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Lapinos - Page 91

  • Censurer internet ?

    Mon dabe, plutôt goguenard vis-à-vis d'Internet, se plaint qu'il se traduise par la mort de la presse écrite. C'est-à-dire que mon paternel ne trouve plus dans les quotidiens depuis qu'Internet est entré dans les moeurs ce qu'il y trouvait avant ; et vu qu'il est incapable de se connecter à Internet...

    Tu parles d'un drame ! Pour moi je serais ravi jusqu'à l'orgasme si l'internet pouvait achever définitivement la presse écrite, dont la mort est parfaitement rationnelle, pour qu'on soit débarrassé enfin de tous ces plantons de la politique qui n'en assument même pas les désagréments. Même symboliquement, juste avant l'apocalypse.

    Il faut dire que pour un marxiste (mon dabe ne l'est pas), compte tenu du mépris de Marx pour la politique et les politiciens, la responsabilité des savants est beaucoup plus grande, l'imposture scientifique s'incarnant pour Marx dans la philosophie (Marx n'a pas eu le temps comme F. Bacon de s'étendre sur les liens étroits qui unissent la philosophie aux mathématiques -et pour partie à la poésie-, arts éminemment spéculatifs, comme qui dirait "orphiques" selon Bacon ; Bacon a vu avant Marx le caractère "orphique" de l'art bourgeois.) Hitler est moins coupable que Hegel en quelque sorte, puisque celui-là n'a pas l'intelligence de celui-ci, et qu'un homme politique quel qu'il soit est comme pris dans un engrenage. Sarkozy est sans doute particulièrement "en phase" avec la société française actuelle, mais lui ou Ségolène Royal, François Bayrou, qu'est-ce que ça change ? Tout le monde a pu constater comment Fillon, chrétien libéral (putain de sa race maudite), s'est mué subitement au gré des événements en chrétien social injectant de l'huile dans les rouages et cédant au mécontentement des moins riches qu'il se proposait de mettre au pas deux semaines auparavant. Si la société n'était pas aussi pédérastique, le constat de l'inanité de la politique serait tiré par tout le monde. Après la nuit des rois, celle des présidents et même des parents : c'est l'ordre politique même qui l'exige. Si la politique ne se dirigeait pas inéluctablement vers le cercueil, elle ne serait pas anthropologique. Or Marx démontre que le seul mobile de l'anthropologie, c'est la politique (c'est vérifiable sur le plan de l'art aussi) ; et Shakespeare souligne, derrière le mobile de la politique, l'action du diable (Toutes confessions confondues, on peut poser qu'un dévot de la politique -il faut l'être aujourd'hui compte tenu de ses résultats- détestera Shakespeare à condition qu'il soit un minimum alphabétisé et ne confonde pas Shakespeare avec le boeuf Verdi ou Rossini.)

    Il n'y a sans doute positivement pas lieu de se réjouir des progrès accomplis par Internet, surtout vérifiables dans le domaine de la prostitution (d'où on peut déduire la totale hypocrisie du féminisme, idéologie presque entièrement adossée au capitalisme depuis un siècle) ; mais on peut néanmoins interpréter le fait que la liste des vieux cons qui pestent contre le web ne cesse de s'allonger, comme un signe assez encourageant ; pour mémoire je note ici ma liste :

    - Eric Orsenna ;

    - Maurice Dantec ;

    - Jacques Séguéla ;

    - Alain Finkielkraut ;

    - Pierre Arditi...

    (Les nouvelles contributions de vieux cons sont les bienvenues, à condition qu'il s'agisse bien d'authentiques vieux cons, actionnaires depuis des lustres de l'évolution de la bourgeoisie vers la fange.)

  • Pour un art communiste

    "Peut-on vivre sans art ?" : question posée nécessairement par un bourgeois pour dissimuler que depuis plusieurs siècles la bourgeoisie s'accommode fort bien de la mort de l'art, se contentant du style.

    Il est douteux en revanche que la bourgeoisie puisse se passer d'une gastronomie, où se situe la véritable assiette de la République. Le "Ritz" ou l'"hôtel de Crillon" sont les derniers endroits où la merde ne peut faire office d'art sans offusquer la clientèle.

  • Apocalypse 2012

    Dans un vieux n° de "Famille chrétienne" récupéré à la sortie d'une église sur un présentoir (dans l'église, je me tiens plutôt vers la sortie), une interview de Didier Decoin, président de l'Académie Goncourt.

    Cette gazette, précisons pour les profanes, a inventé le christianisme génital et en détient le brevet : "Cuisine, Cinéma et Couches-culottes", derrière Christine Boutin et Frigide Barjot, ses plus célèbres VRP.

    On trouve même dans ce canard un théologien parfaitement croquignolesque, Fabrice Hadjadj, auteur d'une description de Dieu comme une sorte de vulve géante. Théologien qui s'est fendu aussi récemment d'un bouquin sur le diable et prétend que la fête de Noël Lui fait très peur (au diable). Sans doute est-ce là un moyen de démontrer que Lucifer n'a pas le sens de la fête et du business, que les atmosphères familiales le mettent mal à l'aise ? Mais laissons cet Hadjadj (qui collabore au "Figaro", par ailleurs) assumer ses conneries...

    *

    Didier Decoin s'étonne que le sujet de l'apocalypse soit aussi peu souvent évoqué dans l'Eglise catho. (Je réponds que c'est parce c'est un texte trop "politiquement incorrect".) Il dit ensuite son intérêt pour la théologie d'Origène, avant, pour conclure, de comparer Origène à Michel Polnareff : "On ira tous au paradis."

    Etant donné que l'apocalypse dit exactement le contraire, que tous seront appelés mais que peu seront élus, sans compter l'usage (sans doute spontané) d'une symbolique satanique par Polnareff dans ses clips musicaux, on peut en conclure que l'académisme en littérature mène à un souci tel de l'orthographe que l'académicien ne sait même plus lire.

    Un aspect "politiquement correct" est ici dans le fait que l'apocalypse précise l'existence de "chrétiens hypocrites" à l'intérieur de l'Eglise, thème un peu délicat à aborder en face d'ouailles souvent persuadées que l'égrenage de chapelets ou la consommation de cierges leur vaudront une indulgence spéciale. Aussi délicat par le fait que l'Apocalypse n'ouvre pas droit à une vision architecturale ou juridique de l'Eglise, qui est celle du prêcheur le plus souvent. La vision de l'apocalypse est beaucoup plus pragmatique. Le témoignage et la réception universelle de ce témoignage FONT l'Eglise, en quelque sorte. Jésus répète d'ailleurs qu'il est venu remplacer le baptême juif dans l'eau par le baptême chrétien dans l'Esprit, pour signifier la possibilité de la réunion à Dieu. Jésus détruit d'ailleurs le rapport hiérarchique que les disciples pourraient être tentés de restaurer, entre des esprits forts et des esprits faibles, en lavant symboliquement les pieds des apôtres avant la Cène.

    Le nombre des élus (144.000) est d'ailleurs en rapport avec le nombre des apôtres du Christ. Dans le système géocentrique d'Aristote, Ptolémée ou François Bacon (qui n'est pas "stricto sensu" un système, puisqu'il n'est pas "légal"), le nombre des élus est en outre en rapport avec la sphère des étoiles. Non seulement la découpe du ciel est en douze décans, mais la section du soleil est d'une mesure en rapport avec le nombre 144.000.


