres scholies, et puisque le temps me serre à la gorge comme tout un chacun, je fais la publicité des scholies attribuées à Origène, perspicace contrairement à Boyle, et dont je m'apprête à recopier ici même quelques extraits. Il faut signaler ici que toute exégèse "augustienne" de l'Apocalypse est plus ou moins oblitérée par le fait que saint Augustin est pénétré de principes platoniciens décadents gênants pour comprendre l'association dans l'Apocalypse entre le diable, la "bête de la terre", et la politique des nations, qui confirme s'il était besoin l'interdiction prononcée par le Sauveur lui-même de sacraliser toute institution humaine.

    Les sept étoiles et l'épée acérée (1,16)

    "Dans sa main droite il a sept étoiles et de sa bouche sort une épée acérée, à double tranchant, et son visage, c'est comme le soleil qui brille dans tout son éclat."

    Il est écrit au Psaume 56 : "Les dents des fils des hommes sont des armes et des traits, leur langue un glaive acéré." (Ps 56,5). Non que les paroles soient absolument condamnables ; si elles sont les armes des justes (Ep 6,17), des traits choisis et une épée honorable (Is 49,2), - car tous les fils des hommes combattent, les uns pour Dieu et sa justice, les autres pour le mauvais et le péché -, il ne faut pas non plus en douter pour ce qui est dit ici de celui qui est devenu Fils de l'homme et qui a dans sa bouche une épée tranchante.

    Il a dit lui-même : "Je ne suis pas venu apporter la paix sur la terre, mais le glaive" (Mt 10,34) et "un glaive qui peut pénétrer jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit" (He 4,12). Les méchants qui méditent sur les fausses doctrines ont fortement aiguisé leur intelligence comme une épée acérée (Ps 64,4), pour la rendre capable de faire du mal à leurs auditeurs, mais les autres ont aiguisé leur intelligence dans les divines Ecritures, pour leur propre salut et pour le salut de leurs auditeurs : leur langue est devenue une épée acérée pour le salut ; car les méchants blessent comme une épée, mais les sages guérissent par leur langue (Pr 12,18) et blessent d'amour : le Sauveur nous a donc blessés de son amour (Ct 2,5).

  • Fier d'être miso

    "WOMEN BEWARE OF WOMEN!" : je tombe sur ce magnifique slogan misogyne de Thomas Middleton (1580-1627). Cette misogynie-là est sensiblement différente de la misogynie du penseur judéo-chrétien abusé par sa mère, misogynie parfaitement réversible car passionnelle, dont Nitche ou Freud fournissent des exemples presque parfaits ; Nitche avoue que seule sa mère ou sa soeur aurait pu le faire renoncer à l'idée d'éternel retour... aveu d'aliénation stupéfiant. C'est peut-être seulement la soeur de Nitche et non le philologue boche lui-même que séduisit le parti nazi, mais étant donné que la soeur de Nitche a engrossé son frère de l'idée d'éternel retour,  ça revient au même.

    J'interprète le goût assez répandu dans le clergé chrétien comme laïc (M. Onfray) pour la morale sado-maso de Nitche comme un travers pédophile. Benoît XVI est d'une extraordinaire naïveté lorqu'il entend prévenir les débordements criminels du clergé par l'examen psychologique : il faut déjà pour gober la théorie de Freud avoir soi-même une inclinaison incestueuse ! Le serpent se mord la queue.

    Tandis que la misogynie de la Renaissance est évangélique, provient de la confrontation entre Marthe et Marie, la misogynie de Nitche est, elle, "vétéro-testamentaire", comme disent les théologiens contemporains dans le vent.

    Dans la société patriarcale du XIIe siècle, encore plongée dans l'obscurité, l'historien Georges Duby a souligné que se nouait souvent une relation ambiguë, notamment dans les milieux aisés, entre la mère et son fils (d'où dérive l'erreur d'interprétation du mythe d'Oedipe par Freud, fasciné qu'il est par la relation entre Jocaste et Oedipe, quand le mythe souligne au contraire ce que la morale doit à la politique, et vice-versa, ce que Shakespeare a parfaitement saisi - le correctif de Jung est d'ailleurs à peine moins inepte que l'inversion de Freud). Cette relation ambiguë semble d'ailleurs déterminer la théologie de saint Augustin. Oedipe n'est qu'un être parfaitement normal, enfermé dans le temps, dont il devine fort bien la définition énigmatique proposée par le Sphinx. Le Sphinx est pris parfois malgré sa signification démoniaque comme un symbole du potentiel de la pseudo-science pyschologique. En réalité c'est avec plus de sagesse que les Romains en ont fait un symbole de la tyrannie. La pseudo-science pyschologique de Freud n'est autre que le produit d'une politique tyrannique. Si Freud est aussi animiste, beaucoup plus encore que Thomas d'Aquin, c'est parce que l'âme s'avère le médiat idéal de domination pour un Etat totalitaire. Le mythe grec est beaucoup plus lumineux à cet égard que la superstition freudienne. Du régime dynastique de Thèbes, il révèle le sous-bassement, qui n'a rien d'idéal. Le raisonnement politique est fondamentalement génital et incestueux, comme Aristote le pense contre Platon, et il ne sort pas de ce cercle. Croire que le capitalisme, nettement inspiré par le modèle génital, est inéluctable, revient à enfermer la logique humaine dans le seul raisonnement génital. De cette façon Nitche comme Freud se retrouve en-deça du bien et du mal quand son voeu était de surmonter le rapport moral, abrutis incapables de comprendre qu'il n'y a pas de raisonnement plus politique que le raisonnement animiste du membre d'une tribu anthropophage ou d'un kamikaze japonais.

