Pour un savant ou un homme de Dieu, le hasard n'existe pas. Cependant dès l'instant qu'on commence à y croire, on est soumis à ses lois.
Lapinos - Page 130
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Créationnisme
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Pas de Mai qui tienne
Merci à Nolleau et Zemmour d'avoir, sur le plateau de Laurent Ruquier, fait table rase du printemps de Mai 68 dès le mois de mars 2008, étalé au grand jour les mobiles bobos d'André Glucksman, pantin qui s'est jeté dans leur ligne de mire.
Liquidation précoce, et en même temps que de temps perdu !
Si Glucksman a encaissé pour toute la bande, c'est parce que c'est le plus bête. Une bêtise narcissique, "ontologique" comme on dit à la fac de Nanterre. Les soixante-huitards ont élevé leurs enfants pour en faire leurs propres reflets, sans la moindre ride si possible.
On peut penser qu'avec BHL, le règlement de compte aurait été plus "serré". Que les deux exécuteurs testamentaires de Ruquier auraient dû forcer un peu plus leur talent, esquiver un ou deux anathèmes, le genre que BHL sait dégainer plus vite que son ombre. Et puis BHL c'est pas le genre de crétin à sortir à découvert. Narcissique, mais quand même pas sarkozyste ! Et puis un sens aigu du western.
Mais c'est insuffisant. La génération suivante à laquelle j'appartiens ne peut se passer, après les truands, de liquider aussi les mercenaires Nolleau et Zemmour.
Si comme l'explique clairement Zemmour, la censure de la FNAC ne fait que prolonger la censure gaulliste, et le puritanisme bobo celui de Tante Yvonne, le corsage généreux de BHL n'est donc que le revers du costard-cravate strict de Zemmour. La logique, un journaliste du "Figaro" ne la pousse jamais très loin. La bourgeoisie gaulliste a engendré les bobos qui partagent avec leurs parents la peur et la haine de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à la Révolution. Ils peuvent bien citer Bernanos, Bloy ou même Marx, au "Figaro", ça ne trompe que les abrutis.
Nolleau, lui, flingue pour le compte des socialistes. Gonflé de laisser entendre que la gauche libérale ne doit rien à la philosophie vaseuse de Glucksman & Cie. En termes électoral, la gauche doit au contraire tout aux soixante-huitards, qui se sont chargé de son "marketing" et de sa publicité, de faire passer des vessies pour des lanternes. La jeunesse emmerde Mai 68 !
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Ex-féminin
(Ill. de H.) -
Lévy oblige
Si on laisse "Arte" allumé en fond sonore et visuel comme je l'ai fait pendant deux ou trois jours, on se rend compte que deux types de programmes dominent sur cette chaîne. D'une part les documentaires sur la choa et tout ce qui tourne autour, d'autre part la diffusion de films classés X japonais, yankis, "vintages", comme disent les futurs ringards pour dire "démodé".
En outre, quelques docus qui tendent à prouver au public bobo d'Arte que Poutine est une sorte de nouvel Hitler doublé du fantôme de Staline, avec un zeste de monstre des Carpathes, et que par conséquent les valeurs auxquelles les téléspectateurs d'Arte sont profondément attachés, liberté, égalité, laïcité, etc., sont en danger immédiat d'être bafouée par l'ogre de Moscou. Ou encore des docus sur le Tiers-monde, pour dire tous les sentiments de solidarité que la Rive Gauche de Paris éprouve pour les populations affamées d'Afrique, victimes de la famine et des discours du pape.
Je ne sais pas si cette programmation reflète exactement les goûts personnels de BHL ? Sans doute manque-t-il quelques pages de publicité pour le dernier navet à la mode des éditions Gallimard ou Grasset pour que l'orgasme de notre Beautiful Héraut National soit complet.
Quel que soit l'état de béatitude de BHL, en regardant "Arte", ne serait-ce que d'un oeil, on pense immédiatement à cette expression de "pornographie mémorielle" dont l'usage avait valu à Dieudonné d'être invité sur tous les plateaux de télé, et puis subitement de se lasser.
