Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mon Journal de guerre - Page 5

  • Shakespeare contre Dante

    "Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres. Ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre (...)" (Luc : 16,13).

    La portée de Shakespeare reste grande car l'idéologie démocratie-chrétienne est fille (plus ou moins cachée) de l'ancienne "monarchie de droit divin", en théorie comme en pratique.

    Sans doute le passage de témoin entre l'ancien machiavélisme politique et le nouveau est-il plus facile à observer dans le Royaume-Uni, où la mue s'est opérée de façon moins brutale et sanglante. Le récit légendaire de la Révolution française, tel qu'il est enseigné en France, souligne l'opposition entre l'ancien et le nouveau régime, opposition beaucoup plus superficielle en fait qu'elle n'est en droit (à bien des égards, Napoléon ne fait que répéter Louis XIV).

    Les Etats-Unis, nation qui représente mieux qu'une autre la formule démocratique, reposent plus encore sur la fiction que la France et son récit légendaire de la Révolution française. Les Etats-Unis contribuent ainsi à faire passer la démocratie-chrétienne pour une idée neuve, ce qui n'est pas le cas.

    La bêtise des élites politiques soi-disant chrétiennes est le personnage principal des tragédies de Shakespeare, ce qui a pu faire dire à certains exégètes superficiels que Shakespeare est un auteur "athée".

    Cette bêtise, tantôt innocente, tantôt méchante, est jouée par le conseiller ecclésiastique du prince, qui occupe une position (intellectuelle) supérieure à celle du prince (Th. Wolsey, Th. More, Polonius...). Shakespeare prédit ici une réalité dont nous sommes les contemporains, à savoir l'enlisement de la politique et des politiciens dans la rhétorique politique, la "science politique" osent dire certains pour parler de cet art qui consiste essentiellement à "faire miroiter".

    Or, à l'origine de cette démagogie se trouve l'effort pour légitimer l'action des pouvoirs publics à l'aide des Evangiles. C'est en cela que la démocratie contemporaine hérite de la monarchie de droit divin, et c'est encore en cela que Shakespeare conserve toute son actualité -car le mensonge sur lequel repose l'Occident demeure essentiellement le même à travers les siècles.

    Lorsqu'un mensonge est éventé, il est nécessaire de lui donner une nouvelle forme. La démocratie-chrétienne remplace pour cette raison la monarchie de droit divin. La thèse politico-religieuse de Dante Alighieri, sous-jacente à la "Divine comédie", ne pouvait résister longtemps à la confrontation à la lettre et l'esprit évangéliques. 

    Shakespeare envisage même les différents mobiles de la trahison des évangiles et leur défense expresse de fonder sur la terre (et donc la chair) le Royaume de Dieu.

    De tous ces conseillers du prince sataniques, réels ou fictifs, mis en scène par Shakespeare, le cardinal Th. Wolsey, éminence grise d'Henri VIII, est le plus machiavélique et le plus conscient qu'il trahit la foi chrétienne en l'assujettissant au plan monarchique : c'est aussi le seul qui, en définitive, est capable de s'amender et de reconnaître son erreur. Shakespeare est plus sévère avec Thomas More, persévérant jusqu'à la mort dans sa thèse, dont le tragédien montre qu'elle conduit à un dilemme sans issue (suivant l'avertissement de Luc : 16,13).

    La fable ou le mythe d'Hamlet confère aux péripéties politiques du règne d'Henri VIII une portée générale et apocalyptique.

    Dans la logique des Evangiles, la vision prophétique de l'apôtre Jean nous montre l'affrontement entre le camp des serviteurs de Dieu et celui des serviteurs du Monde, en apparence débarrassé de Satan (la rhétorique démocrate-chrétienne est un christianisme qui élude le satanisme).

    La constance de Shakespeare (on pourrait citer une bonne dizaine de pièces) à dénoncer le mensonge sur lequel repose la culture occidentale (sans jamais condamner personne) est telle qu'il n'est pas difficile, en plus de certains éléments objectifs, de reconnaître Dante Alighieri dans le poète visé par les Sonnets de Shakespeare. Comment pourrait-il en être autrement ? Comment un auteur qui s'est employé à dénigrer la culture médiévale avec la force que même ses détracteurs reconnaissent à Shakespeare... comment un tel auteur aurait-il pu épargner Dante, l'auteur du plus beau des mensonges ?

    Sonnet 21

    Il n'en va pas de moi comme de tel poète

    Dont une beauté peinte a stimulé la Muse,

    Qui prend pour ornement le ciel même et compare

    Son bel objet d'amour à toutes choses belles,

    L'unissant fièrement au soleil, à la lune,

    Aux joyaux de la terre et de la mer, aux fleurs

    Premières-nées d'avril, à toutes les merveilles

    Qu'en cette vaste sphère enclôt tout l'air du ciel.

    Ah ! de mon amour vrai laissez-moi parler vrai (...)

    Il est reproché à Dante dans ce sonnet de transformer la prophétie évangélique en objet d'art à caractère érotique, alors même que le Messie dissuade de bâtir sur le sable. Du "grand mystère" chrétien évoqué par Paul de Tarse, Dante se contente de tirer un beau poème apparemment chrétien (mais en réalité teinté d'animisme, voire de pédérastie platonicienne) ; Shakespeare se propose au contraire "de parler vrai d'amour vrai", déboutant par avance tous les exégètes plus ou moins freudiens acharnés à voir dans les sonnets force connotations érotiques.

  • Satan dans l'Eglise

    Paradoxe, c'est dans l'Occident "judéo-chrétien" que s'est développée la plus haute idée de la civilisation, alors même que les Saintes Ecritures et les apôtres interdisent aux chrétiens de se comporter en actionnaires du monde.

    Cette très haute idée de la civilisation est notamment dissimulée dans la notion de "modernité", pratiquement indéfinissable. "Dieu est mort" dans un certain nombre de nations ultra-modernes qui prétendent mettre la religion entre parenthèses, mais une idée extrêmement raffinée de la civilisation a survécu à dieu. Or cette idée extrêmement raffinée est source d'une sidération religieuse similaire, au point que l'on peut parler de "fanatisme de la civilisation".