    Les féministes, Sylviane Agacinski par exemple, pourtant moins niaise que Simone de Beauvoir, a traduit sottement le patriarcat comme un abus de pouvoir masculin, alors qu'en réalité la violence de la politique touche tout autant les hommes, si ce n'est plus, mais d'une façon différente. Autant dire que les Japonais ou les Allemands sont "phallocrates", alors que de toute évidence ce sont des femelles avides de sécurité, qui se sont jetés après leur défaite sur le modèle yanki comme une femelle se jette sur le mâle dominant vainqueur.

    *

    Le type de misogynie que je qualifie de "romaine" ou de "judéo-boche" séduit d'ailleurs généralement les femmes, et non la misogynie d'Hamlet (Ophélie, c'est autant Nitche que Rosencrantz ou Guildenstern, savants manipulés par le pouvoir politique, le sont).

    Pourquoi ? Parce qu'en réalité il n'est pas difficile de comprendre que la misogynie de Schopenhauer ou de Nitche est d'abord dirigée contre eux-mêmes ; la femme que Nitche déteste le plus, c'est lui-même (Flaubert est beaucoup plus lucide que Nitche, même si sa critique du christianisme est similaire.) Nitche est complètement prisonnier de rapports familiaux. Plus encore qu'en lisant Proust, et c'est peu dire, j'ai la sensation désagréable en feuilletant Nitche d'être enfermé à double-tour dans une table de chevet (Proust me procure plutôt le mal de mer avec sa prose isomorphe de foetus inné).

    Au lieu de diriger sa vindicte contre sa famille, le ventre sacré de sa mère, d'où vient son hystérie, Nitche s'en est pris à des objets extérieurs : Dieu, les femmes, le christianisme (attitude typique de la mentalité libérale, soit dit en passant, qui toujours se défausse et trouve un bouc émissaire, même confrontée à l'évidence de sa propre faillite et corruption. Exemple tout frais : c'est George Bush et non la société civile yankie qui a dévasté l'Irak pour se venger d'un crime que les Irakiens n'avaient pas commis. Le "coup d'Hitler" est sans arrêt recommencé, cinématographie à l'appui.)

    Ce type de misogynie est un aveu de faiblesse et il séduit les femmes, assez nombreuses, ayant un désir de maternité. On peut même penser que si l'institution matrimoniale persiste, malgré son caractère irrationnel au regard des derniers virages en épingle de l'économie capitaliste, qui permet d'épargner individuellement très facilement et se préoccupe peu des conditions de logement et de vie familiale des smicards, si l'institution du mariage perdure c'est uniquement en raison du désir de maternité persistant des femmes.

    Bien sûr ce n'est pas un hasard si le problème des misogynies recoupe exactement celui des antisémitismes. Pourquoi l'antisémitisme et la misogynie "nationales-socialistes" de Nitche sont beaucoup plus dangereux que ceux de Voltaire ? Parce que dans le cas de Voltaire il s'agit d'une critique, tandis que dans le cas de Nitche, ses passions sont dirigées contre lui-même et peuvent aller jusqu'au suicide. Quelqu'un qui peut se tuer par désamour de lui-même est capable de n'importe quelles tortures contre le corps d'un autre. Déjà Léon Bloy à la fin du XIXe siècle mettait les Juifs en garde contre les dangers du libéralisme, avertissement resté lettre morte.

    Les Juifs manquèrent de recul sur la religion allemande et l'idée libérale de renouvellement génétique, imposant aux Juifs de muter à peine de disparaître, Etat dans l'Etat, vieillard qu'on préfère confier à l'hospice (vaine est la tentative de scinder le nazisme aussi bien du capitalisme que du darwinisme) ; les Allemands n'en avaient pas sur les Juifs, et les camps de travailleurs juifs paraissent issus du goût médiéval des Allemands pour la purge.

    Simone Weil en revanche est dans le même cas que Voltaire et son rapport au judaïsme, étant critique, ne représente aucun danger. D'ailleurs celle-ci a rejeté les idoles allemandes (Max Planck) exactement de la même manière et pour les mêmes raisons qu'elle a rejeté les idoles juives. Probablement Simone Weil a-t-elle été sauvée des eaux de la bêtise, contrairement à son frère André Weil, compromis dans les pitreries du "groupe Bourbaki", parce que la mère de Simone Weil ne l'a pas possédée, n'a pas tué en elle tout esprit critique. Jonas n'est pas un simplement un Juif, c'est un Juif qui vit dans les organes de la baleine, privé de lumière. Et la baleine est une métaphore pour le Léviathan.


  • Libéralisme pédophile

    Probable que si les bobos ont reporté leurs suffrages de Bayrou sur Cohn-Bendit lors du dernier scrutin, c'est qu'ils ont dû finir par trouver Bayrou trop révolutionnaire.

    Parmi les nombreuses listes, l'une d'elles révélait l'essence de l'idéologie libérale, la liste "Alternative libérale" conduite par une jeune femme, Sabine Hérold. Sur l'affiche un poupon bien nourri et souriant était censé incarner l'idéal libéral menacé par une politique conservatrice entravant l'esprit d'initiative.

    Relevons d'abord un fait qui permet de mesurer l'amplitude du mensonge libéral : des millions de "bébés" ont été éliminés au moyen de produits chimiques au cours des trente dernières années, dans le cadre d'une politique libérale mise en oeuvre par des politiciens libéraux/démocrates-chrétiens (l'académicienne Simone Veil s'étonnait encore récemment de ne pas avoir été invitée à discourir aux obsèques de Mgr Lustiger, et on a vu Valéry-Giscard d'Estaing au premier rang de la conférence de Benoît XVI sur l'Europe monastique au Couvent des Bernardins) ; cette politique d'élimination massive qui a eu notamment pour effet de mettre à la disposition de l'industrie et de la grande distribution une main-d'oeuvre meilleur marché, n'aurait pas pu être menée sans l'appui des services sanitaires et sociaux de l'Etat ; certes, mais sans ces services publics, comment la politique libérale pourrait-elle être autre qu'une pure théorie ? Si les Etats-Unis d'où vient cette politique d'avortement à l'échelle industrielle ne sont pas libéraux, quelle nation l'est ?