Ce que j'aime particulièrement dans cette expression de "pornographie mémorielle", c'est qu'elle sépare judicieusement la sexualité de la pornographie, deux choses en effet complètement distinctes. Un raisonnement un peu critique et politique, le genre de raisonnement par conséquent particulièrement mal venu dans un régime bourgeois, permet de comprendre que la pornographie est en rapport avec l'image, photographique, cinématographique, télévisée, et pas spécialement avec le sexe. On peut même dire que la pornographie dégrade l'érotisme et donc que c'est la mort du sexe au bout du compte. La pornographie cinématographique et l'érotisme pittoresque sont deux ennemis jurés.
L'amalgame entre sexe et pornographie est logique dans la pensée bourgeoise, marquée par le puritanisme - de Freud, mais pas seulement. Puritanisme et pornographie cohabitent très bien aux Etats-Unis, et pour cause. Il est faux de dire comme une brochette de neurologues l'a affirmé récemment, dans Le Livre noir de la psychanalyse qu'il n'y a plus qu'en France qu'on gobe encore les bobards de Freud. Tout le cinéma américain ou presque, les séries américaines dont on parle beaucoup en ce moment, est imprégné des superstitions de la psychanalyse.
D'autre part le raisonnement puritain qui amalgame le sexe et la pornographie permet de "blanchir" le cinéma et la télévision, principaux vecteurs de cette pornographie. Aujourd'hui il y a même de sombres démocrates-crétins qui n'hésitent pas à prétendre que les séries américaines, au prétexte qu'elles sont plus subtiles que le cinéma français, ce qui n'est pas bien difficile, que les séries américaines peuvent être de véritables outils d'évangélisation (!). (Quand est-ce qu'un pape se décidera à mettre des bornes à la bêtise démocrate-chrétienne ?)
Un exemple pour bien me faire comprendre. Même s'il ne présente pas sa femme dans des situations sexuelles explicites dans son film, mais se contente de la montrer à poil pour aguicher, BHL a produit un film beaucoup plus "pornographique" que la plupart des films classés X, notamment que les films démodés à petits budgets qui ne visaient pas une exploitation commerciale la plus intensive possible. Je citerais aussi parmi les pornographes David Lynch, ou Catherine Breillat, Stanley Kubrick, ce porno-chic "bridé" qui permet l'exploitation commerciale dans le plus grand nombre de salles.
Les petits producteurs indépendants de films X ont souvent des motifs beaucoup plus naïfs et moins immoraux que ces sortes de maquereaux des temps modernes que sont Lynch et Breillat, au nom de la liberté et du féminisme, ça va de soi.
Certains petits cinéastes de films X veulent lutter par exemple avec leurs films contre le puritanisme de la bourgeoisie, qui est une réalité, ou ils veulent simplement "tirer leur coup" avec des gonzesses plus canons, il ne s'agit là que du bon vieux maquereautage ordinaire qui ne vise pas d'abord cyniquement la gloire ou les royalties. J'ai plus de respect pour la pute à l'angle de ma rue, jetée bon gré mal gré dans le ruisseau des relations et des sentiments humains, que pour Arielle Dombasle, Juliette Binoche, Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, ou je ne sais quelle femme-objet de ce genre. Ce qui est appréciable chez un acteur de cinéma, c'est son reniement du cinéma, comme B. Poolevorde qui dénonce comme Brigitte Bardot la médiocrité de ce milieu, Yann Moix en tête, ou un acteur de cinéma qui se reconvertit dans le théâtre, bel acte d'amour.
Mais on peut très bien aussi qualifier des films ou des photos de "pornographiques", uniquement en raison de leur exploitation putassière de tel ou tel penchant humain, sans qu'il y ait aucune scène de nu ou de sexe. Le goût de la violence et la cupidité constituent d'autres angles d'attaque pour les pornocrates contemporains.
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Le poète, le prêtre et le soldat
(Ill. de H.) -
Misère de la bourgeoisie
Les deux mamelles de la bourgeoisie sont la bêtise et l’hypocrisie ; l’hypocrisie fut plutôt l’apanage de la gauche, sous la Ve République, et la bêtise ce qui distingua la droite. Ça me conduit à requalifier deux présidents, Chirac et Pompidou, plus hypocrites que bêtes, en présidents “de gauche” ; et Michel Rocard, dont la bêtise est d’ordre quasiment “syntaxique”, en Premier ministre “de droite”.
