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Mon Journal de guerre - Page 4

  • De Judas à Nietzsche

    La comparaison de ces deux traîtres (au message évangélique), que près de deux mille ans séparent, est un paragraphe qui s'insère dans mon étude sur le satanisme dans l'Eglise. Elle est en effet une des preuves les plus saisissantes de l'activité de Satan et de l'actualité du Jugement divin.

    Ici ou là on peut entendre parler depuis quelques années de "réhabiliter Judas" ; cette initiative sonne étrangement de la part de ceux qui se situent hors de la foi chrétienne ; de la part de soi-disant disciples de Jésus-Christ, la proposition est plus qu'étrange - elle confirme l'avertissement du Messie et de l'apôtre Paul au sujet de l'avènement de l'antichristianisme dans le monde.

    La remarque selon laquelle le propos de Nietzsche n'est pas si différent des propos tenus par certains philosophes des Lumières n'est pas fausse ; cependant le satanisme affiché par Nietzsche fièrement est original, de même que son projet d'éradication du judaïsme et du christianisme de la surface de la terre, exposé dans "L'Antéchrist", son ouvrage majeur (1895).

    C'est d'abord pour cela que la comparaison de Nietzsche avec Judas est possible : parce qu'ils ont tous les deux tenté de supprimer Jésus-Christ ; le premier physiquement, avec la complicité des autorités religieuses juives ; le second pour sa part souhaitant éradiquer le christianisme (la correspondance privée de Nietzsche indique même qu'il compte sur la haine des Juifs à l'égard du Messie pour l'aider à accomplir cette tâche). Dans les deux cas il s'agit d'une attaque virulente et frontale, à laquelle les Evangiles nous dissuadent d'accorder trop d'importance. En effet, l'antichristianisme le plus redoutable ne s'attaque pas à Dieu en personne, ni à son messager, mais au message qu'il tente de subvertir, ce que ni Judas ni Nietzsche n'ont tenté de faire.

    - Judas et Nietzsche ont en commun d'avoir adhéré au christianisme et d'avoir compris son message ; il n'est pas impossible (l'évangile de Judas Iscariote comporte des éléments dans ce sens), que celui-ci fût le premier parmi les douze à avoir compris un message que l'humanité, deux mille ans après la résurrection de Jésus-Christ, s'efforce encore par tous les moyens d'étouffer.

    Quant à Nietzsche, il fut élevé par sa famille dans la religion chrétienne luthérienne, et son oeuvre témoigne d'une bonne connaissance des Evangiles (ce qui était aussi le cas de la plupart des philosophes des Lumières).

    Le mobile de Judas est moins net que celui de Nietzsche. L'abjuration de Nietzsche est au nom du bonheur ; elle est doublée d'une accusation lancée aux saintes écritures et à la Parole que les chrétiens considèrent divine, d'avoir fait et de faire le malheur du monde à travers les siècles.

    Cette dernière accusation est mensongère, et il est douteux que Nietzsche fût de bonne foi sur ce point. Le message évangélique distingue bien la joie divine (des "béatitudes") du bonheur strictement humain, seulement nécessaire et non spirituel ; mais nulle part la souffrance n'est exaltée comme une voie de salut, bien au contraire puisque les oeuvres sont condamnées, et les sacrifices inutiles déclenchèrent la colère de Jésus-Christ dans le Temple des Juifs.

    L'apologie de la science, comme étant une activité supérieure à toutes les autres, empêchera-t-elle le savant de prendre un bon repas et de se soumettre ainsi à la nécessité commune à tous les hommes ? L'argumentation de Nietzsche contre le mépris chrétien du bonheur terrestre ne vaut pas mieux que l'argument qui accuserait la science de troubler le bonheur humain.

    - Un point sépare Nietzsche de Judas ; Nietzsche ne s'est pas suicidé, contrairement à Judas. Nietzsche a été comme rattrapé par la maladie, qu'il avait passé une bonne partie de son existence à combattre, et le moraliste allemand a fini ses jours dans un asile d'aliénés. Est-ce que cela ne donne pas à croire au destin, à son ironie ? (le destin qui représente pour un suppôt de Satan la seule loi éternelle).

    Nietzsche ne s'est pas suicidé, néanmoins il était très isolé. Son combat l'avait coupé de presque tous ses amis, pour la plupart membres d'une bourgeoisie où l'hypocrisie dominait, et qui craignaient d'être compromis par les propos de Nietzsche, plus virulents que subversifs.

    Aujourd'hui encore les disciples autoproclamés de Nietzsche, bien que le contexte soit plus favorable en Europe au satanisme, ne veulent pas s'afficher comme des suppôts de Satan afin de préserver une certaine respectabilité.

  • "Words, words, words..."

    Baratin ! Voilà le barrage qu'un chrétien peut opposer à l'extraordinaire déversement de discours politiques dans nos oreilles. Ce flot est comparable à l'envahissement de la musique, qui a lui aussi pour effet d'assourdir.

    La politique est comme le cinéma : un art mort qui s'agite tant qu'il peut pour faire croire qu'il vit encore. On pourrait encore parler de stade végétatif de la politique pour décrire ce qui se passe ; au stade où l'économie -c'est-à-dire la nécessité-, fait loi, il n'y a plus de politique, comme il n'y a plus de gouvernail dans une barque qui vogue au gré du vent.

    Le chrétien ne tirera pas de ces observations les mêmes conclusions que l'honnête homme (G. Orwell), doté seulement du bon sens. Car l'Histoire commence en effet pour le chrétien là où la politique s'arrête, suivant les saintes écritures.

    Par conséquent la Révélation met fin à la politique - disons que les forces politiques et ce qui les anime entrent alors en résistance contre la Vérité.

    L'extraordinaire déploiement du mensonge politique, dont la démocratie-chrétienne représente la version la plus accomplie, ce déploiement s'explique par la révélation de la fin du monde, que l'Antiquité n'ignorait pas absolument, mais qu'elle soupçonnait seulement.