    *

    En dehors de ce fait, la liste "Alternative libérale" illustre que le libéralisme est typiquement une idéologie de mère de famille anxieuse, prête à se ruer sur la première potion magique. Bien sûr Mlle Hérold a raison de dire, telle une anarchiste, que l'Etat est cause de paralysie et d'aliénation. Mais c'est une idiotie de ne pas voir que l'Etat tentaculaire est une machine au service de l'économie capitaliste. La concentration du capital et le développement du rackett fiscal imposent le déploiement policier. L'hypertrophie de l'Etat vient de celle des banques nationales ; sans la concentration de fortunes entre les mains de quelques familles et la spéculation, jamais les grandes compagnies des Indes n'aurait pu être créées sous la Régence de Louis XV en France et la politique monétaire insane de Law être appliquée.

    Pourquoi, maintenant, l'incapacité à comprendre la politique concrètement et globalement est-elle typiquement celle d'une mère de famille ou d'un gosse incestueux, marqué par cette mentalité ? Parce que le raisonnement anhistorique est typiquement génétique et inné ; il renvoie à une idée du monde matricielle. Le cycle capitaliste, qui comprend des phases de guerres sanglantes contrairement à ce que des actionnaires de l'impérialisme comme BHL essaient de dissimuler, ce processus sera naturel aux yeux de ceux qui se font une idée de la nature conforme aux cycles féminins. Il règne d'ailleurs aux Etats-Unis comme un climat général d'inceste et d'hystérie. Moi-même j'étais assez indifférent à la question économique avant de séjourner aux Etats-Unis et de comprendre le caractère profondément pédérastique de la société capitaliste ; j'avais auparavant, encore enfant, noté lors d'un séjour en Allemagne cet état de dépendance marquée des hommes vis-à-vis des femmes, caractéristique de l'idéologie chrétienne selon moi, et assez difficile à endurer pour un Français de souche habitué à vivre dans un pays où l'individualisme masculin est plus marqué.

    Il faut ajouter qu'une société incapable de penser l'histoire, une société qui pose le caractère inéluctable du capitalisme et de sa corruption toujours plus grande, cette société-là ne peut qu'être une société animiste. La ménopause capitaliste est derrière nous.


     

  • Angoisse de la nuit

    Près de mille ans de temps assassin ont passé, mille ans à ajourner l'Apocalypse faute de combattants en nombre suffisant pour oser affronter comme Shakespeare l'angoisse de la nuit, mille ans que la constance de l'ordre dominicain à servir le Léviathan perdure.

    (Je feuilletais récemment la biographie de saint Dominique (de Gusman) par Lacordaire : incroyable tissu de fables et d'hypocrisies ! Cette femelle tente de justifier l'implication de son héros dans la croisade albigeoise qui a ensanglanté le Sud-Ouest de la France, tout en le lavant personnellement du sang versé par les soldats.)

    Aujourd'hui c'est :

    - Philippe Verdin qui fait l'éloge de la théocratie yankie et regrette que ce système de corruption généralisée ne soit pas appliqué en France par Sarkozy ;

    - Jacques Arnould qui fait l'éloge de l'idéologie de Darwin, ciment religieux des régimes laïcs barbares, éternité descendante combattant l'éternité transcendante ;

    - Dominique Humbrecht qui, comme un innocent s'interroge sur les causes de la crise des vocations sacerdotales.

    Le Gusman dans la pièce de Molière est-il une allusion au fondateur de l'ordre prêcheur de guerre ?

  • Créationnisme

    Selon l'historien Michel Pastoureau, l'homme ne serait pas cousin du singe mais plutôt du cochon, avec lequel nous possédons d'étranges affinités (pas le quadrupédisme). Menace de crise de fous rires sur les plateaux télé lorsque Pastoureau paraît et énonce sa thèse, vu le faciès porcin et nettement couperosé du thésard. Mais les caricaturistes ne relevèrent-ils pas eux aussi en leur temps la grimace simiesque de Darwin ?

    Ce fils prodigue de science ne manque pas pour autant d'arguments. Selon des témoignages récents de rugbymen anthropophages, le goût de la chair serait exactement le même que celui du cochon. Et les organes du porc identiques à ceux de son prédateur, utilisés pour les cours de médecine. Ajoutons l'omnivoracité légendaire de l'homme.

    Expliquer l'interdit alimentaire des Juifs par le tabou de l'anthropophagie est un peu téméraire de la part de Pastoureau cependant, vu que les pourceaux sont dans la Bible (comme chez Rabelais ou Léon Bloy) des bêtes diaboliques, tout comme le singe au demeurant, l'ours, le léopard, les insectes et de nombreux félins.

    Cela dit dans l'ensemble la thèse de Pastoureau est plutôt plus cohérente que celle de Darwin et repose sur un nombre d'analogies physiques plus important.

  • Devises capitalistes

    Condamner Hitler mais admirer la philosophie néo-gothique de Sartre ou Heidegger.

    Condamner Staline mais admirer l'art stalinien de Kandinsky.

  • La Mère morte

    Le cas des infanticides perpétrés par Véronique Courjault permet, comme l'exemple précédent du tueur en série, de mieux comprendre le tribalisme laïc. Pourquoi l'infanticide et l'eugénisme sont-ils désormais unaniment admis par la société civile ? Les cris d'orfraie devant le crime de la Courjault ne sont qu'une feinte, comme le féminisme en plein trafic pornographique.