    Dans l'Antiquité, la civilisation représente un idéal moins élevé ; on le reconnaît à ce que la civilisation est alors mieux définie, de façon moins mystique. Même le philosophe païen Platon ne rêve pas d'une politique parfaite. On pourrait citer quelques caractéristiques de la civilisation grecque antique, d'ailleurs dissuasives de croire que la culture moderne perpétue la culture grecque antique.

    Comment caractériser les Etats-Unis modernes en revanche ? Par leur économie capitaliste ? Mais les ressorts de l'anti-économie capitaliste sont eux-mêmes assez mystérieux.

    Le sermon du célèbre évêque chrétien d'Hippone, Augustin, dissuadant les chrétiens de se préoccuper du sort de l'Empire romain, en pleine décadence, ferait sans doute un plus grand scandale aujourd'hui s'il était prononcé publiquement par le représentant d'une Eglise chrétienne ; on peut même observer que des politiciens rusés parviennent à mobiliser parfois des électeurs soi-disant chrétiens sur le thème de la décadence.

    Il faut citer le contre-exemple de Shakespeare, parfois indûment classé parmi les "modernes", mais dont l'oeuvre souligne nettement que la civilisation moderne repose avant tout sur le mensonge, un mensonge extraordinaire (dont Hamlet est averti par une épiphanie).

    Shakespeare permet de comprendre que la conception mystique de la civilisation est liée à une prosternation devant le Temps, que Shakespeare ne manque pas, de façon répétitive, de qualifier d'assassin, pour signifier son désengagement de la culture de mort moderne.

    A contrario l'effort de soi-disant chrétiens pour jouer les premiers rôles en politique et dans les affaires du monde (effort étrangement couronné de succès) nous avertit de l'activité de Satan dans l'Eglise, et cela d'autant plus que ces chrétiens charnels nient dans leurs conférences l'existence même de Satan, ou la minimisent.

  • Au sujet des "Mormons"

    Quelques mots au sujet de la secte chrétienne des "Saints des Derniers jours", couramment surnommés "Mormons" ; cette secte revendique environ 14 millions de membres et son "siège" est à Salt Lake City dans le désert (Utah).

    - Le mot "secte" n'est pas péjoratif en soi ; il faut dire que l'Eglise romaine fait désormais figure de secte en France, dans la mesure où elle n'est pas la principale religion et a tendance à péricliter. Ayant adhéré à l'Eglise romaine durant toute mon enfance, et même au-delà (c'est-à-dire cru que le baptême administré par les prêtres romains était indispensable au Salut), avant que ma foi ne soit profondément changée, je considère avoir fait partie d'une secte, c'est-à-dire d'une Eglise romaine incomparable dans son organisation avec ce qu'elle fut au moyen-âge, quand les élites politiques s'appuyaient sur son clergé.

    A contrario la Psychanalyse - ses rituels, ses prêches, ses prescriptions, son clergé, représentent une religion actuellement dominante, autrement dit une religion d'Etat. Ce n'est pas un hasard si la Psychanalyse dispose en France d'un pouvoir inquisitorial exceptionnel que le clergé catholique a perdu.

    Cette parenthèse refermée, revenons aux "Saints des Derniers jours". J'en ai fréquenté quelques-uns en province quand j'y résidais, où une petite communauté s'était implantée. La curiosité était sans doute mon seul mobile, car pour le reste cette religion était beaucoup trop "américaine" pour me convaincre de son sérieux et ne pas me laisser entièrement dubitatif.

    Encore aujourd'hui je crois que les "mormons" sont Américains comme les Italiens sont catholiques romains, par une sorte d'atavisme culturel.

    Bien sûr le christianisme transcende toutes les cultures et les patriotismes ; on ne peut être pleinement chrétien qu'en abdiquant ses racines, c'est-à-dire en abdiquant ce qu'il peut y avoir de mystique, inclinant au rêve, dans une "culture nationale". Le Messie a indiqué à quel point il est difficile pour un riche d'être sauvé. La difficulté n'est pas moindre pour certaines personnes d'abdiquer leurs racines. De plus, l'air du XXe siècle est saturé de ce mysticisme nationaliste, si antichrétien qu'il semble avoir été inventé exclusivement dans le but de tenir le peuple à l'écart de la Parole de Dieu, qui condamne cette perspective.

    L'Eglise des "Saints des Derniers jours" s'est donné un nom qui souligne la dimension eschatologique ou apocalyptique du message évangélique. Cette dimension eschatologique est une composante de la culture américaine.

    Ce qui différencie le Français de l'Américain est que ce dernier se comporte avant tout comme une personne religieuse, tandis que le Français se comporte avant tout comme une personne irréligieuse (l'américanisation de la France se mesure au progrès de la psychanalyse, religion déguisée en "science humaine").

    C'est un rappel utile en même temps qu'il est redondant, car tous les chrétiens sont des chrétiens des derniers jours, qui commencent après la résurrection de Jésus-Christ à la Pentecôte. Le temps et le terrain du Jugement ne sont pas les mêmes que ceux de la culture ou de la civilisation, qui paraissent s'étirer en longueur.

    Le chrétien ne doit pas mépriser la civilisation, quand celle-ci vaut quelque chose (ce qui est improbable en ce qui concerne la rhétorique démocrate-chrétienne, dont les fruits demeurent invisibles), mais il doit être capable de faire la part des choses temporelles (la famille, le mariage) et des choses intemporelles (l'amour, la vérité).

    Les Saints des Derniers jours rappellent sur leur site internet qu'ils ne vénèrent pas Joseph Smith, leur prophète et fondateur, mais Jésus-Christ. La précision est moins anodine qu'il y paraît, car les hommes ont tendance à se prosterner plus facilement devant les choses humaines qu'ils ne se prosternent devant les choses divines, suivant l'histoire du peuple hébreu racontée par son prophète Moïse.

    Je ne peux donner mon avis sur les sermons et la lumière que Joseph Smith a prétendu détenir, car j'en ignore à peu près tout.

    Expliquant ce qui lie les Saints des Derniers jours à Joseph Smith, qu'ils ne confondent pas avec Jésus-Christ, le site des mormons fait cette comparaison avec l'ascendant de l'apôtre Paul, des Gentils, sur certains chrétiens.