  • Bonne presse

    Raphaël Enthoven (vu à la télé et dans plusieurs romans bcbg) s'étonne que Lénine continue d'avoir "bonne presse". Je m'étonne que Raphaël Enthoven ait commencé d'avoir "bonne presse".

    Ce type est emblématique à mes yeux de la connerie janséniste-libérale, qui comprend l'hommage gratuit du bourgeois à la politique (c'est-à-dire à lui-même), assorti en l'occurrence d'insultes au seul homme politique du XXe siècle qui ait un minimum d'intelligence. Churchill n'est pas idiot non plus, mais Lénine est le seul homme politique des deux voire trois derniers siècles à avoir été capable de prévoir le climat politique des cinquante années suivant son propre règne.

  • Apocalypse 2012

    Pour la première fois de ma vie il m'a été donné d'entendre dans une paroisse catholique un sermon entièrement consacré à l'Apocalypse. Les virages théologiques -parfois de véritables revirements-, ont toujours été imprimés à l'Eglise catholiques de l'extérieur ; à chaque grande "hérésie", l'Eglise a répondu en s'adaptant pendant des siècles avant d'être étouffée par l'étatisme. On prête généralement à Marx et Engels des opinions anticléricales ; en réalité ils épargnent leurs forces pour lutter contre le fonctionnaire, sachant que le clerc a perdu son pouvoir depuis longtemps déjà et appartient au folklore. L'anticléricalisme qui subsiste en France est plutôt un produit politicien, une idéologie qui se prétend héritière de la Révolution française mais ne l'est pas : il suffit pour s'en rendre compte de lire le VRAI d'Holbach et de le comparer à la traduction qu'un clerc moderne comme Michel Onfray en donne.

    On peut citer ainsi l'adaptation de l'Eglise allemande luthérienne au capitalisme, par exemple, alors que celui-ci est peu compatible avec les invectives de Luther à l'endroit des marchands et des prétendues "lois du marché" par Luther.

    L'institution étatique ne semble pas elle-même posséder d'intelligence propre. Hegel, le "nec plus ultra" en matière de religion de l'Etat marche à côté de l'Histoire.

    Si l'on prend par exemple un apôtre de l'Etat ET du Capital typiquement "hégélien" comme Claude Allègre (qui a le mérite de ne pas opposer l'Etat au Capital, et le Capital à l'Etat, comme un banquier hypocrite ou un imbécile écologiste) ; Allègre peste à la fois contre l'idée de consensus scientifique, tout en déroulant dans ses bouquins de vulgarisation scientifique la panoplie des idées scientifiques les plus consensuelles, notamment celle de "neutralité" ou d'"objectivité" de la science laïque, qui prend pourtant racine dans le terreau scientifique le plus religieux qui soit (Descartes, Mersenne, Gassendi, Huygens, Newton, Leibnitz, etc.) ; on peut être sûr du caractère religieux d'une science lorsque celle-ci accorde aux mathématiques un rang élevé, quasiment de science autonome. C'est d'ailleurs exactement ce que fait le nazisme : à la science historique il substitue une raison historique mathématique, la "mutation" étant selon Marx l'exemple-type de la non-explication explicative religieuse. Marx fait observer ironiquement à propos de la scolastique médiévale de Duns Scot qu'elle s'impose par le volume de ses pages. C'est aussi le cas de l'évolutionnisme néo-darwinien, celui de Stephen Gould par exemple, qui s'impose rien que par la quantité de ses pages, impressionnante pour le dévot laïc.

    *

    On peut établir un parallèle entre le chef d'orchestre J.-C. Casadesus et Claude Allègre. Le premier veut rendre la "musique de chambre" accessible à tous, sans se demander si retirer sa vocation élitiste à la musique de chambre ne la dénaturerait pas. De même Allègre veut rendre Einstein compréhensible par tous, sans se demander si Einstein n'a pas vocation à rester énigmatique pour le plus grand nombre et si son art ne participe pas, comme celui de Pascal, d'une mystique religieuse insane. Sont idolâtres indubitablement les chrétiens qui se prosternent (comme Jean Guitton) devant des théories scientifiques auxquelles ils ne pigent que dalle. Le "veau d'or" n'est pas seulement l'allégorie de l'argent, il est aussi celle du pouvoir, qui repose aussi sur la rhétorique. Dans toutes les "grandes nations politiques" (comme l'Inde, l'Espagne), le culte du taureau, de la vache sacrée, du veau, etc., se retrouve.

    L'Allemand Schelling donne une explication très confuse du passage des dieux égyptiens, mi-humains, mi-animaux, aux dieux grecs beaucoup plus proches de la figure humaine. Il faut dire simplement que le culte de la figure animale est une double marque d'animisme et de politisation d'une société, très proche de la géométrisation des formes dans la peinture capitaliste. Le progrès grec s'effectue donc en grande partie CONTRE la politique et son mouvement de spirale (politique qui est le domaine de la relativité pour Aristote). Les dieux ou les monstres grecs qui demeurent à demi animaux (comme le centaure Chiron, Pan, la Sphinge, le minotaure, etc.) sont à la fois démoniaques et tous liés à la politique.

    On pourrait croire qu'il y a des Egyptiens aux Grecs un mouvement vers plus d'anthropologie, mais c'est le contraire. L'homme a tendance à se concevoir anthropologiquement comme un animal (politique). De là à dire que les animaux sont des mathématiciens et des musiciens hors pair, il y a un pas que je franchis allègrement.

    *

    Pour revenir à mon sermon sur l'apocalypse après cette digression, deux remarques :

    - Le clergé chrétien s'intéresse très peu à l'apocalypse parce que c'est un texte politiquement incorrect ;

    - Deuxièmement, si le sermon que j'ai entendu fut finalement vague et inepte, c'est parce qu'il était prononcé par un prêtre manifestement "augustinien" voire "kantien" : or l'apocalypse de Jean n'est pas un texte dont on peut tirer une morale, n'en déplaise aux gens de robes et aux jeunes filles des deux sexes qui composent à 99% les assemblées dominicales. Gilles Deleuze fait d'ailleurs cette fine remarque que l'apocalypse "n'a pas de style" : shocking! Manquer de style pour une oeuvre est comme se promener à poil pour un homme : ça effarouche les jeunes filles en fleur et les académiciens. Le style n'est autre en effet que le voile de la morale, et Deleuze est comme ces nonnes qui ne supportaient pas la nudité de la peinture de la Renaissance et firent appliquer des feuilles de vigne dionysiaques, en croyant que l'art de Michel-Ange est sexuel.

     

     

     

     

     

  • Politique d'abord

    Rien de plus politique que les voeux de "bonne année, bonne santé, etc.". Souhaits qui n'engagent en effet que leurs destinataires, comme les promesses électorales. C'est parce que la femme est "politique d'abord" qu'elle est aussi attachée à ce genre de formule. Marx définit la politique comme un projet, et le projet comme une utopie (que l'utopie politique est satanique, c'est Jésus-Christ qui le dit).

    Cela fait penser aussi aux déclarations d'amour que les femmes réclament souvent avec entêtement à leurs partenaires, alors qu'elles ne sont que de pures formules de politesse. Les hommes sont sans doute moins disposés que les femmes à accorder à la sexualité une quelconque dimension sacrée ou artistique. Il suffit que le poète fachiste Ezra Pound établisse un lien entre l'art et le sexe pour qu'on sache que c'est une femelle -sympathique, mais une femelle quand même. Le combat de Pound apparaît avec du recul comme l'effort pour s'extraire d'une nation, les Etats-Unis, entièrement pédérastique (plus encore que l'Allemagne nazie), et devenir un homme.