    Animisme et croyance dans la métempsycose sont caractéristiques du tribalisme ; et la foi superstitieuse dans la thèse freudienne témoigne de l'ampleur de l'hystérie laïque ; autrement dit, lorsque Lévi-Strauss se penche sur le tribalisme, c'est mû par le même tropisme que Narcisse vers son reflet dans la mare froide de la "psyché". L'image reflétée de la barbarie primitive fascine le sorcier laïc Lévi-Strauss. Avec ce bémol : le miroir dit que la sauvagerie était plus belle et envoûtante lorsqu'elle était jeune, plus directe et brutale que le masque d'hypocrisie du sorcier laïc, son bicorne de vieillard académicien. Il est vrai qu'entre un masque vaudou et l'art stalinien de Kandinsky, l'hésitation est permise. L'artifice de l'animisme primitif est directement lié aux phénomènes naturels ; de là vient la séduction de sa sauvagerie. De l'animisme tribal à l'animisme laïc, il y a du phénix au corbeau.


    *


    Qu'est-ce qu'une société qui juge Véronique Courjault ? C'est une société d'insectes aveugles. La métempsycose, la transmission de l'âme se fait désormais dans la progéniture. On peut d'ailleurs bien saisir ici sur quel type d'anthropomorphisme repose l'idéologie darwinienne, en quoi le darwinisme fait partie du dogme laïc : à la voie du Ciel qui est fermée, Darwin et ses disciples substituent une issue génétique, qui permet à la société laïque de se projeter dans l'avenir (au darwinisme nazi, on n'a fait depuis qu'ajouter une dose d'hypocrisie et des comités d'éthiques fantoches). Descendance contre transcendance. De la même façon l'astronomie contemporaine n'est plus une cosmologie mais une généalogie.

    Aussi le pacte d'un chrétien avec le darwinisme signale-t-il sa possession par des principes étrangers à la parole de Dieu. Le piège du diable est particulièrement bien paré de raison et de grammaire, à défaut de logique et de force.

    Bien que d'un conformisme intellectuel rare, la littérature évolutionniste de Pascal Picq renseigne parfaitement sur la formule religieuse temporelle du darwinisme. Le curé Picq traque d'ailleurs l'hérésie créationniste avec une rage qui rappelle celle d'un inquisiteur dominicain, toute science flanquée avec mépris aux oubliettes.


    *


    L'affaire Courjault est significative de ce que le corps n'est plus considéré avec mépris que comme le contenant de l'âme, sa banale enveloppe ; l'âme a désormais investi le moindre objet : photographie, vêtement, automobile, téléphone portable, maison de famille, ordinateur personnel - le fétichisme est partout ; pire, l'âme hante désormais par le biais de langages puritains (tels l'algèbre et le droit), jusque les meubles incorporels : nation, état, club de football, cinéma, entreprise, copulation, musique ; plus raisonnable et mieux fondé était le moyen âge en regard, de prêter l'âme d'abord aux bêtes domestiques ou sauvages.

    Deux comportements dynastiques sont possibles : ou bien la famille sera nombreuse, parant ainsi la mort par la quantité ; ou bien le choix sera fait d'un eugénisme légal, choix de la qualité, qu'on peut interpréter comme une idée de la métempsycose plus raffinée, "existentialiste". Quoi qu'on puisse penser superficiellement, ce n'est pas sur une base morale que se fait le choix entre ces deux comportements dynastiques, mais sur une base patrimoniale. L'effet du patrimoine n'est pas moins grand aujourd'hui qu'il n'était dans la famille au XIXe siècle ; ce qui s'est considérablement accru, c'est l'hypocrisie.

    Le comportement de Véronique Courjault traduit surtout une hésitation. Si j'étais capable d'endosser l'ignoble robe noire de l'avocat laïc pour défendre cette femme, bouc émissaire commode, je serais tenté de dire : "Que le couple qui n'a jamais pratiqué la régulation des naissances lui jette la première pierre." D'autant plus que la conservation des corps de ses victimes plaide plutôt en faveur de Mme Courjault. La négation du corps n'est pas totale comme dans l'avortement par injection de produit chimique ou curetage mécanisé. Le païen qui enterre ses morts et entretient leur culte, celui-là sait que la terre est une chambre froide. Le stade qui consiste à enfouir les corps plutôt qu'à les brûler est un stade politique plus avancé, qui marque une progression par rapport à l'animisme radical, où les âmes circulent partout où bon leur semble comme des fantômes, et le corps est complètement dissout. Le besoin d'être confronté au cadavre vient de la peur des fantômes.


    *


    Qui place ses billes dans sa progéniture peut se préparer à un avenir de plomb et non d'or, comme il l'espère. Si comme Karl Marx on traduit Aristote sans le trahir*, on comprend à quel point, de Nitche à Freud en passant par Lévi-Strauss, on comprend comme l'hiatus animiste ultime est le produit du tour totalitaire que prend forcément la politique. Il est terrible pour un chrétien de constater à quel point le christianisme a fourbi les armes d'une telle subversion, notamment des canailles incestueuses comme Blaise Pascal, Nicolas -le crabe- de Cues, Isaac Newton, Hobbes (le plus intelligent donc le plus coupable), Descartes, Huygens, Leibniz, et leurs idéologies de mort.

    Descartes est bien capable de voir la dimension ésotérique flagrante de la théorie d'attraction de Newton, mais s'avère cependant incapable de discerner sa propre fascination pour la religion animiste des Milésiens, Pythagore au premier chef, dont le nom propre sonne pourtant comme un avertissement pour un chrétien, fût-il superficiel.

    On comprend aussi la dimension prophétique de la science de François Bacon, théologien sous le nom de Shakespeare, dont les sonnets spécialement disent, mieux que Baudelaire encore, ô combien le phénix est proche de la colombe, ou bien encore que la maîtresse à la chevelure de jais éloigne du blond combattant qui brandit la lance de l'Esprit. Afin de frapper plus juste et garder le sang-froid, Shakespeare pose contre Dante qu'il vaut mieux ne pas s'encombrer d'une Béatrice.