    C'est précisément à propos de la dynamique eschatologique du message de Jésus-Christ que Paul est lumineux. Autrement dit, grâce à Paul, on ne peut voir le christianisme autrement que comme la religion des derniers jours du monde. Cela explique la haine des mondains contre Paul, et leur combat particulièrement acharné contre lui, y compris de la part de soi-disant "chrétiens".

    Paul ne se contente pas comme Augustin d'Hippone de remarquer que l'avènement de Jésus-Christ rend la loi de Moïse caduque, "car l'avènement de Jésus-Christ n'aurait pas de sens autrement", Paul explique quel progrès vers la Vérité représente le message délivré par le prophète Jésus.

    Il explique quelle est la signification de la guerre sainte conduite par Jésus-Christ contre le monde, et que celui-ci n'aura de cesse jusqu'à la fin des temps d'étouffer le message évangélique par tous les moyens dont ce gros animal dispose (à commencer par la propagande, que l'on peut qualifier de "voix du monde").

    Parce que Paul ne lâche pas l'épée de la Parole divine, son ascendant demeure tandis que beaucoup de prophètes chrétiens ou se disant tels au cours des siècles ont vu leur influence diminuer ou s'effacer.

  • Le Football ou la Religion

    Le socialisme est la religion à l'état pur. J'entends par là la religion sans frein, dont on ne peut pas dire qu'elle est "au service de l'homme", car elle conduit rapidement comme les drogues dures, après quelques instants de plaisir, à la mort ou la "solution finale".

    Le football peut être qualifié de "religion socialiste", dans la mesure où un quelconque Dieu n'est pas mis en avant, mais l'Homme ou l'Humanité, notions plus incertaines encore que Dieu. Il est très difficile de postuler ou de démontrer rationnellement l'unité du genre humain, perclus de divisions, aussi l'effort des religions socialistes (nazie, communiste, démocrate-chrétienne...) consiste tout spécialement à donner l'illusion de cette unité, à travers de grands rassemblements hystériques, qui consolident la foi socialiste aux yeux de ses divers sectateurs.

    Il est intéressant d'observer le fanatisme autour du football ; en effet, en même temps que le football fait l'objet d'un consensus au sein des élites politiques et religieuses occidentales, il constitue l'un des démentis les plus palpables à l'idéal démocratique mis en avant par ces mêmes élites. Qui peut sérieusement adhérer à l'idéal démocratique dès lors qu'il voit dans le football et les mises en scènes qui l'accompagnent un phénomène typiquement démocratique ?

    Tout est artificiel dans le football ; c'est ce qui le rend ubuesque, comme toutes les religions artificielles. Le plus grand danger tient dans ce discours éthique complètement truqué, où les "valeurs démocratiques" servent à masquer la concurrence sans frein entre les joueurs et les équipes, c'est-à-dire la vraie règle du jeu tacite, qui à termes condamne même le simple respect d'autrui.

    - Pourquoi le football, m'a-t-on récemment questionné ? Pourquoi le football fascine-t-il plus qu'une autre pratique ?

    D'abord il faut dire que cette fascination reflète l'aspiration de l'homme au néant, c'est-à-dire pour le traduire en termes chrétiens, l'aspiration de l'homme à céder au péché ; allez vérifier en Allemagne ou au Brésil, "terres de football", si la Mort n'a pas le statut de divinité consolatrice.

    Je répondrais que, dans le football, la part du hasard est plus grande que dans d'autres disciplines. D'abord il y a plus de hasard dans les sports collectifs qu'il n'y en a dans les sports individuels prônés autrefois par les Grecs ; de plus les règles propres au football contribuent à l'arbitraire ; il y a au football comme en amour beaucoup d'incertitude.

    D'une certaine façon, la corruption et la tricherie qui règnent dans le football ont tendance à diminuer l'aléa qui serait peut-être plus grand encore sans ces biais.

    Le hasard, synonyme d'ignorance du point de vue scientifique authentique, est un élément distinctif d'une culture de mort, correspondant au nombre de la bête 666, "qui est un nombre d'homme", c'est-à-dire un calcul humain (quand l'homme est calculateur, c'est toujours à partir de l'heure de sa mort qu'il calcule).

     

  • Guerre des Sexes

    La place que la sécurité tient dans l'idéal féminin du bonheur, tandis que l'homme au contraire ne peut s'épanouir sans courir des risques, cela suffit à expliquer pourquoi la concorde entre les sexes est impossible.

    Les Anciens rapprochaient la femme de la figure de la Mort, car la mort incarne la sécurité et le confort absolus.

    Le nouveau testament est hostile au mariage a priori dans la mesure où il est une source de complication, et donc d'égarement, à l'instar de toutes les ambitions sociales ; on voit le Messie répondre avec agacement à toutes les questions sociales qui lui sont posées, dont une à propos du mariage, Lui qui est venu pour parler de l'Esprit de Dieu et non de choses terre-à-terre.

    Comment comprendre la doctrine de l'apôtre Paul en matière de mariage ? D'abord il faut la comprendre comme une concession à l'esprit du temps. Le célibat du Messie est le modèle spirituel proposé au chrétien. Paul se retrouve ici, face aux premiers chrétiens, dans la position de Moïse qui fut contraint de concevoir des règles matrimoniales, comme explique le Messie, parce que les Juifs avaient "la nuque raide" (c'est-à-dire qu'ils n'entendaient rien au message des prophètes).

    On note que les moeurs de la bourgeoisie moderne ont rendu la doctrine de Paul pratiquement inapplicable puisque l'apôtre accorde au mari le pouvoir de commander sa femme, ce qui contredit la législation civile en vigueur dans la plupart des pays occidentaux.

    Il faut encore noter que les chrétiens qui ont choisi de vivre en communauté à l'écart du monde et de demeurer chastes n'obtiennent pas toujours les fruits spirituels qu'ils devraient ; nombreux sont en effet les moines qui ont publié des propos mondains dénués de profondeur spirituelle. Cela s'explique encore sans doute par la faiblesse de l'homme et son enracinement dans la chair ; celui-là même qui se fait eunuque n'acquiert pas en un seul jour la force de qui sait résister à la chair.