    Jamais la politique n'a autant promis, et c'est de ces promesses insensées que vient son impuissance de plus en plus radicale des gouvernements. Or ces promesses insensées peuvent être résumées à la volonté satanique de faire le Royaume de Dieu sur la terre.

    Derrière ce chant des sirènes, il n'y a que mort.

  • Satan dans l'Eglise

    La foi chrétienne subit de nombreuses attaques dont la plus sournoise consiste à prôner une forme de "relativisme" chrétien. Cette stratégie consiste à suggérer que "toutes les religions se valent", ou encore qu'elles reposent sur un "principe commun".

    Ce syncrétisme contraire à l'esprit et à la lettre de la foi chrétienne se donne en outre un air "charitable" : ses apôtres vantent souvent là un hypothétique remède à la division entre les hommes. Du point de vue chrétien, la division entre les hommes est la rançon du péché, tout comme la mort, SANS REMEDE ETHIQUE, SOCIAL OU POLITIQUE.

    Cette attaque vient de l'extérieur du cénacle, ou encore elle émane de son sein même ; cette dernière attaque est -on le comprend facilement-, la plus dangereuse et la plus sournoise, le fer de lance de l'antichristianisme.

    Cette dernière attaque a été prévenue par Jésus-Christ qui dit solennellement : "Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui ne rassemble pas avec moi disperse." (Matth. 12:30)

    Le Messie a en outre multiplié les avertissements à ses apôtres afin qu'ils ne le prennent pas pour un autre. L'invocation de son nom par les prêcheurs chrétiens est une condition indispensable, mais non suffisante, compte tenu de la ruse de Satan (qui sait se faire oublier pour mieux nous posséder, selon la confession d'un poète moderne).

    - On comprend qu'un chef religieux bouddhiste, à l'extérieur du cénacle, fustige les chrétiens qui proclament que leur dieu est le seul VRAI Dieu. Encore faut-il préciser que Jésus-Christ ne prétend pas être le plus grand philosophe ni enseigner la meilleure voie que le bouddhisme pour parvenir au bonheur et à la sérénité sur cette terre.

    Il est impossible de fonder une quelconque école de vertu sur les évangiles. Comment serait-ce possible alors que les évangiles abolissent définitivement la hiérarchie ecclésiastique qui séparait auparavant les hommes de Dieu, le Messie des chrétiens proscrivant pour cette raison d'appeler son "père" quiconque n'est pas l'Eternel, père du messie ?

    - De la part des sophistes athées, affirmer qu'il n'y a qu'un seul dieu (théorie monothéiste) derrière de multiples religions, est une manière détournée d'affirmer que dieu n'est que l'invention des hommes. Ce faisant les sophistes prouvent seulement que les convictions athées sont ancrées dans des syllogismes (comme beaucoup d'idéaux et de croyances contemporaines, dans les univers multiples ou le transformisme).

    Moins superficiel, K. Marx rappela qu'"il ne suffit pas de démontrer qu'une religion est illusoire pour démontrer que dieu n'existe pas."

    - L'athéisme trouve un renfort de taille -peut-être même l'athéisme n'existerait pas sans ce renfort-, dans la substitution de la philosophie à la vraie foi chrétienne par de soi-disant "chrétiens".

    Les forteresses les mieux défendues peuvent tomber à cause de traîtres qui ouvrent une brèche à l'ennemi. Mais la foi chrétienne n'est pas une forteresse, c'est une épée dont le fil ne peut rouiller. Si Satan parvenait à empêcher quiconque de s'en saisir, elle serait encore là, saisissable par quiconque ose repousser les limites de la condition humaine et défier Satan.

    Il y a donc des suppôts de Satan, qui ne sont pas apparemment "contre le Christ", mais qui le combattent à visage couvert, osant parfois se proclamer "chrétiens" ; on en trouve déjà dès les premiers temps de l'Eglise, mais l'apôtre Paul nous prévient que leur nombre va décupler. Heureusement il est aisé de les confondre en confrontant leurs discours à la Parole divine.

    - Quelle oeuvre est plus emblématique que "La Divine Comédie" de Dante de la superposition satanique de la philosophie égyptienne de Platon à la foi chrétienne véritable ?

    On aurait tort de croire qu'il s'agit-là d'une oeuvre isolée, médiévale et donc reléguée dans le passé. Le rayonnement satanique d'une telle oeuvre demeure exceptionnel. Pour en signifier l'importance, il suffit de dire que la démocratie-chrétienne prolonge la tentative de Dante de substituer à l'apocalypse un plan séculier.

    On en comprendra encore l'importance si l'on comprend que le but principal poursuivi par l'oeuvre de Shakespeare est l'anéantissement de ce culte païen égyptien déguisé en christianisme. Il n'y a pas de "formule unique" de l'antichristianisme, mais certainement le "platonisme chrétien" est la formule la plus répandue de gnose (fausse théologie).

     

  • Apologétique

    La théologie chrétienne est la pire de toutes les théologies. Au fil du temps, elle ressemble à un patchwork de théories mal cousues ensemble, un vrai dédale. En comparaison, les disputes des païens pour savoir quel est l'élément primordial, de l'eau, de l'air ou du feu, paraissent faciles à démêler.

    Les théologiens chrétiens ne sont pas seulement multiples et variés, ils se contredisent souvent, comme Luther et le pape, les jésuites et les jansénistes, ou plus radicalement encore Shakespeare et Dante Alighieri. Je mentionne ici Shakespeare à l'attention de ceux qui ignorent (ils sont nombreux en France), qu'il y a une mythologie chrétienne, comme il y a une mythologie juive, grecque ou égyptienne.

    On peut déduire de cet assemblage de théories contradictoires que le christianisme est la religion la plus mensongère, ou au contraire qu'elle est la plus véridique.