    Soulignons aussi le rapport entre la littérature qui relève du genre dit de l'"amour courtois" (qui constitue encore le ressort principal de la "métaphysique des tubes ou des standards de la chanson", comme dit A. Nothomb, et la littérature "gay". Comme le révèle l'historien G. Duby, autant que les fragments les plus anciens de cette littérature permettent de le constater, le poème d'amour courtois avait un motif plus politique qu'amoureux. Si Duby avait été marxiste, il aurait pu ajouter que la politique est toujours une forme de sublimation du sexe, ce qui explique que la mécanique y tient une aussi grande place. Les ignares qui soutiennent cette aberration que "la France est une nation politique" seront d'ailleurs contraints de la ramener à Descartes ou à ses sous-fifres Chateaubriand, Sartre, Proust, etc. et d'occulter le fait que la France c'est aussi, contradictoirement, Rabelais, Molière, Voltaire, etc.

    Pas besoin d'étude poussée par ailleurs pour voir que la religion gay est largement le produit d'une récupération politicienne typiquement capitaliste (B. Clinton aux Etats-Unis, L. Jospin en France). Les apôtres du cuculte gay ne font d'ailleurs rien d'autre qu'imiter Abélard et Héloïse, en remplaçant l'Eglise par le Sida, qui vient pimenter, si ce n'est le coït, du moins ce genre littéraire.

    La rage entre les chrétiens cucul-la praline derrière Christine Boutin et la secte gay est largement due à la concurrence, au désir contrarié et très féminin de faire de la politique des uns et des autres. Mais intellectuellement, sur le fond, ils sont très proches. Encore faut-il préciser que le "désir de politique" est beaucoup plus "gay" que "chrétien". Les deux apôtres, Judas et Pierre, soumis à la "tentation de Venise" (si l'on prend Venise comme la tentative d'édifier une Cité de Dieu sous le patronnage de Marc (!), qui vire au Capharnaüm), sont en effet sévèrement tancés par Jésus-Christ, pour ne pas dire condamné à mort dans le cas de Judas.

    Ici je ne peux m'empêcher de remarquer encore l'extrême lucidité de Shakespeare, bien meilleur connaisseur de Venise et de la politique que de pauvres crétins comme Philippe Sollers ou Alain Juppé, Shakespeare qui a fait de Claudius, incarnation de la politique, un traître. Anecdote : les femelles allemandes ont un tel désir de politique que j'ai trouvé dans cette catégorie un universitaire qui prétend que Claudius est... le véritable héros de la pièce. La tentative de Freud de faire de Hamlet une sorte d'homosexuel existentialiste n'est pas très éloignée, la figure de l'"homosexuel existentialiste" étant à la fois celle du "mari idéal" et du "citoyen exemplaire".



  • Identité, piège à moules

    François Bacon (pas le patouilleur anglais du XXe, le savant du début du XVIIe siècle) se définit lui-même comme un "citoyen du monde", l'un des tous premiers humanistes, donc, à porter un regard critique sur le phénomène de la mondialisation.

    Dans un petit opuscule, "La Nouvelle Atlantide", parfois raillé par des savants bien moindres que lui (Pierre Vidal-Naquet, par ex., entiché de Platon au contraire de Bacon), Bacon décrit même avec assez de précision toutes les inventions ultérieures de la polytechnique jusqu'à nous, comme pour mieux en minorer le mérite. Que sont Edison, Faraday, Bell, Von Braun, si Bacon a pu décrire à l'avance les fonctions et l'usage de toutes leurs trouvailles ? Et leur métaphysique, quand ils ont comme Poincaré ou Einstein l'audace d'en commettre une ? C'est la métaphysique du bricoleur.

    F. Bacon entend se situer au niveau d'Aristote et de son imagination et méprise par conséquent la mécanique (déductive). S'il ne les méprise, il prend les mécaniciens pour ce qu'ils sont : des bricoleurs et des téléphonistes -sans fil ou avec. L'intérêt de tel ou tel penseur des Lumières françaises pour Bacon est un intérêt pour une science radicalement différente de celle de Descartes ou Newton (Descartes est plus proche de Newton que Newton de Bacon).

    *

    "Citoyen du monde", Bacon n'en est pas moins l'esprit le plus occidental qui soit, au sens le plus complet, c'est-à-dire cosmologique aussi. Bacon est en effet astrologue plutôt qu'astronome (comme des esprits attentifs bien que peu fonctionnaires ont remarqué que Hamlet, prince de ce pays septentrional qu'est le Danemark, l'est aussi ; et pour ceux que ça intéresse, on peut trouver facilement sur internet un bref extrait d'une thèse peu académique consacrée à l'astrologie d'Hamlet par Erwin Reed en 1905. J'ai relevé moi-même d'autres éléments que Reed n'a pas vu allant dans le même sens. C'est-à-dire que la thèse de Reed infirme assez efficacement la croyance universitaire selon laquelle le propos d'Hamlet relèverait d'une coïncidence banale, ou même qu'il serait secondaire pour comprendre la pièce).

    Seul un benêt italien tel que Stendhal peut croire que le principal souci de Shakespeare est de faire partager à son public des émotions, confondant ainsi Shakespeare avec le code civil ou le code pénal, principal ressort émotionnel du cinéma yanki.

    Non, pour dire mieux, il faut dire que Bacon est astrologue CONTRE l'astronomie. On saisira mieux le caractère occidental de Bacon si on comprend que l'astrologie est incompatible avec la science pyschologique. Ce sont les Romains, puis les Allemands à leur suite ("Heil Nero !"), qui ont ajouté de la psychologie à la mythologie grecque (en France on peut citer Versailles comme foyer d'irradiation psychologique, ville nouvelle où flotte d'ailleurs encore aujourd'hui un parfum d'inceste, exactement comme aux Etats-Unis ; d'où Stendhal tient-il que Racine est moins émouvant que Shakespeare ? Il y a dans Racine de quoi émouvoir des charrettes de jeunes filles en fleurs qui se tordront la gueule à condition qu'elles aient deux sous de jugeotte, en voyant le portrait que Shakespeare a peint d'elles en Ophélie).

    Helléniste beaucoup plus sérieux, Bacon accorde à la mythologie grecque une valeur scientifique et historique, politique à la rigueur, mais pas "psychologique". Derrière le duel entre Troyens et Grecs, il y a un duel entre Apollon et Athéna, dont celle-ci sort victorieuse. Bacon place le casque d'Athéna et la colombe de l'Esprit au frontispice de ses ouvrages savants. Shakespeare fait de Troie une place-forte païenne.

    L'esprit de Bacon mérite d'être qualifié d'"esprit universel", à l'opposé de l'esprit libre-échangiste ou capitaliste qui représente l'"esprit particulier élémentaire".

    En ne choisissant pas entre ces deux esprits antagonistes, le pape qui est en partie dépositaire des trésors intellectuels de l'Occident fait le diplomate. Autrement dit c'est un lâche.


  • Dreyfus l'a dit

    Entendu sur "Radio-Sarko n°1", dans une émission de Jacques Pradel (reconnu andouille d'utilité publique AAA) :

    "Il s'en est fallu de peu que l'abolition de la peine de mort ne soit décidée par un autre ministre que Robert Badinder." Pauline Dreyfus ; ça me conforte, vu que j'ai toujours trouvé que Badinder a une gueule de coïncidence et pas plus.