    C'est un grave contresens d'interpréter la chasteté de Jésus-Christ comme un sacrifice, ou même comme une méthode. Le Messie n'éprouve pas un besoin charnel qui trahit la faiblesse humaine. Les athées le savent bien, qui pour démontrer que Jésus-Christ était un homme comme tout le monde lui prêtent des relations sentimentales ou sexuelles.

  • Le Christ anarchiste

    Nul ne détrônera Jésus-Christ de sa place d'Ennemi public n°1, qui le fit condamner à mort par la foule juive de préférence au "droit commun" Barrabas.

    Les Barrabas d'aujourd'hui le savent sans doute, c'est-à-dire ceux que la cruauté ou la violence de leurs crimes fait passer pour les ennemis du genre humain. Ils savent que le genre humain, en réalité, ne peut pas se passer d'eux, comme il ne peut pas se passer de la mort ni de la peur ; c'est ce qui explique qu'au jour de leur procès, certains assassins affichent une grande sérénité et sont loin d'être rongés par la culpabilité - ils savent qu'ils contribuent à la justice.

    D'ailleurs je n'ai lu nulle part que Napoléon mourut étouffé dans les remords.

  • De Judas à Nietzsche

    La comparaison de ces deux traîtres (au message évangélique), que près de deux mille ans séparent, est un paragraphe qui s'insère dans mon étude sur le satanisme dans l'Eglise. Elle est en effet une des preuves les plus saisissantes de l'activité de Satan et de l'actualité du Jugement divin.

    Ici ou là on peut entendre parler depuis quelques années de "réhabiliter Judas" ; cette initiative sonne étrangement de la part de ceux qui se situent hors de la foi chrétienne ; de la part de soi-disant disciples de Jésus-Christ, la proposition est plus qu'étrange - elle confirme l'avertissement du Messie et de l'apôtre Paul au sujet de l'avènement de l'antichristianisme dans le monde.

    La remarque selon laquelle le propos de Nietzsche n'est pas si différent des propos tenus par certains philosophes des Lumières n'est pas fausse ; cependant le satanisme affiché par Nietzsche fièrement est original, de même que son projet d'éradication du judaïsme et du christianisme de la surface de la terre, exposé dans "L'Antéchrist", son ouvrage majeur (1895).

    C'est d'abord pour cela que la comparaison de Nietzsche avec Judas est possible : parce qu'ils ont tous les deux tenté de supprimer Jésus-Christ ; le premier physiquement, avec la complicité des autorités religieuses juives ; le second pour sa part souhaitant éradiquer le christianisme (la correspondance privée de Nietzsche indique même qu'il compte sur la haine des Juifs à l'égard du Messie pour l'aider à accomplir cette tâche). Dans les deux cas il s'agit d'une attaque virulente et frontale, à laquelle les Evangiles nous dissuadent d'accorder trop d'importance. En effet, l'antichristianisme le plus redoutable ne s'attaque pas à Dieu en personne, ni à son messager, mais au message qu'il tente de subvertir, ce que ni Judas ni Nietzsche n'ont tenté de faire.

    - Judas et Nietzsche ont en commun d'avoir adhéré au christianisme et d'avoir compris son message ; il n'est pas impossible (l'évangile de Judas Iscariote comporte des éléments dans ce sens), que celui-ci fût le premier parmi les douze à avoir compris un message que l'humanité, deux mille ans après la résurrection de Jésus-Christ, s'efforce encore par tous les moyens d'étouffer.

    Quant à Nietzsche, il fut élevé par sa famille dans la religion chrétienne luthérienne, et son oeuvre témoigne d'une bonne connaissance des Evangiles (ce qui était aussi le cas de la plupart des philosophes des Lumières).

    Le mobile de Judas est moins net que celui de Nietzsche. L'abjuration de Nietzsche est au nom du bonheur ; elle est doublée d'une accusation lancée aux saintes écritures et à la Parole que les chrétiens considèrent divine, d'avoir fait et de faire le malheur du monde à travers les siècles.

    Cette dernière accusation est mensongère, et il est douteux que Nietzsche fût de bonne foi sur ce point. Le message évangélique distingue bien la joie divine (des "béatitudes") du bonheur strictement humain, seulement nécessaire et non spirituel ; mais nulle part la souffrance n'est exaltée comme une voie de salut, bien au contraire puisque les oeuvres sont condamnées, et les sacrifices inutiles déclenchèrent la colère de Jésus-Christ dans le Temple des Juifs.

    L'apologie de la science, comme étant une activité supérieure à toutes les autres, empêchera-t-elle le savant de prendre un bon repas et de se soumettre ainsi à la nécessité commune à tous les hommes ? L'argumentation de Nietzsche contre le mépris chrétien du bonheur terrestre ne vaut pas mieux que l'argument qui accuserait la science de troubler le bonheur humain.

    - Un point sépare Nietzsche de Judas ; Nietzsche ne s'est pas suicidé, contrairement à Judas. Nietzsche a été comme rattrapé par la maladie, qu'il avait passé une bonne partie de son existence à combattre, et le moraliste allemand a fini ses jours dans un asile d'aliénés. Est-ce que cela ne donne pas à croire au destin, à son ironie ? (le destin qui représente pour un suppôt de Satan la seule loi éternelle).

    Nietzsche ne s'est pas suicidé, néanmoins il était très isolé. Son combat l'avait coupé de presque tous ses amis, pour la plupart membres d'une bourgeoisie où l'hypocrisie dominait, et qui craignaient d'être compromis par les propos de Nietzsche, plus virulents que subversifs.

    Aujourd'hui encore les disciples autoproclamés de Nietzsche, bien que le contexte soit plus favorable en Europe au satanisme, ne veulent pas s'afficher comme des suppôts de Satan afin de préserver une certaine respectabilité.

  • "Words, words, words..."

    Baratin ! Voilà le barrage qu'un chrétien peut opposer à l'extraordinaire déversement de discours politiques dans nos oreilles. Ce flot est comparable à l'envahissement de la musique, qui a lui aussi pour effet d'assourdir.

    La politique est comme le cinéma : un art mort qui s'agite tant qu'il peut pour faire croire qu'il vit encore. On pourrait encore parler de stade végétatif de la politique pour décrire ce qui se passe ; au stade où l'économie -c'est-à-dire la nécessité-, fait loi, il n'y a plus de politique, comme il n'y a plus de gouvernail dans une barque qui vogue au gré du vent.