    Pour établir qu'elle est la plus mensongère, il faut établir que le biais ou l'erreur n'est pas dans l'Homme. Même sur ce sujet, qui relève de la psychologie, les théologiens chrétiens ne sont pas d'accord ! Augustin d'Hippone diffère radicalement sur ce point de Lamennais. Selon ce dernier, la vérité est un astre aussi difficile à regarder en face pour l'Homme que le soleil.

     

    Il faut confronter ici la théologie chrétienne à la science, à la manière de Francis Bacon, rénovateur de la science au début du XVIIe siècle, qui ne manque pas de rapprocher ces deux formes d'"aspiration à la vérité".

    On comprend aisément que la science doit affronter l'obstacle, pour l'heure invaincu, de l'ignorance et de la bêtise humaines. Il est probable que n'importe quel savant, y compris de faible envergure, s'est déjà heurté à cet obstacle ; seule une science qui serait aussi une religion d'Etat progresserait sans contradiction ni erreur.

    Les errements et contradictions des savants ne suffisent pas à proclamer l'inutilité et la vanité de la science. La condamnation par Montaigne de la science est au nom du bonheur ; ce philosophe ne fait que répéter ce que l'on sait déjà depuis plus de deux millénaires, à savoir que la quête du bonheur et la quête de vérité sont deux voies distinctes.

    Il est bon de rappeler que Jésus-Christ propose un raccourci à travers le dédale des théologies, dont beaucoup ne sont que des impasses, et ce raccourci c'est la charité, très difficile à définir avec des mots humains.

  • Hazarou akbar !

    Le sentiment religieux est particulièrement développé dans les régimes technocratiques, d'où l'expression judicieuse utilisée par certains critiques de "nouveau tribalisme" pour désigner la culture ultra-moderne.

    Le téléphone portable fait partie des outils qui illustrent le mieux cet extrémisme religieux, et l'on ne peut pas s'empêcher de sourire en voyant de soi-disant "esprits laïcs" consulter fébrilement leur messagerie, comme un moine bouddhiste tripote son chapelet à longueur de journée.

    Si l'utilisateur en question se déclare "rationaliste", on éclatera de rire car l'usage du téléphone portable est tout sauf "rationnel". A la réflexion, j'ai beaucoup trop de doigts sur la main pour compter les personnes dans mon entourage qui font du téléphone un usage rationnel. Le plus souvent cet usage est sentimental, c'est-à-dire religieux.

    Quelques-uns de ces usagers plaident pour un usage moins compulsif et masturbatoire, s'en déclarant des exemples- ce sont sans doute les pires, car lorsque l'alcoolisme ravage un peuple, ceux qui savent boire raisonnablement devraient s'abstenir de le faire publiquement, ainsi qu'un adulte s'abstient devant un enfant de montrer l'exemple d'un comportement qu'un enfant ne pourrait imiter sans s'exposer à un grave danger.

    Hannah Arendt aborde cette question du sentimentalisme religieux excessif qui règne dans les régimes totalitaires technocratiques sous un autre angle. Elle note la disparition progressive des préoccupations pragmatiques, ce qui revient à indiquer le progrès du mysticisme religieux. Un auteur mystique, dans le mauvais sens du terme, cultive le néant, s'adonne à la quadrature du cercle.

    Plus une personne est pragmatique, plus elle résistera à l'usage du téléphone portable, y discernant plus facilement qu'une femme ou un enfant un gaspillage.

    On peut aussi qualifier de littérature mystico-religieuse la "science-fiction", définissable au sens strict comme un produit de la technocratie, visant principalement le divertissement ; cette définition englobe de nombreux travaux et formules mathématiques récents dont l'utilité est plus que discutable.

     

  • Piège de la Femme

    Le piège tendu par la femme selon la Bible est le piège de la religion, c'est-à-dire de l'illusion. Douce illusion, amère en définitive comme tous les poisons.

    La femme est "stupéfiante", pourrait-on dire, à l'heure où la drogue s'achète au coin de la rue et les casques diffusent de la musique dans les oreilles pour écarter la pensée.

    L'avertissement est aussi dans Homère. Il concerne ceux qui savent lire, hommes ou femmes, c'est un avertissement universel.

    Ophélie aussi est un piège, bien qu'elle n'agisse pas de son plein gré mais soit sacrifiée comme une pièce dans un jeu d'échecs satanique. Hamlet déjoue le piège dans lequel Roméo est tombé.

    IL NE FAUT PAS SE MENTIR A SOI-MEME ! C'est par là que la religion s'insinue : une femme vous dit qu'elle vous aime et vous croyez que vous êtes aimable. Et que sont les encouragements d'une mère, sinon des mensonges ?

    J'entends l'objection qu'il y a de saintes femmes dans la Bible. Ma réponse : "On ne naît pas sainte, on le devient."

    Il faut dire aussi qu'une femme ayant introduit le péché dans le monde, et la religion qui s'enorgueillit du péché et de la mort, il se doit symboliquement qu'une femme terrasse ce dragon à la fin des temps ; on reconnaît cette femme à l'acharnement du monde et des nations contre elle, car le monde et les nations portent ordinairement en triomphe les putains.

  • De Nietzsche à Léopardi

    En lisant le "Zibaldone" de Léopardi, on s'aperçoit des larges emprunts de Nietzsche au poète italien. L'idée que le christianisme est responsable de la mort de dieu est ainsi développée par Léopardi et reprise par Nietzsche.

    A la différence de Nietzsche, Léopardi ne bâtit pas une doctrine. C'est sans doute l'idée "d'éternel retour", pierre angulaire de la doctrine satanique, qui est la moins léopardienne.

    Léopardi ne se refuse pas à aborder la question de la métaphysique, que Nietzsche définit comme une pure illusion chrétienne ou juive.

    Disons-le autrement : Nietzsche est un auteur polémique, ce qui n'est pas le cas de Léopardi.