    L'abolition de la peine de mort, par Badinter ou un autre, marque surtout un progrès du pharisaïsme capitaliste plutôt que de l'humanisme. Sans quoi une bonne dizaine de détenus n'auraient pas pétitionné il y a deux ou trois ans pour réclamer l'application de la peine capitale, semblant indiquer leur préférence pour une amélioration des conditions de détention d'abord, et une abolition de la peine de mort ensuite seulement.

    C'est agaçant que l'on cite Beccaria en exemple à chaque fois dans ce genre d'émission à thème carcéral, plus encore que Badinter, car s'il y a bien un crétin exemplaire du byzantinisme juridique, c'est Beccaria, dont l'utopie carcérale est d'un totalitarisme à faire pâlir Hitler de jalousie, puisqu'il s'agit de faire travailler les prisonniers pour leur rachat ("Arbeit macht frei"), tout en les obligeant à se surveiller les uns des autres, ce qui est une version améliorée du système du kapo, le tout dans des conditions d'hygiènes irréprochables (si le nazisme n'est pas hygiénique...). Système de Beccaria dont on devine facilement qu'il entraînerait ses cobayes dans une folie plus grande encore que celle qui les a conduits en taule.

    Le mieux qu'on puisse faire pour améliorer le système carcéral, c'est d'y jeter un maximum d'escrocs capitalistes en cols blancs, politiciens, banquiers véreux, etc., afin qu'ils en sortent révoltés et qu'à l'aide de leurs réseaux de relation ils puissent ainsi apporter quelque remède à un système qui déshonore le plus haut degré de civilisation démocratique et scientifique jamais atteint (je veux parler du nôtre).

    Aussi un truc qui tire l'opinion publique et la justice vers le bas, c'est le jargon pyschologique. Comme il n'est plus très bien vu pour les familles des victimes de crier vengeance à l'entrée et à la sortie des tribunaux, on préfère dire que les familles ont besoin de "faire leur deuil" et de "comprendre" le mobile des criminels ?? Sachant que ceux qui pardonnent carrément, comme ça arrive parfois, semblent ne pas avoir une démarche citoyenne tout à fait convenable. Au bout d'un moment les personnes qu'on oblige à "comprendre" ou à "faire leur deuil" pour des motifs hypocrites ont par-dessus le marché l'impression que l'on se fout de leur gueule. Incontestablement c'est le cas lorsque leur détresse est exploitée dans des émissions de radio ou de télé putassières.



  • Vive l'astrologie !

    Le culte de la politique est typiquement oriental. C'est donc justement que Drieu La Rochelle traite Maurras de "métèque". Si on lit le "Journal" de Drieu, on verra qu'il a été séduit lui-même par l'orientalisme nazi avant de pencher en définitive pour une sorte de spiritualité façon derviche tourneur. Pas à une incohérence près, par conséquent. Mais ce qui rachète Drieu, c'est qu'il se place au centre des turpitudes qu'il dénonce et s'auto-flagelle allègrement. Comme Céline ou le Britannique Waugh. Et même Voltaire auparavant, dans ce qui a le mieux résisté au temps de son oeuvre : "Candide".

    C'est même ce qui évite à ces écrivains de sombrer dans la littérature bourgeoise comme il s'en produit désormais chaque année par dizaines de tonnes, toute cette merde surgie d'entre les pavés du Quartier latin comme d'un puits de pétrole sans fond : les Beigbeder, Moix, d'Ormesson et Cie, qu'il faudra bientôt songer à rendre obligatoire dans le cursus scolaire si on ne veut pas que même les jeunes dindes fraîchement émoulues de Janson de Sailly la repoussent avec dégoût comme un potage trop peu salé. Et dire qu'on songe seulement à rééditer maintenant, à côté de ça, les oeuvres complètes de Drieu (sur papier Bible de la Pléiade pour les culs bourgeois sensibles) !?

    Par exemple Waugh s'est entiché du mariage chrétien après avoir été fait cocu ; c'est même ce qui l'a poussé à changer de religion ; il n'en écrit pas moins le dialogue le plus démystifiant du répertoire romantique moderne (démystifiant cette putasserie qu'est l'amour courtois, bien entendu) (In: "Vile Bodies", à ne pas mettre entre les mains puériles de Yankees élevés dans le cinéma sans s'assurer qu'ils n'y comprendront que dalle.)

    Le romantisme, que le doux crétin Paul Valéry se refuse à définir, se résume donc bien à un mouvement orientaliste. Quitte à faire ensuite quelques exceptions et nuances. Le libéralisme n'est bien sûr absolument pas incompatible avec le romantisme, bien au contraire, pas plus que le nazisme ne se passa d'une politique économique keynésienne efficace jusqu'à la guerre.

    Si la République avait voulu se préoccuper honnêtement d'éduquer et d'instruire les jeunes immigrés d'origine musulmane, elle n'aurait à mon avis eu aucun mal à en faire des citoyens français exemplaires à sa botte. Chaque fois que je vois Tariq Ramadan à la télé, je suis bien obligé de constater qu'il est beaucoup plus "Français d'abord" que moi. Il parle français et connaît l'histoire de France comme Sarkozy ou Guaino n'osent pas rêver que les petits Français de souche la connaissent. Alors quoi ? Les immigrés d'origine musulmane ne doivent pas seulement tirer la conclusion que la République française a été malhonnête avec eux, ils doivent aussi comprendre que la République est une idiote, puisqu'elle avait les moyens de faire d'eux de bons petits soldats, et qu'elle n'a préféré le bavardage médiatique. D'ailleurs pour ce qui est de la "culture française", autant laisser ce machin de côté tout de suite, vu que c'est une idée allemande, à peu près ce qu'il faut de vernis pour animer une conversation à la table de Mme Bovary.

    La question des racines ou de l'enracinement n'a jamais passionné que les déracinés, qui peuvent fouailler, creuser tant qu'ils peuvent, ne rencontreront jamais que la merde froide, un grand trou noir. Tous les généalogistes ont du mal à cacher que, dans le fond, ils s'ennuient énormément.


  • Sentimentalisme

    Comme une fièvre au coeur de Paris. Chacun veut tirer son coup et est prêt à mettre le paquet pour ça. Grands banquiers et petits anarchistes réunis dans le même cuculte. A "Châtelet-les Halles" (où sont les plus beaux spécimens de la capitale), je croise des dizaines de dindes parées à s'offrir au premier venu pour l'occasion. Grise mine des couples fidèles enchaînés qui se rattrapent au rayon "disques" ou "foie gras".

    Je me souviens lors de mon dernier réveillon, il y a quelques années, un brave type était sur le point de me prêter sa femme, tu parles d'un cadeau, une féministe farouche dingue de la Bretagne (mieux que sa femme en fait, sa maîtresse !)

    La copulation n'est plus sacrée que pour le pape et quelques bandes de pucelles yankies qui croient encore dans la sécurité des contrats privés. La même fièvre que dans une prison ; il y a de l'assassinat dans l'air.


  • Jacques le Fataliste

    C'est parce qu'il est absurde que Jacques Attali incarne parfaitement l'identité française, mysticisme compris.

    D'ailleurs il me semble que ça ne doit pas être si déplaisant pour un polytechnicien d'être fondu tout entier dans "une démonstration par l'absurde".