    Le chrétien ne tirera pas de ces observations les mêmes conclusions que l'honnête homme (G. Orwell), doté seulement du bon sens. Car l'Histoire commence en effet pour le chrétien là où la politique s'arrête, suivant les saintes écritures.

    Par conséquent la Révélation met fin à la politique - disons que les forces politiques et ce qui les anime entrent alors en résistance contre la Vérité.

    L'extraordinaire déploiement du mensonge politique, dont la démocratie-chrétienne représente la version la plus accomplie, ce déploiement s'explique par la révélation de la fin du monde, que l'Antiquité n'ignorait pas absolument, mais qu'elle soupçonnait seulement.

    Jamais la politique n'a autant promis, et c'est de ces promesses insensées que vient son impuissance de plus en plus radicale des gouvernements. Or ces promesses insensées peuvent être résumées à la volonté satanique de faire le Royaume de Dieu sur la terre.

    Derrière ce chant des sirènes, il n'y a que mort.

  • Satan dans l'Eglise

    La foi chrétienne subit de nombreuses attaques dont la plus sournoise consiste à prôner une forme de "relativisme" chrétien. Cette stratégie consiste à suggérer que "toutes les religions se valent", ou encore qu'elles reposent sur un "principe commun".

    Ce syncrétisme contraire à l'esprit et à la lettre de la foi chrétienne se donne en outre un air "charitable" : ses apôtres vantent souvent là un hypothétique remède à la division entre les hommes. Du point de vue chrétien, la division entre les hommes est la rançon du péché, tout comme la mort, SANS REMEDE ETHIQUE, SOCIAL OU POLITIQUE.

    Cette attaque vient de l'extérieur du cénacle, ou encore elle émane de son sein même ; cette dernière attaque est -on le comprend facilement-, la plus dangereuse et la plus sournoise, le fer de lance de l'antichristianisme.

    Cette dernière attaque a été prévenue par Jésus-Christ qui dit solennellement : "Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui ne rassemble pas avec moi disperse." (Matth. 12:30)

    Le Messie a en outre multiplié les avertissements à ses apôtres afin qu'ils ne le prennent pas pour un autre. L'invocation de son nom par les prêcheurs chrétiens est une condition indispensable, mais non suffisante, compte tenu de la ruse de Satan (qui sait se faire oublier pour mieux nous posséder, selon la confession d'un poète moderne).

    - On comprend qu'un chef religieux bouddhiste, à l'extérieur du cénacle, fustige les chrétiens qui proclament que leur dieu est le seul VRAI Dieu. Encore faut-il préciser que Jésus-Christ ne prétend pas être le plus grand philosophe ni enseigner la meilleure voie que le bouddhisme pour parvenir au bonheur et à la sérénité sur cette terre.

    Il est impossible de fonder une quelconque école de vertu sur les évangiles. Comment serait-ce possible alors que les évangiles abolissent définitivement la hiérarchie ecclésiastique qui séparait auparavant les hommes de Dieu, le Messie des chrétiens proscrivant pour cette raison d'appeler son "père" quiconque n'est pas l'Eternel, père du messie ?

    - De la part des sophistes athées, affirmer qu'il n'y a qu'un seul dieu (théorie monothéiste) derrière de multiples religions, est une manière détournée d'affirmer que dieu n'est que l'invention des hommes. Ce faisant les sophistes prouvent seulement que les convictions athées sont ancrées dans des syllogismes (comme beaucoup d'idéaux et de croyances contemporaines, dans les univers multiples ou le transformisme).

    Moins superficiel, K. Marx rappela qu'"il ne suffit pas de démontrer qu'une religion est illusoire pour démontrer que dieu n'existe pas."

    - L'athéisme trouve un renfort de taille -peut-être même l'athéisme n'existerait pas sans ce renfort-, dans la substitution de la philosophie à la vraie foi chrétienne par de soi-disant "chrétiens".

    Les forteresses les mieux défendues peuvent tomber à cause de traîtres qui ouvrent une brèche à l'ennemi. Mais la foi chrétienne n'est pas une forteresse, c'est une épée dont le fil ne peut rouiller. Si Satan parvenait à empêcher quiconque de s'en saisir, elle serait encore là, saisissable par quiconque ose repousser les limites de la condition humaine et défier Satan.

    Il y a donc des suppôts de Satan, qui ne sont pas apparemment "contre le Christ", mais qui le combattent à visage couvert, osant parfois se proclamer "chrétiens" ; on en trouve déjà dès les premiers temps de l'Eglise, mais l'apôtre Paul nous prévient que leur nombre va décupler. Heureusement il est aisé de les confondre en confrontant leurs discours à la Parole divine.

    - Quelle oeuvre est plus emblématique que "La Divine Comédie" de Dante de la superposition satanique de la philosophie égyptienne de Platon à la foi chrétienne véritable ?

    On aurait tort de croire qu'il s'agit-là d'une oeuvre isolée, médiévale et donc reléguée dans le passé. Le rayonnement satanique d'une telle oeuvre demeure exceptionnel. Pour en signifier l'importance, il suffit de dire que la démocratie-chrétienne prolonge la tentative de Dante de substituer à l'apocalypse un plan séculier.

    On en comprendra encore l'importance si l'on comprend que le but principal poursuivi par l'oeuvre de Shakespeare est l'anéantissement de ce culte païen égyptien déguisé en christianisme. Il n'y a pas de "formule unique" de l'antichristianisme, mais certainement le "platonisme chrétien" est la formule la plus répandue de gnose (fausse théologie).

     

  • Apologétique

    La théologie chrétienne est la pire de toutes les théologies. Au fil du temps, elle ressemble à un patchwork de théories mal cousues ensemble, un vrai dédale. En comparaison, les disputes des païens pour savoir quel est l'élément primordial, de l'eau, de l'air ou du feu, paraissent faciles à démêler.

    Les théologiens chrétiens ne sont pas seulement multiples et variés, ils se contredisent souvent, comme Luther et le pape, les jésuites et les jansénistes, ou plus radicalement encore Shakespeare et Dante Alighieri. Je mentionne ici Shakespeare à l'attention de ceux qui ignorent (ils sont nombreux en France), qu'il y a une mythologie chrétienne, comme il y a une mythologie juive, grecque ou égyptienne.