  • Preuve de Dieu

    Le temps passé à faire la preuve de Dieu est du temps perdu sur le chemin qui mène à Dieu.

    De même les grands savants n'ont pas attendu la preuve que l'univers existe pour observer les étoiles.

  • Pentecôte (2)

    La Pentecôte est une fête religieuse originale, puisqu'elle abolit la religion et la transforme en science. Elle abolit la religion au sens ancien de "ciment social" pour la transformer en relation entre l'homme et dieu.

    Et Jésus n'a eu de cesse, tout au long de sa vie publique, de souligner le désengagement des affaires humaines, entachées du péché, que la fidélité à sa parole exige.

    La religion sociale exige un dieu distant -tenu à distance à travers les rituels d'un groupe d'initiés, faisant office de clergé. La religion sociale fait passer la religion, c'est-à-dire le besoin humain, avant dieu.

    La religion "scientifique", au contraire, fait passer l'amour (qui ne répond à aucun besoin humain), avant la religion.

    "Comme le jour de la Pentecôte était arrivé, les apôtres étaient tous ensemble au même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Et ils virent paraître des langues séparées, comme de feu, et il s'en posa sur chacun d'eux. Et tous furent remplis d'Esprit-Saint, et ils se mirent à parler en d'autres langues, selon ce que l'Esprit leur donnait de proférer (...)".

    Les actes des apôtres racontent comment cette manifestation de la force de l'Esprit entraîna de nombreux Juifs à se repentir et se convertir, c'est-à-dire à reconnaître en Jésus-Christ le Messie annoncé par les prophètes :

    "Un rameau sortira du tronc de Jessé,

    et des ses racines croîtra un rejeton.

    Sur lui reposera l'Esprit de Yahweh,

    esprit de sagesse et d'intelligence,

    esprit de conseil et de force,

    esprit de connaissance et de crainte de Yahweh; (...)"

    Le prophète Isaïe (chap. XI) énumère ici les six dons de l'Esprit dont le Messie sera pourvu.

    On trouve auparavant dans Isaïe une diatribe contre la religion qui n'est pas celle qu'il a ordonné, mais une religion sociale hypocrite : "Ne continuez pas de m'apporter de vaines oblations ; l'encens m'est en abomination."

  • Pentecôte

    Certains athées pensent détenir un argument contre la religion et dieu quand ils énoncent que : "La religion est l'invention des hommes."

    En effet la religion est un besoin social, donc primaire, de l'homme. Voltaire se fit ainsi l'avocat de la religion contre certains athées qui voulaient la détruire entièrement - en raison de la menace que l'irréligion représente pour la société.

    L'avenir a partiellement donné tort à Voltaire, puisque des élites laïques ont conçu des religions laïques autour de notions abstraites comme l'Etat (URSS, France, Chine, etc.) afin de compenser "la mort de dieu".

    Dans cette perspective sociale, dieu n'est qu'un détail, un "concept". Définissant dieu comme un "point", Blaise Pascal le définit de façon typique comme une invention humaine.

    La "providence" est aussi un concept qui doit faire suspecter un "dispositif religieux".

    Mais, comme dit Karl Marx, "Prouver qu'une religion est mensongère ne suffit pas à prouver que dieu n'existe pas."

    Or la Pentecôte est un événement qui, pour les chrétiens, indique que le christianisme ne répond à aucune nécessité sociale et n'est par conséquent pas une invention humaine, contrairement à de nombreuses religions.

    Non seulement le peuple juif, dépositaire de la loi divine, ne l'a pas inventée, mais le peuple juif et ses prêtres n'ont pas été capables de comprendre le motif spirituel de la Loi de Moïse, explique l'apôtre Paul dans ses épîtres. Tout au long de sa vie publique, Jésus-Christ fut en butte non seulement à la stupidité sournoise des prêtres juifs, mais aussi à l'incompréhension des apôtres qu'il avait choisis, que l'on voit raisonner comme si le message évangélique avait une vocation sociale et qu'il était enfermé dans les limites de la mort, suivant le schéma des religions inventées par l'homme.

     

  • Culture de Mort

    Tâchons de donner un peu de consistance à la notion de "culture de mort", car cette expression est souvent employée à tort et à travers dans un but polémique.

    La "culture de mort" dans la Bible, l'ancien testament comme le nouveau, est une notion liée au péché, ainsi qu'à l'antichristianisme et son avènement (nombre de la bête 666) ; et encore à la "femme-piège" (Eve, ou encore la grande prostituée décrite dans l'apocalypse de Jean). La misogynie antique (juive, grecque ou chrétienne) a souvent pour cible la "culture de mort".

    Tout soldat ou guerrier est bien sûr nécessairement mû par une "culture de mort", c'est-à-dire sous l'emprise d'un mysticisme macabre. C'est souvent le cas aussi des prostituées, compte tenu du risque important de mourir que la prostitution fait courir.

    Dans ces cas-là, on peut parler de "religion de la bonne mort".

    Notons ici que les soldats "affranchis" de la culture de mort, et en quelque sorte "athées", tels les mercenaires, qui ne combattent pas pour des principes, l'argent ou le pur plaisir de tuer représentent un substitut.

    Notons encore que l'exaltation du "travail humain", typiquement moderne dans la mesure où aucun philosophe antique n'a exalté la condition humaine ou l'esclavage comme les "modernes", l'exaltation du travail est un des volets de la culture de mort.

    Voilà pour des aspects saillants et facilement repérables de la "culture de mort", qui ne concernent directement qu'une petite partie de la population.

    - La mort est un principe de précaution contre la vie : par ce biais on peut comprendre pourquoi l'Etat moderne, hyper-policé, qualifié par certain de "totalitaire", repose sur la culture de mort. Rien d'étonnant à ce qu'une partie de la population dont l'existence est protégée par un Etat de type totalitaire soit proche du suicide ou développe une culture proche du suicide, comme on peut l'observer ici ou là.