    D'avoir lu Marx ou planché sur des équations à la con, je l'ignore, quoi qu'il en soit Attali sait que toute statique suppose un mouvement vers un centre. Autrement dit le nationalisme européen annule le nationalisme français, la métastase est supérieure au cancer.

    Nul nationaliste ne peut s'en prendre raisonnablement à Jacques Attali, qui maîtrise les règles de la mécanique nationaliste comme personne. D'ailleurs maître Attali est double major de promotion. Si les classements ne comptent plus et que le cancre Philippe de Villiers au fond se permet d'attaquer le premier de la classe, où vont le cartésianisme et la méritocratie ?

    (Si le nationalisme avait un quelconque rapport avec l'ordre et la hiérarchie et non avec le bordel, tous les cancres nationalistes laisseraient s'exprimer Jacques Attali en leur nom au lieu de lui couper la parole sans arrêt avec leurs blagues de potaches.)

    Le nationalisme comme tout système animiste tend vers le centralisme, la concentration. L'âme est de fait un principe agrégateur que la musique (étroitement liée à la polytechnique), essentiellement militaire, restitue parfaitement (Les tortionnaires qui utilisent la musique ne font que retourner le principe agrégateur en principe désagrégateur ; en tant que statique, la musique est parfaitement réversible.) Derrière tout grand manipulateur d'âmes -Hitler par exemple- se cache un maître de musique. A tel point que l'importance de la musique dans une culture donnée permet de calculer son coefficient d'imbécillité. Culture se dit d'ailleurs "musique" en grec : on peut ainsi définir la Kulture comme le savoir de l'imbécile dépourvu d'esprit critique. Ecouter "France-cuculture" pour avoir une idée assez exacte de la connerie française "made in Germany".

    Le paradoxe de la théorie géodésique (l'écologie n'est pas loin) est au stade terminal du gouvernement mondial. Vers où se mouvoir alors ? C'est "la fin de l'histoire", une théorie si stupide que son initiateur, Hegel, n'aurait même pas pu la cautionner sans rire (Hegel affecte à l'histoire un sens de rotation mathématique) ; d'ailleurs Hegel dans le domaine de l'art paraît avoir compris que l'art moderne et l'art primitif sont équivalents, et comme il est quand même moins con que Pompidou ou Malraux, il ne s'en satisfait pas.

    Cette contradiction dans son problème de robinet, maître Jacques Attali-le fataliste le règle de la façon suivante : le gouvernement mondial OU le chaos. Pangloss n'est pas plus "optimiste" qu'Attali, contrairement à ce que me disait un prof de lettres récemment. Pangloss, c'est le verre à moitié plein et à moitié vide en même temps, Pangloss est "fataliste", le meilleur moyen d'avoir toujours raison et de garder foi.

    Je lisais dernièrement que pour les Grecs, le foie est comme un miroir brillant, l'organe de la réflexion, d'où viennent la bile et la mélancolie. Quelle perspicacité. Marx et Simone Weil après Shakespeare ont raison : les Romains sont des chiens, des molosses comme celui qu'Albert Dürer dessine au pied de Lucifer, l'ange de la mélancolie.


  • Brave Old France

    La question de la remontée du "Front National" et de ses conséquences électorales pour la gauche aux prochaines régionales n'a d'intérêt que pour la clique des journalistes-boutiquiers qui fait la pluie et le beau temps, voudrait pour cette raison exercer un droit de censure sur les blogues, et valse-hésite à se positionner en termes de carrière (bobo de droite ou de gauche ?) ; cette question ne passionne que les vieillards qui -à 90 %-, vont bourrer pieusement les urnes à chaque fois de leurs petits voeux de papier blanc comme monsieur tronche bobonne : avec le sentiment du devoir accompli. L'impuissance politique est sur le mode de l'impuissance sexuelle. Pouvoir intense de séduction de la politique sur les femelles.

    Pavé de bonnes intentions, l'enfer ressemble à un bureau de vote. Mon dégoût de la religion (que je crois "100 % français"), m'a toujours fait éprouver le sentiment, chaque fois que j'ai pénétré dans un tel bureau, d'entrer dans une petite synagogue de Satan, vu les bobines de pharisiens ou de publicains que tirent généralement les bonnes femmes scrutatrices des deux sexes dans ces lieux d'aisance, gonflées de l'importance de leur jeu de rôle.

    Le "secret de l'urne", c'est typiquement l'hypocrisie bourgeoise badigeonnée de chaux. Liberté d'expression ? Ah, on peut tout dire en France selon cette tête de noeud de Jean-François Kahn ? Alors ne chions pas seulement sur les flics, au ras du caniveau, mais aussi sur la déesse Marianne, femme-tronc grotesque sortie du sac de farces et attrapes républicaines, qui n'est qu'une grosse vache à lait sacrée. Même les petits partis anarchistes en France (ainsi que "Charlie Hebdo" et "Siné Hebdo") ne font rien d'autre que sucer le lait de cette salope qui porte le Capital en bandoulière.

    Que Xavier Matthieu saccage une préfecture, et alors la République ressort ses espèces sacrées, qui sont exactement les mêmes que celle de n'importe quel banquier suisse capitaliste : l'or et l'argent.

    Est-ce que la jeunesse n'a pas mieux à faire que "d'emmerder le Front National" pour le compte de tel ou tel gouvernement de droite gaulliste ou de gauche soixante-huitarde ? Est-ce que Sartre, en qui sont réunis l'esprit soixante-huitard et l'esprit gaulliste ne trempe pas les mains dans la politique par pur goût de la merde, comme dit Céline ? Plus efficace encore que le gâtisme gaulliste pour maintenir dans un état de dépendance, le gagatisme sexuel de Cohn-Bendit. La révolution sexuelle est un produit capitaliste et les anars façon Siné sucent l'Oncle Sam non moins que Sarkozy. Et même : lui est payé pour ça.

    Les péripéties économiques font d'ailleurs que le vote FN profite désormais alternativement à la droite et à la gauche, et que ce parti est donc désormais parfaitement intégré à la mécanique horlogère électorale telle que la prônait déjà Maître Jacques Attali il y a quinze ans, dont les Etats-Unis fournissent le modèle : l'alternance pour ne rien changer.

    Les gazettes trompent leurs lecteurs quand elles prétendent que Sarkozy a fait perdre son pouvoir de provocation à Le Pen. C'est la conjoncture économique qui a démodé Le Pen. Sarkozy n'a fait que suivre le tempo.

    Quant à Le Pen lui-même, il est assez amusant de constater que c'est -en tant que provocateur- la même corrosion que les anarchistes façon Siné qu'il a subie, celle de l'argent. Au fil du temps, son idéologie de petit propriétaire, de politiquement incorrecte qu'elle était dans le contexte industriel est (re)devenue "bien portée".

    La planche à billets tourne à fond désormais, pendant que de la cathédrale capitaliste monte une prière pour que ce dérapage ne soit qu'une syncope et pas la Chute finale.



  • Z comme Zemmour

    Le pire n'est pas que Zemmour définisse (à peu près comme Sarkozy) la France comme les Etats-Unis, Israël ou l'Allemagne : le pire est que cette invraisemblable tapette hétérosexuelle ne semble même pas s'en apercevoir ! (A cet égard, Fillon ou Sarkozy sont moins crétins qui savent bien le fossé qui reste à combler avant de transformer la France en "nation politique" -dixit Zemmour.)