    On peut déduire de cet assemblage de théories contradictoires que le christianisme est la religion la plus mensongère, ou au contraire qu'elle est la plus véridique.

    Pour établir qu'elle est la plus mensongère, il faut établir que le biais ou l'erreur n'est pas dans l'Homme. Même sur ce sujet, qui relève de la psychologie, les théologiens chrétiens ne sont pas d'accord ! Augustin d'Hippone diffère radicalement sur ce point de Lamennais. Selon ce dernier, la vérité est un astre aussi difficile à regarder en face pour l'Homme que le soleil.

     

    Il faut confronter ici la théologie chrétienne à la science, à la manière de Francis Bacon, rénovateur de la science au début du XVIIe siècle, qui ne manque pas de rapprocher ces deux formes d'"aspiration à la vérité".

    On comprend aisément que la science doit affronter l'obstacle, pour l'heure invaincu, de l'ignorance et de la bêtise humaines. Il est probable que n'importe quel savant, y compris de faible envergure, s'est déjà heurté à cet obstacle ; seule une science qui serait aussi une religion d'Etat progresserait sans contradiction ni erreur.

    Les errements et contradictions des savants ne suffisent pas à proclamer l'inutilité et la vanité de la science. La condamnation par Montaigne de la science est au nom du bonheur ; ce philosophe ne fait que répéter ce que l'on sait déjà depuis plus de deux millénaires, à savoir que la quête du bonheur et la quête de vérité sont deux voies distinctes.

    Il est bon de rappeler que Jésus-Christ propose un raccourci à travers le dédale des théologies, dont beaucoup ne sont que des impasses, et ce raccourci c'est la charité, très difficile à définir avec des mots humains.

  • Hazarou akbar !

    Le sentiment religieux est particulièrement développé dans les régimes technocratiques, d'où l'expression judicieuse utilisée par certains critiques de "nouveau tribalisme" pour désigner la culture ultra-moderne.

    Le téléphone portable fait partie des outils qui illustrent le mieux cet extrémisme religieux, et l'on ne peut pas s'empêcher de sourire en voyant de soi-disant "esprits laïcs" consulter fébrilement leur messagerie, comme un moine bouddhiste tripote son chapelet à longueur de journée.

    Si l'utilisateur en question se déclare "rationaliste", on éclatera de rire car l'usage du téléphone portable est tout sauf "rationnel". A la réflexion, j'ai beaucoup trop de doigts sur la main pour compter les personnes dans mon entourage qui font du téléphone un usage rationnel. Le plus souvent cet usage est sentimental, c'est-à-dire religieux.

    Quelques-uns de ces usagers plaident pour un usage moins compulsif et masturbatoire, s'en déclarant des exemples- ce sont sans doute les pires, car lorsque l'alcoolisme ravage un peuple, ceux qui savent boire raisonnablement devraient s'abstenir de le faire publiquement, ainsi qu'un adulte s'abstient devant un enfant de montrer l'exemple d'un comportement qu'un enfant ne pourrait imiter sans s'exposer à un grave danger.

    Hannah Arendt aborde cette question du sentimentalisme religieux excessif qui règne dans les régimes totalitaires technocratiques sous un autre angle. Elle note la disparition progressive des préoccupations pragmatiques, ce qui revient à indiquer le progrès du mysticisme religieux. Un auteur mystique, dans le mauvais sens du terme, cultive le néant, s'adonne à la quadrature du cercle.

    Plus une personne est pragmatique, plus elle résistera à l'usage du téléphone portable, y discernant plus facilement qu'une femme ou un enfant un gaspillage.

    On peut aussi qualifier de littérature mystico-religieuse la "science-fiction", définissable au sens strict comme un produit de la technocratie, visant principalement le divertissement ; cette définition englobe de nombreux travaux et formules mathématiques récents dont l'utilité est plus que discutable.

     

  • Piège de la Femme

    Le piège tendu par la femme selon la Bible est le piège de la religion, c'est-à-dire de l'illusion. Douce illusion, amère en définitive comme tous les poisons.

    La femme est "stupéfiante", pourrait-on dire, à l'heure où la drogue s'achète au coin de la rue et les casques diffusent de la musique dans les oreilles pour écarter la pensée.

    L'avertissement est aussi dans Homère. Il concerne ceux qui savent lire, hommes ou femmes, c'est un avertissement universel.

    Ophélie aussi est un piège, bien qu'elle n'agisse pas de son plein gré mais soit sacrifiée comme une pièce dans un jeu d'échecs satanique. Hamlet déjoue le piège dans lequel Roméo est tombé.

    IL NE FAUT PAS SE MENTIR A SOI-MEME ! C'est par là que la religion s'insinue : une femme vous dit qu'elle vous aime et vous croyez que vous êtes aimable. Et que sont les encouragements d'une mère, sinon des mensonges ?

    J'entends l'objection qu'il y a de saintes femmes dans la Bible. Ma réponse : "On ne naît pas sainte, on le devient."

    Il faut dire aussi qu'une femme ayant introduit le péché dans le monde, et la religion qui s'enorgueillit du péché et de la mort, il se doit symboliquement qu'une femme terrasse ce dragon à la fin des temps ; on reconnaît cette femme à l'acharnement du monde et des nations contre elle, car le monde et les nations portent ordinairement en triomphe les putains.

  • De Nietzsche à Léopardi

    En lisant le "Zibaldone" de Léopardi, on s'aperçoit des larges emprunts de Nietzsche au poète italien. L'idée que le christianisme est responsable de la mort de dieu est ainsi développée par Léopardi et reprise par Nietzsche.

    A la différence de Nietzsche, Léopardi ne bâtit pas une doctrine. C'est sans doute l'idée "d'éternel retour", pierre angulaire de la doctrine satanique, qui est la moins léopardienne.

    Léopardi ne se refuse pas à aborder la question de la métaphysique, que Nietzsche définit comme une pure illusion chrétienne ou juive.

    Disons-le autrement : Nietzsche est un auteur polémique, ce qui n'est pas le cas de Léopardi.

  • Preuve de Dieu

    Le temps passé à faire la preuve de Dieu est du temps perdu sur le chemin qui mène à Dieu.