    Comme la fourmilière, qui recèle la philosophie naturelle du régime totalitaire, est organisée en différentes castes, remplissant différentes fonctions, la fourmilière humaine est conçue de sorte qu'une large majorité des sujets obéit à la culture de mort (privée du savoir-vivre), tandis qu'un petit nombre seulement peut se permettre de vivre, affranchi de la norme.

    Précisons encore que la culture de mort étatique moderne n'est pas seulement observable dans l'aspect "hyper-sécuritaire" des politiques libérales, mais aussi dans les risques inconsidérés des politiques libérales, tout aussi macabres. Autrement dit l'incitation (puritaine) à ne pas vivre, et l'incitation (libertine) à jouer sa vie sur un coup de dé, c'est-à-dire à la gaspiller, sont deux méthodes complémentaires, qui se justifient et se facilitent l'une l'autre.

    Dieu est mort... mais il a été remplacé dans le cadre de l'Etat de droit totalitaire par la Mort, qui n'est pas moins susceptible de fournir d'appui à la religion et au fanatisme, pour ne pas dire que c'est l'inverse qui est vrai. Le fanatisme religieux obéit à la Mort, quel que soit le déguisement de celle-ci.

  • Saint Marx

    La vie et l'oeuvre de Karl Marx illustrent que la Vérité se dérobe aux riches, tandis qu'elle s'offre aux pauvres.

    Comme il y a des chrétiens qui se disent chrétiens, mais ne sont en réalité que des pharisiens, il y a des athées qui se disent athées et dont la vie est entièrement tournée vers le Ciel et les choses spirituelles (c'est-à-dire antisociales).

    Le riche s'entoure d'illusions pour éluder le spectre de la mort. Les nations riches, dans le même but, se dotent de gadgets technologiques. 

  • L'Apôtre diffamé

    Paul de Tarse, "l'apôtre des Gentils", est de nos jours très souvent publiquement diffamé. J'ai déjà mentionné dans ce blogue l'exemple de "La Dernière Tentation du Christ" production filmée qui ne vise pas tant la figure de Jésus-Christ qu'elle ne s'efforce de diffamer Paul de Tarse et à opposer cet exégète fidèle à Jésus.

    Il ne s'agit pas ici de multiplier les exemples de diffamation que d'en donner la raison : les épîtres de Paul constituent une menace pour le nouveau pharisaïsme démocrate-chrétien.

    En effet la démocratie-chrétienne repose sur le "salut par les oeuvres" -c'est ce qui se cache derrière le vocable de "christianisme social". Or Paul conteste catégoriquement que les oeuvres puissent constituer une voie de salut ; c'est là un des points-clefs de son exégèse.

    Foi, espérance et charité diffèrent des "oeuvres de la Loi" ; celle-ci n'était qu'un tuteur.

    Le "christianisme social", d'après Paul, est une parodie de christianisme. Il mène à l'idée que "tout le monde ira au paradis", perspective qui demeure implicite car les idéologues démocrates-chrétiens ne peuvent l'indiquer sans faire l'aveu de leur athéisme.

    Parmi les moyens de diffamation, il est parfois suggéré que Paul de Tarse serait "antisémite" ou qu'il se serait approprié la religion juive. Cette dernière assertion est ridicule puisque Paul définit justement la religion de Jésus-Christ comme une religion véritablement parfaite et universelle, distincte de la religion juive telle que les prêtres juifs l'enseignaient. Jésus accomplit la prophétie juive et désavoue le clergé juif. "La Foi nous a affranchi de la tutelle de la Loi, dont par conséquent le temps est passé."

    La Loi procure seulement la connaissance du péché, ignoré des païens. Mais la Loi ne libère pas du péché contrairement à la Charité.

    Par conséquent, bien mieux que de nombreux théologiens chrétiens, Paul de Tarse explique pourquoi le message évangélique n'est pas superposable à la loi de Moïse, régissant le peuple hébreu.

    Vis-à-vis des Juifs, Paul de Tarse recommande à ses disciples parmi les Gentils de ne pas se montrer orgueilleux et se prendre à leur tour pour "le peuple élu", quand bien même l'incrédulité des Juifs à entraîné leur chute et leur retranchement. Paul lui-même était Juif, ennemi des disciples de Jésus, et Dieu lui a fait la grâce de s'adresser à lui. Tout Israël sera sauvé à la fin des temps, non seulement l'"olivier sauvage" auquel Paul compare les Gentils.

    On doit s'attendre des faux docteurs chrétiens, qui prônent Satan sous couvert de prôner l'Evangile, qu'ils s'efforcent de réhabiliter la "chair". Cette réhabilitation est le corollaire du "christianisme social". L'un n'est pas possible sans l'autre. Or la "chair" représente pour Jésus comme pour Paul la voie contraire au Salut chrétien et à la vie éternelle, car l'homme de chair est faible, et le christianisme social est la religion des hommes soumis à la mort.

  • Léopardi ou la solitude

    Le propre de l'homme est le goût de la solitude, pourrait-on dire, tandis que les espèces inconscientes la craignent.

    Improprement ou injustement qualifié de penseur "pessimiste" ou "misanthrope", Léopardi s'en défend dans son "Zibaldone":

    - Ma philosophie ne mène pas à la misanthropie, comme on pourrait le croire en la considérant de manière superficielle, ce dont beaucoup l'accusent. Elle exclut au contraire toute misanthropie et tend naturellement à guérir, à faire disparaître cette humeur néfaste, cette haine (qui, si elle n'est pas systématique, n'en est pas moins réelle) que tant de gens, qui ne sont pas philosophes et qui ne voudraient passer pour misanthropes, éprouvent continuellement ou occasionnellement envers leurs semblables en raison du mal que leur font, avec ou sans raison, les autres hommes.