    *Pour Aristote l'homme n'est porté à la copulation et à la politique, second sentiment plus élaboré qui dérive du coït, qu'au stade animal. Le grand savant naturaliste n'a pas manqué d'observer que la meute de loups est aussi une société politiquement organisée. La science d'Aristote est subvertie par les barbares romains, puis par les savants judéo-boches qui lui font dire son contraire et traduisent la pensée d'Aristote en éloge de la politique ! En germe dans sa pensée politique, plus développée dans sa science physique, la critique de la musique, instrument d'asservissement social, est déjà présente chez Aristote. Athéna détruit l'aulos, la flûte à deux tuyaux, après l'avoir inventé.

  • Poignée de cendre

    La querelle entre les partisans et les adversaires de Vatican II, qui porte surtout sur des questions de rituel, est une querelle de sorciers.

  • Être Persan ?

    La fraude électorale -non pas les 60% d'abstention aux européennes, mais les trafics de bulletins de vote en Iran-, a provoqué ce matin une vive émotion chez les journalistes de "Radio Lagardère". Jean-Pierre Elkabbach se déclare même "moralement" choqué et accuse le coup en ne mâchant pas ses phrases. C'est un fait qu'on observe fréquemment chez les journalistes employés des trafiquants d'armes : ils ont la morale à fleur de peau ou pas de morale du tout. Les affaires sont une chose, et si les émirs arabes et la Chine insistent pour être nos clients, on ne peut tout de même pas les évincer comme ça, surtout en période de crise ; mais les affaires ne doivent pas empêcher d'avoir des principes par ailleurs. Démocrate ou voyou, il faut choisir, sinon plus personne n'aurait de principes, vu que tout le monde a des affaires.

    Bon, cela dit personne n'est vraiment dupe de Jean-Pierre Elkabbach et de pourquoi il rêve d'une révolution en Iran qui ferait le boulot à la place des GI's yankis et permettrait au monopole nucléaire de faire la grasse matinée au lieu de se faire jeter du lit sans ménagément par ses créanciers. Non, le vrai faux-derche sur "Radio Lagardère" c'est Pierre-Louis Batz. Celui-là avec sa philosophie de supporteur de football de gauche à la Bégaudeau me flanque vraiment la nausée. Je devrais changer de station de radio, mais je n'y arrive pas ; j'ai trop peur de découvrir que c'est exactement la même morale hypocrite sur les autres stations, la même musique de merde, le même humour vulgaire, la même putasserie publicitaire... En un sens je crois que ça me rassure de me dire que tous les pires enfoirés sont regroupés dans une seule station.

    (Au cas où d'autres blogueurs seraient intéressés, et vus que les blogueurs sont régulièrement attaqués par les médiats subventionnés par l'industrie pour leur "manque de professionnalisme", si un Prix du Journaliste professionnel le plus veule de l'année 2009 était décerné, je serais prêt à faire partie du jury. Et si cette noble académie existe déjà, merci de me tenir informé.)

  • Eyes for eyes

    "Eyes for eyes" dans le sonnet 24 que je traduis sans m'écarter volontairement par "yeux pour yeux" est-il une allusion à "oeil pour oeil" et à la morale juive que Shakespeare utilise souvent comme repoussoir ? Ce n'est pas impossible, vu que Shakespeare dénonce les limites et dévoile les soubassements de la morale, devançant en cela Fourier ou Karl Marx... de plus de deux siècles !

    L'idée que la prostitution (de Cressida) est le revers de la médaille du mariage paré d'atours romantiques (désiré par Troïlus), Fourier ne l'a pas inventée ; sa typologie des cocus remonte à la guerre de Troie et à l'interprétation du récit mythologique d'Homère par Shakespeare ("Troïlus et Cressida"). Shakespeare situe dans le camp troyen l'exacerbation sentimentale la plus grande, tandis que deux ou trois Achéens sont pris pour illustrer la bêtise guerrière, Ajax au premier chef (Shakespeare utilise même la symbolique démoniaque pour peindre Ajax).

    Il est important de bien comprendre que, pour Bacon, la mythologie ne s'oppose pas à l'histoire, bien au contraire ; la traduction de l'histoire en archétypes, méthode proche de la peinture d'Histoire, est pour Bacon plus féconde que la chronologie et la gnose chronologique ; la méthode de l'archétype révèle mieux la signification profonde de l'histoire. De là viennent la force persistante d'Eschyle, Sophocle... tragédiens souvent anihilés désormais par des mises en scènes censées épater le bourgeois et lui en donner pour son argent. Ce n'était pas le cas dans les années cinquante, désormais lorsqu'un type d'un milieu modeste peut se payer une place de théâtre, ce n'est plus pour aller voir Sophocle ou Shakespeare mais Guignol. Même si je suis sans doute trop sympa avec les années cinquante, vu qu'avec Brecht, Giraudoux, Cocteau, Montherlant, on est déjà en plein sac.

    Le modèle-type de la gnose chronologique est fourni au XIXe siècle par la doctrine nationale-socialiste de Hegel (gnose luciférienne), que la propagande laïque, effaçant la mémoire des crimes atroces de Napoléon autant que possible, maquille en spéculation philosophique honorable (en Allemagne où le national-socialisme est tabou, Hegel est quasiment proscrit). Les héritiers de la gnose de Hegel, que ce soit Nitche ou Freud, René Girard, interprètent tous d'ailleurs la mythologie grecque, qui nous parle déjà de progrès historique, sur le plan génital ou moral. Homère est plus historique que Lévi-Strauss ou Nitche ! Nitche, c'est Ophélie dans "Hamlet".