    Mais il ne sert à rien de se scandaliser du crétinisme d'Eric Zemmour : mieux vaut en profiter pour cerner mieux cette idéologie de droite BCBG dont l'aventure Le Pen a prouvé qu'elle ne touche pas seulement quelques vieillards gâteux de l'Académie française assez prudents pour ne pas l'exprimer publiquement, mais aussi de jeunes chômeurs issus de milieux populaires.

    - Je cite l'exemple des Etats-Unis, de l'Allemagne ou d'Israël où le fantasme de la nation est vivace (dans le cas d'Israël il ne s'agit pas seulement d'un fantasme mais d'un décret divin) ; on pourrait aussi bien citer le fantasme de la "nation musulmane", qui répond au même besoin de mobilisation militaire et religieux et fait fi de l'histoire et de la réalité d'intérêts nationaux divergents (comme chacun sait, "Le Figaro" de Zemmour est lui-même financé indirectement par l'islam le plus radical). Même si on prête le fantasme de Zemmour à tous les Français qui se déplacent pour voter, on constate que c'est une minorité et que le "goût du vote" est surtout répandu dans la frange la plus âgée de la population. Typiquement, "la mère de famille alsacienne périménopausée", pour reprendre la terminologie du publicitaire, est le type de Français qui fait le plus de rêves érotiques dans le même genre que ceux de Zemmour (Et sans doute quelques pucelles sentimentales, car la misogynie du pédé a le don de plaire aux gonzesses qui savent bien qu'elles ont barre sur les pédés. Les gonzesses veulent toujours plus : elles ne se satisfont pas du triomphe de la littérature pédérastique du type Houellebecq + BHL mais voudraient en plus rédiger elles-mêmes ce genre de trucs.)

    - Car c'est bien l'histoire que la politique refoule le plus. La doctrine marxiste représentait de fait un danger réel pour le ciment religieux yankee. A cet égard il paraît important de noter que ce n'est pas tant le folklore populaire que la doctrine marxiste menace que la religion des élites à base d'hypocrisie bourgeoise. L'URSS et les partis communistes européens ont eux-mêmes été contraints de purger la doctrine marxiste du vitriol qu'elle contient contre la religion de l'Etat (d'où vient la haine recuite des protestants et des jansénistes vis-à-vis de Marx qui dénonce le paganisme dans les religions théocratiques).

    Imbécile du même tonneau que Zemmour, le Russe Soljénitsyne qui croit que les Juifs russes ont été séduits par le caractère messianique (sic) du communisme, alors que c'est la fonction publique et le stalinisme qui les ont attirés - ou du moins ne les ont pas dégoûtés "a priori" (exactement comme Soljénitsyne lui-même !).

    Petite parenthèse pour dire pourquoi la religion des Hébreux (orthodoxes) est rebelle à l'histoire ; l'histoire ne commencera (ou ne commencerait) pour les Hébreux que lors de la venue du Messie : la statique s'impose en attendant, et la vertu de patience (Shakespeare qui est l'un des pères fondateurs de la science historique occidentale associe fort lucidement histoire et Epiphanie ; l'étoile, symbole de la connaissance, brille dans la nuit de l'histoire.)

    Pour montrer à quel point la femelle Zemmour refoule l'histoire du petit cabinet de curiosités que son âme habite, examinons le cas des deux veaux d'or qu'il idolâtre :

    - Napoléon Ier : il n'est pas besoin d'avoir fait beaucoup d'histoire pour savoir que Napoléon Ier, non seulement fut un dictateur sanglant, mais que le déclin définitif de la puissance française est une conséquence de son règne. Le culte de Napoléon est dépourvu non seulement de logique historique, mais même de raison. Il est d'ailleurs le fait d'énergumènes comme Max Gallo, Patrick Rambaud ou Dominique de Villepin, qui sont des imposteurs médiatiques, animés surtout dans le fond par le culte misanthropique d'eux-mêmes.

    - De Gaulle : seul le mépris de l'histoire autorise la franchouillardise qui consiste à adorer la baderne de Gaulle comme un homme politique de premier plan, alors qu'il ne tient même pas le rang dans sa catégorie d'un Franco ou d'un Pinochet, cela dans un siècle où la mécanique politique laisse peu de liberté aux politiciens. Le "gaullisme" en raison de sa disproportion est d'ailleurs une des idéologies qui justifie le mieux qu'on tienne parfois hors de France les Français pour des crétins arrogants. Les étrangers devraient savoir que la profession de foi gaulliste n'a jamais été en France que le fruit d'un rabâchage scolaire "a posteriori", et que la popularité de de Gaulle est aussi mythique que la "révolution de Mai 68" qui se résume en dehors de quelques slogans brillants à un conflit d'intérêt entre générations. Selon Marx lui-même le temps des conflits d'intérêt succède à celui des véritables révolutions dès l'élection de Napoléon III au milieu du XIXe siècle.

    *

    D'où vient le mépris de l'histoire exprimé par Zemmour, qui confond manifestement Balzac avec Proust (l'apologie du style et le déni de l'histoire sont chez Proust et non chez Balzac) ? Ce n'est pas assez de dire qu'il est pédérastique et sentimental. Il est lié au désir d'enracinement, qu'on rencontre plus fréquemment chez un déraciné que chez un Français "de souche". Les Anciens ont la sagesse de faire le lien entre la femme et la terre (mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle ils croient la terre stable). Le rapprochement qui est fait dans certaines religions entre Dieu et une matrice (pour les catholiques c'est plutôt le diable qui s'approche de la matrice en raison de son caractère binaire), un néo-païen comme Zemmour le pose entre la patrie, la nation, et une matrice. Toute l'ambiguïté sexuelle des régimes patriarcaux est d'ailleurs contenue dans ce vocable de "patrie". Le dynamisme de l'histoire, c'est de la dynamite pour les principes bourgeois défendus par Zemmour. La conception statique de la nation a bel et bien pour but de rassurer.

    Le vieil argument athée contre la religion chrétienne comme quoi elle viserait d'abord à rassurer ses fidèles aurait un sens (celui-là même qu'il a chez Shakespeare) si l'athéisme ou le néo-paganisme qui est à peu près la religion de Zemmour n'était pas devenu LA religion primordiale, dont celui-ci se fait le prêtre avec une jubilation indécente.

    On peut ironiser sur le fait que Zemmour est un immigré de fraîche date, un déraciné qui a mal assimilé le sens de l'histoire de France et ses nombreux revirements, plus préoccupé de culte que d'intelligence (T. Ramadan est plus nuancé, même si lui aussi se trompe en croyant que le droit a un quelconque rapport avec l'histoire, ce qui est à peu près comme gober que la loi Hadopi a un rapport avec l'art. Marx a cette observation profondément chrétienne -et shakespearienne- que le droit est toujours "animal" et par conséquent qu'il tend toujours à faire le jeu du plus fort), mais il vaut mieux voir que le propos de Z. est tout ce qu'il y a de plus politiquement correct sur le fond, même si la franchise avec laquelle Z. exprime son idéal d'un citoyen formaté par la Nation ne l'est pas.

    Reste un hypocrisie que Zemmour feint de ne pas voir, à savoir qu'il fait office pour "Le Figaro" d'article promotionnel, comme ces petites mascottes qu'on distribue avant la Coupe du Monde de foot aux gosses. C'est le même pharisaïsme que celui de Patrice de Plunkett, qui feint de se désolidariser du "Figaro" et du Pacte atlantique tout en vantant, par exemple, les mérites du président colombien Uribe, pur produit de la politique étrangère yankie.