    Ma philosophie rend la nature coupable de tout, et en disculpant les hommes, elle déplace la haine et les plaintes vers un principe plus élevé, vers la véritable origine des maux des êtres vivants.

    Ici Léopardi éclaire le sens véritable du péché chrétien, qui n'accuse pas l'homme, ou n'accroît pas la haine de soi mais accuse la nature et souligne l'impasse du "droit naturel" des païens ou des élites politiques (qui en tous temps et sous tous les régimes sans exception tirent leur légitimité et leurs moyens du droit naturel).

    Au passage, Léopardi élucide pourquoi il y a tant de haine dans le socialisme qui s'avance au nom de l'amour de l'Humanité et a pourtant fait couler le sang des hommes comme aucune autre religion auparavant, attisant des querelles violentes dont l'humanité ne se remettra peut-être jamais. Les socialistes sont en effet ces gens "qui ne voudraient pas passer pour misanthropes", tantôt par ruse, tantôt par esprit moutonnier.

     

  • Léopardi contre Darwin

    Lisant Léopardi, je suis frappé par le fait que la description qu'il fait de l'être humain ne peut s'accommoder avec le transformisme darwinien, l'idée qu'il y aurait entre l'homme et l'animal seulement un degré d'évolution.

    Voici pourquoi : le darwinisme tend à nier l'individualisme, ou du moins à le déprécier; c'est sans doute ce qui explique que toutes les idéologies totalitaires s'appuient, au moins en partie, sur une forme de darwinisme social (libéralisme, communisme et nazisme).

    A contrario, Léopardi, tout en indiquant la limite de l'autonomie de la volonté humaine, son conditionnement biologique et social, illustre la capacité de l'homme à s'émanciper des lois de la nature, comme aucun autre animal ne peut. Le lecteur attentif de Léopardi sera le moins convaincu, en définitive, que l'on peut réduire la personne humaine à un "être social".

    La profondeur de l'analyse psychologique de Léopardi, en comparaison de celle de Freud qui demeure superficielle ou médicale, vient de ce qu'il ne résume pas la conscience humaine à la volonté.

    L'individualisme de Léopardi est "expérimental", en même temps qu'il résulte de sa méditation des évangiles.

    Expérimental, en effet, car les circonstances de sa naissance dans un milieu aristocratique et de son grave handicap physique dû à la maladie (deux signes contradictoires de la fortune) furent causes de l'isolement exceptionnel de Léopardi qui, pour ne pas être complètement cloîtré dans son château, un entourage restreint et la maladie, s'échappa dans la lecture des auteurs, classiques et modernes, apprenant les langues étrangères pour pouvoir lire ces auteurs dans le texte.

    S'il a pu souffrir parfois de cette réclusion, Léopardi n'en estime pas moins le bénéfice de la solitude à sa juste valeur. La poésie a probablement procuré à Léopardi une jouissance comparable à celle que tirent des relations sociales des esprits plus bourgeois. La poésie de Léopardi est émouvante car c'est celle d'un homme qui triomphe par ce moyen d'une maladie atroce.

    A cet égard, il est globalement faux ou trompeur de considérer Léopardi comme un auteur pessimiste. En effet celui-ci a compris et explique que l'optimisme dissimule souvent la peine à jouir, en particulier sous la forme de l'optimisme religieux.

    D'autre part Léopardi, méditant les saintes écritures, relève que personne n'a autant méprisé la société que Jésus-Christ, ce que sa condamnation du monde systématique implique ; a contrario il n'y a pas de témoignage plus individualiste que le témoignage de Jésus-Christ, dans la mesure où ce témoignage dévalue toutes les dimensions sociales dans lesquelles l'être humain croit ordinairement s'accomplir (civique, sociale, artistique, familiale, etc.).

    On peut traduire ainsi l'individualisme évangélique : l'amour de la vérité scinde l'individu du reste de l'humanité, tandis que son goût naturel pour le mensonge (l'art) le fait membre du troupeau. Le péché peut en effet se traduire du point de vue chrétien comme "la loi sociale commune".

    A ce propos, Léopardi commet une erreur d'interprétation de la Genèse (dans le "Zibaldone"), caractéristique de la culture latine (on la trouve chez Cicéron, quand ce dernier interprète la fable similaire des sirènes). Le péché n'est pas lié dans le récit de la Genèse à la connaissance en général, mais à une forme de connaissance particulière, symbolisée par l'arbre et son fruit : la connaissance du bien et du mal, c'est-à-dire à l'éthique.

    Force et de constater que la science ou la connaissance n'a aucune justification ni utilité sociale, tandis que l'éthique est, elle, indispensable sur le plan social. Le paradoxe de l'anthropologie darwinienne ou transformiste, c'est qu'elle ne laisse aucune place à l'activité scientifique.

  • Satan dans l'Eglise

    Dans la démocratie-chrétienne nous pouvons voir l'aboutissement du catholicisme romain. On pourrait multiplier les preuves, comme je l'ai déjà fait sur ce blogue, mais je me contente de rappeler celle-ci : "l'anthropologie chrétienne", qui au stade de la démocratie-chrétienne a pratiquement remplacé la foi évangélique, est introduite par la théologie catholique romaine (c'est pourquoi Shakespeare, qui parle dans de nombreuses pièces de la trahison de l'Esprit évangélique -représenté par le Spectre dans "Hamlet"-, demeure d'actualité).

    On peut parler de "talmudisme chrétien" à propos de ladite "anthropologie chrétienne", c'est-à-dire d'adaptation aux circonstances temporelles d'une loi spirituelle intemporelle. Mais si le droit au talmudisme est ouvert par l'imperfection de la loi de Moïse, les évangiles et Paul ferment absolument la porte à toute forme de doctrine sociale chrétienne car l'Evangile EST la parole de dieu, ce que ne sont pas les commandements de Moïse, mais seulement une étape vers dieu.