    De même les grands savants n'ont pas attendu la preuve que l'univers existe pour observer les étoiles.

  • Pentecôte (2)

    La Pentecôte est une fête religieuse originale, puisqu'elle abolit la religion et la transforme en science. Elle abolit la religion au sens ancien de "ciment social" pour la transformer en relation entre l'homme et dieu.

    Et Jésus n'a eu de cesse, tout au long de sa vie publique, de souligner le désengagement des affaires humaines, entachées du péché, que la fidélité à sa parole exige.

    La religion sociale exige un dieu distant -tenu à distance à travers les rituels d'un groupe d'initiés, faisant office de clergé. La religion sociale fait passer la religion, c'est-à-dire le besoin humain, avant dieu.

    La religion "scientifique", au contraire, fait passer l'amour (qui ne répond à aucun besoin humain), avant la religion.

    "Comme le jour de la Pentecôte était arrivé, les apôtres étaient tous ensemble au même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Et ils virent paraître des langues séparées, comme de feu, et il s'en posa sur chacun d'eux. Et tous furent remplis d'Esprit-Saint, et ils se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait de proférer (...)".

    Les actes des apôtres racontent comment cette manifestation de la force de l'Esprit entraîna de nombreux Juifs à se repentir et se convertir, c'est-à-dire à reconnaître en Jésus-Christ le Messie annoncé par les prophètes :

    "Un rameau sortira du tronc de Jessé,

    et des ses racines croîtra un rejeton.

    Sur lui reposera l'Esprit de Yahweh,

    esprit de sagesse et d'intelligence,

    esprit de conseil et de force,

    esprit de connaissance et de crainte de Yahweh; (...)"

    Le prophète Isaïe (chap. XI) énumère ici les six dons de l'Esprit dont le Messie sera pourvu.

    On trouve auparavant dans Isaïe une diatribe contre la religion qui n'est pas celle qu'il a ordonné, mais une religion sociale hypocrite : "Ne continuez pas de m'apporter de vaines oblations ; l'encens m'est en abomination."

  • Pentecôte

    Certains athées pensent détenir un argument contre la religion et dieu quand ils énoncent que : "La religion est l'invention des hommes."

    En effet la religion est un besoin social, donc primaire, de l'homme. Voltaire se fit ainsi l'avocat de la religion contre certains athées qui voulaient la détruire entièrement - en raison de la menace que l'irréligion représente pour la société.

    L'avenir a partiellement donné tort à Voltaire, puisque des élites laïques ont conçu des religions laïques autour de notions abstraites comme l'Etat (URSS, France, Chine, etc.) afin de compenser "la mort de dieu".

    Dans cette perspective sociale, dieu n'est qu'un détail, un "concept". Définissant dieu comme un "point", Blaise Pascal le définit de façon typique comme une invention humaine.

    La "providence" est aussi un concept qui doit faire suspecter un "dispositif religieux".

    Mais, comme dit Karl Marx, "Prouver qu'une religion est mensongère ne suffit pas à prouver que dieu n'existe pas."

    Or la Pentecôte est un événement qui, pour les chrétiens, indique que le christianisme ne répond à aucune nécessité sociale et n'est par conséquent pas une invention humaine, contrairement à de nombreuses religions.

    Non seulement le peuple juif, dépositaire de la loi divine, ne l'a pas inventée, mais le peuple juif et ses prêtres n'ont pas été capables de comprendre le motif spirituel de la Loi de Moïse, explique l'apôtre Paul dans ses épîtres. Tout au long de sa vie publique, Jésus-Christ fut en butte non seulement à la stupidité sournoise des prêtres juifs, mais aussi à l'incompréhension des apôtres qu'il avait choisis, que l'on voit raisonner comme si le message évangélique avait une vocation sociale et qu'il était enfermé dans les limites de la mort, suivant le schéma des religions inventées par l'homme.

     

  • Culture de Mort

    Tâchons de donner un peu de consistance à la notion de "culture de mort", car cette expression est souvent employée à tort et à travers dans un but polémique.

    La "culture de mort" dans la Bible, l'ancien testament comme le nouveau, est une notion liée au péché, ainsi qu'à l'antichristianisme et son avènement (nombre de la bête 666) ; et encore à la "femme-piège" (Eve, ou encore la grande prostituée décrite dans l'apocalypse de Jean). La misogynie antique (juive, grecque ou chrétienne) a souvent pour cible la "culture de mort".

    Tout soldat ou guerrier est bien sûr nécessairement mû par une "culture de mort", c'est-à-dire sous l'emprise d'un mysticisme macabre. C'est souvent le cas aussi des prostituées, compte tenu du risque important de mourir que la prostitution fait courir.

    Dans ces cas-là, on peut parler de "religion de la bonne mort".

    Notons ici que les soldats "affranchis" de la culture de mort, et en quelque sorte "athées", tels les mercenaires, qui ne combattent pas pour des principes, l'argent ou le pur plaisir de tuer représentent un substitut.

    Notons encore que l'exaltation du "travail humain", typiquement moderne dans la mesure où aucun philosophe antique n'a exalté la condition humaine ou l'esclavage comme les "modernes", l'exaltation du travail est un des volets de la culture de mort.

    Voilà pour des aspects saillants et facilement repérables de la "culture de mort", qui ne concernent directement qu'une petite partie de la population.

    - La mort est un principe de précaution contre la vie : par ce biais on peut comprendre pourquoi l'Etat moderne, hyper-policé, qualifié par certain de "totalitaire", repose sur la culture de mort. Rien d'étonnant à ce qu'une partie de la population dont l'existence est protégée par un Etat de type totalitaire soit proche du suicide ou développe une culture proche du suicide, comme on peut l'observer ici ou là.

    Comme la fourmilière, qui recèle la philosophie naturelle du régime totalitaire, est organisée en différentes castes, remplissant différentes fonctions, la fourmilière humaine est conçue de sorte qu'une large majorité des sujets obéit à la culture de mort (privée du savoir-vivre), tandis qu'un petit nombre seulement peut se permettre de vivre, affranchi de la norme.