    Marx et Engels, qui atteignent quasiment le niveau de l'archétype grâce au matérialisme, rejoignent pratiquement la science de Shakespeare. En tenant compte de ce que les démons ont changé de nature, et la science de mode d'expression (hélas !), on discerne en effet chez Marx et Engels une démonologie comparable à celle de "L'Iliade" et de "L'Odyssée". Bacon n'a pas attendu Dumézil ou Jean-Pierre Vernant pour, dans la "Sagesse des Anciens", éclairer les dessous de la mythologie grecque, bien plus affriolants que ceux de la mythomanie de Lévi-Strauss, cette vieille mégère laïque.

  • Philologie

    "Globalisation" : je n'arrête pas d'entendre ce gros mot. Vu qu'il est question de géographie et d'une idéologie économique contenue entièrement dans le langage, il vaut mieux parler de "cercle vicieux" pour désigner ce serpent de mer.

    Les "trous noirs", c'est-à-dire les crises économiques depuis le début de la "globalisation" correspondent exactement aux trous noirs "astronomiques". La géométrie inepte de Gauss, Beltrami, Helmholtz, Riemann et toute la clique des pollacks, en effet n'a d'usage que sur le plan de la coordination géographique à l'aide de cercles.

    Les Grecs avaient Euclide, et nous avons des géomètres-experts, le GPS, dont découle l'essentiel de la philosophie naturelle laïque ; la "physique quantique", qu'est-ce que c'est ? Une vision du monde à travers un GPS. En fait de "trou noir", il s'agit plutôt d'une "descente aux Enfers".

  • Tranchant double

    "Mon oeil joue le peintre et place la substance de Votre beauté dans le tableau de mon coeur ;

    Mon corps est comme un cadre qui l'englobe.

    Que la perspective soit l'art du meilleur peintre,

    A travers laquelle on pourra reconnaître le talent du peintre

    A trouver où Votre véritable dessein gît,

    Latent dans mon théâtre,

    Dont les croisées sont pourvues du vitrail de Vos yeux.

    Maintenant voyons quelles bonnes révolutions "yeux pour yeux" a donné :

    Mes yeux ont peint Votre forme et Vos yeux sont pour moi les fenêtres

    De mon for, par lesquelles, réjouissant dès l'aube, le soleil mène à Vous contempler jusqu'au milieu ;

    Jusqu'à présent les yeux habiles, avides de gloire,

    Peignent -mais les seules apparences-, ignorant le coeur."

    W. Shakespeare, Sonnet 24 (trad. Lapinos)

    La difficulté à traduire Shakespeare tient à ce que son art participe de la vision et d'une science exacte des corps animés et inanimés. La langue anglaise de Shakespeare, souple et peu conventionnelle à l'instar de la langue grecque d'Aristote, se prête mieux à la peinture qu'aux litanies funèbres ; à l'érotisme de la science plutôt qu'au sado-masochisme sentimental (Que le thème du poème "Le Phénix et la Colombe" soit romantique est peu probable étant donné la requalification des sentiments amoureux par Shakespeare en prurit de la politique - et vu que le phénix est dans l'esprit de Shakespeare un oiseau démoniaque. François Hugo a fait une effort louable pour ne pas donner dans la guimauve et la traduction hystérique qui conduit à voir des pédérastes partout dans l'oeuvre de S. Mais l'oeuvre de Shakespeare recèle une métaphysique encore plus cohérente que celle que François Hugo dévoile partiellement.)

    Donc la langue de Shakespeare ne se lit pas de gauche à droite, elle est faite pour provoquer l'imagination et l'intelligence comme le dessin, non la rêverie. C'est la raison pour laquelle, faute d'un outil adéquat, le théâtre français ne parvient jamais à retrouver comme Shakespeare la formule apocalyptique des tragédiens grecs, même si Molière exploite dans son "Festin de pierre" le thème de la double face du diable (Don Juan-le séducteur/Sganarelle-le dévôt) cher à Shakespeare. Sans oublier que, question d'anticléricalisme, Shakespeare n'est pas en reste sur Dante Alighieri.

    *

    Plus moderne que l'allemand, le français l'est moins que l'anglais. Peut-on ainsi vraiment aimer Montaigne ET Shakespeare ? A moins de préférer les momies aux êtres de chair comme Proust, cela paraît difficile. Il faut choisir.

    Etant donné la profession de foi géocentrique d'Hamlet, l'importance de la forme sphérique en peinture à la Renaissance, les pièces de Shakespeare étant représentées en outre au théâtre du "Globe", je discerne un clin d'oeil au coeur du sonnet 24. Où j'ai mis "théâtre", un autre traduit par "échoppe", faisant référence à l'atelier du peintre. Je ne crois pas tant personnellement que Shakespeare file la métaphore du peintre de bout en bout mais qu'il révèle plutôt le secret de son théâtre et qu'il est, d'une manière différente de Christophe Colomb, lui aussi un "révélateur du globe".

    Et Miranda dans "La Tempête" :

    - O, wonder!

    How many goodly creatures are there here!

    How beauteous mankind is!

    O brave new world

    Thas has such people in't! Et Prospéro son mage de père de répondre :

    - Tis new to thee.

    "Brave new world" : cette expression reprise par A. Huxley comme titre de son (médiocre) "best-seller" a été justement interprétée comme une allusion au "Nouveau Monde" découvert par Christophe Colomb. Précisément ce monde n'était pas neuf pour François Bacon, auteur de la "Nouvelle Atlantide" et plein d'éloge pour la "sagesse des anciens". Bacon tient que l'Atlantide a réellement existé, et croit dans la valeur historique du témoignage de Solon dans le "Timée" de Platon ; Bacon passe même par le mythe des Atlantes pour expliquer le peuplement de l'Amérique (à noter que les vestiges d'une cité engloutie ont été découverts au large de Cuba où Bacon situe le territoire des Atlantes.