Nicolas Sarkozy, lui, sans qu'il y ait vraiment "calcul" de sa part, tète aux deux mamelles de la bourgeoisie simultanément, la bêtise (d'où sa sincérité) et l'hypocrisie (d'où son double langage et son double gouvernement). Tout l’intérêt de ce “type”, au sens critique, réside dans ce phénomène, qu'on a sans doute pas tort de comparer à l'élection de Napoléon III, qui a bénéficié à peu près des mêmes appuis que Sarkozy, notamment la démocratie-chrétienne.
Sarkozy est à la fois un enfant de la réaction gaulliste aux non-événements de Mai 68, une réaction bête et aveugle, et le parangon des nouvelles valeurs bourgeoises qu’on dit “bobo” pour mieux indiquer leur mièvrerie, qui reposent sur une hypocrisie, une fausse révolution, et plus profondément sur un mépris "libéral" de la science, de l'histoire, de l'art et de la politique. L'"existentialisme", qui fait office de "pensée" à la bourgeoisie, est en réalité un système de justification de l'hypocrisie et de la bêtise bourgeoise.
Sarkozy n’a donc pas beaucoup à forcer son talent pour mobiliser son électorat de vieillards ou de vieillards-nés à coups de slogans idiots, et à priver parallèlement la gauche libérale d’arguments solides contre lui, en la renvoyant à sa démagogie, son hypocrisie, domaine où elle décrochait jusque-là le premier prix.*
J’écrivais récemment à un pote yanki que seule la fréquentation de milieux marginaux, en France, rappeurs fils d’immigrés africains, militants du FN, moines bénédictins, militants de la Ligue communiste révolutionnaire, gothiques, altermondialistes, SDF, putes, délinquants incarcérés, militants anti-IVG, seuls les discours anticonformistes sont intéressants dans la France de 2007.
Tous ces marginaux qui pour la plupart ne sont pas représentés politiquement détiennent la vérité politique, de façon morcellée, ce sont les victimes de décennies d’hypocrisie et de bêtise, de mensonges bourgeois.
Sinon autant rester aux Etats-Unis, mon pote, où la bêtise et l’hypocrisie se confondent déjà depuis un moment. -
Le sacrifice de Cupidon
(Ill. de H.) -
Certifié non conforme
Tant que l'Internet ne met pas en danger le pouvoir libéral démocratique, le pouvoir libéral démocratique n'a pas intérêt à le censurer.
L’Internet est même au service de la propagande bobo. Si les régimes bourgeois occidentaux ne s’autolégitimaient pas, c’est pas les pays du tiers-monde qui le feraient à leur place !
De temps en temps, un bobo bénin vient rappeler au bon peuple des téléspectateurs que la censure n’existe pas ou presque sous nos latitudes évoluées, et qu’au moins, de ce point de vue-là, c’est un monde meilleur que le nôtre, en toute objectivité.
Comme par hasard ce sont toujours des gens qui n’ont rien à dire qui prétendent que l'autocensure n’existe pas.
Le fait que Michel Houellebecq soit passé au travers de la censure, comme Le Pen avant lui, n’implique pas que la censure n’existe pas mais au contraire la prouve. On se trompe si on prend Houellebecq pour un écrivain, un poète ; c'est un acteur politique qui est parvenu à soulever le couvercle de la censure et à narguer le système pendant quelques années.
On se souvient du tollé qu'il déclencha en racontant que le patron puritain de “Nouvelles Frontières”, Jacques Maillot, jamais avare d’un petit prêchi-prêcha, comme tout bon démocrate-chrétien qui se respecte, Jacques Maillot trempait dans dans le business du sexe en Asie.
Même "bronka" lorsque Houellebecq prétendit que les Allemands étaient des gens plus sympathiques que les Français, ce qui n’est anodin que pour un crétin.