    Précisons encore que la culture de mort étatique moderne n'est pas seulement observable dans l'aspect "hyper-sécuritaire" des politiques libérales, mais aussi dans les risques inconsidérés des politiques libérales, tout aussi macabres. Autrement dit l'incitation (puritaine) à ne pas vivre, et l'incitation (libertine) à jouer sa vie sur un coup de dé, c'est-à-dire à la gaspiller, sont deux méthodes complémentaires, qui se justifient et se facilitent l'une l'autre.

    Dieu est mort... mais il a été remplacé dans le cadre de l'Etat de droit totalitaire par la Mort, qui n'est pas moins susceptible de fournir d'appui à la religion et au fanatisme, pour ne pas dire que c'est l'inverse qui est vrai. Le fanatisme religieux obéit à la Mort, quel que soit le déguisement de celle-ci.

  • Saint Marx

    La vie et l'oeuvre de Karl Marx illustrent que la Vérité se dérobe aux riches, tandis qu'elle s'offre aux pauvres.

    Comme il y a des chrétiens qui se disent chrétiens, mais ne sont en réalité que des pharisiens, il y a des athées qui se disent athées et dont la vie est entièrement tournée vers le Ciel et les choses spirituelles (c'est-à-dire antisociales).

    Le riche s'entoure d'illusions pour éluder le spectre de la mort. Les nations riches, dans le même but, se dotent de gadgets technologiques. 

  • L'Apôtre diffamé

    Paul de Tarse, "l'apôtre des Gentils", est de nos jours très souvent publiquement diffamé. J'ai déjà mentionné dans ce blogue l'exemple de "La Dernière Tentation du Christ" production filmée qui ne vise pas tant la figure de Jésus-Christ qu'elle ne s'efforce de diffamer Paul de Tarse et à opposer cet exégète fidèle à Jésus.

    Il ne s'agit pas ici de multiplier les exemples de diffamation que d'en donner la raison : les épîtres de Paul constituent une menace pour le nouveau pharisaïsme démocrate-chrétien.

    En effet la démocratie-chrétienne repose sur le "salut par les oeuvres" -c'est ce qui se cache derrière le vocable de "christianisme social". Or Paul conteste catégoriquement que les oeuvres puissent constituer une voie de salut ; c'est là un des points-clefs de son exégèse.

    Foi, espérance et charité diffèrent des "oeuvres de la Loi" ; celle-ci n'était qu'un tuteur.

    Le "christianisme social", d'après Paul, est une parodie de christianisme. Il mène à l'idée que "tout le monde ira au paradis", perspective qui demeure implicite car les idéologues démocrates-chrétiens ne peuvent l'indiquer sans faire l'aveu de leur athéisme.

    Parmi les moyens de diffamation, il est parfois suggéré que Paul de Tarse serait "antisémite" ou qu'il se serait approprié la religion juive. Cette dernière assertion est ridicule puisque Paul définit justement la religion de Jésus-Christ comme une religion véritablement parfaite et universelle, distincte de la religion juive telle que les prêtres juifs l'enseignaient. Jésus accomplit la prophétie juive et désavoue le clergé juif. "La Foi nous a affranchi de la tutelle de la Loi, dont par conséquent le temps est passé."

    La Loi procure seulement la connaissance du péché, ignoré des païens. Mais la Loi ne libère pas du péché contrairement à la Charité.

    Par conséquent, bien mieux que de nombreux théologiens chrétiens, Paul de Tarse explique pourquoi le message évangélique n'est pas superposable à la loi de Moïse, régissant le peuple hébreu.

    Vis-à-vis des Juifs, Paul de Tarse recommande à ses disciples parmi les Gentils de ne pas se montrer orgueilleux et se prendre à leur tour pour "le peuple élu", quand bien même l'incrédulité des Juifs à entraîné leur chute et leur retranchement. Paul lui-même était Juif, ennemi des disciples de Jésus, et Dieu lui a fait la grâce de s'adresser à lui. Tout Israël sera sauvé à la fin des temps, non seulement l'"olivier sauvage" auquel Paul compare les Gentils.

    On doit s'attendre des faux docteurs chrétiens, qui prônent Satan sous couvert de prôner l'Evangile, qu'ils s'efforcent de réhabiliter la "chair". Cette réhabilitation est le corollaire du "christianisme social". L'un n'est pas possible sans l'autre. Or la "chair" représente pour Jésus comme pour Paul la voie contraire au Salut chrétien et à la vie éternelle, car l'homme de chair est faible, et le christianisme social est la religion des hommes soumis à la mort.

  • Léopardi ou la solitude

    Le propre de l'homme est le goût de la solitude, pourrait-on dire, tandis que les espèces inconscientes la craignent.

    Improprement ou injustement qualifié de penseur "pessimiste" ou "misanthrope", Léopardi s'en défend dans son "Zibaldone":

    - Ma philosophie ne mène pas à la misanthropie, comme on pourrait le croire en la considérant de manière superficielle, ce dont beaucoup l'accusent. Elle exclut au contraire toute misanthropie et tend naturellement à guérir, à faire disparaître cette humeur néfaste, cette haine (qui, si elle n'est pas systématique, n'en est pas moins réelle) que tant de gens, qui ne sont pas philosophes et qui ne voudraient passer pour misanthropes, éprouvent continuellement ou occasionnellement envers leurs semblables en raison du mal que leur font, avec ou sans raison, les autres hommes.

    Ma philosophie rend la nature coupable de tout, et en disculpant les hommes, elle déplace la haine et les plaintes vers un principe plus élevé, vers la véritable origine des maux des êtres vivants.

    Ici Léopardi éclaire le sens véritable du péché chrétien, qui n'accuse pas l'homme, ou n'accroît pas la haine de soi mais accuse la nature et souligne l'impasse du "droit naturel" des païens ou des élites politiques (qui en tous temps et sous tous les régimes sans exception tirent leur légitimité et leurs moyens du droit naturel).

    Au passage, Léopardi élucide pourquoi il y a tant de haine dans le socialisme qui s'avance au nom de l'amour de l'Humanité et a pourtant fait couler le sang des hommes comme aucune autre religion auparavant, attisant des querelles violentes dont l'humanité ne se remettra peut-être jamais. Les socialistes sont en effet ces gens "qui ne voudraient pas passer pour misanthropes", tantôt par ruse, tantôt par esprit moutonnier.