    *

    Il ne faut pas entendre "perspective" ici au sens que lui donnent parfois les muséographes et les archéologues allemands, qui correspond plutôt à la peinture académique et plate de Vermeer, non pas à la peinture de la Renaissance dans laquelle la "perspective" -au sens contemporain- joue un rôle secondaire d'effet spécial dans les grandes compositions ; perspective si secondaire que dans son architecture même, Michel-Ange s'en soucie peu, et lorsqu'il s'en préoccupe, c'est en tant qu'illusion d'optique, pour en jouer ou bien atténuer ses effets. L'idée de la perspective aujourd'hui est inspirée du BTP et des cabinets d'architecture et ne correspond en rien à la mentalité du peintre de la Renaissance.

    Sonnet 24 à rapprocher du "Novum Organum" de François Bacon (aphorisme 9, Livre II) :

    "(...) Ainsi la recherche des formes qui (par leur nature assurément et conformément à leur loi propre) sont éternelles et immobiles, constituera la métaphysique ; la recherche de la cause efficiente, de la matière, du progrès latent, du schématisme latent (toutes choses qui concernent le cours commun et ordinaire de la nature et non les lois fondamentales et éternelles), constituera la physique. Et on leur subordonnera respectivement une science pratique : à la physique, la mécanique ; à la métaphysique la magie (le mot étant épuré), que je nomme ainsi en considération de la largeur de ses voies et de son plus grand empire sur la nature."

    L'empirisme n'est pas ici, on le voit, l'empirisme néo-pythagoricien Galilée ou Descartes, Newton, dont beaucoup d'expériences sont entièrement théoriques, comme les prétendues expériences de Galilée sur la tour de Pise, complètement fantaisistes, ou sa balistique ridicule fondée sur des boulets lancés dans des gouttières ; l'expérience prônée par Bacon est ancestrale et n'a rien à voir avec le gadget technique ou balistique, les conventions algébriques ésotériques de Huygens ou Descartes. L'orgueil laïc est tel qu'au lieu d'écarter carrément Bacon, ce que la place qu'il accorde à la magie par rapport à la physique ou la mécanique oblige n'importe quel commentateur honnête à faire, ou de réserver un traitement à part à Bacon dans l'histoire des sciences, il est NECESSAIRE dans la religion laïque que Bacon soit le père de la science moderne, contre la lettre même de sa démarche scientifique.

  • Censure chrétienne

    Depuis quelques années que je surfe sur le ouaibe, je constate que je suis censuré presque systématiquement, et souvent dès le premier commentaire sur les blogues de publicistes démocrates-chrétiens, voire de clercs.

    Je cite toujours l'exemple de Patrice de Plunkett parce que c'est le plus grossier fourgueur de camelote démocrate-chrétienne auprès d'un public de dévotes paroissiennes que je connaisse ; mais Plunkett n'est pas le seul exemple. J'estime que cette censure est significative ; elle l'est à double titre :

    - d'abord parce qu'elle dit toute l'hypocrisie du "dialogue oecuménique" et de la tolérance dont les démocrates-chrétiens se targuent généralement pour n'être pas en reste par rapport au dogme laïc qui invite à confronter des idées certifiées conformes à d'autres idées du même tonneau, et à se féliciter ensuite qu'une telle liberté d'expression soit permise ;

    - secundo, et c'est le plus important, cette censure vient du fait que la démocratie-chrétienne, précisément d'où émane la revendication absurde des "racines chrétiennes" de l'Europe, n'a aucun fondement historique ; intuitivement, les démocrates-chrétiens savent que leurs fables ne résistent pas à la critique historique, et que leur chapitre est posé sur le sable. Autrement dit, il n'est pas difficile de démontrer que le christianisme romain n'est plus qu'une filiale, une chapelle latérale de la grande nef laïque.

    D'une part la religion laïque ne veut pas -ou peu- entendre parler de ses origines chrétiennes, alors même que le slogan du "judéo-christianisme" est incompréhensible en dehors du phénomène laïc, puisque c'est la longe qui permet d'arrimer la barque chrétienne au navire laïc. Dès le XVIIIe siècle Voltaire fustige déjà ce judéo-christianisme ! Et c'est pourquoi Voltaire est l'ennemi de tous les "judéo-chrétiens".

    D'autre part la religion chrétienne libérale tente de faire croire, bien que ça soit plus difficile, à son autonomie ; alors même qu'on peut constater que sur un sujet par principe déclaré étranger à la religion chrétienne, à savoir la recherche scientifique en général, et le darwinisme en particulier, élément-clef de la religion laïque, le pape est obligé de fournir des gages de soumission.

    Ainsi sur le plan historique, les quelques chrétiens qui continuent de pratiquer sont littéralement médusés par le clergé, et, il faut bien le dire, par le pape d'abord, le Boche comme le Pollack précédent, dont l'injonction lancée à la jeunesse : "N'ayez pas peur !" est parfaitement odieuse, donne un relief spécial à des siècles de lâchetés cléricales, de bénédiction des entreprises militaires les plus diaboliques.

    - J'entame ce jour la publication régulière de commentaires censurés sur des blogues démocrates-chrétiens.

    Commentaire censuré sur le blogue de l'abbé Letourneau, théologien membre de l'"Opus Dei".

    Cité par D. Letourneau, sous le titre : "Relativisme religieux"

    "Il existe des formes de religion dégénérées et malsaines, qui n'aident pas l'homme à se construire, mais l'aliènent : la critique marxiste de la religion n'est pas seulement dénuée de tout fondement." Card. Ratzinger, "Foi, vérité, tolérance", Paris, 2005, p. 218-19.

    Commentaire : "Le fondement de la critique marxiste de la religion est d'abord historique. Manifestement Joseph Ratzinger ignore à peu près tout de la critique marxiste. On ne peut pas réfuter le marxisme comme s'il s'agissait d'une équation mathématique, mais en proposant une synthèse historique contradictoire.