Apparemment Houellebecq est retombé sous les fourches caudines de la censure démocratique depuis, même si son "pavé dans la mare", "Plateforme", est toujours d'actualité. C'est curieux, H. a l'air de douter que le prix Goncourt n'est qu'une garantie de finir dans les oubliettes de l'histoire, à brève échéance. D'une certaine façon, les provocations de Le Pen et de Houellebecq sont involontaires, spontanées. D'ailleurs aucun des deux ne remet vraiment en cause les fondements de la bourgeoisie, puisqu’on peut résumer Le Pen et Houellebecq à deux nostalgiques de la IIIe République, des anti-soixante huitards qui n’ont pas compris ou font semblant de ne pas comprendre que “Mai 68” n’était qu’un mouvement antirévolutionnaire conservateur. Seule la mode vestimentaire a changé. On comprend que Sarkozy ait pu séduire Le Pen et Houellebecq, qui ne font qu'exprimer un "désir de sincérité" presque enfantin. Ce sont des victimes de l'hyperhypocrisie qui se rebellent contre elle. Un peu comme Nitche.*
La censure démocratique n'est pas "positive", elle ne répond pas à des principes moraux, comme sous Louis XV ou dans un régime communiste, en Iran ; la censure ne se réveille dans un régime démocratique que pour protéger le pouvoir bourgeois de critiques radicales qui pourraient saper ses fondements économiques et politiques.
La traque de Marx à travers l’Europe à une époque où les pamphlets, les ouvrages politiques avaient un impact certain, cette traque n’est plus d’actualité depuis que la télévision et le cinéma ont pris le dessus. Rien n’est plus facile que de contrôler des lopettes décérébrées comme PPDA, Pujadas, Claire Chazal, toute la clique des animateurs télé. Pas besoin d’une conscience politique très développée pour comprendre ça.
La police de Louis XV ne décida pas d’arrêter Diderot et de le mettre au vert pendant quelques semaines parce que sa prose "libertine" menaçait le pouvoir royal, solidement établi, mais parce que le pouvoir estimait qu’il avait publié un ouvrage licencieux, immoral. Le pouvoir de Louis XV ne voulait pas se protéger mais punir un contrevenant.
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Sans même parler de la loi Fabius-Gayssot, dont on ne peut parler dans le détail sans tomber sous le coup de la loi et qui revient à promulguer l'histoire par décret (avec la complicité de la communauté "scientifique" européenne toute entière !) : la censure des ouvrages et sites pédophiles, qui a d'ailleurs elle aussi un aspect juridique délirant, cette censure a été mise en place sous la pression populaire, les manifestations gigantesques en Belgique qui ont déstabilisé le pouvoir belge, par exemple, et qu’on veut éviter de voir se produire en France. Le pouvoir politique bourgeois ne s'est pas avisé que la promotion de la pédophilie par le canal de l'Internet pouvait avoir des effets moraux désastreux, mais il redoute les manifestations populaires de protestation contre l'inefficacité de la Justice qui peuvent être dangereuses.Si le bourgeois a une hygiène, voire deux hygiènes par jour, histoire de récurer sa crasse virtuelle, il n'a pas de morale en revanche.
Si l'internet devait pour une raison ou une autre menacer les fondements du pouvoir oligarchique en place, si la propagande télévisée perdait de son influence au profit d'autres médias, c'est évidemment très loin d'être le cas aujourd'hui, y compris aux Etats-Unis, alors les avocats de la liberté d'expression se transformeraient immédiatement en censeurs zélés ; aucun doute n'est permis là-dessus. A titre préventif, un certain nombre de penseurs bourgeois aussi différents que Jacques Julliard, Bernard Stiegler, Emma Drucker, Maurice Dantec, dénoncent déjà l'expression d'une pensée "différente" sur le ouaibe, "négationniste", "anti-américaine", "pro-nazie", "révolutionnaire" ou "islamiste". Ces cochons exigent la censure de ceux qui ne peuvent pas s'exprimer publiquement ou très peu.
Et la probité, la déontologie du journaliste, rouage essentiel du système, n'est pas la règle : on ne rencontre cette probité et cette déontologie dans le journalisme que de façon exceptionnelle, à gauche comme à droite.
Ni les bobos de gauche de “Libération”, ni les ringards de droite de “Valeurs actuelles” ou du “Figaro” ne peuvent prétendre sérieusement à un autre titre que celui de valets du capitalisme, des grandes banques d’affaires douteuses ou des marchands d’armes cyniques. -
Portrait idéal de François Pinault
(Ill. de H.)
UN BOURGEOIS, ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT.