  • Bacon our Shakespeare

    I notice this concerning both Francis Bacon Verulam AND Shakespeare: they are translated by scholars as:

    -Shakespeare a Baroque author;

    -Bacon a Baroque scientist;

    Although they are obviously not Baroque at all. From the Holy Scriptures Shakespeare knows that 'time' is one fiendish operation. Roman or latin tradition of Montaigne can be qualified of Baroque style. Not Shakespeare against Roman principles and -first of them- the praise for the politics and the law.

    "Induction" of Bacon is not far away from Aristotle's 'ontology' (see 'Physics', first chapters) that consists in seeing things not throughout the prism of 'time' (Contrarily to Newton or Descartes, for instance).

    Even French Joseph de Maistre was smarter than today scholars are. De Maistre is a Christian Free-mason whose religious idea is very close to today U.S. theocratic idea ('First the State, then God': so can it be summarized). In this perspective de Maistre is the foe of both Shakespeare and Bacon, probably because he read them more acurately and noticed their common intention to pull out the sacred clothes of virtue and politics and show that 'the King is naked'. Due to his short experience in politics, Bacon knew everything about the impossible marriage between politics and science that recalls the impossible marriage of any Church with the Revelation.

    (It is rather funny to observe that Joseph de Maistre -not well loved in France because of his hate of Voltaire and the French Revolution- is praised up by Sarkozy's party again now, friends of the Atlantic Pact, BUT not too much because of de Maistre apology of torture and pain that is frightening those little kids who do prefer soft paederastic bourgeois sado-masochism.)

  • Apocalypse 2012

    Faut-il aimer Jarry pour voir le caractère ubuesque de cette messe de Noël à Saint-Pierre de Rome ? C'est-à-dire le décalage entre cet événement médiatique mondial et la réalité.

    De la part de Joseph Ratzinger, la référence répétée à Origène dans son sermon vaut certes mieux que la référence habituelle à saint Augustin. Les commentaires d'Origène sont en effet beaucoup moins imprégnés de paganisme que ceux de saint Augustin, ce FOUTU Romain avec sa psyché et son obsession sexuelle.

    Mais si le pape voulait nettement se démarquer du capitalisme luciférien, il ne célèbrerait pas Noël, pédérastique orgie dont il est vain d'espérer tirer quelque chose qui ressemble à de l'amour vrai.

    De quoi Benoît XVI a-t-il peur ?

  • Regain

    A chaque nouvelle célébration du solstice d'hiver, c'est une recrudescence de la connerie bourgeoise dans les médiats, un véritable feu d'artifice.

    J'ai relevé cette année cette phrase de François Hollande entendue sur "Radio-Sarko n°1" : "J'aimerais que le premier rire de tout enfant dans le monde soit un rire sain !"

    Même si Hollande est à peu près dépourvu d'humour lui-même (Alain Juppé est beaucoup plus rigolo), on voit à quel point le rire est une valeur politique. C'est pourquoi Shakespeare écrivit une pièce contre Thomas More, qui avait la réputation d'avoir beaucoup d'humour. Baudelaire remarque aussi que "les Evangiles ne rient pas".

  • Le Diable dans l'Eglise (3)

    Nul théologien n'a une connaissance meilleure du diable que Shakespeare, à l'opposé du Tartuffe Jacques Duquesne (Il n'est écrit nulle part que la théologie doit être ennuyeuse, et on ne saurait en vouloir à Shakespeare d'imiter Eschyle plutôt que Thomas d'Aquin.)

    Horatio dans "Hamlet" a une attitude typiquement médiévale ou "romaine" vis-à-vis du diable, qui diffère sensiblement de celle du jeune Prince du Danemark. Horatio croit au diable (sans quoi il ne serait pas chrétien) et le craint, tandis qu'Hamlet cherche à mieux le connaître et ne craint pas d'affronter la peur du diable ; pour cela, Hamlet ne se dérobe pas et VEUT SAVOIR si le spectre sur le chemin de garde est diable ou messager de Dieu. L'attitude d'Hamlet est plus représentative de la logique de Shakespeare lui-même, bien sûr, mais également de l'esprit de la Renaissance, plus généralement. Il faut dire que la pensée matérialiste, rénovée par François Bacon, a le mérite d'indiquer où se situe l'idéologie, c'est-à-dire la spirale anthropologique.

    La tartufferie de Duquesne se comprend lorque celui-ci explique que la relégation du diable par les théologiens catholiques a pour effet profitable de "responsabiliser l'homme". Alors même que c'est le capitalisme, dans lequel Duquesne est mouillé jusqu'au cou, qui a inventé le slogan hypocrite et cynique du "responsable mais pas coupable", ou que l'inculpation du seul Hitler dans l'enseignement laïc de l'histoire (même pas Napoléon !) permet d'occulter la mécanique capitaliste des guerres modernes et de disculper la polytechnique.

    *

    La fête de Noël est un cas typique d'intrusion du diable dans l'Eglise qui permet de comprendre le processus. Noël est à l'origine une fête païenne saisonnière que l'Eglise a tenté de "christianiser", avant qu'elle ne redevienne complètement païenne. Autrefois les enfants étaient récompensés ou punis en fonction de leurs mérites, le Père Noël accompagné du Père Fouettard ; la mondialisation fait aujourd'hui que les enfants du Nord sont couverts de cadeaux, tandis que ceux du Sud en sont privés. Le capitalisme a même restauré l'idée typiquement païenne de prédestination.

    On voit d'après Noël, même si on pourrait prendre d'autres exemples, que le compromis chrétien avec des rituels ou des pratiques païennes : 1. tourne toujours à l'avantage du paganisme ;

    2. qu'il est systématiquement un compromis politique et moral. La théologie de Shakespeare, qui souligne que le diable habite le palais est bien plus conforme à l'avertissement messianique contre le rêve d'édifier la Cité de Dieu dans ce monde : là est l'utopie satanique, et aussi dans la manière de sanctifier la politique par mille et une ruses.

     

  • Le Diable dans l'Eglise (2)

    Pourquoi le XVIIe siècle janséniste est-il une étape décisive dans la dissolution -on a presque envie de dire "l'absolution"- du diable, et, partant, du délitement de la théologie catholique ?

    Au passage il convient de souligner que le XVIIe siècle français, en dehors de Corneille et Molière, est bien peu "shakespearien". Si la Renaissance place l'apocalypse et le diable au coeur de la science et de la théologie, avec les juristes, les mathématiciens et les "harmonistes" du XVIIe siècle, c'en est fini de l'histoire. Karl Marx et Frédéric Engels ont en restaurant la dialectique historique mis fin plus efficacement que Voltaire à un obscurantisme de plus de deux siècles. Si on dérouille l'épée de Shakespeare du fourreau de gnose scolastique dans laquelle l'Université l'enferme, on retrouve chez Shakespeare les grands axes de la pensée marxiste : le matérialisme (qui est un naturalisme, et jamais S. ne fait une métaphore au hasard) ; la vérité scientifique contre la puissance politique ("dynamique" contre "dynastie") ; la dimension satanique de l'argent (et son rapport avec le sang et l'âme, remarqué aussi par Léon Bloy) ; la sainte horreur du paganisme et de l'ésotérisme qui est aussi au coeur de l'oeuvre de Marx.