    Le nouveau général des jésuites Arthur Souza (Arturo Sosa Abascal) (-2016) a quelque peu défrayé la chronique dernièrement en affirmant dans un entretien que "le diable est une invention des hommes", suscitant ainsi quelques protestations.

    Nous devons expliquer cette affirmation, qui est typiquement démocrate-chrétienne. Ce soi-disant prêtre aurait aussi bien pu dire que dieu, non seulement le diable, est une invention des hommes. En effet l'anthropologie chrétienne, qui est le cadre général de sa réflexion, est entièrement une invention des hommes, comme l'est toute réflexion anthropologique en général. Pour être précis, l'anthropologie chrétienne a pour effet, non pas de nier positivement l'existence de dieu, mais de la réduire à une hypothèse.

    La notion du bien et du mal est en effet relative aux intérêts humains, dans toutes les cultures, y compris la culture occidentale moderne sous influence démocrate-chrétienne. Le diable est donc une invention des hommes, et il faut souligner ceci que le diable joue un rôle plus important que dieu. La preuve en est que la culture communiste athée peut se passer de dieu, mais non de la diabolisation du point de vue anticommuniste.

    Les Evangiles chrétiens, qui parlent peu d'éthique, ou indirectement, mais d'amour et de vérité, parlent peu du diable. Ils parlent de Satan (l'adversaire), et de l'antichristianisme dont l'apôtre Paul décrit la montée en puissance comme une résistance à l'esprit évangélique au cours du temps. Un chrétien ne peut concevoir Satan autrement que comme une force supérieure à l'homme, analogue au destin et en aucun cas comme une "invention" ou une "idée humaine".

    On voit ici que l'anthropologie ou la doctrine sociale chrétienne a pour effet d'effacer la notion de péché ou d'occulter Satan et son action.

  • De l'Athéisme

    L'étude de la philosophie du XIXe siècle m'a conduit à la même conclusion que Léopardi en ce qui concerne l'athéisme. Léopardi a développé son point de vue dans le "Zibaldone" (notes rédigées entre 1817 et 1832) :

    "N'est-il pas paradoxal de voir dans la religion chrétienne la principale source de l'athéisme, ou plus généralement, de l'incroyance en matière de religion ? Je la tiens néanmoins pour telle. L'homme est naturellement croyant, car il raisonne peu, et ne fait pas très grand cas des raisons des choses. (...) L'homme peut naturellement tout au plus imaginer, concevoir une religion et y croire, comme l'expérience nous le montre, tout comme il peut imaginer, concevoir et croire tant d'illusions dont certaines sont communes à tous, alors que les religions imaginées par les hommes naturels étaient toutes différentes.

    La métaphysique, qui plonge jusqu'aux raisons cachées des choses, qui examine la nature, nos imaginations, et nos idées, etc., et l'esprit profond, philosophique et raisonneur sont les véritables sources de l'incroyance. Tout ceci fut en grande partie répandu par les religions judaïque et chrétienne, qui enseignèrent aux hommes et les habituèrent à regarder au-delà de leur clocher, à contempler plus bas que le sol, à réfléchir en somme, à rechercher les causes cachées, à examiner et, souvent aussi, à condamner et à abandonner leurs croyances naturelles, leurs imaginations spontanées et sans fondements, etc. (...) Aussi toutes les religions constituent-elles une espèce de métaphysique, et toutes les religions un tant soit peu constituées peuvent être tenues pour des causes d'irréligion, ou inversement (admirable agencement du système de l'homme, qui ne serait pas irréligieux s'il n'avait été religieux) ; toutefois, comme chacun le voit, cette particularité appartient principalement aux religions judaïque et chrétienne."

    Quelques lignes de commentaire :

    - D'abord on voit dans ce passage combien Léopardi diffère de Nietzsche, en même temps qu'il permet de comprendre la doctrine antichrétienne et antijuive de Nietzsche. En effet ce dernier combat la métaphysique (au nom du bonheur) comme une invention judéo-chrétienne funeste et délirante.

    - L'analyse de Léopardi a pour effet de dissoudre la propagande, sans doute plus répandue en France que dans d'autres nations, qui tend à faire croire que le christianisme est une religion dissidente.

    L'idéologie démocrate-chrétienne est, au contraire, une idéologie dominante, distincte de la foi dans la parole de dieu. A la foi chrétienne, la rhétorique démocrate-chrétienne substitue un calcul, la probabilité que dieu existe; il s'agit là d'un athéisme qui n'ose pas dire son nom.

     

  • Chute de Rome

    "L'homme est un loup pour l'homme." : qu'est-ce qu'un chrétien peut ajouter de plus à cette description lapidaire de la civilisation ?

    Et comment décrire la décadence, quand les loups ne sont plus vraiment des loups mais des bêtes bien plus sournoises ? Un homme d'élite admiré en France (Clemenceau) a comparé la démocratie au règne des poux - ils opèrent la même besogne que les loups, mais d'une manière plus subtile.

    De la civilisation ou de la décadence, le chrétien ne doit pas trop se préoccuper mais suivre la voie que les évangiles lui montrent, viser ce chemin de crête qui surplombe la civilisation et la décadence un peu plus bas.

    Un prêtre chrétien plein de zèle (Calvin) faisait le reproche à ses ouailles de passer plus de temps à lire des ouvrages techniques médiocres qu'à lire les évangiles. En revanche, du point de vue de la civilisation, il est inutile que la plupart des hommes et des femmes sachent lire car cela ne fait que contribuer à la décadence.

  • Dans la Matrice

    L'intellectualisme est le mal du siècle.

    Il y a plusieurs façons de débusquer cet intellectualisme, contre lequel quelques mouvements artistiques, philosophiques ou scientifiques se sont dressés, faisant valoir des figures et des formules simples contre des formules et des figures complexes.