UN BOURGEOIS, ÇA SE TROMPE ÉNORMÉMENT. -
Table rase de la critique
Une seule façon pour mesurer la censure objectivement, d’une époque en dentelles à une époque bottée, jusqu’à notre “cyber-époque” libérée : tâter la force de la critique.
Je ne vais pas vous assommer avec une thèse mais juste un exemple. Voyez Zemmour et Nolleau chez Ruquier ; on leur a dit qu’ils allaient jouer le rôle de critiques, disques, bouquins et dévédés, tout en vrac.
Eh bien il ne s’est pas passé beaucoup de temps avant qu’ils endossent le costume de baltringues, hués par le public au moindre pet de travers, dès qu’ils débordent le cadre strict du “politiquement correct”.
Puisqu’il n’est plus permis de dire du mal du physique des gens, c’est ce qu’on appelle la “censure positive”, je n’insiste pas sur les bobines de Zemmour et Nolleau, très pratiques pour tourner en dérision la critique, il suffit d’allumer la télé en pleine nuit pour le constater, entre Laurel et Hardy et une paire de têtes à claques (ça m’a échappé.)
Quand ils ne sont pas tournés en dérision et parviennent à distiller un peu d’acide - genre jus de citron plutôt que vitriol -, sur le petit Moix qui sait plus quel filon exploiter, à quel rabbin se vouer, sur la vieille maquerelle Breillat ou le vieux Chancel déphasé, c’est le tollé général et nos duettistes finissent par bredouiller des excuses et se laisser tirer les oreilles.
On imagine le barouf si Nolleau dénonçait sans périphrase les motifs putassiers de Moix ou de Breillat, ou montrait l’encéphalogramme plat de Chancel.
Bref, les critiques aujourd’hui, ce sont des marionnettes. Quant à la censure, elle, elle est carrément interdite. C’est bien le sens du certif de non-conformité délivré par la Fnac, non ? -
Silhouette démodée
(Ill. de H.) -
Un sketch par jour
Ce que les dernières péripéties de l’actualité démontrent, c’est la bêtise profonde, la lobotomie de la bourgeoisie libérale dont Nicolas Sarkozy n’est que la caricature.
Si on examine une par une toutes les idéologies qui, en se mélangeant de façon anarchique forment le credo religieux de la bourgeoisie aux "affaires", l'idéologie démocrate-chrétienne, le républicanisme, le laïcisme, la social-démocratie, le capitalisme, l’évolutionnisme, toutes ces philosophies se résument à des slogans idiots coupés de la réalité, de la science, de l’histoire et de la poésie.
Nicolas Sarkozy n’a aucun recul ni capacité d’anticipation. Ce qui le caractérise par rapport à ses prédécesseurs, Chirac, Jospin, c’est une sincérité, une bêtise plus grande.
Sarkozy me fait penser à Frédéric Nitche, penseur bourgeois décadent qui a des adeptes de l’extrême-gauche à l’extrême-droite de la bourgeoisie libérale. Parce qu'il est ridicule avec ses tics, ses sursauts et ses "girl-friends", comme Nitche avec ses bacchantes et sa fiancée, mais pas seulement.
Plus Nitche agite fiévreusement sa volonté de puissance, plus il fait ressortir sa propre impuissance et l’impasse philosophique dans laquelle il se fourvoie pour des petits motifs personnels ; deux motifs sont assez nets : le sentimentalisme et la sincérité. Nitche et Sarkozy sont deux philosophes qui éprouvent le besoin pressant de se vider les couilles mais qui ont été trop bien élevés par leurs mamans pour s'avouer que ce sentiment dicte leur conduite.
Plus Nicolas Sarkozy agite sa volonté d’action, plus il apparaît clairement qu’il est incapable d’infléchir le cours de la décadence capitaliste. Au moins ses prédécesseurs avaient compris que le système démocratique implique de procéder par la ruse si l’on veut changer les choses.
On objectera l’opportunisme de Sarkozy, sa victoire aux élections. Elle est bien plutôt le fruit d’une coïncidence, comme celle de Giscard d’Estaing.
Sarkozy n’a pas conquis l’UMP de haute lutte, comme Mitterrand s’était emparé machiavéliquement du PS ; l’UMP, composé surtout d’abrutis gaullistes, s’est donnée à lui spontanément.