    Si Benoît XVI connaissait Marx un tant soit peu, il saurait que sa critique de la religion est d'abord dirigée contre une religion très "spéciale", à savoir la religion laïque "judéo-chrétienne" telle que G.W.F. Hegel en a tracé le contour idéologique, ou encore l'ex-camarade de promo de J. Ratzinger, Hans Küng.

    Marx a bien vu notamment comme les principes et valeurs laïques, leur supposée "neutralité", ouvre la voie à un fanatisme plus grand encore.

    Marx et Engels tiennent la religion laïque dominante qui les préoccupe pour une "mutation" du christianisme (proches en cela de G.K. Chesterton) ; la religion chrétienne ne survit plus aux yeux de Marx et Engels qu'à l'état de relique.

    L'Histoire confirme Marx et Engels puisque même dans le domaine restreint de la morale désormais, à une assemblée de fidèles très réduite, le clergé romain ne parvient plus à imposer sa morale qu'avec difficulté. Sans compter la picrocholine bataille sur le point de savoir s'il vaut mieux célébrer la messe dos ou "face au peuple".

    On peut pousser jusqu'à dire que le rôle politique essentiel du clergé romain consiste à parer les valeurs laïques nouvelles, fondamentalement basées sur la prostitution, des atours de la "modernité". Il y a probablement un aspect des choses qui fait trembler le clergé romain de peur, dans la critique historique en général et celle de Marx en particulier, un aspect qui explique pourquoi cette critique est pour l'Eglise romaine comme une boîte de Pandore : la critique révèle que l'Eglise n'est autre que la mère des nations, qu'on peut tenir pour "néo-païennes" ou "néo-chrétiennes" suivant le bord d'où on cause."

    - Supplément : "L'idée que le but d'un homme soit de "se construire" vient probablement d'un mauvais manuel de psychologie boche ; elle ne figure en aucun cas dans le Nouveau Testament."
  • Mode binaire

    "Signe rétrograde du temps" : la formule d'Engels s'applique parfaitement au cinéma, qui entraîne vers l'Enfer ses victimes suivant la méthode du joueur de flûte de Hamelin.

    Un jour, comme je traversai un asile de vieillards abandonnés devant quelque film, j'eus une vision similaire à celle de Dante ; l'écran avait dévoré l'âme de ces êtres, complètement possédés par la mécanique rétrograde du cinéma. Et si cette fente luciférienne aimantait si fort ces pauvres débris décharnés, c'était qu'ils croyaient y voir les cuisses écartées de leur mère : le Paradis.

    Pour le Salut, il faut d'abord se défier de sa mère, dont l'âme n'est ni main caressante, ni même coeur débordant de formules magiques, mais ventre. Hamlet a beau insulter sa sainte mère l'Eglise, la putain de l'Apocalypse, rien n'y fait, elle demeure stupide, comme une vieille nef échouée sur la vase et dont les vers s'occupent déjà.

     

     

  • Maintenance

    Jeu, set, match, carré, rectangle, duel, paume, tie-break, cygnes, coupe, balle, ligne, couloir, tribune, arbitre, chronomètre... : Roland-Garros de la cour au court, histoire de nous rappeler que la "Révolution française" n'a jamais eu lieu que dans la tête de quelques-uns, et que la balistique du XVIIe siècle se maintient encore la tête hors de l'eau - soumise croit-elle pour son destin au battement de l'aile d'un papillon ; plus probable, le changement de climat.

  • Créneaux

    Sur la différence entre deux auteurs proches, Weyergans (Freud) et Houellebecq (Raël+Schopenhauer), tous deux "auteurs de cinéma" et vedettes du "Salon du livre" : on peut dire que le public de Houellebecq est un peu moins "ménopausé" que celui de Weyergans, plus exigeant sur le style (avec l'âge, les femmes échangent leurs meubles Ikéa contre des meubles de style). Pourquoi une clientèle plus jeune ? Parce que Houellebecq, pendant six mois, a été en décalage avec le "politiquement correct", avant d'être rattrapé par Sarkozy (comme Le Pen).

    La tyrannie est un rêve de mère de famille modèle. Et l'enfant-roi n'est qu'un esclave. Le régime totalitaire est généreux avec le fayot du premier rang, y compris lorqu'il est à demi-assoupi sur son cahier comme Weyergans et pas un stakhanoviste préfacier comme Sollers ; de temps à autre il favorise aussi un cancre comme Houellebecq.

  • Plagiat

    Le dernier des académiciens, François Weyergans, traduit le système de Freud en français : il assassine son père dans le dos ("Franz et François"), avant de coucher avec sa mère ("Trois jours chez ma maman") et de reprendre le fonds de commerce familial, sans vergogne (le paternel de Weyergans donnait déjà dans le "conte moral", genre qui garantit le succès auprès des nonnes et des ménagères périménopausées). Freud est sans doute le seul à gagner à cette traduction, avec sa clientèle.

    Pour un Voltaire, combien de Pangloss et de trissotins ? De "chevaliers du subjonctif" grotesques ?

     

  • La Mort et le Cinéphile

    En chaque cinéphile sommeille une fillette ou un garçonnet incestueux : "Saint Proust, patron des cinéphiles, faites que je regagne le sein tiède de ma Mère, à l'abri de la lumière !"

    Observez bien le cinéphile après s'être fait une toile, l'âme regonflée à bloc, comme s'il venait de naître. On croirait assister à un accouchement. Tout l'obscurantisme de la maïeutique est dans cette scène. 

    C'est pourquoi l'inceste est un sujet tabou pour le cinéphile et qu'il préfère nettement sublimer l'inceste en "culte des morts".

    A cette passion romaine, qui ne passe même pas le seuil de la grotte de Platon, assouvie sur un cadavre encore chaud, succède la raideur et le froid cadavérique. Nul doute que le cinéphile verra son désir comblé : voir la mort en face. Surtout le cinéphile "chrétien" qui a passé un pacte avec le diable.