    *

    Il faut aussi aplanir ici une difficulté du vocabulaire courant. La science dite "matérialiste" authentique d'Aristote, Bacon ou Marx n'a rien à voir avec la "polytechnique" bourgeoise, nazie ou capitaliste et son culte de l'objet artisanal ou industriel. Pour un matérialiste, le rapport de l'âme à l'objet est évident et le fétichisme jaillit du miroir aux alouettes païen.

    D'ailleurs la bourgeoisie nationale-socialiste, pour prendre un terme général, ne sait pas faire la distinction entre l'artisanat et l'art, ou l'art et le produit industriel. L'art pompidolien par exemple n'est autre qu'une mystique (pour ne pas dire une mystification) de l'objet d'art : il est donc extrêmement religieux, comme l'art dit "premier", tandis que l'art de la Renaissance, à l'opposé, est profondément irréligieux, dans le sens où il tend à l'élucidation et à la réduction des paradoxes à néant (la musique basée sur l'hiatus de l'âme, cultive au contraire le paradoxe et l'ironie).

    *

    L'occultation du diable : ce que le nuisible autant qu'ignare Jacques Duquesne traduit comme un progrès théologique n'est autre que le produit de circonstances historiques et politiques. Le jansénisme, comme ses cousins germains l'anglicanisme et le luthéranisme, traduisent d'abord la montée en puissance des Etats-nations. Avant que l'équation ne soit parfaite entre le chef de l'Etat et le chef religieux (Napoléon ou Hitler), une étape a été nécessaire d'incorporation des principes politiques et moraux, au prix de graves distorsions du Nouveau Testament bien souvent, d'incorporation de ces principes à la théologie. Or, comme l'a décelé Simone Weil après Marx, la politique est le refuge du païen face aux éléments déchaînés de la nature. Il n'y a pas de société plus "politique et morale" qu'une tribu d'anthropophages. A tel point qu'on peut dire que l'anthropophagie est comme le terme de l'anthropologie. Le capitalisme, largement fondé sur la prostitution, a d'ailleurs réinventé de multiples façons de consommer le corps en toute légalité.

    Ici on peut voir la différence entre l'imbécile Nitche dont Michel Onfray perpétue la tradition d'ignorance crasse pour mieux asservir le populo au Capital, et le savant Marx. Lorsque ce dernier démolit la cathédrale nationale-socialiste, il sait bien que c'est un monument païen qui n'a plus guère de chrétien que l'argument ou le slogan. Il sait que la nouvelle religion de l'Etat n'est que la métastase d'un christianisme nationalisé. Tandis que Nitche est incapable de voir qu'Apollon est LE grand dieu païen et que Dionysos n'est qu'un sous-fifre. Autrement dit rien n'est plus sacré pour Nitche, Maurras, comme pour Schopenhauer avant eux que la religion. Le fonctionnaire, c'est-à-dire l'"homme nouveau" de la religion nazie, endosse les habits du prêtre : son élitisme est du même ordre.

    L'apocalypse étant le passage du Nouveau Testament le plus explicitement dirigé contre la politique et ses cornes sataniques (comme les livres prophétiques juifs sont les moins "talmudiques"), il était parfaitement logique que le "nationalisme chrétien" janséniste ou protestant fasse jeter l'apocalypse aux oubliettes. Les deux phénomènes d'abstraction du diable et de l'apocalypse convergent. Etant donné la signification historique de la "trinité", celle-ci disparaît aussi. Lucifer et l'Esprit saint sont alors regroupés sous le même vocable : la Providence. La présence de celle-ci dans la religion nazie (G.W.F. Hegel) suffit à établir que le nazisme et la morale existentialiste qui en découle sont "néo-gothiques". Le moyen âge ne connaît pas l'histoire. Le national-socialisme allemand dérivé du judéo-christianisme assigne, lui, une raison mathématique à l'histoire, ce qui est encore pire que l'ignorance pure et simple.


  • Le Diable dans l'Eglise

    Le journaliste Jacques Duquesne est l'auteur d'un livre-enquête sur le diable dans l'Eglise. N'importe qui peut faire le constat comme Duquesne que le "diable" a été "évacué" de la théologie catholique (en lisant les dernières encycliques papales), ou ramené au rang de vague concept. L'idée en revanche qu'on puisse être "chrétien et capitaliste", comme Duquesne, longtemps directeur de L'Express, gazette qui n'a pas grand-chose à envier au "Figaro" pour ce qui est de l'asservissement aux banques et aux industriels de l'armement, cette idée est d'autant plus contestable que le caractère satanique du capitalisme apparaît de plus en plus clairement aux yeux du grand public à travers le rideau de fumée médiatique.

    Car Duquesne se réjouit bien sûr de cette occultation du diable par le clergé (Mon propre message sur le blogue de l'abbé D. Letourneau, lui reprochant de se moquer du diable, a été censuré.)

    A votre avis, Tartuffe croit-il plus au diable que Jacques Duquesne ? Non, et pour cause, le jansénisme qui constitue une des cibles favorites de Molière (Tartuffe mais aussi Sganarelle) est une étape décisive dans l'occultation du diable.

    Avant de préciser pour quelle raison le jansénisme* évacue le diable, rappelons que tout théologien un minimum sérieux et ne cherchant pas à accommoder coûte que coûte l'Evangile à l'esprit du monde capitaliste comme Duquesne (le prix d'une telle trahison est sans doute hors de portée de la bourse d'un quelconque multimilliardaire) ou la clique des démocrates-chrétiens gaullistes du "Figaro" et apparentés ("Famille Crétine"), tout théologien sérieux sait qu'on ne peut être chrétien sans croire au diable. Celui-ci est en effet présent du début à la fin du Nouveau Testament auquel les chrétiens accordent une réalité historique (contrairement à Michel Onfray, par exemple, qui émet publiquement des doutes sur l'existence de Jésus).

    (A SUIVRE)

    *Il y a différents types de jansénistes. Même des jansénistes qui ont fini par se tourner vers l'apocalypse comme l'abbé Grégoire. La distance entre Bossuet et Blaise Pascal est assez grande (Voltaire cite dans son "Dictionnaire philosophique" un passage de Bossuet dans lequel celui-ci introduit l'apocalypse, ce qui n'est guère compatible avec le jansénisme, comme on verra un peu plus loin.) C'est un des aspects des Lumières et de la Révolution française dissimulés par le révisionnisme républicain ET démocrate-chrétien : la polémique jansénistes "sécularistes"/contre "millénaristes" est sous-jacente au débat intellectuel, même si Voltaire ne se réfère pas sans cesse comme Shakespeare ou François Bacon aux textes prophétiques juifs, grecs et chrétiens. Je prends donc le jansénisme au sens où Sainte-Beuve l'a caractérisé de façon pertinente à défaut d'être concise (La spéculation théologique est elle-même une caractéristique du jansénisme dans lequel Sainte-Beuve se drape lui-même, prouvant ainsi la permanence du jansénisme bien au-delà de la secte de Port-Royal-des-Champs.)


  • Apocalypse 2012

    La perspective de l'apocalypse prochaine, je dois dire, me donne une énergie nouvelle qui va m'aider à mieux supporter cette sinistre fête de Noël dionysiaque (La théorie de l'"Eternel retour" de Jésus-Christ dans le monde pour s'y faire cracher à la gueule de nouveau.)