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Le manque de respect du quidam vis-à-vis du chef de l’Etat en campagne électorale n’est pas étonnant ni choquant. Cette audace et cette familiarité de la part de la foule n’est que le reflet de sa propre audace et de sa propre familiarité, de sa vulgarité. Le comportement public du chef de l’Etat est une porte ouverte à l’assassinat politique.
Ce qui est choquant en revanche, c’est l’audace et la familiarité des oligarques, de leur représentante Laurence Parisot lorsqu’elle intime l'ordre au chef de l’Etat de ne pas se mêler des affaires de la "Société générale" et de Daniel Bouton. Le scandale politique, il est là. Ça serait faire preuve d’un minimum d’intelligence politique de la part de Sarkozy que de dissoudre la "Société générale" et d’expédier son patron à l’ombre méditer sur des sujets plus sérieux que le CAC 40 et les taux de profit en compagnie de Laurence Parisot.
Et afin de redorer le blason de la France dans le monde. Car s’il y a bien une chose que le reste du monde envie à la France, ce ne sont pas les “Droits de l’Homme”, cette hypocrisie bourgeoise caractérisée, ce prurit démocrate-chrétien, mais c’est le bel ORDONNANCEMENT de la France, les fables de La Fontaine, les jardins de Louis XIV, les poètes de la marquise de Pompadour… -
Pur-sang d'Arabe
(Ill. de H.) -
Table rase de la propagande
Cette semaine la chaîne de propagande "Arte" se propose de faire le bilan des années Poutine, de "dix années d'autoritarisme, de corruption et d'assassinats". Le moins qu'on puisse dire c'est que la télé de BHL ne fait pas dans le détail et sait faire fructifier les conseils de Goebbels en matière de marketing politique.
Ceux qui comptent sur le courage de types comme BHL ou Redeker pour faire rempart de leurs corps aux attentats de terroristes arabes ou à la colère des Russes ne sont pas naïfs, ils sont carrément crétins. Ils ont déjà oublié comme BHL, lorsqu'il faisait la promotion de sa littérature de troisième zone dans la septième ligne du front serbe, savait se planquer à la moindre alerte, le moindre craquement de branche imitant le bruit d'une balle égarée.
Le temps n'est pas si lointain où le peu d'empressement des troupes françaises à se porter au-devant des troupes allemandes succédait aux invectives de la presse et de la classe politique française à l'encontre de l'Allemagne nazie. Il doit être écrit quelque part dans le catéchisme libéral qu'il est interdit de tirer des leçons de l'histoire, et que la meilleure manière d'accomplir ce précepte est de d'ignorer et de mépriser l'histoire avec l'arrogance invincible d'un Redeker ou d'un BHL.
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En couverture
Je feuillette et je retourne déjà un pamphlet signé Patrick Rambaud. Si ce truc-là est un pamphlet, alors c'est le Waterloo du pamphlet ! A moins que ce ne soit la Bérézina. Rien n'est plus éloigné de moi que le fétichisme napoléonien ; lorsque je vois un polytechnicien ou un saint-cyrien en uniforme, je ne peux pas m'empêcher de pouffer.
"Patrick Rambaud est l'auteur d'une oeuvre romanesque importante" dit la Quatrième. Bien entendu, sous le directoire de Sarkozy, l'importance se mesure en volume.
D'où ma conclusion : Patrick Rambaud est aux lettres françaises ce que Dominique de Villepin est à la politique française, un pastiche de pastiche, un Talleyrand de carnaval. Ils se tirent une balle dans le pied. Lisez plutôt Reboux.
Avec une telle opposition, on peut penser que Nicolas Sarkozy et ses "girl-friends" continueront de nous distraire encore pendant des lustres. Nicolas Sarkozy est son seul véritable ennemi.
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La science bourgeoise
Le bourgeois a inventé la chirurgie esthétique. C'est pour pouvoir se regarder dans la glace tous les matins sans reconnaître le petit salopard qu’il a été la veille.