    Prenons le jeu d'échecs comme un exemple simple de divertissement intellectuel presque vain ; cet exemple permet de comprendre pourquoi l'esprit de sérieux s'est envolé avec l'intellectualisme, de sorte que les grands massacres odieux perpétrés au cours des temps dits "modernes" peuvent être mis en relation avec la part grandissante accordée au divertissement.

    Le jeu d'échecs passe pour un jeu intelligent, ce qui revient à prendre et faire passer la gymnastique intellectuelle pour l'intelligence ; et l'espèce humaine pour une espèce inférieure, car en termes de réflexe et de calcul, de mémoire, l'homme est moins bien doté que la plupart des animaux.

    Une manière de débusquer l'intellectualisme est de le rapprocher du confort intellectuel, qui en est la conséquence. Il n'est pas rare de voir certains intellectuels produire une oeuvre volumineuse, dont à peine quelques phrases pourront être retenues. L'intellectualisme et le divertissement font bon ménage : on peut le vérifier en observant la culture américaine ultra-moderne, marquée simultanément par ces deux aspects.

    Dans tous les domaines où l'esprit humain trouve à s'exercer, l'intellectualisme peut faire et a fait des ravages : dans le domaine politique, moral, religieux, artistique, mais aussi scientifique.

    Sur le plan scientifique, le terme de "révolution scientifique" appliqué aux changements de perspective qui se sont produits depuis la fin de la Renaissance est un terme ambigu et trompeur. On feint ici de ne pas voir le poids considérable de l'industrialisation dans les changements qui sont intervenus dans la manière d'envisager la science et les études scientifiques, jusqu'au confort intellectuel actuel.

    Pour le besoin du développement industriel, on s'est penché sur la matière et les matériaux principalement sous l'angle de leurs propriétés.

    Si le monde physique est principalement décrit aujourd'hui sous forme de "lois", relatives à la force, la puissance, l'énergie, et que l'on cherche à écrire la loi unique qui pourrait résumer toutes ces lois apparemment effectives dans les différents compartiments d'investigation de la science (mais qui se contredisent parfois entre elles), c'est d'abord parce que l'on a analysé la matière sous l'angle de ses propriétés, balistiques ou autres, dont on peut tirer parti sur le plan technique. On s'est limité à ces propriétés fonctionnelles, ce qui est insuffisant du point de vue scientifique.

    Il s'agit là à la fois d'une étude intellectuelle et superficielle ; de la même manière la sociologie ou l'étude comparée des sociétés en dit assez peu sur l'individu et la condition humaine ; la sociologie ne répond pas à des questions plus difficiles qui se posent à propos de l'homme une fois fait le constat que l'homme est ordinairement un loup pour l'homme et que l'Etat, que l'on peut traduire comme le coeur de la société, est un "monstre froid".

    Les "sciences humaines" ne méritent pas le nom de "sciences". Or la science physique dite "fondamentale" est en réalité une science humaine, comme l'importance de la géométrie algébrique l'indique, ou encore certaines "avancées de la science" présentées comme "fondamentales" dans les domaines on ne peut plus techniques de la géolocalisation et de la cryptographie - pour ne rien dire du bavardage autour de l'intelligence artificielle.

    Plus subtilement et sans doute plus efficacement que le philistinisme qui consiste à s'opposer à la science frontalement, au nom du bonheur (Montaigne, Nietzsche), l'intellectualisme consiste à vider de son sens la science en la ramenant à un simple moyen d'existence technique dont le bénéfice est incertain.

  • Amour barbare

    De toutes les religions, la religion de l'amour est la plus meurtrière. Si vous en doutez, faites le compte des abominations commises sous l'effet de la passion ou bien en son nom.

    Au nombre de ces abominations, il faut inclure celles perpétrées au nom du nationalisme, c'est-à-dire de l'amour immodéré de la patrie. Cette absence de modération est un ressort du nazisme, aussi bien que du communisme soviétique et de la démocratie-chrétienne (idéologies détestables du point de vue patriotique "authentique", c'est-à-dire raisonnable).

    On devrait tenir l'antisémitisme caractéristique du régime nazi, ou la haine des possédants qui caractérise le régime soviétique pour secondaires en comparaison de la folie meurtrière nationaliste. Si on ne le fait pas, c'est afin de préserver intacte la cupidité qui anime l'Occident. On pointe du doigt l'étincelle populiste, mais on ignore le tonneau de poudre du nationalisme, ou de l'hypernationalisme européen.

    Certain philosophe a d'ailleurs souligné la passion amoureuse qui unit les tyrans sanguinaires (Louis XIV, Napoléon, Hitler, Staline...) à leur peuple et à la nation qu'ils dominent ; la cupidité de ces chefs d'Etat est telle qu'elle ne trouve pas à se satisfaire dans les relations sexuelles banales.

    La rupture est ici consommée entre la culture occidentale moderne et l'humanisme, puisque ce courant de pensée difficile à cerner précisément implique au minimum la condamnation, sur le plan éthique, de la "passion".

    Dans "Roméo & Juliette", Shakespeare fait mieux que condamner l'amour, il en démonte tout le mécanisme, illustrant comment deux jeunes personnes mal instruites peuvent, en étant les jouets de leurs illusions et de la nature (ces deux aspects sont illustrés), se duper mutuellement.

    Or on ne peut mieux dissuader contre le poison de l'amour, puisque Shakespeare montre à quel point les amoureux sont passifs et privés de leur libre-arbitre. En effet l'amour a ceci de commun avec le fanatisme religieux qu'il repose sur une idée de la liberté entièrement fausse ou illusoire. Shakespeare procède donc comme un prestidigitateur qui dévoilerait le trucage d'un tour fascinant.

    Un autre mérite de la pièce est de souligner combien l'existence des amoureux est vaine, c'est-à-dire macabre. C'est aussi ce que l'on peut déduire du personnage d'Ophélie (dans "Hamlet"). On a pu dire que "L'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches". Or cela peut se dire aussi de la mort, qui dans les sociétés barbares a une connotation et un parfum mystique.