Après il est temps d’ouvrir le “Figaro” pour prendre connaissance des nouvelles du jour. Même si on imagine plutôt Carla Bruni lisant "Match", "Elle" ou "Libération". -
Le cauchemar éveillé
(Ill. de H.) -
Le dernier des humanistes
Simon Leys est un des derniers humanistes, ou du moins il essaie de l’être au milieu du chiendent. Humaniste, c’est-à-dire qu’il se distingue des intellectuels “à la solde de”, les BHL, Finkielkraut, Jean d’Ormesson, Guy Sorman, plagiaires agréés par le système.
Leys fait observer que la “spécialisation” est une caractéristique de notre époque (décadente).
C’est vrai à condition d’ajouter que la “polytechnique” résulte du même mouvement anarchique, dont le principal ressort est la division du travail à l’échelle mondiale.
Une dislocation s’est produite, d’abord de l’économie, ensuite de la science et des arts, sous le régime bourgeois démocratique.
Par conséquent il n’y a qu’un crétin de philosophe existentialiste pour croire que les “temps modernes” coïncident avec l’avènement de la technique et de la science, alors que notre époque est une époque d’amateurs, de dilettantes, d’hommes soumis à la machine, d’esclaves, d’irresponsables, d’impuissants, d’ignares.
Cela fait cinquante ans au moins que les Etats-Unis vivent sur les acquis de la science nazie, et les Allemands n’étaient eux-mêmes que des bricoleurs adroits, pas des scientifiques.
La caractérisation en “société du spectacle” est aussi stupide, si ce n’est plus. L’Antiquité grecque, par définition, est la société du spectacle, et nous sommes aux antipodes, comme l’affirme Benoît XVI, de la société grecque. Notre époque a même inventé la fête triste et le cinéma, ce théâtre glacé, cette pornographie, elle aussi aux antipodes de l’érotisme grec.
Et vive Fidel Castro ! Aujourd’hui que les bobos de gauche ont lâché Fidel Castro derrière lequel ils planquaient leur égotisme bourgeois, je me sens à l’aise pour saluer la résistance de Castro face à la racaille libérale.
J’entends dire que Raul Castro est plus communiste que son frère, qu’il l’était avant lui ; pourvu que ça soit vrai !
Lorsqu’on voit l’anarchie qui règne à Neuilly, où les vieilles idées bourgeoises et les nouvelles idées bobo cohabitent, lorsqu’on voit cette chienlit impudente se déchirer pour la gestion d’un carré d’immeubles haussmaniens, comment ne serait-on pas communiste ? -
Derrière Super-bobo
La jeunesse emmerde Mai 68 ! André Glucksman a démontré par A+B que Sarkozy est bien lui aussi l’héritier des non-événements de Mai 68, le premier à nommer des ex-soixante-huitards dans son gouvernement.
Le discours pétainiste de Sarkozy n’est qu’un discours électoral tactique.
Il n'y a pas de contradiction, il y a juste un décalage entre les mobiles bourgeois réels de Sarkozy et son électorat composé surtout de vieux schnocks nostalgiques qui ont peur de ne pas toucher leurs retraites jusqu'au bout ou que leur nouvelle bagnole soit cramée par un sauvageon.
La propagande bourgeoise nous explique que si Cohn-Bendit, Kouchner, Finkielkraut, Glucksman, tous les ex-“soixante-huitards” sont rentrés dans le rang, c’est parce qu’ils sont devenus raisonnables, adultes. En réalité, d'idéal, ils n'en ont jamais eu ; c'est une bande de vieillards-nés qui a transmis ses petits mobiles bourgeois à sa maigre progéniture. Krivine, c'est l'exception qui confirme la règle.
C’est pourquoi la jeunesse emmerde Mai 68. Et les gaullistes en face ? Des vieux cons. Il n’y a qu’un vieux crétin comme Balladur aujourd’hui, avec sa tête d’abonné au “Figaro”, à accorder une importance politique à Mai 68 et à prôner une alliance de l’Europe avec les barbares yankis. Les gaullistes ont toujours été à contresens de l’Histoire, De Gaulle recopiant avec application les bobards de Chateaubriand… au milieu du XXe siècle ! La chienlit c’était lui aussi, c'était lui d'abord si on respecte la hiérarchie.
Si l’on considère que Sartre a compromis la révolution avec les superstitions bourgeoises, les nouveaux bourgeois de Mai 68, eux, font pire : ils s’attaquent directement à la “révolution”.
Sarkozy c’est “Super-bobo” ; ce qui prive les bobos de gauche d’arguments et qui permet au président de la République et à ses sbires de placer les bobos de gauche face à leurs inconséquences. Non seulement Sarkozy a coupé l'herbe sous les pieds de Le Pen, mais aussi sous les pieds des bobos de gauche.
Bayrou, Villepin et Ségolène représentent un faux-semblant d’opposition. C’est Sarkozy en plus banal et à peine moins ambitieux. En tirant sur Sarkozy ils se tirent dessus aussi.
- Ségolène n’est que le fantôme de Mitterrand. Ce qui faisait l’originalité de Mitterrand par rapport à ses concurrents, c’était son humanisme ; Ségolène en est à peu près au niveau de Maupassant, comme Giscard.
- Entre le mépris de la poésie affiché par Sarkozy et le goût pour les petits poèmes bidons de Dominique de Villepin, ça n’est pas facile de trancher. Il a sa place dans une reconstitution truquée de Robert Hossein bien plus qu'en politique.
- Quant à Bayrou, c’est celui qui représente le mieux les bobos, c'est l’élu de leur cœur. Un Tartuffe en sabots de paysan : quelques mots de patois gascon pour signifier le retour à la terre et le “modem” pour indiquer les nouveaux gadgets technologiques. Mais entre les électeurs de Sarkozy et ceux de Bayrou, il n’y a qu’une différence, c’est la ménopause. Ménopause moins le quart ou moins dix, l’électeur de Bayrou est un électeur de Sarkozy virtuel.
S’il y a encore une jeunesse en France, en Europe, elle ne peut être que dissidente et mépriser les vieux fétiches bobos que des vieillards-nés lui ont inculqué. -
Simone contre Simone
Mgr Lustiger poussa naguère le "devoir de mémoire", la "repentance", jusqu’à l’aberration, une sorte de "rocardisme" théologique. Ça prouve que Jacques Attali n’a pas le monopole des idées stupides.
L’usage que Sarkozy fait aujourd’hui du “devoir de mémoire”, l’exploitation de la souffrance et de la mort de victimes plus ou moins innocentes au cours de la guerre civile européenne, est le pire service qu’on puisse rendre aux juifs.
Outre que de la part d’un fils de bourgeois hongrois, “ça frise le déni”, comme disent les cons. Le paternel de Sarkozy n’a pas fui le nazisme mais le communisme. Ce n’est pas l’hypocrisie ni la trahison qui étouffent le président de la République. Glucksman fait bien de souligner qu'il est un pur produit de Mai 68, derrière le discours électoral pétainiste ou néo-nazi.
Si les juifs étaient intelligents, ils mettraient fin au plus tôt à tout ce cirque médiatique autour de la choa, que Sarkozy n'a pas inventé. Si mon grand-père était crevé dans un camp, je ne supporterais pas que sa mémoire soit exploitée par une kyrielle de VRP pour vendre leur camelote, de Yann Moix à Sarkozy, la liste est longue des margoulins de la choa, dans le domaine artistique ou politique. Quel est le juif assez con pour croire que ce qui préoccupe vraiment Yann Moix ou Nicolas Sarkozy, c'est le sort des victimes juives ?
Il n’y a pas un juif crédible dans la salle ? Un juif qui n’est pas compromis avec le pouvoir bourgeois comme Simone Veil, un juif universaliste comme Marx ou l’autre Simone Weil, pour protester haut et fort contre ce procédé, un juif qui pourrait dire : « Je suis juif et je n'ai rien à voir avec ces procédés de boutiquiers ! »
Dès la mise en place de ce qui s'avère n'avoir été en France qu'une stratégie électorale, un moyen de légitimer la politique néo-colonialiste, Simone Weil, la révolutionnaire (que cette homonymie est injuste !), en dénonçait déjà le vice. Ce qui lui a valu d'être jugée, elle, la révolutionnaire universaliste, et condamnée pour antisémitisme par Francis Kaplan, valet sans talent du capitalisme, dans Les Temps modernes, puis grâciée par le même Kaplan sur la base d'un critère… racial !! Dans ce procès il y a tout : l'absurdité et le cynisme de la bourgeoisie, de gauche comme de droite, du "Figaro" comme du "Monde", et sans distinction de race.